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Globe de la bibliothèque de Lyon

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Globe terrestre du Père Grégoire
Artistes
Henri Marchand (d), père Bonaventure (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Date
Diamètre
170 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
No d’inventaire
Rés obj 00001Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Bibliothèque de la Part-Dieu (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Le Globe de la bibliothèque de Lyon, aussi parfois appelé Globe terrestre du Père Grégoire, est un globe terrestre de 1,7 m de diamètre, réalisé en 1701 par le père Grégoire de Lyon avec l'aide du père Bonaventure de Lyon. À l'origine accompagné d'un globe céleste aujourd'hui détruit, il synthétise des connaissances géographiques et cartographiques du XVIIIe siècle alors inaccessibles au grand public, notamment sur la cartographie de l'Afrique. Resté dans l'anonymat de la bibliothèque du couvent de la Guillotière, ce globe connaît un regain d'intérêt au XIXe siècle siècle. Le grand public s'aperçoit alors que ce qui est présenté grâce à la démocratisation des connaissances comme des nouveautés cartographiques était connu et représenté depuis plus d'un siècle. Le globe est conservé à la bibliothèque municipale de la Part-Dieu à Lyon.

Photo d'un bâtiment allongé en crépi beige à un étage, avec des fenêtres plein cintre.
Le couvent Saint-Louis en 2023.

Le père Grégoire de Lyon, de son nom civil Henri Marchand (1674-1750), est un religieux passionné par les sciences et la mécanique, membre associé de l'Académie de Lyon où il publie plusieurs mémoires en astronomie et mathématiques[1]. Le père Bonaventure de Lyon, Vien de son nom civil, est moins connu mais serait, d'après l'historien Jacques Pernetti, son cousin germain[2]. Tous deux ont rejoint les ordres au couvent Saint-Louis, dans le faubourg de La Guillotière, pour le calme de la vie religieuse qui permet l'étude des sciences[3].

Le père Grégoire réalise un premier globe céleste dont il assure la conception et la peinture, aidé du père Bonaventure, puis un second globe, terrestre, qui en est le pendant[3].

Gravure de Giovanni Battista Riccioli.
L'astronome Giovanni Battista Riccioli.

Le globe terrestre est achevé en novembre 1701[4]. Il présente l'état des connaissances géographiques du début du XVIIIe siècle avec la prise en compte des travaux de l'astronome Giovanni Battista Riccioli, ceux de l'Académie royale des sciences et de plusieurs voyages d'exploration[2]. Il utilise également des cartes et récits de voyages de religieux, par exemple la mission des capucins au Congo en 1649 ou le livre du père Godinho sur l'Abyssinie en 1600, tous deux imprimés à Lyon[5]. Ces documents étaient inaccessibles pour le grand public tandis que le père Grégoire a pu les consulter pour réaliser ses globes[3],[5].

Jusqu'à la Révolution française, les globes sont conservés à la bibliothèque du couvent sans susciter un intérêt particulier[4]. Ils sont proposés comme don en 1790 à la ville de Lyon afin de participer au recouvrement de la dette de l’État[4]. Mais les globes sont saisis comme biens nationaux, sans toutefois être déplacés en raison de leur taille[2].

Photo de globe terrestre en exposition.
Globe terrestre des pères Grégoire et Bonaventure à la bibliothèque de Lyon en 2024.

En 1795, La Guillotière devient une commune du département de l'Isère, mais le globe terrestre échappe à son déplacement à Vienne grâce à la mobilisation de deux représentants du peuple, Borel et Boisset[4] : ils obtiennent son dépôt à la bibliothèque publique de Lyon[2]. Dans les années 1870, il est élevé au rang de « trésor caché » en raison de l'exactitude de sa cartographie de l'Afrique à une époque où les expéditions gagnent en popularité et où les connaissances rapportées se diffusent dans la société[6],[7]. La presse se fait écho de ce qui était pensé comme des nouveautés pour la géographie, le globe démontrant le contraire[7]. Plusieurs études sont menées afin de déterminer l'origine des sources utilisées un siècle plus tôt[8]. Elles montrent le caractère remarquable du globe, dont on pensait au contraire les connaissances dépassées, ce qui fait dire à Joseph Deloncle « ce qu'il a de remarquable c'est qu'il n'ait jamais été remarqué »[8],[9]. Ce qui lui apporte un regain de popularité, le globe « étant visité journellement par de nombreux savants »[10].

Fin 1918 ou début 1919, le globe céleste, jugé illisible par le bibliothécaire Cantinelli, est détruit tandis que le globe terrestre rejoint le palais Saint-Jean de Lyon[2],[11].

Restauré en 1972 à Paris par Michel Morel, le globe terrestre est ensuite installé dans la nouvelle bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon[2].

Description

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Le globe céleste était en bois enduit de plâtre, recouvert de papier teinté, sur lequel étaient peintes les constellations[3]. D'après les sources, il a été réalisé en premier, d'une taille plus petite que le globe terrestre[3].

Le globe terrestre mesure 1,7 m, ce qui le classe parmi les plus grands et anciens globes monastiques de France. Sa structure en bois est recouverte de toile et de plusieurs couches de papier. L'axe des pôles est à l'horizontale et la cartographie réalisée à la peinture à l'huile[2]. Le méridien d'origine passe par La Palma dans les Canaries[12]. Deux cartouches présentent les sources et les auteurs du globe[4].

Zoom sur un cartouche bordé de bleu.
Cartouche avec les noms des auteurs.

Représentation cartographique

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Le globe terrestre fait la synthèse des connaissances au début du XVIIIe siècle[2]. Il s'appuie sur les cartes flamandes des XVe et XVIe siècles (lesquelles s'appuient elles-mêmes sur des documents portugais) et sur l'atlas d'Hondius de 1631[13],[12]. Il corrige certaines positions géographiques et y adjoint de nombreuses nouvelles localisations pour l'époque[13].

En Afrique équatoriale, jusqu'alors mal connue des occidentaux, sont représentés les grands lacs, les tracés du fleuve Congo, du Zambèze et les sources du Nil sont représentées, zones géographiques alors tout juste explorées à la fin du XVIIIe siècle[2],[3],[13].

Carte en noir et blanc de l'Afrique
Reproduction de la partie africaine du globe. Les grands lacs, le coude du fleuve Congo et les sources du Nil y sont représentés.

Comme pour beaucoup de cartes de l'époque, la péninsule de Basse-Californie est représentée sous forme d'une île[2]. On note la présence de la Magellanie, une large île qui représente une terre australe inconnue mais supposée ; aujourd'hui l’Antarctique, l’Australie et la Nouvelle-Zélande[2]. Le nord de l'actuel Canada est cartographié sous forme d'une terre continue[14].

Références

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  1. Jacques Pernetti, Recherches pour servir à l'histoire de Lyon, ou les Lyonnois dignes de mémoire ..., Frères Duplain, (lire en ligne), p. 344.
  2. a b c d e f g h i j et k Le globle terrestre de la BmL.
  3. a b c d e et f Aimé Vingtrinier, Henri Marchand et le globe terrestre de la Bibliothèque de Lyon, Glairon-Mondet, (lire en ligne)
  4. a b c d et e « Rés Obj 1. Globe terrestre réalisé par le père Grégoire de Lyon (Henri Marchand) et le père Bonaventure de Lyon » Accès libre, sur Catalogue collectif de France
  5. a et b Bulletin de la Société belge de géographie, 1878.
  6. « Le globe terrestre de la bibliothèque de Lyon » Accès libre [PDF], sur Le salut public via Lectura+, (consulté le )
  7. a et b Brucker 1878, p. 287.
  8. a et b « La Revue du Lyonnais n°405 pp.076 » Accès libre, sur Bibliothèque municipale de Lyon, (consulté le )
  9. Société de géographie (Lyon), « Bulletin de la Société de géographie de Lyon » Accès libre, sur Gallica, (consulté le )
  10. Léopold Niepce, Ville de Lyon, comité des bibliothèques publiques et des archives: rapport à M. le Ministre de l'Instruction publique, , 158 p. (lire en ligne), p. 63-64
  11. Yves Jocteur-Montrozier, « Des jésuites et de la bibliothèque municipale de Lyon », dans Les jésuites à Lyon : xvie-xxe siècle, ENS Éditions, coll. « Sociétés, Espaces, Temps », , 95–109 p. (ISBN 978-2-84788-743-3, lire en ligne)
  12. a et b Brucker 1878, p. 289.
  13. a b et c C. F., « Le Globe terrestre de la ville de Lyon », Le Globe. Revue genevoise de géographie, vol. 17, no 1,‎ , p. 95–97 (DOI 10.3406/globe.1878.5796, lire en ligne, consulté le )
  14. Aline Duret, « Lyon. Un trésor du XVIIIe siècle de nouveau dévoilé à la bibliothèque de la Part-Dieu », Le Progrès,‎ (lire en ligne, consulté le )

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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