Gertie le dinosaure
Titre original | Gertie the Dinosaur |
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Réalisation | Winsor McCay |
Scénario | Winsor McCay |
Acteurs principaux | |
Pays de production | États-Unis |
Durée | 12 minutes |
Sortie | 1914 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Gertie le dinosaure (Gertie the Dinosaur) est un film d'animation créé par Winsor McCay en 1914.
Sans être le tout premier dessin animé, c'est le premier film avec un dinosaure possédant une personnalité attrayante, ce qui le distingue des films antérieurs dit « films à trucages » comme ceux de J. Stuart Blackton et Émile Cohl, et en fait le précurseur des films d'animations de Walt Disney. C'est également le premier film utilisant la technique des images-clés.
En 1991, film est inscrit au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès.
Synopsis
[modifier | modifier le code]À l'ouverture du film, on voit Winsor McCay, accompagné de collègues dessinateurs, en train de circuler en automobile à New York. Mais, le véhicule ayant une crevaison devant la façade du muséum américain d'histoire naturelle, ils décident d'aller visiter les lieux pendant la réparation. Au cours de la visite, ils observent les squelettes de dinosaures conservés au musée, notamment celui du « Brontosaure ». McCay parie alors un dîner à un de ces collègues, George McManus, qu'il peut donner vie à un dinosaure grâce à ses talents d'animation. Après six mois et dix mille dessins, il organise une projection cinématographique d'un dessin animé au cours d'un dîner dans un restaurant.
On passe alors d'un film en prise de vues réelles au dessin animé : on y lit sur un panneau le dessinateur qui appelle le dinosaure Gertie. L'animal, imposant, surgit d'une caverne qui se trouve à proximité d'un lac en se frayant un chemin par l'ouverture étroite de son logis.
Marchant hors de la caverne d'un pas pesant (sous le regard d'un serpent de mer qui surgit du lac, puis disparaît), Gertie approche face aux spectateurs, mangeant un petit rocher, puis un arbre qu’elle coupe en deux à sa base avec sa bouche. Sous les ordres de McCay, Gertie salue l'audience de la tête et fait quelques mouvement de pieds en se dandinant. Elle n'en fait cependant qu'à sa tête, finissant par être grondée quand elle essaie d'attraper McCay avec sa bouche, pleurant alors à chaudes larmes. Séchant ses larmes, elle reçoit une citrouille pour la consoler. Elle joue ensuite avec un mammouth qui passe devant elle, avant de jeter celui-ci dans le lac en le lançant par sa queue, effectuant une petite danse de joie peu après. Mais elle est alors arrosée par le jet d'eau du mammouth mécontent ; elle réplique en lui lançant un rocher, alors que le mammouth s'éloigne. Elle se met ensuite à terre sur le flanc et se repose un moment, avant de se gratter avec sa queue. Elle voit peu après un grand lézard ailé passer dans ciel derrière elle, puis se met à se dandiner en répondant aux questions de McCay par des mouvements de tête. Peu après, elle boit tout le contenu du lac pour se désaltérer.
Le dresseur (McCay) apparaît ensuite dans le dessin aimé. Armé d'un fouet, le minuscule personnage est amené par Gertie sur son dos, celle-ci s'éloignant finalement à droite de l'écran pour quitter la scène peu après, en acceptant de faire une promenade pour McCay.
La projection se termine, McManus, ayant perdu le pari, accepte de payer le repas.
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Gertie en train d'arriver face aux spectateurs.
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Gertie après avoir mangé l'arbre et arraché le rocher (trous à dr. et à g.) qu'elle a lancé au mammouth.
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Gertie se reposant de ses efforts.
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Gertie en train de vider le lac de son eau, tandis que le dessinateur arrive derrière elle.
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Gertie amenant son dessinateur sur son dos avec sa bouche.
Fiche technique
[modifier | modifier le code]Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
- Réalisation, scénario, production et animation : Winsor McCay
- Pays de production : États-Unis
- Langue originale : anglais (intertitres)
- Format : noir et blanc - 1,33:1 - muet
- Date de sortie :
- États-Unis :
- France :
Production
[modifier | modifier le code]Contexte
[modifier | modifier le code]Winsor McCay développe, tôt dans sa vie, des aptitudes considérables pour réaliser des dessins soigneux et détaillés[1]. Jeune homme, il gagne sa vie en dessinant des portraits et des affiches dans des dime museums (musées à 10 sous), et attire de grandes foules par sa capacité à dessiner rapidement en public[2]. En 1898, McCay commence à travailler à plein temps en tant qu'illustrateur de presse[3], puis à dessiner des comic strips dès 1903[4]. Il réalise ainsi pour les journaux Cauchemars de l'amateur de fondue au Chester (1904-1911) et Little Nemo in Slumberland (1905-1914)[5]. En 1906, McCay se lance dans le vaudeville, où il s'adonne à des chalk talk (en) durant lesquels il dessine devant un public[6].
Inspiré par les folioscopes que son fils Robert ramène à la maison[7],[8], McCay dit avoir découvert la possibilité d'animer des images à partir de ses dessins[8]. Il se déclare également être « le premier homme au monde à réaliser des dessins animés », mais il était probablement au fait des œuvres réalisées avant par l'Américain James Stuart Blackton et le Français Émile Cohl[8]. Dans son premier film, McCay fait figurer les personnages de Little Nemo dans le film du même nom qui est présenté dans les salles de cinéma en 1911, avant qu'ils ne soient intégrés à son numéro de vaudeville[9]. En 1912, il enchaîne avec How a Mosquito Operates[10] dans lequel un moustique géant suce le sang d'un homme endormi[11],[12]. Toutefois, certains spectateurs trouvent le court métrage animé si réaliste qu'ils accusent McCay d'avoir dessiné ses personnages à partir de photographies[13] ou d'avoir recouru à des stratagèmes à base de fil de fer[14]. Pour prouver qu'il n'a pas employé de tels trucages, McCay choisit pour son film suivant une créature qui ne peut pas avoir été photographiée[13].
Réalisation
[modifier | modifier le code]Style
[modifier | modifier le code]Autour du film
[modifier | modifier le code]À l'époque de sa création, les dessins animés étaient encore créés sur papier, à l'encre. McCay a utilisé environ entre 5000 et 10000 dessins, redessinant pour chaque dessin la totalité du décor[15]. La partie animée compte environ quatre minutes sur la durée totale du film[16]. Les clés d'animation sont d'abord dessinées, puis les intervalles réalisées après-coup, McCay n'a pas breveté ce procédé qui sera ultérieurement utilisé dans tous les studios[17].
Autres versions
[modifier | modifier le code]En 1921, McCay décide de réaliser une suite, intitulée Gertie on Tour. Le film devait emmener Gertie à New York et Washington, D.C., bondissant sur le Pont de Brooklyn et tentant de manger le Washington Monument. Inachevé, le film n'existe qu'en fragments et esquisses.
Le Festival international du film d'animation d'Annecy présente, en , une reconstruction de la première version de Gertie, conçue pour la scène, et une reconstitution du numéro de Winsor McCay, interprété par l'acteur américain Anthony Lawton. La reconstruction a été réalisée par la Cinémathèque québécoise et l'Office national du film du Canada[18]. La première américaine de cette version a eu lieu en novembre 2018 dans le cadre des Sommets du cinéma d'animation, avec Stéphane Crête dans le rôle titre[19].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Canemaker 2005, p. 23–24.
- Canemaker 2005, p. 38, 40, 43–44.
- Canemaker 2005, p. 47.
- Canemaker 2005, p. 60.
- Eagan 2010, p. 32.
- Canemaker 2005, p. 131–132.
- Beckerman 2003, p. 18.
- Canemaker 2005, p. 157.
- Canemaker 2005, p. 160.
- Eagan 2010, p. 33.
- Barrier 2003, p. 17.
- Canemaker 2005, p. 165.
- Mosley 1985, p. 62.
- Murray et Heumann 2011, p. 92.
- « voyageursdusoir.vendee.fr/2013… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- Canemaker 2005, p. 161.
- Cotte 2015, p. 23.
- « Séances événements Cérémonie de clôture - Festival d’Annecy 2020 », sur annecy.org (consulté le ).
- « La nouvelle vie de Gertie le dinosaure », La Presse, .
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Olivier Cotte, 100 ans de cinéma d’animation, Paris, Dunod, , 416 p. (ISBN 978-2-10-072841-1).
- (en) Robin L. Murray et Joseph K. Heumann, That's All Folks? : Ecocritical Readings of American Animated Features, University of Nebraska Press, , 283 p. (ISBN 978-0-8032-3512-0, lire en ligne).
- (en) Daniel Eagan, America's film legacy : the authoritative guide to the landmark movies in the National film registry, New York, A & C Black, , 818 p. (ISBN 978-0-8264-2977-3, lire en ligne).
- (en) John Canemaker, Winsor McCay : His Life and Art, Abrams Books, (ISBN 978-0-8109-5941-5, lire en ligne).
- (en) Howard Beckerman, Animation : The Whole Story, Skyhorse Publishing, , 336 p. (ISBN 978-1-58115-301-9, lire en ligne).
- (en) Leonard Mosley, Disney's World : A Biography, Rowman & Littlefield, , 330 p. (ISBN 978-0-8128-3073-6, lire en ligne).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Gertie on Tour sur Public Domain Review
- Gertie on Tour à la Bibliothèque du Congrès des États-Unis.
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressource relative à la bande dessinée :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :