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Fortification alimentaire

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La fortification alimentaire ou enrichissement alimentaire, est l'introduction dans un aliment d'éléments censés améliorer son profil nutritionnel (en). Souvent utilisé pour lutter contre la malnutrition qu'il s'agisse de sous-alimentation ou de malnutrition par carence en nutriment (« faim cachée »), l'enrichissement peut également être utilisé par les industriels dans un but commercial (par exemple les nutraceutiques) en respectant les limites réglementaires fixées par le gouvernement. Les besoins nutritionnels de l'homme soit ne sont pas pourvus à cause d'un manque d'aliments en termes de quantité, soit d'un manque de qualité (nutriments), soit parce que les besoins de l'homme ont évolué au point de ne plus pouvoir être satisfait naturellement. De nombreux aliments pour animaux sont également fortifiés.

Pallier un manque de quantité alimentaire

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Dans les pays en développements, c'est le plus souvent un manque de quantité causé par la sous-nutrition. Les programmes de fortification sont alors adaptés à cela.

Pallier un manque de qualité alimentaire

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Dans les pays développés, c'est souvent un manque de qualité ou un choix de vie qui entraînent un manque de nutriment ou « faim cachée » ou « malnutrition par carence en nutriment »[1].

Pallier des besoins de l'homme moderne non satisfait naturellement ou à risque important de carence

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L'homme moderne a des besoins en iode qui dépassent ses sources environnementales disponibles[2]. De nombreux programmes à travers le mondes visent à lutter contre la carence en iode.

Les besoins en iode sont de 150 ug par jour pour les adultes[3].

La vitamine D

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Les modes de vie modernes entraînent moins de temps passé à l'extérieur (travail, école, loisirs en intérieur...) conduisant à la carence en vitamine D.

Le fer, chez les femmes en âge de procréer

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La vie reproductive de la femme moderne est différente de celle de ses ancêtres [4], l'augmentation des périodes de menstruation chez la femme dans la société moderne favoriserait les carences en fer[4]. Dans l’histoire de l’humanité, le fait qu'une femme a des menstruations chaque mois est très récent[5],[4]. Les femmes préhistoriques alternaient grossesse et allaitement presque de manière continue, donc sans avoir de menstruation[5], étant enceinte à nouveau avant d'avoir fini l'allaitement du précédent enfant[5]. Les ancêtres de l'homme avaient uniquement une dizaine de menstruations dans leur vie[6]. La réduction des naissances[4] de manière artificielle entraînant des menstruations régulières peut être une cause d'anémie[7]. Dans les sociétés traditionnelles, et dans l'histoire de l'humanité, les femmes faisaient beaucoup d'enfants[6]. Le raccourcissement de la période l'allaitement entraine une augmentation de la fréquence des menstruations[4]. Dans les sociétés traditionnelles, par exemple les inuits,les enfants étaient allaités 3 ans en moyenne[8], pour les femmes préhistoriques c'était 5 ans[9]. Or allaiter entraine une aménorrhée de lactation, soit une absence de menstruation et des besoins en fer de 9 mg par jour, soit 2 fois moins qu'une femme avec menstruation.

Sachant que concernant le fer les apports nutritionnels conseillés, hors carence en fer, pour les femmes adultes (hors grossesse et allaitement) sont de 18 mg par jour, soit l'équivalent de 750g de steak par jour (2,4mg de fer dans 100g de steak). Selon une étude, les femmes adultes avec des menstruations devraient avoir 18,9 mg; et les femmes adolescentes avec menstruation devraient avoir 21,4 mg de fer par jour[10].

Une étude indique qu'obtenir 18mg de fer par jour peut rarement être atteint avec les aliments ordinaires disponibles[11]. Sachant que sur les 18mg que contiennent la nourriture, seuls 10% seront absorbés[11]. Il a été établi que 1,8mg de fer doit être assimilé pour satisfaire les besoins de 80 à 90 % des femmes[11].

Les femmes enceintes ont besoin de 27mg de fer par jour[12].

Chez la femme en age de procréer, les principales causes d'anémie ferriprive sont la menstruation et la perte de fer associée à la grossesse[13].

L'homme a besoin de 1500 mg de sodium par jour[12], soit environ 4g de sel par jour (100g de sel apportant 38 758 mg de sodium).

Mais le sel est rare, dès que l'on s'éloigne des océans[14]. Les végétaux contiennent peu de sel, sauf les algues. La viande, par exemple le steak contient 52 mg de sodium pour 100 g. Les poissons par exemple saumon, ou cabillaud apportent entre 56 et 78mg de sodium pour 100g[15],[16].

Augmenter les ventes commerciales

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La fortification alimentaire peut être utilisée comme argument marketing pour augmenter les ventes[1].

Statistiques

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Les aliments fortifiés comptent beaucoup pour l'apport en nutriments et vitamines chez l'homme dans les sociétés modernes.

En France, le sel de table est iodé. En Europe, en 2006, 57% de la population a un apport insuffisant en iode[17],[18]. Au début du vingtième siècle, presque tous les écoliers de Suisse étaient atteints de goitre[1]. Aux États-Unis d’Amérique, l’iodation du sel à grande échelle au Michigan a abaissé les taux de goitre, qui sont passés d’environ 40 % à moins de 10 %[1]. En 1960 aux États-Unis, le pain était iodé[19].

En 2000, les principales sources de fer chez les anglais sont : les produits céréaliers qui apportent 42% du fer, la viande apporte 23%; et les végétaux qui apportent 15%[20]. La plupart du fer chez les omnivores en Australie vient d'aliments végétaux et non de viande: moins de 20% provient de viande et 40% vient de produits céréaliers[21],[22]. Les céréales fortifiées en fer fournissent une contribution importante chez les végétariens mais également chez les omnivores[21]. Le pain et les céréales de petit déjeuner sont la principale source de fer en Australie[22].

Au Venezuela, la farine de blé et la farine de maïs sont enrichies en fer depuis 1993[1].

L'anémie touche 46% des gens en Afrique, 57% des gens en Asie du Sud, 45% des gens en méditerranée orientale, 38% des gens dans le pacifique occidental[1]. Dans le monde, 30% des femmes agées entre 15 et 49 ans sont anémiques[23].

Dans le monde, il y a environ 2 milliards de personnes qui ont une carence martiale : 1 milliard de cas d'anémie ferriprive plus 1 milliard de cas de carence en fer sans anémie[1].

Le sulfate ferreux est de loin le composé de fer hydrosoluble le plus utilisé pour la fortification alimentaire car il est le moins cher[24].

En 1994, l'alimentation de 92% des femmes anglaises entre 16 et 50 ans n'atteignait pas 14,8mg de fer[25].

En 1965, 7 à 8% de la baisse de la prévalence de l'anémie en Suède est imputée à la fortification alimentaire[13].

Chez les femmes de 2 à 18 ans, 48% de la vitamine C quotidienne provient de boissons[22].

La lait est enrichi en vitamine D depuis 1930 au Canada et aux États-Unis[1].

Le lait infantile et les laits de croissance sont fortifiés.

Alimentation animale

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La base alimentaire de nombreux animaux domestiques, ainsi que les animaux dans les parcs zoologiques sont des aliments fortifiés.

Articles connexes

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Références

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  1. a b c d e f g et h « Le rôle de l’enrichissement des aliments dans la lutte contre la malnutrition par carence en micronutriments » (consulté le ) : « pour l'anémie: tableau 1.1 page 4. (...) enrichissement des aliments à but commercial page 30. (...) tableau 1.2 page 6 "Carences en micronutriments : prévalence, facteurs de risque et conséquences pour la santé" pour "On compte dans le monde environ 1 milliard de cas d’anémie ferriprive plus 1 milliard de cas de carence martiale sans anémie" »
  2. Wolfgang Kopp, « Nutrition, evolution and thyroid hormone levels - a link to iodine deficiency disorders? », Medical Hypotheses, vol. 62, no 6,‎ , p. 871–875 (ISSN 0306-9877, PMID 15142639, DOI 10.1016/j.mehy.2004.02.033, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Institute of Medicine (US) Panel on Micronutrients, Iodine, National Academies Press (US), (lire en ligne)
  4. a b c d et e D. Hugh Rushton et Julian H. Barth, « What is the evidence for gender differences in ferritin and haemoglobin? », Critical Reviews in Oncology/Hematology, vol. 73, no 1,‎ , p. 1–9 (ISSN 1879-0461, PMID 19394859, DOI 10.1016/j.critrevonc.2009.03.010, lire en ligne, consulté le ) :

    « This divergence between genders is aggravated by the lifestyle of modern women who have a very different reproductive history from their forebears. They reach sexual maturity at an earlier age, have fewer pregnancies and breastfeed for shorter periods of time; as a result they menstruate more frequently and therefore become more iron deficient. With the exception of a few countries, women of fertile years around the world have a negative iron balance. »

  5. a b et c « TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR SUR LES RÈGLES SANS JAMAIS AVOIR OSÉ LE DEMANDER » (consulté le ), p. 31,46
  6. a et b (en) Quora, « How And Why Did Women Evolve Periods? », sur Forbes (consulté le )
  7. « Impact d’une carence martiale sans anémie sur la performance sportive, intérêt d’une supplémentation ? » (consulté le ) : « page 41 - Dans les pays développés, la plus forte prévalence d’un statut en fer abaissé est observé chez les femmes avant la ménopause, principalement en raison des apports trop bas en fer et de pertes régulières de fer par le biais du cycle menstruel. (...)La principale étiologie de la carence martiale chez les sportives serait les pertes sanguines au cours du cycle menstruel. »
  8. « Report 2: Breastfeeding among Inuit in Canada » (consulté le )
  9. « Féminisme biologique, allaitement et travail, unenouvelle forme d’autodétermination des femmes » (consulté le ) : « Les données biologiques de notre espèce sont claires : les humains, comme au demeurant les grands singes, doivent, pour atteindre une santé optimale, être allaités entre deux et sept années. Les travaux de préhistoriens montrent ainsi à partir de l’analyse de la dentition, que les petits humains étaient allaités il y a encore peu de temps, en moyenne cinq années . »
  10. L. Hallberg et L. Rossander-Hultén, « Iron requirements in menstruating women », The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 54, no 6,‎ , p. 1047–1058 (ISSN 0002-9165, PMID 1957820, DOI 10.1093/ajcn/54.6.1047, lire en ligne, consulté le )
  11. a b et c E. R. Monsen, L. Hallberg, M. Layrisse et D. M. Hegsted, « Estimation of available dietary iron », The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 31, no 1,‎ , p. 134–141 (ISSN 0002-9165, PMID 619599, DOI 10.1093/ajcn/31.1.134, lire en ligne, consulté le )
  12. a et b « DRI DIETARY REFERENCE INTAKES FORWater, Potassium, Sodium, Chloride, and Sulfate » (consulté le ) : « tableau page 608 du document ou page 628 du pdf »
  13. a et b « Prevalence and causes of anemia in the United States, 1976 to 1980 » (consulté le ) : « page 444 Iron deficiency anemia (...) In women, menstrual blood loss and the iron losses associated with pregnancy are the major factors. In 1965, anemia among women in Sweden (...) 7 to 8% decline could be attributed to fortification of food with iron. »
  14. (en-US) Harold M. Schmeck Jr, « Hunger for Salt Found to Be Powerful Instinct », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  15. « Cabillaud - Composition », sur Figaro Santé (consulté le )
  16. « Saumon - Composition », sur Figaro Santé (consulté le )
  17. « Guidelines on food fortification with micronutrients » : « page 37 »
  18. « Iodine defi ciency in Europe A continuing public health problem »
  19. Lynne Farrow, La crise de l'iode - L'impact sur notre santé - Tous carencés ?
  20. « The National Diet & Nutrition Survey: adults aged 19 to 64 years » (consulté le ) : « The main dietary sources of iron were cereal products, 42%, meat and meat products, 23%, and vegetables, 15% »
  21. a et b Saunders, « Iron and vegetarian diets » (consulté le ) : « Even for non-vegetarians, most iron in the Australian diet comes from plant foods rather than meat. Less than 20% of iron intake comes from meat and meat products and about 40% comes from cereals and cereal products. The same is true in the United Kingdom, where 45% of dietary iron comes from cereals and cereal products and less than 20% comes from meat and meat products.10 Ironfortified cereals make an important contribution to iron intake in both vegetarian and non-vegetarian meal plans, particularly in energy-restricted diets.5 »
  22. a b et c « National Nutrition Survey Nutrient Intakes and Physical Measurements Australia 1995 » (consulté le ) : « Approximately 55% of iron intake was provided by cereal products and meat products, with cereal-based products and vegetable products contributing an additional 20%. The major sources of iron intake were: regular breads and rolls for all ages; single source breakfast cereals for children and males aged 12–18 years; and mixed source breakfast cereals for all ages »
  23. Lia A. Bernardi, Marissa S. Ghant, Carolina Andrade et Hannah Recht, « The association between subjective assessment of menstrual bleeding and measures of iron deficiency anemia in premenopausal African-American women: a cross-sectional study », BMC Women's Health, vol. 16, no 1,‎ , p. 50 (ISSN 1472-6874, PMID 27524363, PMCID PMC4983800, DOI 10.1186/s12905-016-0329-z, lire en ligne, consulté le ) :

    « approximately 29 % of non-pregnant females aged 15–49 are anemic »

  24. « PARTIE III Composés utilisés pour l’enrichissement : propriétés physiques, sélection et utilisation avec divers véhicules alimentaires » (consulté le ) : « tableau 5.1 page 109 qui montre les coûts des différentes formes de fer. page 110 "Le sulfate ferreux est de loin le composé de fer hydrosoluble le plus utilisé pour enrichir les aliments car c’est le moins coûteux. On l’utilise à grande échelle " »
  25. D. Hugh Rushton et Julian H. Barth, « What is the evidence for gender differences in ferritin and haemoglobin? », Critical Reviews in Oncology/Hematology, vol. 73, no 1,‎ , p. 1–9 (ISSN 1879-0461, PMID 19394859, DOI 10.1016/j.critrevonc.2009.03.010, lire en ligne, consulté le )