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Clément-Chrysogone de Guer

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Clément Chrysogone de Guer Malestroit
Image illustrative de l’article Clément-Chrysogone de Guer
Blason de la famille de Guer

Titre marquis de Pontcallec
Grade militaire Capitaine
Commandement régiments français de dragons
Biographie
Naissance
Rennes, Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Décès (à 40 ans)
Nantes, Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Père Charles René de Guer
Mère Bonnaventurette Louise Le Voyer

Clément-Chrysogone de Guer Malestroit, marquis de Pontcallec, est né le à Rennes et mort exécuté à Nantes le . Il fut l'un des principaux chefs de la Conspiration de Pontcallec, et surnommé le Robin des Bois breton.

Le château du marquis

Clément-Chrysogone de Guer est le fils de Charles René de Guer, et de Bonnaventurette-Louise Le Voyer, dame de La Haye-Paisnel, de Trégomar et du Lou.

Le marquis servit d'abord comme mousquetaire du Roi, avant d'être capitaine d'un régiment de dragons en Bretagne vers 1715. Il resta célibataire.

Le , lors d'une réunion de gentilshommes bretons qui se tint dans les Landes de Lanvaux, à l'initiative de Pierre Joseph de Lambilly, la Conspiration de Pontcallec prit forme : trois "commissaires" furent nommés dont Clément-Chrysogone de Guer pour la Cornouaille. En , le marquis de Pontcallec, aidé de Lambilly, Bonamour et Talhouet, transforme le château de Pontcallec[1] en camp retranché ( « Le domaine de Pontcallec est un vrai camp retranché, le manoir une redoutable forteresse dont les remparts sont occupés par des gars alertes »[2]) censé être apte à tenir un siège ; mais, lorsque le , une compagnie du Royal-Marine se dirige vers le château, Pontcallec et les autres conjurés partent se cacher dans les bois. Les secours espagnols promis n'arrivent qu'au compte-goutte[3] ; découragé, Lambilly s'enfuit en bateau vers l'Espagne et le marquis de Pontcallec se retrouve promu chef de la conjuration, mais il ne parvint pas à organiser sérieusement la révolte.

Arrestation et décès

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La plaque commémorative de l'exécution, Place du Bouffay à Nantes.

Trahi par l'un de ses amis, le sénéchal du Faouët, à la solde du Régent, Pontcallec est arrêté le au presbytère de Lignol où il était caché, après deux mois d'errance. Talhouët, rédacteur de l'acte d'union, se livre le [4].

Il est enfermé d'abord au château de Guémené-sur-Scorff, puis emprisonné dans le château de Nantes.

Une « commission de juges » venus de Paris va le juger, ainsi que ses acolytes et c'est ce tribunal d'exception (sans que le Parlement de Bretagne ait été consulté) qui le condamna le à avoir la tête tranchée, ainsi que trois autres gentilshommes bretons (Couédic[5], Montlouis[6] et Talhouët[7]) ; seize autres conjurés, en fuite, écopent de peines par contumace. Les quatre condamnés à mort sont exécutés à la hache sur la Place du Bouffay à Nantes le soir même[8].

Descendants familiaux

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Mort sans descendant, c'est son frère Henri qui hérita de son titre de marquis de Pontcallec. À son décès survenu peu de temps après, c'est son autre frère, Claude, qui devient marquis à son tour. Louis Joseph Amand Corentin, fils de ce dernier, hérite du titre à la mort de son père.

Louis Joseph Armand Corentin de Guer-Malestroit a été chef de brigade du corps de la gendarmerie du Dauphin, alors le fils de Louis XV. Puis il devient officier supérieur de cavalerie légère et de dragons, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis[9].

En 1769, il devient gouverneur et commandant pour le roi des villes de Limoges, capitale du Limousin, ainsi que des villes de Quimperlé, Pont-Aven, Hennebont, Pont-Scorff, Malestroit et Guer.

En décembre 1793, le marquis de Pontcallec est arrêté à Paris et traduit devant le tribunal révolutionnaire « par le seul motif de sa noblesse ». Interrogé par le comité révolutionnaire, il évoque le souvenir de son oncle : « Mon oncle eut la tête tranchée à Nantes en 1720, pour la défense de la Liberté et la Cause des droits du peuple ». L'on ne saura jamais si c'est grâce à l'évocation de ce passé familial que le marquis obtient la clémence du tribunal, et en sort libre[10].

Louis de Guer-Malestroit décède 4 ans plus tard, sans descendant, et le titre de marquis de Pontcallec s'éteint avec lui. Cependant, son filleul, Armand de Bruc de Montplaisir, qui est son légataire universel, ajoute le patronyme Malestroit, à la maison de Bruc, selon la volonté testamentaire de son parrain.

Le château de Pontcallec

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Le château de Pontcallec fut confisqué en 1720 après l'exécution du marquis. Une ordonnance royale du restitue le château à la famille[11]. Il est détruit par un incendie en 1796 et il fut reconstruit par la famille Cossé-Brissac en 1882. Il est désormais occupé par les Dominicaines du Saint-Esprit.

L'exécution du marquis de Pontcallec (livre de Raoul de Navery, 1878).

Postérité culturelle

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Que la fête commence…, film historique français réalisé par Bertrand Tavernier, sorti en 1975, relate l'histoire du marquis, lors la conspiration. Le film compte parmi ses acteurs : Philippe Noiret, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle (dans le rôle du marquis).

Hersart de La Villemarqué lui consacre une notice dans son Barzaz Breiz et rapporte une "gwerz", intitulée : Marv Pontkalleg (La mort de Pontcallec) « le jeune marquis de Pontcallec, si beau, si gai, si plein de cœur ». Cette chanson restée très populaire en Bretagne, a notamment été interprétée par Alan Stivell et le groupe Tri Yann, et Gilles Servat.

Littérature

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  • Le marquis de Pontcallec de Raoul de Navery, 1878
  • Le Marquis et le Régent : une conspiration bretonne à l'aube des Lumières, Paris, Tallandier, de Joël Cornette, 2008

Le Pontcallec de la légende et le Pontcallec de l'histoire

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Bois gravé représentant l'exécution du marquis de Pontcallec (par Jeanne Malivel, 1923).

Une "gwerz", "Marv Pontkalleg" (reprise notamment par le groupe Tri Yann[12]), recueillie dans la première moitié du XIXe siècle par Théodore Hersart de La Villemarqué a nourri la légende du marquis de Pontcallec. La Villemarqué a écrit un véritable panégyrique du marquis de Pontcallec, présentant cet homme jeune (41 ans lors de son exécution) comme une figure entièrement dévouée à son pays, la Bretagne, et aimée du peuple, offert en holocauste à la raison d'État ; selon cet auteur la foule pleurait et se signait lorsqu'il allait à la mort.

Barthélemy Pocquet du Haut-Jussé a dressé, dans le dernier tome de l'"Histoire de la Bretagne" d'Arthur Le Moyne de La Borderie[13] qu'il a rédigé, un portrait beaucoup moins flatteur du marquis bas-breton, ce célibataire qui vivait avec sa sœur dans le château familial, qu'il présente comme grande gueule, fraudeur, contrebandier (ce qu'a illustré Jean-Pierre Marielle qui tient le rôle du marquis de Pontcallec dans le film de Bertrand Tavernier "Que la fête commence"), écrivant notamment : « Le marquis de Pontcallec [était] dur, violent avec les petits ; il était détesté de ses vassaux, et son nom a laissé dans la région un très mauvais souvenir ».

Selon Joël Cornette, il n'aurait été qu'un « seigneur ombrageux et fier »[14].

Arthur Le Moyne de La Borderie affirme à son propos : « Doué de plus de fougue que de jugement, il vivait en gentilhomme chasseur dans son grand château, dans ses vastes domaines du Pontcallec, et pratiquait une large hospitalité vis-à-vis des gentilshommes et des paysans des environs ; il passait même pour faire ou favoriser sur une grande échelle la contrebande du tabac, ce qui contribuait encore à lui donner de la popularité »[15].

En 2020, pour les 300 ans de sa mort, le journal Ouest-France lui consacre un article[16].

Bibliographie

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Notes et références

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  1. Le château de Pontcallec, pris pendant les Guerres de la Ligue par les Ligueurs en 1591 et repris par les Royaux en 1594, avait conservé l'aspect d'une forteresse ; avec ses remparts intacts et solides, une fois la porte fermée et le pont levé, il paraissait encore redoutable.
  2. Raoul de Navery, "Les drames de l'histoire.... Le marquis de Pontcallec", 1889, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64499287/f135.image.r=pontcallec
  3. Un seul bateau sur les six promis par Philippe V accoste dans la rivière d'Auray, chez François de Coué de Salarun.
  4. Annette de Soussay, « Talhouet-Keravéon et la conspiration de Pontcallec », sur La Revue politique et littéraire, (consulté le ).
  5. François du Couédic, né le au manoir de Kerbleizec en Gourin, seigneur de Kerbeizec ; membre d'une branche cadette de la famille du Couédic de Kergoulaer, originaire de Scaër, voir http://www.infobretagne.com/famille-couedic-kergoualer.htm.
  6. Thomas Simon de Montlouis, né le à Priziac, mort décapité le à Nantes, seigneur de Kerfandol, capitaine au régiment de Dragons-Cambout, habitant au manoir de Plascaër en Priziac.
  7. Laurent Le Moyne, né en 1668 à Kerourin en Ploërdut, seigneur de Talhouët, capitaine au régiment de Senneterre dragons, mort décapité le à Nantes.
  8. Thierry Jigourel, "Grands rebelles et révoltés de Bretagne" (chapitre "Pontcallec, un marquis pour une république bretonne") , éditions Ouest-France, (ISBN 978-2-7373-6004-6)
  9. « La seigneurie de Pontcallec »
  10. « La figure, entre histoire et mémoire. Parcours croisés du marquis de Pontcallec et de Marion du Faouët », sur AD HOC (consulté le )
  11. « Revue de Bretagne et de Vendée. Page 228 »
  12. https://www.paroles-musique.com/paroles-Tri_Yann-Marv_pontkallek-lyrics,p0432949
  13. « Collections numérisées - Université Rennes 2 », sur univ-rennes2.fr (consulté le ).
  14. Joël Cornette, "Le Marquis et le Régent", éditions Taillandier, 2008, (ISBN 9782847344820) et « Un lieu, une histoire. Pontcallec, la révolte de la petite noblesse », sur Le Télégramme, .
  15. Arthur Le Moyne de La Borderie, "La Bretagne aux temps modernes, 1491-1789", 1894, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5784070s/f193.image.r=pontcallec?rk=171674;4
  16. Ouest-France, « Plouay. Il y a 300 ans, mourait le marquis de Pont-Calleck », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  17. « Les drames de l'histoire.... Le marquis de Pontcallec / par Raoul de Navery » Accès libre, sur Gallica, 1899-1901 (consulté le ).