Cérès (timbre français)
Pays | |
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Impression | |
Dentelure |
non dentelé ou 14 x 13½ |
Cérès, divinité romaine de l'agriculture, a été choisie pour illustrer le premier timbre-poste d'usage courant français. Le dessin initial, la gravure, puis la réalisation du poinçon original est de Jacques-Jean Barre.
La dénomination officielle de ces timbres-poste est « République », « Cérès » est l'appellation utilisée par les philatélistes et les éditeurs de catalogues de cotations des timbres français. Le type Cérès fut ensuite repris plusieurs fois au cours de l'histoire postale française, par choix ou nécessité.
Une imitation de piètre qualité a servi sur les timbres locaux de la Province de Corrientes, en Argentine entre 1856 et 1880.
France, 1849-1852, IIe République
[modifier | modifier le code]Les premiers timbres-poste ont été émis en deux séries, la première série émise à partir de janvier 1849 comprend les trois valeurs faciales suivantes : 20 centimes noir, 40 centimes orange[1] et 1 franc rouge. La seconde série émise en 1850 comprend, dans l'ordre d'émission les valeurs suivantes : 25 centimes bleu, puis 15 centimes vert et en dernier le 10 centimes bistre. Ils sont tous imprimés par galvanoplastie sous la direction de Anatole Hulot dans les locaux de la Monnaie de Paris.
Deux valeurs se distinguent pour les philatélistes :
- Le vingt centimes noir qui correspondait au tarif de la lettre, et premier timbre français disponible le .
- Le un franc vermillon, plus grosse valeur faciale émise alors et qui connut plusieurs variations de couleurs.
Au type Cérès de la Seconde république ont succédé les timbres de type Prince-Président Louis-Napoléon après l'élection à la présidence de la République de Louis-Napoléon Bonaparte.
France, 1870-1871, Gouvernement de la Défense nationale
[modifier | modifier le code]Émission dite du « siège de Paris »
[modifier | modifier le code]Dès la proclamation de la République le , Anatole Hulot reçoit l'ordre de préparer des timbres à l'effigie de la République (au type « Cérès » de 1849), il réutilise les anciennes planches d'impression de 1849 et 1850 encore utilisables.
L'émission dite « du Siège de Paris » comprend trois valeurs dentelées : 10 centimes bistre, 20 centimes bleu et 40 centimes orange.
Ces timbres imprimés dans Paris assiégé et émis courant octobre 1870 dans la capitale ne seront disponibles sur l'ensemble du territoire qu'à la fin . Leur nom fait donc référence aux circonstances de leur apparition, mais ils ont continué à être imprimés et utilisés après le Siège (jusqu'en 1878 pour le 40 c. orange par exemple).
Cette période transitoire est marquée pour les Cérès par l'épisode des ballons montés du siège de Paris. Le passage du courrier entre la capitale assiégée et la province fut permis par des ballons gonflés au gaz de ville.
Pour le passage de la Province vers Paris, outre des nouvelles microfilmées transportées par pigeons, des lâchés de sphères dans la Seine dans la région de Bray-sur-Seine, Samois, Thomery après regroupement et conditionnement des lettres à Moulins (d'où le nom de « Boules de Moulins ») transportaient les lettres dans des coques étanches. Les plis transportés ainsi sont parmi les plus recherchés des collectionneurs français.
Émission provisoire de Bordeaux
[modifier | modifier le code]Pendant la Guerre franco-prussienne de 1870, après que les républicains ont aboli le Second Empire, ils doivent faire face à la pénurie de timbres-poste dans le territoire non envahi par les armées prussiennes, celui-ci étant coupé de Paris assiégé où sont les ateliers de fabrication des timbres-poste.
Entre le et le , le Gouvernement de la Défense nationale replié sur Bordeaux, émet des timbres provisoires au type Cérès. Ils sont imprimés en lithographie (au lieu de la typographie) par l'imprimeur Augée-Delile. Le premier dessin[2] de report, est confié à Dambourgez, qui réalise un timbre à 20 centimes, imprimé en bleu. Mais la finesse du trait, qui s'altère trop vite pour les volumes de tirage attendus, oblige à reprendre l'ensemble et à confier la réalisation d'un second dessin à Léopold Yon, un graveur établi dans le bordelais. Ce dernier réalisera l'ensemble des autres valeurs de la série. Ces « Cérès de Bordeaux » se caractérisent par un grand nombre de variations d'un timbre à un autre, tantôt accidentelles, tantôt répétitives et résultant de la méthode d'impression utilisée[3].
France, 1871-1876, IIIe République
[modifier | modifier le code]De 1871 à 1875, les timbres d'usage courant restent au type Cérès en alliant le graphisme originel et ajoutant pour les petites valeurs celle créée à Bordeaux.
En 1876, ces timbres sont remplacés par le type Paix et Commerce, connu aussi sous le nom de type Sage.
De 1871 à 1877 (et auparavant, mais peu de temps, entre 1850 et 1851), les colonies françaises utilisent les timbres métropolitains au type Cérès non dentelés pour leurs services postaux en remplacement des timbres impériaux (au type Aigle)[4].
France, « entre-deux Guerres », 1937-1942
[modifier | modifier le code]Pour célébrer l'exposition philatélique de Paris de 1937 (PEXIP), un bloc-feuillet de quatre timbres fut émis. Chacune des quatre valeurs Cérès était imprimée en typographie et en deux couleurs.
L'année suivante, en 1938, le type Cérès de Jacques-Jean Barre redessiné servit à nouveau de timbre d'usage courant pour neuf valeurs faciales élevées (de 1,75 à 3 francs), simultanément aux types Mercure et ris. Ces timbres sont progressivement retirés de 1939 à 1942.
La Libération, 1945-1947
[modifier | modifier le code]Lors de la Libération de la France, plusieurs séries de timbres furent émises pour remplacer les timbres du régime de Vichy. Une d'entre elles était la Cérès de Mazelin. Charles Mazelin, son dessinateur, a repris le type Cérès.
Depuis 1949, un timbre commémoratif
[modifier | modifier le code]Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, le type Cérès sert à célébrer l'anniversaire du premier timbre postal français:
- En 1948, la Cérès apparaît sur un timbre de la Journée du timbre honorant Étienne Arago, directeur des postes en 1849.
- En 1949, une bande verticale de quatre timbres et une vignette fut imprimée : elle reprenait deux types Cérès et deux Marianne de Gandon.
- En 1949, pour l'exposition internationale de philatélie de Paris (CIPEX), une Cérès de 10 francs vermillon fut imprimée en taille douce au centre d'un large rectangle de papier blanc et en feuillet de dix timbres.
- En 1999, un carnet de cinq timbres fut émis à l'occasion du cent-cinquantenaire du premier timbre et de l'exposition philatélie de Paris (Philexfrance 1999). Il comprenait cinq Cérès sans faciale noire et une Cérès rouge dans un format rectangulaire timbre sur timbre.
- En 1999, un timbre émis pour Philexfrance portait le « 20 centimes noir » entouré d'un fond orange reprenant ce timbre et portant également un hologramme de la Cérès.
Actuellement, la Cérès apparaît sur le logo du service philatélique de La Poste française, ainsi que de l'éditeur philatélique et marchand de timbre parisien Cérès.
Timbres au type Cérès hors de France
[modifier | modifier le code]Les timbres de la Province de Corrientes (Argentine)
[modifier | modifier le code]La Cérès de Corrientes est une série de timbres-poste émise de 1856 à 1878 dans la province argentine de Corrientes et copiant de manière maladroite le dessin de Jean-Jacques Barre. Ces timbres sont démonétisés en 1880 lorsque les services postaux argentins sont nationalisés.
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Vingt centimes noir (1849) de France.
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Timbre de la Province de Corrientes.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- le 40 centimes est émis avec retard début 1850, à la suite de modifications des couleurs des timbres - voir : Timbres de France 1849.
- NB : la lithographie suppose un dessin qui est reporté et démultiplié. Il n'y a pas de gravure au sens de la typographie.
- « Notes sur la philatélie », in: Le Petit Journal, Paris, 16 août 1915, p. 4.
- L'une des seules possibilités de les distinguer des timbres métropolitains non dentelés de 1849-1852 est l'oblitération qui porte en trois lettres le code de la colonie d'expédition, les différences de papiers et de couleurs n'étant pas toujours parlantes pour les non-avertis.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- ouvrages généraux :
- Collectif, Catalogue spécialisé des timbres de France - 1849-1900, éd. Yvert et Tellier ; tome 1, 1re version, 1939 ; tome 1, 2e version refondue, actualisée et complétée, 1975 ; et enfin : Le Spécialisé, tome 1, volume 1, 3e version (actuelle) entièrement revue et corrigée, 2000.
- Plus particulièrement pour les Cérès de Bordeaux :
- Paul Dillemann, Description des timbres-poste de l'Émission de Bordeaux (1870-1871), éd. Yvert et Compagnie, 1929.
- Claude Jamet, « À la (re)découverte des Bordeaux », article illustré paru dans l'Écho de la timbrologie no 1789, , pages 38-41. L'auteur rappelle les origines de l'émission et la méthode de fabrication.
- Ruth et Gardner Brown, "The Bordeaux Issue of 1870-1871", Edited by Robert G. Stone and John Lievsay, 144pp, 1981, Hardbound, Vaurie Memorial Fund Publication No. 4, France & Colonies Philatelic Society
- "Emission provisoire de 1870 - Cérès de Bordeaux" : https://timbresbordeaux.blogspot.com/
- Jörge de Sousa Noronha, La Mémoire lithographique, 200 ans d'images, éd. Art et Métiers du Livre, 1998. Voir notamment le chapitre : « De la « belle estampe » au timbre poste ».