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Bataille de Tarente (1940)

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Nuit de Tarente
Description de cette image, également commentée ci-après
Attaques de la flotte italienne basée à Tarente.
Informations générales
Date 11-
Lieu Tarente, Italie
Issue Victoire britannique
Belligérants
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni Royaume d'Italie
Commandants
Lumley Lyster Inigo Campioni
Forces en présence
21 bombardiers-torpilleurs Fairey Swordfish 6 navires de ligne
8 croiseurs
bâtiments légers
Pertes
2 avions torpilleurs abattus 1 navire de ligne coulé
2 navires de ligne endommagés
1 croiseur endommagé

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Campagne de la Méditerranée

1940

1941

1942

1943

1944

1945

Mer Ligure


Coordonnées 40° 27′ 04″ nord, 17° 12′ 27″ est
Géolocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Nuit de Tarente

La bataille de Tarente (Operation Judgment) est une opération aérienne de la Seconde Guerre mondiale qui a eu lieu la nuit du 11 au , en même temps que la bataille du détroit d'Otrante, durant l'Opération MB.8.

Lors de cette nuit, connue sous le nom de « Nuit de Tarente » (Notte di Taranto en italien), la flotte de la Regia Marina italienne, mouillée dans le port de Tarente, subit une importante attaque de l'aéronavale de la Royal Navy, qui réussit à torpiller plusieurs de ses navires.

La base navale de Tarente, comme toutes les bases navales italiennes, était bien équipée pour la réparation des unités endommagées, surtout grâce à de grands bassins de carénage et à un arsenal disposant de toutes les pièces de rechange pour les machines et l'artillerie.

Cependant, la protection anti-aérienne et anti-torpilles des navires basés dans le port souffrait de graves carences. Les batteries anti-aériennes étaient insuffisantes, tant du point de vue du nombre que du calibre. À cela, il faut ajouter la faible protection nocturne due à l'absence de radar. Le repérage des avions ennemis en approche reposait sur de vieux projecteurs à faible portée, guidés par des aérophones datant de la Première Guerre mondiale.

La protection contre les torpilles reposait sur des filets pare-torpilles, également peu nombreux à cause du manque de matière première dont souffrait l'industrie italienne. La production de filets atteignait 3 600 mètres par mois, à répartir entre toutes les bases italiennes, et des 12 800 mètres prévus pour la protection des navires positionnés dans le golfe de Tarente, à peine un peu plus de la moitié était arrivée à destination et la plus grande partie n'était pas encore en place.

En août 1940, deux nouvelles unités de guerre de la Regia Marina étaient entrées en service : les imposants navires de guerre Vittorio Veneto et Littorio.

D'une longueur de 238 mètres, ils étaient capables de filer 30 nœuds et déplaçaient 41 300 t standard. À elle seule, leur protection pesait 13 600 t. Leur artillerie se composait de 9 canons de 381 mm en trois tourelles triples, de 12 canons de 152 mm en tourelles triples et de 12 pièces simples de 90 mm contre-avions. Ils étaient également armés de 4 canons de 120 mm pouvant tirer des obus éclairants, 20 canons anti-aériens de 37 mm et 30 de 20 mm.

Deux mois plus tard, les troupes italiennes envahirent l'Épire, dans le cadre de la guerre italo-grecque, obligeant la Grande-Bretagne à s'impliquer militairement aux côtés de la Grèce, autant pour éviter que les Italiens ne finissent par contrôler la mer Égée, mettant ainsi en péril Alexandrie, que pour dissuader la Turquie d'entrer dans le conflit au sein de l'Axe. Cela entraîna une forte augmentation du nombre de convois maritimes britanniques partant de l'Égypte pour apporter une fourniture sans cesse plus importante de matériel de guerre aux ports grecs et à l'île de Malte, place forte britannique stratégique située entre la Sicile et la Tunisie, près de laquelle passaient les convois maritimes italiens en route vers la Libye.

Ces manœuvres se déroulant à proximité de Tarente, l'amirauté britannique se méfiait des navires italiens qui y étaient basés et qui auraient pu facilement rejoindre et couler ses convois de navires marchands.

L’opération Judgement

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La Royal Navy, en la personne du commandant en chef de la Mediterranean Fleet, l'amiral Andrew Cunningham, décida alors de préparer une opération pour couler ou endommager les unités navales italiennes basées à Tarente. Elle perfectionna un plan d'attaque nocturne avec des avions torpilleurs Fairey Swordfish mis au point en 1935 par l'amiral Lumley Lyster lors de la deuxième guerre italo-abyssine. Ce plan, très risqué, reposait essentiellement sur le facteur surprise. Les porte-avions d'où devaient décoller les avions accomplissant la mission devaient se rapprocher à moins de 130 nautiques de la côte italienne, au risque d'être découverts par l'ennemi. En outre, la rade devait être illuminée en recourant à des avions illuminateurs, pendant que les avions-torpilleurs volaient au ras de l'eau pour éviter les batteries anti-aériennes et éviter que les torpilles ne s'enfoncent dans la vase de la rade. En fait, si les navires italiens avaient étendu les couvertures de fumigènes, la mission aurait certainement été un échec.

L'opération débuta le 6 novembre 1940 : les navires de ligne Malaya, Ramillies, Valiant et Warspite, le porte-avions Illustrious, les croiseurs Gloucester et York ainsi que 13 destroyers, partirent d'Alexandrie vers Malte, dans les alentours de laquelle se trouvait le porte-avions Eagle.

Le 8 novembre, alarmé par ces manœuvres dans la Méditerranée, le Commandement suprême de la Marine italienne envoya une unité de contre-torpilleurs, torpilleurs et sous-marins en patrouille dans le canal de Sicile et fit rassembler dans la base de Tarente la plus grosse partie de la force navale italienne. Les navires britanniques atteignirent Malte dans la journée du 10 novembre et le jour suivant le porte-avions Illustrious commença à se diriger vers le point de rendez-vous pour lancer ses avions vers Tarente. Le porte-avions Eagle, pour sa part, ne put pas appareiller à cause d'une avarie moteur. Ce contre-temps diminua le nombre d'avions disponibles mais n'empêcha pas l'opération d'avoir lieu.

Les avions britanniques effectuèrent des reconnaissances de Tarente jusque dans la soirée du 11 novembre. Lorsque la Royal Navy apprit que les cuirassés Andrea Doria, Caio Duilio, Conte di Cavour, Giulio Cesare, Littorio et Vittorio Veneto, les croiseurs lourds Bolzano, Fiume, Gorizia, Pola, Trento, Trieste et Zara, les deux croiseurs légers Luigi di Savoia Duca degli Abruzzi et Giuseppe Garibaldi et plusieurs contre-torpilleurs et torpilleurs s'étaient regroupés dans les deux rades de Tarente ; cela fit dire à l'amiral Andrew Cunningham que « Tous les oiseaux étaient dans le nid ».

Quatre-vingt-sept ballons de barrage étaient prévus pour défendre le port, mais les mauvaises conditions climatiques des journées précédentes en avaient arraché soixante et ils n'avaient pas encore pu être remplacés par manque d'hydrogène. Les unités navales étaient protégées par des filets pare-torpilles, mais seulement 4 200 des 8 600 mètres nécessaires pour une défense efficace étaient disposés. Ces filets n'étaient en outre tendus qu'à 10 mètres de profondeur, laissant ainsi un espace non protégé entre eux et le fond marin. L'amiral Inigo Campioni avait en outre demandé que les filets de protection soient placés à une distance permettant aux navires d'appareiller rapidement sans devoir retirer les protections auparavant.

Bombardier-torpilleur Fairey Swordfish.

À 20 h 30, les avions de la première vague d'attaque décollèrent du porte-avions Illustrious. Ils arrivèrent sur l'objectif quelques minutes avant 23 h 0 et furent accueillis par un puissant tir de barrage. Deux feux de Bengale furent lancés pour illuminer le profil des cibles, pendant que six avions-torpilleurs Fairey Swordfish descendaient à faible altitude pour torpiller. Un premier avion, qui allait être abattu, lâcha une torpille qui déchira le flanc gauche du Conte di Cavour, deux autres visèrent l’Andrea Doria, sans parvenir à le toucher. En même temps, quatre autres avions-torpilleurs endommagèrent les contre-torpilleurs Libeccio et Pessagno et bombardèrent les dépôts de carburant. À 23 h 15, deux avions-torpilleurs attaquèrent en même temps le Littorio, le touchant à bâbord et à tribord, pendant que le dernier Swordfish lançait sans succès une torpille contre le Vittorio Veneto.

Les avions de la première vague se retirèrent à 23 h 20, remplacés dix minutes plus tard par ceux de la seconde vague. Malgré le tir de barrage, un premier Swordfish lança une torpille sur le Caio Duilio, le touchant à tribord, pendant que deux avions-torpilleurs touchaient le Littorio. Un autre avion visa le Vittorio Veneto, qui fut une nouvelle fois épargné, pendant qu'un second Swordfish était abattu alors qu'il tentait d'attaquer le Gorizia. Enfin, une dernière attaque endommagea gravement le croiseur Trento. Les derniers avions se replièrent à h 30 le 12 novembre.

Conséquences

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L'attaque de Tarente a fait 59 victimes. En 90 minutes, les avions-torpilleurs de la Royal Navy ont causé des dommages importants à la force navale italienne. Les Britanniques avaient réussi à immobiliser ou détruire la moitié des cuirassés de la Regia Marina. La Marine italienne perdit ainsi une grande partie des moyens qui lui étaient nécessaires pour assurer la protection des convois destinés à la Libye, ce qui entraîna la perte rapide d'une grande quantité des approvisionnements destinés au front libyen.

Leçon tactique

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Le résultat de l'incursion démontra surtout combien était erronée la conviction selon laquelle les avions-torpilleurs ne pourraient toucher les navires à l'intérieur des bases, à cause des hauts-fonds, mais surtout, cette attaque marqua un tournant dans les stratégies de guerre maritime, confiant à l'aviation et donc aux porte-avions un rôle essentiel dans les combats futurs. Elle inspira les Japonais pour leur attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. En effet, en mai 1941, l'attaché militaire naval du Japon à Berlin, Takeshi Naito, se rend à Tarente avec une mission militaire japonaise pour enquêter et analyser l'attaque. Ses observations furent ensuite transmises à l'amirauté japonaise[1].

Notes et références

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  1. Pierre Royer, « Tarente (1940). Le chef-d'œuvre inconnu », Conflits, no 8, janvier-mars 2016, p. 36-38.

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Bibliographie

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  • Pierre Royer, « Tarente (1940). Le chef-d'œuvre inconnu », Conflits, no 8, janvier-mars 2016, p. 36-38.
  • Yannis Kadari - Raid sur Tarente : le jour du jugement - Histoire(s) de la Dernière Guerre, no 8, novembre 2010 - Éditions Caraktère.
  • J.C.E. Smith - Duel en Méditerranée, Historia magazine 2e Guerre mondiale - Jules Tallandier - 1968.
  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0).
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8).
  • (it) Arrigo Petacco - Le battaglie navali del Mediterraneo nella seconda guerra mondiale, Arnoldo Mondadori Editore - Milano - 1996.
  • (it) Nino Bixio Lo Martire - La notte di Taranto (11 novembre 1940), Schena Editore - Taranto - 2000.
  • (it) Antonino Trizzino, Navi e Poltrone Longanesi Milano 1966.

Articles connexes

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Liens externes

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