Grigori Skovoroda
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture |
Skovorodynivka (d) |
Nom dans la langue maternelle |
Григорій Савич Сковорода |
Nom de naissance |
Григорій Сковорода |
Formation |
Académie Mohyla de Kiev (d) |
Activités |
Mouvement |
Philosophie religieuse (en) |
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Genres artistiques |
Grigori ou Hryhoriy Savitch Skovoroda (ukrainien : Григорій Савич Сковорода; russe : Григорий Саввич Сковорода; en latin Gregorius Sabbae filius Skovoroda), né le à Tchornoukhy, près de Poltava (gouvernement de Kiev de l'Empire russe), dans une famille de cosaques et mort le dans le village d'Ivanovka (aujourd'hui Skovorodinovka) dans la région de Kharkov, est un philosophe, poète et pédagogue.
Biographie
[modifier | modifier le code]Son père Savva est un cosaque ayant une petite terre, et qui selon certains historiens serait prêtre de village. Sa mère Pélagie est fille d'un Tatar de Crimée, Stepan Changuireïev[1], dont la famille s'était convertie à l'orthodoxie au siècle précédent et combattait de père en fils dans les rangs cosaques du régiment de Kanev. Selon une certaine tradition, Skovoroda aurait étudié entre l'automne 1738 et l'été 1741 à l'Académie Moguila de Kiev (dont la langue d'enseignement de base était le latin, avec des cours de religion en slavon d'Église et certains cours en polonais), cependant on ne trouve nulle trace de son nom dans les registres, mais certains historiens (surtout depuis 1902) affirment qu'il y aurait suivi des cours d'après certains témoignages. En tous les cas, il ne termine pas sa scolarité. Grégoire Skorovoda part après la mort de son père pour la jeune capitale de l'Empire à Saint-Pétersbourg chez un oncle maternel, riche propriétaire foncier. Il y arrive en [2].
Il poursuit ses études en devenant chantre auprès de la Cour (c'est l'époque du règne d'Élisabeth Ire) où il reçoit 25 roubles par an. Son frère Stepan part étudier ensuite en Pologne.
En 1744, il retourne à Kiev, puis aurait voyagé en Pologne et en Hongrie, jusqu'à Vienne. Il revient à Kiev en 1750. Il enseigna au Collège de Pereïaslav (il en est renvoyé en 1754 ayant mécontenté l'évêque) et à celui de Kharkov, avant que les persécutions des autorités ecclésiastiques et séculières ne le contraignirent à quitter l'enseignement et à devenir précepteur du fils de la famille Tomara (futur diplomate). Il élabora une philosophie originale, centrée sur la théorie des trois mondes: un macrocosme (l'univers) et deux microcosmes (l'homme et le monde symbolique de la Bible). Selon Skovoroda, un des fondements du bonheur de l'homme est son activité créatrice.
Œuvres
[modifier | modifier le code]Il s'agit d'une trentaine de poèmes du recueil Le Jardin des chants divins (Sad bozestvennyx pesnej) et du cycle des Fables de Kharkov (Basni xar'kovskija), œuvres en prose. Le poème de Skovoroda A chaque ville ses mœurs et ses lois (Vs 'akomu horodu nrav i prava), dans lequel il condamne le vice et exalte la vertu, connut un grand succès. D'après Skovoroda, quiconque vit en observant les préceptes de la morale chrétienne n'a rien à craindre, pas même la mort. Dans un autre chant, il exhorte les hommes à se perfectionner, à mettre l'accent sur la vie spirituelle :
«Quitte les sphères coperniciennes, Explore les profondeurs du cœur."
Dans une autre œuvre encore, il glorifie le Christ (« doux, bon, miséricordieux ») et appelle à l'imiter.
Avec ses fables (dont les sujets sont parfois empruntés à Ésope), Skovoroda fut le créateur de ce genre dans la littérature ukrainienne. Il est également réputé pour ses traductions du latin d'œuvres d'Ovide, Virgile et Horace.
La langue russe n'ayant pas été grammaticalement fixée avant Lomonossov et l'ukrainien avant le XIXe siècle, les langues utilisées par Skovoroda sont le latin et la vieille langue livresque slave, mêlée de russismes et de dialecte petit-russien. Son origine ukrainienne est revendiquée depuis la fin du XIXe siècle par les tenants des différents mouvements en faveur de la fixation de la langue ukrainienne et a contrario son origine linguistique russe est revendiquée par nombre d'historiens de la littérature russe.
Aphorismes
[modifier | modifier le code]- « La perte de temps est la pire de toutes les pertes ».
- « Nous rêvons au futur et nous nous glorifions au présent : nous voulons ce que nous n'avons pas et dédaignons ce qui est en notre possession; comme si ce qui est passé pouvait se répéter ou que le rêve devait indubitablement se réaliser ».
- « L'Amour engendre l'Amour ; lorsque j'ai envie que l'on m'aime, je suis le premier à aimer ».
- « L'excès de nourriture engendre l'ennui, l'ennui engendre la morosité et celui qui en souffre n'est pas bien portant ».
- « Heureux celui qui a la possibilité d'une vie heureuse, mais plus heureux encore celui qui sait en jouir ».
- « Celui qui découvre après coup que ce qu'il a mangé était bon peut avaler n'importe quoi ».
- « Découvre l'invisible par ce que tu vois ».
- « Essaie le plus possible de ressembler au palmier : plus il est enserré dans la roche, plus il pousse vite et bien ».
- « L'intelligence ne s'est pas formée à partir des livres ; ce sont les livres qui ont été créés par l'intelligence ».
(Traduit par Daniel Sztul, Revue Franco-ukrainienne "Échanges", no 3, mars 1972).
Influence
[modifier | modifier le code]Les spécialistes ont reconnu l'influence de Skovoroda sur les écrivains des générations suivantes. Pavlo Tytchyna a longtemps travaillé sur un poème consacré à Skovoroda.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- H. Skovoroda, Tvory (Œuvres), tt. 1-2. Kyiv, 1961.
- H. Skovoroda, Poeziji (Poésies). Kyiv, 1971.
- H. Skovoroda, Literaturni tvory (Œuvres littéraires). Kyiv, 1972.
- Ukrajins'ki pys'mennyky. Bio-bibliohraficnyj slovnyk (Les Écrivains ukrainiens. Dictionnaire biobibliographique), T. I. Kyiv, 1960.
- P. Popov. Hryhorij Skovoroda. Kyiv, 1969.
- L. Je. Maxnovec', Hryhorij Skovoroda. Biohrafija (Hryhori Skovoroda. Biographie). Kyiv, 1972.
- V. Synkaruk (réd.). Filosofija Hryhorija Skovorody (La philosophie de Hryhori Skovoroda). Kyiv, 1972.
- D. Tschizewsky. Skoworoda. Dichter, Denker, Mystiker. Munich, 1974.
- M. Cadot, A. Joukovsky, V. Koptilov, E. Kruba, I. Popowycz, Anthologie de la littérature ukrainienne du XIe au XXe siècle - Paris-Kyiv : Société scientifique Chevtchenko en Europe, 2004.
- (de) Maria Bezobrazova, « Gregor Skovoroda, ein ukrainischer Philosoph » [« Hryhori Skovoroda, un philosophe ukrainien »], Archiv für die Geschichte der Philosophie,
Hommages
[modifier | modifier le code]Un timbre ukrainien en 2022.
Liens externes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Sa famille avait accédé autrefois à un rang élevé à l'époque du khanat de Crimée car elle descendait d'un frère cadet de Mehmed III Giray; Changuireïev est formé du nom de famille Chan-Guireïa (ou Giray selon la translitération turque)
- Après être passé par Moscou, où il a assisté quelques mois plus tôt aux festivités du couronnement de l'impératrice
- numéro : 63-226-0152