Noa Pothoven
Noa Pothoven, née le à Arnhem et morte le , est une auteure néerlandaise, militant pour une meilleure prise en charge des adolescents atteints de troubles psychiatriques.
Ayant publiquement exprimé son désir de mourir, son décès par suicide à l'âge de dix-sept ans a suscité une controverse mondiale du fait d'informations erronées parues dans la presse étrangères, selon lesquelles elle aurait eu recours à l'euthanasie en accord avec les dispositions légales néerlandaises.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance et adolescence
[modifier | modifier le code]Noa Pothoven naît le à Arnhem[1]. À l'âge de 16 ans, elle publie son autobiographie, Winnen of Leren (en) (Gagner ou Apprendre) qui remporte le prix du jury dans la catégorie non-fiction du Soester Boekenbal[2],[3]. Dans cet ouvrage, elle retrace son parcours et critique le manque de structures adaptées aux adolescents souffrant de troubles psychiatriques aux Pays-Bas. Elle explique notamment avoir été agressée sexuellement à l'âge de 11 et 12 ans par des camarades de classe, avant d'avoir été violée par deux hommes à l'âge de 14 ans. Souffrant de trouble de stress post-traumatique (TSPT) et d'anorexie à la suite de ces événements, et n'ayant pas le courage de parler à ses parents ou à la police, Pothoven a alors recours à l'automutilation et effectue plusieurs tentatives de suicide[4].
Dans son livre, paru le , Pothoven relate également avoir déjà été internée de force, et critique le fait de devoir passer par une audience au tribunal dans le cadre de cette procédure, ce qui selon elle aggrave la situation de jeunes personnes déjà psychologiquement fragiles : « Les séances à la salle d'audience m'ont laissé une forte impression. J'étais assise là comme si j'étais une criminelle alors que je n'ai jamais volé ne serait-ce qu'un bonbon. A mon avis, les jeunes en dépression ne devraient pas se retrouver dans un tribunal. »
Le , au cours d'une interview dans le périodique De Gelderlander, elle déclare publiquement son souhait d'avoir recours à l'euthanasie. Elle explique également avoir déposé une demande en ce sens à La Haye, qui lui a été refusée en raison de son jeune âge, malgré la vingtaine d'hospitalisations que lui ont valu ses tentatives de suicide[5],[4],[6].
Le , Noa Pothoven raconte dans l'édition néerlandaise de Vice qu'elle a rédigé son livre lors de ses différentes hospitalisations, d'abord sous la forme d'un journal intime, qu'elle a ensuite souhaité publier pour lutter contre la stigmatisation des personnes souffrant de troubles mentaux. Elle explique notamment avoir passé plusieurs mois à l'isolement, sous surveillance constante afin de l'empêcher de se suicider[7].
En , Pothoven écrit dans un article qu'elle souffre de stress post-traumatique, anorexie, dépression, troubles obsessionnels compulsifs, troubles de la personnalité, automutilation et psychose, mais que le TSPT résultant des abus sexuels qu'elle a subis est le principal problème. Elle déplore que les thérapies qu'elle a suivies se soient focalisées sur un traitement symptomatique de ses autres troubles au lieu de se concentrer sur le stress post-traumatique. Elle appelle à une meilleure prise en charge psychiatrique des adolescents, ainsi qu'à une réduction du temps passé sur les listes d'attente[8],[9].
Décès et controverse médiatique
[modifier | modifier le code]Fin , Pothoven cesse de s'alimenter et de boire. Bien que la jeune fille soit dans un premier temps alimentée à l'aide d'une sonde, sa famille décide finalement de respecter sa décision, et de lui apporter uniquement des soins palliatifs[1]. Le , Noa Pothoven annonce sur les réseaux sociaux sa décision de mourir face à ses « souffrances insupportables »[10],[11], et sa sœur confirme son décès le à l'âge de 17 ans[12],[13]. La jeune femme s'est éteinte chez elle, après avoir passé ses derniers jours à dire au revoir à ses proches[14].
De nombreux articles de la presse étrangère relayent alors à tort l'information selon laquelle Pothoven aurait bénéficié d'un suicide assisté selon les dispositions légales néerlandaises[6],[10],[14],[15],[16],[17],[18],[19],[20], ajoutant parfois qu'elle aurait subi une injection létale[21]. Ces affirmations ont suscité une large controverse mondiale, conduisant même à une réaction du Pape François[22],[23],[24]. La famille de Pothoven a démenti cependant les informations selon lesquelles leur fille aurait été euthanasiée, et a déclaré espérer que « son histoire permette de venir en aide à d'autres jeunes ayant des problèmes psychologiques aux Pays-Bas. Noa plaidait pour l'existence d'une institution où des adolescents dans son cas pourraient être accueillis et recevoir l'aide physique et psychologique dont ils ont besoin »[25]. Plusieurs médias ont alors reconnu publiquement leur erreur dans le traitement de l'information[4],[6],[26], analysant au passage le mécanisme de propagation de cette fake news[27],[28],[12],[29].
Œuvre
[modifier | modifier le code]- Winnen of Leren (en), 2018.
Références
[modifier | modifier le code]- (nl) « Waarom werd de dood van een Arnhems meisje wereldnieuws? », sur NRC (consulté le )
- (nl) Pim Roelofs, « Noa wint prijzen met boek over depressies en anorexia », De Gelderlander, (lire en ligne)
- « Boekgoud - Editie 2018 », sur www.boekgoud.nl (consulté le )
- (en) Isaac Stanley-Becker, « Anguished Dutch teen who was raped dies after euthanasia request », sur SFGate, (consulté le )
- (nl) Paul Bolwerk, « Noa (16) uit Arnhem is nu al klaar met haar verwoeste leven », De Gelderlander, (lire en ligne)
- (en) « Global media misreports Dutch teen author’s death as “legal euthanasia” », sur NL Times, (consulté le )
- (nl) Wisanne van ‘t Zelfde, « Noa Pothoven is klaar met het leven, maar weet toch anderen te inspireren », Vice, (lire en ligne)
- (nl) « Lezersblog Noa, 17 jaar », sur www.hsleiden.nl (consulté le )
- (nl) Noa Pothoven, « Blog van Noa Pothoven, 17 jaar », Hogeschool Leiden, (lire en ligne)
- (en-GB) « Award-winning teen writer Noa Pothoven chooses to die due to 'unbearable suffering' », sur DutchNews.nl - Live, (consulté le )
- (nl) « Noa (17) wilde niet meer leven: "Het is op" », sur Libelle, (consulté le )
- (en-GB) « Why teenage Noa's tragic death was misunderstood », BBC, (lire en ligne, consulté le )
- (nl) Henk van Gelder, « Noa is 17 jaar geworden: ‘Ik word losgelaten omdat mijn lijden ondraaglijk is’ », De Gelderlander, (lire en ligne)
- (nl) « Waarom het overlijden van de 17-jarige Noa uit Arnhem wereldnieuws is », sur nos.nl (consulté le )
- (en-GB) Jon Henley Europe correspondent, « Dutch girl was not 'legally euthanised' and died at home », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- Odero Charles, « Dutch teen starve herself to death after parents agree not to put her into treatment », sur The Standard (consulté le )
- (en-GB) Deutsche Welle (www.dw.com), « Media misreport Dutch teen Noa Pothoven's death as euthanasia | DW | 05.06.2019 », sur DW.COM (consulté le )
- « NUcheckt: Dood Nederlands meisje werd onterecht euthanasie genoemd », sur NU, (consulté le )
- (es) « La eutanasia silenciada de Noa Pothoven », sur El Plural (consulté le )
- « La prétendue euthanasie d’une adolescente néerlandaise affole la presse mondiale », sur www.lefigaro.fr, (consulté le )
- (en-CA) News et World, « A 17-year-old Dutch rape victim died Sunday after seeking assisted death a year earlier | National Post », (consulté le )
- (en-US) « Dutch rape victim, 17, dies after euthanasia request », sur Fox News, (consulté le )
- AsiaNews.it, « Pope: Noa Pothoven's death is 'a defeat for all' », sur www.asianews.it (consulté le )
- (nl) « Paus tweet na dood Arnhemse Noa (17): ’Euthanasie kent alleen verliezers’ », sur Telegraaf, (consulté le )
- (nl) Henk van Gelder et Paul Bolwerk, « Noa's (17) zelfgekozen dood is wereldnieuws geworden, haar familie wil radiostilte », Algemeen Dagblad, (lire en ligne)
- (en-US) Yuto Nakashima, « Update: Dutch girl Noa Pothoven (17) who was raped as a child was NOT euthanized », sur Noble Nashville, (consulté le )
- « L’adolescente néerlandaise Noa Pothoven n’a pas été « euthanasiée » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Jean-Pierre Stroobants, « Derrière la mort de Noa Pothoven, les leçons d’une « fake news » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Fausse euthanasie de Noa Pothoven : les médias s'emballent, la famille souffre », sur LExpress.fr, (consulté le )