Carquebut
Carquebut | |
Église Saint-Ouen. | |
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Région | Normandie |
Département | Manche |
Arrondissement | Cherbourg |
Intercommunalité | Communauté de communes de la Baie du Cotentin |
Statut | commune déléguée |
Maire délégué Mandat |
Maurice Milet 2019-2020 |
Code postal | 50480 |
Code commune | 50103 |
Démographie | |
Population | 296 hab. (2019) |
Densité | 35 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 22′ 24″ nord, 1° 19′ 43″ ouest |
Altitude | 22 m Min. 2 m Max. 34 m |
Superficie | 8,54 km2 |
Élections | |
Départementales | Carentan |
Historique | |
Fusion | |
Commune(s) d'intégration | Sainte-Mère-Église |
Localisation | |
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Carquebut est une ancienne commune française, située dans le département de la Manche en région Normandie, peuplée de 296 habitants[Note 1], commune déléguée au sein de Sainte-Mère-Église depuis le .
Géographie
Cette commune est au cœur du parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin. D'une superficie de 854 hectares, elle est divisée entre marais (des Mottes, de la Pigachière, d'Éturville) et les collines environnantes. L'altitude maximale est d'environ 30 mètres.
Les principaux hameaux de Carquebut sont : Éturville, le Petit Hameau, le Grand Hameau, le Port, les Raillières et Vigilant.
La principale route de la commune est la route nationale 13 qui relie Caen à Cherbourg. De même, la voie de chemin de fer Paris-Cherbourg traverse Carquebut.
Toponymie
Le nom de cette commune est le seul du doyenné de Plain qui semble avoir un nom d'origine entièrement scandinave ou anglo-scandinave. Il est attesté sous les formes Querquebu en 1165 - 1173[1], Kirkebi en 1204[2], Kerkebu en 1228[3].
Ce nom est issu de la combinaison des éléments kirkja « église »[Note 2] et bú « maison, ferme; résidence, domaine; village »[4],[5],[2], soit « le village de l'église », « le domaine rural (près) de l'église » ou encore « la maison (près) de l'église ». L'ancien norois bú s'est ici très probablement croisé avec l'ancien anglais de même origine bū (forme fléchie bȳ) « résidence », forme sous laquelle il a dû se fixer[5],[Note 3].
Plusieurs villages scandinaves ont le même nom : Kirkeby au Danemark, Kyrkby, Kyrkeby en Suède, et de nombreux Kirby, Kirkby en Angleterre (plus d'une quarantaine d'exemples).
- Remarque
De manière assez incompréhensible[5], le deuxième élément de ce toponyme est expliqué par l'ancien norois buth (variante both) « abri temporaire, cabane; maison » par François de Beaurepaire[3], et à sa suite René Lepelley[6], alors qu'il avait été parfaitement analysé par Auguste Longnon[7], Auguste Vincent[8], Albert Dauzat[4], Jean Adigard des Gautries et Fernand Lechanteur[9], et finalement Ernest Nègre[10]. Or les formes anciennes sont sans appel : nulle trace de dentale à la finale, contrairement aux produits de buth / both qui aboutissent d'ailleurs normalement en Normandie à -bo(t) ou -beu(f) et leurs variantes graphiques diverses[5].
Le gentilé est Carquebutais.
Histoire
La seigneurie de Carquebut a appartenu à la famille de La Luzerne, qui portait d'azur à la croix ancrée d'or chargée de cinq coquilles de gueules.
Un hôpital militaire a fonctionné pendant le débarquement de 1944.
Politique et administration
Le conseil municipal est composé de onze membres dont le maire et deux adjoints[15].
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du , les populations légales des communes sont publiées annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[17]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[18],[Note 4].
En 2019, la commune comptait 296 habitants, en évolution de −11,11 % par rapport à 2014 (Manche : +0,44 %, France hors Mayotte : +2,49 %).
Économie
La principale activité économique de la commune est l'agriculture. La déchèterie de la communauté de communes est sur le territoire de la commune. Carquebut compte aussi une maison de retraite.
La commune se situe dans la zone géographique des appellations d'origine protégée (AOP) beurre d'Isigny et crème d'Isigny[21].
Lieux et monuments
- Le manoir de Franquetot des XVe, XVIIe – XIXe siècles, appelé Vassy jusqu'au XVIIIe siècle[14], est inscrit au monuments historiques en 1995[22]. Il y avait avant la Révolution une chapelle Saint-Pierre qui était desservie par le curé de Saint-Côme-du-Mont (principal décimateur).
- Le manoir de Courcy. Berceau de la famille de Remy de Gourmont[14]. Le manoir est du XVIIIe siècle avec un pavillon central à pilastres surmonté d'un fronton triangulaire. Haut d'un étage sur rez-de-chaussée, seul l'étage, qui s'éclaire par des fenêtres à linteaux droits, sert d'habitation. Les communs, plus anciens, comprennent une charretterie à trois arcades[23].
- Le manoir des Fontaines du XVIe siècle et son portail avec porte piétonne, transformé en maison de retraite. Dans un aveu du par Charles de Gourmont, écuyer, il est fait mention d'une motte au fief des Fontaines « …Et sur le dit fief il y a apparence de vieil manoir antien, auquel restes encore une vieille tour bataillère le tout clos à motte et fossez »[14],[24].
- C'est Jacques Perrotte (1806-1844), maire et sans postérité, qui fit don du manoir des Fontaines pour y fonder un hospice devenu maison de retraite[14].
- L'église des XIIIe, XVe – XVIIe siècles, avec son cadran solaire du XVIe, est inscrite à l'Inventaire général du patrimoine culturel en 1986[25]. Édifice de la fin du XIIIe siècle de style gothique, placée sous le vocable de saint Ouen. L'ensemble, de plan cruciforme, est composé d'une nef unique, séparée par un arc triomphal du chœur, à trois travées, et chevet plat, et de trois chapelles latérales ajoutées aux XVe et XVIe siècles communiquant avec le transept. Le clocher du XVe siècle est coiffé d'une flèche octogonale. Le logis du sacristain est situé au-dessus de la chapelle dite des Hommes. À l'intérieur un maître-autel, avec retable et tableau représentant l'Adoration des mages du XVIIIe siècle classé au titre objet aux monuments historiques[26],[27], ainsi qu'une chaire à prêcher du XVIIe[14].
- Le Manoir du XVIe siècle, et son escalier à vis, inscrit à l'Inventaire général du patrimoine culturel[28].
- La fontaine Saint-Ouen consacrée vers 650 par saint Ouen, évêque de Rouen, réputée pour guérir les yeux[14].
- La croix de cimetière (1742) inscrite à l'Inventaire général du patrimoine culturel en 1987[29].
- If funéraire du cimetière.
- Le calvaire de la Mission du XIXe siècle, et calvaire du XXe siècle.
- Portail du presbytère des XIVe – XVe siècles.
- Plusieurs lavoirs.
- Pour mémoire
- Le manoir du Port, dont les dernières traces ont disparu au début des années 1900.
- Le manoir de Martainville, détruit dans les années 1880 pour les pierres.
Personnalités liées à la commune
- Richard de Gourmont (XVe siècle), né à Carquebut, écuyer. Il s'installa à Paris où ses fils, Robert de Gourmont et Gilles de Gourmont (XVIe siècle) seront des imprimeurs et libraires réputés de la Renaissance[14]. Le troisième dit Jean 1er de Gourmont sera aussi graveur en taille-douce à Lyon[14].
- Jacques du Chevreuil (v. 1595-1649), né à Carquebut et mort à Paris en pleine chaire, enseignant et principal du Collège d'Harcourt, recteur de l'université en 1622, opposé aux Jésuites[14],[30].
- Émile Frédéric Jean Alexandre Sevestre (1876-1952), né à Carquebut le de Frédéric Jean et d’Apoline Désirée qui étaient cultivateurs dans la commune.
- Doué d'une grande intelligence, le jeune Émile rentre au collège diocésain de Valognes où il suit de brillantes études et remporte plusieurs prix d'excellence, notamment le prix d'honneur de la dissertation de philosophie et le prix d'honneur de l'enseignement religieux. En 1895, il sort du collège et le , il est ordonné prêtre. Ensuite appelé à sa mission pastorale, il est successivement vicaire de Saint-Sauveur-Lendelin, missionnaire à Notre-Dame-sur-Vire, vicaire à Saint-Nicolas de Coutances, professeur au petit séminaire et au collège de Valognes et vicaire à Saint-Croix de Saint-Lô. Mais finalement, le , il se retire à Carquebut pour se consacrer au travail d'historien qui va le rendre célèbre.
- Dès lors, c'est une montagne de travaux d'une grande qualité qui se succèdent. Son domaine de prédilection, l'histoire religieuse de la Révolution française occupe une grande partie de son œuvre. On peut en citer quelques titres (une bibliographie complète est proposée par Remy Villand dans sa monographie sur Carquebut) :
- L'Histoire, le texte et la destinée du Concordat, Angers, Siraudeau, 1903 ;
- Étude critique des sources de l'Histoire religieuse de la Révolution en Normandie, Paris, Picard, 1916 ;
- Le Personnel de l'Église constitutionnelle en Normandie (1791-1795), Paris, Picard, 1925.
- Une autre particularité de l'abbé Sevestre, est qu'il est le seul habitant de Carquebut à avoir été chargé de cours à l'École pratique des hautes études, et professeur à l'école des Sciences sociales de Paris. Il est également l'ami d'Alphonse Aulard, fondateur de la Ligue des droits de l'homme, ce qui lui attira la méfiance des autres prêtres du diocèse.
- Cependant, tout ne va pas pour le mieux pour notre abbé. En effet, son caractère particulier, son âge avançant, l'abbé Sevestre, retiré à Carquebut, se trouve de plus en plus isolé et meurt dans l'indifférence le dans sa maison de Carquebut (actuelle maison de Mme Cécile Barbey). Cependant, son œuvre grandissime lui vaut l'hommage de ses pairs. Ainsi, M. Gabriel Le Bras, président de la Société d'Histoire ecclésiastique de la France, dit d'Émile Sevestre en parlant des morts de l'année : « Combien de nos compatriotes ont connu l'histoire religieuse de la Révolution française comme l'abbé Émile Sevestre ? ».
- Émile Sevestre lui-même écrit ces phrases touchantes : « Mes ouvrages ont été pendant ma vie mes meilleures consolations et mes avocats les plus éloquents. Ils m'ont fait oublier les mesquineries et les tristesses de la vie. Ils m'ont vengé des attaques injustement dirigées contre ma personne. À ma mort et après ma mort, ils ne m'abandonneront pas. C'est le seul cortège que je souhaite. »
Notes et références
Notes
- Population municipale 2019, légale en 2022.
- L’ancien norois kirkja « église » représente un emprunt au germanique occidental °kirika (cf. anglais church, néerlandais kerk, allemand Kirche), lui-même tiré du grec médiéval ϰυριϰόν (kūrikón), réfection de ϰυριϰαόν [δῶμα] (kūriakón [dōma]) « [maison] du seigneur »), adjectif (ici neutre) dérivé de ϰύριος (kūrios) « seigneur ». Ce dernier mot est issu d'un radical indo-européen °kū-ro- « puissant » (d’abord « enflé, gonflé »), forme suffixée du degré zéro de °keuə- « enfler » [in Dominique Fournier, Wikimanche].
- L'ancien norois bú a comme équivalents modernes l'islandais bú (même sens), le suédois by « village », le danois by « ville », etc. Il se rattache au radical °bū- « habiter, résider » < indo-européen °bʰū-, degré zéro allongé de la racine °bʰeu- « être », initialement « croître, devenir » (cf. anglais to be, breton bout, russe быть (byt’) « être ») [in Dominique Fournier, Wikimanche].
- Par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations légales postérieures à 1999, que les populations correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, et que les populations des années 2006, 2011, 2016, etc. pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee pour l'ensemble des communes.
Références
- Léopold Delisle, Recueil des actes de Henri II, revu et publié par Élie Berger, t. I, Imprimerie Nationale, Paris, 1916, p. 540, § CCCCXII.
- Jean Renaud, Vikings et noms de lieux de Normandie, OREP éditions, 2009, p. 89.
- François de Beaurepaire, Les Noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 93.
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Larousse, Paris, 1963 (rééd. Guénégaud, avec supplément de Marie-Thérèse Morlet), p. 150a.
- Dominique Fournier : « Carquebut » in Wikimanche (lire en ligne) [1].
- René Lepelley, Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Caen, Presses universitaires de Caen / Condé-sur-Noireau, Éd. Charles Corlet, 1993, p. 86b.
- Auguste Longnon, Les Noms de lieux de la France, Paris, 1920-1929 ; rééd. Champion, Paris, 1979, p. 283, § 1178-1181.
- Auguste Vincent, Toponymie de la France, Bruxelles, 1937, p. 159, § 372.
- Jean Adigard des Gautries & Fernand Lechanteur, « Les Noms de communes de Normandie », in Annales de Normandie, XVI (juin 1966), § 586.
- Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, Droz, Genève, t. II, 1991, p. 1015, § 18283.
- Décédé en exercice le .
- Le maire, Jean Buquet, démissionne Ouest-France.fr, 15 février 2016.
- « Chantal Frémont est le nouveau maire », sur ouest-france.fr, Ouest-France (consulté le ).
- Gautier 2014, p. 135.
- « Carquebut (50480) - Municipales 2014 », sur elections.ouest-france.fr, Ouest-France (consulté le ).
- Sainte-Mère-Église. Décès de Chantal Frémont, maire déléguée.
- L'organisation du recensement, sur le site de l'Insee.
- Calendrier départemental des recensements, sur le site de l'Insee.
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
- Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 20062007 2008 2009 2010 20112012201320142015 2016 2017 2018 .
- AOP Beurre d'Isigny et Crème d'Isigny.
- « Château de Franquetot », notice no PA00135506, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-913920-38-5), p. 249.
- Florence Delacampagne, « Seigneurs, fiefs et mottes du Cotentin (Xe – XIIe siècles) : Étude historique et topographique », dans Archéologie médiévale, t. 12, (lire en ligne sur Persée.), p. 200.
- « Église paroissiale Saint-Ouen », notice no IA00001144.
- « Maître-autel, gradin, tabernacle, exposition, retable, tableau : L'Adoration des Mages, portes de la sacristie, niches, socles », notice no PM50001404.
- Girard et Lecœur 2005, p. 255.
- « Manoir », notice no IA00001149.
- « Croix de cimetière », notice no IA00001145.
- Jacques du Chevreuil sur le site wikimanche.
Voir aussi
Bibliographie
- Textes de l'abbé Émile Sevestre à propos de Carquebut.
- Archives municipales de Carquebut
- Notice sur Carquebut par Rémy Villand.
- Daniel Delattre et Emmanuel Delattre, La Manche les 602 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, , 280 p. (ISBN 978-2-9159-0709-4), p. 48.
- René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 135.
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à la géographie :
- Carquebut sur le site de l'Institut géographique national