« Lac Lalolalo » : différence entre les versions

	Lac Lalolalo
	; Le lac Lalolalo et la forêt qui l'entoure (vao tapu en wallisien) en 2018.
	; Le lac Lalolalo en 2018.
Administration
Pays	France
Collectivité	Wallis-et-Futuna
Géographie
Coordonnées	13° 18′ 00″ S, 176° 14′ 01″ O
Type	Lac de cratère
Origine	volcanique
Superficie	15,2 ha;
Altitude	1,3 m
Profondeur	88,5 m;
Hydrographie
Alimentation	nappe phréatique
Émissaire(s)	plusieurs cours d'eau souterrains et sources
Géolocalisation sur la carte : Wallis
	modifier

Navigation interactive dans l’historique

← Modification précédente

Contenu supprimé Contenu ajouté

VisuelWikicode

Intégrés

Dernière version du 16 juin 2024 à 19:26

Le lac Lalolalo est un lac situé à Wallis, une île française de Polynésie, dans l'océan Pacifique occidental. Avec une superficie de 15,2 hectares et 88,5 mètres de profondeur, ce lac de cratère constitue la plus grande étendue d'eau de Wallis-et-Futuna. De forme circulaire, il est entouré de falaises abruptes qui rendent son accès difficile. Le lac communique avec la mer à travers des failles souterraines, ce qui cause une différence de salinité entre les eaux profondes et les eaux douces de surface, qui ne se mélangent pas. Ces failles sont empruntées par des anguilles qui se retrouvent à l'âge adulte dans le lac. Il n'est peuplé que par deux autres espèces de poissons introduites dans les années 1960. Les eaux du lac sont très sombres et l'oxygène disparaît au-delà des 10 mètres de profondeur. On y trouve plusieurs espèces d'algues et de phytoplancton adaptées à ce milieu.

Réserve d'eau douce de l'île, le lac Lalolalo alimente plusieurs sources d'eau potable, et joue un rôle symbolique essentiel pour la population wallisienne : il est considéré comme la force vitale qui régénère la vie. La forêt qui entoure le lac Lalolalo a constitué pendant très longtemps une zone sacrée et strictement réglementée, sous l'autorité du roi coutumier d'Uvea (Lavelua), mais elle a été défrichée ou endommagée à plusieurs reprises depuis le XX^e siècle et n'existe pratiquement plus.

Toponymie

Le nom Lalolalo vient du mot wallisien lalo, « en bas ». La répétition de ce terme met l'accent sur la profondeur du lac et l'importance de l'eau qu'il contient pour la population^[1].

Géographie

Carte interactive du lac

Localisation

Le lac Lalolalo est situé au sud-ouest de l'île de Wallis, dans le district de Mu'a, à la frontière avec le district de Hahake^[2]. Il est bordé à l'est par la route territoriale RT1. C'est l'un des sept lacs que compte l'île^[3].

Origine

Le lac Lalolalo, tout comme les lacs Lanutavake et Lano, est d'origine volcanique. Ces trois lacs sont apparus à la fin de l'Holocène à la suite d'éruptions phréato-magmatiques^[4] ayant créé un maar. Il est d'origine plus récente que l'île de Wallis, apparue durant le Pléistocène^[5].

Topographie

La surface du lac s'élève à 1,3 m au-dessus du niveau de la mer^[6]. Sa profondeur est estimée à 88,5 mètres^[6]. Ses parois sont « d'une forme circulaire presque parfaite »^[1]. Il est entouré de falaises abruptes de 40 m à 50 m de haut qui rendent son accès difficile^[7]. Il s'étend sur 15,2 hectares^[8].

Géologie

Le lac Lalolalo occupe un cratère issu de l'explosion phréato-magmatique^[4] d'un des nombreux volcans couvrant l'île d'Uvéa (Wallis). L'explosion datée de l'Holocène n'a laissé qu'un maar, c'est-à-dire que le cône volcanique s'il existait a été entièrement soufflé : aujourd'hui ne subsiste qu'un puits circulaire au milieu du substrat basaltique qui constitue l'île.

Les laves de ce volcan sont basaltiques et particulièrement riches en olivine, indiquant une origine profonde du magma (manteau terrestre)^[5]. Il est généralement admis que la formation de l'île est reliée au point chaud des Samoa, mais celle-ci est datée du Miocène. L'âge très récent du volcanisme observé à Lalolalo (Holocène) est donc une énigme pour les scientifiques. L'hypothèse la plus probable est celle d'une anomalie thermique profonde ayant permis la formation nouvelle de magma, dans un contexte tectonique très actif où de nombreuses failles transformantes (fracturation Nord-fidjienne) constituent la frontière entre les plaques pacifique et australienne^[9].

Caractéristiques physico-chimiques

Le lac Lalolalo est un lac méromictique, c'est-à-dire que ses eaux de surface ne se mélangent pas avec les eaux de profondeur^[6]. Cela s'explique par sa situation protégée au sein d'un cratère volcanique, peu touché par les tempêtes et cyclones^[6].

La chimiocline (limite entre les eaux de surface et de profondeur) se situe vers 10 m de profondeur : au-delà, il n'y a plus d'oxygène^[10]. La température est d'environ 31,7 °C et descend à 27,1 °C à 20 m de profondeur^[10]. Une forte halocline est également observée : les eaux de surface sont à la limite entre eau douce et eau saumâtre, tandis que les eaux profondes ont une salinité de 48 mS/cm, proche de celle de l'eau de mer^[10]. En conséquence, les eaux du lac sont assez alcalines avec un pH de 8,5 en surface, mais deviennent acides (pH de 6,8) assez rapidement^[10]. Après 7 m de profondeur, la teneur en sulfure augmente fortement^[11]. Les eaux du lac sont très sombres et la lumière ne pénètre que jusqu'à quelques mètres^[12].

La forte teneur en sel des eaux profondes du lac (à partir de 45 m^[6]) est liée à une communication souterraine avec les eaux du lagon^[13]^,^[6] : des failles dans la roche le relient au littoral. Ces failles sont encore mal connues. La roche-mère est assez jeune d'un point de vue géologique, et donc perméable, mais les marées n'ont pas d'influence sur le niveau du lac^[6]. La présence d'anguilles laisse toutefois penser que la connexion entre la mer et le lac est toujours présente, et qu'il ne s'agit pas d'une faille qui se serait refermée^[6].

« Le Lac Lalolalo présente des valeurs relativement élevées en ions chlorures (440 mg/l), magnésium (23 mg/l), sulfates (67 mg/l) et sodium (264 mg/l) »^[14]. Les caractéristiques chimiques des eaux du lac Lalolalo sont indicatrices de l'érosion des roches basaltiques volcaniques par des sources extérieure d'eau douce (pluie) ou salée (mer)^[15]. Mais l'eau de pluie ne semble pas être l'apport principal du lac ; au contraire, les eaux marines fournissent la majorité des éléments observés. Ainsi, la moitié du strontium présent s'explique par un apport extérieur d'eau de mer^[15].

Faune et flore

Faune

Le lac Lalolalo abrite trois espèces de poissons : le tilapia du Mozambique (Oreochromis mossambicus), introduit en 1966 pour réduire les populations de moustiques et fournir du poisson à la population^[16] ; le guppy (Poecilia reticulata) (introduit) ainsi que Anguilla obscura, espèce autochtone^[17]. La présence de cette dernière espèce d'anguille, qui naît dans les eaux salées de l'océan Pacifique, est surprenante. Lalolalo est le seul des sept lacs de Wallis où elle est présente^[17]. Une étude de 2015 a montré que les anguilles pénètrent dans le lac depuis l'océan Pacifique lorsqu'elles sont encore au stade de civelles, à travers des failles souterraines qui communiquent avec le littoral. Néanmoins, ces failles sont trop étroites pour laisser repartir les poissons adultes, qui passent donc le reste de leur vie dans le lac^[11]. Ces anguilles ne peuvent rejoindre leur lieu de ponte dans le Pacifique^[18] et ne se reproduisent pas : aucune larve n'a été observée dans le lac^[11]. Une étude de 2006 conclut que « le lac Lalolalo, avec sa population (…) d'anguilles obscures, présent[e] un intérêt scientifique et patrimonial indéniable »^[19].

Sept espèces d'ostracodes (des crustacés microscopiques) sont également présentes dans le lac^[20]. Plusieurs espèces d'insectes ont été observées autour du lac, notamment des leptoceridés et des libellules (odonates)^[20].

Le zooplancton du lac Lalolalo est constitué de rotifères qui supportent bien la salinité du lac. La plupart des espèces ont été observées dans la chimiocline, entre 9 et 10 m de profondeur^[21].

Flore

La zone photique (où a lieu la photosynthèse) s'étend jusqu'à 4 mètres de profondeur. À partir de 10 mètres, l'oxygène est absent et « la salinité augmente à partir de 15 m pour atteindre au fond une valeur identique à celle des eaux littorales »^[17]. On trouve dans les eaux de surface « de fortes concentrations d'algues unicellulaires », ainsi que des cyanophycées et des chlorophycées^[22]. Ces organismes sont des espèces qui résistent mieux à la salinité des eaux du lac^{[réf. nécessaire]}.

Neuf espèces de phytoplancton ont été répertoriées, un nombre plus faible qu'à Lanutavake ou Lano^[23]. Ces flagellés appartiennent aux genres Gymnodinium (en), Peridinium, Cryptomonas (en)et Chlamydomonas^[23]. Ce sont des espèces assez répandues mondialement, qui ont sans doute été apportées dans le lac par le vent, la pluie ou les oiseaux. Il est possible que le lac abrite quelques espèces endémiques de Perinidium^[24]. Outre ces algues, des ciliés (organismes unicellulaires) ont également été observés dans les eaux de surface ainsi qu'entre 10 m et 15 m, où leur diversité est plus importante^[23]. À 35 m de profondeur, il n'y a plus qu'une seule espèce de ciliés, et aucune à 50 m^[21].

Les abords du lac sont constitués par une forêt dense rassemblant de nombreuses espèces sempervirentes. Grâce à la présence du lac, ainsi que la protection dont jouit cet espace, les arbres qui y poussent sont souvent plus hauts et avec un plus grand diamètre. Cette forêt jouit d'une protection par les autorités coutumières et pendant longtemps, l'abattage des arbres restait exceptionnel^[25]. En cas d'incendie sur l'île, les animaux peuvent y trouver refuge car son humidité rend l'endroit plus frais^[26]. Cette forêt, d'une centaine d'hectares^[25], fait partie des dernières zones de forêt primaire qui existent encore à Wallis^[22]. La forêt primaire occupait autrefois la majeure partie de l'île mais a quasiment disparu du fait de l'exploitation humaine^[22] (cf infra). Cette forêt subsiste à l'est du cratère^[22].

Importance symbolique

Source de vie

Les parois du lac Lalolalo sont entourées d'une forêt épaisse, que les Wallisiens considèrent comme sacrée et qu'ils nomment vao tapu^[25]. L'ethnologue Hélène Guiot indique que « les Wallisiens (…) lui accordent une importance fondamentale »^[25]. Le lac et sa forêt sont un symbole de vitalité et sont à l'origine de la vie^[25]. En effet, les arbres, en poussant très haut, étaient considérés comme ceux qui apportaient la pluie ; le lac recueille les eaux et les redistribue ensuite à travers les multiples cours d'eau ; cette eau irrigue enfin les cultures et leur permet de croître^[25]. Ainsi, « le vao tapu redistribue de façon continue et équitable ses bienfaits, il régule les flux hydriques et le partage de l'eau »^[25]. Plus généralement, le lac et ses environs apportent de la fraîcheur, ce qui est un signe de leur bon fonctionnement dans la régénération de la vie^[25]. On retrouve des espaces similaires dans le reste de la Polynésie, chez les Maoris de Nouvelle-Zélande ou à Hawaï^[27].

Dans la religion traditionnelle wallisienne^{[Note 1]}, les anguilles présentes dans le lac sont vues comme des divinités tutélaires qui protègent les sources d'eau douce. Les anguilles sont associées à la fertilité et à la vitalité, « capables (…) de féconder une femme ou d'engendrer le premier représentant d'une espèce végétale [comme] le cocotier »^[25]. Les anguilles sont également identifiées symboliquement aux arbres du vao tapu en raison de leur grande taille^[28]^,^{[Note 2]}. Jusqu'au début du XX^e siècle, les anguilles sacrées du lac sont nourries par la population depuis un surplomb rocheux^[29].

Pour la population, le bois qui pousse dans cette forêt est de meilleure qualité que dans le reste de l'île, et fournit des essences nobles^[28]. Le vao tapu est perçu comme étant à l'origine de toutes les espèces végétales présentes à Wallis - même si en réalité, un bon nombre ont été apportées par l'homme^[30].

Le domaine des dieux

Avant l'arrivée des missionnaires et la conversion au catholicisme, le vao tapu entourant le lac était considéré comme le domaine des divinités wallisiennes, notamment le dieu de la pluie^[31]. « Même si des dieux étaient présents dans toute l'île, leur concentration particulièrement dense dans le vao tapu conférait indéniablement à celui-ci son caractère sacré »^[31]. Par conséquent, quiconque pénétrait dans cet espace sacré devait faire très attention, saluer les dieux présents et adopter un comportement respectueux^[31]. L'endroit inspire la crainte. Si un charpentier venait y couper un arbre, il devait être très précautionneux, et si une femme venait y cueillir une fleur pour un collier, elle devait le faire sans la regarder en face (une marque de respect dans la culture wallisienne)^[31]. Hélène Guiot note que ces attitudes de respect sont les mêmes que celles adoptées par la population en présence du Lavelua ou de la chefferie^[31].

Les abords du lac Lalolalo ont également constitué un refuge pour ceux qui « ont enfreint l'ordre social » : couples illicites, meurtriers… « Par son séjour en ce lieu, le fugitif était lavé de ses fautes », puisqu'il avait quitté le monde humain pour rejoindre le domaine des dieux^[26].

Près du lac se trouve une terrasse sur laquelle se situe une plateforme rectangulaire de 12 m de long et 7 m de large, recouverte de cailloux en basalte. D'après Hélène Guiot, cet endroit était probablement utilisé comme lieu de résidence et de rituels par un prêtre de la religion pré-chrétienne. Un escalier a été aménagé dans la roche, et on y trouve peut-être des sépultures^[29].

Protection coutumière et usages

Contrôle

L'espace autour du lac Lalolalo est marqué d'un interdit (tapu)^{[Note 3]} et ne peut être approprié par personne^[32]. Il est contrôlé par la chefferie et est sous l'autorité directe du Lavelua (roi coutumier de Wallis), qui peut décider d'imposer ou de lever temporairement des interdits^[33]. En assurant la préservation de la forêt, le roi est donc le garant des bonnes conditions de vie de la population^[33].

Pour l'anthropologue Sophie Chave-Dartoen, c'est autour des années 1870 et la rédaction du Code de Wallis par l'évêque Pierre Bataillon que les terres de Wallis sont réparties en deux grandes catégories (les terres familiales d'un côté, de l'autre les terres communautaires) et que le lac Lalolalo et la forêt qui l'entoure passent officiellement sous la responsabilité du roi (Lavelua)^[33].

Un chemin, dénommé kele tapu (« chemin tabou »), délimité par des murets de pierre^[32] et dont certains vestiges subsistent encore à la fin du XX^e siècle, a été tracé pour délimiter le vao tapu et vérifier que les terres des familles habitant aux alentours n'y empiètent pas^[32]. L'entretien de ce chemin faisait partie des travaux collectifs imposés aux villageois et était effectué à tour de rôle par les habitants des trois districts de Wallis^[32].

Interdits

La zone autour du lac est marquée par plusieurs interdits, qui ont été respectés jusqu'au milieu du XX^e siècle :

il est tout d'abord prohibé de couper des arbres « de façon inconsidérée »^[32] : il est nécessaire de laisser pousser les arbres sans intervention humaine et de les laisser atteindre une hauteur suffisante, d'où ils pourront attirer la pluie et ainsi régénérer la force vitale de l'île^[32] ;
la culture d'ignames ou de taro n'est pas autorisée, car apportés par l'humain, ces tubercules ne sont pas jugés suffisamment grands pour pouvoir attirer la pluie et produiraient trop de feuilles mortes^[32] ;
de même, il n'est pas autorisé de planter des arbres, car les humains n'ont pas la capacité de régénérer la vie^[32] ;
en conséquence, il est interdit de tuer les oiseaux dans cette forêt, car en dispersant les graines, ils favorisent la dissémination des espèces végétales, notamment les arbres^[32] ;
enfin, le prélèvement des pierres est soumis à autorisation, car elles conservent l'humidité et peuvent abriter des petites divinités^[32].

En cas de non-respect de ces interdits, une amende pouvait être prononcée, sous forme d'offrande de cochon et de nourriture aux chefs coutumiers^[32].

Autorisations

Il était possible de demander l'autorisation à la chefferie de couper un arbre pour construire la maison d'un noble ('aliki). Les charpentiers qui pouvaient pénétrer dans la forêt « étaient des spécialistes reconnus, maîtrisant un corpus de connaissances les plaçant au-dessus du reste de la population »^[34]. Dans ce cas, la demande était faite au chef de district en lui apportant une racine de kava, et il n'était possible de couper qu'un seul arbre à la fois, afin de ne pas trop perturber la forêt. L’abattage et le transport du bois coupé devait se faire en minimisant l'impact sur la végétation^[34].

Des pierres se trouvent dans la forêt autour du lac. Il s'agit du basalte qui a été projeté lors de l'éruption qui a donné naissance au volcan^[5]. Certaines pierres de grande taille ont été prélevées, notamment pour la construction de la cathédrale de Mata-Utu de 1854 à 1856^[34]. Hélène Guiot émet l'hypothèse qu'« avant l'arrivée des Européens, végétaux et minéraux du vao tapu n'étaient utilisables que pour les constructions de prestige destinées aux chefs ou aux prêtres de l'ancienne religion (…) le vao tapu ne délivrait certains de ses bienfaits qu'aux catégories sociales privilégiées »^[34].

Ainsi, la protection coutumière sur le lac et son environnement a renforcé le prestige des chefs qui avaient une pirogue ou une maison construite avec un arbre venant de la forêt sacrée et qu'ils pouvaient mettre en avant. Cela a également contribué à la préservation du vao tapu, puisque les chefs avaient intérêt à préserver cette réserve d'arbres réputés.

Exploitation humaine

À partir du XX^e siècle, les tabous sur le vao tapu ont connu plusieurs exceptions, ouvrant la voie à l'exploitation de la forêt autour du lac et sa disparition progressive. Le lac en lui-même est peu affecté par les activités humaines^[4].

Début du XX^e siècle

En 1915, un cyclone frappe l'île de Wallis, détruisant de nombreuses cultures vivrières. Face à la famine durablement installée pendant plus d'un an, le roi Sosefo Mautamakia II prend la décision de lever le tabou en 1917 : les arbres autour du lac Lalolalo sont abattus pour planter des cultures. Cependant, après la récolte, des arbres à croissance rapide sont replantés pour faire en sorte que la végétation d'origine repousse, et pendant deux ans, il devient totalement interdit d'entrer dans cet espace^[35].

En 1936, les cultures vivrières reprennent dans la forêt autour du lac, notamment pour pouvoir cultiver suffisamment de nourriture en vue des grandes cérémonies coutumières (katoaga) célébrant le centenaire de l'arrivée des missionnaires^[36]. À cette époque, le royaume d'Uvea n'a plus de roi, et c'est le résident de France Jean-Joseph David qui assume ce rôle. L'historien Guillaume Lachenal estime que le défrichage de la forêt sacrée, « transgression d'un interdit majeur », est due à la pression du résident^[36]. Pour Hélène Guiot, « c'est donc à cette époque que l'homme, sans raison autre que de convenance personnelle, commença à empiéter sur le domaine du vao tapu »^[35].

Seconde Guerre mondiale

Article détaillé : Wallis-et-Futuna pendant la Seconde Guerre mondiale.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'armée américaine trace une route (qui deviendra la RT1) et coupe à travers le nord-ouest du vao tapu^[37]. En réponse, les chefs coutumiers décident en 1955 de créer des zones forestières protégées équivalentes dans chaque district, et qui dans la vision wallisienne, jouent le même rôle de régénération du vivant^[37].

À la fin de la présence des Américains à Wallis, en 1945, ces derniers se débarrassent de leur équipement et de munitions en le précipitant dans plusieurs lacs^[38]^,^[39]. D'après Anne-Marie d'Hauteserre, certains habitants plongeaient pour récupérer des explosifs, afin de pratiquer la pêche à la dynamite dans le lagon^[39].

Années 1960-2020

Le lac Lalolalo en 1964.

Au début des années 1960, la forêt sacrée entourant le lac est délimitée par des poteaux, des pierres et du ciment, afin de bien matérialiser la limite de cet espace. Mais en 1966, un cyclone détruit l'ouest de la forêt, et des incendies se déclarent quelques semaines plus tard^[37].

À partir de 1982, « alors que la végétation naturelle avait retrouvé son dynamisme »^[37], le Lavelua Tomasi Kulimoetoke autorise à nouveau le défrichage de la forêt pour laisser place à la culture de tubercules^[40], à la suite d'une demande des chefs de Falaleu et Ha'afuasia, qui souhaitent une récolte abondante pour un katoaga^[37]. Cette décision est critiquée par la population^[37]. Sophie Chave-Dartoen indique que « en acceptant [les empiétements successifs], le roi fit preuve de miséricorde, donnant de la terre à qui en nécessitait, mais ces dons sont aussi critiqués »^[33].

En 1988, un plan de reboisement a été mis en œuvre à la demande des autorités coutumières, avec des espèces locales^[41]. Malgré ces initiatives, Hélène Guiot écrit en 1998 : « aujourd'hui, il ne subsiste plus que des lambeaux du vao tapu originel »^[37].

Un rapport de 2017 indique que « le tabou a été levé il y a quelques années » et que les cultures ont repris. Cependant, les jachères ont été ensuite abandonnées et ont été recouvertes de lianes Merremia peltata^[42]. En 2021, des cultures sont à nouveau pratiquées dans le vao tapu^[43]. Les Wallisiens tiennent la destruction du vao tapu pour responsable d'une partie de la sécheresse que connait l'île de Wallis^[40].

Aménagement touristique (2018)

À la fin du XX^e siècle, le lac Lalolalo est devenu un des sites touristiques de Wallis^[44]. En 2018, un belvédère^[45] a été aménagé pour sécuriser l'accès pour les touristes^[44], avec des barrières et des sanitaires^[46].

Explications de la surexploitation

Pour l'ethnologue Hélène Guiot, la vision polynésienne de l'environnement et les représentations culturelles associées au lac Lalolalo et à sa forêt ont permis sa préservation et sa gestion durable, en impliquant la population dans sa conservation^[27]. Néanmoins, les croyances traditionnelles et les pratiques de protection de l'environnement associées sont moins transmises qu'auparavant aux jeunes générations, ce qui pourrait expliquer les défrichements accrus^[27]. Un rapport de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) de 1991 estime que les lois coutumières non écrites ne sont plus suffisantes pour assurer la pérennité de la forêt primaire, et qu'une législation serait nécessaire afin de créer une aire protégée^[47].

Dans la littérature

Tradition orale

Le lac Lalolalo est présent dans de nombreux récits de la tradition orale wallisienne^[28]. L'anthropologue E.G. Burrows recueille ainsi en 1932 un conte sur « l'énorme anguille » du lac^[48]. Pour les Wallisiens, ces anguilles naissaient dans le lac avant d'aller irriguer l'ensemble de l'île à travers des sources d'eau douce, dont elles constituaient des divinités protectrices^[28].

Littérature

Les anguilles du lac Lalolalo sont évoquées dans l'album jeunesse de Yannick Prigent, Le secret des anguilles aveugles du lac Lopolopo, publié en Nouvelle-Calédonie en 2013^[49]^,^[50].

Notes et références

Notes

↑ La population wallisienne est convertie au catholicisme depuis les années 1840, mais la religion chrétienne a souvent intégré les croyances traditionnelles (Dominique Pechberty et Epifania Toa, Vivre la coutume à ʻUvea (Wallis), L'Harmattan, 2004 (lire en ligne), p. 37).
↑ Hélène Guiot rapporte ainsi un récit de la tradition orale où un homme parti couper du bois dans le vao tapu constate que du sang s'écoule du tronc, et en conclut qu'il s'agit en réalité d'une anguille avant de s'enfuir en courant (Guiot 1998, p. 185).
↑ Dans les sociétés polynésiennes, le terme tapu a donné le mot tabou en français, bien que sa signification soit différente.

Références

↑ ^{a et b} Guiot 1998, p. 183
↑ Guiot 1998, p. 184
↑ Sichrowsky et al. 2014, p. 18
↑ ^{a b et c} Sichrowsky et al. 2014, p. 3
↑ ^{a b et c} (en) Harold T Stearns, « Geology of the Wallis Islands », GSA Bulletin, vol. 56, n^o 9,‎ 1^er septembre 1945, p. 852-855 (ISSN 0016-7606, DOI 10.1130/0016-7606(1945)56[849:GOTWI]2.0.CO;2, lire en ligne, consulté le 5 janvier 2022)
↑ ^{a b c d e f g et h} Sichrowsky et al. 2014, p. 10
↑ Bareille et al. 2015, p. 29
↑ Sichrowsky et al. 2014, p. 14
↑ Bernard Pelletier, « Apport des travaux de géologie et de géophysique de l’équipe IRD (Ex ORSTOM) du centre de Nouméa à la compréhension de l’origine et de l’évolution des archipels de Wallis et Futuna », Géologues n° 137,‎ 2003 (lire en ligne)
↑ ^{a b c et d} Sichrowsky et al. 2014, p. 6
↑ ^{a b et c} Bareille et al. 2015, p. 34
↑ (en) Ashley Elizabeth Maloney, Tropical South Pacific Paleohydrology from Hydrogen Isotopes in Algal Lipids (Thèse de doctorat), 2018 (présentation en ligne, lire en ligne)
↑ Mary et al. 2006, p. 36-37
↑ Mary et al. 2006, p. 29
↑ ^{a et b} Bareille et al. 2015, p. 35
↑ Sichrowsky et al. 2014, p. 12
↑ ^{a b et c} « Sept lacs d’Uvéa – Pôle-relais Zones Humides Tropicales » (consulté le 3 février 2019)
↑ Mary et al. 2006, p. 37
↑ Mary et al. 2006, p. 73
↑ ^{a et b} Mary et al. 2006, p. 54
↑ ^{a et b} Sichrowsky et al. 2014, p. 8
↑ ^{a b c et d} L'état de l'environnement dans les territoires du Pacifique-Sud. Wallis et Futuna, Paris, Ministère de l'environnement, mars 1995 (lire en ligne), p. 11, 22, 25
↑ ^{a b et c} Sichrowsky et al. 2014, p. 7
↑ Sichrowsky et al. 2014, p. 11
↑ ^{a b c d e f g h et i} Guiot 1998, p. 182
↑ ^{a et b} Guiot 1998, p. 188
↑ ^{a b et c} Guiot 1998, p. 196
↑ ^{a b c et d} Guiot 1998, p. 185
↑ ^{a et b} Hélène Guiot, « Forêts sacrées de Polynésie : l'exemple de 'Uvea-Wallis », Cahier des thèmes transversaux ArScAn, vol. VI,‎ 2006, p. 187–193 (lire en ligne, consulté le 4 janvier 2022)
↑ Guiot 1998, p. 183, 185
↑ ^{a b c d et e} Guiot 1998, p. 187
↑ ^{a b c d e f g h i j et k} Guiot 1998, p. 189
↑ ^{a b c et d} Sophie Chave-Dartoen, « Chapitre 3 », dans Royauté, chefferie et monde socio-cosmique à Wallis ('Uvea) : Dynamiques sociales et pérennité des institutions, Marseille, pacific-credo Publications, coll. « Monographies », 24 septembre 2018 (ISBN 978-2-9563981-7-2, lire en ligne), p. 145–188
↑ ^{a b c et d} Guiot 1998, p. 190
↑ ^{a et b} Guiot 1998, p. 192
↑ ^{a et b} Guillaume Lachenal, Le médecin qui voulut être roi. Sur les traces d'une utopie coloniale, Editions du Seuil, 9 février 2017, 300 p. (ISBN 978-2-02-114258-7, lire en ligne)
↑ ^{a b c d e f et g} Guiot 1998, p. 193
↑ (en) Roland Kaiser, Heinrich Schatz, Koen Martens et Alexey A. Kotov, « Losing the Bounty? Investigating Species Richness in Isolated Freshwater Ecosystems of Oceania1 », Pacific Science, vol. 63, n^o 2,‎ avril 2009, p. 153–180 (ISSN 0030-8870 et 1534-6188, DOI 10.2984/049.063.0201, lire en ligne, consulté le 4 février 2019)
↑ ^{a et b} Anne-Marie d'Hauteserre, « écotourisme communautaire à Wallis et Futuna : peut-on concilier culture, nature et tourisme ? », dans Jean-Marie Breton (dir.), Patrimoine, tourisme, environnement et développement durable (Europe - Afrique - Caraïbe - Amériques - Asie - Océanie), Karthala, 2010, 444 p. (ISBN 9782811133009, lire en ligne)
↑ ^{a et b} Elisabeth Worliczek, La vision de l’espace littoral sur l’île Wallis et l’atoll Rangiroa dans le contexte du changement climatique : Une analyse anthropologique de la perception des populations locales (Thèse de doctorat en Anthropologie), Université de la Nouvelle-Calédonie/Universität Wien, mai 2013, 503 p. (DOI 10.6098/2013NCAL0049, lire en ligne), p. 426
↑ J.-F. Cherrier, Rapport de mission forestière dans le territoire d'outre-mer de Wallis (du 4 au 11 octobre 1988), Centre technique forestier tropical, octobre 1988 (lire en ligne), p. 16
↑ Emma DO KHAC, Promotion régionale d’un outil innovant de diagnostic de l’état de santé des forêts des captages, Projet INTEGRE, 19 avril 2017, 8 p. (lire en ligne)
↑ « Des champs dans le "Vao Tapu ", forêt sacrée de Wallis », sur Wallis-et-Futuna la 1ère, 29 septembre 2021 (consulté le 4 janvier 2022)
↑ ^{a et b} « Les travaux du Belvédère au lac Lalolalo à Wallis ont bien avancé », sur Wallis et Futuna la 1ère (consulté le 3 février 2019)
↑ « Wallis : Le chantier du belvédère de LALOLALO », sur wallis-et-futuna.gouv.fr, 2018 (consulté le 3 février 2019)
↑ « Visite du belvédère du lac Lalolalo, le 14/09/18 », sur www.wallis-et-futuna.gouv.fr, 14 septembre 2018 (consulté le 3 février 2019)
↑ (en) IUCN Directory of Protected Areas in Oceania, IUCN, 1991 (ISBN 978-2-8317-0069-4, lire en ligne), p. 89
↑ Raymond Mayer, Les transformations de la tradition narrative à l’île Wallis (Uvea) (thèse de doctorat en anthropologie), Lyon, Université de Lyon II, 1976 (lire en ligne), p. 43
↑ « Les anguilles du lac Lalolalo », sur ecrire-en-oceanie.nc (consulté le 4 février 2019)
↑ Fédération des Conservatoires d’espaces naturels ; Pôle-relais tourbières, Littérature, contes et légendes sur les zones humides. Bulletin bibliographique, Pôles-relais zones humides, décembre 2016, 29 p. (lire en ligne), p. 25

Voir aussi

Bibliographie

Hélène Guiot, « Forêt taboue et représentations de l'environnement à 'Uvea (Wallis). Approche ethno-archéologique », Journal de la Société des Océanistes, vol. 107, n^o 2,‎ 1998, p. 179–198 (DOI 10.3406/jso.1998.2057, lire en ligne, consulté le 3 février 2019).
N. Mary, Alain Dutartre, P. Keith, G. Marquet et Pierre Sasal, Biodiversité des eaux douces de Wallis et Futuna : Mission d'octobre 2004 - rapport final, Paris, Ministère de l'Outre-mer, 2006, 84 p. (lire en ligne).
(en) Gilles Bareille, Pierre Sasal, Nathalie Mary, F.J. Meunier, M.H. Deschamps, S. Berail, C. Pecheyran et Raymonde Lecomte-Finiger, « Are elemental and strontium isotopic microchemistry of otolith and histomorphometrical characteristics of vertebral bone useful to resolve the eel angilla obscura status in Lalolalo lake in Wallis Island ? », Vie et Milieu,‎ 2015 (résumé, lire en ligne).
(en) Ursula Sichrowsky, Robert Schabetsberger, Bettina Sonntag, Stoyneva, Ashley E. Maloney, Daniel B. Nelson, Julie N. Richey et Julian P. Sachs, « Limnological characterization of volcanic crater lakes on Uvea Island (Wallis and Futuna, South Pacific) », Pacific Science, vol. 68, n^o 3,‎ 2014 (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

Vue aérienne du lac Lalolalo : « Polynésie Française [sic] : vers le lac Lalo Lalo », sur ina.fr (consulté le 4 janvier 2022)
Lac Lalolalo sur OpenStreetMap.

Écouter cet article (info sur le fichier)

Ce fichier audio a été réalisé à partir de la version du 16 juin 2024, et ne reflète pas les changements ayant eu lieu depuis.
(Aide pour les sons)

→ D'autres articles audio

Cet article est reconnu comme « article de qualité » depuis sa version du 5 février 2022 (comparer avec la version actuelle).
Pour toute information complémentaire, consulter sa page de discussion et le vote l'ayant promu.

La version du 5 février 2022 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.

[28] La population wallisienne est convertie au catholicisme depuis les années 1840, mais la religion chrétienne a souvent intégré les croyances traditionnelles (Dominique Pechberty et Epifania Toa, Vivre la coutume à ʻUvea (Wallis), L'Harmattan, 2004 (lire en ligne), p. 37).

[30] Hélène Guiot rapporte ainsi un récit de la tradition orale où un homme parti couper du bois dans le vao tapu constate que du sang s'écoule du tronc, et en conclut qu'il s'agit en réalité d'une anguille avant de s'enfuir en courant (Guiot 1998, p. 185).

[34] Dans les sociétés polynésiennes, le terme tapu a donné le mot tabou en français, bien que sa signification soit différente.

[:8-1] {a et b} Guiot 1998, p. 183

[2] Guiot 1998, p. 184

[3] Sichrowsky et al. 2014, p. 18

[:4-4] {a b et c} Sichrowsky et al. 2014, p. 3

[:26-5] {a b et c} (en) Harold T Stearns, « Geology of the Wallis Islands », GSA Bulletin, vol. 56, n^o 9,‎ 1^er septembre 1945, p. 852-855 (ISSN 0016-7606, DOI 10.1130/0016-7606(1945)56[849:GOTWI]2.0.CO;2, lire en ligne, consulté le 5 janvier 2022)

[:21-6] {a b c d e f g et h} Sichrowsky et al. 2014, p. 10

[7] Bareille et al. 2015, p. 29

[8] Sichrowsky et al. 2014, p. 14

[9] Bernard Pelletier, « Apport des travaux de géologie et de géophysique de l’équipe IRD (Ex ORSTOM) du centre de Nouméa à la compréhension de l’origine et de l’évolution des archipels de Wallis et Futuna », Géologues n° 137,‎ 2003 (lire en ligne)

[:20-10] {a b c et d} Sichrowsky et al. 2014, p. 6

[:25-11] {a b et c} Bareille et al. 2015, p. 34

[12] (en) Ashley Elizabeth Maloney, Tropical South Pacific Paleohydrology from Hydrogen Isotopes in Algal Lipids (Thèse de doctorat), 2018 (présentation en ligne, lire en ligne)

[13] Mary et al. 2006, p. 36-37

[14] Mary et al. 2006, p. 29

[:24-15] {a et b} Bareille et al. 2015, p. 35

[16] Sichrowsky et al. 2014, p. 12

[:0-17] {a b et c} « Sept lacs d’Uvéa – Pôle-relais Zones Humides Tropicales » (consulté le 3 février 2019)

[18] Mary et al. 2006, p. 37

[19] Mary et al. 2006, p. 73

[:5-20] {a et b} Mary et al. 2006, p. 54

[:22-21] {a et b} Sichrowsky et al. 2014, p. 8

[:6-22] {a b c et d} L'état de l'environnement dans les territoires du Pacifique-Sud. Wallis et Futuna, Paris, Ministère de l'environnement, mars 1995 (lire en ligne), p. 11, 22, 25

[:23-23] {a b et c} Sichrowsky et al. 2014, p. 7

[24] Sichrowsky et al. 2014, p. 11

[:19-25] {a b c d e f g h et i} Guiot 1998, p. 182

[:9-26] {a et b} Guiot 1998, p. 188

[:3-27] {a b et c} Guiot 1998, p. 196

[:10-29] {a b c et d} Guiot 1998, p. 185

[:14-31] {a et b} Hélène Guiot, « Forêts sacrées de Polynésie : l'exemple de 'Uvea-Wallis », Cahier des thèmes transversaux ArScAn, vol. VI,‎ 2006, p. 187–193 (lire en ligne, consulté le 4 janvier 2022)

[32] Guiot 1998, p. 183, 185

[:11-33] {a b c d et e} Guiot 1998, p. 187

[:15-35] {a b c d e f g h i j et k} Guiot 1998, p. 189

[:13-36] {a b c et d} Sophie Chave-Dartoen, « Chapitre 3 », dans Royauté, chefferie et monde socio-cosmique à Wallis ('Uvea) : Dynamiques sociales et pérennité des institutions, Marseille, pacific-credo Publications, coll. « Monographies », 24 septembre 2018 (ISBN 978-2-9563981-7-2, lire en ligne), p. 145–188

[:16-37] {a b c et d} Guiot 1998, p. 190

[:17-38] {a et b} Guiot 1998, p. 192

[:12-39] {a et b} Guillaume Lachenal, Le médecin qui voulut être roi. Sur les traces d'une utopie coloniale, Editions du Seuil, 9 février 2017, 300 p. (ISBN 978-2-02-114258-7, lire en ligne)

[:18-40] {a b c d e f et g} Guiot 1998, p. 193

[41] (en) Roland Kaiser, Heinrich Schatz, Koen Martens et Alexey A. Kotov, « Losing the Bounty? Investigating Species Richness in Isolated Freshwater Ecosystems of Oceania1 », Pacific Science, vol. 63, n^o 2,‎ avril 2009, p. 153–180 (ISSN 0030-8870 et 1534-6188, DOI 10.2984/049.063.0201, lire en ligne, consulté le 4 février 2019)

[:2-42] {a et b} Anne-Marie d'Hauteserre, « écotourisme communautaire à Wallis et Futuna : peut-on concilier culture, nature et tourisme ? », dans Jean-Marie Breton (dir.), Patrimoine, tourisme, environnement et développement durable (Europe - Afrique - Caraïbe - Amériques - Asie - Océanie), Karthala, 2010, 444 p. (ISBN 9782811133009, lire en ligne)

[:7-43] {a et b} Elisabeth Worliczek, La vision de l’espace littoral sur l’île Wallis et l’atoll Rangiroa dans le contexte du changement climatique : Une analyse anthropologique de la perception des populations locales (Thèse de doctorat en Anthropologie), Université de la Nouvelle-Calédonie/Universität Wien, mai 2013, 503 p. (DOI 10.6098/2013NCAL0049, lire en ligne), p. 426

[44] J.-F. Cherrier, Rapport de mission forestière dans le territoire d'outre-mer de Wallis (du 4 au 11 octobre 1988), Centre technique forestier tropical, octobre 1988 (lire en ligne), p. 16

[45] Emma DO KHAC, Promotion régionale d’un outil innovant de diagnostic de l’état de santé des forêts des captages, Projet INTEGRE, 19 avril 2017, 8 p. (lire en ligne)

[46] « Des champs dans le "Vao Tapu ", forêt sacrée de Wallis », sur Wallis-et-Futuna la 1ère, 29 septembre 2021 (consulté le 4 janvier 2022)

[:1-47] {a et b} « Les travaux du Belvédère au lac Lalolalo à Wallis ont bien avancé », sur Wallis et Futuna la 1ère (consulté le 3 février 2019)

[48] « Wallis : Le chantier du belvédère de LALOLALO », sur wallis-et-futuna.gouv.fr, 2018 (consulté le 3 février 2019)

[49] « Visite du belvédère du lac Lalolalo, le 14/09/18 », sur www.wallis-et-futuna.gouv.fr, 14 septembre 2018 (consulté le 3 février 2019)

[50] (en) IUCN Directory of Protected Areas in Oceania, IUCN, 1991 (ISBN 978-2-8317-0069-4, lire en ligne), p. 89

[51] Raymond Mayer, Les transformations de la tradition narrative à l’île Wallis (Uvea) (thèse de doctorat en anthropologie), Lyon, Université de Lyon II, 1976 (lire en ligne), p. 43

[52] « Les anguilles du lac Lalolalo », sur ecrire-en-oceanie.nc (consulté le 4 février 2019)

[53] Fédération des Conservatoires d’espaces naturels ; Pôle-relais tourbières, Littérature, contes et légendes sur les zones humides. Bulletin bibliographique, Pôles-relais zones humides, décembre 2016, 29 p. (lire en ligne), p. 25

[1]

[2]

[3]

[4]

[5]

[6]

[7]

[8]

[9]

[10]

[11]

[12]

[13]

[14]

[15]

[16]

[17]

[18]

[19]

[20]

[21]

[22]

[23]

[24]

[25]

[26]

[27]

[Note 1]

[28]

[Note 2]

[29]

[30]

[31]

[Note 3]

[32]

[33]

[34]

[35]

[36]

[37]

[38]

[39]

[40]

[41]

[42]

[43]

[44]

[45]

[46]

[47]

[48]

[49]

[50]

@@ Ligne 1 : / Ligne 1 : @@
-{{En-tête label|AdQ}}
+{{En-tête label|AdQ|année=2022}}
 {{Infobox Lac
 | nom = Lac Lalolalo
@@ Ligne 29 : / Ligne 29 : @@
 }}
-Le '''lac Lalolalo''' est un [[lac]] à [[Wallis (île)|Wallis]], une [[île]] [[France|française]] située en [[Polynésie]], dans l'[[océan Pacifique]] occidental. Avec une superficie de {{Unité|15,2|[[hectare]]s}} et {{Unité|88,5|mètres}} de profondeur, ce [[lac de cratère]] constitue la plus grande étendue d'eau de [[Wallis-et-Futuna]]. De forme circulaire, il est entouré de falaises abruptes qui rendent son accès difficile. Le lac communique avec la mer à travers des failles souterraines, ce qui cause une différence de salinité entre les eaux profondes et les [[Eau douce|eaux douces]] de surface, [[Lac méromictique|qui ne se mélangent pas]]. Ces failles sont empruntées par des [[Anguilla obscura|anguilles]] qui se retrouvent à l'âge adulte dans le lac. Il n'est peuplé que par deux autres espèces de poissons introduites dans les années 1960. Les eaux du lac sont très sombres et l'[[Chimiocline|oxygène disparaît]] au-delà des {{unité|10|mètres}} de profondeur. On y trouve plusieurs espèces d'[[algue]]s et de [[phytoplancton]] adaptées à ce milieu.
+Le '''lac Lalolalo''' est un [[lac]] situé à [[Wallis (île)|Wallis]], une [[île]] [[France|française]] de [[Polynésie]], dans l'[[océan Pacifique]] occidental. Avec une superficie de {{Unité|15,2|[[hectare]]s}} et {{Unité|88,5|mètres}} de profondeur, ce [[lac de cratère]] constitue la plus grande étendue d'eau de [[Wallis-et-Futuna]]. De forme circulaire, il est entouré de falaises abruptes qui rendent son accès difficile. Le lac communique avec la mer à travers des failles souterraines, ce qui cause une différence de salinité entre les eaux profondes et les [[Eau douce|eaux douces]] de surface, [[Lac méromictique|qui ne se mélangent pas]]. Ces failles sont empruntées par des [[Anguilla obscura|anguilles]] qui se retrouvent à l'âge adulte dans le lac. Il n'est peuplé que par deux autres espèces de poissons introduites dans les années 1960. Les eaux du lac sont très sombres et l'[[Chimiocline|oxygène disparaît]] au-delà des {{unité|10|mètres}} de profondeur. On y trouve plusieurs espèces d'[[algue]]s et de [[phytoplancton]] adaptées à ce milieu.
-Réserve d'eau douce de l'île, le lac Lalolalo irrigue différentes sources d'eau potable, et joue un rôle symbolique essentiel pour la population wallisienne : il est considéré comme la force vitale qui régénère la vie. La forêt qui entoure le lac Lalolalo a constitué pendant très longtemps une zone sacrée et strictement réglementée, sous l'autorité du roi coutumier d'[[Uvea]] ([[Lavelua]]), même si elle a été défrichée ou endommagée à plusieurs reprises depuis le {{XXe siècle}} et n'existe pratiquement plus.
+Réserve d'eau douce de l'île, le lac Lalolalo alimente plusieurs sources d'eau potable, et joue un rôle symbolique essentiel pour la population wallisienne : il est considéré comme la force vitale qui régénère la vie. La forêt qui entoure le lac Lalolalo a constitué pendant très longtemps une zone sacrée et strictement réglementée, sous l'autorité du roi coutumier d'[[Uvea]] ([[Lavelua]]), mais elle a été défrichée ou endommagée à plusieurs reprises depuis le {{XXe siècle}} et n'existe pratiquement plus.
 == Toponymie ==
@@ Ligne 37 : / Ligne 37 : @@
 == Géographie ==
+{{maplink|text = Carte interactive du lac |frame=yes|frame-height=200|frame-width=200|frame-align=left |zoom=15 | type=shape| id =   | osm=oui|frame-lat=      |frame-long= | fill= #DFF2FF |stroke-width=1   |fill-opacity=0.2 }}
 [[Fichier:Phreatomagmatic Eruption-fr.svg|alt=schéma d'une éruption phréato-magmatique en français, en couleur ; on voit la lave remonter, traverser une nappe phréatique, avant d'être expulsée.|gauche|vignette|Une [[éruption phréato-magmatique]] est à l'origine du lac Lalolalo, [[lac de cratère]].]]
 === Localisation ===
-Le lac Lalolalo est situé au sud-ouest l'[[Wallis (île)|île de Wallis]], dans le district de [[Mu'a (Wallis)|Mu'a]], à la frontière avec le district de [[Hahake]]<ref>{{Harvsp|Guiot|1998|p=184}}</ref>. Il est bordé à l'est par la [[Route territoriale en France|route territoriale]] RT1. C'est l'un des sept lacs que compte l'île<ref>{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=18|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref>.
+Le lac Lalolalo est situé au sud-ouest de l'[[Wallis (île)|île de Wallis]], dans le district de [[Mu'a (Wallis)|Mu'a]], à la frontière avec le district de [[Hahake]]<ref>{{Harvsp|Guiot|1998|p=184}}</ref>. Il est bordé à l'est par la [[Route territoriale en France|route territoriale]] RT1. C'est l'un des sept lacs que compte l'île<ref>{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=18|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref>.
 === Origine ===
 Le lac Lalolalo, tout comme les [[Lac Lanutavake|lacs Lanutavake]] et [[Lac Lano|Lano]], est d'origine volcanique. Ces trois lacs sont apparus à la fin de l'[[Holocène]] à la suite d'[[Éruption phréato-magmatique|éruptions phréato-magmatiques]]<ref name=":4">{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=3|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref> ayant créé un [[maar]]. Il est d'origine plus récente que l'île de Wallis, apparue durant le [[Pléistocène]]<ref name=":26">{{Article|langue=en|prénom1=Harold T|nom1=Stearns|titre=Geology of the Wallis Islands|périodique=GSA Bulletin|volume=56|numéro=9|date=1945-09-01|issn=0016-7606|doi=10.1130/0016-7606(1945)56[849:GOTWI]2.0.CO;2|lire en ligne=https://doi.org/10.1130/0016-7606(1945)56[849:GOTWI]2.0.CO;2|consulté le=2022-01-05|pages=852-855}}</ref>.
+=== Topographie ===
+La surface du lac s'élève à {{unité|1,3|m}} au-dessus du niveau de la mer<ref name=":21" />. Sa profondeur est estimée à {{Unité|88,5|mètres}}<ref name=":21">{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=10|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref>. Ses parois sont {{Citation|d'une forme circulaire presque parfaite}}<ref name=":8">{{Harvsp|Guiot|1998|p=183}}</ref>. Il est entouré de falaises abruptes de {{unité|40|m}} à {{unité|50|m}} de haut qui rendent son accès difficile<ref>{{Harvsp|Bareille|Sasal|p=29|Mary|Meunier|2015}}</ref>. Il s'étend sur {{Unité|15,2|[[hectares]]}}<ref>{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=14|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref>.
 === Géologie ===
+Le lac Lalolalo occupe un cratère issu de l'explosion [[Éruption phréato-magmatique|phréato-magmatique]]<ref name=":4" /> d'un des nombreux volcans couvrant l'île d'Uvéa (Wallis). L'explosion datée de l'[[Holocène]] n'a laissé qu'un [[maar]], c'est-à-dire que le [[cône volcanique]] s'il existait a été entièrement soufflé : aujourd'hui ne subsiste qu'un puits circulaire au milieu du substrat basaltique qui constitue l'île.
-La surface du lac s'élève à {{unité|1,3|m}} au-dessus du niveau de la mer<ref name=":21" />. Sa profondeur est estimée à {{Unité|88,5|mètres}}<ref name=":21">{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=10|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref>. Ses parois sont {{Citation|d'une forme circulaire presque parfaite}}<ref name=":8">{{Harvsp|Guiot|1998|p=183}}</ref> Il est entouré de falaises abruptes de {{unité|40|m}} à {{unité|50|m}} de haut qui rendent son accès difficile<ref>{{Harvsp|Bareille|Sasal|p=29|Mary|Meunier|2015}}</ref>. Il s'étend sur {{Unité|15,2|[[hectares]]}}<ref>{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=14|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref>.
+Les laves de ce volcan sont [[Basalte|basaltiques]] et particulièrement riches en [[olivine]], indiquant une origine profonde du magma ([[manteau terrestre]])<ref name=":26" />. Il est généralement admis que la formation de l'île est reliée au [[point chaud des Samoa]], mais celle-ci est datée du [[Miocène]]. L'âge très récent du volcanisme observé à Lalolalo ([[Holocène]]) est donc une énigme pour les scientifiques. L'hypothèse la plus probable est celle d'une anomalie thermique profonde ayant permis la formation nouvelle de magma, dans un contexte tectonique très actif où de nombreuses [[Faille transformante|failles transformantes]] (fracturation Nord-fidjienne) constituent la frontière entre les plaques [[Plaque pacifique|pacifique]] et [[Plaque australienne|australienne]]<ref>{{Article|auteur1=Bernard Pelletier|titre=Apport des travaux de géologie et de géophysique de l’équipe IRD (Ex ORSTOM) du centre de Nouméa à la compréhension de l’origine et de l’évolution des archipels de Wallis et Futuna|périodique=Géologues n° 137|date=2003|lire en ligne=https://www.researchgate.net/publication/307858780_Apport_des_travaux_de_geologie_et_de_geophysique_de_l'equipe_IRD_ex_ORSTOM_du_centre_de_Noumea_a_la_comprehension_de_l'origine_et_de_l'evolution_des_archipels_de_Wallis_et_Futuna}}</ref>.
 === Caractéristiques physico-chimiques ===
@@ Ligne 52 : / Ligne 58 : @@
 Le lac Lalolalo est un [[lac méromictique]], c'est-à-dire que ses eaux de surface ne se mélangent pas avec les eaux de profondeur<ref name=":21" />. Cela s'explique par sa situation protégée au sein d'un cratère volcanique, peu touché par les tempêtes et cyclones<ref name=":21" />.
-La [[chimiocline]] (limite entre les eaux de surface et de profondeur) se situe vers {{unité|10|m}} de profondeur : au-delà, il n'y a plus d'oxygène<ref name=":20">{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=6|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref>. La température est d'environ {{unité|31.7|°C}} et descend à {{unité|27.1|°C}} à {{unité|20|m}} de profondeur<ref name=":20" />. Une forte [[halocline]] est également observée : les eaux de surface sont à la limite entre [[eau douce]] et [[eau saumâtre]], tandis que les eaux profondes ont une salinité de {{Unité|48|[[Siemens (unité)|mS]]/cm}}, proche de celle de l'eau de mer<ref name=":20" />. En conséquence, les eaux du lac sont assez alcalines avec un [[Potentiel hydrogène|pH]] de 8,5 en surface, mais deviennent acides (pH de 6,8) assez rapidement<ref name=":20" />. Après {{unité|7|m}} de profondeur, la teneur en [[sulfure]] augmente fortement<ref name=":25" />. Les eaux du lac sont très sombres et la lumière ne pénètre que jusqu'à quelques mètres<ref>{{Ouvrage|langue=en-US|prénom1=Ashley Elizabeth|nom1=Maloney|titre=Tropical South Pacific Paleohydrology from Hydrogen Isotopes in Algal Lipids|date=2018|nature ouvrage=Thèse de doctorat|présentation en ligne=https://digital.lib.washington.edu:443/researchworks/handle/1773/41832|lire en ligne=https://digital.lib.washington.edu/researchworks/bitstream/handle/1773/41832/Maloney_washington_0250E_18238.pdf.txt;jsessionid=47CDC0D8494F54C0B8D87FDA125EA2AC?sequence=2|consulté le=2022-01-05}}</ref>.
+La [[chimiocline]] (limite entre les eaux de surface et de profondeur) se situe vers {{unité|10|m}} de profondeur : au-delà, il n'y a plus d'oxygène<ref name=":20">{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=6|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref>. La température est d'environ {{unité|31.7|°C}} et descend à {{unité|27.1|°C}} à {{unité|20|m}} de profondeur<ref name=":20" />. Une forte [[halocline]] est également observée : les eaux de surface sont à la limite entre [[eau douce]] et [[eau saumâtre]], tandis que les eaux profondes ont une salinité de {{Unité|48|[[Siemens (unité)|mS]]/cm}}, proche de celle de l'eau de mer<ref name=":20" />. En conséquence, les eaux du lac sont assez alcalines avec un [[Potentiel hydrogène|pH]] de 8,5 en surface, mais deviennent acides (pH de 6,8) assez rapidement<ref name=":20" />. Après {{unité|7|m}} de profondeur, la teneur en [[sulfure]] augmente fortement<ref name=":25" />. Les eaux du lac sont très sombres et la lumière ne pénètre que jusqu'à quelques mètres<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Ashley Elizabeth|nom1=Maloney|titre=Tropical South Pacific Paleohydrology from Hydrogen Isotopes in Algal Lipids|éditeur=|nature ouvrage=Thèse de doctorat|année=2018|isbn=|présentation en ligne=https://digital.lib.washington.edu:443/researchworks/handle/1773/41832|lire en ligne=https://digital.lib.washington.edu/researchworks/bitstream/handle/1773/41832/Maloney_washington_0250E_18238.pdf.txt;jsessionid=47CDC0D8494F54C0B8D87FDA125EA2AC?sequence=2|consulté le=2022-01-05}}</ref>.
 La forte teneur en sel des eaux profondes du lac (à partir de {{unité|45|m}}<ref name=":21" />) est liée à une [[Biseau salé|communication souterraine]] avec les eaux du [[lagon]]<ref>{{Harvsp|Mary|Dutartre|p=36-37|Keith|Marquet|2006}}</ref>{{,}}<ref name=":21" /> : des failles dans la roche le relient au littoral. Ces failles sont encore mal connues. La [[Roche-mère (pédologie)|roche-mère]] est assez jeune d'un point de vue géologique, et donc perméable, mais les marées n'ont pas d'influence sur le niveau du lac<ref name=":21" />. La présence d'anguilles laisse toutefois penser que la connexion entre la mer et le lac est toujours présente, et qu'il ne s'agit pas d'une faille qui se serait refermée<ref name=":21" />.
@@ Ligne 62 : / Ligne 68 : @@
 [[Fichier:Guppy coppia gialla.jpg|vignette|alt=photo de deux petits poissons translucides à la queue bariolée dans l'eau|Le [[guppy]], espèce introduite dans le lac Lalolalo.]]
 [[Fichier:Oreochromis mossambicus.JPG|alt=Photo d'un poisson gris de taille moyenne en gros plan dans un aquarium, avec ses congénères en arrière-plan|vignette|Le [[Oreochromis mossambicus|tilapia du Mozambique]] est introduit en 1966 dans le lac.]]
-Le lac Lalolalo abrite trois espèces de poissons : le tilapia du Mozambique (''[[Oreochromis mossambicus]]''), introduit en 1966 pour réduire les populations de moustiques et fournir du poisson à la population<ref>{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=12|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref> ; le guppy (''[[Guppy|Poecilia reticulata]]'') (introduit) ainsi que ''[[Anguilla obscura]]'', espèce autochtone<ref name=":0" />. La présence de cette dernière espèce d'anguille, qui naît dans les eaux salées de l'[[océan Pacifique]], est surprenante. Lalolalo est le seul des sept lacs de Wallis où elle est présente<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|titre=Sept lacs d’Uvéa – Pôle-relais Zones Humides Tropicales|url=http://www.pole-tropical.org/zones-humides-doutre-mer/atlas-regional/wallis-et-futuna/sept-lacs-duvea/|consulté le=2019-02-03}}</ref>. Une étude de 2015 a montré que les anguilles pénètrent dans le lac depuis l'océan Pacifique lorsqu'elles sont encore au stade de [[Civelle|civelles]], à travers des failles souterraines qui communiquent avec le littoral. Néanmoins, ces failles sont trop étroites pour laisser repartir les poissons adultes, qui passent donc le reste de leur vie dans le lac<ref name=":25">{{Harvsp|Bareille|Sasal|p=34|Mary|Meunier|2015}}</ref>. Ces anguilles ne peuvent rejoindre leur lieu de ponte dans le Pacifique<ref>{{Harvsp|Mary|Dutartre|p=37|Keith|Marquet|2006}}</ref> et ne se reproduisent pas : aucune larve n'a été observée dans le lac<ref name=":25" />. Une étude de 2006 conclut que {{Citation|le lac Lalolalo, avec sa population (…) d'anguilles obscures, présent[e] un intérêt scientifique et patrimonial indéniable}}<ref>{{Harvsp|Mary|Dutartre|p=73|Keith|Marquet|2006}}</ref>.
+Le lac Lalolalo abrite trois espèces de poissons : le tilapia du Mozambique (''[[Oreochromis mossambicus]]''), introduit en 1966 pour réduire les populations de moustiques et fournir du [[poisson]] à la population<ref>{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=12|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref> ; le guppy (''[[Guppy|Poecilia reticulata]]'') (introduit) ainsi que ''[[Anguilla obscura]]'', espèce autochtone<ref name=":0" />. La présence de cette dernière espèce d'anguille, qui naît dans les eaux salées de l'[[océan Pacifique]], est surprenante. Lalolalo est le seul des sept lacs de Wallis où elle est présente<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|titre=Sept lacs d’Uvéa – Pôle-relais Zones Humides Tropicales|url=http://www.pole-tropical.org/zones-humides-doutre-mer/atlas-regional/wallis-et-futuna/sept-lacs-duvea/|consulté le=2019-02-03}}</ref>. Une étude de 2015 a montré que les anguilles pénètrent dans le lac depuis l'océan Pacifique lorsqu'elles sont encore au stade de [[Civelle|civelles]], à travers des failles souterraines qui communiquent avec le littoral. Néanmoins, ces failles sont trop étroites pour laisser repartir les poissons adultes, qui passent donc le reste de leur vie dans le lac<ref name=":25">{{Harvsp|Bareille|Sasal|p=34|Mary|Meunier|2015}}</ref>. Ces anguilles ne peuvent rejoindre leur lieu de ponte dans le Pacifique<ref>{{Harvsp|Mary|Dutartre|p=37|Keith|Marquet|2006}}</ref> et ne se reproduisent pas : aucune larve n'a été observée dans le lac<ref name=":25" />. Une étude de 2006 conclut que {{Citation|le lac Lalolalo, avec sa population (…) d'anguilles obscures, présent[e] un intérêt scientifique et patrimonial indéniable}}<ref>{{Harvsp|Mary|Dutartre|p=73|Keith|Marquet|2006}}</ref>.
 Sept espèces d'[[Ostracode|ostracodes]] (des crustacés microscopiques) sont également présentes dans le lac<ref name=":5">{{Harvsp|Mary|Dutartre|p=54|Keith|Marquet|2006}}</ref>. Plusieurs espèces d'[[Insecte|insectes]] ont été observées autour du lac, notamment des [[Leptoceridae|leptoceridés]] et des libellules ([[Odonata|odonates]])<ref name=":5" />.
@@ Ligne 71 : / Ligne 77 : @@
 La [[zone photique]] (où a lieu la [[photosynthèse]]) s'étend jusqu'à {{Unité|4|mètres}} de profondeur. À partir de {{unité|10|mètres}}, l'oxygène est absent et {{Citation|la salinité augmente à partir de {{unité|15|m}} pour atteindre au fond une valeur identique à celle des eaux littorales}}<ref name=":0" />. On trouve dans les eaux de surface {{Citation|de fortes concentrations d'algues unicellulaires}}, ainsi que des [[Cyanobacteria|cyanophycées]] et des [[Chlorophyceae|chlorophycées]]<ref name=":6">{{Ouvrage|titre=L'état de l'environnement dans les territoires du Pacifique-Sud. Wallis et Futuna|lieu=Paris|éditeur=Ministère de l'environnement|date=1995-03|passage=11, 22, 25|isbn=|lire en ligne=http://www.side.developpement-durable.gouv.fr/EXPLOITATION/DRMIDP/Infodoc/ged/viewportalpublished.ashx?eid=IFD_FICJOINT_IFD_REFDOC_0523914_1&search=}}</ref>. Ces organismes sont des espèces qui résistent mieux à la salinité des eaux du lac{{Référence nécessaire|date=5 janvier 2022}}.
-Neuf espèces de [[phytoplancton]] ont été répertoriées, un nombre plus faible qu'à [[Lac Lanutavake|Lanutavake]] ou [[Lac Lano|Lano]]<ref name=":23">{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=7|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref>. Ces [[flagellés]] appartiennent aux genres ''{{Lien|langue=en|trad=Gymnodinium|fr=Gymnodinium}}'', ''[[Peridinium]]'', ''{{Lien|langue=en|trad=Cryptomonas|fr=Cryptomonas}}''et [[Chlamydomonas]]<ref name=":23" />. Ce sont des espèces assez répandues mondialement, qui ont sans doute été apportées dans le lac par le vent, la pluie ou les oiseaux. Il est possible que le lac abrite quelques espèces endémiques de ''Perinidium''<ref>{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=11|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref>. Outre ces algues, des [[Ciliophora|ciliés]] (organismes unicellulaires) ont également été observés dans les eaux de surface ainsi qu'entre {{unité|10|m}} et et {{unité|15|m}}, où leur diversité est plus importante<ref name=":23" />. À {{unité|35|m}} de profondeur, il n'y a plus qu'une seule espèce de ciliés, et aucune à {{unité|50|m}}<ref name=":22" />.
+Neuf espèces de [[phytoplancton]] ont été répertoriées, un nombre plus faible qu'à [[Lac Lanutavake|Lanutavake]] ou [[Lac Lano|Lano]]<ref name=":23">{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=7|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref>. Ces [[flagellés]] appartiennent aux genres ''{{Lien|langue=en|trad=Gymnodinium|fr=Gymnodinium}}'', ''[[Peridinium]]'', ''{{Lien|langue=en|trad=Cryptomonas|fr=Cryptomonas}}''et [[Chlamydomonas]]<ref name=":23" />. Ce sont des espèces assez répandues mondialement, qui ont sans doute été apportées dans le lac par le vent, la pluie ou les oiseaux. Il est possible que le lac abrite quelques espèces endémiques de ''Perinidium''<ref>{{Harvsp|Sichrowsky|Schabetsberger|p=11|Sonntag|Stoyneva|2014}}</ref>. Outre ces algues, des [[Ciliophora|ciliés]] (organismes unicellulaires) ont également été observés dans les eaux de surface ainsi qu'entre {{unité|10|m}} et {{unité|15|m}}, où leur diversité est plus importante<ref name=":23" />. À {{unité|35|m}} de profondeur, il n'y a plus qu'une seule espèce de ciliés, et aucune à {{unité|50|m}}<ref name=":22" />.
 Les abords du lac sont constitués par une forêt dense rassemblant de nombreuses espèces [[Sempervirent|sempervirentes]]. Grâce à la présence du lac, ainsi que la protection dont jouit cet espace, les arbres qui y poussent sont souvent plus hauts et avec un plus grand diamètre. Cette forêt jouit d'une protection par les autorités coutumières et pendant longtemps, l'abattage des arbres restait exceptionnel<ref name=":19">{{Harvsp|Guiot|1998|p=182}}</ref>. En cas d'incendie sur l'île, les animaux peuvent y trouver refuge car son humidité rend l'endroit plus frais<ref name=":9">{{Harvsp|Guiot|1998|p=188}}</ref>. Cette forêt, d'une centaine d'hectares<ref name=":19" />, fait partie des dernières zones de [[forêt primaire]] qui existent encore à Wallis<ref name=":6" />. La forêt primaire occupait autrefois la majeure partie de l'île mais a quasiment disparu du fait de l'exploitation humaine<ref name=":6" /> (cf ''infra''). Cette forêt subsiste à l'est du cratère<ref name=":6" />.
@@ Ligne 81 : / Ligne 87 : @@
 Les parois du lac Lalolalo sont entourées d'une forêt épaisse, que les Wallisiens considèrent comme sacrée et qu'ils nomment ''{{Lang|wls|vao tapu}}''<ref name=":19" />. L'ethnologue Hélène Guiot indique que {{Citation|les Wallisiens (…) lui accordent une importance fondamentale}}<ref name=":19" />. Le lac et sa forêt sont un symbole de vitalité et sont à l'origine de la vie<ref name=":19" />. En effet, les arbres, en poussant très haut, étaient considérés comme ceux qui apportaient la pluie ; le lac recueille les eaux et les redistribue ensuite à travers les multiples cours d'eau ; cette eau irrigue enfin les cultures et leur permet de croître<ref name=":19" />. Ainsi, {{Citation|le ''{{langue|wls|vao tapu}}'' redistribue de façon continue et équitable ses bienfaits, il régule les flux hydriques et le partage de l'eau}}<ref name=":19" />. Plus généralement, le lac et ses environs apportent de la fraîcheur, ce qui est un signe de leur bon fonctionnement dans la régénération de la vie<ref name=":19" />. On retrouve des espaces similaires dans le reste de la [[Polynésie]], chez les [[Maoris (Nouvelle-Zélande)|Maoris de Nouvelle-Zélande]] ou à [[Hawaï]]<ref name=":3">{{Harvsp|Guiot|1998|p=196}}</ref>.
-Dans la religion traditionnelle wallisienne<ref group="Note">La population wallisienne est convertie au [[catholicisme]] depuis les années 1840, mais la religion chrétienne a souvent intégré les croyances traditionnelles ({{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Dominique Pechberty|auteur2=Epifania Toa|titre=Vivre la coutume à ʻUvea (Wallis)|passage=37|éditeur=L'Harmattan|année=2004|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=YDCbrLQtL_8C&printsec=frontcover}})</ref>, les anguilles présentes dans le lac sont vues comme des [[Divinité tutélaire|divinités tutélaires]] qui protègent les sources d'eau douce. Les anguilles sont associées à la fertilité et à la vitalité, {{Citation|capables (…) de féconder une femme ou d'engendrer le premier représentant d'une espèce végétale [comme] le cocotier}}<ref name=":19" />. Les anguilles sont également identifiées symboliquement aux arbres du ''{{Lang|wls|vao tapu}}'' en raison de leur grande taille<ref name=":10">{{Harvsp|Guiot|1998|p=185}}</ref>{{,}}<ref group="Note">Hélène Guiot rapporte ainsi un récit de la tradition orale où un homme parti couper du bois dans le ''{{Langue|wls|vao tapu}}'' constate que du sang s'écoule du tronc, et en conclut qu'il s'agit en réalité d'une anguille avant de s'enfuir en courant. {{Référence Harvard|Guiot|1998|p=185}}</ref>. Jusqu'au début du {{s-|XX}}, les anguilles sacrées du lac sont nourries par la population depuis un surplomb rocheux<ref name=":14">{{Article|prénom1=Hélène|nom1=Guiot|titre=Forêts sacrées de Polynésie : l'exemple de 'Uvea-Wallis|périodique=Cahier des thèmes transversaux ArScAn|volume=VI|date=2006|lire en ligne=https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02188035|consulté le=2022-01-04|pages=187–193}}</ref>.
+Dans la religion traditionnelle wallisienne<ref group="Note">La population wallisienne est convertie au [[catholicisme]] depuis les années 1840, mais la religion chrétienne a souvent intégré les croyances traditionnelles ({{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Dominique Pechberty|auteur2=Epifania Toa|titre=Vivre la coutume à ʻUvea (Wallis)|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|année=2004|passage=37|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=YDCbrLQtL_8C&printsec=frontcover}}).</ref>, les anguilles présentes dans le lac sont vues comme des [[Divinité tutélaire|divinités tutélaires]] qui protègent les sources d'eau douce. Les anguilles sont associées à la fertilité et à la vitalité, {{Citation|capables (…) de féconder une femme ou d'engendrer le premier représentant d'une espèce végétale [comme] le cocotier}}<ref name=":19" />. Les anguilles sont également identifiées symboliquement aux arbres du ''{{Lang|wls|vao tapu}}'' en raison de leur grande taille<ref name=":10">{{Harvsp|Guiot|1998|p=185}}</ref>{{,}}<ref group="Note">Hélène Guiot rapporte ainsi un récit de la tradition orale où un homme parti couper du bois dans le ''{{Langue|wls|vao tapu}}'' constate que du sang s'écoule du tronc, et en conclut qu'il s'agit en réalité d'une anguille avant de s'enfuir en courant {{Référence Harvard|Guiot|1998|p=185}}.</ref>. Jusqu'au début du {{s-|XX}}, les anguilles sacrées du lac sont nourries par la population depuis un surplomb rocheux<ref name=":14">{{Article|prénom1=Hélène|nom1=Guiot|titre=Forêts sacrées de Polynésie : l'exemple de 'Uvea-Wallis|périodique=Cahier des thèmes transversaux ArScAn|volume=VI|date=2006|lire en ligne=https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02188035|consulté le=2022-01-04|pages=187–193}}</ref>.
 Pour la population, le bois qui pousse dans cette forêt est de meilleure qualité que dans le reste de l'île, et fournit des essences nobles<ref name=":10" />. Le ''{{Lang|wls|vao tapu}}'' est perçu comme étant à l'origine de toutes les espèces végétales présentes à Wallis - même si en réalité, un bon nombre ont été apportées par l'homme<ref>{{Harvsp|Guiot|1998|p=183, 185}}</ref>.
@@ Ligne 92 : / Ligne 98 : @@
 Près du lac se trouve une terrasse sur laquelle se situe une plateforme rectangulaire de {{Unité|12|m}} de long et {{Unité|7|m}} de large, recouverte de cailloux en basalte. D'après Hélène Guiot, cet endroit était probablement utilisé comme lieu de résidence et de rituels par un prêtre de la religion pré-chrétienne. Un escalier a été aménagé dans la roche, et on y trouve peut-être des sépultures<ref name=":14" />.
-== Protection coutumière et utilisation humaine ==
+== Protection coutumière et usages ==
 === Contrôle ===
 [[Fichier:Lac Lalolalo et vao tapu à Wallis.svg|vignette|Localisation du lac Lalolalo et de la forêt sacrée l'entourant (''{{Langue|wls|vao tapu}}'') telle que mesurée en 1960 (en rouge).]]
 L'espace autour du lac Lalolalo est marqué d'un interdit (''{{Langue|wls|[[tapu]]}}'')<ref group="Note">Dans les sociétés polynésiennes, le terme ''{{Langue|wls|[[tapu]]}}'' a donné le mot [[tabou]] en français, bien que sa signification soit différente.</ref> et ne peut être approprié par personne<ref name=":15" />. Il est contrôlé par la chefferie et est sous l'autorité directe du [[Lavelua]] ([[Rois coutumiers de Wallis-et-Futuna|roi coutumier de Wallis]]), qui peut décider d'imposer ou de lever temporairement des interdits<ref name=":13">{{Chapitre|prénom1=Sophie|nom1=Chave-Dartoen|titre chapitre=Chapitre 3|titre ouvrage=Royauté, chefferie et monde socio-cosmique à Wallis ('Uvea) : Dynamiques sociales et pérennité des institutions|éditeur=pacific-credo Publications|collection=Monographies|lieu=Marseille|date=2018-09-24|isbn=978-2-9563981-7-2|lire en ligne=http://books.openedition.org/pacific/106|consulté le=2022-01-04|passage=145–188}}</ref>. En assurant la préservation de la forêt, le roi est donc le garant des bonnes conditions de vie de la population<ref name=":13" />.
-Pour l'anthropologue Sophie Chave-Dartoen, c'est autour des années 1870 et la rédaction du Code de Wallis par l'évêque [[Pierre Bataillon]] que les terres de Wallis sont réparties en deux grandes catégories (les terres familiales d'un côté, de l'autre les terres communautaires) et que le lac Lalolao et la forêt qui l'entoure passent officiellement sous la responsabilité du roi ([[Lavelua]])<ref name=":13" />.
+Pour l'anthropologue Sophie Chave-Dartoen, c'est autour des années 1870 et la rédaction du Code de Wallis par l'évêque [[Pierre Bataillon]] que les terres de Wallis sont réparties en deux grandes catégories (les terres familiales d'un côté, de l'autre les terres communautaires) et que le lac Lalolalo et la forêt qui l'entoure passent officiellement sous la responsabilité du roi ([[Lavelua]])<ref name=":13" />.
-Un chemin, dénommé ''{{Langue|wls|kele tapu}}'' (« chemin tabou »), délimité par des murets de pierre<ref name=":15">{{Harvsp|Guiot|1998|p=189}}</ref> et dont certaines traces subsistent encore à la fin du {{XXe siècle}}, a été tracé pour délimiter le ''{{Lang|wls|vao tapu}}'' et vérifier que les terres des familles habitant aux alentours n'y empiètent pas<ref name=":15" />. L'entretien de ce chemin faisait partie des travaux collectifs imposés aux villageois et était effectué à tour de rôle par les habitants des trois districts de Wallis<ref name=":15" />.
+Un chemin, dénommé ''{{Langue|wls|kele tapu}}'' (« chemin tabou »), délimité par des murets de pierre<ref name=":15">{{Harvsp|Guiot|1998|p=189}}</ref> et dont certains vestiges subsistent encore à la fin du {{XXe siècle}}, a été tracé pour délimiter le ''{{Lang|wls|vao tapu}}'' et vérifier que les terres des familles habitant aux alentours n'y empiètent pas<ref name=":15" />. L'entretien de ce chemin faisait partie des travaux collectifs imposés aux villageois et était effectué à tour de rôle par les habitants des trois districts de Wallis<ref name=":15" />.
 === Interdits ===
@@ Ligne 124 : / Ligne 130 : @@
 En 1915, un [[cyclone]] frappe l'île de Wallis, détruisant de nombreuses cultures vivrières. Face à la famine durablement installée pendant plus d'un an, le roi [[Sosefo Mautamakia II]] prend la décision de lever le tabou en 1917 : les arbres autour du lac Lalolalo sont abattus pour planter des cultures. Cependant, après la récolte, des arbres à croissance rapide sont replantés pour faire en sorte que la végétation d'origine repousse, et pendant deux ans, il devient totalement interdit d'entrer dans cet espace<ref name=":17">{{Harvsp|Guiot|1998|p=192}}</ref>.
-En 1936, les cultures vivrières reprennent dans la forêt autour du lac, notamment pour pouvoir cultiver suffisamment de nourriture en vue des grandes cérémonies coutumières (''{{Langue|wls|[[katoaga]]}}'') célébrant le centenaire de l'arrivée des missionnaires<ref name=":12">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Guillaume|nom1=Lachenal|titre=Le médecin qui voulut être roi. Sur les traces d'une utopie coloniale|éditeur=Editions du Seuil|date=2017-02-09|isbn=978-2-02-114258-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=bh_7DQAAQBAJ&pg=PT216&dq=vao+tapu&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwiZoeGfjpj1AhULLBoKHfLoDs4Q6AF6BAgJEAI#v=onepage&q=vao%20tapu&f=false|consulté le=2022-01-04}}</ref>. À cette époque, le royaume d'[[Uvea]] n'a plus de roi, et c'est le [[Résident de France à Wallis-et-Futuna|résident de France]] Jean-Joseph David qui assume ce rôle. L'historien Guillaume Lachenal estime que le défrichage de la forêt sacrée, {{Citation|transgression d'un interdit majeur}}, est due à la pression du résident<ref name=":12" />. Pour Hélène Guiot, {{Citation|c'est donc à cette époque que l'homme, sans raison autre que de convenance personnelle, commença à empiéter sur le domaine du ''{{lang|wls|vao tapu}}''}}<ref name=":17" />.
+En 1936, les cultures vivrières reprennent dans la forêt autour du lac, notamment pour pouvoir cultiver suffisamment de nourriture en vue des grandes cérémonies coutumières (''{{Langue|wls|[[katoaga]]}}'') célébrant le centenaire de l'arrivée des missionnaires<ref name=":12">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Guillaume|nom1=Lachenal|titre=Le médecin qui voulut être roi. Sur les traces d'une utopie coloniale|éditeur=[[Éditions du Seuil|Editions du Seuil]]|date=2017-02-09|pages totales=300|isbn=978-2-02-114258-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=bh_7DQAAQBAJ&pg=PT216&dq=vao+tapu|consulté le=2022-01-04}}</ref>. À cette époque, le royaume d'[[Uvea]] n'a plus de roi, et c'est le [[Résident de France à Wallis-et-Futuna|résident de France]] Jean-Joseph David qui assume ce rôle. L'historien Guillaume Lachenal estime que le défrichage de la forêt sacrée, {{Citation|transgression d'un interdit majeur}}, est due à la pression du résident<ref name=":12" />. Pour Hélène Guiot, {{Citation|c'est donc à cette époque que l'homme, sans raison autre que de convenance personnelle, commença à empiéter sur le domaine du ''{{lang|wls|vao tapu}}''}}<ref name=":17" />.
 ==== Seconde Guerre mondiale ====
+{{Article détaillé|Wallis-et-Futuna pendant la Seconde Guerre mondiale}}
 Durant la [[Seconde Guerre mondiale]], l'[[Forces armées des États-Unis|armée américaine]] trace une route (qui deviendra la RT1) et coupe à travers le nord-ouest du ''{{Lang|wls|vao tapu}}''<ref name=":18">{{Harvsp|Guiot|1998|p=193}}</ref>. En réponse, les chefs coutumiers décident en 1955 de créer des zones forestières protégées équivalentes dans chaque district, et qui dans la vision wallisienne, jouent le même rôle de régénération du vivant<ref name=":18" />.
-À la fin de la présence des Américains à Wallis, en 1945, ces derniers se débarrassent de leur équipement et de munitions en le précipitant dans plusieurs lacs<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Roland|nom1=Kaiser|prénom2=Heinrich|nom2=Schatz|prénom3=Koen|nom3=Martens|prénom4=Alexey A.|nom4=Kotov|titre=Losing the Bounty? Investigating Species Richness in Isolated Freshwater Ecosystems of Oceania1|périodique=Pacific Science|volume=63|numéro=2|date=2009/04|issn=0030-8870|issn2=1534-6188|doi=10.2984/049.063.0201|lire en ligne=https://bioone.org/journals/Pacific-Science/volume-63/issue-2/049.063.0201/Losing-the-Bounty-Investigating-Species-Richness-in-Isolated-Freshwater-Ecosystems/10.2984/049.063.0201.full|consulté le=2019-02-04|pages=153–180}}</ref>{{,}}<ref name=":2">{{Chapitre|langue=fr|auteur1=Anne-Marie d'Hauteserre|titre chapitre=écotourisme communautaire à Wallis et Futuna : peut-on concilier culture, nature et tourisme ?|auteurs ouvrage=Jean-Marie Breton (dir.)|titre ouvrage=Patrimoine, tourisme, environnement et développement durable (Europe - Afrique - Caraïbe - Amériques - Asie - Océanie)|lieu=|éditeur=Karthala|année=2010|pages totales=444|isbn=9782811133009|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Ymz69RGBDW0C&pg=PA48&dq=lac+lalolalo&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjj36yWrqDgAhX08OAKHeLUCqEQ6AEINjAD#v=onepage&q=lac%20lalolalo&f=false|passage=}}</ref>. D'après Anne-Marie d'Hauteserre, certains habitants plongeaient pour récupérer des explosifs, afin de pratiquer la [[Pêche à l'explosif|pêche à la dynamite]] dans le lagon<ref name=":2" />.
+À la fin de la présence des Américains à Wallis, en 1945, ces derniers se débarrassent de leur équipement et de munitions en le précipitant dans plusieurs lacs<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Roland|nom1=Kaiser|prénom2=Heinrich|nom2=Schatz|prénom3=Koen|nom3=Martens|prénom4=Alexey A.|nom4=Kotov|titre=Losing the Bounty? Investigating Species Richness in Isolated Freshwater Ecosystems of Oceania1|périodique=Pacific Science|volume=63|numéro=2|date=2009/04|issn=0030-8870|issn2=1534-6188|doi=10.2984/049.063.0201|lire en ligne=https://bioone.org/journals/Pacific-Science/volume-63/issue-2/049.063.0201/Losing-the-Bounty-Investigating-Species-Richness-in-Isolated-Freshwater-Ecosystems/10.2984/049.063.0201.full|consulté le=2019-02-04|pages=153–180}}</ref>{{,}}<ref name=":2">{{Chapitre|langue=fr|auteur1=Anne-Marie d'Hauteserre|titre chapitre=écotourisme communautaire à Wallis et Futuna : peut-on concilier culture, nature et tourisme ?|auteurs ouvrage=Jean-Marie Breton (dir.)|titre ouvrage=Patrimoine, tourisme, environnement et développement durable (Europe - Afrique - Caraïbe - Amériques - Asie - Océanie)|éditeur=Karthala|année=2010|pages totales=444|isbn=9782811133009|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Ymz69RGBDW0C&pg=PA48&dq=lac+lalolalo&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjj36yWrqDgAhX08OAKHeLUCqEQ6AEINjAD#v=onepage&q=lac%20lalolalo&f=false}}</ref>. D'après Anne-Marie d'Hauteserre, certains habitants plongeaient pour récupérer des explosifs, afin de pratiquer la [[Pêche à l'explosif|pêche à la dynamite]] dans le lagon<ref name=":2" />.
 ==== Années 1960-2020 ====
@@ Ligne 136 : / Ligne 143 : @@
 À partir de 1982, {{Citation|alors que la végétation naturelle avait retrouvé son dynamisme}}<ref name=":18" />, le Lavelua [[Tomasi Kulimoetoke II|Tomasi Kulimoetoke]] autorise à nouveau le défrichage de la forêt pour laisser place à la culture de tubercules<ref name=":7">{{Ouvrage|auteur1=Elisabeth Worliczek|titre=La vision de l’espace littoral sur l’île Wallis et l’atoll Rangiroa dans le contexte du changement climatique : Une analyse anthropologique de la perception des populations locales|éditeur=Université de la Nouvelle-Calédonie/Universität Wien|nature ouvrage=Thèse de doctorat en Anthropologie|année=mai 2013|pages totales=503|passage=426|isbn=|doi=10.6098/2013NCAL0049|lire en ligne=http://portail-documentaire.univ-nc.nc/files/public/bu/theses_unc/TheseAnneWorliczek2013.pdf}}</ref>, à la suite d'une demande des chefs de Falaleu et Ha'afuasia, qui souhaitent une récolte abondante pour un ''{{Langue|wls|[[katoaga]]}}''<ref name=":18" />. Cette décision est critiquée par la population<ref name=":18" />. Sophie Chave-Dartoen indique que {{Citation|en acceptant [les empiétements successifs], le roi fit preuve de miséricorde, donnant de la terre à qui en nécessitait, mais ces dons sont aussi critiqués}}<ref name=":13" />.
-En 1988, un plan de reboisement a été mis en œuvre à la demande des autorités coutumières, avec des espèces locales<ref>{{Ouvrage|auteur1=J.-F. Cherrier|titre=Rapport de mission forestière dans le territoire d'outre-mer de Wallis (du 4 au 11 octobre 1988)|éditeur=Centre technique forestier tropical|date=1988-10|passage=16|isbn=|lire en ligne=https://agritrop.cirad.fr/319736/1/CHERRIER_1988.pdf}}</ref>. Malgré ces initiatives, Hélène Guiot écrit en 1998 : {{Citation|aujourd'hui, il ne subsiste plus que des lambeaux du ''{{lang|wls|vao tapu}}'' originel}}<ref name=":18" />.
+En 1988, un plan de [[reboisement]] a été mis en œuvre à la demande des autorités coutumières, avec des espèces locales<ref>{{Ouvrage|auteur1=J.-F. Cherrier|titre=Rapport de mission forestière dans le territoire d'outre-mer de Wallis (du 4 au 11 octobre 1988)|éditeur=Centre technique forestier tropical|date=1988-10|passage=16|isbn=|lire en ligne=https://agritrop.cirad.fr/319736/1/CHERRIER_1988.pdf}}</ref>. Malgré ces initiatives, Hélène Guiot écrit en 1998 : {{Citation|aujourd'hui, il ne subsiste plus que des lambeaux du ''{{lang|wls|vao tapu}}'' originel}}<ref name=":18" />.
 Un rapport de 2017 indique que {{Citation|le tabou a été levé il y a quelques années}} et que les cultures ont repris. Cependant, les jachères ont été ensuite abandonnées et ont été recouvertes de lianes ''[[Merremia peltata]]''<ref>{{Ouvrage|auteur1=Emma DO KHAC|titre=Promotion régionale d’un outil innovant de diagnostic de l’état de santé des forêts des captages|éditeur=Projet INTEGRE|date=2017-04-19|pages totales=8|isbn=|lire en ligne=https://integre.spc.int/images/telechargements/WF_NC_WWF_outil_forets_avril_2017.pdf}}</ref>. En 2021, des cultures sont à nouveau pratiquées dans le ''{{Lang|wls|vao tapu}}''<ref>{{Lien web|langue=fr-FR |titre=Des champs dans le "Vao Tapu ", forêt sacrée de Wallis |url=https://la1ere.francetvinfo.fr/wallisfutuna/des-champs-dans-le-vao-tapu-foret-sacree-de-wallis-1115698.html |site=Wallis-et-Futuna la 1ère |date=29 septembre 2021 |consulté le=2022-01-04}}</ref>. Les Wallisiens tiennent la destruction du ''{{Lang|wls|vao tapu}}'' pour responsable d'une partie de la sécheresse que connait l'île de Wallis<ref name=":7" />.
@@ Ligne 144 : / Ligne 151 : @@
 [[Fichier:Lac Lalolalo 2018 - belvédère (drone) 2.png|vignette|alt=Photo aérienne en couleurs montrant la plateforme vue depuis l'intérieur du lac, les falaises qui tombent à pic et la route qui borde le lac, au milieu d'une végétation importante.|Autre vue du belvédère et des falaises du lac.]]
-À la fin du {{XXe siècle}}, le lac Lalolalo est devenu un des sites [[Tourisme|touristiques]] de Wallis<ref name=":1">{{Lien web|langue=fr |titre=Les travaux du Belvédère au lac Lalolalo à Wallis ont bien avancé |url=https://la1ere.francetvinfo.fr/wallisfutuna/travaux-du-belvedere-au-lac-lalola-wallis-ont-bien-avance-621656.html |site=Wallis et Futuna la 1ère |consulté le=2019-02-03}}</ref>. En 2018, un belvédère<ref>{{Lien web|langue= |titre=Wallis : Le chantier du belvédère de LALOLALO |url=http://www.wallis-et-futuna.gouv.fr/Publications/Autres-dossiers-archives/Articles-archives/2018/Wallis-Le-chantier-du-belvedere-de-LALOLALO |site=wallis-et-futuna.gouv.fr |date=2018 |consulté le=2019-02-03}}</ref> a été aménagé pour sécuriser l'accès pour les touristes<ref name=":1" />, avec des barrières et des [[Toilettes publiques|sanitaires]]<ref>{{Lien web|langue= |titre=Visite du belvédère du lac Lalolalo, le 14/09/18 |url=http://www.wallis-et-futuna.gouv.fr/Publications/Autres-dossiers-archives/Articles-archives/2018/Visite-du-belvedere-du-lac-Lalolalo-le-14-09-18 |site=www.wallis-et-futuna.gouv.fr |date=2018-09-14 |consulté le=2019-02-03}}</ref>.
+À la fin du {{XXe siècle}}, le lac Lalolalo est devenu un des sites [[Tourisme|touristiques]] de Wallis<ref name=":1">{{Lien web|langue=fr |titre=Les travaux du Belvédère au lac Lalolalo à Wallis ont bien avancé |url=https://la1ere.francetvinfo.fr/wallisfutuna/travaux-du-belvedere-au-lac-lalola-wallis-ont-bien-avance-621656.html |site=Wallis et Futuna la 1ère |consulté le=2019-02-03}}</ref>. En 2018, un belvédère<ref>{{Lien web|titre=Wallis : Le chantier du belvédère de LALOLALO |url=http://www.wallis-et-futuna.gouv.fr/Publications/Autres-dossiers-archives/Articles-archives/2018/Wallis-Le-chantier-du-belvedere-de-LALOLALO |site=wallis-et-futuna.gouv.fr |date=2018 |consulté le=2019-02-03}}</ref> a été aménagé pour sécuriser l'accès pour les touristes<ref name=":1" />, avec des barrières et des [[Toilettes publiques|sanitaires]]<ref>{{Lien web|titre=Visite du belvédère du lac Lalolalo, le 14/09/18 |url=http://www.wallis-et-futuna.gouv.fr/Publications/Autres-dossiers-archives/Articles-archives/2018/Visite-du-belvedere-du-lac-Lalolalo-le-14-09-18 |site=www.wallis-et-futuna.gouv.fr |date=2018-09-14 |consulté le=2019-02-03}}</ref>.
 === Explications de la surexploitation ===
-Pour l'ethnologue Hélène Guiot, la vision polynésienne de l'environnement et les représentations culturelles associées au lac Lalolalo et à sa forêt ont permis sa préservation et sa gestion durable, en impliquant la population dans sa conservation<ref name=":3" />. Néanmoins, les croyances traditionnelles et les pratiques de protection de l'environnement associées sont moins transmises qu'auparavant aux jeunes générations, ce qui pourrait expliquer les défrichements accrus<ref name=":3" />. Un rapport de l'[[Union internationale pour la conservation de la nature]] (UICN) de 1991 estime que les lois coutumières non écrites ne sont plus suffisantes pour assurer la pérennité de la forêt primaire, et qu'une législation serait nécessaire afin de créer une aire protégée<ref>{{Ouvrage|langue=en|titre=IUCN Directory of Protected Areas in Oceania|passage=89|éditeur=IUCN|date=1991|isbn=978-2-8317-0069-4|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=nwRgSevepFMC&pg=PA91&dq=vao+tapu&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwjEuLTrnZj1AhVNUxoKHUlSAaI4ChDoAXoECAkQAg#v=onepage&q=vao%20tapu&f=false|consulté le=2022-01-04}}</ref>.
+Pour l'ethnologue Hélène Guiot, la vision polynésienne de l'environnement et les représentations culturelles associées au lac Lalolalo et à sa forêt ont permis sa préservation et sa gestion durable, en impliquant la population dans sa conservation<ref name=":3" />. Néanmoins, les croyances traditionnelles et les pratiques de protection de l'environnement associées sont moins transmises qu'auparavant aux jeunes générations, ce qui pourrait expliquer les défrichements accrus<ref name=":3" />. Un rapport de l'[[Union internationale pour la conservation de la nature]] (UICN) de 1991 estime que les lois coutumières non écrites ne sont plus suffisantes pour assurer la pérennité de la forêt primaire, et qu'une législation serait nécessaire afin de créer une aire protégée<ref>{{Ouvrage|langue=en|titre=IUCN Directory of Protected Areas in Oceania|éditeur=IUCN|année=1991|passage=89|isbn=978-2-8317-0069-4|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=nwRgSevepFMC&pg=PA91&dq=vao+tapu|consulté le=2022-01-04}}</ref>.
 == Dans la littérature ==
@@ Ligne 153 : / Ligne 160 : @@
 Le lac Lalolalo est présent dans de nombreux récits de la [[tradition orale]] wallisienne<ref name=":10" />. L'anthropologue E.G. Burrows recueille ainsi en 1932 un conte sur {{Citation|l'énorme anguille}} du lac<ref>{{Ouvrage|auteur1=Raymond Mayer|titre=Les transformations de la tradition narrative à l’île Wallis (Uvea)|lieu=Lyon|éditeur=Université de Lyon II|nature ouvrage=thèse de doctorat en anthropologie|année=1976|passage=43|isbn=|lire en ligne=http://theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/1976/mayer_r/pdfAmont/mayer_r_intro.pdf}}</ref>. Pour les Wallisiens, ces anguilles naissaient dans le lac avant d'aller irriguer l'ensemble de l'île à travers des sources d'eau douce, dont elles constituaient des divinités protectrices<ref name=":10" />.
-=== Littérature écrite ===
+=== Littérature ===
-Les anguilles du lac Lalolalo sont évoquées dans l'album jeunesse de Yannick Prigent, ''Le secret des anguilles aveugles du lac Lopolopo'', publié en Nouvelle-Calédonie en 2013<ref>{{Lien web|titre=Les anguilles du lac Lalolalo|url=http://www.ecrire-en-oceanie.nc/actualite/les-anguilles-du-lac-lalolalo/|site=ecrire-en-oceanie.nc|consulté le=2019-02-04}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Fédération des Conservatoires d’espaces naturels ; Pôle-relais tourbières|titre=Littérature, contes et légendes sur les zones humides. Bulletin bibliographique|éditeur=Pôles-relais zones humides|date=2016-12|pages totales=29|passage=25|isbn=|lire en ligne=http://documentation.pole-zhi.org/doc_num.php?explnum_id=363}}</ref>.
+Les anguilles du lac Lalolalo sont évoquées dans l'album jeunesse de Yannick Prigent, ''Le secret des anguilles aveugles du lac Lopolopo'', publié en [[Nouvelle-Calédonie]] en 2013<ref>{{Lien web|titre=Les anguilles du lac Lalolalo|url=http://www.ecrire-en-oceanie.nc/actualite/les-anguilles-du-lac-lalolalo/|site=ecrire-en-oceanie.nc|consulté le=2019-02-04}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Fédération des Conservatoires d’espaces naturels ; Pôle-relais tourbières|titre=Littérature, contes et légendes sur les zones humides. Bulletin bibliographique|éditeur=Pôles-relais zones humides|date=2016-12|pages totales=29|passage=25|isbn=|lire en ligne=http://documentation.pole-zhi.org/doc_num.php?explnum_id=363}}</ref>.
 == Notes et références ==
@@ Ligne 165 : / Ligne 172 : @@
 == Voir aussi ==
 === Bibliographie ===
-* {{Article|prénom1=Hélène|nom1=Guiot|titre=Forêt taboue et représentations de l'environnement à 'Uvea (Wallis). Approche ethno-archéologique|périodique=Journal de la Société des Océanistes|volume=107|numéro=2|date=1998|doi=10.3406/jso.1998.2057|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/jso_0300-953x_1998_num_107_2_2057|consulté le=2019-02-03|pages=179–198}}
+* {{Article|prénom1=Hélène|nom1=Guiot|titre=Forêt taboue et représentations de l'environnement à 'Uvea (Wallis). Approche ethno-archéologique|périodique=Journal de la Société des Océanistes|volume=107|numéro=2|date=1998|doi=10.3406/jso.1998.2057|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/jso_0300-953x_1998_num_107_2_2057|consulté le=2019-02-03|pages=179–198}}.
-* {{Ouvrage|prénom1=N.|nom1=Mary|prénom2=A.|nom2=Dutartre|prénom=P.|nom3=Keith|prénom4=G.|nom4=Marquet|auteur5=Pierre Sasal|titre=Biodiversité des eaux douces de Wallis et Futuna|sous-titre=Mission d'octobre 2004 - rapport final|lieu=Paris|éditeur=Ministère de l'Outre-mer|date=2006|pages totales=84|lire en ligne=http://orioai.univ-nc.nc/nuxeo/site/esupversions/2f330118-b27c-4d44-b3fe-876ea8021da0}}
+* {{Ouvrage|prénom1=N.|nom1=Mary|prénom2=Alain|nom2=Dutartre|prénom3=P.|nom3=Keith|prénom4=G.|nom4=Marquet|auteur5=Pierre Sasal|titre=Biodiversité des eaux douces de Wallis et Futuna|sous-titre=Mission d'octobre 2004 - rapport final|lieu=Paris|éditeur=Ministère de l'Outre-mer|année=2006|pages totales=84|isbn=|lire en ligne=http://orioai.univ-nc.nc/nuxeo/site/esupversions/2f330118-b27c-4d44-b3fe-876ea8021da0}}.
-* {{Article|langue=en|auteur1=|prénom1=Gilles|nom1=Bareille|prénom2=Pierre|nom2=Sasal|prénom3=Nathalie|nom3=Mary|prénom4=F.J.|nom4=Meunier|auteur5=M.H. Deschamps|auteur6=S. Berail|auteur7=C. Pecheyran|auteur8=Raymonde Lecomte-Finiger|titre=Are elemental and strontium isotopic microchemistry of otolith and histomorphometrical characteristics of vertebral bone useful to resolve the eel angilla obscura status in Lalolalo lake in Wallis Island ?|périodique=Vie et Milieu|date=2015|issn=|lire en ligne=https://www.researchgate.net/publication/278625487_Are_elemental_and_strontium_isotopic_microchemistry_of_otolith_and_histomorphometrical_characteristics_of_vertebral_bone_useful_to_resolve_the_eel_Anguilla_obscura_status_in_Lalolalo_lake_in_Wallis_Is|résumé=https://hal-univ-perp.archives-ouvertes.fr/hal-01159612|pages=}}
+* {{Article|langue=en|auteur1=|prénom1=Gilles|nom1=Bareille|prénom2=Pierre|nom2=Sasal|prénom3=Nathalie|nom3=Mary|prénom4=F.J.|nom4=Meunier|auteur5=M.H. Deschamps|auteur6=S. Berail|auteur7=C. Pecheyran|auteur8=Raymonde Lecomte-Finiger|titre=Are elemental and strontium isotopic microchemistry of otolith and histomorphometrical characteristics of vertebral bone useful to resolve the eel angilla obscura status in Lalolalo lake in Wallis Island ?|périodique=Vie et Milieu|date=2015|lire en ligne=https://www.researchgate.net/publication/278625487_Are_elemental_and_strontium_isotopic_microchemistry_of_otolith_and_histomorphometrical_characteristics_of_vertebral_bone_useful_to_resolve_the_eel_Anguilla_obscura_status_in_Lalolalo_lake_in_Wallis_Is|résumé=https://hal-univ-perp.archives-ouvertes.fr/hal-01159612|pages=}}.
-* {{Article|langue=en|prénom1=Ursula|nom1=Sichrowsky|prénom2=Robert|nom2=Schabetsberger|prénom3=Bettina|nom3=Sonntag|prénom4=Maya|auteur4=Stoyneva|auteur5=Ashley E. Maloney|auteur6=Daniel B. Nelson|auteur7=Julie N. Richey|auteur8=Julian P. Sachs|titre=Limnological characterization of volcanic crater lakes on Uvea Island (Wallis and Futuna, South Pacific)|périodique=Pacific Science|volume=68|numéro=3|date=2014|issn=|lire en ligne=http://faculty.washington.edu/jsachs/lab/www/Sichrowsky-Wallis_Lakes_Limnology-PacSci14inpress.pdf|pages=}}
+* {{Article|langue=en|prénom1=Ursula|nom1=Sichrowsky|prénom2=Robert|nom2=Schabetsberger|prénom3=Bettina|nom3=Sonntag|prénom4=Maya|auteur4=Stoyneva|auteur5=Ashley E. Maloney|auteur6=Daniel B. Nelson|auteur7=Julie N. Richey|auteur8=Julian P. Sachs|titre=Limnological characterization of volcanic crater lakes on Uvea Island (Wallis and Futuna, South Pacific)|périodique=Pacific Science|volume=68|numéro=3|date=2014|lire en ligne=http://faculty.washington.edu/jsachs/lab/www/Sichrowsky-Wallis_Lakes_Limnology-PacSci14inpress.pdf|pages=}}.
 === Articles connexes ===
@@ Ligne 177 : / Ligne 184 : @@
 * Vue aérienne du lac Lalolalo : {{Lien web|langue=fr |titre=Polynésie Française [sic] : vers le lac Lalo Lalo|url=https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/vdd09000588/polynesie-francaise-vers-le-lac-lalo-lalo|site=ina.fr|consulté le=2022-01-04}}
 * {{Relation OSM|13652610|Lac Lalolalo|consulté le=9 janvier 2022}}
-* {{Liens}}
+{{Liens}}
+{{Article audio
+ | fichier 1 =LacLalolalo.ogg
+ | date      = 16 juin 2024
+ | oldid     =884528210
+}}
 {{Portail|lacs et cours d'eau|volcanisme|Wallis-et-Futuna}}