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{{TI|date=octobre 2020|Les informations de sections entières de cet article sont étayées par un nombre insuffisant de [[Aide:Insérer une référence (Éditeur visuel)|références]] ou des [[Wikipédia:Citez vos sources#Qualité des sources|sources de qualité médiocre]], axées uniquement sur la critique alors qu'il existe des études scientifiques sur certains effets bénéfiques. <br />Cette page en l'état actuel comporte}}
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[[Image:Carrots of many colors.jpg|vignette|Les [[carotte]]s bénéficient d'une image de légume santé et pourraient être considérées comme un aliment fonctionnel, selon des études scientifiques mettant en évidence leur richesse en [[caroténoïde]]s et en [[Fibre alimentaire|fibres]]. {{Citation|Les carottes pourpres, par la présence des [[anthocyane]]s en complément parfois des caroténoïdes, présentent une capacité [[antioxydant]]e bien supérieure aux carottes habituellement consommées<ref>{{ouvrage|auteur=Muriel Jacquot, Philippe Fagot, Andrée Voilley|titre=La couleur des aliments|éditeur=Lavoisier|date=2012|passage=456|lire en ligne={{Google Livres|FQFDY213fvcC}}}}</ref>}}.]]
Un '''aliment fonctionnel''' (traduction du terme anglais « ''{{lang|en|texte=functional food}}''), appelé aussi '''alicament''' (terme notamment utilisé en France)<ref name="passeport">{{Lien web|url=https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/ArticleComplementaire.aspx?doc=aliments_fonctionnels_definition_do|titre=Qu'est-ce qu'un aliment fonctionnel?|auteur=|date=janvier 2012|site=passeportsante.net}}.</ref> ou '''médicaliment''', désigne un composé nutritionnel qui serait doté de vertus d'ordre pharmaceutique. Il peut s'agir d'aliments naturels contenant certaines [[composé bioactif|molécules actives]] ou d'aliments industriels artificiellement enrichis (composés appelés '''nutraceutiques''' ou '''nutriceutiques''', désignant les substance extraites d'un aliment et vendues sous forme de supplément, ou '''ingrédients fonctionnels''')<ref name="passeport"/>.


[[Image:Carrots of many colors.jpg|vignette|Les [[carotte]]s bénéficient d'une image de légume santé et pourraient être considérées comme un aliment fonctionnel, selon des études scientifiques mettant en évidence leur richesse en [[caroténoïde]]s et en [[Fibre alimentaire|fibres]]. {{Citation|Les carottes pourpres, par la présence des [[anthocyane]]s en complément parfois des caroténoïdes, présentent une capacité [[antioxydant]]e bien supérieure aux carottes habituellement consommées<ref>{{Ouvrage|auteur1=Muriel Jacquot|auteur2=Philippe Fagot|auteur3=Andrée Voilley|titre=La couleur des aliments|éditeur=Lavoisier|année=2012|passage=456|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|FQFDY213fvcC}}}}</ref>}}.]]
La pertinence des [[allégations nutritionnelles et de santé]] qui conduisent le marketing des [[industries agroalimentaires]] à transformer certains aliments en alicaments, est questionnée.

Un '''aliment fonctionnel''' (traduction du terme anglais « ''{{lang|en|texte=functional food}}''), appelé aussi '''alicament''' (terme notamment utilisé en France)<ref name="passeport">{{Lien web|url=https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/ArticleComplementaire.aspx?doc=aliments_fonctionnels_definition_do|titre=Qu'est-ce qu'un aliment fonctionnel?|date=janvier 2012|site=passeportsante.net}}.</ref> ou '''médicaliment''', désigne un aliment qui contient des {{Citation|composants classifiés ou non comme [[nutriment]]s, reconnus capables d'influencer une grande diversité de fonctions impliquées dans l'état de [[bien-être]] et de [[santé]] ou la réduction du risque des [[maladie]]s<ref>{{Ouvrage|auteur1=Marcel B. Roberfroid, Véronique Coxam, Nathalie M. Delzenne|titre=Aliments fonctionnels|éditeur=Lavoisier|année=2008|passage=55|isbn=}}</ref>}}. C'est une notion récente issue d'une tendance à exiger de l'alimentation des qualités nutritionnelles ou organoleptiques, mais aussi d'amélioration de la santé. Pour Roberfroid ( 2000), {{Citation|un aliment est dit « fonctionnel » s’il possède des effets sur une ou plusieurs fonctions cibles du corps, au-delà de ses atouts nutritifs, améliorant l’état de bien-être ou l’état de santé des individus, ou réduisant le risque d’une maladie}}<ref>Roberfroid M.B (2000). A European consensus of scientific concepts of functional foods. Nutr, 16(7-8):689-691.</ref>.

Il peut s'agir d'aliments naturels contenant certaines [[composé bioactif|molécules actives]] ou d'aliments industriels artificiellement [[Fortification alimentaire|enrichis]] en ingrédients (composés appelés '''nutraceutiques''' ou '''nutriceutiques''', désignant les substance extraites d'un aliment et vendues sous forme de supplément, appelés aussi '''ingrédients fonctionnels''')<ref name="passeport"/>.


== Alicaments industriels ==
== Alicaments industriels ==
* Les aliments enrichis en [[oméga-3]], en [[calcium]], en [[probiotique]]s.
* Les aliments enrichis en [[oméga-3]], en [[calcium]], en [[probiotique]]s.
* Les aliments destinés à réguler le transit (« ''[[Bifidobacterium|Bifidus]] actif'' » et autres).
* Les aliments destinés à réguler le transit (« ''[[Bifidobacterium|Bifidus]] actif'' » et autres).
* Certains laits fermentés à boire contiennent, en plus des deux [[ferment]]s traditionnels du [[yaourt]], un [[probiotique]] spécifique qui contribuerait au bon équilibre de la [[flore intestinale]]. Voir ''[[Yakult]]'' ou ''[[Actimel]]''.
* Certains laits fermentés à boire contiennent, en plus des deux [[ferment]]s traditionnels du [[yaourt]], un [[probiotique]] spécifique qui contribuerait au bon équilibre de la [[Microbiote intestinal humain|flore intestinale]]. Voir ''[[Yakult]]'' ou ''[[Actimel]]''.


Ces allégations santé provenant de l'industrie alimentaire, il est permis de douter de leur véracité, notamment concernant la supériorité de ces aliments sur d'autres plus classiques (un simple yaourt ou un fromage). Le plus souvent, les substances vantées dans le produit sont de simples inventions de publicitaires et les formules chimiques savantes qui les nomment sont de simples marques déposées aux noms fantaisistes (comme les {{citation|bifidofibres}} du sucre Beghin Say)<ref name="psychologies.com"/>. Et, même si des études scientifiques aboutissant à la fabrication d'alicaments sont sérieuses et bien établies, les alicaments échappent à tous les contrôles que subit un médicament avant et après sa mise sur le marché.
Ces allégations santé provenant de l'industrie alimentaire, il est permis de douter de leur véracité, notamment concernant la supériorité de ces aliments sur d'autres plus classiques (un simple yaourt ou un fromage). Le plus souvent, les substances vantées dans le produit sont de simples inventions de publicitaires et les formules chimiques savantes qui les nomment sont de simples marques déposées aux noms fantaisistes (comme les {{citation|bifidofibres}} du sucre Beghin Say)<ref name="psychologies.com"/>. Et, même si des études scientifiques aboutissant à la fabrication d'alicaments sont sérieuses et bien établies, les alicaments échappent à tous les contrôles que subit un médicament avant et après sa mise sur le marché.


== Alicaments naturels ==
== Alicaments naturels ==
Certains végétaux seraient des alicaments naturels : c'est le principe de l'[[herboristerie]] et de la [[phytothérapie]], deux sous-disciplines de la pharmacie impliquant une formation et une réglementation strictes.
Certains végétaux seraient des alicaments naturels : c'est le principe de l'[[herboristerie]] et de la [[phytothérapie]], deux sous-disciplines de la pharmacie impliquant {{Précision nécessaire|une formation et une réglementation strictes|date=octobre 2020|Dans tous les pays ?}}.


Mais outre la notion d'« ingrédient santé », il existe une seconde définition de l'alicament. L'alicament serait un aliment « [[wikt:totum|totum]] » doté d'une allégation scientifique globale reconnue par un organisme officiel de sécurité alimentaire ou sanitaire<ref>http://www.votre-medecine-douce.com/aff_detail_cat.php?cat=263</ref>. Ainsi l'AFSSA ([[Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments]]) a reconnu en 2004 l'allégation concernant les effets bénéfiques du jus de [[canneberge]] sur les infections urinaires<ref>[https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2003sa0352.pdf AFSSA avis n° 2003-SA-352, lire en ligne]</ref>, avis qui a été depuis contredit en 2009 par
Mais outre la notion d'« ingrédient santé », il existe une seconde définition de l'alicament. L'alicament serait un aliment « [[wikt:totum|totum]] » doté d'une allégation scientifique globale reconnue par un organisme officiel de sécurité alimentaire ou sanitaire<ref>{{lien web |titre=Chercher et trouver un thÃrapeute en mÃdecine douce : DÃtail des catÃgories sur votre-medecine-douce.com<!-- Vérifiez ce titre --> |url=http://www.votre-medecine-douce.com/aff_detail_cat.php?cat=263 |site=votre-medecine-douce.com |consulté le=19-11-2021}}.</ref>. Ainsi l'AFSSA ([[Agence française de sécurité sanitaire des aliments]]) a reconnu en 2004 l'allégation concernant les effets bénéfiques du jus de [[canneberge]] sur les infections urinaires<ref>[https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2003sa0352.pdf AFSSA avis n° 2003-SA-352, lire en ligne]</ref>, avis qui a été depuis contredit en 2009 par
l'[[Autorité européenne de sécurité des aliments|AESA]], qui, dans le cadre de la révision de toutes les allégations de santé (Règlement 1924/2006), a jugé que les études fournies n'étaient pas suffisantes pour étayer les allégations de santé concernant les infections urinaires pour les produits de l'entreprise [[Ocean Spray]] (Ocean Spray cranberry drinks et Cramberries séchées et sucrées Craisins) portions contenant typiquement 80&nbsp;mg de proanthocyanidine<ref>{{en}} [http://www.efsa.europa.eu/en/efsajournal/pub/943 EFSA Journal - Ocean Spray Cranberry Products® and urinary tract infection in women]</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://www.efsa.europa.eu/en/efsajournal/pub/2215 {{lang|en|texte=EFSA Journal - Scientific Opinion on the substantiation of health claims related to proanthocyanidins from cranberry}}]</ref>.
l'[[Autorité européenne de sécurité des aliments|AESA]], qui, dans le cadre de la révision de toutes les allégations de santé (Règlement 1924/2006), a jugé que les études fournies n'étaient pas suffisantes pour étayer les allégations de santé concernant les infections urinaires pour les produits de l'entreprise [[Ocean Spray]] (Ocean Spray cranberry drinks et Cramberries séchées et sucrées Craisins) {{Précision nécessaire|portions contenant typiquement 80&nbsp;mg de proanthocyanidine}}<ref>{{en}} [http://www.efsa.europa.eu/en/efsajournal/pub/943 EFSA Journal - Ocean Spray Cranberry Products® and urinary tract infection in women]</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://www.efsa.europa.eu/en/efsajournal/pub/2215 {{lang|en|texte=EFSA Journal - Scientific Opinion on the substantiation of health claims related to proanthocyanidins from cranberry}}]</ref>.


L'[[ail cultivé|ail]] et son principal principe actif : l'[[allicine]], et ses éléments [[soufre|soufrés]] sont aussi censés faciliter grandement la [[respiration]] chez les [[asthme|asthmatiques]] grâce à leurs propriétés mucolytiques (permettant de fluidifier le [[mucus]]) et mucocynétiques (permettant d'expectorer le mucus).
L'[[ail cultivé|ail]] et son principal principe actif : l'[[allicine]], et ses éléments [[soufre|soufrés]] sont aussi censés faciliter grandement la [[respiration]] chez les [[asthme|asthmatiques]] grâce à leurs propriétés mucolytiques (permettant de fluidifier le [[mucus]]) et mucocynétiques (permettant d'expectorer le mucus){{référence nécessaire}}.


À titre d'illustration, [[Richard Béliveau]] cite<ref>''Au Québec, la nutraceutique sort de l'éprouvette'', ''[[Sciences et Avenir]]'', [[avril 2008]], page 68.</ref> :
À titre d'illustration, [[Richard Béliveau]] cite<ref>''Au Québec, la nutraceutique sort de l'éprouvette'', ''[[Sciences et Avenir]]'', [[avril 2008]], page 68.</ref> :
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* le [[chocolat noir]] ;
* le [[chocolat noir]] ;
* l'[[ail cultivé|ail]] ;
* l'[[ail cultivé|ail]] ;
* le [[vin rouge]];
* le [[vin rouge]] ;
* le [[lait de chamelle]]
* le [[lait de chamelle]]
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Aucun de ces aliments n'a cependant de propriétés comparables à un réel médicament médical : la production et la vente de végétaux ayant des effets puissants sur l'organisme est d'ailleurs étroitement réglementée et surveillée en Europe, pour éviter les cas d'intoxication suite à une auto-médication amateure<ref>Les articles L.5132-1 à -9 et R.5150 à R.5219-15 du Code de la santé publique réglemente production, la fabrication, le transport, l'importation, l'exportation, la détention et la vente des substances et préparations vénéneuses à utilisation pharmaceutique, dont les stupéfiants, et ceci dans le cadre de la convention des Nations unies sur les stupéfiants du 21 mars 1961.</ref>.
Aucun de ces aliments n'a cependant de propriétés comparables à un réel médicament pharmaceutique : la production et la vente de végétaux ayant des effets puissants sur l'organisme est d'ailleurs étroitement réglementée et surveillée en Europe, pour éviter les cas d'intoxication à la suite d'une auto-médication amateure<ref>Les articles L.5132-1 à -9 et R.5150 à R.5219-15 du Code de la santé publique réglemente production, la fabrication, le transport, l'importation, l'exportation, la détention et la vente des substances et préparations vénéneuses à utilisation pharmaceutique, dont les stupéfiants, et ceci dans le cadre de la convention des Nations unies sur les stupéfiants du 21 mars 1961.</ref>.


== Critiques et pertinence des allégations nutritionnelles et de santé ==
== Critiques ==
{{Référence souhaitée|Ces [[néologisme]]s de l'[[industrie agroalimentaire]], issus directement du [[marketing}]]}, posent des problèmes éthiques et commerciaux, et souvent considérés par le docteur Laurent Chevallier comme une escroquerie<ref name="Laurent Chevallier"/>.
Le [[industrie agroalimentaire|marketing agroalimentaire]] fait passer de nombreux aliments en alicaments, en utilisant des [[allégations nutritionnelles et de santé]] et {{Référence souhaitée|des [[néologisme]]s issus directement du [[marketing]]}}, qui posent des problèmes éthiques et commerciaux, considérés par le docteur Laurent Chevallier comme relevant souvent de l'escroquerie<ref name="Laurent Chevallier"/> et dont la pertinence est questionnée.


Si de nombreux aliments peuvent apporter à l'organisme des éléments utiles à son bon fonctionnement, les propriétés des alicaments sont régulièrement exagérées par leurs promoteurs, et aucun de ces aliments n'a d'effets comparables à ceux d'un vrai médicament (ce qui est heureux, car cela le rendrait aussi dangereux en cas de mauvaise utilisation). Selon le docteur Daniel Rigaud, cardiologue et spécialiste en nutrition, sur le plan médical, il n’existe aucun aliment, naturel ou retravaillé, qui, « pris isolément, aurait une action thérapeutique sur l’évolution ou la survenue d’une maladie »<ref name="psychologies.com"/>, même si certains aliments (et surtout une alimentation saine et variée) peuvent « participer à la prévention ou au traitement de certaines maladies » (comme le sel iodé pour prévenir les affections thyroïdiennes)<ref name="psychologies.com"/>.
Si de nombreux aliments peuvent apporter à l'organisme des éléments utiles à son bon fonctionnement, les propriétés des alicaments sont régulièrement exagérées par leurs promoteurs, et aucun de ces aliments n'a d'effets comparables à ceux d'un vrai médicament (ce qui est heureux, car cela le rendrait aussi dangereux en cas de mauvaise utilisation){{refnec}}. Selon le docteur Daniel Rigaud, cardiologue et spécialiste en nutrition, sur le plan médical, il n'existe aucun aliment, naturel ou retravaillé, qui, « pris isolément, aurait une action thérapeutique sur l'évolution ou la survenue d'une maladie »<ref name="psychologies.com"/>, même si certains aliments (et surtout une alimentation saine et variée) peuvent « participer à la prévention ou au traitement de certaines maladies » (comme le [[sel iodé]] pour prévenir les affections thyroïdiennes)<ref name="psychologies.com"/>.


En 2002, l'étude [[SU.VI.MAX]], menée pendant 8 ans sur {{formatnum:13000}} patients, a conclu à une efficacité négligeable des compléments alimentaires sur le risque de cancer, de maladie cardiovasculaire ischémique ou de mortalité globale<ref>Arch Intern Med. 2004 Nov 22;164(21):2335-42.The SU.VI.MAX Study: a randomized, placebo-controlled trial of the health effects of antioxidant vitamins and minerals.Hercberg S, Galan P, Preziosi P, Bertrais S, Mennen L, Malvy D, Roussel AM, Favier A, Briançon S.</ref>.
En [[2002]], l'étude [[SU.VI.MAX]], menée pendant 8 ans sur {{formatnum:13000}} patients, a conclu à une efficacité négligeable de deux types de [[Complément alimentaire|compléments alimentaires]] (vitamines et minéraux antioxydants) sur trois paramètres médicaux majeurs (risque de cancer, de maladie cardiovasculaire ischémique ou de mortalité globale)<ref>Arch Intern Med. 2004 Nov 22;164(21):2335-42.The SU.VI.MAX Study: a randomized, placebo-controlled trial of the health effects of antioxidant vitamins and minerals. Hercberg S, Galan P, Preziosi P, Bertrais S, Mennen L, [[Denis Malvy]], Roussel AM, Favier A, Briançon S.</ref>.
Dans ces cas, la notion d'alicament est essentiellement un artefact de marketing<ref name="Laurent Chevallier">{{Lien web |langue=fr |auteur=Dr. Laurent Chevallier |url=https://www.lepoint.fr/invites-du-point/laurent-chevallier/l-escroquerie-des-alicaments-04-06-2012-1469034_424.php |titre=L'escroquerie des alicaments |jour=4 |mois=juin |année=2012 |site=[[Le Point]] }}. </ref> de promotion d'aliments, régimes, stages ou livres de diététique pas toujours sérieux<ref name="novethic.fr">{{Lien web |langue=fr |url=https://www.novethic.fr/lexique/detail/alicament.html |titre=Alicament |site=novethic.fr }}. </ref>.


Le docteur Laurent Chevallier, dans une tribune au ''[[Le Point|Point]]'', rappelle que ce n'est pas parce qu'un [[aliment industriel]] contient une molécule bénéfique (souvent en dose infinitésimale) qu'il est bénéfique dans son ensemble : l'ajout d'une molécule présentée comme bénéfique est surtout un argument pour mieux vendre un aliment par ailleurs [[Aliment ultratransformé|ultratransformé]] et globalement nocif pour l'organisme<ref name="Laurent Chevallier"/>. {{citation|Il est ahurissant de laisser encore certaines grandes entreprises agro-alimentaires s'autoproclamer défenseurs de la santé des consommateurs à des fins purement mercantiles}} dit-il<ref name="Laurent Chevallier"/>.
Ainsi, la notion d'alicament est essentiellement un artefact de marketing<ref name="Laurent Chevallier">{{Lien web |langue=fr |auteur=Dr. Laurent Chevallier |url=https://www.lepoint.fr/invites-du-point/laurent-chevallier/l-escroquerie-des-alicaments-04-06-2012-1469034_424.php |titre=L'escroquerie des alicaments |jour=4 |mois=juin |année=2012 |site=[[Le Point]] |éditeur= |citation= |en ligne le= |consulté le= }}. </ref>, visant à promouvoir des aliments, régimes, stages ou livres de diététique pas toujours sérieux<ref name="novethic.fr">{{Lien web |langue=fr |auteur= |url=https://www.novethic.fr/lexique/detail/alicament.html |titre=Alicament |jour= |mois= |année= |site=novethic.fr |éditeur= |citation= |en ligne le= |consulté le= }}. </ref>.


Les alicaments ne sont pas sans risque : l'observation du marché américain ou japonais montre que {{citation|vitamines et minéraux sont principalement introduits dans des aliments inutiles sur un plan nutritionnel ([[bonbon]]s, [[chewing-gum]] et [[entremets]]), au risque de favoriser leur consommation aux dépens des produits frais. Déjà, une étude réalisée par l'American Institute for Cancer Research indique que 60 % de la population préfère prendre des vitamines plutôt que d'amender son alimentation}}<ref name="psychologies.com"/>.
La notion d'alicament n'est pas reconnue par les pouvoirs publics, et la plupart des grandes marques comme [[Danone]] évitent de l'utiliser par crainte de tomber sous le coup de la loi pour allégation médicale frauduleuse : ils préfèrent utiliser la formule encore plus floue de « produits-santé » ; au Québec, il existe aussi une notion pas beaucoup plus claire d'« aliment fonctionnel »<ref name="psychologies.com">{{Lien web |langue=fr |auteur=Claire Leymerie |url=http://www.psychologies.com/Bien-etre/Prevention/Hygiene-de-vie/Articles-et-Dossiers/Alicament-aliment-miracle |titre=Alicament, aliment miracle ? |jour= |mois= |année= |site=psychologies.com |éditeur= |citation= |en ligne le= |consulté le= }}. </ref>. Au niveau européen, la directive 79/112/CEE interdit toute allégation relative à la maladie dans l’étiquetage ou la publicité des denrées alimentaires : la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) relève cependant de nombreuses fraudes chaque année<ref name="psychologies.com"/>. La Commission Européenne a également rendu un épais rapport interdisant un certain nombre d'{{citation|allégations santé}} frauduleuses<ref name="Laurent Chevallier"/>.


== Réglementation ==
Le docteur Laurent Chevallier, dans une tribune au ''[[Le Point|Point]]'', rappelle que ce n'est pas parce qu'un aliment industriel contient une molécule bénéfique (souvent en dose infinitésimale) que l'aliment est pour autant bénéfique dans son ensemble : le plus souvent, l'ajout d'une molécule présentée comme bénéfique sert surtout d'excuse marketing pour mieux vendre un aliment par ailleurs [[Aliment ultratransformé|ultra-transformé]] et globalement nocif pour l'organisme<ref name="Laurent Chevallier"/>. Ainsi, pour lui {{citation|Il est ahurissant de laisser encore certaines grandes entreprises agro-alimentaires s'autoproclamer défenseurs de la santé des consommateurs à des fins purement mercantiles}}<ref name="Laurent Chevallier"/>.
La communication d'allégations de santé doit prendre en compte le [[Droit de la consommation|droit des consommateurs]] de manger en toute sécurité, et de pouvoir cultiver leur santé en se basant sur des messages nutritionnels fiables, reste un grand défi scientifique. Elles {{Citation|doivent être basé[e]s sur des preuves fondées, objectives et appropriées après analyse de l'entièreté des données disponibles}} et pas simplement de celles émanant des laboratoires des entreprises mettant sur le marché ces aliments fonctionnels. De plus, ces preuves doivent être sous-tendues {{Citation|par des éléments convergents conformes aux exigences scientifiques en vigueur et plausibles en termes de mécanisme}}. Enfin, cette [[information nutritionnelle]] est rendue souvent chaotique aux yeux des consommateurs, en raison de la multiplicité des sources qui véhiculent des messages contradictoires ([[scientifique]]s, [[industrie agroalimentaire]], [[Autorité (homonymie)|autorités publiques]], [[média]]s, [[Organisation de consommateurs|organisations de consommateurs]]…)<ref>Marcel B. Roberfroid, {{opcit}}, p. 65</ref>.


La notion d'alicament n'est pas reconnue par les [[pouvoirs publics]], et la plupart des grandes marques comme [[Danone]] évitent de l'utiliser pour ne pas tomber sous le coup de la loi pour allégation médicale frauduleuse : ils préfèrent par exemple utiliser la formule encore plus floue de « produits-santé ».
Les alicaments ne sont pas sans risque : l’observation du marché américain ou japonais montre que {{citation|vitamines et minéraux sont principalement introduits dans des aliments inutiles sur un plan nutritionnel (bonbons, chewing-gum et entremets), au risque de favoriser leur consommation aux dépens des produits frais. Déjà, une étude réalisée par l’American Institute for Cancer Research indique que 60 % de la population préfère prendre des vitamines plutôt que d’amender son alimentation}}<ref name="psychologies.com"/>.


== Bibliographie ==
=== En Europe ===
Au niveau européen, la directive 79/112/CEE interdit toute allégation relative à la maladie dans l'étiquetage ou la publicité des denrées alimentaires. La Commission Européenne a également rendu un épais rapport interdisant un certain nombre d'{{citation|allégations santé}} frauduleuses<ref name="Laurent Chevallier"/>.
* Collectif, ''Guide des alicaments'', éd. Marabout, 2000

* Collectif, ''{{lien|lang=en|L'assiette vitalité|texte=L'assiette vitalité : Guide alimentaire anti-âge}}'', [[La Ligue nationale contre le cancer|Ligue nationale française contre le cancer]] et Fondation pour l'avancement de la recherche anti-âge, [[Quebecor]] World, [[Montréal]], [[Canada]] [[2002]] {{ISBN|2-9806527-1-7}}
En France, la [[direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes]] (DGCCRF) est chargée en France de la réglementation concernant la communication sur l'impact sanitaire de certaines denrées alimentaires, et relève de nombreuses fraudes chaque année<ref name="psychologies.com"/>. Celle-ci a alerté en 2021 sur les « allégations de santé non autorisées » concernant la {{citation|détox}}, qui ne correspond à aucun phénomène médical objectif et n'a fait l'objet d'aucune étude sérieuse concernant les produits qui s'en réclament (au même titre que d'autres intitulés pseudo-médicaux comme {{citation|superfruit}})<ref name="superfruit">{{Lien web |langue=fr |url=https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/06/21/jus-detox-superfruit-vitamines-la-dgccrf-met-en-garde-contre-les-allegations-nutritionnelles_6085070_3234.html |titre=Jus « détox », « superfruit », « vitamines » : la DGCCRF met en garde contre les allégations nutritionnelles |jour=21 |mois=juin |année=2021 |site=[[Le Monde]] }}. </ref>.
* Jean-Marc Darguère, ''Lexique des compléments alimentaires'', éd. Dangles, 2000

* Bernhard Kitous, ''Les Alicaments'', École Nationale de Santé Publique
=== Au Canada ===
* [[Richard Béliveau]], ''Les aliments contre le cancer'' - [[Éditions Trécarré]] - [[2005]] - {{ISBN|9782895682554}}
Au Québec existe la notion pas beaucoup plus claire d'« aliment fonctionnel »<ref name="psychologies.com">{{Lien web |langue=fr |auteur=Claire Leymerie |url=http://www.psychologies.com/Bien-etre/Prevention/Hygiene-de-vie/Articles-et-Dossiers/Alicament-aliment-miracle |titre=Alicament, aliment miracle ? |site=psychologies.com }}. </ref>.


== Références ==
== Références ==
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* Collectif, ''Guide des alicaments'', éd. Marabout, 2000
* Collectif, ''{{lien|lang=en|L'assiette vitalité|texte=L'assiette vitalité : Guide alimentaire anti-âge}}'', [[Ligue nationale contre le cancer|Ligue nationale française contre le cancer]] et Fondation pour l'avancement de la recherche anti-âge, [[Québecor]] World, [[Montréal]], [[Canada]] [[2002]] {{ISBN|2-9806527-1-7}}
* Jean-Marc Darguère, ''Lexique des compléments alimentaires'', éd. Dangles, 2000
* Bernhard Kitous, ''Les Alicaments'', École Nationale de Santé Publique
* [[Richard Béliveau]], ''Les aliments contre le cancer'' - [[Éditions Trécarré]] - [[2005]] - {{ISBN|9782895682554}}
* {{Ouvrage|auteur1=Marcel B. Roberfroid, Véronique Coxam, Nathalie M. Delzenne|titre=Aliments fonctionnels|éditeur=Lavoisier|année=2008|pages totales=1088|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|Le9gAQAAQBAJ}}}}

=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
{{colonnes|nombre=2|
* [[Aliments anticancer]]
* [[Aliments anticancer]]
* [[Probiotique]]
* [[Probiotique]]s
* [[Isoflavone]]s
* [[Saponine]]s
* [[Fermentation lactique]]
* [[Micronutriment]]s
* [[Antioxydant]]s
}}


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* [http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Nouvelles/Fiche.aspx?doc=2005120900 Les aliments fonctionnels : vraiment utiles?]
* [http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Nouvelles/Fiche.aspx?doc=2005120900 Les aliments fonctionnels : vraiment utiles?]
{{Liens}}


{{Portail|Gastronomie}}
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Dernière version du 28 novembre 2023 à 17:29

Les carottes bénéficient d'une image de légume santé et pourraient être considérées comme un aliment fonctionnel, selon des études scientifiques mettant en évidence leur richesse en caroténoïdes et en fibres. « Les carottes pourpres, par la présence des anthocyanes en complément parfois des caroténoïdes, présentent une capacité antioxydante bien supérieure aux carottes habituellement consommées[1] ».

Un aliment fonctionnel (traduction du terme anglais « functional food), appelé aussi alicament (terme notamment utilisé en France)[2] ou médicaliment, désigne un aliment qui contient des « composants classifiés ou non comme nutriments, reconnus capables d'influencer une grande diversité de fonctions impliquées dans l'état de bien-être et de santé ou la réduction du risque des maladies[3] ». C'est une notion récente issue d'une tendance à exiger de l'alimentation des qualités nutritionnelles ou organoleptiques, mais aussi d'amélioration de la santé. Pour Roberfroid ( 2000), « un aliment est dit « fonctionnel » s’il possède des effets sur une ou plusieurs fonctions cibles du corps, au-delà de ses atouts nutritifs, améliorant l’état de bien-être ou l’état de santé des individus, ou réduisant le risque d’une maladie »[4].

Il peut s'agir d'aliments naturels contenant certaines molécules actives ou d'aliments industriels artificiellement enrichis en ingrédients (composés appelés nutraceutiques ou nutriceutiques, désignant les substance extraites d'un aliment et vendues sous forme de supplément, appelés aussi ingrédients fonctionnels)[2].

Alicaments industriels

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Ces allégations santé provenant de l'industrie alimentaire, il est permis de douter de leur véracité, notamment concernant la supériorité de ces aliments sur d'autres plus classiques (un simple yaourt ou un fromage). Le plus souvent, les substances vantées dans le produit sont de simples inventions de publicitaires et les formules chimiques savantes qui les nomment sont de simples marques déposées aux noms fantaisistes (comme les « bifidofibres » du sucre Beghin Say)[5]. Et, même si des études scientifiques aboutissant à la fabrication d'alicaments sont sérieuses et bien établies, les alicaments échappent à tous les contrôles que subit un médicament avant et après sa mise sur le marché.

Alicaments naturels

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Certains végétaux seraient des alicaments naturels : c'est le principe de l'herboristerie et de la phytothérapie, deux sous-disciplines de la pharmacie impliquant une formation et une réglementation strictes[précision nécessaire].

Mais outre la notion d'« ingrédient santé », il existe une seconde définition de l'alicament. L'alicament serait un aliment « totum » doté d'une allégation scientifique globale reconnue par un organisme officiel de sécurité alimentaire ou sanitaire[6]. Ainsi l'AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) a reconnu en 2004 l'allégation concernant les effets bénéfiques du jus de canneberge sur les infections urinaires[7], avis qui a été depuis contredit en 2009 par l'AESA, qui, dans le cadre de la révision de toutes les allégations de santé (Règlement 1924/2006), a jugé que les études fournies n'étaient pas suffisantes pour étayer les allégations de santé concernant les infections urinaires pour les produits de l'entreprise Ocean Spray (Ocean Spray cranberry drinks et Cramberries séchées et sucrées Craisins) portions contenant typiquement 80 mg de proanthocyanidine[précision nécessaire][8],[9].

L'ail et son principal principe actif : l'allicine, et ses éléments soufrés sont aussi censés faciliter grandement la respiration chez les asthmatiques grâce à leurs propriétés mucolytiques (permettant de fluidifier le mucus) et mucocynétiques (permettant d'expectorer le mucus)[réf. nécessaire].

À titre d'illustration, Richard Béliveau cite[10] :

Aucun de ces aliments n'a cependant de propriétés comparables à un réel médicament pharmaceutique : la production et la vente de végétaux ayant des effets puissants sur l'organisme est d'ailleurs étroitement réglementée et surveillée en Europe, pour éviter les cas d'intoxication à la suite d'une auto-médication amateure[11].

Critiques et pertinence des allégations nutritionnelles et de santé

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Le marketing agroalimentaire fait passer de nombreux aliments en alicaments, en utilisant des allégations nutritionnelles et de santé et des néologismes issus directement du marketing[réf. souhaitée], qui posent des problèmes éthiques et commerciaux, considérés par le docteur Laurent Chevallier comme relevant souvent de l'escroquerie[12] et dont la pertinence est questionnée.

Si de nombreux aliments peuvent apporter à l'organisme des éléments utiles à son bon fonctionnement, les propriétés des alicaments sont régulièrement exagérées par leurs promoteurs, et aucun de ces aliments n'a d'effets comparables à ceux d'un vrai médicament (ce qui est heureux, car cela le rendrait aussi dangereux en cas de mauvaise utilisation)[réf. nécessaire]. Selon le docteur Daniel Rigaud, cardiologue et spécialiste en nutrition, sur le plan médical, il n'existe aucun aliment, naturel ou retravaillé, qui, « pris isolément, aurait une action thérapeutique sur l'évolution ou la survenue d'une maladie »[5], même si certains aliments (et surtout une alimentation saine et variée) peuvent « participer à la prévention ou au traitement de certaines maladies » (comme le sel iodé pour prévenir les affections thyroïdiennes)[5].

En 2002, l'étude SU.VI.MAX, menée pendant 8 ans sur 13 000 patients, a conclu à une efficacité négligeable de deux types de compléments alimentaires (vitamines et minéraux antioxydants) sur trois paramètres médicaux majeurs (risque de cancer, de maladie cardiovasculaire ischémique ou de mortalité globale)[13]. Dans ces cas, la notion d'alicament est essentiellement un artefact de marketing[12] de promotion d'aliments, régimes, stages ou livres de diététique pas toujours sérieux[14].

Le docteur Laurent Chevallier, dans une tribune au Point, rappelle que ce n'est pas parce qu'un aliment industriel contient une molécule bénéfique (souvent en dose infinitésimale) qu'il est bénéfique dans son ensemble : l'ajout d'une molécule présentée comme bénéfique est surtout un argument pour mieux vendre un aliment par ailleurs ultratransformé et globalement nocif pour l'organisme[12]. « Il est ahurissant de laisser encore certaines grandes entreprises agro-alimentaires s'autoproclamer défenseurs de la santé des consommateurs à des fins purement mercantiles » dit-il[12].

Les alicaments ne sont pas sans risque : l'observation du marché américain ou japonais montre que « vitamines et minéraux sont principalement introduits dans des aliments inutiles sur un plan nutritionnel (bonbons, chewing-gum et entremets), au risque de favoriser leur consommation aux dépens des produits frais. Déjà, une étude réalisée par l'American Institute for Cancer Research indique que 60 % de la population préfère prendre des vitamines plutôt que d'amender son alimentation »[5].

Réglementation

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La communication d'allégations de santé doit prendre en compte le droit des consommateurs de manger en toute sécurité, et de pouvoir cultiver leur santé en se basant sur des messages nutritionnels fiables, reste un grand défi scientifique. Elles « doivent être basé[e]s sur des preuves fondées, objectives et appropriées après analyse de l'entièreté des données disponibles » et pas simplement de celles émanant des laboratoires des entreprises mettant sur le marché ces aliments fonctionnels. De plus, ces preuves doivent être sous-tendues « par des éléments convergents conformes aux exigences scientifiques en vigueur et plausibles en termes de mécanisme ». Enfin, cette information nutritionnelle est rendue souvent chaotique aux yeux des consommateurs, en raison de la multiplicité des sources qui véhiculent des messages contradictoires (scientifiques, industrie agroalimentaire, autorités publiques, médias, organisations de consommateurs…)[15].

La notion d'alicament n'est pas reconnue par les pouvoirs publics, et la plupart des grandes marques comme Danone évitent de l'utiliser pour ne pas tomber sous le coup de la loi pour allégation médicale frauduleuse : ils préfèrent par exemple utiliser la formule encore plus floue de « produits-santé ».

Au niveau européen, la directive 79/112/CEE interdit toute allégation relative à la maladie dans l'étiquetage ou la publicité des denrées alimentaires. La Commission Européenne a également rendu un épais rapport interdisant un certain nombre d'« allégations santé » frauduleuses[12].

En France, la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) est chargée en France de la réglementation concernant la communication sur l'impact sanitaire de certaines denrées alimentaires, et relève de nombreuses fraudes chaque année[5]. Celle-ci a alerté en 2021 sur les « allégations de santé non autorisées » concernant la « détox », qui ne correspond à aucun phénomène médical objectif et n'a fait l'objet d'aucune étude sérieuse concernant les produits qui s'en réclament (au même titre que d'autres intitulés pseudo-médicaux comme « superfruit »)[16].

Au Québec existe la notion pas beaucoup plus claire d'« aliment fonctionnel »[5].

Références

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  1. Muriel Jacquot, Philippe Fagot et Andrée Voilley, La couleur des aliments, Lavoisier, (lire en ligne), p. 456
  2. a et b « Qu'est-ce qu'un aliment fonctionnel? », sur passeportsante.net, .
  3. Marcel B. Roberfroid, Véronique Coxam, Nathalie M. Delzenne, Aliments fonctionnels, Lavoisier, , p. 55
  4. Roberfroid M.B (2000). A European consensus of scientific concepts of functional foods. Nutr, 16(7-8):689-691.
  5. a b c d e et f Claire Leymerie, « Alicament, aliment miracle ? », sur psychologies.com.
  6. « Chercher et trouver un thÃrapeute en mÃdecine douce : DÃtail des catÃgories sur votre-medecine-douce.com », sur votre-medecine-douce.com (consulté le ).
  7. AFSSA avis n° 2003-SA-352, lire en ligne
  8. (en) EFSA Journal - Ocean Spray Cranberry Products® and urinary tract infection in women
  9. (en) EFSA Journal - Scientific Opinion on the substantiation of health claims related to proanthocyanidins from cranberry
  10. Au Québec, la nutraceutique sort de l'éprouvette, Sciences et Avenir, avril 2008, page 68.
  11. Les articles L.5132-1 à -9 et R.5150 à R.5219-15 du Code de la santé publique réglemente production, la fabrication, le transport, l'importation, l'exportation, la détention et la vente des substances et préparations vénéneuses à utilisation pharmaceutique, dont les stupéfiants, et ceci dans le cadre de la convention des Nations unies sur les stupéfiants du 21 mars 1961.
  12. a b c d et e Dr. Laurent Chevallier, « L'escroquerie des alicaments », sur Le Point, .
  13. Arch Intern Med. 2004 Nov 22;164(21):2335-42.The SU.VI.MAX Study: a randomized, placebo-controlled trial of the health effects of antioxidant vitamins and minerals. Hercberg S, Galan P, Preziosi P, Bertrais S, Mennen L, Denis Malvy, Roussel AM, Favier A, Briançon S.
  14. « Alicament », sur novethic.fr.
  15. Marcel B. Roberfroid, op. cit., p. 65
  16. « Jus « détox », « superfruit », « vitamines » : la DGCCRF met en garde contre les allégations nutritionnelles », sur Le Monde, .

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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