These Benallal
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THESE
pour obtenir le grade de
le 15 décembre 2008
Jury
Le problème de dépôt de paraffine dans les puits et les conduites de transport pétrolières
monopolise des moyens humains et économiques conséquents. Sa prédiction s'avère donc
importante pour optimiser sa gestion. Nous proposons une approche nouvelle pour mieux
prédire la formation de ce dépôt: le brut paraffinique se comporte comme un matériau
viscoplastique dont les paramètres dépendent de la température et de la teneur en cristaux de
paraffine. Ainsi le dépôt résulte d'une combinaison subtile entre les effets thermiques,
hydrodynamiques, thermodynamiques, la diffusion de la paraffine et la rhéologie du brut. Des
essais expérimentaux ont été menés dans une conduite cylindrique sur la boucle Lyre a l’ IFP-
Lyon. Les résultats obtenus confortent la pertinence de l'approche proposée. Nous avons
conçu également un dispositif expérimental "Couette Cylindrique" simple et économe capable
de rendre compte des principaux mécanismes de dépôt. Les premiers résultats montrent que ce
dispositif est adapté pour reproduire les dépôts de paraffine et peut fournir certains paramètres
essentiels à la simulation numérique tel que le coefficient de diffusion.
Nous avons développé un modèle numérique prenant en compte les phénomènes physiques
mis en évidence expérimentalement : écoulement d’un matériau viscoplastique
thermodépendant couplé à la diffusion Fickienne de paraffine. Ce modèle est capable de
rendre compte qualitativement de la construction progressive du dépôt en conduite mais les
temps de calcul sont très importants. Nous avons adapté ce modèle à la géométrie de Couette
développée expérimentalement. Les temps de calcul sont alors beaucoup plus raisonnables et
leurs résultats sont en accord avec ceux des premières expériences.
Abstract
The wax deposit issue in wells and pipelines is very expensive to oil companies. That is why
the prediction of this wax deposit is critical to optimize its management. In this thesis, it is
proposed that the deposit could result from flow patterns caused by rheological factors.
Indeed, thermodynamic properties create the onset of wax crystals, and diffusion mechanisms
result in the displacement and accumulation of wax in a particular region. This results in
rheological changes that modify the flow pattern and create an unyielded region near the wall,
namely a wax deposit. To highlight this process, experimental tests of wax deposition were
performed on the Lyre loop at IFP-Lyon . Results show some insights that confirm our
approach. A more simple and efficient experimental facility "Cylindrical Couette" was
designed. This tool is able to reproduce the main deposit mechanisms and can supply some
critical parameters as diffusion coefficient.
In parallel we develop a numerical model accounting for the main physical phenomena which
have been observed experimentally: viscoplastic temperature dependent material coupled with
a Fick diffusion equation for wax. This model captures qualitatively the progressive built up
of a wax deposit in a pipeline but the computation time is very important. We adapt this
numerical model to the simplified Couette geometry which has been experimentally
developed. The computation time is more reasonable and the results are in agreement with the
preliminary experimental results.
Remerciements
Un grand merci aux techniciens de R044 qui m’ont aidé dans mes travaux de thèse en
particulier Mr Philippe LEMINTER pour son aide concernant la rhéologie et l’unité 433,
Mr Guillaume AVRIL et Mr Eric PEURIERE concernant les essais de la boucle LYRE et
Mr Jean pierre WILD pour la mise en place de l’unité 433. Quelle chance pour l’IFP de vous
avoir.
Je sais également gré aux ingénieurs qui m’ont aidé à tous les niveaux à savoir Anthony
WACHS, Guillaume VINAY, Myriam DARBOURET, Philippe PAGNIER, Thierry
PALERMO, Patrick GATEAU, Isabelle HENAUT, Yannick PEYSSON, Timothée
PERDRIZET, Françoise BRUCY et Véronique HENRIOT.
Fred, Pascal, Denis, Jean Marc, Didier, Francis, Norbert, Christian, Vincent, Yann, Philippe,
Geoffrey, Arnaud, Jacqueline, Serge, Thierry, Mickael et Daniel merci pour votre bonne
humeur et pour vos débats passionnés mais néanmoins très intéressants.
Je remercie également le personnel et les thésards du CEMEF avec qui j’ai passé un agréable
séjour au début de ma thèse. Je remercie plus particulièrement Marie-Françoise
GUENEGAN-VIDAL qui m’a rendu les démarches administratives faciles.
Je remercie tous mes amis et ma famille qui m’ont rendu la vie à coté de la thèse agréable (je
ne citerai pas de nom afin de n’oublier personne).
Enfin, j’exprime ma gratitude aux membres du jury qui ont accepté d’évaluer cette thèse.
A la mémoire de ma mère : GHARIBA-BENALLAL Fatima
Table des matières
1
CHAPITRE IV: MODÈLE THERMOMÉCANIQUE DES DÉPÔTS DE PARAFFINES ET
RÉSOLUTION NUMÉRIQUE. ......................................................................................................... 69
2
VI.3.2 PROTOCOLE OPÉRATOIRE RETENU POUR LES ESSAIS DE FORMATION DES DÉPÔTS DE
PARAFFINE DANS LA GÉOMÉTRIE "COUETTE CYLINDRIQUE". ............................................................. 136
VI.3.3 RÉSULTATS ET DISCUSSIONS ................................................................................................. 137
VI.3.4 CONCLUSION ......................................................................................................................... 149
VI.4 ANALYSE COMPLÉMENTAIRE À L'AIDE DU MODÈLE NUMÉRIQUE DE "COUETTE
CYLINDRIQUE" MONODIMENSIONNEL. ............................................................................................. 150
VI.4.1 LE MODÈLE............................................................................................................................ 150
VI.4.2 CAS DE BASE: ÉCOULEMENT D'UN FLUIDE DE BINGHAM DANS UNE GÉOMÉTRIE "COUETTE
CYLINDRIQUE" AVEC UN MÉCANISME D'ENRICHISSEMENT :................................................................ 153
VI.4.3 ÉTUDE PARAMÉTRIQUE:........................................................................................................ 159
VI.4.4 CONFRONTATIONS DES RÉSULTATS NUMÉRIQUES AVEC L'EXPÉRIENCE:.............................. 169
VI.5 CONCLUSION........................................................................................................................... 173
3
4
Liste des figures:
5
Fig- III-8: Dépôts de paraffine obtenus: à gauche au bout de 72 heures à une température de 275 K , à
droite au bout de 72 heures à une température de 283 K............................................................... 56
Fig- III-9:Récupération du dépôt obtenu à gauche :au bout de 24 heures à une température de 283 K , à
droite : au bout de 72 heures à une température de 283 K et en bas : au bout de 72 h à une
température de 275 K. ................................................................................................................... 57
Fig- III-10:Évolution temporelle de la valeur moyenne des pertes de charge linéiques mesurées par
PDT5 et PDT6 pour le test "test-72h-275K" sur 24 heures........................................................... 60
Fig- III-11: Influence du gradient de température sur l'épaisseur du dépôt........................................... 60
Fig- III-12:Évolution temporelle de la température moyenne du brut à la sortie de la manchette et de la
température moyenne de l'eau glycolée à la sortie de l'échangeur pour le test-72h-275K. ........... 61
Fig- III-13:Fraction de cristaux de paraffine dans les dépôts obtenus lors des tests test_72h_275K en
bleu et test_24h_283K en rose. En rouge , c'est les cristaux de paraffine présents dans le brut HK.
....................................................................................................................................................... 63
Fig- III-14:Courbes d'écoulement du brut HK et de l'échantillon "40%Dépôt-60%HK" à 283K. ........ 64
Fig- III-15:Schéma de principe de la boucle LYRE avec les différentes zones. ................................... 66
Fig- III-16:(a) Schéma de principe de la manchette paraffine, (b) photo de la manchette paraffine, (c)
et (d) positions des capteurs de température dans la section démontable et (e) cellule "témoin".67
Fig- IV-1: Bilan de matière des normales paraffines dissoutes. ............................................................ 72
Fig- IV-2:Géométrie et conditions aux limites du domaine d’écoulement. .......................................... 76
Fig- IV-3:Disposition décalée des inconnues du problème sur le maillage. ......................................... 87
Fig- IV-4:Volume de contrôle Ω Cl ....................................................................................................... 88
Fig- IV-5:Évolution de l'épaisseur dépôt de paraffine dans la conduite en fonction du temps. ........... 92
Fig- IV-6:Évolution de la vitesse axiale à différentes sections à l'instant t=70 heures . ...................... 94
Fig- IV-7:Évolution de la pression le long de la conduite à différents instants..................................... 94
Fig- V-1: Schéma représentant la nature de la couche fluide près de la paroi à différents instants. ..... 98
Fig- V-2:Mode opératoire pour la préparation de l'échantillon enrichi en dépôt de paraffine. ........... 100
Fig- V-3:Courbes obtenues par DSC pour le brut HK. ....................................................................... 102
Fig- V-4: Évolution de la fraction cristallisée des normales paraffines de "EchHK1" en % masse en
fonction de la température. .......................................................................................................... 103
Fig- V-5: Schéma de principe de la géométrie utilisée pour la mesure rhéologique........................... 104
Fig- V-6: Protocole d'essai pour obtenir une courbe d'écoulement avec un refroidissement dynamique.
..................................................................................................................................................... 105
Fig- V-7: Exemple de viscosité apparente fonction de la température obtenu durant la phase II du
protocole...................................................................................................................................... 106
Fig- V-8: Exemple de courbe d'écoulement obtenu durant la phase IV du protocole. ........................ 106
Fig- V-9: Reproductibilité de l'évolution de la fraction cristallisée des normales paraffines en fonction
de la température pour l'échantillon EchHK2.............................................................................. 109
Fig- V-10: Évolution de la fraction cristallisée des normales paraffines en fonction de la température
pour tous les échantillons. ........................................................................................................... 109
Fig- V-11: Évolution de la fraction cristallisée des normales paraffines en fonction de l'enrichissement
pour différentes températures ...................................................................................................... 110
Fig- V-12: Évolution de la fraction cristallisée des normales paraffines en fonction de la température
pour un enrichissement nul......................................................................................................... 111
Fig- V-13: Évolution du coefficient directeur de l'équation en fonction de la température. ............... 111
Fig- V-14: Évolution de la viscosité apparente pour les quatre échantillons. ..................................... 115
Fig- V-15: Reproductibilité de la viscosité apparente pour l'échantillon EchHK4. ............................ 115
Fig- V-16: Courbes d'écoulement des quatre échantillons à 275 K..................................................... 117
6
Fig- V-17: Courbes d'écoulement des quatre échantillons à 283K...................................................... 117
Fig- V-18: Évolution de la contrainte seuil vs de la quantité de cristaux cristallisée à 283 K et à 275 K.
..................................................................................................................................................... 118
Fig- V-19: Évolution du coefficient A(Θ) en fonction de la température. .......................................... 119
Fig- V-20: Évolution de la viscosité plastique en fonction de la quantité de cristaux cristallisée à 283
K. ................................................................................................................................................. 119
Fig- V-21: Évolution de la viscosité plastique en fonction de la quantité de cristaux cristallisée à 275
K. ................................................................................................................................................. 120
Fig- VI-1: Schéma de principe d'une boucle de laboratoire. ............................................................... 124
Fig- VI-2: Schéma de principe de l'appareil "Coldfinger" tiré de Jennings et al. 2005....................... 125
Fig- VI-3: Schéma de principe de l'appareil couette cylindrique tiré de Zougari et al. 2006.............. 125
Fig- VI-4: visualisations des instabilités successives de l’écoulement entre cylindres coaxiaux. A
gauche : instabilité primaire en ” rouleaux ”. A droite : rouleaux sinusoïdaux. Photos : Burkhalter
et Koschmieder............................................................................................................................ 127
Fig- VI-5: Diagramme des états observés dans un montage de couette cylindrique en co et en contra
rotation. Ro et Ri sont respectivement les nombres de Reynolds liés à la rotation du cylindre
extérieur et du cylindre intérieur . ............................................................................................... 129
Fig- VI-6:Vue globale de l'unité 433................................................................................................... 130
Fig- VI-7: Vue schématique des principales parties de l'unité T433................................................... 131
Fig- VI-8:Cellule du dépôt .................................................................................................................. 132
Fig- VI-9:Photos des deux systèmes de pesée..................................................................................... 133
Fig- VI-10:Système de chargement /déchargement des fluides. ......................................................... 133
Fig- VI-11: Comparaison de l'évolution de l'épaisseur du dépôt pour les tests "Test-1" et "Test-1-
bis"............................................................................................................................................... 139
Fig- VI-12:Exemples de dépôts de paraffine. À gauche un dépôt obtenu à la première heure et, à
droite, obtenu aprés une dizaines d'heures................................................................................... 143
Fig- VI-13: Évolution temporelle de l'épaisseur du dépôt pour le test "Test-1-bis" ........................... 144
Fig- VI-14: Évolution temporelle de l'épaisseur du dépôt pour le test "Test-2"................................. 146
Fig- VI-15: Courbe maîtresse de l'évolution temporelle de l'épaisseur du dépôt pour les tests "Test-1-
bis" et "Test-2". ........................................................................................................................... 147
Fig- VI-16: Courbes d'écoulement des dépôts de paraffine récupérés lors du test "Test-1-bis" au bout
de 0.5h,4h,9h et 15h à 279K........................................................................................................ 149
Fig- VI-17:Géométrie de CC et conditions aux limites....................................................................... 152
Fig- VI-18: Évolution de la température dans l'entrefer à différents instants...................................... 154
Fig- VI-19: Évolution de la concentration de la paraffine dissoute dans l'entrefer à différents instants.
..................................................................................................................................................... 155
Fig- VI-20: Évolution de la concentration de la paraffine cristallisée dans l'entrefer à différents
instants......................................................................................................................................... 156
Fig- VI-21: Évolution de la vitesse angulaire dans l'entrefer à différents instants. ............................. 157
Fig- VI-22: Évolution temporelle de l'épaisseur du dépôt dans l'entrefer. .......................................... 158
Fig- VI-23: Évolution de la contrainte seuil dans l'entrefer à différents instants. ............................. 158
Fig- VI-24: Comparaison de l'épaisseur du dépôt avec l'isotherme de cristallisation commençante. 159
Fig- VI-25: Évolution de l'épaisseur du dépôt de paraffine dans l'entrefer ......................................... 160
pour différentes vitesses angulaires..................................................................................................... 160
Fig- VI-26: Corrélations de l'évolution temporelle du dépôt de paraffine dans l'entrefer ................. 161
Fig- VI-27: Évolution temporelle du dépôt de paraffine dans l'entrefer pour différentes température de
paroi du cylindre extérieur .......................................................................................................... 163
Fig- VI-28: L'influence du coefficient de diffusion sur l'évolution de l'épaisseur du dépôt................ 165
7
Fig.- VI-29:l'évolution des cristaux de paraffine dans l'entrefer pour les différentes simulations. ..... 166
Fig.- VI-30:Relation entre le temps caractéristique et le coefficient de diffusion............................... 166
Fig- VI-31: L'influence de la contrainte seuil sur l'évolution de l'épaisseur du dépôt......................... 167
Fig.- VI-32:Comparaison entre l'évolution de l'épaisseur du dépôt expérimentale et numérique....... 170
Fig.- VI-33:Comparaison entre l'évolution de l'épaisseur du dépôt expérimentale et numérique avec
une tension seuil ajustée. ............................................................................................................. 171
Fig.- VI-34:Comparaison entre l'évolution de l'épaisseur du dépôt expérimentale (test-1-bis) et
numérique avec une tension seuil ajustée.................................................................................... 172
Fig.- VII-1:Exemple de courbe d'écoulement montrant l'effet du gaz dissout dans un brut paraffinique
tiré une note technique interne IFP de Isabelle Hénaut. .............................................................. 178
Figure 1: Ecoulement newtonien isotherme stationnaire. En rose, la vitesse de rotation simulée et en
bleue la vitesse de rotation analytique. Le rayon du cylindre intérieur, a=0.025 m et celui du
cylindre extérieur, b=0.03 m et Ωe=53 rad/s. .............................................................................. 183
Figure 2: Evolution de la température dans l'entrefer . En rose la température analytique et en bleue la
température simulée. Θa=303 K, Θb=296 K. .............................................................................. 184
Figure 3: Résolution graphique de l'équation 3-6. Graphiquement Ry=0.0333m................................ 186
Figure 4: Ecoulement d'un fluide de Bingham avec, τy=100 Pa,µ=1 Pa s et Ωin=10 rad/s. Une zone
morte apparait à Ry=0.033 m. En blue la solution analytique et en rouge la solution numérique.
..................................................................................................................................................... 187
8
CHAPITRE I: INTRODUCTION GÉNÉRALE.
9
Temperature) est la température à laquelle les premiers cristaux de paraffines apparaissent. La
température de gel (PP: Pour Point) est la limite à laquelle le brut passe de l'état fluide à un
état gel solide sous certaines conditions. Pour se fixer les idées, les ordres de grandeurs de ces
deux températures sont présentés dans le tableau I-1 pour différents pétroles bruts.
C'est au cours du transport de ces bruts par pipeline que des problèmes peuvent apparaître. Ils
sont de deux types: le premier est le passage à l'état gel du brut en phase d'arrêt à cause de la
température de l'environnement dans lequel le pipeline est soumis si elle est inférieure à PP.
Lors du redémarrage, il se pourrait que la pression disponible dans la conduite ne soit pas
suffisante pour casser le gel formé. Le second problème concerne l'apparition de dépôts de
paraffine lors de l'écoulement lorsque la température de l'environnement où le brut est
transporté est inférieure à la Θ CC . Ces dépôts engendrent l'obstruction partielle ou totale des
conduites, induisant ainsi un ralentissement voire un arrêt de la production. La méthode
d'entretien de base consiste à envoyer des racleurs dans la conduite pour chasser ces dépôts.
Pour cela, on équipe chaque extrémité de la conduite d'une gare de racleurs, en amont pour
introduire le racleur dans la conduite, en aval pour ressortir ce racleur, le racleur s'étant
déplacé sous la poussée de l'effluent produit. Le rythme de passage des racleurs est très
10
variable d'un champ à l'autre en fonction de l'importance des dépôts à savoir de plusieurs fois
par jour à une fois par mois. La compagnie Lasmo (UK) a abandonné en 1994 une plateforme
de 100 millions de dollars à cause de ce phénomène récurant, qui a rendu l'exploitation de ce
champ non rentable. Des produits chimiques type dispersants, l'isolation thermique des
conduites ou encore le chauffage électrique des conduites, sont également utilisés pour y
remédier. Le pétrole brut extrait de l'ouest du Kazakhstan est transporté par pipeline bien isolé
sur 1400 km jusqu' aux raffineries de Samara en Russie avec des stations de chauffage tout
les 100 km.
Le dimensionnement des pipelines ainsi que les dépenses engendrées pour palier aux
problèmes des dépôts de paraffine pourraient être optimisés à l’aide d’un outil numérique
capable de "prédire", le plus précisément possible, la quantité de dépôt formé, son
vieillissement, le lieu de sa formation ainsi que son évolution au cours du temps. C'est
pourquoi des travaux sont menés afin d'améliorer la connaissance de ce phénomène. Ces
travaux ne sont pas nouveaux; plusieurs publications ont présenté des modèles de prédiction
et les mécanismes identifiés responsables de la croissance du dépôt dans ces articles sont
largement débattus. Malheureusement, ces prédictions ont tendance à surestimer la quantité de
paraffines solidifiées. Si le caractère non newtonien de ce type de brut est souvent utilisé dans
le problème de la gestion des transitoires (arrêt et remise en écoulement), il n'est en revanche
que très peu associé, à notre connaissance, à la problématique du dépôt. C'est l'idée que nous
proposons de développer dans cette thèse.
Cette thèse est constituée de six chapitres. Nous détaillons dans le chapitre II, les travaux de
référence effectués ces trente dernières années sur la compréhension de la phénoménologie de
la formation du dépôt. Dans un premier temps nous nous sommes intéressés brièvement à
décrire quelques caractéristiques d'un brut paraffinique et préciser quelques définitions. Le
second paragraphe est consacré à la mise en évidence des mécanismes éventuellement
responsables de la formation du dépôt de paraffines en conduite tels que proposés dans la
littérature. Nous faisons ensuite un détour par l'autre problème lié au transport d'un brut
paraffinique: la gélification lors des phases d'arrêt de l'écoulement. Nous verrons comment ce
problème est abordé par des considérations rhéologiques. Nous concluons cette revue
bibliographique par la description de l'approche que nous proposons, issue des précédents
paragraphes, pour expliquer et modéliser la construction d'un dépôt de paraffine en conduite.
11
Une campagne d'essai dans une boucle réduite à l'échelle semi industrielle appelée LYRE est
présentée dans le chapitre III. Nous avons testé un brut paraffinique nommé HK à deux
gradients de températures différents. Les objectifs recherchés par cette compagne d'essai sont
d'identifier les principales caractéristiques de la construction des dépôts de paraffine qui
peuvent confirmer ou infirmer la pertinence de l'approche proposée dans le chapitre II.
La formulation mathématique de la nouvelle approche proposée est écrite dans le chapitre IV.
Dans un premier temps, les équations qui régissent l'écoulement d'un fluide viscoplastique
associé à un enrichissement local en particules paraffiniques sont décrites. Nous nous
intéressons à la résolution numérique de ces équations. Nous utilisons le code Starwacs2D
développé par G. Vinay, 2005 comme structure de base et nous l'adaptons à notre
problématique des dépôts de paraffine. Nous portons un intérêt particulier à l'implémentation
de la loi de comportement du brut et à la prise en compte du mécanisme d'enrichissement
grâce à une équation de Fick. Ensuite, nous présentons succinctement les méthodes
numériques et les algorithmes implémentés dans ce code, nous précisons les modifications
apportées au code StarWaCS2D pour traiter la problématique des dépôts de paraffine en
conduite.
L'utilisation du code "StarWaCS2D" modifié pour prédire l'évolution de l'épaisseur du dépôt
de paraffine en fonction du temps dans une conduite axisymétrique nécessite la détermination
de certains paramètres du brut et en particulier la contrainte seuil, τ 0 , la viscosité plastique µ ,
la quantité de cristaux de paraffine C s et la température de cristallisation commençante Θ CC .
Pour ce faire, nous proposons dans le chapitre V une analyse thermodynamique et rhéologique
du brut HK, déjà utilisé dans la compagne d'essai proposée dans le chapitre III, afin de
déterminer ses paramètres. Nous détaillons les procédés expérimentaux pour les déterminer.
Puis nous tentons de trouver des corrélations pour ces trois paramètres.
Le chapitre VI est dédié au dispositif expérimental de laboratoire "Couette Cylindrique"
conçu au cours de la thèse et permettant de recréer des dépôts de paraffine dans des conditions
aussi réalistes que possible. Une étude préliminaire est menée afin de nous affranchir des
phénomènes supplémentaires, qui n'existent pas dans des conditions de conduite, susceptibles
d'influencer la création des dépôts. Ensuite une description précise du dispositif est proposée.
Puis, nous avons mené une compagne d'essai avec le brut HK pour étudier l'évolution du
dépôt de paraffine au cours de temps pour deux gradients de températures différents. Nous
détaillons les résultats obtenus. Dans ce chapitre, une analyse numérique complémentaire a
12
été effectuée afin d'aider à l'interprétation des résultats. En effet, un code de calcul numérique
"Couette Cylindrique" monodimensionnel se basant sur l'approche phénoménologique
proposée dans cette thèse a été développé. Nous avons dans un premier temps proposé une
étude numérique d'un cas d'étude type afin de nous assurer qu'il y a bien création d'un dépôt
de paraffine. Puis nous avons effectué une étude paramétrique des différents paramètres
d'entrée du code de calcul afin de mesurer leurs influences sur l'évolution du dépôt de
paraffine. Puis nous avons simulé numériquement l'écoulement du brut HK dans les mêmes
conditions que les essais expérimentaux. Une comparaison des résultats numériques avec
l'expérience est proposée. Finalement une méthodologie pour obtenir le coefficient
diffusion, Dm est proposée.
13
14
CHAPITRE II: SCÉNARII DE LA FORMATION
caractéristiques:
La paraffine reste soluble dans le brut sous certaines conditions d'équilibre. Dès que cet
équilibre est perturbé par le changement de certains paramètres tels que la température et la
pression, les cristaux de paraffines peuvent apparaître. La solubilité des alcanes décroît
sensiblement avec la température. Il existe deux températures caractéristiques des bruts
paraffiniques. La température de cristallisation commençante, point de trouble, Θ CC (WAT,
15
Wax Appearance Temperature) est la température à laquelle les premiers cristaux de
paraffines apparaissent. La température de gel, point d'écoulement (Pour Point) est la limite
pour laquelle le brut passe de l'état fluide à un état gel solide sous certaines conditions. Les
valeurs de ces températures sont relativement compliquées à déterminer expérimentalement.
En effet leurs déterminations dépendent étroitement de la procédure utilisée. Pour se fixer les
idées, ces températures peuvent être de l'ordre de quelques dizaines de degrés Celsius.
Les constatations expérimentales montrent que le taux de refroidissement joue beaucoup sur
ces valeurs. Elles décroisent avec la vitesse de refroidissement d'aprés Won,1986.
Lorsque le brut contenant des paraffines lourdes est refroidi très lentement et sous certaines
conditions, les cristaux formés ressemblent à des aiguilles orthorhombiques ou à des plaques.
L'interconnexion entre molécules pour ce type de cristaux est plutôt bonne. Cependant la
présence d'impuretés dans le brut et son refroidissement rapide ont pour conséquence une
mauvaise cristallisation des paraffines. Ainsi, en réalité les paraffines formées sont un
mélange de cristaux hexagonaux et orthorhombiques (Cf.Fig.II-1) Maurcio et al.2003. Dans
ce cas, le degré d'interconnexion du réseau 3D formé par ces cristaux est réduit.
16
Fig- II-2: l'effet de la vitesse de refroidissement sur la taille et le nombre
de cristaux de paraffines (en haut 1.8°F/min, en bas 10.8°F/min).
solide/liquide:
rapport des concentrations d'une composante dans son état liquide et solide.
La principale limitation de ces modèles thermodynamiques est qu’ils ne tiennent pas compte
de l’effet dynamique résultant de l’écoulement. La conséquence est qu'ils ne sont pas adaptés
à la détermination de l'évolution temporelle de l'épaisseur de dépôt en conduite.
17
II.4 Les mécanismes mis en jeu dans la formation du
dépôt:
18
II.4.1 La diffusion moléculaire:
dΘ
se détermine en résolvant l'équation de la chaleur dans la conduite.
dr
La détermination du coefficient de diffusion, Dm , est empirique. Burger et al. 1981 suggèrent
19
1
Θ(εM ) 2
−9
Dm = 7.4 × 10 × ( II-3)
µV 0, 6
ε est une constante, M est la masse molaire du solvant. D'aprés ces mêmes auteurs, le
coefficient V 0.6 est proportionnel à la température absolue Θ . Le coefficient de diffusion peut
donc se réduire comme suit :
χ
Dm = ( II-4)
µ
χ est une constante à déterminer et µ est la viscosité du brut. L'équation ci-dessus est utilisée
par beaucoup d'études de prédiction du dépôt. Le coefficient χ est pris comme paramètre
ajustable qui permet de caler les résultats des modèles aux résultats expérimentaux.
Cette modélisation signifie que le dépôt formé est uniquement l’accumulation, près de la
paroi, d’une partie de paraffines cristallisées. En réalité, les cristaux de paraffines se
recouvrent et s'emboîtent entre eux et forment un réseau tridimensionnel emprisonnant de
l'huile. Le dépôt doit être vu comme un milieu poreux dont la matrice est formée par les
molécules de paraffines et dont les cavités sont remplies d'huile (Cf. Fig-II-3).
Les observations effectuées sur la nature et l'évolution du dépôt montrent que celui-ci vieillit
au cours du temps. Ce vieillissement, appelé en anglais "aging", se traduit par la diminution
de la quantité du brut emprisonné dans la matrice. De ce fait le dépôt "durcit". Une des
explications possible de ce phénomène est l'existence d'un mécanisme de diffusion d'une part
de la paraffine vers le dépôt et d'autre part de l'huile vers l'écoulement.
Singh et al. 2000, proposent d'ajouter la diffusion moléculaire des paraffines dissoutes à
l'intérieur du dépôt. L'équation qui régit cette diffusion est toujours l'équation de Fick :
20
dmm dC
= ρ d ADe l ( II-5)
dt dr wall
Le coefficient de diffusion effectif De , à l'intérieur du milieu poreux, est calqué sur celui
utilisé dans les milieux poreux formés par des flocons (Cussler et al. 1988) :
Dm
De = ( II-6)
Fw2
1+α 2
(1 − Fw )
ou Fw et α sont respectivement la fraction massique de la paraffine solide dans le dépôt et le
rapport d'aspect moyen des cristaux de paraffine.
Même quand la croissance du dépôt s'arrête, il existe toujours de la diffusion moléculaire à
l'intérieur du dépôt. En effet, l'huile piégée dans les cavités du dépôt a, en principe, perdu une
grande quantité de ses paraffines lourdes. Sachant qu'une partie de cette huile est en contact
avec le brut en écoulement par le biais de l'interface dépôt/huile, il se crée donc un gradient de
concentration en paraffine dans le dépôt et par conséquent la diffusion au sein du dépôt peut
se produire. Ces nouveaux cristaux de paraffine formés occupent un volume donné dans le
dépôt et par conséquent expulsent ce même volume d'huile emprisonné vers l'écoulement.
Burger et al. 1981, sont les premiers à discuter de la contribution éventuelle de la diffusion
brownienne sur la croissance du dépôt de paraffine. Ils suggèrent que, dans les régions du
fluide où la température est inférieure à Θ CC , les paraffines précipitent et restent en
suspension dans le brut. Ces cristaux entrent en collision avec les molécules du brut du fait de
l'agitation thermique. Ceci a pour conséquence le déplacement des paraffines vers les zones de
plus faibles concentrations. Pour caractériser cette diffusion brownienne, l'équation de Fick
est une fois de plus utilisée :
dm B dC
= ρ d ADB s ( II-7)
dt dr wall
21
RΘ
C s est la concentration de cristaux de paraffines et DB = est le coefficient de diffusion
6πµaN
brownienne avec R la constante des gaz parfait, N le nombre d'Avogadro et a le diamètre
équivalent des cristaux de paraffine.
Plusieurs auteurs ont négligé le rôle de la diffusion brownienne en s'appuyant sur le fait qu'en
principe celle-ci devrait éloigner les cristaux de la paroi car la concentration de la paraffine en
suspension au coeur du fluide est plus faible que celle en proche paroi. Azevedo et al. 2003,
reprennent l'argument de Burger et al. 1981, pour justifier l'éventuel rôle de cette diffusion :
ils considèrent que les cristaux proches de la paroi sont pris dans le dépôt et donc deviennent
immobiles rendant la concentration de paraffines en suspension près du dépôt quasi nulle.
Dans ce cas, la figure II-4 représente éventuellement la distribution des cristaux de paraffine
dans la conduite.
Nous constatons sur ce schéma que la diffusion brownienne transporte une partie des cristaux
vers la paroi et l'autre partie vers le coeur du fluide.
Alors que Burger et al. 1981, concluent que la diffusion brownienne ne joue pas un grand rôle
sur la croissance du dépôt, nous allons passer en revue dans la paragraphe II-4-6, les
arguments qu' Azevedo et al. 2003, présentent pour arriver à la conclusion inverse.
22
II.4.3 La dispersion par cisaillement :
Tout comme la diffusion brownienne, la dispersion par cisaillement est la mise en mouvement
radiale des cristaux de paraffine en suspension. Le mouvement d'une particule solide dépend
de sa taille, sa densité, sa forme et de sa mobilité au sein du fluide. Les études effectuées sur
ce sujet montrent que le transport radial des particules sphériques sous cisaillement est dans la
direction des cisaillements les plus faibles. Dans un écoulement de poiseuille, cela signifie
que les particules s'éloignent de la paroi et vont en direction du coeur du fluide. Azevedo et al.
2003, pensent que les formes des cristaux de paraffines sont très différentes des particules
sphériques utilisées dans ces études; par conséquent nous ne pouvons pas appliquer les
résultats de ces études au dépôt de paraffines.
Plusieurs chercheurs ont conduit des études expérimentales dans des boucles de laboratoire
pour observer le rôle joué par le cisaillement. Pour ce faire, les expérimentateurs
s'affranchissent de la participation de la diffusion moléculaire en maintenant la paroi de la
conduite et celle du fluide à la même température. Le fluide pompé est un mélange de cristaux
de paraffines et d'huile. Le gradient de température nul dans la conduite induit qu'il ne peut
pas y avoir un gradient de concentration d'alcanes solides près de la paroi. En conséquence, si
il y a formation de dépôt de cire, c'est uniquement la dispersion par cisaillement qui en serait
la cause. Tous les auteurs (Burger et al. 1981; Hamouda et al. 1995; Hernandez et al. 2003 )
qui ont réalisé ces expériences notent qu'il n'y a pas de dépôt formé. Azevedo et al. 2003,
concluent que la dispersion par cisaillement n'est pas un mécanisme de premier ordre pour la
migration de la paraffine vers la paroi. Néanmoins, la dispersion par cisaillement est
représentée par la loi de Fick :
dmc dC
= ρ d ADc s ( II-8)
dt dr wall
a 2 γ&C s
Ou Dc = est le coefficient de dispersion approximé par Eckstein et al.1971 avec a le
10
diamètre équivalent des cristaux de paraffine et γ& le taux de cisaillement.
23
II.4.4 Le taux d'incorporation des cristaux de cire dans
le dépôt :
Le flux total de paraffines transportées vers le dépôt est la somme des flux massiques dus aux
trois mécanismes détaillés ci-dessus. Il vérifie l'égalité suivante :
1
647 48
dC l dC
Wt = ρ d ADm + ρ d A(DB + Dc ) s (II-9)
dr dr wall
1444 424444 3
2
Actuellement, dans la littérature, il est accepté que la totalité des paraffines transportées vers
le dépôt par la diffusion moléculaire, via le terme (1) de l'équation (II-9), soit totalement
incorporée dans celui-ci.
En revanche, pour les paraffines déjà cristallisées en suspension dans le brut (terme (2) de
l'équation (II-9)), Burger et al.1981, font l'hypothèse qu'elles ne sont pas toutes incorporées
dans le dépôt. Ils proposent donc un modèle d'incorporation de cette quantité, mi où ils
stipulent que ce taux est proportionnel à la surface disponible à l'interface A, au taux de
cisaillement à la paroi γ& et à la concentration de particules solides près de l'interface, C sw d'où,
la relation :
dmi
= κCswγ&A (II-10)
dt
κ est une constante à déterminer expérimentalement.
Il est à noter que ce taux est souvent attribué, dans la littérature, uniquement à la dispersion
par cisaillement, en négligeant la diffusion brownienne sans plus de démonstration.
Le flux total de paraffine déposée Wd (et non plus transportée Wt dans la relation II-9) est
donc, selon Burger et al. 1981, la somme des paraffines amenées par diffusion moléculaire et
une partie des cristaux de paraffine déplacée radialement par le cisaillement et la diffusion
brownienne. Il s'exprime par la relation suivante :
dC l
Wd = ρ d ADm + κAC swγ& (II-11)
dr
24
II.4.5 Facteurs limitant de la croissance du dépôt :
paraffines:
L'isolation thermique, due au dépôt de paraffine qui se forme, joue un rôle important pour
limiter la croissance du celui-ci. En effet la conductivité thermique d'un dépôt de paraffine
varie généralement entre 0.10 et 0.35 W m-1K-1 selon la quantité d'huile emprisonnée. Elle est
supérieure à la conductivité du brut seul (environ 0.1 W m-1K-1). Lorsque le dépôt croît, l'effet
d'isolation thermique également. C'est à dire que le gradient de température à la surface du
dépôt tend à diminuer. Sachant que le flux de paraffine déposée par diffusion moléculaire
(principal mécanisme de transport de paraffine) est directement proportionnel au gradient
thermique, l'évolution de l'épaisseur du dépôt au cours du temps est donc non linéaire.
La conductivité thermique dépend de la structure du dépôt, i.e. de la fraction de paraffine
contenue dans le dépôt. Ce paramètre est important afin de pouvoir caractériser l'effet
d'isolation thermique qui permet d'en déduire le flux de matière déposée au même instant.
II.4.5.2 Le cisaillement:
Les observations expérimentales de la structure du dépôt laissent à penser que celui-ci est plus
en moins déformable sous l'effet de l'écoulement. La contribution du cisaillement façonne
sans doute sa structure finale. Hernandez et al.2003 ont étudié l'évolution temporelle de la
perte de charge dans des conditions isothermes. Ils ont généré un dépôt de paraffine en créant
un gradient de température dans l’écoulement. Ensuite ils l'annulent en diminuant la
température de brut en entrée de la conduite afin de mesurer l'influence des forces de
cisaillement sur le dépôt. Aprés quelques heures, ils atteignent un écoulement isotherme. Dans
ces conditions les pertes de charge ont diminué au cours du temps. Les auteurs concluent que
le cisaillement n'influe pas sur la croissance de dépôt car une réduction de section aurait eu
pour effet une augmentation de perte de charge. Ils expliquent également que cette diminution
de perte de charge est peut être due aux “polissages" du dépôt par les forces de cisaillement
i.e. les forces de cisaillement arrachent des cristaux de cire au dépôt et le rendent plus "lisse".
Ils montrent qu’en régime d'écoulement laminaire ou faiblement turbulent, une augmentation
de débit s'accompagne d'une augmentation de la vitesse de déposition tandis qu'en régime
25
d'écoulement fortement turbulent, c'est le contraire. Cette tendance est certainement due à
l'érosion du dépôt par le cisaillement. Hamouda et al.1995 montrent dans leur étude que l'effet
de la décroissance du dépôt à cause du cisaillement a lieu pour γ& entre 3500s −1 et 5500s −1 .
existants:
Dans une partie des articles disponibles, les auteurs négligent les contributions de la
dispersion par cisaillement et de la diffusion brownienne. Ainsi, la quantité de masse de dépôt
est égale au flux de matière transportée par la diffusion moléculaire seule.
Les prédictions faites par ce modèle sont souvent raisonnablement conformes aux résultats
obtenus dans des boucles de laboratoire. Cela s’explique car la constante χ de l'équation (II-4)
est très souvent un paramètre ajustable qui permet de bien corréler les données expérimentales
avec les résultats obtenus par le modèle. Toutefois les confrontations avec l'expérience sont
rapidement dégradées dès lors que les conditions expérimentales sont modifiées si la
constante χ n'est pas réajustée (Cf.Fig-II-5). Cela revient à considérer que le dépôt résulte
uniquement de paraffines cristallisées qui s’accumulent à la paroi alors qu’en réalité le dépôt
est constitué d’un mélange des paraffines et d’huile piégée.
26
Fig- II-5:Exemple de comparaison d'une épaisseur d'un dépôt obtenue
avec un modèle basé sur la diffusion moléculaire et de l'épaisseur obtenue
expérimentalement tirée de Venkatesen et al. 2007.
Burger et al. 1981, et d'autres auteurs négligent l'effet de la diffusion brownienne sans
explication ni hypothèses précises. Ils attribuent le taux d'incorporation des cristaux en
suspension dans le dépôt uniquement à la dispersion par cisaillement. A contrario, Azevedo et
al. 2003, ont cherché à démontrer expérimentalement que la dispersion par cisaillement est
négligeable. Ainsi, pour eux, le taux d'incorporation serait dû uniquement à la diffusion
brownienne. Leur principal argument repose sur les essais cités dans la section II-4-2, à savoir
l'inexistence de dépôt de paraffine lorsque la conduite est en condition adiabatique. Nous
pensons que les essais à flux de chaleur nul ne reflètent pas la réalité dans la conduite. En
effet, ces essais ont lieu dans un environnement ou le fluide et la paroi de la conduite ont la
même température. La distribution du cisaillement est donc linéaire et maximum à la paroi.
Les cristaux de paraffines iront vers le centre de la conduite, là où le cisaillement est
minimum. En conséquence, il ne peut pas y avoir dépôt de paraffines. Dans les conditions
réelles, l'écoulement dans la conduite est non isotherme, le fluide près de la paroi devient de
plus en plus visqueux à cause de la température. Le profil de vitesse ressemblerait donc à une
"cloche" avec une tangente presque verticale à la paroi. Ainsi dans ces conditions le
cisaillement maximum n'est pas à la paroi et la distribution des cisaillements ressemble à la
configuration de la figure II-6. Nous constatons qu’il peut y avoir une zone où les cristaux de
27
paraffine migrent vers la paroi. Nous en déduisons que le taux d'incorporation des cristaux de
paraffine en suspension dans le dépôt peut être dû aux deux mécanismes.
Il reste tout de même quelques zones d'ombre concernant le modèle de taux d'incorporation
représenté par l'équation (II-11). Nous constatons que, lorsque l'on augmente le cisaillement,
cette quantité augmente également alors qu'expérimentalement c'est l'inverse qui se produit. A
notre avis, dans la littérature, les auteurs n’arrivent pas à quantifier expérimentalement la part
apportée par chaque mécanisme puisque les trois mécanismes débouchent sur la même
équation de Fick avec trois coefficients différents. C’est probablement la raison pour laquelle
ils ont introduit ce taux d’incorporation (équation (II.11)).
γ&
γ&
W W
Dans toutes les publications consultées, il apparaît que les auteurs étudient les différents
mécanismes de migration des paraffines mais n'expliquent pas la "fixation" de celles-ci à la
paroi. Les paraffines étant apolaires, les forces électromagnétiques ne peuvent pas être
responsables de cette "fixation". Des essais ont été effectués pour mettre en évidence le rôle
de la rugosité de la paroi sur la croissance du dépôt. Quelque soit l'état de surface de la
conduite, il y a toujours existence d'un dépôt. La rugosité de la paroi ne peut donc pas suffire à
expliquer ce "collage".
Dans la suite du rapport, nous proposons une nouvelle approche phénoménologique qui nous
permettra d'expliquer la formation du dépôt et sa "fixation" à la paroi. Pour ce faire, il est
intéressant de connaître les différents comportements rhéologiques d’un brut paraffinique.
28
II.5 Le détour par le problème de la gélification des
bruts paraffiniques:
II.5.1 Thermodépendance
I II
29
La thermodépendance des bruts paraffiniques est mise en évidence expérimentalement dans
l'article de Barry, 1971, sur des bruts Nord Africains. Lorsque un brut paraffinique s'écoule
dans un environnement favorable, Θ > Θ CC , celui-ci se comporte comme un fluide Newtonien.
Cependant, lorsque la température diminue, nous observons un comportement rhéologique
non newtonien. La figure II-7 montre les différents comportements qu'un même brut peut
avoir en fonction de la température. Lorsque le brut de type I est au-dessus de la température
70 °F, il se comporte comme un fluide Newtonien puisque la contrainte est fonction linéaire
du cisaillement :
τ = µγ& ( II-12)
En revanche, lorsque la température est diminuée (70 °F pour le brut de Type II), le
comportement change en devenant rhéofluidifiant. Il suit une loi puissance:
⎧τ = kγ& n
⎨ ( II-13)
⎩0 < n < 1
Enfin, lorsque la température diminue encore (70 °F pour le Type I, 60 ° pour le Type II), le
brut se comporte comme un matériau viscoplastique qui vérifie la loi de Herschel Bulkley
avec apparition d'un seuil τ 0 :
Ces données expérimentales (montrées à titre d'exemples mais généralisables à tous les bruts
paraffiniques) montrent clairement que le comportement d'un brut paraffinique est étroitement
lié à sa température. Il est clair que les paramètres du brut ( τ 0 , k , n, µ ) dépendent tous de la
température.
Le comportement d'un brut paraffinique peut donc varier d'un fluide Newtonien à un
comportement de gel avec toute une "continuité" d'états en fonction de la température.
Venkatesan et al, 2005 ont étudié l'effet de la vitesse de refroidissement sur la contrainte seuil
du dépôt de cire. Dans un premier temps, ils ont évalué le comportement du gel lorsque
l'écoulement est très lent voire quand le brut est à l'arrêt. La courbe de la figure II-8 représente
30
l'évolution de la contrainte seuil en fonction du taux de refroidissement. Nous observons une
diminution du seuil d'écoulement lorsque le taux de refroidissement croit.
pétrolières. Nous constatons sur la courbe de la figure II-9 que la contrainte seuil augmente
avec le taux de refroidissement. C'est le comportement inverse du cas précèdent.
Il est très clair que le comportement du gel qui se forme, que ce soit en statique ou sous
écoulement, dépend étroitement de la vitesse de refroidissement.
31
Fig- II-9:La contrainte seuil en fonction de la vitesse de refroidissement.
Le refroidissement se fait sous une contrainte de 5Pa (tirée de
Venkatesean et al.2005).
refroidissement :
de refroidissement de 10°F/min.
32
Sur la courbe ci-dessus, nous observons que la contrainte seuil varie sensiblement avec la
contrainte de cisaillement τ g en passant par un extremum.
comportement du brut:
Li et al. 2003 ont étudié l'influence des cristaux de paraffine sur la viscosité apparente de
trente trois bruts paraffiniques.
La mesure de la viscosité commence en chauffant un échantillon de brut à une température
largement supérieure à Θ CC afin d'effacer son histoire thermique puis en le chargeant dans un
rhéomètre à cylindres coaxiaux chauffé à la même température, et ensuite en le refroidissant
jusqu'a la température de mesure avec une vitesse de refroidissement de 0.7 − 1°C min −1 et en
le gardant à cette température vingt minutes avant la mesure. Au préalable, la quantité des
cristaux formés à la température de mesure est déterminée par le biais de la DSC (Differential
Scanning Calorimetry).
Le comportement du brut est pseudoplastique dès l'apparition des premiers cristaux de cire. La
figure II-11 montre clairement que la viscosité est d'autant plus importante que la
concentration en paraffines cristallisées est élevée. Les auteurs proposent un modèle
analytique, tirée de la théorie des suspensions, prédisant le comportement de la viscosité en
fonction de la concentration massique, c s en paraffine solide et de la température :
Ea
µ app = µ 0 e RΘ (1 − k 0 k (γ& )c s )− 2.5 ( II-15)
33
Fig- II-11 l'évolution de la viscosité apparente en fonction de la
concentration des cristaux de paraffines (tirée de Li et al.2003).
k est un facteur de cisaillement qui permet de tenir compte du volume effectif occupé par les
cristaux de paraffines. Il dépend fortement du taux de cisaillement.
Pour aboutir à ce modèle Li et al,2003 ont fait une hypothèse tirée des constatations
expérimentales: Lorsque les cristaux de paraffines apparaissent, ils forment aussitôt des
agrégats emprisonnant une quantité de brut. Ainsi la phase dispersée effective du système
(Brut + cristaux de cire) occupe un volume plus important que le volume occupé par les
cristaux entassés entre eux. (Cf.Fig-II-12).
φ φe
Fig- II-12: Schéma de la concentration effective et de la concentration
nette des cristaux de paraffines.
Ils déduisent donc une relation qui lie la concentration volumique effective et la concentration
nette de la phase dispersée:
.
φ e = k (γ )φ ( II-16)
34
.
k décroît lorsque le cisaillement augmente. En effet l'augmentation de γ dissocie certains
agrégats et libère la phase liquide. k est égal à l'unité lorsque le brut se comporte comme un
fluide newtonien.
D'autre part la relation entre la concentration volumique et la concentration massique s'écrit :
ρ0
φ= c = k0c ( II-17)
ρp
φe = k 0 k (γ& )c ( II-18)
35
Fig- II-13: Comparaison de la viscosité mesurée avec celle prédite pour 33
bruts paraffiniques tirée de Li et al.2003.
36
Clairement, la contrainte seuil augmente de manière exponentielle en fonction de la quantité
de cristaux précipités.
La courbe d'écoulement de la figure II-15, obtenue par El-Gamal et al.1997 pour le brut
paraffinique d'Umbaraka montre que ce brut se comporte comme un fluide à seuil à une
température de 37°C alors que sa température de prise en gel est de 32°C.
La présence d'une hystérésis dénote le caractère thixotrope de ce brut. Cependant cette
thixotropie n'est pas très marquée à cette température.
37
provoquer localement un ralentissement de l'écoulement qui "au bout d'un certain temps" va
devenir une couche statique à la paroi que l'on peut finalement considérer comme un dépôt.
Les premiers à avoir fait ce lien entre les deux problèmes (dépôt en écoulement et gélification
à l'arrêt des bruts paraffiniques) sont Singh et al.2000 en 2000 repris par Venkastesan et
al.2005 et Vignati et al.2005 en 2005.
diffusion
Comme nous l'avons vu, les modèles actuels de calcul de dépôt sont relativement simples
puisqu'ils sont généralement monodimensionnels dans la direction axiale. Ils sont constitués
par une équation de Fick, pour le transport de la paraffine, par les équations de la dynamique,
avec un modèle rhéologique simplifié à l'extrême (viscosité équivalente) et par une équation
thermique. Dans l'ensemble de ces modèles les équations sont résolues uniquement au sein de
l'écoulement (l'intérieur du dépôt n'est pas pris en compte) et l'épaisseur de dépôt résulte
uniquement de la "fraction" de paraffine cristallisée. Cependant nous avons pu constater que
ces mécanismes ne peuvent pas expliquer, à eux seuls, la totalité du phénomène de dépôt de
cire. En effet, ils ne tiennent compte ni de la dynamique de la formation du dépôt de cire ni de
la nature de celui-ci (mélange de paraffine et d’huile). Ils n'expliquent pas non plus la
"fixation" des alcanes à la paroi. De plus il reste des zones d'ombre concernant la
détermination expérimentale des coefficients de diffusion associés aux lois de Fick et au
modèle de taux d'incorporation.
Dans le problème de la gélification du brut durant les phases d'arrêt, l'accent est surtout mis
sur le modèle rhéologique qui peut être plus ou moins complexe mais qui est généralement un
modèle viscoplastique de type Herschel Bulkley. Dans ce problème l'avancée la plus notable
concerne les travaux de Vinay et al. 2005 qui ont mis au point un modèle numérique
permettant de modéliser un écoulement d'un fluide viscoplastique thixotrope capable de
rendre compte en particulier du développement de zones non cisaillés.
38
Ce que nous proposons c'est de coupler ces deux problèmes et approches pour rendre compte
du mécanisme de création des dépôts de paraffine dans sa globalité. Ainsi nous pouvons
proposer le mécanisme suivant décrit en 4 étapes selon la figure II-16 :
Etape 1: Le brut extrait avec une température supérieure à Өcc se comporte comme un fluide
newtonien.
Etape2: Le brut s'écoule dans une zone où la température de la paroi de la conduite est
inférieure à Өcc. Les premiers cristaux de paraffine apparaissent près de la paroi.
39
Etape 4: La couche fluide près de la paroi se transforme en gel, ralentit progressivement sous
l'effet du changement de rhéologie et s'arrête en formant le dépôt de paraffine car la contrainte
seuil de la couche fluide près de la paroi est supérieure à la contrainte de cisaillement à la
paroi.
40
Dans le chapitre suivant nous allons nous attacher à montrer, à partir d'une expérience de
dépôt dans une conduite d'essais, que le mécanisme que nous venons de décrire est
raisonnable.
41
42
CHAPITRE III: EXPÉRIENCE DE FORMATION
BOUCLE D'ESSAI
La boucle LYRE (voir Fig-III-15 et Fig-III-16), construite à Solaize dans les années 90, a
pour but de reproduire et d’étudier les problèmes relatifs à la production et au transport de
bruts en condition polyphasique. Elle permet en particulier de simuler le système fluide et les
conditions thermiques et hydrodynamiques qui se rapprochent le plus possible des conditions
du terrain. Toutes sortes de fluides, en particulier hydrocarbures, peuvent être utilisées
exceptés les gaz acides. Les volumes de liquide mis en jeu sont de l’ordre de 500 litres.
L’installation a été conçue pour travailler dans des conditions thermiques variant de 273 K
(0°C) à 323 K (50°C) et de la pression atmosphérique à 100 bar. La circulation des fluides est
assurée à l’aide d’une pompe de type Moineau pour le liquide et d’un compresseur à
membranes pour le gaz. La variation des débits de chacun de ces éléments permet de
reproduire les écoulements polyphasiques classiques.
La conduite d’essais horizontale, d’un diamètre de 2’’(≈ 0,05 m) et de 140 mètres de long est
constituée d’une double enveloppe, permettant la circulation à contre-courant d’un fluide
caloporteur, et d’un isolant thermique, limitant les pertes d’énergie avec l’extérieur. Cette
conduite d'essai horizontale se termine, avant l'entrée des fluides dans le séparateur, par un
riser vertical ascendant de trois mètres de haut suivi d'une partie descendante avec une pente.
Cinq dérivations viennent compléter la conduite d’essai. L’une, d’une longueur de 22 mètres,
reproduit une variation de topographie (point bas), trois reproduisent des singularités
géométriques de lignes d'un mètre (jumpers) et une autre, d’une longueur de 8 mètres, permet
de reproduire un gradient thermique pariétal, moteur des phénomènes de déposition de
paraffines qui nous intéressent particulièrement dans cette étude. Cette dernière est appelée
43
zone paraffine, ZP. La température de la paroi de la zone paraffine est contrôlée
indépendamment de la température dans le reste de la boucle grâce à des zones thermiques
indépendantes. Il est donc possible de générer un gradient de température, entre la paroi et le
fluide, à l’origine du phénomène de dépôt de paraffines. Cette dérivation est constituée en
entrée d’une section de cinq mètres de long permettant le développement hydrodynamique de
l’écoulement, d’une section d'étude de un mètre de long et enfin d'une section de deux mètres
de long en sortie permettant de limiter les effets de bords. La section d’étude peut être
démontée aprés chaque essai afin d’observer, prélever, quantifier et analyser le dépôt. Une
cellule "témoin" est disponible également sur la conduite d'étude, celle ci épouse parfaitement
la courbure de la conduite (Cf. Fig-III-16 (e)). Cette cellule se démonte facilement et permet
d'observer ponctuellement (à pression atmosphérique,un arrêt d'écoulement d'environ 10 min
est nécessaire) la formation du dépôt de paraffine. La perte de charge sur 7 mètres de long est
mesurée ainsi que les températures à l'entrée et à la sortie des fluides "process" et
caloporteurs.
La boucle Lyre est entièrement instrumentée par des capteurs de pertes de charge, de
température et de débit. Ainsi, nous pouvons suivre, au cours de temps, l'évolution de ces
paramètres.
Pour mesurer les températures dans la boucle, en particulier dans la manchette à paraffine, on
utilise des thermocouples de type T dont la précision est de 0,6 °C. Dans la zone paraffine, ces
capteurs sont placés à une section située à 5 mètres de l'entrée. Ils sont installés à différentes
profondeurs comme le montre la figure Fig-III-16 (c).
Afin de mesurer la perte de charge dans la manchette paraffine, un capteur différentiel de
pression à membrane est utilisé. Son principe de fonctionnement est de transformer la
déformation d'une membrane sous l'effet d'une pression en une variation de capacité. Pour
réaliser cela, une des armatures d'un condensateur est sur la membrane qui se déforme et
l'autre est sur une pièce solidaire du corps d'épreuve, mais non soumise à la déformation. On a
donc un condensateur dont la capacité est en relation directe avec la pression appliquée. La
précision d'un tel capteur, dont la gamme varie de 0 à 500 mbar, est de 0.45 mbar.
44
Les fluides "process" circulant dans la boucle sont des hydrocarbures. Afin de limiter tout
problème de colmatage (et donc de transmission de pression) dans les prises de pression
reliant le capteur à la conduite, on évite toute intrusion du fluide process (pétrole brut
paraffinique). Pour cela, un fluide tampon, avec une densité supérieure aux bruts, est utilisé
comme intermédiaire. Nous pouvons donc mesurer la perte de charge dans la conduite,
∆P = P2' − P1' , via la différence de pression induite par le fluide tampon sur le capteur
P1' P2'
∆Z
PDT5
fluide tampon P1 P2
Cependant il faut noter que la précision de cette mesure va dépendre de la qualité du contact
entre le fluide tampon et le brut paraffinique puisqu'il n'y a pas de barrière mécanique entre
les deux. Deux sources d'imprécision sont identifiées: l'une si le brut à l'interface se "gélifie"
et l'autre si une partie du fluide tampon est remplacée (par des effets hydrodynamiques par
exemple) par du fluide process (Cf. Fig-III-2).
45
Fig- III-2:Bouchon dans le piquage du capteur pour la mesure de la perte
de charge.
Dans cette étude, nous allons essentiellement utiliser les capteurs différentiels de pression
PDT5 et PDT6 (Cf. Fig-III-16) qui mesurent respectivement les pertes de charge dans la
manchette paraffine (7 m), ZP et les pertes de charge entre la sortie de point bas et l'entrée du
point haut (47.5 m), zone que l'on nomme Z6.
Le débit massique est mesuré à l'aide d'un débitmètre à effet Coriolis.
du brut de l'essai.
Le brut, que l'on dénommera HK, choisi pour les essais de formation de dépôt est un mélange
d'un brut fortement paraffinique nommé H et d'un solvant nommé K. Le brut HK se compose
de 30 % de brut H et de 70% du solvant K. Ce mélange a été réalisé afin que l'on adapte le
brut d'essai aux conditions de fonctionnement de l'installation pour le problème étudié. Nous
avons veillé en particulier à obtenir un fluide suffisamment paraffinique pour générer des
dépôts tout en évitant "le plus possible" les problèmes de gélification. Le détail de l'étude
menée pour arriver à ce mélange ne sera pas développé dans cette thèse pour des raisons de
confidentialité.
46
III.3.1 Analyse du brut HK par la calorimétrie
EchHK1
4.5
3.5
2.5
Cs (%m)
1.5
0.5
47
III.3.2 Caractérisation rhéologique du brut.
Les mesures ont été effectuées à l'aide d'un rhéomètre Anton Paar MCR 501 équipé d'un
système Peltier pour le contrôle de la température. La géométrie cône-plan a été utilisée pour
avoir un cisaillement uniforme sur l'échantillon. Une chambre de régulation de température
via un système Peltier dans l'entrefer est utilisée pour avoir une température uniforme dans
l'échantillon et donc éviter les problèmes de dépôt dans l'entrefer.
Afin de tracer l'évolution de la viscosité apparente, µ , en fonction de la température , nous
suivons le protocole d'essai représenté sur le schéma de la figure Fig-III-4.
48
cristallisation commençante déterminée par caractérisation rhéologique du brut HK
Θ ccrheo = 295 K est identique à la température de cristallisation commençante déterminée par
DSC. La viscosité newtonienne, pour Θ ∈ [295 K ;333K ] , peut être représentée par une loi
d'Arrhenius avec une énergie d'activation E a = 991.05 × 8.35 = 8275.3J / K . La viscosité
Les zones thermiques de la boucle LYRE utilisées pour nos tests sont les zones 1,2,3,4 et la
zone paraffine,ZP, où sont créés les dépôts de paraffine (Cf. Fig-III-14). La boucle est régulée
49
en température de manière homogène (supérieure à la Θ CC ) pour toutes les zones, exceptée la
zone ZP qui est à une température inférieure à Θ CC afin que la manchette paraffine soit le lieu
privilégié de la formation de dépôt de paraffines. Les températures cibles, pour chaque zone,
sont indiquées dans le tableau III-1. Le débit du brut HK est maintenu constant à l'aide du by-
pass de recirculation de la pompe P1. Dans un premier temps, la manchette paraffine est en
mode by-pass (le brut passe dans la zone 4 au lieu de la zone paraffines). La température de la
zone ZP est abaissée jusqu'à la température cible de manière rapide. Lorsque la température
cible est atteinte, les vannes permettant d'éviter la zone 4 sont activées de façon à ce que le
fluide passe par la manchette paraffine, ZP. Le temps t0 est pris à ce moment-là. La
construction du dépôt est suivie à l'aide des thermocouples disposés sur la manchette paraffine
: TT14, TT15, TT16 et TT17 et de la mesure de la perte de charge via le capteur différentiel
de pression PDT5 (Cf. Fig-III-15). Les conditions ci dessus sont maintenues pendant la durée
indiquée dans le tableau III-1. Une fois formé, le dépôt est récupéré pour être pesé. Ceci nous
permet de comparer la quantité de dépôt formé à différents instants. La récupération du dépôt
formé dans la manchette à paraffine se fait en suivant les étapes décrites ci-aprés, sans
modifier les consignes de température sur les différentes zones :
• Pressurisation en azote jusqu'à une pression suffisante pour utiliser le compresseur K1 (40
bars sur V1+ conduite).
• Imposition d'un débit de gaz minimal à une température de 293 K de façon à chasser tout
le liquide contenu dans la boucle, le dépôt ne doit pas être arraché par cette opération.
• Fusion du dépôt.
50
Débit
Θ: Z1,Z2,Z3,Z4 Θ Cible en Durée du
Nom du test volumique Actions durant le test
3
(K) ZP (K) test (h)
(m /h)
Raclage du dépôt à la
Test-72h-283K 5 293 283 72
fin du test
observation dépôt à t =
Test-24h-283K 5 293 283 24 4 h. Raclage du dépôt à
l'issue du test.
observation dépôt à t =
Test-72h-275K 5 293 275 72 24 h. Raclage du dépôt
à l'issue du test.
Pour des raisons d'optimisation du temps des essais, nous avons commencé par l'essai qui
dure 72 heures avec une température de paroi de 283 K puis nous avons poursuivi avec l'essai
qui dure 24 heures avec la même température de paroi. Pour finir nous avons effectué le
dernier essai avec une température de paroi de 275 K et pour une durée de 72 h.
charge:
Initialement le brut HK s'écoule dans la boucle LYRE à une température de 293K. Selon les
mesures ci dessus, la viscosité de l'huile à cette température est de l'ordre de 0.003 Pa.s. Le
calcul du nombre de Reynolds indique que le régime d'écoulement est pleinement turbulent.
4.ρ
Re = .Q = 10300 ( III-2)
πµD
51
Calculons la relation entre la perte de charge et l'épaisseur du dépôt selon le régime
d'écoulement.
Dans un premier temps, nous faisons l'hypothèse que notre conduite est lisse, nous utilisons
donc la corrélation de Blasius pour déterminer le coefficient de frottement, f , valable pour un
écoulement turbulent dans une conduite lisse:
1
−
f = 0.079 × Re 4
( III-3)
D'autre part, la loi analytique de la perte de charge en fonction du débit s'écrit comme suit:
∆P 32 ρf
= 2 5 × Q2 ( III-4)
L π D
Notons ∆P0 la perte de charge initiale dans la manchette paraffine, avant la formation du dépôt
de cire. L'augmentation de cette perte de charge est essentiellement due à la formation du
dépôt de paraffine, causée par la diminution de la température de paroi en dessous de Θ CC ,qui
réduit le diamètre de la conduite. La longueur de la dérivation paraffine est telle que le fluide
"process" n'a pas le temps d'être refroidi de manière significative "à coeur" et donc la
variation de la viscosité due à la température est négligeable.
∆P
Évaluant le rapport des pertes de charge en considérant que la masse volumique ne varie
∆P0
pas avec la température (au même titre que la viscosité) :
1 19
5 5 − −
∆P ⎛ D0 ⎞ f ⎛ D0 ⎞ ⎛ D0 ⎞ 4 ⎛ 2e ⎞ 4
= ⎜⎜ ⎟⎟ × = ⎜⎜ ⎟ ×⎜ ⎟ = ⎜⎜1 − ⎟⎟ ( III-5)
∆P0 ⎝ D0 − 2e ⎠ f 0 ⎝ D0 − 2e ⎟⎠ ⎜⎝ D0 − 2e ⎟⎠ ⎝ D0 ⎠
⎡ − ⎤
4
D0 ⎢ ⎛ ∆P ⎞ 19 ⎥
e= 1− ⎜ ⎟ ( III-6)
2 ⎢ ⎜⎝ ∆P0 ⎟⎠ ⎥
⎣⎢ ⎦⎥
En mesurant la perte de charge initiale ainsi que la variation de la perte de charge dans la
manchette paraffine en fonction du temps, nous pourrons déterminer l'évolution de l'épaisseur
moyenne du dépôt de paraffine en fonction du temps.
52
16
Si le régime d'écoulement est laminaire, le coefficient de friction sera égale à, f = , on
Re
obtiendra donc :
⎡ − ⎤
1
⎛ ⎞
∆P 4 ⎥
e = 0 ⎢1 − ⎜⎜
D
⎟ ( III-7)
2 ⎢ ⎝ ∆P0 ⎟⎠ ⎥
⎢⎣ ⎥⎦
Les photos présentées sur la figure Fig-III-6 montrent qu'un dépôt de paraffine s'est formé au
bout de quatre heures d'écoulement, avec la température de paroi de la conduite à 283 K.
53
L'épaisseur de ce dépôt est approximativement de 1 mm. Sa surface est lisse. Il a un aspect
plutôt mou. Nous constatons également que ce dépôt se décolle de la paroi assez facilement.
Le dépôt formé au bout de 24 heures avec une paroi de la conduite à 283 K a une épaisseur de
l'ordre de 1,5 mm (Cf. Fig-III-7 à droite). Il a un aspect mou également. Celui ci croît lors de
l'essai de 72 heures à 283 K (Cf. Fig-III-8 à droite) jusqu'à atteindre une épaisseur de l'ordre
de 2 mm. Il a toujours un aspect mou.
Le dépôt obtenu à 275 K au bout de 24 heures a une épaisseur de l'ordre de 2 mm (Cf. Fig-III-
7 à gauche). Sur la figure III-8 à gauche, on constate qu'il a légèrement évolué pour atteindre
une épaisseur de l'ordre de 2,3 mm au bout de 72 heures toujours à 275K. Son aspect paraît
plus sec que les autres dépôts. Quelque soit l'essai, nous constatons que les dépôts obtenus
sont relativement homogènes radialement (Cf..Fig-III-7). Cela signifie que l'effet de la gravité
sur la formation du dépôt est négligeable conformément aux conclusions énoncées dans la
littérature.
Les dépôts récoltés à 283 K au bout de 24 heures et 72 heures et le dépôt obtenu au bout de
72 heures à une température de 275 K sont un mélange du brut et des cristaux de normales
paraffines (Cf. Fig-III-9). Nous avons constaté visuellement que le dépôt récupéré au bout de
24 heures à 283 K est moins "consistant" que celui récupéré au bout de 72 heures à 283 K qui
est à son tour moins "consistant" que le dépôt obtenu au bout de 72 h à 275 K ce qui légitime
l'idée d'un appauvrissement progressif du dépôt en huile.
La masse des dépôts récoltés à la fin de chaque test est rapportée dans le tableau III-2.
En faisant un calcul approché avec les hypothèses que la densité du dépôt est de 900 kg/m3 et
que ce dépôt est uniformément réparti sur toute la circonférence, on peut avoir une idée de
l’épaisseur de ce dépôt. Cette méthode présente l’avantage d’être une mesure moyenne et
représentative de conditions hydrodynamiques et thermiques établies.
L'épaisseur du dépôt est déduite de la masse récoltée via l'équation ci dessous:
2 2
D D D md
m d = ρ p × (π . − πRd2 ) × L ⇒ e = − − ( III-8)
4 2 4 ρ p ×π × L
54
Fig- III-7: Dépôts de paraffine obtenus: à gauche au bout de 24 heures à une température de 275 K , à droite
au bout de 24 heures à une température de 283 K.
55
Fig- III-8: Dépôts de paraffine obtenus: à gauche au bout de 72 heures à une température de 275 K , à droite
au bout de 72 heures à une température de 283 K.
56
Fig- III-9:Récupération du dépôt obtenu à gauche :au bout de 24 heures à une température de 283 K , à
droite : au bout de 72 heures à une température de 283 K et en bas : au bout de 72 h à une température de
275 K.
57
Les masses récoltées (Cf. Tableau-III-2) montrent d'une part que pour une même durée
d'essai, plus le gradient de température est important plus la quantité de paraffine déposée est
importante. D'autre part, pour un même gradient thermique, la quantité du dépôt déposée croît
avec le temps. Les ordres de grandeur des épaisseurs calculées à partir des masses récoltées
sont présentés dans le tableau III-2. Conformément aux observations visuelles, l'épaisseur du
dépôt calculée lors du test-24h-275K est plus importante que celle calculée lors du test-72h-
283K qui est plus importante que celle du dépôt calculée au test-24-283K. En revanche les
valeurs calculées sont légèrement différentes des observations visuelles.
58
a formation d'un dépôt de paraffine dans ZP. Cette courbe se devise en trois parties distinctes.
Durant la première demi-heure, les pertes de charge linéiques dans la manchette restent en
moyenne constantes au voisinage de 2mbar/m, le dépôt de paraffine n'est probablement pas
encore construit. Dans l'intervalle de temps compris entre une demi-heure et dix heures, une
augmentation de la perte de charge apparaît de manière progressive. Il est donc fort probable
que le dépôt se construit pour atteindre une épaisseur moyenne, ed 0 . La troisième partie de la
courbe comprise entre dix heures et vingt quatre heures montre qu'en moyenne les pertes de
charge augmentent très lentement voire restent constantes au voisinage de 2,6 mbar/m . Il se
pourrait qu'on ait atteint une épaisseur limite. Deux phénomènes différents peuvent expliquer
ce ralentissement de croissance du dépôt de paraffine. En effet, le dépôt de paraffine joue le
rôle d'un isolant thermique et lorsqu'on atteint une épaisseur suffisante le gradient de
température dans le pipeline est fortement diminué et donc la croissance du dépôt est
fortement diminuée également. Le deuxième phénomène est probablement lié à
l'augmentation de la contrainte du cisaillement au voisinage du dépôt due à la diminution de
la section du pipeline.
Nous retrouvons les mêmes tendances des courbes pour le test "test-24h-283K" sur les dix
premières heures. En revanche pour le test "test-72-283K" la mesure de la perte de charge est
complètement inexploitable.
L'équation (III-6) établie dans le paragraphe (III-5), nous permet de tracer l'évolution de
l'épaisseur moyenne du dépôt de paraffine dans la manchette à paraffine à partir de la perte de
charge. Cette évolution est représentée sur la figure Fig-III-11. Nous choisissons les pertes de
∆P0
charge linéique initiales égales à = 2mbar / m correspondantes aux pertes de charge
L
linéiques quand il y a absence du dépôt.
Sur les graphes de la figure III-11, nous retrouvons les remarques précédentes faites sur
l'évolution des pertes de charges. Nous retrouvons également les tendances qualitatives
observées visuellement et par pesée sur les épaisseurs des dépôts. Nous mettons en évidence
que, lorsque la température de la paroi est à 283 K, un dépôt de paraffine commence à se créer
au bout de deux heures puis il croît avec le temps de manière progressive. Au bout de cinq
heures, la croissance du dépôt ralentit considérablement jusqu'à atteindre une épaisseur limite.
En revanche lorsque la température de la paroi est à 275 K, le dépôt se crée dès la première
59
demi-heure pour atteindre une épaisseur limite au bout de dix heures. L'épaisseur obtenue à
275 K est plus grande que celle obtenue à 283 K
60
Le tableau III-3 récapitule les épaisseurs obtenues par les trois méthodes détaillées ci dessus.
Nous retrouvons les mêmes ordres de grandeurs pour les épaisseurs par les trois méthodes. En
revanche, il faut souligner que l'observation visuelle montre une croissance lente du dépôt
entre 24h et 72h ce qui n'est pas corroboré par les mesures de pertes de charges.
ed pesée (mm) ed observations (mm) ed pertes de charge (mm)
2 (au bout de 24 h)
test-72h-275K 1,8 (au bout de 72 h) 1,3 (au bout de 24 h)
2,3 (au bout de 72 h)
61
contre sens pour les trois tests. Nous constatons de manière générale, que l'évolution de la
température de l'eau glycolée à la sortie de la manchette décroît sur quelques heures jusqu'à
atteindre une température d'équilibre. En d'autres termes, le flux de chaleur fournit par le brut
chaud à l'eau glycolée est plus important au début du test qu'au cours du test sachant que le
brut entre dans la manchette à paraffine à une température constante de 293 K. Nous
imaginons que lors de la formation du dépôt, celui ci joue le rôle d'un isolant thermique.
D'ailleurs, nous atteignons une température d'équilibre pour l'eau glycolée à la sortie de
l'échangeur au bout de dix heures pour le test "test-72h-275K" et au bout de cinq heures pour
le test " test-24h-283K". Ces temps correspondent à la durée qu'il a fallut pour atteindre des
épaisseurs de dépôt constantes. Nous constatons également sur les vingt quatre premières
heures que les températures moyennes de sortie du l'eau glycolée pour le test "test-72h-
283K" et le test "test-24h-283K" réagissent pareillement. Cela signifie qu'on a une
reproductibilité des tests.
récupérés.
Une analyse par DSC des dépôts de paraffine prélevés au cours des essais a été réalisée. Le
protocole de la mesure de DSC utilisé pour avoir ces courbes est identique à celui du
paragraphe III-3-1. Les courbes rouge, bleue et rose de la Fig-III-13 représentent
respectivement l'évolution de la quantité de cristaux de dépôt de paraffine en fonction de la
température pour le brut HK, le dépôt de paraffine obtenu au bout de 72 heures lors du test
"test_72h_275K ", qu'on nommera D1 et le dépôt de paraffine obtenu au bout de 24 heures
lors du test "test_24h_283K" qu'on nommera D2.
Il est incontestable que D1 et D2 sont beaucoup plus riches en cristaux de paraffines que le
brut HK puisque D1 et D2 contiennent respectivement 44,1% et 26,5% de cristaux de
paraffine soit respectivement 10 et 6 fois plus que le brut HK. Ces constatations confortent
les observations visuelles faites précédemment à savoir que D1 est plus consistant que D2. La
cristallisation des normales paraffines présentes naturellement près de la paroi de la conduite
ne suffit pas pour expliquer cette augmentation en normales paraffines dans les dépôts
récupérés. Une explication probable est que la diffusion moléculaire joue le rôle d'un
mécanisme d'enrichissement en normales paraffines près de la paroi. En effet, comme
62
expliqué dans le paragraphe II-2, un déficit de concentration en normales paraffines dissoutes
radiale est créé du fait de la cristallisation des premières paraffines près de la paroi.
Dans cette partie, nous voulons étudier le comportement rhéologique d'un dépôt de paraffine
récupéré lors de l'essai "test_72h_283K". Le dépôt étant trop plastique, pour établir sa courbe
d'écoulement, nous avons choisi de le "diluer" dans le brut HK. Pour ce faire, nous avons
fabriqué un échantillon nommé "40%Dépôt-60%HK" constitué de 40% de dépôt de paraffine
et de 60% de brut HK. Cet échantillon pourrait être vu comme un dépôt récupéré plus tôt que
le dépôt final, mais cela ne change rien au raisonnement qui va suivre.
Les protocoles de la fabrication de l'échantillon et de l’obtention de sa courbe d'écoulement à
283K de l'échantillon "40%Dépôt-60%" seront détaillés dans le chapitre V paragraphes V-2-1
et V-2-3.
63
Les courbes de la figure Fig-III-14 représentent les courbes d'écoulement du brut HK et de
l'échantillon "40%Dépôt-60%" ainsi que les corrélations de Bingham qui y correspondent à
283K. Nous constatons que, à 283K, le brut HK et l'échantillon "40%Dépôt-60%" se
comportent respectivement comme un fluide newtonien et un fluide à seuil. Par ailleurs la
viscosité du brut HK est 23 fois plus petite que la viscosité plastique de l'échantillon
"40%Dépôt-60%". Cette dernière constatation nous amène à penser que le dépôt de paraffine
résulte probablement d'une couche près de la paroi de la conduite qui ne s'écoule pas et qui se
comporte comme un matériau viscoplastique dont la contrainte seuil et la viscosité plastique
varient en fonction de la quantité de cristaux de paraffine qui le compose.
III.7 Conclusions
Nous avons mené des essais de dépôt de paraffine dans une boucle d'essai semi industrielle
(Boucle LYRE) à l'IFP Lyon. Deux gradients de températures différents ont été imposés. Le
dépôt de paraffine a été analysé à différents instants.
64
Ces essais nous ont permis de tirer quelques conclusions concernant la formation du dépôt et
ces caractéristiques:
• Quelques soit l’essai, le dépôt de paraffine n'apparaît pas immédiatement. Plus le gradient
de température est important, plus tôt le dépôt apparaît.
65
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
66
5m 1m 1m
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
(a)
(b)
Section démontable
Entrée Glycol
Capteur ∆P
PDT5
(c)
(d) (e)
Fig- III-16:(a) Schéma de principe de la manchette paraffine, (b) photo de la manchette paraffine, (c) et (d)
positions des capteurs de température dans la section démontable et (e) cellule "témoin".
67
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
68
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
RÉSOLUTION NUMÉRIQUE.
IV.1 Introduction
Dans un premier temps, les équations qui régissent l'écoulement d'un fluide viscoplastique
associé à un enrichissement local en particules paraffiniques sont décrites. La géométrie du
problème ainsi que les conditions initiales et aux limites sont ensuite précisées. Nous nous
intéressons à la résolution numérique de ces équations. Nous utilisons le code Starwacs2D
développé par G. Vinay, 2005 comme structure de base et nous l'adaptons à notre
problématique. Nous portons un intérêt particulier à l'implémentation de la loi de
comportement du brut et à la prise en compte du mécanisme d'enrichissement grâce à une
équation de Fick. Ensuite, nous présentons succinctement les méthodes numériques et les
algorithmes implémentés dans ce code, nous précisons les modifications apportées au code
StarWaCS2D pour traiter la problématique des dépôts de paraffine en conduite.
69
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
contraintes
2 ρU R
Re =
µ (IV.3)
Dans ces travaux nous nous limiterons généralement à l'étude d'écoulements laminaires à
savoir que le nombre de Reynolds ne dépassera pas 2100.
ρC f
dΘ r
dt
(
r
)
= ∇ λ f ∇Θ + τ : D + ρ∆h
dΦ s
dt
Dans Ω × [0, T ] (IV.4)
d ∂ r r
= + U .∇ est la dérivée particulaire.
dt ∂t
70
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
µU 2
Br = (IV.5)
λ f (Θ p − Θ f )
fluide.
Dans notre cas, les valeurs de ce nombre sont faibles (pour µ qui varie entre 10 −3 et 10 −1 , on
a Br qui varie entre 10 −4 et 10 −2 ). Nous pouvons donc négliger les termes de dissipation
visqueuse.
Nous pouvons donc simplifier l'équation de l'énergie comme suit:
dΘ r
( )
dΦ s
r
ρC f = ∇. λ f ∇Θ + ρ∆h
dt dt (IV.6)
Afin de déterminer la longueur d'établissement du profil thermique, nous introduisons le
nombre adimensionnel de Cameron, C a :
λf L
Ca = (IV.7)
ρC f U R 2
Si C a est grand (typiquement supérieur à 1), la température moyenne reste constante dans
l'écoulement .
ρC f U R 2
Létabl = (IV.8)
λf
71
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Θ < Θ cc
J z ( z, t ) J z ( z + dz , t )
dr
S r (r + dr )
S r (r )
J r (r , t ) J r (r + dr , t )
dS z
z z + dz
dz
Soit encore :
∂[J z (z , t )] ∂ ( J r (r , t )S r (r ) )
dN L = − dS z dzdt − drdt − dN s (IV.10)
∂z ∂r
On a donc :
1 dN L ⎛ ∂[J z ( z , t )] 1 ∂ (rJ r (r , t )) ⎞ 1 dN s
= −⎜ + ⎟−
2πrdrdz dt ⎝ ∂z r ∂r ⎠ 2πrdrdz dt (IV.11)
72
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
dC l ⎛ ∂[J z ( z , t )] 1 ∂[J r (r , t )] ⎞ dC s
= −⎜ + ⎟− (IV.12)
dt ⎝ ∂z r ∂r ⎠ dt
dC l ⎛∂ ⎡ ∂C l ⎤ 1 ∂ ⎡ ∂C l ⎤ ⎞ dC s
= −⎜⎜ ⎢ Dm ⎥ + ⎢ rDm ⎥ ⎟⎟ − dt (IV.14)
dt ⎝ ∂z ⎣ ∂z ⎦ r ∂r ⎣ ∂r ⎦⎠
∂C l r r r r ∂C
+ U .∇C l = ∇.( Dm ∇C l ) − s
∂t ∂t (IV.16)
En complément en tout point du domaine la teneur en paraffine résulte donc de la somme des
paraffines dissoutes et cristallisées.
C = Cl + C s (IV.17)
Comme nous l'avons vu au cours du chapitre II la cristallisation des paraffines résulte d'un
processus thermodynamique complexe dont le détail n'est pas l'objet de ce travail. Nous nous
contenterons ici d'écrire que la fraction cristallisée peut-être déterminée à l'aide d'une fonction
de la température et de la teneur en paraffine.
73
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
C s = f (Θ, C ) (IV.18)
Nous avons vu précédemment que les bruts paraffiniques ont un comportement viscoplastique
qui dépend étroitement des effets thermiques. En conséquence les paramètres intrinsèques du
fluide à savoir la consistance et la contrainte seuil dépendent de la température d’ou la loi
rhéologique suivante :
avec :
1
∑ X ij
2
X = (IV.18)
2 1<i , j < d
Nous avons fait l'hypothèse que la formation d'un dépôt est due à l’association des effets
thermiques, d’un mécanisme d’enrichissement en paraffines et d'un changement de
comportement local du brut. Soit, C s , la fraction des paraffines qui ont cristallisé près de la
paroi sous l'effet de la température. Le modèle ci dessus s’écrit donc :
⎧ D
⎪τ = 2 µ (Θ, C s ).D + .τ 0 (Θ, C s ) si τ > τ 0 (Θ, C s )
⎪ D
⎪
⎨D = 0 si τ ≤ τ 0 (Θ, C s ) (IV.19)
⎪
⎪τ 0 = 0 si Θ > Θ CC
⎪τ = τ (Θ, C ) si Θ ≤ Θ CC
⎩ 0 0 s
Nous introduisons le nombre adimensionnel de Bingham, Bi qui rend compte des effets
viscoplastique:
74
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
τ 0 (Θ, C s )
Bi = (IV.20)
τw
Si Θ > Θ cc , la contrainte seuil est nulle donc Bi = 0 . Le brut est cisaillé dans toute la section
et se comporte comme un fluide newtonien.
Si dans une région, Ω f , de la conduite Θ < Θ cc , une contrainte seuil apparaît. Dans la
⎛ ∂Θ r r ⎞ r r
ρC f ⎜ + U .∇Θ ⎟ = ∇.(λ f ∇Θ) (IV.23)
⎝ ∂t ⎠
∂C l r r r r ∂C
+ U .∇C l = ∇.( Dm ∇C l ) − s (IV.24)
∂t ∂t
C = Cl + C s (IV.25)
C s = f (Θ, C ) (IV.26)
⎧ D
⎪τ = 2 µ (Θ, C s ).D + .τ 0 (Θ, C s ) si τ > τ 0 (Θ, C s )
⎪ D
⎪
⎨D = 0 si τ ≤ τ 0 (Θ, C s ) (IV.27)
⎪
⎪τ 0 = 0 si Θ > Θ CC
⎪τ = τ (Θ, C ) si Θ ≤ Θ CC
⎩ 0 0 s
75
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
(le brut). Elles seront déterminés expérimentalement; on verra par la suite comment .
du domaine d'écoulement
L
Θ = Θ ext < Θ cc ⎧ P = Ps = 0
⎧ P = Pe u=w=0 ∂Cl ⎪
⎪u = ∂w = 0
r
⎪ =0
⎨ou ∂r ⎪ ∂z
⎪Uv = (0,0, W ) D ⎪
⎩
Conditions de paroi ⎨ ∂Θ
⎪ ∂z = 0
e
2
Θ = Θ e > Θ cc ⎪
Cl = Cl0 ⎪ ∂Cl = 0
∂Cl ∂w ∂Θ ⎪⎩ ∂z
=0 u= =0 =0
Conditions d'entrée ∂r ∂r ∂r
Conditions de sortie
Conditions de symétrie
A la sortie, nous fixons arbitrairement une pression de référence nulle, Ps = 0 et une vitesse
radiale nulle. Une condition de Neumann est imposée à la vitesse axiale ainsi qu'à la
température et à la concentration des normales paraffines dissoutes.
76
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Nous simulons notre écoulement sur la moitié d'une conduite. Nous imposons donc des
conditions de symétrie au champ de vitesse, de température et de concentration en normales
paraffines suivant l'axe de symétrie.
Le système d'équations ci dessus peut se résoudre puisque nous avons autant d'équations que
d'inconnues.
Néanmoins la discontinuité et la non dérivabilité de la loi de comportement ajoute une
difficulté supplémentaire à la résolution du problème. En effet, les inconnues du problème de
Stokes sont les vitesses et la pression; or la discontinuité de la loi de comportement est en
contrainte, et par conséquent nous sommes incapables d'évaluer directement la distribution
des contraintes dans les zones non cisaillées. Il existe deux grandes familles de méthodes
mathématiques pour s'affranchir de cette difficulté.
Une méthode classique permettant de modéliser des écoulements viscoplastiques est d'utiliser
des modèles dits "régularisés" qui permettent de s'affranchir de la discontinuité de la loi
exacte de Bingham en l'approximant par une loi continue. Nous pouvons citer par exemple la
loi proposée en 1987 par Papanastasiou :
µ( D ) = µ0 +
τ0
2D
≈ µ0 +
τ0
2D
(1 + e −m 2 D
) (IV.28)
77
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Le second paragraphe est dédié à la résolution de la seconde loi de Fick qui possède un terme
puits et pour laquelle nous utilisons la méthode de Marechuk-Yanenko afin de découpler les
difficultés de résolution numérique.
f ( x1 ,....., x N ) = 0 .
Les conditions nécessaires du 1er ordre donnent les points critiques de F (en ignorant d’abord
la contrainte) :
∂F ∂F
= ........ = =0 (IV.29)
∂x1 ∂x N
∂f ∂f
df = dx1 + ...... + dx N = 0 (IV.30)
∂x1 ∂x N
∂F ∂f
dF + λdf = 0 ⇒ +λ = 0 (i = 1,......., N ) (IV.31)
∂xi ∂xi
∂ ( F + λf )
= 0 (i = 1,......., N ) (IV.32)
∂xi
Nous constatons que le problème général du départ avec contrainte revient à minimiser la
fonctionnelle : F + λf sans contrainte.
78
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
⎧Min F ( x) r r
⎨ r r ⇔ Min( F ( x) + λ . f ( x)) (IV.33)
⎩s.c. : f ( x) = 0
r r 2
Lr ( x, q ) = L( x, q ) + f ( x) . (IV.34)
2
L’intérêt de ce choix est l’augmentation de la vitesse de convergence sans modification de la
solution finale. Le choix de la constante r doit être optimal.
Le but de la section suivante est la transformation de la discontinuité de notre modèle de
Bingham (IV.27) en un problème d’optimisation via le lagrangien augmenté.
⎧ 1
⎪⎪ 2µ (Θ, C s )
(
τ − τ 0 (Θ, C s )
τ
)
si τ > τ 0 (Θ, C s )
D=⎨ τ (IV.35)
⎪
⎪⎩0 si τ > τ 0 (Θ, C s )
Pour simplifier les écritures, dans la suite nous écrirons τ 0 (Θ, C s ) = τ 0 , µ (Θ, Cs ) = µ et nous
D'une part, Glowinski et al ont démontré que cette équation est équivalente à l’inégalité
variationnelle ci-dessous :
79
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
X = 2 X
D’où :
2µ ( D, q~ ) + 2τ 0 ∫ q~ dΩ − (τ , q~ ) ≥
Ω
(IV.38)
2µ ( D, D) + 2τ 0 ∫ D dΩ − (τ , D) , ∀q~ ∈ ( L2 (Ω)) n
Ω
Cette dernière inégalité variationnelle peut être traduite par un problème de minimisation sans
contrainte. Soit la fonctionnelle J (q ) définie par
J (q) = µ ∫ q dΩ + 2τ 0 ∫ q dΩ − (τ , q)
2
(IV.39)
Ω Ω
J ( D) = Min J (q ) (IV.40)
q
{
H 01 (Ω) = v / v ∈ H 1 (Ω), v = 0 sur Γd }
{
H 1g (Ω) = v / v ∈ H 1 (Ω), v = g sur Γd }
D(Ω) = ( L2 (Ω)) d ×d , d=dimension de l’espace physique.
r
∂U
Soit discrétisé, en temps, de la manière suivante :
∂t
r r r
∂U U k − U k −1
= . (IV.42)
∂t ∆t
80
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
r
Nous avons donc U k et P k solution de :
r r
⎧∇.U k = 0 sur Ω × [0, T ]
⎪
⎨ ρ rk r k r k rk (IV.43)
⎪ U + ∇.τ + ∇P = f sur Ω × [0, T ]
⎩ ∆t
( )
rr r
En intégrant par parties et sachant que τ , ∇v = (τ , D(v ) ) , nous obtenons pour la première
équation :
r r ρ rr rr rr r
∫τ : D(v )dΩ = (τ , D(v )) = − ∫ Ω + ∫ ∇ Ω + ∫ vdΩ ∀v ∈ H 0 (Ω)
1
U .v d .v .Pd f (IV.45)
Ω
∆t Ω Ω Ω
r
A présent, nous introduisons q = D(v ) ∈ D(Ω) , et nous remplaçons dans la fonctionnelle
r r
J (q) l’expression de (τ , ∇v ) = (τ , D(v ) ) par sa valeur. Nous obtenons ainsi la
r
fonctionnelle J (v , l , q ) définie par :
r ρ rr 2 rr rr
∆t Ω∫ ∫
J (v , l , q ) = U .v dΩ + µ q dΩ + 2τ 0∫ q dΩ − ∫ l .∇ .v dΩ − ∫ v dΩ
f (IV.46)
Ω Ω
r
Enfin nous relaxons la contrainte q − D(v ) = 0 par l’introduction d’un champ tensoriel de
multiplicateurs de Lagrange α ∈ D(Ω) . Nous obtenons le lagrangien suivant :
r r r
L ( v , l , q , α ) = J ( v , l , q ) + ∫ α : ( D ( v ) − q ) dΩ (IV.47)
Ω
En lagrangien augmenté :
r r r
Lr (v , l , q, α ) = L(v , l , q, α ) + ∫ D(v ) − q dΩ
r 2
(IV.48)
2
r
Il reste à trouver le point selle (U , P, d , λ ) ∈ H 1g × L2 (Ω) × D(Ω) × D(Ω) solution de :
81
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Notons que, dans l’expression du lagrangien augmenté, le troisième terme n’est pas dérivable.
Ceci implique l’utilisation d’une inégalité variationnelle pour réaliser la seconde équation.
D’autre part, la pression p apparaît naturellement comme un multiplicateur de Lagrange pour
r r 2
la contrainte de continuité ∇U. = 0. Enfin le terme ∫ q dΩ étant dérivable, nous pouvons
Ω
r 2
donc le remplacer par ∫ D(v ) dΩ .
Ω
∂ r r v
Où r (v ) est la dérivée directionnelle dans la direction v et au point U .
∂U
ρ rr r r
∫ U .v dΩ + ∫ (2 µ + r )D ( v ) : D (U )dΩ
∆t Ω Ω
rr rr (IV.51)
r r
− r ∫ d : D(v )dΩ − ∫ f .v dΩ − ∫ ∇v . pdΩ + ∫ λ : D(v )dΩ = 0
Ω Ω Ω Ω
r r r r
En intégrant par parties, et sachant que ( D(U ), D(v )) = ( D(U ), ∇v ) , nous obtenons :
82
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
r
r ∂Lr (v , P, q, α )
Max(Lr (v , P, q, α )) ⇔ (v ) = 0
l ∂P (IV.54)
r r
⇒ − ∫ l.∇.UdΩ = 0
Ω
Min(Lr (u , q, λ ) ) (IV.56)
q
( ) ( )
r r r 2
τ 0 ∫ q dΩ + ∫ λ D(U ) − q dΩ + ∫ D(U ) − q dΩ ≥
Ω Ω
2Ω
(IV.57)
( ) ( )
r r r 2
τ 0 ∫ d dΩ + ∫ λ D(U ) − d dΩ + ∫ D(U ) − d dΩ
Ω Ω
2Ω
2τ 0 ∫ q d Ω − 2τ 0 ∫ d d Ω − ∫ λ ( q − d )d Ω −
r
[
2 Ω∫
2 D (U
r
]
)( q − d ) + q 2 − d 2 d Ω ≥ 0
Ω Ω Ω
⇒
r
( r
2
)
2τ 0 ∫ q − d d Ω − ∫ λ + rD (U ) (d − q )d Ω + ((q + d ), (q − d )) ≥ 0 (IV-58)
Ω Ω
⇒
r
( )
2τ 0 ∫ q − d d Ω − ∫ λ + rD (U ) (q − d )d Ω + r (d , ( q − d ) ) ≥ 0
Ω Ω
r
Posons Σ = λ + rD(U ) .
D’aprés le théorème énoncé par Glowinski et al. cette inégalité est équivalente à :
r
d =0 si λ + rD(U ) < 2τ 0
1 ⎛ 2τ 0 ⎞ r (IV.59)
d = Σ.⎜1 − ⎟ si λ + rD(U ) > 2τ 0
r ⎝⎜ Σ ⎟
⎠
La dernière condition d’optimalité est :
r
r ∂Lr (U , P, d , λ )
Max(Lr (v , P, q, α ) ) ⇔ (α ) = 0
α ∂λ (IV.60)
( )
r
⇒ ∫ D(U ) − d : αdΩ = 0
83
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
r
D(U ) − d = 0 (IV.61)
La solution du problème de point selle est obtenue par un algorithme de type Uzawa. Cet
algorithme, basé sur les quatre équations d’optimalité, se décompose en trois étapes. Cet
algorithme est intégré dans l'algorithme général présenté dans le paragraphe IV-3-4
∂ϕ
+ A(ϕ , t ) + B(ϕ , t ) = f (IV.62)
∂t
peut être décomposé en plusieurs étapes :
⎧ ∂ϕ k −1 k k −1 k −1
k−
1
⎪ ∂t
⎪ ∂ϕ k−
1
⎪ + B (ϕ , t ) = f (t ), sur (t k −1 k
, t ), ϕ (t k −1
) = ϕ 2 , ϕ (t k ) = ϕ k
⎨ ∂t 2 (IV.63)
⎪
⎪ou
⎪f =
⎪
⎩
∑
i
fi
∂C s
B(ϕ , t ) = − (IV.66)
∂t
Cette méthode nécessite que le pas de temps ∆t soit petit. Cela n'est pas gênant car, de toutes
façons, les équations de mouvement sont résolues de manière explicite et donc le pas de
temps est nécessairement petit. L'algorithme de MY appliqué à notre problématique est
détaillé dans l'algorithme général proposé au paragraphe IV-3-4.
84
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
r
Initialisation de U 0 , P 0 , d , λ0 , C l et Θ 0 .
0 0
•
i≥0
Calcul vitesse-pression:
(( ) ) ( )
⎧ρ k r k −1
rk r k r k r k −1
⎪ ∆t U i +1 − ∇ 2 µ + r D (U i +1 ) + ∇ Pi +1 = ∇ ( λi − rd i
k
) − f U dans Ω
⎪⎪ r r k
⎨ ∇.U i +1 = 0 dans Ω (IV.68)
⎪ rk r
⎪ U i +1 = U sur Γ
⎪⎩
( r r
λik+1 = λik + r D(U ik+1 ) − d (U ik+1 ) ) (IV.70)
85
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
r r
r U k +1 − U k P k +1 − P k
Convergence si : D(U ) − d < ε 1 , < ε 2 et < ε3 (IV.71)
U max Pmax
i = i +1
⎛ Θ k r k r k −1 ⎞ r Θ k −1
ρC f ⎜⎜ + U .∇Θ ⎟⎟ = λ f ∇ 2 Θ k + ρC f (IV.72)
⎝ ∆t ⎠ ∆t
- Résolution de l'équation de transport des normales paraffines (dont équation de Fick) par
la méthode de Marchuck-Yanenko (détermination de Clk et Csk)
1
• Trouver C l k − 2 en résolvant l'équation de diffusion sans terme puits (cristallisation des
normales paraffines) discrétisée en temps par la méthode d'Euler explicite d'ordre 1:
1
k−
− C lk −1 r k r k − 2 r ⎛⎜ r k−1 ⎞
2 1
Cl
+ U .∇C l − ∇. Dm ∇C l 2 ⎟ = 0 (IV.73)
∆t ⎜ ⎟
⎝ ⎠
1
k−
C lk − C l 2
C sk − C sk −1
+ =0 (IV.75)
1 ∆t
∆t
2
r
Sorties des résultats U k , P k , Θ k , C l k et C s .
k
rk max X k − X k −1
- Convergence si ∆Θ , ∆U , ∆Cl ≤ ε 4 avec ∆X = Ω
k k k
∆t
• k = k +1
86
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
87
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
∫ ( )
∂Cl r r r r
∫
Ω Cl
∂t Ω
∫
dΩ Cl + U .∇Cl dΩ Cl − ∇. Dm ∇Cl dΩ Cl = 0
Ω
(IV.76)
Cl Cl
r r r r r r r r
Soit F = U .Cl , on a donc U .∇Cl = ∇.F − Cl ∇.U . L'équation IV-76 devient:
∫ ( )
∂Cl r r r r r r
∫
Ω Cl
∂t Ω
∫ Ω Ω
∫
dΩ Cl + ∇.F dΩ Cl − ∇. Dm ∇Cl dΩ Cl − Cl ∇.U dΩ Cl = 0 (IV.77)
Cl Cl Cl
88
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
⎛ k k− ⎞
1
⎛ k−1 k−
1
⎞ ⎛ k−1 k− ⎞
1
⎜ C − C 2 ⎟ rc drc dz c + ⎜ F 2 r − F 2 r ⎟dz + ⎜ F 2 − F 2 ⎟r dr =
⎜ l l
⎟ ∆t ⎜ w w e e
⎟ c ⎜ n s
⎟c c (IV.79)
⎝ ⎠ ⎝ ⎠ ⎝ ⎠
(G k
w rw ) ( )
− Gek re dz c + G nk − G sk rc drc
Le flux convectif F est discrétisé par la méthode TVD Lax-Wendroff Superbee. Cette
méthode est plus amplement détaillée dans la thèse de G.Vinay,2005. Le flux diffusif est
discrétisé par un schéma implicite centré défini comme suit:
k
ClW − ClCk C k − ClEk C k − ClCk C k − ClSk
Gwk = ; Gek = lC ; Gnk = lN et Gsk = lC (IV.80)
drw dre drn drs
f C C lCk − f W C lW
k
− f E C lEk − f N C lNk − f S C lSk = S (IV.81)
Avec:
rw r
f W = − Dm × ; f E = − Dm × e ;
dz C drw dz C dre
rC drC r dr
f N = − Dm × ; f S = − Dm C C ; (IV.82)
dz n dz s
rc drc dz c
fC = − f N − f S − fW − f E et
∆t
rc drc dz c ⎛⎜ k − 2 ⎞ ⎛ k−1 k− ⎞
1 1 1 1
k− k−
S f = C lC 2 × − Fw rw − Fe 2 re ⎟dz c + ⎜ Fn 2 − Fs 2 ⎟rc drc .
∆t ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝ ⎠ ⎝ ⎠
89
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
avec :
λf rw λf re
eW = − × ; eE = − × ;
ρC p dz C drw ρC p dz C dre
λf rC drC λ f rC drC
eN = − × ; eS = − ; (IV.85)
ρC p dz n ρC p dz s
rc drc dz c
eC = − f N − f S − fW − f E .
∆t
rc drc dz c
k −1
S e = Θ lC
∆t
( ) ( )
− Fwk −1 rw − Fek −1 re dz c + Fnk −1 − Fsk −1 rc drc .
×
r r
ou E est une matrice tridiagonale symétrique, S e est le vecteur second membre et Θ est le
vecteur température.
les systèmes matriciels (IV.83) et (IV.84) sont résolus par un algorithme de gradient conjugué
préconditionnée SSOR.
Les équations de la dynamique couplées avec le lagrangien augmenté discrétisées en volumes
finis donnent le système linéaire suivant:
r r
⎛ A + r ' B T B B T ⎞⎛U ⎞ ⎛ f + r ' B T gr ⎞
⎜ ⎟⎜ r ⎟ = ⎜ r ⎟ (IV.86)
⎜ 0 ⎟⎜ P ⎟ ⎜ ⎟
⎝ B ⎠⎝ ⎠ ⎝ g ⎠
90
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
L'objectif de l'étude numérique présentée dans ce paragraphe est de montrer qu'un dépôt de
paraffine peut se construire à partir de la nouvelle approche proposée dans le paragraphe II-4.
Nous nous intéressons donc à l'écoulement d'un fluide viscoplastique incompressible évoluant
dans une conduite axisymétrique dont les paramètres rhéologiques sont dépendants de la
température et des cristaux de paraffine avec un mécanisme d'enrichissement en paraffines
dissoutes près de la paroi. Cette situation simule le transport d'un brut paraffinique subissant
un refroidissement pariétal imposé par les conditions thermiques extérieures Θ ≤ Θ CC .
Jusqu'à présent, dans la littérature, il n'existe pas de loi permettant de rendre compte à la fois
des effets thermiques et des effets des cristaux de paraffine sur la contrainte seuil ainsi que sur
la viscosité plastique. Dans un premier temps, nous les choisissons de manière arbitraire. Le
modèle thermodynamique donnant la fraction des paraffines cristallisées en fonction de la
température et des paraffines dissoutes est choisi également arbitrairement. Par la suite nous
définirons ces paramètres pour le brut considéré grâce à des mesures appropriées détaillées au
chapitre V.
91
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
La géométrie du problème est décrite dans le paragraphe IV-3, l'écoulement est divisé en deux
zones. Dans la première zone de longueur Le, la température de la paroi de la conduite est
égale à celle du fluide tel que Θ inlet > Θ cc . Dans la seconde zone, la température de la paroi est
inférieure à Θ CC .
ρC f U R 2
La longueur de la conduite est choisie telle que : L < Létablie = afin que le régime
λf
t = 1 1 m in
t =4 h
t = 24 h
t =70 h
92
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Les profils de vitesse axiale dans différentes sections de la conduite atteints au bout de 70
heures d'écoulement sont représentés sur la figure Fig-IV-6.Le fluide entre dans la conduite
avec un profil parabolique. Quand le dépôt de paraffine se forme, la section de la conduite
diminue. Afin de conserver le débit, la vitesse au centre de la conduite augmente. Notons
également que ces profils de vitesse ont une forme en "cloche". Cela s'explique car la
réduction de la section de passage du fluide et l'influence de la température et des cristaux de
paraffine sur la viscosité apparente impliquent un ralentissement du fluide au voisinage du
dépôt et à contrario une accélération de celui ci au centre de la conduite afin de respecter
l'équation de continuité.
Les courbes de la figure IV-7 traduisent l'évolution de la pression le long de la conduite à
différents instants. Nous pouvons diviser ces courbes en deux parties quelque soit l'instant.
Entre l'entrée de la conduite et la longueur Le, le fluide s'écoule de manière newtonienne,
isotherme et incompressible la pression diminue linéairement le long de la conduite. Dans la
seconde zone i.e. de Le à la sortie de la conduite, la pression diminue de manière non linéaire.
Ce résultat n'est pas intuitif. Ce changement de tendance coïncide avec l'apparition du dépôt à
la paroi. Pour expliquer ce résultat, nous reprenons les équations de conservation de
mouvement en régime permanent :
∂P ∂τ rz
+ =0 (IV.87)
∂r ∂z
∂τ rz τ rz ⎛ ∂w(r , z ) ⎞ ∂P
+ = ρ ⎜ w(r , z ). ⎟− (IV.88)
1∂4
r 243r 144424443⎠ {
⎝ ∂z ∂z
1 2 3
L'hypothèse généralement faite lors des écoulements "normaux" est que la vitesse axiale ne
dépend pas de la longueur de la conduite ainsi le terme 2 de l'équation (IV.88) est nul et dans
ce cas, nous aurions une variation linéaire de la pression avec la longueur et une variation
linéaire de la contrainte avec le rayon. Dans notre cas, cette dernière hypothèse n'est plus
valide car la dépendance de la viscosité en fonction de la température et des cristaux de
paraffine implique que la vitesse axiale dans la conduite dépend également de z et ainsi le
terme 2 de l'équation (IV.88) n'est pas nul. La variation de la pression et la variation de la
contrainte de cisaillement ne sont donc pas linéaires.
93
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Sur cette même courbe, nous constatons que la perte de charge augmente au cours du temps.
Cette croissance est rapide au début et ralentit progressivement. Nous avons constaté le même
comportement dans les essais effectués dans la boucle LYRE présentés dans le chapitre III.
0.07
0.06
Section = 0
Section = 1
0.05 Section = 2
Section = 3
0.04
Section = 4
w (m/s
0.03
0.02
0.01
0
0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025
R (m)
94
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
IV.6 Conclusion:
Dans le chapitre II-4, nous avons imaginé une nouvelle approche basée sur un mécanisme
d'enrichissement en proche paroi qui permet de changer le comportement du brut dans cette
zone jusqu'à son arrêt. Dans le présent chapitre, nous nous sommes appuyés sur les modèles
des écoulements viscoplastiques thermodépendants et thixotropes développés dans le cadre de
sa thèse à l'IFP par Vinay, 2005 (encadrement A. Wachs et J.F Agassant) que nous avons
adapté à la problématique des dépôts de paraffine en conduite en ajoutant notamment un
mécanisme d'enrichissement en paraffine en proche paroi qui est la diffusion moléculaire.
En premier lieu, nous avons mis en évidence la robustesse de la nouvelle version du code
"StarWaCS2D" pour gérer des zones non cisaillées à la paroi.
Nous avons vu également que, lorsque le brut est paraffinique, la thermodépendance et les
effets des cristaux de paraffine sur ces paramètres intrinsèques suffisent pour générer un dépôt
à la paroi. Les résultats numériques qualitatifs sont en adéquation avec les résultats
expérimentaux détaillés dans le chapitre III: le dépôt de paraffine se forme une fois que la
couche en proche paroi est suffisamment enrichie en cristaux de paraffine. Nous constatons
également que la perte de charge augmente rapidement dans les premières heures puis cette
augmentation ralentit avec le temps.
Nous avons également vu que le changement de rhéologie du brut au cours de l'écoulement
implique que la variation axiale de la pression dans la conduite n'est plus linéaire et donc la
variation radiale de la contrainte de cisaillement n'est également plus linéaire. Cette
conséquence induit que les prédictions par le biais des méthodes simples qui s'appuient sur la
linéarité de la contrainte de cisaillement ne sont pas pertinentes.
95
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
96
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
PARAMÈTRES THERMODYNAMIQUE ET
V.1 Introduction
Dans la littérature, le coefficient de diffusion Dm , comme nous l'avons vu au chapitre II, est
généralement un paramètre d'ajustement des modèles de dépôt. Nous n'en parlerons pas ici et
verrons par la suite dans le chapitre VI comment nous pouvons le déterminer.
Les paramètres tels que ρ , C f et λ f peuvent être déterminés de manière classique et ne
jouent pas un rôle fondamental dans l'approche phénoménologique que nous développons. Ils
sont de plus peu sensibles aux deux grandeurs sur lesquelles reposent notre approche, la
température et la teneur en paraffine.
En revanche, ce n'est pas le cas des paramètres de la loi de comportement et de la fraction
cristallisée de paraffine. Nous détaillons dans ce chapitre la méthode expérimentale que nous
avons mise au point pour déterminer ces paramètres.
Pour illustrer cela nous utilisons le brut HK des essais réalisés dans la boucle Lyre (Cf
Chapitre III).
97
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Pour rappel, le mécanisme que l'on cherche à mettre en évidence ( représenté par la fig V-1)
se base sur le fait que "localement", près de la paroi, le brut va subir conjointement un
refroidissement et un "enrichissement" en normale paraffine. Ceci va avoir pour conséquence
directe de changer le "comportement" du fluide et la quantité de paraffine "potentiellement"
cristallisables dans cette région.
Nous utilisons le brut HK dont les principales caractéristiques ont été détaillées dans le
chapitre III au cours des essais dans la boucle Lyre.
Dans l'absolu, afin d'être le plus représentatif possible du problème, il faudrait être capable de
prélever un échantillon à divers instants en un point d'une conduite où s'écoule le brut et se
produit l'enrichissement. En effet, compte tenu de la complexité du phénomène, la quantité et
probablement le "type " de paraffine (à chaîne carbonées plus ou moins longue) qui vont
migrer et cristalliser dépendent eux même de l'environnement thermique.
Pour contourner cette difficulté, nous enrichissons artificiellement le brut en paraffine; trois
possibilités ont été envisagées:
98
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
99
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
m = m1+m2
m1 Barreau magnétique
% masse
Nom échantillon m1 ( g ) m2 ( g ) m (g) de dépôt
rajouté
EchHK1 10 0 10 0%
EchHK2 8 2 10 20%
EchHK3 7 3 10 30%
EchHK4 6 4 10 40%
EchHK5 4 6 10 60%
EchHK6 3 7 10 70%
Afin de déterminer les courbes d'évolution de la quantité de cristaux des normales paraffines
en fonction de la température pour les différents échantillons, nous utilisons la méthode de la
calorimétrie différentielle à balayage.
100
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
La courbe rouge sur la Fig-V-3 représente l'évolution de la chaleur dégagée par unité de
masse normalisée par la chaleur totale par unité de masse dégagée lorsque toutes les normales
paraffines ont cristallisé. Elle s'écrit comme suit:
Θ
∫ flow heat dΘ
Θ1
A=
vT
Area% = Θ min
× 100 ( V-1)
∫ flow heat dΘ
Θ1
Amax =
vT
101
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
0,3 100
Pic due à la présence d'eau dans
90
l'échantillon Heat Flow (W/g)
0,25
Area(%) 80
70
0,2
Pic représentatif de la
Heat Flow (W/g)
60
cristallisation des
Area %
normales paraffines.
0,15 50
40
0,1
30
20
0,05
10
0 0
220 230 240 250 260 270 280 290 300 310 320 330 340 350 360
Θ(K)
Déduisons l'énergie nécessaire, H ( J ) , qu'il a fallu fournir pour faire cristalliser les paraffines
au sein de notre échantillon de masse, méch à la température Θ :
Area% × Amax
H = A × méch = × méch ( V-2)
100
supposée la même pour toutes les normales paraffines. Cette dernière hypothèse est
relativement forte. Cette enthalpie est de l'ordre de 160( J / g ) . On en déduit la masse des
normales paraffines cristallisées, m s , lors de notre essai de DSC
H Area% × Amax
ms = = × méch ( V-3)
∆H précipitation 100.∆H précipitation
ms Area% × Amax
Fc (%masse ) =
H
× 100 = = ( V-4)
méch ∆H précipitation ∆H précipitation
La courbe ainsi obtenue permet de déterminer deux paramètres pour l'échantillon concerné:
102
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
EchHK1
4.5
3.5
2.5
Cs (%m)
1.5
0.5
Limite d'intégration
∆H précipitation ( J / g ) Amax ( J / g ) Θ cc
Θ1 (K) Θ min (K)
103
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Les mesures rhéologiques sont effectuées à l'aide d'un rhéomètre Anton Paar MCR 501. Une
chambre de régulation de température via un système de Peltier est utilisée afin de rendre la
température homogène dans l'échantillon et donc d'éviter les problèmes de dépôt lors de la
mesure. On a utilisé la géométrie plan-plan avec une surface striée pour la partie supérieure
afin de limiter le glissement (Cf.Fig-V-5).
Le schéma de la figure Fig-V-6 représente les profils thermiques et de cisaillement subis par
l'échantillon au cours de la caractérisation afin d'obtenir sa courbe d'écoulement à une
température donnée, Θ P . Ainsi, nous pourrons en déduire les paramètres rhéologiques à cette
température.
Échantillon
Avant chaque essai, nous homogénéisons l'échantillon à l'aide d'un barreau magnétique et
d'une plaque chauffante portée approximativement à 363 K afin d'effacer son histoire
thermique et mécanique. La durée de cette opération est d'environ vingt minutes. Ensuite nous
passons à la phase I du protocole d'essai décrit sur le schéma de la figure V-6. Cette phase
dure dix minutes et consiste à déposer quelques millilitres d'échantillon dans l'entrefer de la
géométrie du rhéomètre qui est chauffé à une température Θ i . Dans un pipeline, cette étape
correspond à l'instant initial ou la couche fluide près de la paroi est encore à la température
d’extraction Θ i . Puis nous passons à l'étape II de ce protocole. Il s'agit de refroidir
l'échantillon à raison de 2K/min jusqu'à atteindre la température cible, Θ P , en le cisaillant à un
104
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
taux de cisaillement constant, γ& P . Dans un pipeline, cette opération correspondrait à la phase
que subit une particule fluide en écoulement soumise à un refroidissement pour atteindre la
Q
température de paroi, Θ P . Elle est soumise à un cisaillement d'environ γ& P = 32 ou Q et
πD 3
D sont respectivement le débit et le diamètre du pipeline. La phase III du protocole d'essai
correspond à une phase de stabilisation thermique et mécanique (structuration ou
déstructuration éventuelle de réseau de cristaux de normales paraffines) comme c'est le cas
dans un pipeline. Enfin, l'établissement de la courbe d'écoulement est obtenu au cours de la
phase IV du protocole d'essai. L'échantillon est maintenu à la température, Θ P , pendant qu'il
subit une rampe décroissante en cisaillement et qu'une mesure de l'évolution de la contrainte
de cisaillement est effectuée.
Θ(K ) γ& ( s −1 )
Θi
& = 2K / min
Θ
γ& P
ΘP
I II III IV t (min)
Fig- V-6: Protocole d'essai pour obtenir une courbe d'écoulement avec un
refroidissement dynamique.
105
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
106
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
température et de l'enrichissement.
EchHK1 294
EchHK2 301
EchHK3 307
EchHK4 315
EchHK5 318
EchHK6 320
Le protocole décrit au paragraphe V-2-2 a été appliqué aux six échantillons réalisés (voir
tableau V-1). Nous obtenons pour tous les échantillons les courbes de l'évolution de la
fraction cristallisée des normales paraffines en fonction de la température.
Un test de reproductibilité a été effectué sur l'échantillon "EchHK2". Les deux courbes
obtenues sont présentées sur la figure V-9. Comme on peut le constater, les résultats sont tout
a fait répétables. Sur la détermination de la température de cristallisation commençante, la
107
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
différence entre les deux essais est d'environ 0,5%. Pour la teneur maximale en paraffine
cristallisable, l'écart est d'environ 5%
Les courbes de la variation de la fraction des normales paraffines cristallisées en fonction de
la température pour les six échantillons sont tracées sur la figure Fig-V-10.
• Ce que l'on note tout d'abord c'est que l'enrichissement agit de manière sensible sur la
température de cristallisation commençante. Le tableau V-3 regroupe les valeurs de Θ CC
obtenues pour tous les échantillons.
Ce résultat n'est pas forcément intuitif. En effet, en rajoutant tout le temps le même type de
paraffine il n'y avait a priori aucune raison pour que la "première paraffine à cristalliser "
apparaisse à température plus élevée si ce n'est que la quantité rajoutée permet d'augmenter le
seuil de détection des paraffines les plus longues.
Dans le tableau V-4, nous récapitulons la quantité de paraffine ajoutée dans chaque
échantillon ainsi que les valeurs asymptotiques de paraffines cristallisés.
A partir des valeurs calculées dans le tableau V-4, nous pouvons établir une corrélation entre
la fraction cristallisée, la quantité de paraffine ajoutée et la température. Nous limitons notre
analyse pour les températures comprises entre [294 K ;275K ] . La courbe de la figure Fig-V-11
représente l'évolution de la fraction de normales paraffines cristallisées en fonction de la
quantité de paraffine ajoutée pour différentes températures. Nous constatons, pour une
température fixée, que la quantité de paraffine cristallisée augmente de manière linéaire avec
la quantité de paraffine ajoutée par enrichissement. Nous pouvons donc écrire la relation
suivante:
108
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
C s0 (Θ) la variation de la quantité cristallisée lorsque l'enrichissement est nul autrement dit c'est
EchHK2
5
EchHK2 bis
4
Cs (%m)
109
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
EchHK1 0 10 4.2 % 0% 0
EchHK3 7 10 14 % 11 % 1.1
La figure Fig-V-12 montre que la variation de C s0 (Θ) en fonction de la température est linéaire
dans l'intervalle de température défini précédemment et suit la corrélation suivante:
35.00%
Θ = 294.68 K
30.00% Θ = 291 K
Θ = 287 K
25.00%
Θ = 283 K
20.00% Θ = 278 K
Θ = 275 K Cs = 0.7262∆Cs
Cs
Cs = 0.8687∆Cs + 0.026
0.00%
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%
∆Cs
110
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
0.03
0.02
Cs°(Θ)
0.015
0.01
Cs°(Θ)%
0.005
0
275 277 279 281 283 285 287 289 291 293 295
Θ (K)
0.95
a(Θ)
0.9 a(Θ) = -0.0084Θ + 3.1963
0.85
a(Θ)
0.8
0.75
0.7
275 277 279 281 283 285 287 289 291 293 295
Θ (K)
111
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Ainsi pour un enrichissement donné et une température donnée, nous pouvons avoir la
quantité de normales paraffines qui cristallisera avec les corrélations (V-6) à (V-8). A titre
d'exemple, si la couche fluide est enrichie de 16.5% (EchHK4) en paraffine dissoute à la
température de 278 K, nous obtenons via les corrélations (V-6) à (V-8) 17.4% de fraction de
paraffine cristallisée. Sur les courbes de la figure Fig-V-10 , nous obtenons 16.5% de fraction
cristallisée. Nous faisons une erreur de l'ordre de 4%.
température.
112
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Nom test ( )
γ& P s −1 (
& K min −1
Θ ) Θ i (K ) Θ P (K )
La phase II du protocole d'essai nous donne les courbes des viscosités apparentes de chaque
échantillon. La mesure des viscosités apparentes des échantillons EchHK5 et EchHK6 n'était
pas possible à cause de problème de glissement. Par la suite, nous présentons uniquement les
mesures effectuées sur les quatre premiers échantillons (Fig-V-14). Tout d'abord on constate
que, pour tous les échantillons, on retrouve le profil caractéristique pour un brut paraffinique.
En effet à "haute température" la viscosité apparente varie faiblement avant de subir un "saut"
important sur quelques degrés avant un nouveau plateau à basse température. La plage de
température où l'on observe la très forte variation de viscosité correspond à la zone où les
cristaux de paraffine commencent à se former de manière conséquente. On peut donc
déterminer une température de cristallisation commençante à partir de ces mesures
rhéologiques. Les valeurs obtenues pour chaque échantillon ont été reportées dans le tableau
V-6. Dans ce même tableau elles sont comparées aux températures de cristallisation
commençantes déterminées par DSC. Tout d'abord ce que l'on constate, c'est que, comme
pour la DSC, les Θ CC augmentent au fur et à mesure que l'on enrichit le brut en normales
paraffines. Ceci permet donc de confirmer les premières mesures. Ensuite, on peut remarquer
113
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
que les écarts entre la détermination par DSC et au rhéomètre sont relativement faibles
quelque soit la teneur en paraffine, ce qui conforte encore toutes les mesures. Finalement, on
peut noter que les courbes obtenues à 275K et à 283K se confondent ce qui nous assure d'une
reproductibilité de la température de cristallisation commençante et de la viscosité apparente.
Θccrheo
Θccrheo
114
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
115
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
La figure Fig-V-16 représente les courbes d'écoulement des quatre échantillons préparés
précédemment ainsi que les modèles de Bingham associés, à une température égale à 275K.
Nous constatons que, quelque soit l'essai, le comportement de Bingham représente de manière
satisfaisante le comportement de ces échantillons. Nous notons également que la contrainte
seuil mesurée pour chaque échantillon augmente avec l'enrichissement. Cela peut s'expliquer
par le fait qu'à une température fixée la quantité de cristaux de paraffine qui apparaît dans les
échantillons EchHK1,EchHK2, EchHK3 et EchHK4 augmente graduellement du fait de
l'enrichissement (Cf.Fig-V-10). En conséquence, ces résultats rhéologiques confortent notre
approche phénoménologique: plus la couche de brut près de la paroi de la conduite est
enrichie en paraffine, plus sa contrainte seuil augmente.
La figure Fig-V-17 représente les courbes d'écoulement des échantillons EchHK1,EchHK2,
EchHK3 et EchHK4 ainsi que les modèles de Bingham qui leurs sont associés à la
température 283K. Nous pouvons faire les mêmes constatations que pour les essais à 275K à
l'exception près que les échantillons EchHK1 et EchHK2 ont un comportement proche de
celui d'un fluide newtonien.
Les courbes de la figure V-18 représentent l'évolution de la contrainte seuil en fonction de la
quantité de paraffine qui cristallise et ce pour les deux températures cibles 283 K et 275 K.
Les fractions cristallisées sont obtenues à partir des courbes de DSC. Les contraintes seuil
sont déduites des corrélations de Bingham représentées sur les figures V-16 et V-17 .
Comme on peut le constater sur la figure V-18, les deux jeux de données peuvent être
approchés par une corrélation de type exponentielle reliant la fraction cristallisée à la tension
seuil par une relation de la forme:
Où A(Θ ) et B(Θ ) sont des coefficients fonction de la température. Afin de déterminer des lois
de variation pour ces coefficients, une étude expérimentale plus exhaustive comprenant
notamment plus de températures cibles aurait été nécessaire. Toutefois pour estimer
l'évolution du coefficient A(Θ ) , comme première approximation, nous pouvons considérer
116
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
⎛ ⎛ 1 1 ⎞⎞
⎜⎜ 33150×⎜ − ⎟ ⎟⎟
A(Θ ) = 0.0013 × e ⎝ ⎝ Θ 294 ⎠ ⎠
et B(Θ ) = 2.15 × Θ − 583.5 ( V-10)
117
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
118
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
cristallisée et de la température.
119
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Nous avons tiré des corrélations de Bingham présentées précédemment les valeurs de la
viscosité plastique des quatre échantillons EchHK1, EchHK2, EchHK3 et EchHK4.
L'évolution de celle ci en fonction de la fraction cristallisée à la température 283K est
présentée sur la figure Fig-V-19. Nous constatons que, plus la quantité en paraffine
cristallisée est importante plus la viscosité plastique est grande. La corrélation ci dessous
permet de représenter correctement cette évolution:
120
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
V.4 Conclusion
Nous avons vu au dans ce chapitre comment obtenir les paramètres d'entrée du modèle
développé au chapitre IV, à partir de mesures expérimentales en calorimétrie différentielle à
balayage et en rhéomètre. Nous avons utilisé le dépôt de paraffine récupéré lors des essais
dans la boucle Lyre présentés dans le chapitre III pour enrichir le brut HK afin d'approcher le
comportement de la couche fluide près de la paroi de la conduite. En analysant par DSC des
échantillons avec plusieurs enrichissements nous avons pu établir des corrélations
thermodynamiques qui nous permettent de déterminer la quantité de normales paraffines qui
cristallisent en fonction de l'enrichissement et de la température.
Des analyses rhéologiques ont été menées sur le brut HK ainsi que sur les échantillons
enrichis en normales paraffines. Dans un premier temps, nous avons montré que la
température de cristallisation commençante de chaque échantillon peut être déterminée de
manière satisfaisante par la méthode rhéologique et qu'elles sont en accord avec les mesures
par DSC. De plus, nous avons démontré que la viscosité apparente dépend clairement de la
température et de la quantité de paraffine cristallisée. A partir des courbes d'écoulement, on a
pu montrer que le comportement de chaque échantillon peut être approché par une loi de
Bingham. La contrainte seuil et la viscosité plastique dépendent à la fois de la température et
de la quantité de normales paraffines cristallisées. Il a été établi que ces deux grandeurs
intrinsèques du brut varient de manière exponentielle avec la quantité de paraffines
cristallisées. Des corrélations en fonction de la température ont été proposées afin de les
déterminer à une température donnée.
Finalement, ces analyses thermodynamiques et rhéologiques nous donnent l'évolution de trois
paramètres d'entrée parmi ceux nécessaires à l'utilisation du modèle numérique que nous
avons exposé dans le chapitre IV. Toutefois il faut noter que ces lois sont propres au brut HK
et qu'il faut les rétablir lors de chaque investigation du comportement d'un nouveau brut.
121
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
122
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
PARAFFINE
Les essais effectués sur la boucle Lyre nous ont permis de faire les premières observations et
de les relier au processus de construction d'un dépôt de paraffine. L'utilisation de ce type
d'installation présente l'avantage d'être le plus représentatif possible de la situation réelle.
Toutefois, la contrainte principale de ce dispositif est sa lourdeur de mise en oeuvre. En effet
pour être "suffisamment représentatif" en terme d'échelle, le diamètre de la conduite a été fixé
à 0.05m ce qui implique ensuite des longueurs d'établissement de couches limites
(hydrodynamique et thermique) "suffisantes" pour que l'écoulement soit développé. La
conséquence est la mise en oeuvre de volumes importants (500litres) de fluides et des
contraintes opérationnelles associées fortes. Ces contraintes (et leur coûts) nous auraient
limité pour faire une étude "exhaustive" de notre problème en faisant varier un nombre
important de paramètres et d'essais associés. C'est la raison pour laquelle nous avons cherché
à concevoir une installation expérimentale capable de recréer des dépôts de paraffine dans des
conditions aussi réalistes que possibles, tout en contrôlant la température et le cisaillement et
d'une mise en oeuvre "plus simple" que la boucle Lyre. Cette installation va nous permettre
d'observer et de suivre l'évolution temporelle de la construction de ce dépôt aussi simplement
que possible tout en ayant la possibilité de faire varier plusieurs paramètres du problème.
A notre connaissance, il existe principalement trois types d'installations de déposition de
paraffine sous écoulement à savoir des boucles réduites, un appareil appelé "coldfinger" et un
système dit de Couette cylindrique (noté C.C par la suite). Les principales difficultés
concernent le suivi temporel de la construction du dépôt. En effet le caractère souvent
"opaque" du fluide rend difficile une "observation visuelle". La plupart des propriétés
physiques du dépôt et du brut associé ne font pas apparaître de contraste évident permettant
de distinguer l'un de l'autre. C'est pourquoi les principales mesures sont effectuées par
123
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Le principe de fonctionnent des boucles réduites (encore plus réduites que la boucle Lyre) est
relativement simple (Cf.Fig-VI-1), il consiste à faire circuler, en boucle fermée, un brut
paraffinique avec une température initiale supérieure à la température de cristallisation
commençante, en maintenant la paroi d'une portion de la conduite à une température
inférieure à Θ cc . Un gradient de température radial est donc créé dans la conduite et ainsi une
des conditions d'apparition est respectée. C'est le principe de fonctionnement de la boucle
Lyre et donc les avantages et les inconvénients de ce type dispositif sont les mêmes que ceux
évoqués pour cette dernière.
Le schéma de principe de l'appareil "coldfinger" est présenté sur la figure Fig-VI-2. Un
cylindre creux est connecté à un système de circulation d'eau qui permet de réguler sa
température. Ce cylindre est placé dans un réservoir où il y a du brut paraffinique et un
barreau magnétique. L'ensemble de ce système est plongé dans un "bain thermostaté" qui a
pour but de réguler la température du brut. La mise en mouvement du brut dans le système
cylindre/réservoir est généré par la rotation du barreau magnétique. La formation du dépôt
commence lorsque la température du cylindre intérieur est inférieure à Θ CC .
L'avantage de cet appareil par rapport aux boucles d'essais réduites réside dans sa simplicité
de mise en oeuvre et dans sa capacité à être démonté pour les mesures d'épaisseur de dépôt.
De plus la quantité de brut nécessaire pour l'essai peut être relativement faible par rapport aux
boucles. Cependant l'écoulement produit dans le réservoir par l'agitation du barreau
124
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Récemment, est apparu dans la littérature (Zougari et al, 2006) un troisième type
d'installation. Cet appareil est inspiré des rhéomètres à géométrie couette cylindrique qui
présentent l'avantage de contrôler le cisaillement et la contrainte de cisaillement au sein de
l'entrefer. La figure Fig-VI-3 représente le schéma de principe de cet appareil qu'ils sont les
seuls, à notre connaissance, à avoir développé pour des problèmes de dépôt de paraffines. Le
cylindre intérieur est chauffé et la température du cylindre extérieur est contrôlée par un
échangeur. Zougari et al. imposent une température aux cylindres intérieur et extérieur égale à
celle du brut. Ils font tourner le cylindre intérieur à une vitesse Ω. Ensuite ils créent un
gradient de température en diminuant la température du cylindre extérieur en dessous de Θ cc .
125
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Ainsi les conditions pour qu'un dépôt de paraffine apparaisse sont réunies. Cet appareil garde
les mêmes avantages que ceux cités pour l'appareil "coldfinger" à savoir la facilité relative de
l'observation du dépôt formé et le faible volume de brut nécessaire pour l'essai. Contrairement
au "coldfinger" l'écoulement et la thermique dans une géométrie de couette cylindrique ont
fait l'objet de plusieurs études et sont donc connus.
Parmi les trois types d'installations recensées, il paraît clair que la géométrie C.C présente un
certain nombre d'avantages. Toutefois il nous semble important de prendre quelques
précautions . En particulier, il est connu que ce type de géométrie, au delà d'un nombre de
Reynolds critique ( de l'ordre de 150), engendre des instabilités sous forme de rouleaux
tridimensionnels (instabilités dites de Couette Taylor) qui vont venir modifier le cisaillement
et la contrainte de cisaillement au niveau du dépôt. C'est la raison pour laquelle nous avons
engagé une étude préliminaire du dispositif avant sa réalisation afin d'éviter l'apparition de ces
rouleaux.
Couette":
126
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Il s'agit d'une instabilité centrifuge. Dans ce type d'écoulement, la trajectoire d'une particule
fluide résulte d'un équilibre entre la force centrifuge et le gradient de pression centripète qui
sont égaux et opposés à tout instant. En provoquant un déplacement infinitésimal d'une
particule fluide, on déséquilibre la force centrifuge.
Considérons une particule initialement placée en r . L'équilibre de la force centrifuge avec le
gradient de pression radial s'écrit:
∂P v(r ) 2
=ρ (VI.1)
∂r r r
Déplaçons à présent cette particule à la position r + dr . Elle acquiert donc une nouvelle
vitesse v~ (r + dr ) . La conservation du moment cinétique nous permet d'écrire la relation
suivante:
(r + dr )v~ (r + dr ) = rv( r ) (VI.2)
∂P v ( r + dr ) 2
=ρ (VI.3)
∂r r + dr ( r + dr )
La relation ci dessous estime la force de rappel en r + dr pour que la particule fluide retourne
à sa position initiale:
∂P v~ (r + dr )
δF = −ρ (VI.4)
∂r r + dr r + dr
127
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
δF = ρ ⎢
⎡ v(r + dr ) 2
−
v( r ) 2 r 2 ⎤
3⎥
=ρ
1
(r + dr ) ⎦⎥ (r + dr ) 3
[
(v(r + dr )(r + dr )) 2 − (v(r )r )
2
] (VI.5)
⎣⎢ (r + dr )
δF = ρ
1 d
3
r dr
[ ]
(v(r )r )2 = 2 ρ v(r2 ) d [v(r )r ]
r dr
(VI.6)
v(r ) =
( )
Ωeb 2 r 2 − a 2 + Ωi a 2 b 2 − r 2 ( ) (VI.7)
(
r b −a2 2
)
Ω e , Ω i , a et b sont respectivement la vitesse angulaire du cylindre extérieur, la vitesse
128
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Pour des faibles valeurs du nombre de Reynolds, les forces visqueuses stabilisent
l'écoulement. Mais au delà d'une valeur critique de ce nombre, l'écoulement est instable. En
revanche d'après le critère de Rayleigh (VI.9), si le cylindre extérieur tourne à la vitesse Ω e et
que le cylindre intérieur est fixe alors l'écoulement sera inconditionnellement stable. La
figure Fig-VI-5 tiré de "Physical Fluid Dynamics, D.J. Tritton" montre les régimes
d'écoulement observés dans un montage de couette cylindrique en fonction des nombres de
Reynolds lorsque les deux cylindres tournent. Ce graphe confirme que, lorsque le cylindre
intérieur est fixe, l'écoulement observé dans l'entrefer est un écoulement de couette quelque
soit le nombre de Reynolds lié à la rotation du cylindre extérieur.
Pour la conception du dispositif expérimental qui nous permettra de recréer les dépôts de
paraffine, nous choisissons que le cylindre intérieur soit fixe et le cylindre extérieur soit
tournant.
129
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Cet appareil est inspiré de l'article écrit par Zougari et al.2006. Il est constitué de deux
cylindres coaxiaux mais contrairement à l'équipement conçu par Zougari et al.2006 où c'est le
cylindre intérieur qui tourne, nous avons fait le choix de faire tourner le cylindre extérieur afin
d'éviter les instabilités de Taylor Couette évoquées précédemment. La figure VI-6 donne une
vue globale de l'installation.
Sur la figure VI-7 sont présentées schématiquement les principales composantes de
l'installation:
La cellule de dépôt est la partie encadrée par un trait pointillé sur le schéma de la figure VI-
7. C'est l'élément principal de l'installation puisque c'est dans cette cellule que va se former le
dépôt de paraffine. On en trouve un schéma plus détaillé à la figure VI-8. Elle est constituée
d'un cylindre tournant (le cylindre extérieur) qui sert à mettre en rotation le brut, d'une
chemise cylindrique solidaire du cylindre tournant sur laquelle va se former le dépôt et d'un
cylindre creux fixe (le cylindre intérieur). La chemise sur laquelle va se former le dépôt est
conçue pour se "désolidariser " facilement du cylindre tournant afin d'avoir un accès "aisé" au
dépôt. La hauteur de la chemise est de 300 mm pour un diamètre intérieur du cylindre
130
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
131
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Le système de pesée est composé d'une balance qui repose sur un support stable fixé sur le
bâti de la cellule de dépôt, et d'un crochet. Périodiquement lors de l'essai, on arrête le moteur,
on désolidarise la chemise de dépôt du cylindre extérieur et on pèse l'ensemble (chemise +
dépôt). Nous avons prévu une deuxième méthode pour peser le dépôt. Elle consiste à poser la
balance sur un support prévu à cet effet (support coulissant sous le système d'acquisition),
démonter complètement la chemise et la poser sur la balance (voir photos sur la figure VI-9
ci-dessous). Le temps de mise en oeuvre de la première méthode est d'environ 10 minutes.
Mais cette méthode est peu fiable car, compte tenu de la dimension de l'entrefer et de la
précision du système de suspension, il est difficile de s'assurer que le cylindre en suspension
ne touche aucun autre élément du dispositif et pendant la pesée il y a des risques de détériorer
le dépôt. Le temps de mise en oeuvre de la seconde méthode est d'environ 6 minutes, cette
dernière est plus sûre, précise et fiable. Pour les futurs tests nous optons pour cette solution.
132
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Le système de chargement et de vidange des fluides est composé d'une chambre et d'un
piston situés sous la cellule de dépôt. Pour le remplissage, le piston est en position basse, on
remplit la chambre avec la quantité de brut voulue puis on remonte le piston en position
haute. Pour la vidange, c'est l'opération inverse qui est pratiquée. Ces opérations sont réalisées
moteur à l’arrêt car le système est solidaire de la rotation. Ce système de piston a été mis en
place afin de faire descendre par gravité le brut et ainsi accéder au dépôt "libre" de brut. Toute
la question est de savoir si l'on ne vidange que le fluide ou également une partie du gel de
consistance faible.
133
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
VI.3 Résultats
Nous utilisons toujours le brut HK comme fluide "process" pour nos essais. Ses
caractéristiques physico-chimiques et rhéologiques ont été présentées dans le chapitre V.
Parmi tous les paramètres pouvant être étudiés avec l’installation ( température à la paroi,
gradient de température, vitesse de rotation, temps de dépôt, …) il a été décidé dans un
premier temps de se focaliser sur deux d’entre eux à savoir le temps du dépôt et le gradient de
température . En effet, selon le mécanisme de diffusion moléculaire, c’est ce dernier qui est le
principal moteur de création du dépôt. Deux gradients de température ont été retenus :
∆Θ = 30 K et ∆Θ = 22 K .
Le tableau suivant regroupe l’ensemble des essais réalisés à savoir deux séries d'essais, test1
et test1bis, dans les mêmes conditions opératoires mais avec un prélèvement des échantillons
en haut et au fond du fût de stockage et une série d'essai, test-2, avec un prélèvement au fond
du fût de stockage mais avec un gradient thermique plus faible. La vitesse de rotation du
cylindre extérieur pour tous ces essais est de 50 tr/min.
On peut remarquer que, pour chacun des deux gradients, plusieurs durées de déposition ont
été effectuées afin de pouvoir tracer l'évolution temporelle de la construction du dépôt de
paraffine. Afin de limiter les erreurs dues à la procédure d'observation et de pesée du dépôt, le
brut a été renouvelé à chaque essai. Le test-1-bis a été effectué afin de reproduire le test-1.
134
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Température de consigne
Noms des
Action cylindre cylindre Commentaires
fichiers
extérieur intérieur
Au bout de 1h :Pesée
Chargement de 355 cm3 de brut. Test1-1h 273 K 303 K
+Photo+Raclage+Nettoyage
135
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
"Couette cylindrique".
Initialement, l'unité est à l'arrêt, la cellule est vide et les deux bains thermiques sont à
la température ambiante. Nous commençons le test en diminuant la température du bain n°1
afin d'atteindre la température cible sur l'ensemble "cylindre extérieur+chemise". Une fois
cette température atteinte, nous fixons la température du bain n°2 afin d'atteindre la
température cible sur le cylindre intérieur. Ensuite, nous laissons suffisamment de temps afin
que les températures des parois intérieure et extérieure s'établissent. Afin de vérifier
l'homogénéité thermique sur la hauteur de la cellule, nous mesurons la température à la paroi
interne de la chemise, à l'aide d'un thermocouple, à trois endroits différents à savoir en bas, au
milieu et en haut de la chemise. Ensuite nous montons la canne intérieure (cylindre intérieur)
à l'aide du treuil prévu à cet effet et nous mettons également le piston en position " basse" puis
nous remplissons la cavité d'un volume de 355 cm3 de brut HK à l'aide d'un entonnoir, pour
éviter l'écoulement du brut le long des parois pendant le remplissage. Pour finir, nous
descendons la canne intérieure puis nous remontons totalement le piston. Le temps nécessaire
pour remonter totalement le piston est de l'ordre de deux minutes. Le début de l'essai est pris
dès que le moteur commence à tourner à la vitesse angulaire de 2 × Ω e . Il est à noter que pour
un volume de 355 cm3, le fluide occupe une hauteur de 30 cm dans l'entrefer.
Nous nous intéressons à l'évolution de la quantité de dépôt de paraffine formée au cours du
temps. Pour cela nous effectuons plusieurs essais avec une pesée à différents instants. Nous
avons opté pour la démarche suivante:
Une fois formé au bout d'un temps t1 , le dépôt est pesé puis récupéré pour d'éventuelles
analyses. La récupération du dépôt et la mise en place de la chemise pour l'essai suivant se fait
comme suit:
• L’ensemble "chemise + dépôt" (la chemise est tarée préalablement) est pesé.
136
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
chemise.
Les températures de la chemise de déposition à trois endroits différents à savoir en bas , au
milieu et en haut ont été mesurées à l'aide d'un thermocouple. Ces valeurs sont récapitulées
dans le tableau VI-2. La température sur la paroi du cylindre intérieur est égale à 303 K.
On note que la température à la paroi interne de la chemise n'est pas uniforme axialement à
savoir la paroi de la chemise est plus froide en bas qu'en haut. Cela est dû au fait que le fluide
caloporteur subit un réchauffement entre son entrée (en bas) et sa sortie (en haut) et par
conséquent il refroidit plus en bas qu'en haut. Les écarts de température sont de l'ordre de 2 K.
On note également un écart sensible entre la température imposée au bain thermostatée (273
K) et la température de la paroi interne de la chemise du cylindre extérieur. Cela peut
s'expliquer par le fait que le liquide de refroidissement (glycol) subit une perte calorifique qui
est liée sans doute à l'épaisseur du cylindre. Pour les tests à ∆Θ = 30 K et ∆Θ = 22 K les
gradients de température réels sont respectivement ∆Θ = 24 K et ∆Θ = 18K .
137
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
138
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
bis".
Les courbes de la figure VI-11 représentent l'évolution de l'épaisseur du dépôt dans l'entrefer
pour les "test-1" et "test-1-bis" obtenue via l'équation:
md
m d = ρ d .2π .b.e d .h ⇒ ed = (VI.11)
2π .b.ρ d .h
139
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Nous constatons, en particulier, que l'épaisseur de dépôt finale du "test-1"est plus petite que
celle du test "test-1-bis". Nous pouvons expliquer cette différence par le fait qu'il y a sans
doute une stratification des paraffines dû à la gravité dans le fût de vingt litres d'où les
échantillons utilisés pour les essais ont été extraits. En effet, les échantillons utilisés pour le
test "test-1" ont été prélevés en haut du fût alors que ceux du test "test-1-bis" ont été prélevés
au fond du fût. Il est donc possible que le brut au fond du fût soit plus paraffinique que celui
en haut du fût dû à une homogénéisation insuffisante. En d'autre terme, cela revient à dire que
ces deux courbes représentent l'évolution de l'épaisseur du dépôt pour deux bruts "différents"
avec des teneurs en normales paraffines différentes.
Dans la réalité de l'écoulement en conduite, le brut aura une composition intermédiaire entre
ces deux cas puisque le phénomène de stratification dû à la gravité est négligeable. En effet,
on peut considérer que le pétrole brut est constamment agité et homogénéisé et les paraffines
n'ont donc pas le temps de sédimenter.
Dans la suite de ce chapitre nous allons utiliser les données obtenues lors des "test-1-bis" que
l'on comparera aux données obtenues lors du "test-2" car les échantillons du test-2 ont été
prélevés au fond du fût au même endroit que ceux du test "test-1-bis".
140
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
ne reste pas à l'état de gel à température ambiante. Cela signifie que la quantité finale de
cristaux de paraffine présente dans le dépôt au bout de soixante quatre heures avec un gradient
de température de 18 K est moins importante que celle présente dans le dépôt obtenu avec un
gradient de température de 24 K.
Ces constations vont dans le même sens que celles faites lors des essais sur la boucle Lyre
exposés dans le chapitre III.
température.
Test-1-bis: Formation de dépôt avec ∆Θ = 30 K
Test-1bis-1h 1 36 0.73
Les masses des dépôts pesés lors des essais des "Test-1bis" et "Test-2" sont présentées dans le
tableau VI-3. Dans ce tableau on trouve également les épaisseurs des dépôts estimées via
l'équation VI.11. Nous constatons, en règle générale, que la masse du dépôt et donc
l'épaisseur du dépôt augmente avec le temps sauf pour les tests surlignés en jaune.
141
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
L'erreur commise sur les valeurs de l'épaisseur à partir de l'équation (VI-11) est :
∆ed ∆m d ∆h ∆ρ d
= + + (VI.12)
ed md h ρd
Les incertitudes liées à la masse du dépôt sont multiples. Tout d'abord on a une incertitude
liée à la balance qui reste néanmoins faible (10 mg). Il y a également des incertitudes liées à
l'égouttage lors de la pesée. Elles sont difficiles à estimer. Celles ci peuvent être importantes
dans les essais à courte durée et plus faibles pour des essais à longue durée car conformément
aux observations visuelles les dépôts obtenus dans les première heures contiennent plus de
fluide que de cristaux de paraffine. Pour influencer le moins possible la pesée, on effectue
cette opération de manière rapide et de la même manière pour tous les essais.
Il y a également une erreur qui peut provenir de la hauteur. En effet, il n'est pas sûr que le
volume mis dans l'entrefer est le même pour tout les essais. Cependant, nous avons mesuré la
hauteur de déposition pour quelques essais, l'erreur notée est approximativement de 1%.
Une incertitude liée à la masse volumique peut apparaître également. En effet, pour estimer
l'épaisseur du dépôt via l'équation (VI.11), on a considéré que la masse volumique du dépôt
est la même que celle du brut or le dépôt est composé de brut et des cristaux de normales
paraffines qui ont une masse volumique légèrement supérieure au brut. En conséquence, ces
erreurs vont être d'autant plus grandes que les essais sont longs. En somme, nous estimons
que l'erreur commise sur chaque mesure est de l'ordre de 10%.
La courbe de la figure Fig VI-13 représente l'évolution temporelle de l'épaisseur du dépôt
pour le "test-1-bis" ainsi que le lissage correspondant. Nous constatons que nous avons trois
phases d'évolution pour l'épaisseur du dépôt. Dans un premier temps, assez rapidement, on a
développement d'une épaisseur initiale. Cela peut s'expliquer par le fait qu'une couche de brut
gélifie à cause des effets thermiques. Dans la deuxième phase et la troisième phase, l'épaisseur
du dépôt croit progressivement pour atteindre une asymptote. Cette augmentation peut être
causée par la diffusion moléculaire de la paraffine liquide vers la paroi. L'asymptote peut
s'expliquer par le fait que la quantité de paraffine cristallisable dans le brut d'essai est "finie":
au bout d'un certain temps toute la paraffine cristallisable a cristallisé. Une autre explication
est que l'épaisseur du dépôt correspond à la zone ou la température est inférieure à la
température de cristallisation commençante.
142
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Fig- VI-12:Exemples de dépôts de paraffine. À gauche un dépôt obtenu à la première heure et, à droite,
obtenu aprés une dizaines d'heures.
143
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
⎛ ⎛ t ⎞⎞
ed = ⎜⎜ e max − (e max − ei ) × exp⎜ − * ⎟ ⎟⎟ (VI.13)
⎝ ⎝ t ⎠⎠
144
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
• D'une part, d'aprés ces deux tests, nous constatons que nous atteignons plus vite la valeur
asymptote lorsque le gradient de température décroît. Ceci peut s'expliquer par le fait que
pour abaisser le gradient de température nous avons augmenté la température à la paroi de
la chemise de déposition. Ceci a eu pour effet de diminuer la viscosité du brut au
C1
voisinage de cette paroi. Si l’on se réfère à la relation Dm = introduite dans le chapitre
µ
II, cela conduit à un coefficient de diffusion plus grand et donc une "mobilité" plus forte
des paraffines vers la paroi. D'ailleurs, si on utilise les valeurs de la viscosité apparente du
brut HK aux température 279 K et 284 K tirées de la courbe V-14, on trouve que le
coefficient de diffusion, Dm 2 , lors du "test2" est six fois plus grand que celui du test
⎛ D m 2 µ1 ⎞
"test1-bis", Dm1 ⎜⎜ = ≈ 6 ⎟⎟ .
⎝ Dm1 µ 2 ⎠
• D'autre part la valeur asymptote du "test-1-bis" est plus importante que celle du "test-2",
i.e. plus le gradient de température est important et plus l'épaisseur maximale est grande.
Cela est cohérent puisque c'est le gradient de température qui est moteur dans
l'enrichissement en paraffine et donc, plus celui ci est grand, plus la quantité de paraffine
qui migre vers la paroi est grande. De plus, étant donné que les températures mises en jeu
dans le "test-1-bis" sont plus faibles que celles du "test-2", la quantité de paraffine
cristallisable dans le "test-1-bis" est plus importante que celle du test "test-2".
De la même manière, nous constatons que l'épaisseur initiale qui apparaît dans les premières
minutes est plus élevée dans le cas du test "test-1-bis" que dans le test "test-2". Ceci est
cohérent puisque la température à la paroi de la chemise de déposition pour le test "test-1-bis"
est plus froide que celle du test "test-2".
Il est intéressant de constater que l'épaisseur initiale pour le test "test-1" est plus petite que
celle du test "test-2" (voir figure VI-11 et VI-14). Si les échantillons du test "test-1" et du test
"test-2" avaient la même teneur en paraffine, cette constatation serait contradictoire.
145
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
(ed − emax )
La figure VI-15 représente l'évolution de en fonction de t pour les deux tests.
(ei − emax ) t*
Nous constatons que ces points peuvent être corrélés par une courbe maîtresse de la forme
suivante:
(ed − emax ) ⎛ t ⎞
= exp⎜ − * ⎟ (VI.14)
(ei − emax ) ⎝ t ⎠
Cette relation est intéressante puisque il suffit de connaître l'épaisseur maximale de dépôt que
pourrait atteindre un brut donné à une température donnée, l'épaisseur du dépôt dès les
premiers instants, et le temps caractéristique pour prédire l'évolution du dépôt dans une
géométrie de "Couette cylindrique".
146
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
• Les dépôts récupérés dans les premières heures de l'essai refondent à température
ambiante (voir paragraphe VI.3.3.3)
• Ces dépôts ont une texture, quand il ne refondent pas, qui est impropre à une mesure
rhéologique fiable.
147
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Pour ces raisons nous avons choisi avant chaque mesure sur le rhéomètre, de porter les
échantillons à haute température sur une plaque chauffante avec agitateur magnétique afin de
dissoudre tout les cristaux. Pour un échantillon donné, on reproduit ce qui se passe près de la
paroi interne de la chemise en chauffant pendant 10min à 303K sur le rhéomètre, puis en
⎛ b2 + a2 ⎞
refroidissant sous cisaillement γ& p = Ω e × ⎜⎜ 2 2
⎟ = 30 s −1 avec une vitesse de refroidissement
⎟
⎝b −a ⎠
de 5°C/min jusqu'à la température de la paroi 279 K . Enfin, on fait varier le cisaillement de
30 s-1 à 0.01s-1 pour avoir la courbe d'écoulement.
Les courbes de la figure VI-16 traduisent les comportements rhéologiques des différents
dépôts de paraffine récupérés au bout de 0.5h, 4h, 9h et 15h lors du "test-1-bis" et les
corrélations de Bingham qui leurs sont associées. Nous constatons clairement que l'ensemble
des dépôts de paraffine se comportent comme des fluides de Bingham. Il est intéressant de
voir que le comportement de ces dépôts diffère de celui du brut HK alors qu'ils sont construits
à partir du même brut HK. Cela traduit le fait qu'au cours du temps la nature du dépôt change.
C'est probablement l'enrichissement en normales paraffines qui en est le responsable. Nous
constatons également que la contrainte seuil et la viscosité plastique croissent au cours du
temps. La contrainte seuil croît d'un facteur de 15 entre le dépôt récupéré au bout d'une 0.5h et
celui récupéré au bout de 9h puis elle semble tendre vers une valeur asymptote (rapport de 1.3
entre 9h et 15h). De la même manière, la viscosité plastique croît rapidement durant les
premières heures puis elle tend vers une valeur asymptote (0.11 Pa.s ). Nous avons vu dans le
paragraphe VI-3-4 qu'une quantité de paraffine finie est atteinte au cours du temps; cela peut
expliquer le fait que la croissance de la contrainte seuil et de la viscosité plastique ralentit. Il y
a saturation de l'enrichissement en normales paraffines.
148
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
VI.3.4 Conclusion
Le dispositif expérimental de Couette que nous avons réalisé est un outil économe et efficace
pour étudier les phénomènes de dépôt en conduite. Ce dispositif doit permettre d'étudier, pour
chaque brut considéré, l'incidence des paramètres du procédé: le gradient de température et le
taux de cisaillement.
Les essais, préliminaires effectués, nous ont permis de dégager certaines tendances qui
viennent confirmer les observations faites lors des essais réalisés dans la boucle Lyre (voir
chapitre III). Notamment, on observe que l'épaisseur du dépôt atteint une asymptote.
Toutefois la raison diffère probablement dans les deux situations. En effet ici, il est probable
que l'on cristallise toutes les paraffines potentiellement cristallisables à la température
concernée.
Ces essais ont aussi permis de mettre en évidence, dans les conditions qui ont été réalisées, la
formation, dès les premiers instants, d'une couche de brut gélifiée à la paroi. Dans ce cas c'est
149
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
la thermique qui initie le phénomène. Ensuite c'est l'enrichissement en paraffine qui vient faire
croître cette couche, l'analyse rhéologique des dépôts prélevés l'a bien montrée.
Dans ces essais l'augmentation du gradient thermique, par l'abaissement de la température de
paroi où va se créer la dépôt, conduit à une épaisseur finale plus importante mais à un temps
caractéristique d'évolution de l'épaisseur du dépôt plus faible. Ce dernier point peut
s'expliquer par un ralentissement du mécanisme de diffusion moléculaire du fait de la
"viscosification" locale du brut due à l'abaissement de température.
Afin de vérifier toutes ces tendances et de compléter notre analyse, nous allons par la suite
confronter ces données au modèle numérique que nous avons proposé dans le chapitre IV en
l'adaptant à la géométrie du nouveau montage expérimental.
monodimensionnel.
VI.4.1 Le modèle
Dans ce paragraphe nous allons reproduire la formation d'un dépôt de paraffine dans une
géométrie Couette cylindrique avec les conditions aux limites proposées sur la figure Fig-VI-
17. Pour ce faire nous avons adapté le code numérique bidimensionnel développé au chapitre
IV au cas monodimensionnel rencontré dans cette expérience de Couette. Le système
d'équations résolu pour ce type d'écoulement est le suivant :
Conservation de la masse et de la quantité de mouvement :
r r
⎧∇.U = 0 (VI.15)
⎪ v
⎪ ∂U r r
⎨ρ + ∇P = ∇.τ
⎪ ∂t
⎪ + C .L
⎩
Conservation de l'énergie :
150
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
∂Θ
ρC f = λ f ∇ 2Θ (VI.16)
∂t
Conservation de la quantité de paraffine :
∂C l r
∂t
(
r
= ∇. Dm ∇C l −
∂C s
∂t
) (VI.17)
La loi de comportement : la loi viscoplastique de type Bingham a été retenue pour modéliser
le comportement rhéologique du brut. La consistance µ et la contrainte seuil τ 0 dépendent de
⎧ D
⎪τ = 2 µ (Θ, C s ).D + D .τ 0 (Θ, C s ) si τ > τ 0 (Θ, C s )
⎪
⎪
⎨D = 0 si τ ≤ τ 0 (Θ, C s ) (VI.18)
⎪τ = 0 si Θ > Θ cc
⎪ 0
⎪⎩τ 0 = τ 0 (Θ, C s ) si Θ ≤ Θ cc
avec
C s = f (Θ, C l ) si Θ ≤ Θ cc (VI.19)
∂
H-3 : L'écoulement est axialement homogène : = 0.
∂z
r
H-4 : U = (0, v ( r ),0 ) .
151
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Initialement, le fluide est à la même température que la paroi du cylindre intérieur Θ a . Cette
température est supérieure à la température de cristallisation commençante, Θ CC . La paroi du
cylindre extérieur est à la température Θ b inférieure à Θ CC .Une vitesse de rotation Ω e est
imposée au cylindre extérieur. Le cylindre intérieur est immobile. La condition de non
glissement est imposée aux parois des deux cylindres. Le fluide contient une quantité de
∂Cl
paraffine finie, C 0 . Les parois sont imperméables d'où : (a, t ) = ∂Cl (b, t ) = 0 .
∂r ∂r
Les principales différences entre la résolution dans une géométrie couette cylindrique et la
résolution pour un écoulement en conduite (chapitre IV) résident dans le fait que la quantité
de paraffine est finie et n'évolue pas au cours du temps (en conduite du brut "frais" entre en
permanence) et qu'il n'y a pas de termes convectifs
La résolution numérique du système d'équations dans la géométrie Couette est basée sur la
méthode du Lagrangien augmentée expliquée dans le paragraphe IV-3-1. Le domaine de
calcul est discrétisé par la méthode des volumes finis. Le problème vitesse-pression est résolu
par un algorithme d'Uzawa associé à la méthode du Lagrangien augmenté. La résolution de
l'équation de Fick avec un terme puit se fait par la méthode de Marshuk-Yanenko. La
résolution du problème thermique, de la conservation de la paraffine Cl et du problème
vitesse-pression se fait de manière découplée. Le régime stationnaire est atteint lorsque la
variation des inconnues d'un pas de temps à l'autre est suffisamment petite.
152
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
mécanisme d'enrichissement :
Nous simulons l'écoulement du brut HK respectant les conditions aux limites de la figure VI-
17. La corrélation utilisée pour la contrainte seuil est celle établie dans le chapitre V-3, à
⎛1 1 ⎞
B ⎜⎜ − ⎟
⎟
⎝ Θ ΘCC
savoir τ 0 (Θ, C s ) = 0.0013 e ⎠
× e D ( Θ )Cs . La variation de la consistance en fonction de la
température et des cristaux de paraffine est égale à K (Θ, C s ) = A′(Θ).e B′( Θ)Cs . Nous utilisons la
corrélation déterminée par DSC dans le chapitre V pour déterminer la quantité de paraffine
cristallisée pour une température inférieure à Θ cc : C s (Θ, ∆C l ) = ( β × Θ + ϕ )∆C l + C si (Θ ) avec
β et ϕ des constantes et Csi (Θ ) la courbe déterminée par DSC pour le brut sans
enrichissement. ∆C l est l'enrichissement.
Nous imposons au cylindre extérieur une vitesse angulaire Ω e = 104 rad .s −1 et une température
de Θ b = 279 K à sa paroi. La température de la paroi du cylindre intérieur est Θ a = 303K . La
température de cristallisation commençante est de 293.3 K. La capacité calorifique, la masse
volumique et la conductivité thermique sont respectivement égales à 2000 , 872.3 kg.m −3 et
0.2 W m -1K -1 . Nous fixons, dans un premier temps, arbitrairement le coefficient de diffusion
constant Dm ≈ 10 −9 m 2 / s .
153
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
L'évolution de la paraffine dissoute dans l'entrefer est présentée sur la figure VI-19. Nous
constatons qu'il y a appauvrissement en paraffine dissoute entre l'instant initial et la fin de la
simulation. La raison est que les normales paraffines cristallisent en dessous de la température
de cristallisation commençante. L'appauvrissement s'est fait de la manière suivante: dès les
premiers instants toute la paraffine cristallisable en dessus de la Θ CC a cristallisée, ainsi il y a
un déficit de paraffine liquide dans la zone en dessous de la température de cristallisation
commençante Θ CC et ceci a déclenché le mécanisme de diffusion moléculaire qui a fait
migrer de la paraffine liquide du cylindre intérieur (cylindre chaud) vers le cylindre extérieur
(cylindre froid) jusqu'à atteindre une concentration des normales paraffines dissoutes
homogène dans tout l'écoulement. Quand cette concentration est homogène il ne peut plus y
avoir de diffusion. Il a fallu approximativement 20 heures pour arriver à l'état final. Il faut
noter que le temps nécessaire pour l'établissement du régime permanent pour la diffusion
moléculaire est beaucoup plus élevé que celui de la température.
La quantité des cristaux de paraffine à plusieurs instants est présentée sur la figure VI-20. Une
fois le régime thermique établi, les courbes peuvent être divisées en trois parties. Dans la
154
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Θ i nous avons une variation linéaire des cristaux de paraffine qui correspond à la quantité de
cristaux de paraffine qui apparaîtrait sans enrichissement. Dans la troisième partie, entre la
température Θ i et la température de la paroi, nous avons une quantité de cristaux qui évolue
avec le temps grâce à l'enrichissement.
Nous la considérons désormais comme étant le dépôt de paraffine. L'épaisseur de ce dépôt (et
sa composition) évolue avec le temps. La figure Fig-VI-22 traduit cette évolution temporelle.
Cette courbe peut être divisée en trois parties distinctes. Sur les cent premières seconde le
dépôt augmente brutalement pour atteindre une épaisseur de 0.09 mm. Cette croissance
brutale est due aux effets thermiques uniquement puisque l'établissement du régime thermique
155
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
se fait rapidement et par conséquent les cristaux de paraffine qui sont apparus à cause de la
température ont suffi pour générer une contrainte seuil plus grande que la distribution de la
contrainte de cisaillement dans cette zone. La deuxième phase va de cent secondes à douze
heures, le dépôt croît de manière progressive pour atteindre une épaisseur asymptote de 0.46
mm. Cette augmentation lente peut être expliquée par l'action de la diffusion moléculaire qui
est beaucoup plus lente. En effet, par le biais de la diffusion moléculaire, la couche fluide près
de la paroi interne de la chemise de déposition est enrichie en cristaux de paraffines comme le
montre la figure Fig-VI-20 et par conséquent la contrainte seuil devient progressivement plus
élevée que la distribution de la contrainte de cisaillement. Ainsi une zone non cisaillée se
forme au cours du temps. Pendant la troisième phase, au delà de douze heures, l'épaisseur du
dépôt reste stable. L'explication de cette stabilité est relativement triviale puisque au bout d'un
certain temps toutes les paraffines cristallisables ont cristallisées. Nous le vérifions sur la
figure Fig-VI-20 puisque la quantité de cristaux de paraffine au bout de 10 heures varie très
peu.
Les phases deux et trois peuvent être approchées par l'équation suivante :
⎛ ⎛ (t − t i ) ⎞ ⎞
ed = ⎜⎜ e max − (e max − ei ) × exp⎜ − ⎟⎟ (VI.20)
⎝ ⎝ t * ⎠ ⎟⎠
156
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
ou ei est l'épaisseur atteinte à cause des effets thermiques, t i est le temps à partir duquel la
diffusion moléculaire contrôle la formation du dépôt.
157
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
158
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
L'adéquation des résultats numériques fournis par le modèle avec les données expérimentales
dépendra de la qualité des paramètres d'entrée. L'objet de cette section est d'étudier la
sensibilité des résultats numériques aux variations de certains de ces paramètres d'entrée. Afin
de limiter le nombre de simulations, nous nous intéresserons en particulier à l'influence de
deux paramètres liés au fluide à savoir, la loi rhéologique qui est responsable de l'apparition
du dépôt de paraffine, et le coefficient de diffusion qui contrôle l'enrichissement en paraffines
dissoutes. Nous allons également tester l'influence de deux paramètres opératoires à savoir la
vitesse angulaire et le gradient de température (au travers de la température de la paroi interne
de la chemise de déposition) qui nous paraissent jouer un rôle essentiel dans l'approche du
phénomène de dépôt que l'on propose.
159
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Nous avons simulé l'écoulement du brut HK à différentes vitesses angulaires autour du cas de
référence, à savoir 5.2 rad/s, 52 rad/s, 104 rad/s, 156 rad/s et 208 rad/s. Pour toutes les
simulations, les températures à la paroi interne de la chemise de déposition et sur le cylindre
intérieur sont fixées respectivement à 279 K et 303 K et le coefficient de diffusion est fixé à
Dm = 10 −9 c'est à dire les valeurs prises pour le cas de référence.
160
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
161
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
le développement du dépôt i.e. on obtient une épaisseur de dépôt rapidement dès les premiers
instants à cause des effets thermiques puis nous avons une évolution progressive vers une
épaisseur du dépôt limite due à la diffusion moléculaire qui est relativement lente.
La partie du dépôt formée par la diffusion moléculaire peut être corrélée par l'équation
(VI.20) comme le montrent les courbes de la figure VI-26.
Quelque soit la simulation, le temps caractéristique (intersection entre la pente à l'origine avec
l'épaisseur asymptote) est constant de l'ordre de deux heures et demi même si l'épaisseur
maximale augmente lorsque la vitesse angulaire diminue.
diffusion et la température du cylindre intérieur sont fixés respectivement pour les quatre
tests à Ω = 52rad / s , Dm = 10 −9 m 2 / s et Θ i = 303K . La loi de comportement du brut HK ainsi
que le modèle thermodynamique restent inchangés pour les quatre tests numériques.
La figure Fig VI-27 représente l'évolution de l'épaisseur du dépôt de paraffine au cours du
temps pour les quatre simulations numériques. Quelque soit l'essai, on constate que le dépôt
croît au cours du temps et atteint une épaisseur asymptote. En regardant plus précisément ces
évolutions, on constate que plus la température de la paroi du cylindre extérieur est froide plus
l'épaisseur finale est grande. Ce constat corrobore les essais expérimentaux et peut s'expliquer
par le fait que plus la température de la paroi est froide et plus la quantité de paraffine
cristallisable est importante. D'autre part on remarque que le dépôt de paraffine ne se forme
qu'à partir d'une heure pour le cas ou Θ P = 284 K et au bout de quelques minutes pour le cas
ou Θ P = 282 K . En revanche, on a un dépôt quasi immédiat pour les deux autres cas. Cela peut
s'expliquer par le fait que, pour les deux premiers cas, les effets thermiques n'ont pas suffi à
engendrer une contrainte seuil suffisamment grande pour former un dépôt et que c'est
162
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Pour les trois premiers cas (284K; 282K et 279K), la corrélation décrite par l'équation VI-20
permet de représenter la partie de l'évolution du dépôt générée par la diffusion moléculaire.
163
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
En règle générale, on constate que le temps caractéristique à tendance à rester stable lorsque
la température de paroi croît: les temps caractéristiques des simulations numériques avec des
températures de paroi extérieur égales à Θ P = 279 K , Θ P = 282 K et Θ P = 284 K sont égaux à
environ 0,5 h. Cela semble curieux et contradictoire avec les essais mais dans ces simulations
nous avons considéré le coefficient de diffusion comme constant.
Il est intéressant de constater que nous avons qualitativement le même type de comportement
lorsqu'on modifie la vitesse angulaire du cylindre extérieur ou lorsqu’on change la
température de paroi du cylindre extérieur. Dans le premier cas, nous jouons sur la
distribution des contraintes de cisaillement dans l'entrefer et dans le second cas, nous
modifions la distribution de la contrainte seuil dans l'entrefer. Ces deux paramètres agissent
donc en fait sur un nombre de Bingham qui exprimerait le rapport de la contrainte seuil du
fluide sur les contraintes de cisaillement de l'écoulement.
164
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
petit, le dépôt n'apparaît pas immédiatement alors que pour les autres simulations nous avons
un dépôt qui apparaît dès les premiers instants. Cela peut s'expliquer par le fait que, plus la
diffusion moléculaire est rapide, plus l'enrichissement en paraffine l'est aussi et donc plus la
contrainte seuil atteint rapidement une valeur suffisante pour former le dépôt donc dès les
premiers instants.
L'équation (VI-20) est utilisée pour corréler les quatre simulations. Les temps caractéristiques
(intersection de la pente à l'origine avec l'épaisseur asymptote) correspondants pour les
simulations avec Dm = 10 −9 m 2 / s , Dm = 5 × 10 −9 m 2 / s , Dm = 10 −8 m 2 / s et Dm = 10 −7 m 2 / s sont
respectivement 2.5h , 0.5h , 0.25h et 0.025h .
165
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
166
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Nous avons tracé sur la figure Fig-VI-30 l'évolution du coefficient du diffusion en fonction du
temps caractéristique ainsi que la corrélation qui lui est associée. Nous notons que le
coefficient de diffusion est inversement proportionnel au temps caractéristique et suit de
manière exacte l'équation suivante:
2.5 × 10 −9
Dm ( m 2 / s ) = (VI.21)
t * ( h)
Cette corrélation, si elle est vérifiée expérimentalement, pourrait permettre à terme d'avoir
accès à une détermination expérimentale simple de ce coefficient de diffusion en fonction du
fluide et de conditions opératoires connues.
167
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
⎛1 1 ⎞
B ⎜⎜ − ⎟
⎟
τ 0 (Θ, C s ) = A e ⎝ Θ Θ CC ⎠
× e D ( Θ)Cs avec A = 0.0013Pa , B = 33150 et D(Θ ) = 2.15 × Θ − 583.5
Pour faire varier la contrainte seuil, nous allons faire varier le paramètre B arbitrairement.
Nous avons effectué quatre simulations numériques avec quatre paramètres arbitraires B à
savoir B = 33150 , B = 27511 , B = 20000 et B = 16000 . La vitesse de rotation, la température de
la paroi du cylindre intérieur et extérieur et le coefficient de diffusion sont fixés pour les
quatre simulations à Ω = 5,2rad / s , Θ i = 303K , Θ P = 284 K et Dm = 4 × 10 −9 m 2 / s .
La figure VI-31 représente l'évolution de l'épaisseur du dépôt de paraffine pour les quatre
simulations. Nous constatons les mêmes types d'évolution de l'épaisseur du dépôt que celles
observées dans les paragraphes VI.4.3.1.1 et VI.4.3.1.2, où on a fait varier respectivement la
vitesse de rotation et le gradient de température à la paroi, i.e. en diminuant le paramètre B
nous favorisons la construction du dépôt de paraffine par le mécanisme de diffusion
moléculaire. D'ailleurs pour B=16000 et B=20000, le dépôt commence à se former
respectivement au bout de 0.6 h et 0.25 h. Pour B =27511 et B =33150, nous avons une
épaisseur de dépôt initiale respectivement égale à 0.23 mm et 0.45 mm et une épaisseur de
dépôt finale respectivement égale à 0.55 mm et 0.7 mm. En règle générale, nous pouvons dire
que lorsque nous faisons varier le paramètre B, nous ajustons trois résultats, à savoir le
moment à partir duquel le dépôt commence à se former, l'épaisseur initiale due aux effets
thermiques uniquement et l'épaisseur asymptote. Une fois de plus, nous constatons que le
temps caractéristique pour atteindre l'épaisseur finale reste inchangé quelque soit la valeur du
paramètre B.
168
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Ω e (rad / s ) Θ b (K ) Θ a (K ) ρ f Kg / m
3
( ) (
C f Kg / m 3 ) (
λ f Wm −1 K −1 ) (
Dm m 2 s −1 ) B
Cas de base
104 279 303 872.3 2000 0.2 10-9 33150
Étude paramétrique: Ω e
5.2 279 303 872.3 2000 0.2 10-9 33150
52 279 303 872.3 2000 0.2 10-9 33150
104 279 303 872.3 2000 0.2 10-9 33150
156 279 303 872.3 2000 0.2 10-9 33150
208 279 303 872.3 2000 0.2 10-9 33150
Étude paramétrique: Θ b
52 276 303 872.3 2000 0.2 10-9 33150
52 279 303 872.3 2000 0.2 10-9 33150
52 282 303 872.3 2000 0.2 10-9 33150
52 274 303 872.3 2000 0.2 10-9 33150
Étude paramétrique: Dm
200 279 303 872.3 2000 0.2 10-9 33150
200 279 303 872.3 2000 0.2 5*10-9 33150
200 279 303 872.3 2000 0.2 10-8 33150
200 279 303 872.3 2000 0.2 10-7 33150
Étude paramétrique: B
5.2 279 303 872.3 2000 0.2 10-9 33150
5.2 279 303 872.3 2000 0.2 10-9 27511
5.2 279 303 872.3 2000 0.2 10-9 20000
5.2 279 303 872.3 2000 0.2 10-9 16000
avec l'expérience:
169
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
courbe déterminée par DSC pour le brut sans enrichissement et ∆C l est l'enrichissement. Le
temps caractéristique du test-2 déterminé via la corrélation VI-13 nous permet de fixer le
coefficient de diffusion en utilisant la corrélation (VI.20) :
2.5 × 10 −9
Dm (m 2 / s) = ≈ 4 × 10 −9 m 2 / s .
0.6
170
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
que les valeurs initiale et finale différent entre la simulation numérique et la mesure
expérimentale. Cela peut s'expliquer de plusieurs façons:
• Les mesures qui nous ont permis de déterminer la loi rhéologique conduisent à des
valeurs de contraintes seuil qui restent spéculatives: compte tenu de l'étude
paramétrique on montre qu'en abaissant la contrainte seuil (en diminuant le paramètre
B de 33.000 à 27.000) on peut ajuster correctement la courbe expérimentale comme le
montre la figure VI-33.
171
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Si on applique les paramètres que l'on a maintenant ajustés sur le test 2 à savoir
2.5 × 10 −9 2.5 × 10 −9
Dm = *
= ≈ 2 × 10 −9 m 2 / s et le paramètre B = 27500 , au test-1-bis en
t 1 . 2
conservant toutes les autres valeurs des paramètres physiques du brut et les paramètres de
l'expérience (sauf bien entendu la température du cylindre extérieur) on obtient une valeur
asymptotique du dépôt tout à fait satisfaisante. En revanche l'établissement de cette épaisseur
est beaucoup plus rapide que ce que l'on mesure expérimentalement (Cf. figure VI 34). L'une
des raisons qui pourrait expliquée ce décalage est le fait que l'observation du dépôt de
paraffine dans les premières minutes peut être biaisée par le fait que la partie la plus fragile
du dépôt tombe lors de la vidange.
172
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
VI.5 Conclusion
L'objectif principal de cette étude est atteint à savoir que nous disposons, désormais, d'un
dispositif expérimental permettant de créer des dépôts de paraffine dans des conditions de
température et de cisaillement donnés en utilisant une faible quantité de pétrole brut. Cet
instrument nous permet de suivre l'évolution du dépôt de paraffine au cours de temps en
pesant à chaque instant la masse de dépôt créée. Une compagne d'essais a été menée avec le
brut HK à deux températures différentes. Une corrélation satisfaisante donnant l'évolution du
dépôt en fonction du temps a été trouvée. Cette corrélation nous donne en particulier un temps
caractéristique et une épaisseur initiale et asymptote qui diffèrent avec la température. Suite à
cette campagne d'essais, quelques conclusions peuvent être données:
• Une couche de dépôt est créée dès les premiers instants initiée par les effets thermiques.
• Une épaisseur asymptote est atteinte au bout de quelques heures due à la cristallisation
complète de toute la paraffine cristallisable à une température donnée.
• Le dépôt obtenu au bout de quelques heures a une contrainte seuil et une viscosité
plastique plus importante que celui qui se forme dans les premières heures.
Bien entendu cet outil expérimental doit maintenant être utilisé intensivement en faisant varier
plus largement les paramètres d'étude.
Une étude numérique a ensuite été réalisée afin de mieux comprendre le fonctionnement de la
création du dépôt. Un code de calcul "Couette Cylindrique" monodimensionnel a été
implémenté se basant sur l'approche phénoménologique que nous soutenons dans cette thèse.
Tout d'abord l'étude d'un cas de base nous a permis de dégager quelques similitudes
qualitatives avec les phénomènes observés expérimentalement:
• nous avons une construction progressive de ce dépôt pour atteindre une épaisseur
asymptote.
173
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Une corrélation de même type que celle trouvée expérimentalement permet de lisser
l'évolution numérique du dépôt de paraffine. Une étude paramétrique du modèle nous a
permis de noter trois types de comportements quelque soit le paramètre que l'on fait varier:
• Le dépôt apparaît après un certain temps et tend progressivement vers une épaisseur
finale. Dans ce cas, la diffusion moléculaire est la seule responsable de l'apparition de ce
dépôt.
• Le dépôt apparaît très rapidement dans les premiers instants puis évolue progressivement
vers une épaisseur finale. Ce dépôt provient de la combinaison des effets thermiques et de
la diffusion moléculaire.
• Le dépôt atteint dès les premières minutes l'épaisseur finale. Les effets thermiques
forment à eux seuls le dépôt. La diffusion moléculaire le fera vieillir.
Nous avons pu voir également que le coefficient de diffusion fixe le temps caractéristique de
l'évolution de l'épaisseur du dépôt. Le dispositif expérimental permettra donc la détermination
expérimentale aisée de la valeur du coefficient de diffusion.
Les confrontations de ce modèle avec les données obtenues expérimentalement sont
qualitativement satisfaisantes mais diffèrent notamment sur l'épaisseur crée initialement par
les effets thermiques. Toutefois un ajustement d'un coefficient dans la loi rhéologique nous a
permis de faire correspondre calcul et expérience. À l'avenir, une attention particulière devra
être portée à la détermination expérimentale de la loi rhéologique, ainsi qu'à la quantification
du dépôt dans le montage expérimental notamment dans les premiers instants, car ces deux
points peuvent être à l'origine des écarts entre expérience et calcul.
174
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Cette thèse nous a permis d'aborder, sous un angle différent de ce qui existe dans la littérature,
le problème des dépôts de paraffine dans les conduites pétrolières durant le transport d'un brut
paraffinique et de développer un outil numérique approprié. Nous avons, proposé d'utiliser la
diffusion moléculaire non pas comme l'unique mécanisme responsable de la création du
dépôt, comme cela est classiquement proposé dans la littérature, mais comme un mécanisme
complémentaire d'enrichissement en paraffines induisant localement un changement de
rhéologie près de la paroi. Finalement nous considérons que le brut paraffinique s'écoule dans
un pipeline comme un fluide viscoplastique dont la viscosité plastique et la contrainte seuil
dépendent de la température et de la teneur en cristaux de paraffines. Lorsque la température
de l'environnement auquel le pipeline est soumis est supérieure à Θ CC le brut se comporte
comme un fluide newtonien; à contrario, si cette température est inférieure à Θ CC , la couche
de fluide près de la paroi interne du pipeline se comporte comme un fluide viscoplastique.
Tout le travail développé expérimentalement et numériquement permet de montrer que cette
approche est tout à fait réaliste. Elle permet en particulier d'expliquer un certain nombre
d'observations faites sur la formation de ce dépôt telles que l'adhérence de ce dépôt à la paroi
interne du pipeline ou bien encore l'évolution de sa composition (mélange de brut et de
cristaux de paraffine).
Un modèle thermomécanique basé sur cette approche qualitative a été mis au point puis
implémenté numériquement. Ce modèle est un couplage subtil entre la dynamique de
l'écoulement, l'équilibre thermodynamique des normales paraffines et le transport de la
paraffine dissoute représenté par une équation de Fick avec un terme puits dû à la
cristallisation des paraffines. La loi de comportement du brut est une loi de Bingham dont les
paramètres dépendent de la température et de la teneur en paraffine cristallisée. L'outil
numérique développé est basé sur un précédent travail de thèse sur la gélification des bruts
paraffiniques durant les phases d'arrêt de la production. Cet outil a été adapté à notre
problématique. Le principal atout de cet outil est le fait que le modèle viscoplastique est
175
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
À l'issue de ce travail, et grâce aux outils développés au cours de cette thèse, nous pouvons
proposer une méthodologie globale pour traiter le problème des dépôts de paraffine en
conduite pour un brut spécifique. Pour ce faire, il faut disposer d'une trentaine de litres de
brut.
1. Réaliser une analyse par DSC d'un échantillon de brut afin de déterminer ces
caractéristiques à savoir sa température de cristallisation commençante, sa teneur en
normales paraffines et l'évolution de sa courbe de fraction cristallisée en fonction de la
température.
176
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Concernant les améliorations qui pourraient être apportées à ce travail, il faut signaler que
nous avons travaillé uniquement avec des bruts paraffiniques dégazés dits bruts de stockage
(en anglais "dead oil"). Cependant, dans la réalité le pétrole transporté l'est sous pression et
dès lors, il existe dans la conduite un mélange d'huile et de gaz, sous forme dissout ou libre,
(en anglais "live oil"). Sous forme dissout, le gaz ne va pas modifier significativement notre
approche si ce n'est qu'il va modifier sensiblement (voir figure VII-1 à titre d'illustration) la
loi de comportement du brut enrichi. Dans la méthodologie précédente il sera nécessaire
177
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
d'utiliser à l'étape 5 un rhéomètre sous pression et de travailler sur les dépôts gazés pour
prendre en compte cet effet .
500
450
400
350
contrainte (Pa)
300
Patm
250
25 bars
200
150
100
50
0
0 50 100 150 200 250
gradie nt de vite s s e (s -1)
En revanche, en présence d'une phase gaz libre, les investigations devront être reprises. En
effet, même si dans les modèles existant de la littérature le problème est souvent traité a
l'identique du monophasique en ne considérant le dépôt que sur la portion de conduite
"mouillée" par le liquide, certaines observations faites par le passé à l'IFP (Maurel et al. 1999)
ont montré que, dans certaines situations d'écoulement stratifié, on observait la construction
d'un dépôt y compris sur la portion de conduite au contact du gaz. En l'état l'approche, et donc
le modèle numérique, ne peuvent rendre compte de ces observations. C'est un point qui nous
semble important et qui mériterait d'être approfondit à l'avenir.
178
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
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Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
a 2b 2 ⎛ 1 1 ⎞
Ω( r ) = Ω e 2 2
⋅⎜ 2 − 2 ⎟
b −a ⎝a r ⎠
183
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
(Θ b − Θ a ) ⎛r⎞
Θ( r ) = ⋅ ln⎜ ⎟ + Θ a
⎛b⎞ ⎝a⎠
ln⎜ ⎟
⎝a⎠
τ ia2
τ (r ) =
r2
184
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
Faisons quelques analyses sur les différentes situations possibles lors d'un écoulement
viscoplastique.
Constatons tout d'abord que la contrainte est maximale à la paroi intérieure, en conséquence si
τ y > τ i , le fluide dans notre entrefer est à cisaillement nulle. Il se comporte comme un solide.
a2 τ y
Finalement si < < 1 , il y'a existence d'une zone à cisaillement nulle.
b2 τ i
Pour un fluide de Bingham, la vitesse analytique dans l'entrefer lorsque le cylindre intérieur
est en rotation s'écrit, de manière générale, comme suit:
⎧τ i a 2 r ⎛ R02 ⎞ Br ⎛ R0 ⎞
v ⎪ ⎜1 − 2 ⎟⎟ − ln⎜ ⎟ a ≤ r < R0
= ⎨ e ⋅ R02 ⎜⎝ r ⎠ e ⎝ r ⎠
vin ⎪
⎩0 R0 ≤ r ≤ R 2
R0 = min{R y , R2 }
τ ye τia2
avec B = = .
µ 0 Ωa R02
a2 τ y
Supposons que nous respections la condition < < 1 , par conséquent, il y a existence
b2 τ i
d'une zone à cisaillement nul.
τ i a 2 a ⎛⎜ R y ⎞⎟ Br ⎛ R y
2
v(a ) ⎞
=1= 1− 2 − ln⎜ ⎟⎟
vin e ⋅ R y2 ⎜⎝ r ⎟⎠ e ⎜⎝ r ⎠
R y2
De plus : τ i = − B ⋅ .
a2
⎛ R y2 ⎞ e ⎛ Ry ⎞
D'ou l'équation suivante : ⎜1 − 2 ⎟ − = ln⎜⎜ ⎟⎟
⎜ r ⎟⎠ B ⋅ a
4⎝24
⎝144 r ⎠
2443 1 3
F2 ( R y ) F1 ( R y )
185
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
0,7
F1(Ry)
F2(Ry)
0,6
0,5
0,4
F(Ry)
0,3
0,2
0,1
0
0,025 0,026 0,027 0,028 0,029 0,03 0,031 0,032 0,033 0,034
Ry (m)
186
Hydrodynamique de l'accumulation des dépôts de paraffine en conduite Rapport thèse
1,00E+01
Vitesse-simulation
Vitesse-analytique
8,00E+00
7,00E+00
Vitesse de rotation (rad/s)
6,00E+00
5,00E+00
4,00E+00
3,00E+00
2,00E+00
1,00E+00
0,00E+00
0,025 0,035 0,045 0,055 0,065 0,075 0,085 0,095
Rayon (m)
187