Litterature Francaise Du Moyen Age Au Xviiième Siecle-3
Litterature Francaise Du Moyen Age Au Xviiième Siecle-3
Litterature Francaise Du Moyen Age Au Xviiième Siecle-3
AU XVIIIème SIÈCLE
PLAN DU COURS
0. INTRODUCTION GÉNÉRALE
Chap. I. LE MOYEN ÂGE LITTÉRAIRE
Chap. II. LA RENAISSANCE
Chap. III. LE CLASSICISME
Chap. IV. LE SIECLE DE LUMIÈRE
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
BALANDIER, G., Aventures et discours dans l’amour courtois, Paris, Ed.
Herman, 2010.
BRAY, R., Chronologie du classicisme, Paris, Boivin, 1992.
DOP BEC, P., La pléiade : Bibliographie critique, Paris, Laur Bains, 1987.
FAYOLLE, R., La critique, Paris, Armand Colin, 1994.
HANQUET S., Modèle français ; poètes et poèmes, Bruxelles, C.M.P., 1993.
LAGARDE M., et alii, Manuel illustré de la littérature française des origines et
l’époque contemporaine, Paris, Hachette, 1998.
SAULNIER V.L. ; Littérature du Moyen Âge, Paris, PUF, 1980.
Littérature française du XVIIIème siècle philosophique, Paris,
PUF, 1980.
ZINC, M. ; Littérature du Moyen Age, Paris, PUF, 2004.
Objectif du cours
Objectif global
Ce cours d’histoire de la littérature française du M.A au XVIIIème
siècle vise à contribuer à la formation littéraire des étudiants en leur
montrant la relation qu’il y a entre la littérature et la civilisation
française.Autrement dit, il s’agira d’expliquer l’interaction qui existe entre les
événements socio-politiques et les mouvements littéraires de chaque siècle.
Objectifs spécifiques
À la fin du cours, l’étudiant qui l’aura suivi avec attention sera capable de :
Découvrir les différents courants de pensée et les mouvements
littéraires qui ont traversé la France du M.A au XVIIIème du siècle.
Présenter d’une façon brève les différents courants de pensée pour
chaque siècle.
Situer chaque écrivain dans son siècle, son courant de pensée et les
genres littéraires développés.
Préparer intensément, en tant que futur enseignant, les étudiants à
une réflexion critique que propose une intention bien formée aux
grands moments, aux grands courants et aux œuvres dominantes
de la culture internationale.
INTRODUCTION
0.1. CARACTÉRISTIQUE DU MOYEN ÂGE
Le M.A est une forte foi ardente et en même temps une unité
religieuse. Cela se remarque dans l’architecture en général et le cathédral en
particulier. Cette même foi ardente justifie l’organisation des croisades
contre les incrédules, c’est-à-dire les non-chrétiens. Cependant le M.A
s’articule en deux périodes bien distinctes :
Du XIème à la fin du XIIIème siècle : c’est la période pendant laquelle
la France est une force vivante au service de la foi. Sur le plan
littéraire, la littérature s’exprime à travers les romans. Du point de
vue architectural, l’art gothique est à la mode.
Du XIVème au XVème siècle, la France se voit ruinée par des guerres
malheureuses. Aussi la littérature devient-elle moins brillante.
0.2. LA SOCIÉTÉ DU MOYEN ÂGE
La littérature du MA est avant tout une écriture nationale, c’est-à-dire
vouée au service de la société française. Nous devons distinguer au sein de
cette société médiévale trois groupes sociaux qui vont orienter les activités
littéraires : les églises, la noblesse et le peuple.
a. L’Eglise ou l’église
Intellectuellement par-là, c’est le sacerdoce qui constitue le groupe le
dominant de la société médiévale. L’église a sauvé les civilisations françaises
au moment de l’invention barbare de 473. De l’autre côté, elle s’opposait
farouchement à la noblesse dans le but de protéger les faibles contre les
caprices des seigneurs : c’est la noble mission de l’église.
Le clergé exerçait donc une véritable autorité politique en limitant les
droits féodaux qu’imposait le seigneur en mettant fin à la tyrannie de
l’époque. Comme tout le monde était d’une foi profonde, l’église n’a pas eu
beaucoup de peine à organiser les guerres saintes contre l’infidélité.
b. La noblesse
Elle possède de la terre et le château fort ayant comme activité principale
la guerre. D’abord rudes et brutaux, les seigneurs s’affirment peu à peu,
organisent la chevalerie et leurs châteaux s’ouvrent à des divertissements
artistiques. Ces divertissements artistiques aspirent une littérature
abondante : l’épopée, les romans, les chroniques et la poésie lyrique.
c. Le peuple
Communément appelé vulgus en latin, le peuple comprend : les serfs, les
artisans et les marchands. Cette couche de la société, par ses activités et par
le fait même d’être éloignée de la noblesse et du clergé, se constitue petit à
petit. Une situation indépendante aboutissant à une formation d’une
bourgeoisie riche, plus instruite que la noblesse. Loin de ressembler aux
deux premières couches de la société, sa littérature sera comique, satirique
et grossière (qui manque de la finesse).
0.3. APPROCHE SUR LES ORIGINES ET LE DÉVELOPPEMENT DE LA
LANGUE FRANÇAISE
Les origines du Français sont très sobres (simples et classiques). Le
Français issu de la décomposition du Latin vulgaire était transplanté en
Gaule par la conquête romaine. Il appartient donc à la famille des langues
romanes telles que l’italien, l’Espagnol, le Catalan, Sarde, Provençal,
Portugais, Rhéto-roman, Roumain nées pareillement du latin parlé dans
diverses contrées de l’empire de Charlemagne. (Charlemagne est sacré
empereur d’Occident en 800, Il a vécu entre 742-814)
Avant l’arrivée de Jules CESAR (101-44 Av J.M), les Gaulois (entre la
Garonne et la Seine) et les Belges (entre la Seine et le Rhin) parlaient la
langue Celtique. Les Aquitaines, habitant entre la Garonne et le Pyrénées, se
servaient de l’Ibère. Le Latin était déjà employé dans la Provincia-Romana,
province conquise au IIème siècle avant notre ère. Le Grec dans quelques
cités de la côte méditerranée faisait l’outil d’échanges commerciaux
(Marseille, Nice, Antibes)
Entre 58-51 Av. J.C, la conquête de Jules César entraina la romanisation
de toute la Gaule. La forte organisation des Romains et la supériorité de leur
civilisation ne tardèrent pas à évincer (détruire) la langue celtique : rapports
administratifs, rapports commerciaux, la création des école, l’obligation des
vaincus de connaitre le Latin afin d’accéder aux charges publiques). Prestige
des cités embellies par les vainqueurs dès le IIIème siècle, l’influence de
l’Église, … tout cela contribue à répandre le Latin.
Le Celtique qui n’avait pas de monuments littéraires fut refoulé peu à peu
dans les campagnes et les régions montagneuses. Pour ce, le Celtique
disparut au VIème siècle.Il n’a laissé que de rares vestiges, quelques
inscriptions et quelques mots géographiques tels que Verdun, Rouen, Isère,
etc. Et de nos jours, malgré les tentatives linguistiques et littéraires, il est
impossible de le constituer tel qu’il était parlé à cette époque-là.
Après les invasions germaniques au Vème siècle, un phénomène inverse
se produisit : la puissance romaine est détruite mais les vainqueurs
subissent l’ascendant (l’influence) de la culture romaine. Au Xème siècle, si
le Germanique sera la langue de l’élite militaire chez les Merovingiens et les
Carolingiens, c’est le Latin qui l’emportera partout ailleurs.
Le Latin vulgaire à cheval de se corrompre en passant par les bouches
germaniques se démarque du latin parlé, littéraire des écoles pour devenir
anormal. Ceux qui entendent le latin correctement se font de plus en plus
rares et la décomposition du latin vulgaire se précipite. La scission entre la
langue parlée et la langue écrite s’accentue tellement que la langue écrite
devient incompréhensible pour la population non instruite. Aussi le pape
ordonna-t-il que les prêtres prêchent en Latin vulgaire. Le Concile de Tour de
813 ordonna aux prêtres de prêcher dans la langue comprise par la
population. Cette situation a eu comme conséquence la naissance d’une
nouvelle langue qui portera bien le nom particulier de « le Roman ».
Les premiers textes de la langue romane
Le développement de la littérature française en ce qui est de premiers
monuments que nous possédons du Roman est d’ordre utilitaire :
Les glossaires de Richelieu (lexique latin-roman)
Les glossaires de Cassel (lexique roman-germanique)
À la fin du VIIème siècle, ces lexiques ont connu un grand succès car ils
ont facilité la lecture et l’interprétation des livres saints. En dehors de ces
deux, nous citons :
Les serments de Strasbourg (842), textes laïcs
La cantilène de Saint Alexis vers 1400
La vie de Saint Leger vers le Xème siècle, etc.
L’avant dernier ouvrage présente déjà de réelles qualités littéraires.
LA LANGUE D’OIL ET LA LANGUE D’OC
Le Roman ne forme pas une langue unique au XIIème siècle. Il était
subdivisé en plusieurs dialectes car le Latin s’était transformé de façon
différentes dans plusieurs contrées de la Gaule. Malgré ces interférences
linguistiques, ses dialectes se subdivisaient en deux groupes :
Au Nord, la langue d’Oïl
Au Sud, la langue d’Oc.
La langue d’Oïl comprenait le Wallon, le Picard, le Lorrain, le Normand, le
Francien (dialecte de l’ile de Français), le Bourguignon, le Poitevin, …
La langue d’Oc comprenait également le Provençal, le L’auvergnant, le
Garcien, le Limousin, l’Auvergnant, etc. Tous ces dialectes étaient égaux en
importance et chacun d’eux avait produit des œuvres littéraires. Mais le
Francien finit par l’emporter en supplantant d’autres dialectes de la contrée.
Avec l’extension de la puissance capétienne, le Francien, langue de la
capitale, de la cour, de l’administration devient la langue officielle,
participant ainsi à fortune de la monarchie.
Dès le XIVème, les autres dialectes sont négligés et, n’étant plus écrits,
tombèrent définitivement au rang des patois (villageois). Au XVIème siècle,
avec l’unification définitive du royaume, passant par la langue Françoise, le
triomphe du Français est total. D’une façon synthétique, voici l’arbre
généalogique de la langue française.
II.4.1Pantagruel
Ici, Rabelais raconte les prouesses (hauts faits) de Pantagruel fils de
Gargantua. Géant comme son père, Pantagruel est doué d’une force et d’un
appétit extraordinaire. Il s’agit de l’histoire fantastique d’une famille des
géants écrite pour amuser les malades à l’hôpital. Dans cette œuvre
bouffonne(amusante), certains chapitres sont au-dessus de l’esprit
populaire.
II.4.2. Gargantua
Ici, Rabelais raconte les prouesses de Pantagruel fils de Gargantua.
Jeune comme son père, Pantagruel est doué d’une force et d’un appétit
extraordinaire. Il s’agit de l’histoire fantastique d’une famille des géants,
écrite pour amuser les malades à l’hôpital. Dans cette œuvre bouffonne,
certains chapitres sont au-dessus de l’esprit populaire, il a critiqué la
religion bien qu’il fut prêtre.
2èm épisode :
La philosophie de Rabelais
Le Moyen Age était profondément chrétien. La philosophie
rabelaisienne conserve le christianisme, la croyance en Dieu et en une vie de
l’au-delà. Mais confronté avec la philosophie de l’Antiquité qui plaçait
l’homme au centre de ses préoccupations, la philosophie de Rabelais et celle
de Montaigne réagissent contre les contraintes médiévales imposées aux
esprits et au corps. À travers les plaisanteries, Rabelais cherche à isoler les
idées de l’imperfection allouées aux païens.
1. L’idéal
Cet idéal se résume en « une quête de principe de la vie » (donner au
corps ce qu’il exige). La philosophie nous invite à suivre la nature en
donnant au corps et à l’esprit ce qu’ils réclament. Ce principe se résume en
ceci « Bois, prends du bon vin et de la bonne science et moque-toi de tout le
reste. »
2. Les idées en matière de l’éducation
À l’éducation scolastique qui se borne à des théories abstraites de
théologie et de droit, Rabelais propose une éducation physique et scientifique
qui ne foule pas aux pieds la formation littéraire et morale. Selon lui, c’est le
programme encyclopédique qui forme : « la tête bien faite ».
MICHEL EYQUEM DE MONTAIGNE (1533-1592)
Pour raffiner son âme, Montaigne fut éduqué dans un mélange de
rudesse et de doucisse par un père adepte et enthousiaste des idées de la
renaissance. Il a appris le Latin comme la langue maternelle, si bien que ses
études classiques furent aisément terminées. Son domaine est la philosophie
et la morale.
Comme moraliste du XVIème siècle, Montaigne est très attaché à la
pensée païenne qu’il vient de découvrir et la pensée chrétienne qui est à la
mode. Dans ses écrits, il tentera d’unir le meilleur de la morale païenne au
préceptemoral de la chrétienté.
Sa carrière
Michel EYQUEM DE MONTAIGNE fut conseiller au parlement de
Bordeaux. Il se retira à Montaigne pour se concentrer à l’étude et à la
réflexion. Ces études réunies forment un volume qu’il publie en 1550 sous le
titre d’Essai. Par la suite, il voyage pour se distraire et faire soigner sa santé.
De retour, il est élu maire de Bordeaux et cette fois-ci, il va reprendre la
correction de son œuvre et y ajoute un troisième qu’il publie en 1588.
La pensée de Montaigne
Les idées philosophiques de Montaigne sont éparses dans ses essais.
Dans sa démarche, Montaigne invite l’homme à s’examiner, à prendre
conscience de sa valeur et de ses vérités. La conclusion à laquelle aboutit cet
examen de facultés et de connaissances humaines n’est autre que le doute ;
lequel doute est exprimé dans la formule « Que sais-je ? » C’est le
scepticisme de Montaigne.
a. Le scepticisme de Montaigne
C’est une philosophie qu’il fonde sur la méfiance de tout et même de la
raison.
b. Le stoïcisme de Montaigne
Stoïque, Montaigne prône l’acceptation des épreuves de la vie comme
préparation à la mort. Cette acceptation ne se réalise qu’à travers l’austérité
et la patience.
c. La morale de Montaigne
En tant que moraliste, Montaigne préconise une morale teintée
d’épicurisme (carpe diem)
Les idées pédagogiques de Montaigne
Les essais de Montaigne renferment des arguments qui
contrebalancent ce qu’avaient d’exagérant les théories de Rabelais. Partant
du principe « la tête bien faite au lieu d’une tête bien pleine » Montaigne
voudrait qu’on se soucie davantage du jugement, de la qualité au lieu de
bourrer les jeunes intelligences d’une culture indigéniste, c’est-à-dire culture
non travaillée, quantitative, dépourvue de profit pour l’esprit. Pour ce,
Montaigne nous recommande d’éviter les contraintes et sévices corporels.
Les préceptes de moral sévères sont à bannir.
Objectif des essais de Montaigne
Comme l’indique le titre, c’est un ouvrage sans prétention, qui traite de
tous les sujets sans lien. C’est ainsi qu’ils sont parfois contradictoires. Le
sujet de ces essais reste Montaigne lui-même : « Je suis moi-même la matière
de mon livre. » D’où Montagne a voulu prendre « le soi », c’est-à-dire se saisir
de ses idées et sa complexité corporelle. Montaigne se décrit non pas par
vanité personnelle mais par désir de trouver en lui-même l’homme qu’il faut,
c’est-à-dire l’homme général.
L’art de Montaigne
La langue des essais a encore la verdeur du XVIème siècle : Usage du
néologisme et des termes empruntés au passé. Malgré ces imitations, les
essais renferment des expressions magnifiques et les images très
appréciables.
Chap. III. LE CLASSICISME AU XVIIème SIÈCLE
Le XVIIème siècle est l’âge d’or de la littérature française. La littérature
de ce siècle est qualifiée véritablement de classique au sens de vérité
éternelle et universelle revêtue d’une fourrure (style) parfaite.
Est classique toute œuvre susceptible d’être appréciée en dehors de
son terroir et de son temps qui l’a vue naître. Pendant les premières années
du XVIIème siècle, l’esprit classique s’élabore lentement à partir des
principes déjà posés par la Pléiade, à savoir, l’Imitation des Anciens. Son
idéal est la raison.
Les repères historiques
Au début du XVIIème siècle, un besoin de remise en ordre se fait sentir
en France. Trois personnes semblent des animateurs de cette situation. Il
s’agit de Henri IV, Richelieu (ministre) et Mazarin (ministre de Louis IX). Ces
trois personnalités remettent la paix et l’ordre intérieur en France. A cette
époque, la littérature et l’art atteignent leur apothéose (apogée).
III.1. LE CONTENU DE LA DISCIPLINE CLASSIQUE
1. François de MALHERBE (1558-1628)
En effet, ce n’est que vers la quarantaine d’âge que Malherbe se tourna
vers la poésie. Selon ses dires, il regarda la poésie comme un métier
d’écrivain au service des rois et de grand dont on vit les faveurs. Cette façon
de concevoir explique la légèreté du métier de l’écrivain à cette époque : « le
corbeau et le renard ».
Malherbe, malgré ces critiques à l’égard des autres, manque
d’imagination et de sensibilité pour être un vrai poète.
Il est effroi, sec et sans émotion mais grand écrivain par l’harmonie de
ses vers.
Il est surtout théoricien de la poésie pour ne pas dire grand
réformateur de la versification. Ses théories ne sont connues
qu’indirectement par sa correspondance et par les mémoires du poète
Racan.
La fameuse théorie réformatrice de Malherbe comporte cinq principes :
L’imitation des Anciens
Au lieu d’accepter une langue faite de tous les dialectes, Malherbe
ne permet à l’écrivain que l’usage de la langue de Paris et la
proscription des mots étrangers.
Au lieu de faire de la poésie une œuvre de l’imagination et de
sensibilité, Malherbe en fait une œuvre de la raison. Malherbe pense
qu’un poète est un ouvrier au service du peuple et non un prophète
messager de Dieu.
Au lieu de laisser beaucoup de liberté dans la versification,
Malherbe proscrit l’hiatus, l’enjambement aux fins d’imposer les
règles précises.
Il accepte le principe de distinction de genres.
III.2. Les salons au XVIIème siècle
Dans les salons de ces dames, les honnêtes gens (nobles, riches,
religieux, écrivains) se rencontrent pour converser, apprendre la politesse et
les manières raffinées par les sciences, la littérature et la philosophie.
On y cultive le bon goût mais avec le temps ce bon goût dégénère en
préciosité (hypercorrection). La préciosité dont on parle ici est un
mouvement européen dont les conséquences se sont fait sentir partout sous
diverses formes. C’est ainsi qu’on parle du gongorisme en Espagne,
marinisme en Italie, et de l’euphémisme en Angleterre. Cette recherche de la
préciosité a été appelée « excentricité » sur base de leur point de vue
commun. La préciosité lutte contre la vulgarité dans les manuels, c’est-à-
dire la politesse devrait s’affiner.
Mots vulgaires Périphrases proposées
La bougie Supplément du soleil
Le miroir Le conseiller de la grâce
Le balais L’instrument de la prospérité
Le chapeau L’affronteur des temps
La chemise L’empire du volcan
Le pain Le succès de la vie
Les dents L’ameublement de la bouche
La lune Le flambeau de la nuit
Tant que la préciosité était discrète et élégante, elle est une bonne
chose (au niveau interne), mais il y a une préciosité dont Molière se moquait.
L’influence des salons sur la langue française est évidente. Cette langue est
pure, affinée mais appauvrie ou affaiblie dans un sens.
Ex. La langue va souffrir au moins pendant deux siècles de division de mots
en caste (classe sociale) : vocabulaire de la noblesse d’une part et le
vocabulaire du reste de la population de l’autre.
L’influence des salons est surtout remarquable dans les écrits des
poètes. Ils veulent plaire à ce public raffiné, cultivé et pour ce faire, ils
prennent le ton qui convenait à ce propos. C’est grâce aux salons que
certains genres littéraires furent cultivés : le portrait, la maxime, la
correspondance, les mémoires et les romans.
L’homme parfait, qu’est-ce ?
L’homme parfait est celui qui obéit à l’honneur, celui qui sait vivre
dans la haute société, qui possède un goût averti pour juger le tout, celui qui
écrit à l’occasion mais n’affecte rien. Bref c’est un homme bien éduqué.
2. DESCARTES ET BLAISE PASCAL
Ces deux grands cerveaux ont joué un rôle semblable dans l’élaboration
de la conception classique. Descartes a marqué la place de la raison dans le
jeu de la faculté de la création littéraire tout en donnant à son siècle une
méthode de travail (évidence due à l’observation, l’analyse et le
dénombrement).
Blaise, lui, a instauré le sérieux dans la littérature tout en lui inculquant
le cachet philosophique.
Descartes et le discours de la méthode
C’est l’histoire des idées et du raisonnement de Descartes, considéré
comme la première grande œuvre philosophique écrite en langue française.
Sa philosophie consiste à rejeter provisoirement toutes connaissances
acquises ou apprises à priori et de procéder ensuite par le raisonnement à la
reconstitution des sciences. Descartes arrive ainsi à cette vérité dont on peut
douter « Cogito ergo sum ». Il fonde ainsi une philosophie qui repose
essentiellement sur l’exercice de la raison.
Grand principe de la doctrine classique
La doctrine classique prône huit principes, à savoir :
La même croyance esthétique
C’est-à-dire le respect des règles (règles de trois unités par exemple dont
lieu, le temps et l’action), la parfaite ordonnance du discours et l’applicabilité
de la versification.
Le prima de la raison :
Dans le domaine de l’art, la raison est ce qui s’oppose à l’imagination, à
l’inspiration spontanée. Pour le classicisme, une œuvre est construite
méthodiquement. Citons ici le serment de Bossuet, la tragédie de Racine, la
comédie de Molière… développé selon un plan ordonné et logique.
L’imitation des Anciens :
Les écrivains du XVIIème siècle usent volontiers des thèmes littéraires, du
sujet d’humanité littéraire à savoir « l’amour ».
La nature :
Dans l’œuvre classique, la nature est la matière d’une œuvre d’art. Le
classique peint la nature extérieure (panorama, bois) mais aussi la nature
humaine à travers les mœurs et les caractères. Bref, sa psychologie.
On peut citer ici La Bruyère (les caractères) , Lafontaine (les mœurs ),
Racine et Molière (la passion).
Le souci de l’objectivité :
Ici l’objectivité s’oppose à la subjectivité, c’est-à-dire que la littérature du
grand siècle (siècle de Louis XIV) n’est jamais subjective, exception faite bien
entendu aux mémoires, et aux genres épistolaires. Le « Moi est haïssable »,
voilà le slogan de ce principe.
Le sens de la mesure :
Peu d’œuvres classiques cultivent le surprenant et le merveilleux
(l’exagération). Molière lui-même s’en prend aux écrivains précieux, Boileau
aux faiseurs d’épopée et roman. Quand on écrit, on ne doit pas exagérer,
dépasser la mesure.
La foi en tant que mission sociale et moralisatrice de l’œuvre
littéraire
L’œuvre d’art doit moraliser et socialiser la société. Raison suffisante pour
que les préoccupations morales et sociales soient l’extrême point de la
pensée de Molière et de Lafontaine.
La dignité de l’expression
Jusque dans la comédie et dans la satire, la langue classique reste
châtiée, policée, épurée, prônée de sorte que les exemples de pluralité sont
rares. L’écrivain est invité à montrer beaucoup d’entrain (vivacité) pour une
certaine emphase. L’accent oratoire de la langue se trouve chez presque tous
les écrivains du siècle. Ainsi, l’évolution de la littérature au XVIIème siècle
semble passée par trois étapes fortement caractérisées.
L’élaboration
La réalisation
La dislocation
A. LA TRAGÉDIE CLASSIQUE
1. PIERRE CORNEILLE
La tragédie avant Corneille
La tragédie du XVIIème siècle manquait d’action. Statique, elle était
l’œuvre de la rhétorique et c’est le pathétique qui régnait parmi les
spectateurs affectés par le malheur du héros. La tragédie classique au
contraire repose sur l’attente anxieuse du déroulement. Chronologiquement,
Corneille appartient à la première moitié du XVIIème siècle, mais par l’action
de son œuvre, il dépasse le rôle du pionnier pour atteindre celui du maître.
Son contemporain, Boileau formula ainsi la règle de trois unités : « Qu’en
un lieu, en un seul jour, un seul fait accompli tienne jusqu’à la fin du théâtre
accompli. »
La vie de Corneille
Pierre CORNEILLE est né à Rouen en 1606 et mort en 1684. Après ses
études des humanités chez les Jésuites, il se consacre au droit dont il
gardera le gout de plaidoirie et de discussions serrées. Il a écrit :
Mélite
Le Cid
Horace
Polyeucte
Rodrigue
Le Menteur
Don Sanché
Nicomède
Pertharite
Découragé par l’insuccès de cette dernière pièce, Corneille renonça
provisoirement au théâtre. Quand il revint en 1659, il ne produisit que des
pièces médiocres. Il mourut dans l’oubli et la gêne matérielle en 1684.
Le système dramatique chez Corneille
Corneille écrit des pièces de théâtre pour soulever l’admiration du
spectateur. Et cette admiration doit naitre de la victoire des héros, de leur
domination sur les passions. D’où le héros doit :
Aspirer à la plus haute réalisation de lui-même en général dans le
bien.
Agir non par instinct mais par volonté.
Dépasser l’humanité commune, c’est-à-dire là où les autres échouent,
il doit réussir.
Mesurer sa vraie valeur dans les situations extraordinaires et
complexes.
Chez Corneille, l’amour est une vertu et non une faiblesse comme le
prône Racine.La tragédie cornélienne pose un conflit entre deux grands
sentiments : c’est soit l’amour profane opposé à l’amour religieux.
Soit l’amour patriotique opposé à l’amour familial (dans Horace). Corneille
oppose toujours deux sentiments nobles.
L’issue du conflit
Dans la plupart de ses œuvres, le devoir l’emporte et fait triompher
l’honneur. Entre deux passions en conflit, c’est la volonté qui est mise en
honneur. Raison suffisante pour que les exégètes disent que chez Corneille
les devoirs l’emportent sur les passions.
Corneille peint les hommes tel qu’ils devaient être, les hommes types,
archétypes, modèles, bref un idéal d’être. C’est dire que chez Corneille, le
héros est maitre de ses passions et de sa volonté. C’est l’aspiration même du
théâtre cornélien.
Le style cornélien
Ainsi conçue, la tragédie cornélienne est d’un style exceptionnel, une
expression rigoureuse condensée et dynamique.
2. JEAN DE RACINE
Il y a trois part dans l’œuvre de Racine :
- Une part mondaine
- Une part de son génie
- Une part de Port-Royal
1. La part mondaine
Racine a fait ses débuts littéraires avec l’œuvre intitulée L’ode à la
nymphe de la seine (1660). C’est une œuvre empruntée à la préciosité farcie
(dominée) de mythologie et d’emphase selon le goût de l’époque.
Quand il débute avec des pièces de théâtre, il continue dans cette même
ligne. C’est le cas de Alexandre (1665)
2. La part de son génie
Les critiques de ces deux premières pièces lui rendirent un grand service.
Il se forgea ainsi sa propre voie dans la littérature. Les pièces qu’il écrivit
dans cette deuxième étape de sa vie littéraire se déroulent sur un fond de
décor antique, peintes avec beaucoup d’attention et un cœur humain. Par
cœur humain, il faut entendre les pièces à caractère psychologique telles
que :
Andromaque, 1668
Britanicus, 1669
Berenice, 1670
Bajazet, 1671
Mithridale, 1673
Iphigénie, 1674
3. La part du Port-Royal
Les dernières pièces de Racine acquièrent une préoccupation nouvelle.
Elles concilient des sujets chrétiens avec la forme de la tragédie antique
(mythologie). Ces pièces sont :
Phèdre, 1677 : Ici, l’auteur expose les problèmes moraux, c’est-à-
dire du remord et de la prédestination.
Esther, 1689
Athalie, 1691
A. LE SYSTÈME DRAMATIQUE DE RACINE
Contrairement à Corneille qui suscite chez le spectateur l’admiration du
héros caractérisé par sa vertu et sa volonté, Racine, lui, suscite la pitié due
aux faiblesses du héros (amour aveugle).
Pour créer cette pitié, Racine y arrive grâce :
Le sujet (les thèmes exploités dans le théâtre)
Les thèmes raciniens sont toujours vraisemblables, ordinaires et
quotidiens.
L’action :
Cette action est simple car elle a très peu d’incidents. Elle est intérieure,
c’est-à-dire que le conflit se vit dans l’âme du héros bien que les
conséquences soient extérieures.
L’intrigue :
Elle est rapide car elle commence le plus près possible du dénouement.
La tragédie racinienne est une crise et non une histoire, c’est-à-dire une
passion qui dure depuis longtemps à l’intérieur du héros. L’action la saisit
au moment où elle commence à faire de ravage.
Le mélange de force et de faiblesse, de vertu et de vice
Ce jeu d’opposition des qualités humaines rend la tragédie de Racine
quotidienne, c’est-à-dire de la vie de tous les jours. D’où sa popularité.
La passion racinienne représente nombre des passions entre autre
l’ambition, l’amour, … mais aussi pour lui l’amour n’est autre qu’une
passion tragique par excellence.
B. CARACTÉRISTIQUES DE L’AMOUR RACINIEN
Amour irrésistible
Cet amour éclate comme un coup de foudre et se traduit comme un
désordre physiologique. Ni la raison, ni la volonté de l’homme n’y peut rien
contre lui.
Amour-devoir
Pour Racine, il n’est pas de devoir qui puisse exister en dehors de la
passion.
Amour-dignité
La passion pousse le héros si vertueux ou orgueilleux soit-il à des
démarches déshonorantes et humiliantes, aux mensonges et à la perfidie
aux ridicules et à l’insensé. À ce niveau, l’amour aveugle ôte la dignité.
L’amour-égoïsme
Dans les pièces de Racine, l’amour adressé à l’être aimé rencontre
souvent une résistance que le héros cherche à contourner par tous les
moyens (haine, force, …)
L’amour-impossible
Le destin tragique chez Racine ne permet presque jamais à l’amour de se
réaliser. Quand l’amour, par hasard, tend à se partager, un obstacle
extérieur empêche l’union des amants.
L’amour-jalousie
Si l’être aimé ne répond pas à l’amour lui proposé, c’est souvent parce
qu’il aime ailleurs. Raison suffisante pour qu’on s’acharne à le jalouser. C’est
une haute humiliation de se voir préféré à un rival ou une rivale.
C. LES TYPES RACINIENS
Malgré la diversité des personnages, un type racinien se dégage
contrairement à celui de Corneille. Pour ce dernier, le héros a des facilités
dès sa naissance qui lui font arriver aux hauteurs de la vie. Cependant, le
héros racinien se débat vainement parmi les contradictions insolites de sa
nature. Voilà pourquoi ce héros s’achemine vers le meurtre et le suicide, une
sorte d’égarement qui annihile sa volonté tout en étant conscient de ce qu’il
fait.
D. LA FATALITÉ RACINIENNE
Le dénouement sanglant des héros raciniens s’explique par la place
qu’occupe la fatalité. Celle-ci est une force irrésistible qui conduit vers une
fin prédestinée malgré les moyens mis en œuvre pour lui échapper. Racine
présente cette irréversible fatalité de trois manières différentes :
Le destin hostile (mal chance)
La malédiction héréditaire
L’impulsion irréversible de la passion.
4. LA COMÉDIE CLASSIQUE
A. JEAN POQUELIN DE MOLIÈRE
Sa vie :
Jésuites Molière est né à Paris. Les fonctions de son père lui permirent de
faire les études des classiques chez les. Après les humanités, il fait le droit.
Mais brusquement il renonce au métier d’avocat. Il va alors fonder lui-même
une troupe théâtrale sous le nom de « Illustre théâtre » dans lequel sa femme
Madeleine est également actrice.
En 1655, il fait sa première grande présentation en vers de l’Etourdi.
L’année suivante (1656), il connait un autre succès avec la pièce Dépit
(dégout). L’explosion de ces deux pièces atteint Paris et Molière est invité à
aller jouer devant le roi et la Cour. Désormais Molière devient le protégé du
roi et surtout du petit frère du roi appelé Monsieur. Ainsi la troupe de
Molière s’appellera depuis lors la troupe de Monsieur.
En dépit du succès dû à la faveur royale et à la fortune, Molière vécu
malheureux. La condition d’auteur et d’écrivain n’était pas respectée à
l’époque. Molière mourut sur scène lors de la présentation de la pièce Le
malade imaginaire où lui-même jouait le personnage du malade même.
B. LA COMÉDIE DE MOLIÈRE
Avant Molière, la comédie passe pour un simple divertissement où le
personnage Bouffon (qui fait rire) avait pour rôle principal de faire rire le
public. Beaucoup avaient tenté par la comédie mais celle-ci n’avait produit
que des farces. D’ailleurs Molière lui-même avait commencé par la farce.
Cependant, de la farce, il est passé à la comédie tout en l’élevant au même
rang que la tragédie. Son œuvre comprend alors les comédies de mœurs
dont la toile de fond (thème principal) est la critique sociale. C’est le cas de :
Précieuses ridicules
Le Bourgeois gentil homme
Le Malade imaginaire
Il a aussi excellé dans des comédies psychologiques ou de caractère à
savoir :
Tartuffe
Don Juan
Le Misanthrope
L’Avare
Les Femmes savantes
C. LA DOCTRINE LITTÉRAIRE DE MOLIÈRE
Sa doctrine comprend quatre points essentiels :
La règle de plaire
Pour lui, les règles ne sont pas de choses extraordinaires, ce sont de
simples observations de bon sens que chacun peut faire à son tour. Selon
Molière, l’œuvre se juge, non point d’après les règles de Horace ou de
Aristote, mais d’après l’effet qu’elle produit sur les spectateurs. Corneille
suscite l’admiration sur le spectateur, Molière le rire et Racine la pitié.
La manière dans la comédie
La peinture des vices à travers les mœurs et les caractères contemporains
ont, selon Molière, pour objectif leur correction. Les sujets qui inspirent
Molière sont particulièrement l’hypocrisie et l’imitation de la vertu.
La peinture d’après la nature
La comédie de Molière est une peinture générale qui repose sur une
observation attentive de la nature humaine dans son cadre spatio-temporel.
La portée morale de la comédie de Molière
Molière ne force pas seulement le rire, il entraine également à la réflexion,
à la méditation sur les conséquences des vices. Les spectateurs font
inconsciemment une comparaison entre le personnage ridicule et eux-
mêmes.
D. LE COMIQUE DE MOLIERE
L’art de Molière consiste justement à traiter de façon amusante des
situations pénibles (complexes). Le comique passe toujours au premier plan.
Pour provoquer le rire, Molière use des procédés divers :
La parodie (caricature) grossière, c’est-à-dire des coups de flèche
adressés aux autorités.
La caricature qui consiste à isoler (mettre en relief) les traits saillants
d’une physionomie tout en le grossissant.
La répétition d’un mot ou d’un geste qui devient un tic.
L’exagération paradoxale d’une idée juste.
L’opposition de deux personnages qui se font valoir mutuellement.
Le quiproquo (confusion).
E. LA LANGUE DE MOLIERE
Dans son style, nous remarquons une certaine négligence voulue. Molière
utilise parfois la langue parlée au détriment de celle dite soutenue, c’est-à-
dire le jargon de toutes les couches sociales mais cela s’explique : l’élégance
et la finesse littéraire dans le comique ne sauraient être saisies par le public
dans son ensemble. On dirait que Molière écrit trop banalement pour être
entendu de loin.
B. JEAN DE LA FONTAINE (1621-1695)
De bonheur, Jean de Lafontaine accompagna dans ses courses son père
qui était conservateur des Eaux et de foret. Les exégètes pensent qu’il a pris
un goût très vif pour les choses de la campagne à travers cette situation. A la
mort de son père, il lui succéda et mena une vie de campagnard jusqu’à
quarante-cinq ans. Le fait de passer une grande partie de sa vie dans le bois,
il y a de quoi alimenter et rafraichir son œuvre pour le reste de sa vie.
Lafontaine est un rêveur, paresseux, distrait et timide. Son épitaphe
(inscription sur la tombe) en est une preuve éloquente :
« Jean s’en alla comme il était venu
Mangeant le fond avec le revenu
Tint les trésors chose peu nécessaire
Quant à son temps bien sut le dispenser
Deux parts en fit dont il souhaite passer
L’une à dormir et l’autre à ne rien faire. »
LA FABLE
Une fable est un récit court visant à démontrer une vérité morale.
Lafontaine passe pour un grand fabuliste français de son époque.
Cependant, pas plus que les autres écrivains classiques, Jean de Lafontaine
ne se soucie pas d’être original dans la matière de ses œuvres. Les critiques
littéraires estiment qu’il a imité les fables de ses devanciers en les
transformant. Pensons ici au fabuliste de l’Orient dont les œuvres lui sont
parvenues par les croisades d’une part, et les œuvres d’Esope et de Phèdre
(fabuliste grec) d’autre part. Seulement, sa valeur réside dans la façon
personnelle de traiter cette matière.
LA COMPOSITION DES FABLES DE LAFONTAINE
Les éléments du drame
Le récit
Ses récits sont caractérisés par un début rapide ou une introduction en
quelques mots. Celle-ci sert à situer les personnages et à tracer le cadre de
l’action. Ex. la raison du plus fort est toujours la meilleures.
Dès que le début est fini les personnages parlent et l’auteur se
dissimilent pour les laisser agir. Le tout est d’une composition rigoureuse,
donc impossible d’ajouter et de retrancher sans nuire à la fable. La
conclusion est toujours moralisante (une ligne ou quelques mots).
Les personnages
Quelque fois sont les hommes mais très souvent des animaux auxquels
Lafontaine prête une âme, une intelligence, un caractère humain.
Le cadre spatial
Lafontaine ne décrit pas pour décrire, et en cela il se présente comme
tous les autres classiques. Remarquons ici qu’il est l’un des rares écrivains
qui aient accordé quelques places à la campagne.
Les caractéristiques des fables de Lafontaine
Dans ses fables, la nature n’intervient pas pour elle-même, elle est un
simple décor. Certaines de ses évocations restent malgré tout inoubliables
même s’il ne s’agit pas de la nature telle que conçue par les romantiques.
La morale des fables de Lafontaine
Tout en décrivant fort bien les animaux, Lafontaine ne peint en réalité
que les mœurs des hommes. Cependant, cette moralité est fort discutée par
les exégètes. Pour certains, ces fables n’ont pas un cachet moral, c’est-à-dire
elles ne sont pas le reflet d’une réalité réelle. Dans la fable le Loup et
l’Agnon, nous lisons en son début « la raison du plus fort est toujours la
meilleure », c’est comme si Lafontaine disait « c’est regrettable mais c’est
comme cela ». Un moraliste ne devait pas accepter une telle situation et
l’accepter comme principe. Malgré cela, les fables de Lafontaine ont le mérite
d’être accueillies comme une morale pratique.
L’autre camp interprète le début de cette fable comme suit : le monde
est méchant, tachez de ne pas en être victime. Ainsi puisqu’il attaque les
travers et les vices de la nature humaine, nous pouvons considérer que son
œuvre est morale au même pied que d’autres œuvres classiques.
Le style de Lafontaine
C’est un style très varié dont le rythme et le ton s’adaptent aux
caractères des personnages et à l’idée.
Ex. En disant que la fourmi est sèche et dure, le pigeon est caressant et
doux…, Lafontaine marie le style à la réalité. Ce style est pittoresque, c’est-à-
dire avec quelques traits bien choisis, il trace un tableau qui s’impose tel
une peinture.
5. LE GENRE ÉPISTOLAIRE
1. LA VIE DE MADAME DE SEVIGNE
Née Marie de Robisté Chantal puis Marquise de SEVIGNE, elle a épousé à
dix-huit ans le Marquis qui porte son nom, homme brutal et débauché. Elle
sera veuve à vingt-cinq ans. Dès lors, elle se consacre à l’éducation de ses
enfants Françoise et Charles, tout en recevant ses amis choisis dans son
salon. Sa fille épouse en 1669 le Compte de GRIGNAT en Provence (Sud de la
France).
Pour se consoler de cette séparation douloureuse, Mm de Sévigné prit
l’habitude d’écrire à sa fille presque toujours lui racontant la vie de Paris.
C’est ce qu’il a appelé « le penchement de mon chœur ».
A. LES LETTRES
Publiées pour la première fois au XVIIIème siècle par sa petite fille
Pauline de GRIGNAT, les premières correspondances étaient tronquées
modifiées. Il fallait attendre le XXème siècle pour que les vrais textes soient
connus dans toute son intégralité. Elles seront alors réunies en dix
volumes : spécialement des lettres adressées à Mme de GRIGNAT sa fille, à
Charles son fils, à ses amis BUSSY-ROBUSTIN et Mr l’Abbé de Coulanges et
Pomponne.
2. LES PHILOSOPHES
1.MONTESQUIEU Charles Louis de Secondât
Il prit le nom de son oncle Montesquieu en même temps qu’il lui
succéda comme président de Bordeaux (sénat)
Son œuvre : Montesquieu a beaucoup écrit mais ses œuvres les plus
célèbres sont :
L’esprit des lois
Les lettres persanes
Cette seconde œuvre lui valut son entrée à l’Académie française. Les
lettres persanes sont une sorte de roman épistolaire. Deux persans RICA,
homme du monde plein de finesse et USBECK, philosophe réfléchi, quittent
leur pays pour visiter l’Europe. De Paris où ils s’installent pour un temps, ils
envoient leurs impressions à des amis restés en Perse. Ce sont des
observations satiriques sous forme des plaisanteries. Cette satire est dirigée
contre tout le monde. Dans le salon où ils se trouvent, RICA et ISBECK font
des portraits plaisants du poète, du financier, … la critique du régime
politique, l’attaque de l’autorité pontificale, le célibat ou le clergé (ordre
religieux).
Ces observateurs curieux abordent des sujets délicats tels que le
divorce et l’esclavagisme. Montesquieu, craignant les ennuis dus à ces
critiques, présente sa satire comme une fantaisie amusante des personnes
naïves (RICA et USBECK). C’est là une audace où la censure exerçait encore
une vigilance exceptionnelle.
2. VOLTAIRE (François Marie-Arouet)
Voltaire est surtout connu pour sa contribution à l’élaboration de
l’Encyclopédie. Par sa longue carrière d’écrivain, Voltaire englobe tout le
siècle par son influence, influence due à son évolution d’esprit public de son
activité littéraire et de l’abondance de ses œuvres. Il est tour à tour
philosophe, historien, conteur, critique littéraire ou exégète.
A. SA VIE
De brillantes études classiques chez les Jésuites
Fréquentation de la société libertine
Jeunesse mouvementée : il a été trois fois en prison à la Bastille
(1789 lors de la révolution française).
Exile dû à son attitude et ses opinions irrespectueuses.
Plusieurs séjours à l’étranger.
B. LA PHILOSOPHIE DE VOLTAIRE
Sa philosophie est celle des encyclopédistes qui vénéraient leur maitre à
savoir :
Le rejet de considération métaphysique de l’homme traduit par
l’exaltation du progrès de la science visant l’amélioration des
conditions sociales de l’humanité.
L’attitude déiste prônant la reconnaissance de l’existence d’une
divinité et non d’une religion pratique. Le Dieu que Voltaire conçoit ne
s’occupe des hommes et voilà pourquoi la religion est inutile. Si Dieu
n’existait pas, il faudrait l’inventer pour maintenir les hommes dans la
morale.
Il ajoute : « je voudrais que mon procureur, mon tailleur, mes valets croient
tant en Dieu et je m’imagine que j’en serai moins volé. » La morale voltairienne
est ainsi fondée sur la tolérance et la bienfaisance.
C. VOLTAIRE, HOMME DES LETTRES
Si les qualités littéraires de Voltaire se manifestent non sans peine dans
ses volumes en vers, c’est sa prose par contre qui est nettement supérieure
au reste de ses écrits. Son arme redoutable, ironie, est la grande
caractéristique de son style.
3. L’ENCYCLOPÉDIE
Ce qui fait l’unité de l’encyclopédie, c’est l’esprit qui l’anime et qui se
résume comme suit :
La destruction de tout absolutisme dogmatique, de toute
métaphysique, de toute religion et de toute autorité, c’est-à-dire
l’instauration du système « tabula rasa. »
Le culte des tendances humanitaires et du progrès.
La primauté de la critique, du doute et de la négation.
A. L’ACCUEIL DE L’ENCYCLOPÉDIE
L’encyclopédie pénétra partout : chez les nobles de province, chez les
notaires royaux, chez les curés, chez les bourgeois etc. Ses succès se
propagent dans le public et dans les Lettres.
Malgré les entraves officielles, quelques grands personnages de l’époque
accordèrent leur faveur à l’encyclopédie. Citons par exemple Mme
POMPADOUR, Le Marechal de Richelieu et d’autres encore qui protégèrent
les encyclopédistes et rendirent inefficaces les mesures prises par la censure.
B. LES COLLABORATEURS A L’ENCYCLOPÉDIE
Trois noms sont à retenir dans la collaboration à l’encyclopédie, mais la
liste reste longue.
1. DÉNIS DIDEROT(1713-1784)
C’est le plus énergétique défenseur de l’esprit encyclopédique. Il végétait
en bohème, incapable de s’appuyer à une profession, jusqu’à ce que
l’entreprise de l’encyclopédie le sortît de l’obscurité. Pour ce, Diderot devint
le chef de l’idole (les plus admiré) des philosophes de son temps. Catherine
de Russie ayant appris sa gêne matérielle (problème financier) le fit affecter à
sa bibliothèque en qualité de bibliothécaire.
C’est dans cette ville de Saint-Pétersbourg qu’il travailla toute sa vie pour
la remercier et y mourut après.
A. SES ŒUVRES
Des articles dans l’encyclopédie
La Lettre sur les aveugles (essai de philosophie)
Le Rêve d’Alembert (essai de moral)
Le Paradoxe sur les comédiens (essai sur la critique littéraire)
Le Père de famille et les fils naturels (drame)
Jacques le fataliste (roman)
Le Neveu de Rameau (roman)
Les Salons (critique d’art)
B. LA PENSÉE DE DIDEROT
En religion, Diderot est considéré comme athée et matérialiste. L’idée
de Dieu est repoussée pour trois raisons :
Dieu est incompatible avec l’existence du mal
Les attributs de Dieu sont contradictoires (justice et bonté), Dieu est
injuste (différence)
La croyance en Dieu serait un obstacle au bonheur et un danger pour
la morale. Cette croyance dénature l’homme.
En philosophie, il n’y a qu’un principe, qu’une réalité : « la matière
sensible, déclare Diderot. » D’où l’abandon de toute spéculation
métaphysique.
Qu’est-ce que l’homme selon Diderot ?
Diderot trouve tour à tour que :
L’homme est un être moral.
Cette moralité, il l’a acquise par intuition.
L’homme est naturellement poussé pour le plaisir à faire le bien, il a
horreur du mal.
L’homme est un organisme dont la vie humaine n’est qu’un état
transitoire de la matière. De cette conception Diderot pense en
définitive que la science de l’homme n’est pas la morale mais la
physiologie.
2. GEORGES LOUIS Le Clerc (1707-1788)
Le Clerc est un grand mathématicien, membre de l’Académie des
sciences à 26ans. Il voyage beaucoup après ses études et rapporte de
l’Angleterre un gout très déterminé de science.
A. SON ŒUVRE
L’Histoire naturelle
Le Discours sur le style
Le succès de ce premier ouvrage Histoire naturelle le fit nommer membre
de l’Académie française sans l’avoir demandé. Jusqu’à sa mort, il va s’atteler
à cette labeur académique.
POURQUOI ALORS LE CITER PARMI LES ENCYCLOPEDISTES ?
Le Clerc ne fut ni ennemi, ni ami des encyclopédistes. Cependant, il eut le
mérite d’être l’un des principaux artisans, diffuseur de l’esprit scientifique
qui est à la base de l’encyclopédie. En effet, il avait les qualités d’un grand
savant. L’indépendance de son esprit ne s’inclinait que devant les faits
prouvés. Le gout de l’obsession et l’analyse minutieuse sont son cheval de
batail.
Son style scientifique doublé des qualités littéraires et orné par des
périphrases, des mouvements syntaxiques oratoires se confirment dans ses
discours à l’Académie. Il écrivit un jour dans son discours sur le style ce qui
suit : « Bien écrire, c’est tout à la fois bien penser, bien sentir et bien rendre.
C’est avoir en même temps l’esprit, de l’âme et du goût. Le style suppose la
réunion et l’exercice de toutes ces facultés intellectuelles. »
3. JEAN JACQUES ROUSSEAU (1712-1778)
Il a été dit que la première moitié du XVIIIème siècle demeure fortement
tributaire du XVIIème siècle. Nous nous engageons maintenant vers le
second versant du siècle. Nous y trouvons des tendances qui s’épanouissent
et se colorent en siècle romantique. Vers 1750, c’est avec Vauvenargues,
moraliste et naturaliste que s’affirme la volonté de réhabiliter les sentiments.
Vauvenargues annonce l’avènement de J.J ROUSSEAU en soulignant dans
ses maximes l’insuffisance de la raison. Cependant, il célèbre les intuitions
des sentiments et réhabilite les sentiments du passé.
DU POINT DE VUE SENTIMENT
« La raison nous trompe le plus souvent que la nature. Personne n’est
sujet à plus de fautes que ceux qui n’agissent que par réflexion. Connaitre par
sentiment est donc le plus haut degré de connaissance. Les grandes pensées
viennent du cœur. »
Du point de vue passion
Vauvenargues soutient que les passions ne sauraient être néfastes car
notre nature n’est pas mauvaise. Elles sont même la source des plus nobles
activités et souvent des plus nobles vertus. Mais c’est J.J Rousseau qui va
déchainer les instincts profonds et assurer le triomphe de la passion.
APRÈS 1750
Parallèlement au rationalisme de Voltaire et des encyclopédistes, un
large courant sentimental que dirige Rousseau traverse la seconde moitié du
siècle : une sorte d’individualisme sentimental annonçant le romantisme.
1. SA VIE
Né àGenève en 1712, J.J Rousseau est d’une sensibilité maladive qu’il
développa de bonheur par des lectures indiscrètes.
2. SON ŒUVRE
J.J. Rousseau se projette de détruire la société qui repose sur des
conventions dans le but de reconstruire une autre conformément à la
nature. De là, trois distinctions sont à faire dans son œuvre :
A. Les œuvres de destruction
Discours sur les lettres et les arts
Discours sur l’origine des inégalités
Lettres à d’Alembert sur le spectacle
La nouvelle Héloïse
Rousseau y attaque les institutions sociales source de la dépravation
sociétaire. L’Académie de Di juan avait mis en concours la question de savoir
si le progrès des sciences et des arts a contribué à corrompre ou à épurer les
mœurs.
À cette occasion, Rousseau écrit le Discours sur les sciences et les arts en
1750. Dans cette œuvre, il confirme que les sciences et les arts ont
réellement corrompu les mœurs au lieu de les épurer. Il en donne des
preuves historiques tout en démontrant qu’il ne pouvait en être autrement.
1. Les preuves historiques
Le progrès des sciences, des arts et de luxe a fait disparaître l’Egypte, la
Chine, la Rome, … antique. Par contre les peuples ignorants et primitifs
pygmées, Hottentots, … ont conservé leur vertu et leur honneur (peuples
sauvage).
2. Les preuves rationnelles
Selon J.J. Rousseau, les sciences encouragent l’oisiveté et détruisent le
sens religieux pour rétablir la morale.
B. Les œuvres de reconstruction
Emile ou de l’Education (roman pédagogique)
Le Contrat social (théorie sur la démocratie basée sur l’égalité)
La Nouvelle Héloïse IIème partie (Idéal familial)
Cette deuxième série d’œuvre se propose de contribuer à la
régénération de la société et de l’individu.
C. Les œuvres de réalisation
Les Confessions
LesRêveries d’un promeneur solitaire
Les Dialogues
3. Influence de J.J. Rousseau
J.J. Rousseau a inauguré une ère nouvelle, une nouvelle manière de
pensée, de sentir et d’écrire. Cette écriture nouvelle s’articule sur les points
ci-après :
Il a mis la sensibilité à la mode dans une société dominée par l’esprit,
c’est-à-dire la raison.
Il a substitué la raison à l’instinct.
Il a protesté contre l’athéisme des philosophes, pas au nom de la
raison mais pour une religion intuitive du cœur.
En littérature, il a ouvert la voie au romantisme dont il est l’ancêtre
authentique.
4. Les thèmes de J.J. Rousseau
Ses thèmes préférés sont le Moi, la nature, le sentiment religieux,
l’imagination et le cœur. Ces thèmes seront le soubassement de toute la
littérature romantique.
CONCLUSION
De peur de verser dans le romantisme du XIXème siècle, terminons notre
exposé par ce qu’était la littérature de la révolution. L’activité littéraire du
temps de la révolution est pauvre aussi bien en théâtrequ’en poésie, seule
l’éloquence politique a de vrais mérites. En effet, sous la révolution, les
événements accaparaient les énergies et seul l’art qui tissait l’action est
apprécié. L’éloquence, elle, est une conséquence de la situation. Dès que
l’autorité passait d’un conseil de roi à une assemblée délibérante, l’influence
des idées devrait être l’apanage des éloquents (beaux parleurs). Les plus
grands noms sont : MIRABEAU, VERGINIAUD, ROBESPIERRE et DANTON.