poindre
Étymologie
modifier- (XIe siècle) Du latin pungere (« piquer ») dont le supin punctum a donné point.
- Il a subi la même évolution que jungere (supin junctum donne joint) qui a donné joindre.
- Les verbes du troisième groupe posent problème aux locuteurs français qui leur préfèrent leur équivalent du premier groupe (piquer, pousser en l’occurrence pour poindre). Seul le participe présent poignant est encore courant même si rares sont ceux qui devinent son infinitif tant les sens ont évolué différemment.
Verbe
modifierpoindre \pwɛ̃dʁ\ transitif ou intransitif 3e groupe (voir la conjugaison)
- (Rare) (Littéraire) Piquer quelqu'un ou quelque chose.
- Oignez vilain, il vous poindra ; poignez vilain, il vous oindra, en traitant avec égards un malotru, on n’en reçoit que de mauvais procédés ; au contraire, en le traitant durement, on en obtient ce que l’on veut.
Sans cette nécessité qui poignait mon cœur de mère, vous ne m’auriez jamais reparlé, vous ne seriez plus rentré chez moi.
— (Honoré de Balzac, La Cousine Bette, 1846)Ainsi toutes les personnes dévouées à la famille Mignon furent en proie aux mêmes inquiétudes qui les poignaient la veille avant l’expérience que le vieux soldat avait cru être décisive.
— (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)Sa jeunesse forte et saine, ses beaux cheveux drus, son cou brun de paysanne, la simplicité honnête de ses yeux et de ses gestes francs, sans doute pensa-t-il que toutes ces choses-là se trouvaient déjà dans la petite fille qu’elle était sept ans plus tôt, et c’est ce qui le fit secouer la tête deux ou trois fois comme pour dire qu’elle n’avait vraiment pas changé. Seulement il se prit à penser en même temps que c’était lui qui avait dû changer, puisque maintenant sa vue lui poignait le cœur.
— (Louis Hémon, Maria Chapdelaine, J.-A. LeFebvre, Montréal, 1916)Maintenant qu’on ne les poignait plus, ils se gringaçaient entre eux.
— (Ernest Pérochon, Nêne, 1920)De vives douleurs la poignaient aux côtés et dans la poitrine, mais elle refusait de se laisser examiner par les médecins.
— (Julien Green, Charlotte Brontë, dans Suite anglaise, 1927, réédition Le Livre de Poche, page 103)
- Paraître, pousser, apparaître.
Quelques minutes après je vis effectivement, […], poindre, en se découpant sur un ciel bleu, le toit rouge de cette maison bénie.
— (Alexandre Dumas, Impressions de voyage, La Revue des Deux Mondes, tome 1, 1833)Alors, comme les coqs chantaient dans les poulaillers et comme le jour allait poindre, il se mit à l'œuvre pour ensevelir l'homme.
— (Guy de Maupassant, "Saint Antoine" dans Les Contes normands)En sortant de la kasba nous voyons nos chameaux poindre à l'horizon, et la prudence nous commande de les attendre pour voyager de conserve avec eux.
— (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 45)Comme poignait l’aube du quatrième jour et qu’un rassemblement imposant discutait les dernières hypothèses possibles, un gamin tout à coup fit remarquer que de la fumée semblait monter de la maison du poète.
— (Louis Pergaud, La Disparition mystérieuse, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)- Le poil commence à lui poindre au menton, se dit d’un jeune garçon à qui la barbe commence à venir.
Dans chaque maison ce fut un pareil concert de louanges sournoises, de questions idiotes, de brocards sous lesquels poignait beaucoup de méchanceté, beaucoup de jalousie.
— (Yves Gibeau, Allons z’enfants, 1952)
- (Sens figuré) Apparaître.
Ce qui m’encourage, c’est l’insistance nouvelle de tous les regards à chercher le mien, regards qui me paraissent se transformer depuis quelque temps et où il me semble voir poindre une certaine curiosité […]
— (Pierre Boulle, La Planète des singes, Julliard, 1994, page 159)Il sentait de nouveau son désir poindre et il lui fallait le tuer dans l’œuf, sinon qui sait ce qui aurait pu arriver ?
— (Philippe Morvan, Ours, Calmann-Lévy, 2018)
Apparentés étymologiques
modifierTraductions
modifierPrononciation
modifier- France (Saint-Maurice-de-Beynost) : écouter « poindre [Prononciation ?] »
- France (Lyon) : écouter « poindre [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « poindre [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Voir aussi
modifierRéférences
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (poindre), mais l’article a pu être modifié depuis.
Étymologie
modifierVerbe
modifierpoindre *\Prononciation ?\
- Piquer, poindre.
- (Par extension) Éperonner (un cheval).
Et Gavains poinst tant son cheval
— (L’âtre périlleux, anonyme, manuscrit 1433 français de la BnF. Fol. 6r.)
Variantes
modifierApparentés étymologiques
modifierDérivés dans d’autres langues
modifier- Français : poindre
Références
modifier- Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage