Crédit: Emmanuel via Iwaria

Les tabous du mariage

Au Burkina Faso, le mariage est un engagement sacré. Il réunit deux personnes différentes, qui sont censées avoir une même vision de la vie. Cependant, on remarque que cet engagement sacré tend à perdre sa valeur dans les mœurs africaines . En effet, les jeunes s’accordent de moins en moins sur les sujets importants, se concentrent plus sur les sentiments et le côté festif. Quels sont donc les tabous du mariage que les jeunes amoureux évitent d’aborder ? Il s’agit de l’infidélité, des questions financières et des risques de violences conjugales.

Une jeune fille assise regardant en face d’elle. Elle est réconfortée par une personne à l’arrière. Crédit photo : freepik

L’infidélité dans le couple

Depuis quelques années, le divorce est devenu un phénomène courant au Burkina Faso. En 2022, 1590 cas de divorces ont été prononcés devant les tribunaux, comparés en 2012 où on était à 198 cas de divorces. En s’intéressant de plus près aux causes, il ressort que l’infidélité occupe une place importante. Avant le mariage, l’une des parties est souvent témoin de l’infidélité, mais elle ne dit rien. La personne trompée espère changer l’autre dans le mariage ou pense être capable de supporter jusqu’à la fin. Malheureusement, le résultat est différent. Dans le mariage, les tromperies s’enchainent. Les témoins de mariage sont sollicités, les amis de la famille apportent des conseils et les parents font ce qu’ils peuvent pour éviter la séparation du couple. Il arrive que certaines personnes restent ensemble pour le bien des enfants, mais d’autres décident de rompre les vœux prononcés devant Dieu et les Hommes, en laissant la famille volée en éclat.

Divorce des parents : la place des enfants. Crédit vidéo : YouTube

Les violences conjugales

En 2023 au Burkina Faso, les violences conjugales constituaient la deuxième cause de divorce. Il faut savoir que les violences peuvent être physiques, psychologiques et financières. On n’imagine pas être victime de violence de la part de la personne à qui on décide de consacrer sa vie entière. Ça commence par des insultes, auxquelles l’un des conjoint ne prête pas attention et l’efface par un sourire. Ensuite, les remarques désobligeantes font leur apparition. C’est le cas sur le poids ou la comparaison avec les anciennes conquêtes. En outre, certains partenaires pratiquent des chantages sexuelles au sein de leurs couples, pour se faire entendre ou réclamer un bien matériel. La frustration née de cette situation poussent le conjoint ou la conjointe à voir ailleurs. Dans le pire des cas, les premiers coups surviennent. Certaines personnes battues perdent la vie. D’autres se suicident après avoir tellement supporter.

Les raisons pécuniaires

L’argent est un sujet tabou dans certains couples. En effet, les deux jeunes personnes décident de se marier sans évoquer les questions financières. Dans mon pays, l’homme est souvent le pourvoyeur du foyer. Il prend en charge toutes les dépenses. Au Burkina Faso, selon le 5e Recensement général de la population et de l’habitation en 2019, le taux des femmes au chômage était de 8,8%, contre 5,6% pour les hommes au sens du Bureau International du Travail. Dans la plus part des ménages donc, l’homme gère les factures d’eau et d’électricité, la nourriture, les soins médicaux et autres. Pour une femme qui ne travaille pas dans ma contrée, vivre dans une situation pareille est pénible et source de problèmes dans la famille. Alors que l’argent ne doit pas constituer un sujet tabou entre deux personnes, qui ont décidées de rester ensemble jusqu’à la mort.

De nos jours, les tabous du mariage brisent les sociétés africaines en général et burkinabè en particulier. En effet, la peur de perdre l’autre avant le mariage pousse les gens à cacher la vérité. Ils évitent donc la discussion sur des sujets importants comme l’infidélité, les éventuelles violences conjugales et les questions pécuniaires. L’idéal serait, que chacun soit transparent dans ses intentions pour éviter le divorce.

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Auteur·e

yaamato

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