Test Bank For Cryptography and Network Security Principles and Practice 6th Edition by Stallings ISBN 0133354695 9780133354690 Download PDF
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TRUE OR FALSE
T F 13. The one-time pad has unlimited utility and is useful primarily for
high-bandwidth channels requiring low security.
T F 14. The most widely used cipher is the Data Encryption Standard.
MULTIPLE CHOICE
A) Transposition B) Substitution
C) Traditional D) Symmetric
C) polycipher D) enigma
3. An original intelligible message fed into the algorithm as input is known as
, while the coded message produced as output is called the
.
A) deciphering B) transposition
C) steganography D) encryption
C) cryptanalysis D) transposition
7. The takes the ciphertext and the secret key and produces the
original plaintext. It is essentially the encryption algorithm run in reverse.
8. If both sender and receiver use the same key, the system is referred to as:
10. The was used as the standard field system by the British Army in
World War I and was used by the U.S. Army and other Allied forces during World
War II.
11. The attack is the easiest to defend against because the opponent
has the least amount of information to work with.
A) Streaming B) Transposition
A) steganography B) decryptology
C) cryptology D) cryptography
SHORT ANSWER
2. A technique for hiding a secret message within a larger document or picture in such a
way that others cannot discern the presence or contents of the hidden message is
.
6. All encryption algorithms are based on two general principles: substitution and
.
10. The earliest known and simplest use of a substitution cipher was called the
cipher and involved replacing each letter of the alphabet with the letter
standing three places further down the alphabet.
11. The best known multiple letter encryption cipher is the which treats
digrams in the plaintext as single units and translates these units into ciphertext
digrams.
12. The task of making large quantities of random keys on a regular basis and
distributing a key of equal length to both sender and receiver for every message sent
are difficulties of the scheme.
13. The simplest transposition cipher is the technique in which the plaintext
is written down as a sequence of diagonals and then read off as a sequence of rows.
TRUE OR FALSE
1. T
2. T
3. F
4. T
5. F
6. T
7. F
8. T
9. F
10. T
11. T
12. T
13. F
14. T
15. F
MULTIPLE CHOICE
1. B
2. B
3. B
4. A
5. A
6. C
7. B
8. D
9. B
10. B
11. A
12. C
13. C
14. A
15. A
SHORT ANSWER
1. Symmetric
2. Steganography
3. computationally secure
4. brute-force
5. The number of keys used
6. transposition
7. Vigenère
8. block, stream
9. unconditionally
10. Caesar
11. Playfair
12. one-time pad
13. rail fence
14. Data Encryption Standard (DES)
15. rotor machines
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«Et de deux!» dit le chapelain tout essoufflé; puis, sans prendre le
temps de respirer, rouge, suant, il dégringole les marches de l'autel
et ...
Drelindin din!... Drelindin din!...
C'est la troisième messe qui commence. Il n'y a plus que quelques
pas à faire pour arriver à la salle à manger; mais, hélas! à mesure
que le réveillon approche, l'infortuné Balaguère se sent pris d'une
folie d'impatience et de gourmandise. Sa vision s'accentue, les
carpes dorées, les dindes rôties sont là, là. Il les touche;... il les...
Oh! Dieu... Les plats fument, les vins embaument; et secouant son
grelot enragé, la petite sonnette lui crie:
«Vite, vite, encore plus vite!...»
Mais comment pourrait-il aller plus vite? Ses lèvres remuent à peine.
Il ne prononce plus les mots... A moins de tricher tout à fait le bon
Dieu et de lui escamoter sa messe... Et c'est ce qu'il fait, le
malheureux!... De tentation en tentation, il commence par sauter un
verset, puis deux. Puis l'épître est trop longue, il ne la finit pas,
effleure l'évangile, passe devant le credo sans entrer, saute le pater,
salue de loin la préface, et par bonds et par élans se précipite ainsi
dans la damnation éternelle, toujours suivi de l'infâme Garrigou
(vade rétro, Satanas!), qui le seconde avec une merveilleuse
entente, lui relève sa chasuble, tourne les feuillets deux par deux,
bouscule les pupitres, renverse les burettes, et sans cesse secoue la
petite sonnette de plus en plus fort, de plus en plus vite.
Il faut voir la figure effarée que font tous les assistants! Obligés de
suivre à la mimique du prêtre cette messe dont ils n'entendent pas
un mot, les uns se lèvent quand les autres s'agenouillent, s'asseyent
quand les autres sont debout, et toutes les phases de ce singulier
office se confondent sur les bancs dans une foule d'attitudes
diverses. L'étoile de Noël en route dans les chemins du ciel, là-bas
vers la petite étable, pâlit d'épouvante en voyant cette confusion...
«L'abbé va trop vite... On ne peut pas suivre», murmure la vieille
douairière en agitant sa coiffe avec égarement. Maître Arnoton, ses
grandes lunettes d'acier sur le nez, cherche dans son paroissien où
diantre on peut bien en être. Mais au fond, tous ces braves gens, qui
eux aussi pensent à réveillonner, ne sont pas fâchés que la messe
aille ce train de poste; et quand dom Balaguère, la figure
rayonnante, se tourne vers l'assistance en criant de toutes ses
forces: Ite missa est, il n'y a qu'une voix dans la chapelle pour lui
répondre un Deo gratias si joyeux, si entraînant, qu'on se croirait
déjà à table au premier toast du réveillon.
III
J'ai passé mon enfance dans une grande ville de province coupée en
deux par une rivière très encombrée, très remuante, où j'ai pris de
bonne heure le goût des voyages et la passion de la vie sur l'eau. Il
y a surtout un coin de quai, près d'une certaine passerelle Saint-
Vincent, auquel je ne pense jamais, même aujourd'hui, sans
émotion. Je revois l'écriteau cloué au bout d'une vergue: Cornet,
bateaux de louage, le petit escalier qui s'enfonçait dans l'eau, tout
glissant et noirci de mouillure, la flottille de petits canots fraîchement
peints de couleurs vives s'alignant au bas de l'échelle, se balançant
doucement bord à bord, comme allégés par les jolis noms qu'ils
portaient à leur arrière en lettres blanches: l'Oiseau-Mouche,
l'Hirondelle.
Puis, parmi les longs avirons reluisants de céruse qui étaient en train
de sécher contre le talus, le père Cornet s'en allant avec son seau à
peinture, ses grands pinceaux, sa figure tannée, crevassée, ridée de
mille petites fossettes comme la rivière un soir de vent frais... Oh! ce
père Cornet. Ç'a été le satan de mon enfance, ma passion
douloureuse, mon péché, mon remords. M'en a-t-il fait commettre
des crimes avec ses canots! Je manquais l'école, je vendais mes
livres. Qu'est-ce que je n'aurais pas vendu pour une après-midi de
canotage!
Tous mes cahiers de classe au fond du bateau, la veste à bas, le
chapeau en arrière, et dans les cheveux le bon coup d'éventail de la
brise d'eau, je tirais ferme sur mes rames, en fronçant les sourcils
pour bien me donner la tournure d'un vieux loup de mer. Tant que
j'étais en ville, je tenais le milieu de la rivière, à égale distance des
deux rives, où le vieux loup de mer aurait pu être reconnu. Quel
triomphe de me mêler à ce grand mouvement de barques, de
radeaux, de trains de bois, de mouches à vapeur qui se côtoyaient,
s'évitaient, séparés seulement par un mince liséré d'écume! Il y avait
de lourds bateaux qui tournaient pour prendre le courant, et cela en
déplaçait une foule d'autres.
Tout à coup les roues d'un vapeur battaient l'eau près de moi; ou
bien une ombre lourde m'arrivait dessus, c'était l'avant d'un bateau
de pommes.
«Gare donc, moucheron!» me criait une voix enrouée; et je suais, je
me débattais, empêtré dans le va-et-vient de cette vie du fleuve que
la vie de la rue traversait incessamment par tous ces ponts, toutes
ces passerelles qui mettaient des reflets d'omnibus sous la coupe
des avirons. Et le courant si dur à la pointe des arches, et les
remous, les tourbillons, le fameux trou de la Mort-qui-trompe!
Pensez que ce n'était pas une petite affaire de se guider là dedans
avec des bras de douze ans et personne pour tenir la barre.
Quelquefois j'avais la chance de rencontrer la chaîne. Vite je
m'accrochais tout au bout de ces longs trains de bateaux qu'elle
remorquait, et, les rames immobiles, étendues comme des ailes qui
planent, je me laissais aller à cette vitesse silencieuse qui coupait la
rivière en longs rubans d'écume et faisait filer des deux côtés les
arbres, les maisons du quai. Devant moi, loin, bien loin, j'entendais
le battement monotone de l'hélice, un chien qui aboyait sur un des
bateaux de la remorque, où montait d'une cheminée basse un petit
filet de fumée; et tout cela me donnait l'illusion d'un grand voyage,
de la vraie vie de bord.
Malheureusement, ces rencontres de la chaîne étaient rares. Le plus
souvent il fallait ramer et ramer aux heures de soleil. Oh! les pleins
midis tombant d'aplomb sur la rivière, il me semble qu'ils me brûlent
encore. Tout flambait, tout miroitait. Dans cette atmosphère
aveuglante et sonore qui flotte au-dessus des vagues et vibre à tous
leurs mouvements, les courts plongeons de mes rames, les cordes
des haleurs soulevées de l'eau toutes ruisselantes faisaient passer
des lumières vives d'argent poli. Et je ramais en fermant les yeux.
Par moment, à la vigueur de mes efforts, à l'élan de l'eau sous ma
barque, je me figurais que j'allais très vite; mais en relevant la tête,
je voyais toujours le même arbre, le même mur en face de moi sur
la rive.
Enfin, à force de fatigues, tout moite et rouge de chaleur, je
parvenais à sortir de la ville. Le vacarme des bains froids, des
bateaux de blanchisseuses, des pontons d'embarquement diminuait.
Les ponts s'espaçaient sur la rive élargie. Quelques jardins de
faubourg, une cheminée d'usine, s'y reflétaient de loin en loin. A
l'horizon tremblaient des îles vertes. Alors, n'en pouvant plus, je
venais me ranger contre la rive, au milieu des roseaux tout
bourdonnants; et là, abasourdi par le soleil, la fatigue, cette chaleur
lourde qui montait de l'eau étoilée de larges fleurs jaunes, le vieux
loup de mer se mettait à saigner du nez pendant des heures. Jamais
mes voyages n'avaient un autre dénoûment. Mais que voulez-vous?
Je trouvais cela délicieux.
Le terrible, par exemple, c'était le retour, la rentrée. J'avais beau
revenir à toutes rames, j'arrivais toujours trop tard, longtemps après
la sortie des classes. L'impression du jour qui tombe, les premiers
becs de gaz dans le brouillard, la retraite, tout augmentait mes
transes, mon remords. Les gens qui passaient, rentrant chez eux
bien tranquilles, me faisaient envie; et je courais la tête lourde,
pleine de soleil et d'eau, avec des ronflements de coquillages au
fond des oreilles, et déjà sur la figure le rouge du mensonge que
j'allais dire.
Car il en fallait un chaque fois pour faire tête à ce terrible « d'où
viens-tu?» qui m'attendait en travers de la porte. C'est cet
interrogatoire de l'arrivée qui m'épouvantait le plus. Je devais
répondre là, sur le palier, au pied levé, avoir toujours une histoire
prête, quelque chose à dire, et de si étonnant, de si renversant, que
la surprise coupât court à toutes les questions. Cela me donnait le
temps d'entrer, de reprendre haleine; et pour en arriver là, rien ne
me coûtait. J'inventais des sinistres, des révolutions, des choses
terribles, tout un côté de la ville qui brûlait, le pont du chemin de fer
s'écroulant dans la rivière. Mais ce que je trouvai encore de plus fort,
le voici:
Ce soir-là, j'arrivai très en retard. Ma mère, qui m'attendait depuis
une grande heure, guettait, debout, en haut de l'escalier.
«D'où viens-tu?» me cria-t-elle.
Dites-moi ce qu'il peut tenir de diableries dans une tête d'enfant. Je
n'avais rien trouvé, rien préparé. J'étais venu trop vite... Tout à coup
il me passa une idée folle. Je savais la chère femme très pieuse,
catholique enragée comme une Romaine, et je lui répondis dans tout
l'essoufflement d'une grande émotion:
«O maman... Si vous saviez!...
—Quoi donc?... Qu'est-ce qu'il y a encore?...
—Le pape est mort.
—Le pape est mort!...» fit la pauvre mère, et elle s'appuya toute
pâle contre la muraille. Je passai vite dans ma chambre, un peu
effrayé de mon succès et de l'énormité du mensonge; pourtant, j'eus
le courage de le soutenir jusqu'au bout. Je me souviens d'une soirée
funèbre et douce; le père très grave, la mère atterrée... On causait
bas autour de la table. Moi, je baissais les yeux; mais mon escapade
s'était si bien perdue dans la désolation générale que personne n'y
pensait plus.
Chacun citait à l'envi quelque trait de vertu de ce pauvre Pie IX;
puis, peu à peu, la conversation s'égarait à travers l'histoire des
papes. Tante Rose parla de Pie VII, qu'elle se souvenait très bien
d'avoir vu passer dans le Midi, au fond d'une chaise de poste, entre
des gendarmes. Or, rappela la fameuse scène avec l'empereur:
Commediante!... tragediante!... C'était bien la centième fois que je
l'entendais raconter, cette terrible scène, toujours avec les mêmes
intonations, les mêmes gestes, et ce stéréotypé des traditions de
famille qu'on se lègue et qui restent là, puériles et locales, comme
des histoires de couvent.
C'est égal, jamais elle ne m'avait paru si intéressante.
Je l'écoutais avec des soupirs hypocrites, des questions, un air de
faux intérêt, et tout le temps je me disais:
«Demain matin, en apprenant que le pape n'est pas mort, ils seront
si contents que personne n'aura le courage de me gronder.»
Tout en pensant à cela, mes yeux se fermaient malgré moi, et j'avais
des visions de petits bateaux peints en bleu, avec des coins de
Saône alourdis par la chaleur, et de grandes pattes d'argyronètes
courant dans tous les sens et rayant l'eau vitreuse, comme des
pointes de diamant.
PAYSAGES GASTRONOMIQUES
LA BOUILLABAISSE
L' AIOLI
LE KOUSSKOUSS
LA POLENTA
Vous savez que les perdreaux vont par bandes, se nichent ensemble
aux creux des sillons pour s'enlever à la moindre alerte, éparpillés
dans la volée comme une poignée de grains qu'on sème. Notre
compagnie à nous est gaie et nombreuse, établie en plaine sur la
lisière d'un grand bois, ayant du butin et de beaux abris de deux
côtés. Aussi, depuis que je sais courir, bien emplumé, bien nourri, je
me trouvais très heureux de vivre. Pourtant quelque chose
m'inquiétait un peu, c'était cette fameuse ouverture de la chasse
dont nos mères commençaient à parler tout bas entre elles. Un
ancien de notre compagnie me disait toujours à ce propos:
«N'aie pas peur, Rouget—on m'appelle Rouget à cause de mon bec
et de mes pattes couleur de sorbe—n'aie pas peur, Rouget. Je te
prendrai avec moi le jour de l'ouverture et je suis sûr qu'il ne
t'arrivera rien.»
C'est un vieux coq très malin et encore alerte, quoiqu'il ait le fer à
cheval déjà marqué sur la poitrine et quelques plumes blanches par-
ci par-là. Tout jeune, il a reçu un grain de plomb dans l'aile, et
comme cela l'a rendu un peu lourd, il y regarde à deux fois avant de
s'envoler, prend son temps, et se tire d'affaire. Souvent il
m'emmenait avec lui jusqu'à l'entrée du bois. Il y a là une singulière
petite maison, nichée dans les châtaigniers, muette comme un
terrier vide, et toujours fermée.
—«Regarde bien cette maison, petit, me disait le vieux; quand tu
verras de la fumée monter du toit, le seuil et les volets ouverts, ça
ira mal pour nous.»
Et moi je me fiais à lui, sachant bien qu'il n'en était pas à sa
première ouverture.
En effet, l'autre matin, au petit jour, j'entends qu'on rappelait tout
bas dans le sillon...
«Rouget, Rouget.»
C'était mon vieux coq. Il avait des yeux extraordinaires.
«Viens vite, me dit-il, et fais comme moi.»
Je le suivis, à moitié endormi, en me coulant entre les mottes de
terre, sans voler, sans presque sauter, comme une souris. Nous
allions du côté du bois; et je vis, en passant, qu'il y avait de la fumée
à la cheminée de la petite maison, du jour aux fenêtres, et devant la
porte grande ouverte des chasseurs tout équipés, entourés de
chiens qui sautaient. Comme nous passions, un des chasseurs cria:
«Faisons la plaine ce matin, nous ferons le bois après déjeuner.»
Alors je compris pourquoi mon vieux compagnon nous emmenait
d'abord sous la futaie. Tout de même le cœur me battait, surtout en
pensant à nos pauvres amis.
Tout à coup, au moment d'atteindre la lisière, les chiens se mirent à
galoper de notre côté...
«Rase-toi, rase-toi», me dit le vieux en se baissant; en même temps,
à dix pas de nous, une caille effarée ouvrit ses ailes et son bec tout
grands, et s'envola avec un cri de peur. J'entendis un bruit
formidable et nous fûmes entourés par une poussière d'une odeur
étrange, toute blanche et toute chaude, bien que le soleil fût à peine
levé. J'avais si peur que je ne pouvais plus courir. Heureusement
nous entrions dans le bois. Mon camarade se blottit derrière un petit
chêne, je vins me mettre près de lui, et nous restâmes là cachés, à
regarder entre les feuilles.
Dans les champs, c'était une terrible fusillade. A chaque coup, je
fermais les yeux, tout étourdi; puis, quand je me décidais à les
ouvrir, je voyais la plaine grande et nue, les chiens courant, furetant
dans les brins d'herbe, dans les javelles, tournant sur eux-mêmes
comme des fous. Derrière eux les chasseurs juraient, appelaient; les
fusils brillaient au soleil. Un moment, dans un petit nuage de fumée,
je crus voir—quoiqu'il n'y eût aucun arbre alentour—voler comme
des feuilles éparpillées. Mais mon vieux coq me dit que c'était des
plumes; et en effet, à cent pas devant nous, un superbe perdreau
gris tombait dans le sillon en renversant sa tête sanglante.
Quand le soleil fut très chaud, très haut, la fusillade s'arrêta
subitement. Les chasseurs revenaient vers la petite maison, où l'on
entendait pétiller un grand feu de sarments. Ils causaient entre eux,
le fusil sur l'épaule, discutaient les coups, pendant que leurs chiens
venaient derrière, harassés, la langue pendante...
«Ils vont déjeuner, me dit mon compagnon, faisons comme eux.»
Et nous entrâmes dans un champ de sarrasin qui est tout près du
bois, un grand champ blanc et noir, en fleur et en graine, sentant
l'amande. De beaux faisans au plumage mordoré picotaient là, eux
aussi, en baissant leurs crêtes rouges de peur d'être vus. Ah! ils
étaient moins fiers que d'habitude. Tout en mangeant, ils nous
demandèrent des nouvelles et si l'un des leurs était déjà tombé.
Pendant ce temps, le déjeuner des chasseurs, d'abord silencieux,
devenait de plus en plus bruyant; nous entendions choquer les
verres et partir les bouchons des bouteilles. Le vieux trouva qu'il
était temps de rejoindre notre abri.
A cette heure on aurait dit que le bois dormait. La petite mare où les
chevreuils vont boire n'était troublée par aucun coup de langue. Pas
un museau de lapin dans les serpolets de la garenne. On sentait
seulement un frémissement mystérieux, comme si chaque feuille,
chaque brin d'herbe abritait une vie menacée. Ces gibiers de forêt
ont tant de cachettes, les terriers, les fourrés, les fagots, les
broussailles, et puis des fossés, ces petits fossés de bois qui gardent
l'eau si longtemps après qu'il a plu. J'avoue que j'aurais aimé être au
fond d'un de ces trous-là; mais mon compagnon préférait rester à
découvert, avoir du large, voir de loin et sentir l'air ouvert devant lui.
Bien nous en prit, car les chasseurs arrivaient sous le bois.
Oh! ce premier coup de feu en forêt, ce coup de feu qui trouait les
feuilles comme une grêle d'avril et marquait les écorces, jamais je ne
l'oublierai. Un lapin détala au travers du chemin en arrachant des
touffes d'herbe avec ses griffes tendues. Un écureuil dégringola d'un
châtaignier en faisant tomber les châtaignes encore vertes. Il y eut
deux ou trois vols lourds de gros faisans et un tumulte dans les
branches basses, les feuilles sèches, au vent de ce coup de fusil qui
agita, réveilla, effraya tout ce qui vivait dans le bois. Des mulots se
coulaient au fond de leurs trous. Un cerf-volant, sorti du creux de
l'arbre contre lequel nous étions blottis, roulait ses gros yeux bêtes,
fixes de terreur. Et puis des demoiselles bleues, des bourdons, des
papillons, pauvres bestioles s'effarant de tous côtés. Jusqu'à un petit
criquet aux ailes écarlates qui vint se poser tout près de mon bec;
mais j'étais trop effrayé moi-même pour profiter de sa peur.
Le vieux, lui, était toujours aussi calme. Très attentif aux aboiements
et aux coups de feu, quand ils se rapprochaient il me faisait signe, et
nous allions un peu plus loin, hors de la portée des chiens et bien
cachés par le feuillage. Une fois pourtant je crus que nous étions
perdus. L'allée que nous devions traverser était gardée de chaque
bout par un chasseur embusqué. D'un côté un grand gaillard à
favoris noirs qui faisait sonner toute une ferraille à chacun de ses
mouvements, couteau de chasse, cartouchière, boîte à poudre, sans
compter de hautes guêtres bouclées jusqu'aux genoux et qui le
grandissaient encore; à l'autre bout un petit vieux, appuyé contre un
arbre, fumait tranquillement sa pipe, en clignant des yeux comme s'il
voulait dormir. Celui-là ne me faisait pas peur; mais c'était ce grand
là-bas...
—«Tu n'y entends rien, Rouget», me dit mon camarade en riant; et
sans crainte, les ailes toutes grandes, il s'envola presque dans les
jambes du terrible chasseur à favoris.
Et le fait est que le pauvre homme était si empêtré dans tout son
attirail de chasse, si occupé à s'admirer du haut en bas, que lorsqu'il
épaula son fusil nous étions déjà hors de portée. Ah! si les chasseurs
savaient, quand ils se croient seuls à un coin de bois, combien de
petits yeux fixes les guettent des buissons, combien de petits becs
pointus se retiennent de rire à leur maladresse!...
Nous allions, nous allions toujours. N'ayant rien de mieux à faire qu'à
suivre mon vieux compagnon, mes ailes battaient au vent des
siennes pour se replier immobiles aussitôt qu'il se posait. J'ai encore
dans les yeux tous les endroits où nous avons passé: la garenne
rose de bruyères, pleine de terriers au pied des arbres jaunes, avec
ce grand rideau de chênes où il me semblait voir la mort cachée
partout, la petite allée verte où ma mère Perdrix avait promené tant
de fois sa nichée au soleil de mai, où nous sautions tout en piquant
les fourmis rouges qui nous grimpaient aux pattes, où nous
rencontrions des petits faisans farauds, lourds comme des poulets,
et qui ne voulaient pas jouer avec nous.
Je la vis comme dans un rêve ma petite allée, au moment où une
biche la traversait, haute sur ses pattes menues, les yeux grands
ouverts et prête à bondir. Puis la mare où l'on vient en partie par
quinze ou trente, tous du même vol, levés de la plaine en une
minute, pour boire à l'eau de la source et s'éclabousser de
gouttelettes qui roulent sur le lustre des plumes... Il y avait au milieu
de cette mare un bouquet d'aulnettes très fourré, c'est dans cet îlot
que nous nous réfugiâmes. Il aurait fallu que les chiens eussent un
fameux nez pour venir nous chercher là. Nous y étions depuis un
moment, lorsqu'un chevreuil arriva, se traînant sur trois pattes et
laissant une trace rouge sur les mousses derrière lui. C'était si triste
à voir que je cachai ma tête sous les feuilles; mais j'entendais le
blessé boire dans la mare en soufflant, brûlé de fièvre...
Le jour tombait. Les coups de fusil s'éloignaient, devenaient plus
rares. Puis tout s'éteignit... C'était fini. Alors nous revînmes tout
doucement vers la plaine, pour avoir des nouvelles de notre
compagnie. En passant devant la petite maison du bois, je vis
quelque chose d'épouvantable.
Au rebord d'un fossé, les lièvres au poil roux, les petits lapins gris à
queue blanche, gisaient à côté les uns des autres. C'était des petites
pattes jointes par la mort, qui avaient l'air de demander grâce, des
yeux voilés qui semblaient pleurer; puis des perdrix rouges, des
perdreaux gris, qui avaient le fer à cheval comme mon camarade, et
des jeunes de cette année qui avaient encore comme moi du duvet
sous leurs plumes. Savez-vous rien de plus triste qu'un oiseau mort?
C'est si vivant, des ailes! De les voir repliées et froides, ça fait
frémir... Un grand chevreuil superbe et calme paraissait endormi, sa
petite langue rose dépassant la bouche comme pour lécher encore.
Et les chasseurs étaient là, penchés sur cette cuerie, comptant et
tirant vers leurs carniers les pattes sanglantes, les ailes déchirées,
sans respect pour toutes ces blessures fraîches. Les chiens, attachés
pour la route, fronçaient encore leurs babines en arrêt, comme s'ils
s'apprêtaient à s'élancer de nouveau dans les taillis.
Oh! pendant que le grand soleil se couchait là-bas et qu'ils s'en
allaient tous, harassés, allongeant leurs ombres sur les mottes de
terre et les sentiers humides de la rosée du soir, comme je les
maudissais, comme je les détestais, hommes et bêtes, toute la
bande!... Ni mon compagnon ni moi n'avions le courage de jeter
comme à l'ordinaire une petite note d'adieu à ce jour qui finissait.
Sur notre route nous rencontrions de malheureuses petites bêtes,
abattues par un plomb de hasard, et restant là abandonnées aux
fourmis, des mulots, le museau plein de poussière, des pies, des
hirondelles foudroyées dans leur vol, couchées sur le dos et tendant
leurs petites pattes roides vers la nuit qui descendait vite comme elle
fait en automne, claire, froide et mouillée. Mais le plus navrant de
tout, c'était d'entendre, à la lisière du bois, au bord du pré, et là-bas
dans l'oseraie de la rivière, les appels anxieux, tristes, disséminés,
auxquels rien ne répondait.
LE MIROIR
L'EMPEREUR AVEUGLE
OU
M. LE COLONEL DE SIEBOLDT
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