Mace Kevin
Mace Kevin
Mace Kevin
pour le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE RENNES 1
Mention : Biologie
Ecole doctorale Vie-Agro-Santé
présentée par
Kévin Macé
Préparée à l’unité de recherche UMR CNRS 6290
Institut de Génétique & Développement de Rennes, équipe RBS
U.F.R Sciences de la Vie et de l’Environnement
Brice Felden
Professeur à Université de Rennes 1 – INSERM U835, Rennes
/ examinateur
Jean-Christophe Giard
Professeur à l’Université de Caen Normandie - U2RM, Caen
/ examinateur
Axel Innis
Chargé de Recherches INSERM U1212 CNRS UMR 5320, Institut
Européen de Chimie et Biologie (IECB) Pessac
/ examinateur
Reynald Gillet
Professeur à l’Université de Rennes 1 – IGDR UMR6290, Rennes
/ Directeur de thèse
ANNÉE 2016
pour le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE RENNES 1
Mention : Biologie
Ecole doctorale Vie-Agro-Santé
présentée par
Kévin Macé
Préparée à l’unité de recherche UMR CNRS 6290
Institut de Génétique & Développement de Rennes, équipe RBS
U.F.R Sciences de la Vie et de l’Environnement
Emmanuelle Schmitt
le développement de Directrice de recherche CNRS UMR7654, Maître de conférences
de l'Ecole polytechnique, Palaiseau
nouveaux antibiotiques
/ rapporteur
Brice Felden
Professeur à Université de Rennes 1 – INSERM U835, Rennes
/ examinateur
Jean-Christophe Giard
Professeur à l’Université de Caen Normandie - U2RM, Caen
/ examinateur
Axel Innis
Chargé de Recherches INSERM U1212 CNRS UMR 5320, Institut
Européen de Chimie et Biologie (IECB) Pessac
/ examinateur
Reynald Gillet
Professeur à l’Université de Rennes 1 – IGDR UMR6290, Rennes
/ Directeur de thèse
Remerciements
Cette thèse a été réalisée au sein du laboratoire de recherche Traduction et Repliement,
appartenant à l’Institut Génétique et du développement de Rennes (IGDR), Unité Mixte de
Recherche 6β90 du CNRS et de l’Université Rennes 1. J'adresse mes remerciements aux
personnes qui ont rendu la réalisation de cette thèse possible.
Je remercie ensuite tous mes collègues pour ce super esprit d’équipe qui imprègne le
laboratoire. Ce fut un réel plaisir de collaborer avec tous. En particulier le bon accueil qui m’a
été offert par Aurélie et Claire. Nicolas que je remercie pour l’encadrement à la paillasse à
mes débuts, ainsi que Jean-Paul qui m’a initié à la microscopie électronique avec passion.
Pour leurs esprits de cohésion, je remercie également Christian pour sa bonne humeur et sa
générosité, merci à Cyrille et Eléonore pour les bons moments passés ensemble et pour leurs
aides tout au long de la thèse notamment pour la logistique quotidienne du laboratoire.
Merci à Charlotte, Fanny et Sophie pour leurs aides dans ce projet et leurs investissements
pour les autres projets en cours de réalisation. En souvenirs à toutes les soirées labo, V&B, au
bar…
Je remercie aussi la seconde équipe qui travaille en collaboration avec la nôtre, en particulier
Carlos, Annie et Gwennola pour la formation reçue au cours de mes études à l’Université de
Rennes 1, ainsi que Renan, Sylvie, Manon pour l'aide scientifique apportée tout au long de la
thèse.
Merci également à l'équipe TIPs, Denis, Laurence, Claire et Franck ainsi qu’à l’équipe
SPARTE.
Je remercie aussi mes stagiaires durant ces trois dernières années qui ont tous participé à ce
projet (mais aussi pour tous les bons moments en dehors du labo) : Nadia, Martial, Caroline,
Louise et Émilie, les stagiaires de médecine Ondine & Marie, Flore-Anne & Marine et de
pharmacie Lorraine & Maxime. Également à tous les autres stagiaires passés au labo.
Merci à Florence et Didier, mes parents pour leur soutien infaillible. Un énorme merci du
cœur pour ma femme Aurélie, sans qui je ne serais jamais parvenu jusque là. Et évidemment
une grosse pensée à ma source de bonheur quotidienne : Léandre.
Je tiens aussi à remercier spécialement ceux qui ont minutieusement lu et corrigé les articles
présents dans ce manuscrit et cela sans compter leur temps : Reynald, Manu, Juliana, Renan,
Daniel… L’émulation scientifique et leurs suggestions toujours avisées ont permis de réaliser
des articles scientifiques de haute qualité.
La partie I débute par une courte introduction sur l’origine du code génétique. L’article
théorique associé (Macé and Gillet, 2016) émet l’hypothèse argumentée de la naissance de la
synthèse protéique à partir de l’ARN transfert-messager. Vient ensuite, une introduction sur la
synthèse des protéines de nos jours, avec une attention particulière pour le facteur
d’élongation G, objet du second article (Macé et al., soumis). Celui-ci présente des résultats
structuraux originaux du facteur d’élongation G complexé au ribosome dans une
conformation jamais observée auparavant.
La partie III traite de la trans-traduction comme cible pour de nouveaux antibiotiques. Après
une courte introduction sur les antibiotiques, et plus spécifiquement ceux ciblant la trans-
traduction, cette partie est complétée par un cinquième article (Macé et al., en préparation).
Cet article traite de la mise au point d’un système rapporteur de la trans-traduction,
permettant de cribler à haut-débit de nouveaux composés inhibiteurs. Cet article est
accompagné du brevet d’application de ce système.
Table des matières
Table des matières 10
Partie I ...................................................................................................................................... 17
IV.2.4 - Le recyclage......................................................................................................... 69
II.1 - Introduction – État de l’art des antibiotiques ciblant la trans-traduction .............. 155
Partie I
La synthèse protéique
I - Origine de la synthèse protéique 18
Le code génétique est universel à tout le règne vivant. Son décryptage nécessite deux étapes
bien distinctes représentant le « dogme central » de la biologie moléculaire : la transcription et
la traduction. La transcription correspond au passage de l’information génétique contenue
dans l’acide desoxyribonucléique (ADN) sous la forme d’acide ribonucléique (ARN). La
traduction correspond au passage de l’ARN sous la forme de chaîne protéique, grâce à une
machinerie cellulaire complexe, le ribosome. Le code génétique est un véritable langage écrit
avec des mots de 3 lettres ordonnées (triplet ou codon) à parti d’un alphabet de quatre lettres
(nucléotides) adénine, thymine, cytosine et guanine (A, T, G et C). Lors de la transcription de
l’ADN en ARN, un code à quatre lettres est conservé (A, U, G et C). Par contre lors de la
traduction, le passage à un alphabet à vingt lettres (les acides aminés composant les protéines)
est nécessaire. La traduction est donc plus complexe, nécessitant le passage d’un « langage » à
un autre via l’utilisation d’une clé : l’ARN de transfert (ARNt).
Tableau 1. Le code génétique. Le code génétique est un tableau (dictionnaire de traduction) des
correspondances entre les 64 triplets de bases azotées de l'ARNm (codons) et les 20 acides aminés.
Tout d’abord, l’hypothèse stéréochimique propose que l’origine du code génétique soit basée
sur des affinités chimiques réciproques entre le codon et l'acide aminé. En particulier, des
expériences avec des aptamères ont mis en évidence que certains acides aminés présentent
une affinité chimique spécifique pour les codons qui les encodent (Knight and Landweber,
1998). D'autres expériences ont mis en évidence le fait qu’un certain nombre d’acides aminés
(6 sur 8 testés) peuvent s’associer avec leurs codons (Yarus et al., 2009). La base du premier
code génétique serait donc une conséquence logique de la relation chimique entre codons et
acides aminés.
Ce premier code génétique très simple aurait incorporé progressivement de nouveaux acides
aminés, en lien avec l’évolution du métabolisme cellulaire (Amirnovin, 1997; Ronneberg et
al., 2000). Cette incorporation de nouveaux acides aminés dans le code génétique s’est faite
conjointement avec une optimisation du système de reconnaissance, via trois principes
I - Origine de la synthèse protéique 20
antagonistes (Tlusty, 2010): (i) le besoin d'un éventail d'acides aminés suffisamment
diversifié ; (ii) la nécessité de limiter l'impact des erreurs ; (iii) l'avantage de réduire le coût du
processus en termes d'utilisation des ressources de la cellule.
Effectivement, les acides aminés codés par des codons proches les uns des autres ont des
propriétés chimiques similaires. De plus, les acides aminés qui partagent une voie
métabolique de biosynthèse commune tendent également à avoir la même première base
nucléique dans leurs codons (Taylor and Coates, 1989). Ceux dont la chaîne latérale présente
des propriétés physicochimiques proches tendent à avoir également des codons semblables
(Wong, 1980). Cette organisation du code génétique a pour effet de limiter les conséquences
des mutations ponctuelles, car les acides aminés modifiés sont remplacés par des acides
aminés pouvant jouer un rôle similaire pour la structure de la protéine et ainsi que sa fonction
soit conservée (Freeland and Hurst, 1998; Freeland et al., 2000).
Intervient la théorie la plus communément connue, celle du "frozen accident" proposée par
Francis Crick (Crick, 1968). Elle considère que le code génétique est général et universel car
une réattribution du code génétique n'est possible que dans les étapes primitives de la vie.
Tout changement du code génétique des organismes modernes entraînerait une modification
de tout le protéome, ce qui serait évidemment délétère pour la cellule.
La sélection naturelle a conduit à retenir un code génétique optimum qui, couplé à une
machinerie de synthèse protéique complexe, permet de traduire une quantité d’information
époustouflante de manière rapide et fidèle. L’origine et l’évolution du code génétique
jusqu’au « frozen accident » ne représente qu’une courte étape dans l’évolution de la vie :
environ β00 millions d’années, à comparer aux γ.6 milliards d’années environ de l’évolution
cellulaire qui a suivi. Cependant l’origine du code génétique soulève un problème conceptuel
puisque l’ADN, support de l’information génétique pour la synthèse des protéines, est
répliqué par des polymérases qui sont des protéines. Il en résulte un paradoxe : qui des
protéines ou de l'ADN est apparu en premier au cours de l'émergence de la vie ?
I - Origine de la synthèse protéique 21
Dans les années 1960, Carl Woese, Francis Crick et Leslie Orgel constatent l'omniprésence et
les diverses fonctionnalités de l’ARN dans le
monde d'aujourd'hui, et suggèrent qu’il pourrait
Box N°2 - Har Gobind Khorana, Robert W.
avoir été le principal acteur au début de la vie sur Holley et Marshall Nirenberg ont obtenu le
prix Nobel de physiologie ou médecine en
Terre. Cette hypothèse, appelée « Monde ARN » 1968 pour « leur interprétation du code
(RNA world), permet de résoudre le paradoxe de génétique et de sa fonction dans la synthèse
des protéines ».
l’œuf et de la poule concernant l’ADN, support
de l’information génétique et les protéines, responsables de l’activité enzymatique cellulaire.
Pour fabriquer une protéine il faut un ADN, mais pour fabriquer un ADN, il faut… une
protéine. L’hypothèse du monde ARN est que l’ARN soit à la fois support de l’information et
des activités catalytiques.
C’est dans les années 1980 que les premiers ARN ayant une activité catalytique sont
découverts. Ensuite appelés ribozymes, ces ARN peuvent avoir un rôle de catalyseur, comme
les protéines, permettant de rendre l’hypothèse du
monde ARN crédible. Le premier de ces ARN,
Box n°3 – “The protein is thought to aid in découvert en 1981, est un ARN auto-catalytique,
the reaction, but is not required for catalysis.
All enzymes are not proteins”. Cette étant capable d’auto épissage (Cech and Bass,
découverte inattendue a valu à Cech et
1986). Fait intéressant, ces ARN, appelés « self
Altman le prix Nobel de chimie en 1989.
splicing group I RNAs » se retrouvent
fréquemment dans les ARN de transfert et ribosomiques. Le second de ces ARN est la RNase
P (Guerrier-Takada et al., 1983). Il est le premier cas avéré d’une molécule d’ARN qui
catalyse une réaction sans subir elle-même un changement net. De plus, la RNase P intervient
dans la maturation des ARN de transfert et ribosomiques.
Depuis, de nombreuses équipes ont mis au point des méthodes visant à diriger l'évolution
d'ARN, afin de sélectionner ceux présentant une activité catalytique optimale. De nombreux
ribozymes capables de réaliser une multitude de réactions biochimiques, comme lier des
nucléotides entre eux, lier des acides aminés à des ARN, effectuer des réactions d'oxydo-
réductions etc, ont ainsi été développés (Beaudry and Joyce, 1992; Ellington and Szostak,
I - Origine de la synthèse protéique 22
1990; Tuerk and Gold, 1990). Il est donc possible que l'ARN seul suffise à établir un
métabolisme primitif.
Un dernier ARN catalytique découvert récemment, et non des moindres, est le ribosome.
Confirmé dans les années 2000, la fonction catalytique du ribosome lors de la synthèse
protéique est en effet assurée par son ARN, ce qui fait du ribosome un ribozyme. Le cœur
catalytique du ribosome, composé de deux hélices d’ARN, appelé centre de transfert
peptidique, semble être le fossile moléculaire du premier catalyseur de la synthèse protéique.
II - Article #1 | K. Macé and R. Gillet - 2016 - Nucleic Acids Research 23
Si l’évolution du monde ARN jusqu’à aujourd’hui semble bien connue, il reste une zone
d’ombre autour de la naissance d’une étape essentielle au commencement de la vie : la
synthèse protéique. En considérant que le monde ARN prend fin lorsque des proto-cellules
deviennent capables de synthétiser des petits peptides à partir d’un code génétique
élémentaire, ce passage fort symbolique vers un monde ribonucléoprotéique (RNP World)
reste mystérieux.
Nous avons décidé d’effectuer un travail de recherche théorique – et non une revue de
synthèse – afin de développer l’hypothèse d’une synthèse protéique ayant pour origine un
fossile moléculaire ARN, aujourd’hui présent uniquement chez les bactéries : l’ARN
transfert-messager (ARNtm). Il s’agit d’une molécule hybride ayant les caractéristiques à la
fois d’un ARN de transfert et celle d’un ARN messager. L’ARNtm joue le rôle de sauvetage
de la synthèse protéique lorsque celle-ci se bloque. L’article propose un modèle argumenté de
l’origine de la synthèse protéique, basé entre autres sur l’analyse de séquences de l’ARNtm.
Cette hypothèse a également permis de faire le point sur la répartition de l’ARNtm dans les
différents domaines du vivant tout en expliquant l’absence de l’ARNtm chez les archées ou
les cellules eucaryotes.
II - Article #1 | K. Macé and R. Gillet - 2016 - Nucleic Acids Research 25
II.2 - Article #1
L’analyse de l’ARNtm, fossile moléculaire datant des étapes précoces de l’origine de la vie,
permet d’émettre une hypothèse sur la naissance de la synthèse protéique. Cette étape est un
évènement crucial de l’évolution, puisque le décryptage d’une information contenue dans une
molécule constitue le saut évolutif le plus important dans l’évolution de la vie.
Cette hypothèse permet également de faire le point sur la répartition de l’ARNtm dans les
différents domaines du vivant. Effectivement, l’absence de l’ARNtm chez les archées et
eucaryotes n’avait jamais été explicitée, ni l’exception de sa présence chez quelques
eucaryotes.
III - Le ribosome
Le ribosome procaryote est composé de trois ARNr : 23S, 16S et le 5S. Le 23S est codé par le
gène rrlA, le 5S par rrfH et le 16S par le gène rrsA, et ces gènes sont présents en plusieurs
copies chez tous les organismes. Les ARNr 23S et 16S sont découpés en six et quatre
domaines respectivement (Figure 1, A). Les ARNr forment de nombreuses hélices dans
l’espace : 45 pour l’ARN16S et 101 pour le 23S, numérotés selon leur ordre d’apparition dans
la séquence (Figure 1, B).
A
III - Le ribosome 41
Figure 1. Structures secondaires et tertiaires de 16S, 23S et 5S ARNr. D’après Yusupov et al.,
2001, Science. (A) Les structures secondaires des ARNr 23S et 5S de T. thermophilus, avec indication
pour l'ARNr 23S des domaines I (bleu), II (cyan), III (vert), IV (jaune), V (rouge) et VI (magenta). Les
ARNr sont numérotés en fonction d’E. coli (69). (B) Structure secondaire de T. thermophilus ARNr
16S, avec les domaines 5 ', C, 3'M et 3'm en bleu-violet, magenta, rouge et jaune respectivement. (C)
Structure en trois dimensions de l'ARNr 16S à gauche et du 23S et 5S à droite, avec les domaines
colorés comme dans (B) et (A) respectivement.
III - Le ribosome 42
III.2.2.A - Historique
La dénomination des protéines ribosomiques est devenue problématique dès le milieu des
années 1960, lorsque plusieurs groupes ont commencé à les purifier et les caractériser chez
Escherichia coli. Chaque laboratoire a conçu son propre système de nomenclature et ce chaos
a pris fin en 1971 après la mise en place d’un premier système de nomenclature universel.
Cependant le problème revint au milieu des années 1980, avec l’identification des protéines
ribosomiques d’archées et d’eucaryotes. À la fin des années 1980, le nombre de séquences de
protéines ribosomiques disponibles était devenu assez grand pour que les homologies soient
réalisées en toute confiance à travers les trois domaines du vivant. En 1989, un système de
nomenclature pour les archées et eucaryotes fût donc mis au point (Bergmann and Wittmann-
Liebold, 1990).
Le système pour nommer les protéines ribosomiques actuel est décrit dans le tableau 2 (50S)
et le tableau 3 (30S) et, qui présentent les équivalences entre les différents systèmes de
désignation ancien et nouveau. Étant donné que les protéines ribosomiques d’E. coli furent les
premières à être isolées et entièrement séquencées, elles sont abondamment décrites dans la
littérature et servent ici de référence pour le nouveau système.
Tableau 3. Nouvelle nomenclature pour les protéines ribosomiques procaryotes de la petite sous
unité. D’après Ban et al., 2014, Curr Opin Struct Biol. En fond violet les protéines non retrouvées
chez la levure ou l’humain.
L’ancien système de nomination, c’est-à-dire LX pour une protéine de la grande sous unité et
SX pour la petite (où X est le numéro de la protéine) est conservé. À cela est rajouté un
préfixe. Les protéines trouvées dans les ribosomes de chacun des trois domaines sont
identifiées par le préfixe «u» (pour ubiquitaire). Les protéines bactériennes sans homologues
eucaryotes (ou archées) sont désignées par le préfixe «b», de même pour les eucaryotes par la
lettre « e » et pour les archées par le préfixe «a» (pour Archaea) (Figure 2).
III - Le ribosome 45
Le ribosome est constitué de deux sous-unités, nommées 30S et 50S chez les bactéries La
petite sous-unité ou 30S se décompose en deux parties : la tête, avec une protubérance appelée
bec, et le corps qui possède plusieurs protubérances, l’éperon, l’épaule et la plate-forme. La
grande sous-unité ou 50S possède trois protubérances : la protubérance uL1 formée par
l’hélice H78 du βγS et de la protéine uL1 ; la protubérance centrale (PC) constitué de uL5,
bLγ1, de l’ARN βγS et 5S ; et la protubérance L7/L12 (nouvelle nomenclature bL12) formée
par les hélices H42, H43 et H44 du 23S avec la protéine L10 (Figure 2). Cette dernière
protubérance est de taille variable puisqu’elle vient se fixer au-dessus de la protéine L11,
suivie par plusieurs dimères bL12 (quatre chez E. coli, six chez T. thermophilus). Ce
complexe joue un rôle essentiel dans la fixation des facteurs GTP-dépendant lors de la
traduction (Deroo et al., 2012). Les deux sous-unités sont reliées au niveau de leurs interfaces
planes par une douzaine de ponts faisant intervenir des cations divalents Mg2+. La plupart de
ces ponts sont constitués d’interactions ARN-ARN ou ARN-protéine, et une seule implique
uniquement deux protéines (B1b). Le ribosome entier est une particule relativement
globulaire, sans symétrie et d’environ β5nm de diamètre. Il possède trois sites de liaison aux
ARNt : le site A (pour aminoacyl-ARNt); le site P (pour peptidyl-ARNt) et le site E (pour
exit) (Figure 3).
III - Le ribosome 46
Figure 2. Structure du ribosome avec une orientation canonique. (A) Structure 3D du ribosome
en représentation volume sans couleur avec indication des zones facilement reconnaissables. (B)
Structure 3D du ribosome en représentation volume avec coloration des protéines ribosomiques qui
sont indiquées avec la double nomenclature. Les 3 ARNr sont de différentes nuances de gris. (C)
Structure du ribosome en représentation « carton » avec le même code couleur.
III - Le ribosome 47
IV - Le cycle traductionnel
Les acides ribonucléiques de transfert (ARNt) sont les acteurs clés de la traduction du code
génétique. Ils assurent la correspondance et le lien physique entre l'information génétique des
ARNm, sur lesquels ils déchiffrent les
codons successifs, et amènent les acides Box N°4 - Dès 1955, Francis Crick prédisait
l’existence de molécules adaptatrices faisant le lien
aminés correspondants pour la synthèse de entre le langage des acides nucléiques, porté par les
ARNm, et la chaîne polypeptidique naissante au
la protéine. Cette capacité à déchiffrer le niveau du ribosome. Ils furent découverts trois ans
code génétique provient du fait que l’ARNt plus tard par Mahlon Hoagland.
possède, d’une part, un triplet « anticodon » complémentaire d’un codon spécifique de
l’ARNm, et d’autre part, l’acide aminé correspondant au codon lié de manière covalente à son
extrémité γ’-CCA. Lorsqu'ils sont ainsi porteurs d'un acide aminé, on dit que ce sont des
aminoacyl-ARNt ou aa-ARNt. Il y a vingt acides aminés standards dans le code génétique,
plus deux autres encodés indirectement par des codons-stop qui sont recodés en codons
d'acides aminés dans certaines conditions. Il s’agit de la sélénocystéine (UGA) retrouvé dans
tout le règne vivant et la pyrrolysine (UAG) uniquement présent chez les archées
méthanogènes. Le chargement spécifique d’un acide aminé (aa) sur l’ARNt correspondant est
assuré par les aminoacyl-ARNt-synthétases (aaRS). Ces enzymes sont donc garantes du code
génétique au niveau biochimique.
IV - Le cycle traductionnel 49
Figure 4. Structures secondaires et tertiaires d'un ARNt canonique. Le code couleur utilisé n’est
pas conventionnel, mais correspond de l’article Macé & Gillet, β016. (A) Structure secondaire en
forme de trèfle d’un ARNt. (B) Structure secondaire en forme de L d’un ARNt. (C) Structure 3D
atomique d’un ARNt avec indication des bases de l’anticodon. (D) Structure 3D en représentation
volume d’un ARNt.
Les ARNt sont des acides ribonucléiques simple brin, de longueurs variant entre 74 et 98
nucléotides, avec une moyenne de 76. Ils se replient via des appariements canoniques
Watson-Crick de type (G-C) et (A-U) et des interactions tertiaires pour adopter une structure
comportant plusieurs tiges-boucles, en forme de « L » dans l’espace (Figure 4, B). En
structure secondaire, cinq régions sont définies :
IV - Le cycle traductionnel 50
- La tige acceptrice est une hélice sur laquelle l'acide aminé correspondant est estérifié. Le
premier appariement de l’hélice entre la guanine 1 (G1) et la cytosine 72 (C72) est
extrêmement conservé dans tous les ARNt, mis à part dans l’ARNtfMet (ARNt N-
formylméthionine) bactérien où l’on retrouve un mésappariement C1 : A72. Cette hélice
possède à son extrémité γ’ une séquence simple brin de quatre nucléotides de type NCCA-γ’.
Le nucléotide N est un discriminant important dans la spécificité des aaRS. La séquence
universellement conservée CCA porte à son extrémité γ’ l’acide aminé, lié de façon covalente
par une liaison ester entre le groupement hydroxyle β’ ou γ’ du ribose et le groupement
carboxyle de l’acide aminé.
- La tige-boucle D possède une hélice de trois ou quatre paires de bases et une boucle de 8 à
11 nucléotides possédant deux bases modifiées dihydrouridines (D), d’où le nom de la tige-
boucle.
- La tige-boucle T possède, comme la précédente, une hélice de cinq paires de bases et une
boucle de sept nucléotides. Cette boucle contient la séquence TΨC (T pour ribose-thymidine
et Ψ pour pseudouridine), donnant le nom de bras T à cette structure.
- En plus de ces structures très conservées, il existe une région variable entre la tige-boucle T
et anticodon, dont la longueur varie entre 4 et 24 nucléotides.
Ces quatre tiges se replient en trois dimensions pour former une structure en forme de "L" par
l'empilement coaxial deux à deux des tiges : le bras T sur bras accepteur d’une part, et le bras
anticodon sur le bras D d’autre part.
La synthèse des ARNt s’effectue généralement sous forme d’opérons transcrits donnant un
seul précurseur contenant plusieurs ARNt non matures. Le transcrit primaire est maturé par la
ribonucléase E et P. Chez les trois domaines du vivant, la maturation de certains ARNt fait
IV - Le cycle traductionnel 51
intervenir en plus une étape d’épissage d’un intron. Après maturation, les nucléotides des
ARNt subissent de nombreuses modifications. Les ARNt sont les ARN les plus modifiés dans
la cellule (Tableau 4).
Tableau 4. Diversité et proportion de nucléotides modifiés pour les différents types d’ARN.
D’après Rozenski J et al., 1999, NAR.
Près de 25% des nucléotides des ARNt possèdent des modifications post-transcriptionnelles.
Ces modifications permettent d’élargir la diversité chimique et d'affiner la fonctionnalité des
molécules d'ARNt dans les trois domaines de la vie. Elles ont diverses fonctions comme la
stabilité de la structure tertiaire, la reconnaissance auprès des aaRS et de l’interaction avec le
facteur d’élongation EF-Tu (« facteur d'élongation thermo instable ») et le ribosome. À ce
jour, plus de 100 modifications chimiques différentes ont été identifiées.
Les aminoacyl-ARNt synthétases (aaRS) forment une famille de ligases qui catalysent
l'estérification des acides aminés sur l'extrémité
γ' des ARNt (l’aminoacylation). Chaque aaRS
Box N°4 - Chez Escherichia coli il existe 22
aminoacyl-ARNt synthétases, une pour chaque reconnaît spécifiquement un acide aminé et tous
acide aminé standard sauf la lysine qui en ses ARNt isoaccepteurs. Ce sont des protéines
possède deux + la pyrrolysine. essentielles pour la fidélité de la traduction du
code génétique, car elles garantissent que l'acide
aminé estérifié à l'extrémité de l'ARNt correspond au bon anticodon. Ce sont des enzymes très
anciennes, dont l’origine est estimée antérieure à LUCA (Last Universal Common Ancestor).
L'enzyme possède trois sites distincts, l'un pour la liaison de l'adénosine triphosphate (ATP)
afin de l’activer, l’autre pour la liaison de l’acide aminé spécifique et le troisième site pour la
fixation spécifique de l’ARNt. Ce sont les deux dernières caractéristiques qui valent aux aaRS
IV - Le cycle traductionnel 52
d’être considérées comme garantes du code génétique, nommé communément le second code
génétique. La reconnaissance spécifique entre l’aaRS et son ARNt correspondant implique
des interactions spécifiques localisées dans la branche acceptrice et de la branche anticodon. Il
existe cependant trois exceptions où il n’y a pas d’interaction au niveau de la branche
anticodon : LeuRS, SerRS et AlaRS.
Leur structure quaternaire est variable, allant du monomère (ArgRS) au tétramère (AlaRS).
Les aaRS sont classées en deux catégories :
- Les aminoacyl-ARNt synthétases de Classe I se fixent sur le petit sillon du bras accepteur,
estérifient l’acide aminé en β' de l'adénosine
terminale de l'ARNt. Leur structure est organisée Box N°5 – Le pli Rossman est une structure
typique commune à de nombreuses enzymes
autour d'un domaine constitué d'une alternance utilisant un cofacteur nucléotidique (ATP,
NAD+). Son nom provient de Michael
d’hélices alpha et feuillets bêta, appelé pli Rossmann, qui fut le premier à souligner la
fréquence de ce type de pli.
Rossmann.
- Les aminoacyl-ARNt synthétases de classe II se lient par le grand sillon de son bras
accepteur, estérifient l'acide aminé sur le 3'-OH de l'adénosine terminale de l'ARNt et
possèdent une structure construite autour d'un feuillet bêta antiparallèle.
La réaction d’aminoacylation se décompose en deux étapes. Les aaRS activent d'abord l'acide
aminé en formant un aminoacyl-adénylate avec l'ATP. Cette activation induit une
modification conformationelle de l’aaRS rendant les sites de liaisons actifs à l’acide aminé et
à l’ARNt. Ensuite, l’enzyme catalyse la formation de la liaison ester entre l’acide aminé
activé et l’adénosine de l'ARNt.
La synthèse protéique est un processus complexe, auquel participent les ARN messagers
(ARNm), les ARN de transfert (ARNt) et le ribosome, mais aussi de nombreux facteurs
protéiques. Ce processus peut se diviser en quatre grandes étapes distinctes : le démarrage (ou
initiation), l'élongation, la terminaison et le recyclage (Figure 5).
facteurs d'initiation (IF) IF1, IF2 et IF3, déterminent la cinétique et la fidélité de l'ensemble du
processus d'initiation. Les trois IFs se lient au complexe 30S-IC, et sont dissociées du
ribosome pendant la transition 30S-IC 70S-IC. IF2 est le dernier facteur à se dissocier,
laissant le ribosome prêt pour la formation de la première liaison peptidique et le début de la
phase d’élongation de la synthèse protéique. Il existe deux autres types d’initiations non
canoniques, via les ARNm « leaderless » (dépourvus de séquence de Shine Dalgarno) et le
« 70S-scanning ». Ce dernier mécanisme, récemment découvert, intervient lors de la
traduction d’un ARNm codant pour plusieurs gènes. Après la traduction de la première
séquence codante le ribosome ne se dissocie pas, et balaye la séquence en aval à la recherche
d’un nouveau site d'initiation (Yamamoto et al., 2016).
Bien que le triplet AUG soit de loin le codon d'initiation le plus fréquent, d'autres triplets
d'initiation sont possibles, notamment GUG, UUG, AUU, AUC et AUA, ayant pour point
commun la base U centrale. Parmi ces triplets, seuls ceux ayant un 3’-G (AUG, GUG et
UUG) sont reconnus comme '' canoniques''. De plus, le codon d’initiation AUG est utilisé
comme signal fort pour permettre la traduction d’ARNm « leaderless ». Aucun autre codon
potentiel (GUG, UUG ou CUG) ne peut remplacer AUG dans cette fonction.
Figure 6. Schéma simplifié de l'initiation bactérienne. D’après Hiroshi Yamamoto et al., 2016,
PNAS. Enchainement du recrutement des facteurs d’initiation IF1 (bleu), IFβ (violet) accompagné de
l’fMETARNtfMet (rouge) et IFγ (vert) à la sous unité γ0S (jaune). L’arrivée de la sous-unité 50S (bleu)
au complexe 30S-IC provoque l’hydrolyse du GTP d’IFβ et le départ des facteurs.
Le facteur IF3 est le premier facteur à se lier à la sous-unité 30S, formant un complexe
instable. La liaison ultérieure d’IF1 stabilise les facteurs au 30S. Ce complexe sur lequel
l’ARNm est recruté, ainsi qu’IF2 lié à la branche acceptrice du fMet-ARNtfMet, forme le
complexe de transition 30S pré-IC. Le passage du complexe pré-IC au 30S-IC est
accompagné d'une stabilisation de l'interaction 30S-ARNm entièrement attribuable à la mise
en place de l’ARNm dans le canal messager ainsi qu’à l’appariement codon-anticodon dans le
site P. Cette étape réduit l’affinité d’IF3 au 30S-IC, ce qui facilite l’accostage de la sous-unité
50S.
complexe 30S-IC (Fabbretti et al., 2007). Le complexe 70S-IC présente une rotation des deux
sous-unités (voir chap. élongation). Le contact entre IF2 et le GAC (GTPase Activating
Center) et la SRL (α- Sarcin Ricin Loop) de la sous-unité 50S déclenche l’hydrolyse du GTP
d’IFβ. Le phosphate inorganique (Pi) produit n’est pas libéré instantanément, et reste lié avec
IF2 sur le ribosome sous forme GDP-Pi. Pendant ce temps, le complexe subit les
modifications structurales nécessaires pour devenir productif ; essentiellement le départ d’IF1,
le déplacement d’IF2 et le retour du ribosome dans un état classique. La dissociation du Pi de
IF2 promeut son changement de conformation, perdant ainsi son contact avec le fMet-
ARNtfMet, dont l'extrémité acceptrice peut maintenant se loger dans le site de P. Suite au
départ d’IF2, le ribosome fonctionnel peut débuter le cycle d’élongation (Gualerzi and Pon,
2015).
IV - Le cycle traductionnel 57
IV.2.2 - L’élongation
La liaison du complexe ternaire est rapide et indépendante de l'ARNm via des interactions
avec la protéine bL12. Une fois le complexe lié au site A du ribosome, l'ARNt est positionné
pour interagir avec le codon de l’ARNm. La reconnaissance correcte codon-anticodon induit
un changement conformationnel. Dans l'ARNr 16S des résidus très conservés, A1492, A1493
de l’hélice h44 et G530 de l’hélice h18, interagissent avec la première et la deuxième base de
l’anticodon. De plus, la sérine 46 (nomenclature Escherichia coli) de la protéine ribosomique
uS12 est impliquée dans la reconnaissance de la seconde paire de bases. Tous ces éléments
constituent le centre de décodage.
IV.2.2.B.2 - Le décodage
que des ARNt possèdent un nucléotide non canonique en position 34 de leur anticodon :
l'inosine (renfermant une base inhabituelle : l'hypoxanthine) qui peut s'associer (faiblement)
par liaisons hydrogène avec U, C ou A. Ces appariements non canoniques sont appelés le «
wobble pairing » (littéralement « appariement bancal ») et permettent donc de réduire le
nombre d'ARNt nécessaires à la traduction du code génétique, en autorisant la lecture de
différents codons synonymes par un seul et même ARNt.
Il est désormais évident que le ribosome ne fait aucune distinction entre la géométrie des
paires de bases « Watson-Crick » et « wobble pairing ». Le mécanisme actuel établit en outre
que la discrimination entre les ARNt est principalement fondée sur l'ajustement spatial,
notamment grâce à la conformation unique et caractéristique de chaque ARNt, plutôt que sur
le nombre de liaisons hydrogène entre le centre de décodage et le duplex codon-anticodon
(Rozov et al., 2016).
IV - Le cycle traductionnel 59
Figure 7. Les différentes étapes de l’arrivée d’un nouveau ARNt par EF-Tu au ribosome.
D’après Voorhees R.M et Ramakrishnan V., 2013, Annu. Rev. Biochem. L’image (a) explique le code
couleur utilisé.
IV - Le cycle traductionnel 60
L’hydrolyse du GTP est initialement empêchée par une porte hydrophobe composée des
résidus Val20 et Ile60. Lors de l'activation GTPasique, l’Histidine 84 passe la porte
hydrophobe et coordonne une molécule d'eau qui attaque le -phosphate du GTP. Les
mouvements à l'intérieur de EF-Tu ( -tour), de l'ARNt (extrémité 3') et du ribosome
(fermeture tête/épaule du 30S) sont nécessaires pour l'activation GTPasique.
IV - Le cycle traductionnel 61
Après la sortie d’EF-Tu, l'aminoacyl ARNt est essentiellement maintenu sur le ribosome par
ses interactions avec le centre de décodage. Bien que les ARNt non correspondant soient pour
la plupart rejetés lors de l'étape initiale, ils peuvent aussi se dissocier du ribosome après
hydrolyse du GTP, lors d’une sous-étape nommée « proofreading ». Effectivement, un ARNt
mal apparenté possède des interactions plus faibles avec le centre de décodage, et se dissocie
plus facilement. A l’inverse, un ARNt avec de fortes interactions au centre de décodage a
donc une conformation stable, ce qui facilite son logement dans le centre peptidyl transférase.
Le positionnement de l’aminoacyl-ARNt dans le centre de transfert peptidique conduit à la
IV - Le cycle traductionnel 62
formation rapide d'une liaison peptidique, ce qui représente la fin d'un cycle de décodage
réussi.
La liaison peptidique est réalisée dans le centre de transfert peptidique (PTC) qui réside au
cœur de la grande sous-unité ribosomique. Le PTC est un ribozyme qui catalyse les deux
principales réactions chimiques de synthèse protéique : formation d'une liaison peptidique et
libération du peptide. La liaison peptidique est une attaque nucléophile du groupement amine
de l’aa-ARNt sur le carbone du groupement carboxyl de la liaison ester du petidyl-ARNt,
formant ainsi une nouvelle liaison peptidique.
Les données biochimiques suggèrent que le transfert peptidique est catalysé par des effets
entropiques seuls. Le PTC catalyse cette réaction principalement en formant un réseau de
liaisons hydrogène qui positionne précisément les substrats et par l'exclusion d’une molécule
d’eau. (Figure 9) (Hiller et al., 2011; Sharma et al., 2005).
Figure 9. Le transfert peptidique via l’attaque nucléophile. D’après Rebecca M. Voorhees & V.
Ramakrishnan, 2013, Annu. Rev. Biochem. (A) le transfert peptidyl implique l'attaque nucléophile du
groupe α-amino de l'ARN de transfert aminoacyle (ARNt) (magenta) sur la peptidyl-ester de la
peptidyl-ARNt (vert). (B) Schéma du mécanisme de l’attaque nucléophile et du transfert peptidique.
IV - Le cycle traductionnel 63
IV.2.2.D - La translocation
Après formation de la liaison peptidique, le ribosome dispose d’un ARNt déacylé dans le site
P et un peptidyl-ARNt, allongé d’un résidu dans le site A. Dans l'étape suivante, connue sous
le nom de translocation, les ARNt du site A et P (état de pré-translocation ou PRE) passent
dans les sites P et E respectivement (état post-translocation ou POST), et l'ARNm se déplace
précisément d’un codon, ce qui porte le codon suivant dans le site de décodage pour permettre
un nouveau cycle d’élongation. La translocation est une propriété inhérente du ribosome, qui
peut s’effectuer spontanément - quoiqu’extrêmement lent – dans les deux sens, en avant et en
arrière. Dans la cellule, la translocation est favorisée par EF-G. La translocation comprend de
grands mouvements avec de nombreux états intermédiaires et implique des changements
conformationnels à grande échelle.
La translocation produit des états intermédiaires dans lesquels les ARNt se déplacent dans une
sous-unité mais pas dans l'autre. Plus précisément, l’état hybride A/P et P/E des ARNt
correspond à la position des extrémités CCA-3' des ARNt dans les sites P et E de la sous-unité
50S, tandis que leurs extrémités anticodon et l'ARNm restent ancrés dans la sous-unité 30S
dans les sites A et P. Après la liaison d’EF-G et l'hydrolyse du GTP, l'ARNm et l’extrémité
anticodon de l’ARNt se déplacent dans les sites P et E de la sous-unité 30S pour restaurer
l'état canonique du ribosome, laissant le site A vide et prêt à accepter le prochain aminoacyl-
ARNt. Un aminoacyl-ARNt dans le site A favorise l’état canonique A/A, alors qu'un peptidyl-
ARNt favorise l'état intermédiaire A/P, ce qui démontre que le transfert peptidique entraîne la
formation d'états hybrides, même en l'absence d’EF-G. De plus, seul un ARNt déacylé peut se
lier au site E de la sous-unité 50S, assurant ainsi que l’état hybride P/E ne se forme qu’après
le transfert du peptide. La formation de l'état P/E A/A précède la formation de l'état P/E A/P
dans l’ordre des événements.
La formation d'états hybrides pendant la translocation est couplée à une rotation inverse des
sous-unités. Ce mouvement, appelé « ratchet », correspond à la rotation de 7° de la sous-unité
30S par rapport à la sous-unité 50S. Cette rotation s’accompagne d’un mouvement de la
protubérance uL1 vers l'intérieur du ribosome, ce qui stabilise l’état intermédiaire P/E de
IV - Le cycle traductionnel 64
l'ARNt (Figure 10). Dans l'état canonique, un rétrécissement ou une barrière entre la tête et la
plate-forme de la sous-unité 30S inhibe la translocation de la tige anticodon de l'ARNt du site
P au site E. Pour réaliser la translocation, la tête doit alors pivoter de 18°, un mouvement
appelé « swiveling ». Plus exactement, la translocation se déroule au travers d’une série
d'états intermédiaires de degré de rotation de la sous-unité 30S (« ratchet ») et de pivotement
de la tête (« swiveling »).
Figure 10. Structure du ribosome à l’état canonique et à l’état « ratcheté ». D’après Jie Zhou et
al., 2014, Science. (A) Ribosome à l’état canonique avec les ARNts en position A/A et P/P ; (B) État
intermédiaire de la translocation montrant le ribosome à l’état ratcheté avec un fort « swiveling ». (Les
angles de rotations sont indiqués) avec les ARNts en position hybride pe/E et ap/ap.
La seconde étape de la translocation catalysée par EF-G est le mouvement de l'ARNm et des
ARNt par rapport à la sous-unité 30S. Le déplacement de l'ARNm s’effectue en simultané
avec l’ARNt, et l'appariement des bases entre elles semble être maintenue tout au long de la
translocation. Le domaine IV d’EF-G est en contact direct avec l’interaction codon-anticodon.
Cette interaction est initialement formée dans le site A et persiste tout au long de la
translocation. Cependant, l’action précise d’EF-G dans cette dernière étape de translocation
n’est pas connue. L’affinité de l’ARNt pour le site E est diminuée lorsque le site A est occupé,
et vice versa. Ainsi il ne se dissocie que lorsque l’aminoacyl ARNt suivant s’apparie au
ribosome (Dinos et al., 2005).
IV - Le cycle traductionnel 65
EF-G catalyse la translocation des ARNt et de l'ARNm dans le ribosome. La structure d’EF-G
mime structuralement le complexe ternaire ARNt-EF-TuGTP (Figure 11).
A B
EF-GGTP peut se lier au ribosome, que ce dernier soit sous une forme pivotée (« ratchet »)
ou non. EF-G accélère considérablement la translocation, le modèle actuel concluant que la
fixation d’EF-G et l'hydrolyse du GTP conduisent à une étape de déverrouillage, qui est suivie
par une translocation et un re-verrouillage. La question est de savoir si l'énergie libérée par
l'hydrolyse du GTP est utilisée pour conduire la translocation directement, ou si elle est
utilisée pour fournir un gradient d'énergie libre pour un « ratchet brownien ». Cette dernière
hypothèse est actuellement privilégiée (Chen et al., 2016).
pointe du domaine IV d’EF-G est dans le site P en contact avec le couple codon-anticodon.
Après le départ d’EF-G, le site A est pourvu d’un nouveau codon. Lors de l’arrivée d’un
nouvel ARNt dans le site A, uL1 pivote et s’éloigne de l'ARNt du site E (en conformation
ouverte), qui est ainsi facilement libéré. uL1 pourrait donc avoir comme fonction d’être une
porte pour le site E et de contrôler la libération de l’ARNt (Feng et al., 2013; Rheinberger and
Nierhaus, 1983).
IV.2.3 - La terminaison
Les cycles d’élongation continuent itérativement jusqu’à l’arrivée d’un codon de terminaison
dans le site A. Ces codons ne sont pas reconnus pas des ARNt (sauf cas particulier de la
sélénocysteine et de la pyrrolysine) mais par deux protéines, les facteurs de terminaison RF1
et RF2 (« Realease Factors »). Le codon UAG est reconnu par RF1, UGA par RF2, tandis
qu’UAA est reconnu par les deux facteurs. Les séquences de RF1 et RF2 sont homologues
(Ito et al., 1996; Nakamura et al., 1995) et leurs structures tridimensionnelles sont semblables
(Shin et al., 2004; Vestergaard et al., 2001). Les motifs tripeptidiques PxT (Pro-X-Thr) de
RF1 et SPF (Ser-Pro-Phe) de RF2 leur confèrent une spécificité pour les codons stop UAG et
UGA, respectivement. Les deux facteurs de terminaison libèrent la protéine de manière
universelle en catalysant, via motif de GGQ (Gly-Gly-Gln), l’hydrolyse de la liaison ester
entre le peptide et l’ARNt.
Figure 12. Structure du facteur de terminaison RF1 et RF2. Adapté d’après Andrei A. Korostelev,
2011, RNA et Bruno P. Klaholz, 2011, Trends in Biochemical Sciences. (A) Structure du ribosome en
complexe avec RF1 (bleu). (B) Structure de RF2 dans la conformation liée au ribosome. La structure
est colorée en fonction de l’organisation des quatre domaines; GGQ, PVT/SPF motifs ainsi que la
« switch loop » sont indiqués en vert. (C) Comparaison d’un ARNt dans le site A aux domaines β, γ
et 4 de RF2.
Les motifs PxT et SPF servent "d’anticodons tripeptidiques" (Wilson et al., 2000). Les acides
aminés situés dans d'autres régions de facteurs de libération, sont également impliqués dans la
reconnaissance du codon stop (Ito et al., 1998). La reconnaissance du codon stop implique des
éléments conservés de RF1 / RF2 et l'ARNr 16S (Figure 13). Trois nucléotides clés de l’ARN
16S, du centre de décodage universellement conservé G530, A1492 et A1493, subissent des
changements conformationnels cruciaux pour la reconnaissance du codon stop. Les
nucléotides du codon stop sont appelés U1, A2 ou G2, et A3 ou G3. La reconnaissance du
nucléotide U1 s’effectue par la formation de liaisons hydrogènes spécifiques avec la pointe
d’une hélice du facteur de terminaison. Ces interactions sont identiques pour RF1 et RF2 et
représentent la caractéristique universelle de la présence d’un uracile en première position des
trois codons d'arrêt. Pour le second nucléotide, les motifs PxT et SPF définissent la spécificité
des facteurs de libération (Korostelev et al., 2010; Laurberg et al., 2008). Intervient également
dans la spécificité tout un réseau d’interaction hors du motif Pxt et SPF (Young et al., 2010).
La reconnaissance du troisième nucléotide du codon stop s’effectue avec le nucléotide G530
du centre de décodage. Pour RF1 c’est la présence d’une glutamine à l'extrémité N-terminale
de la boucle de reconnaissance qui créer une liaison hydrogène avec l’Aγ ou Gγ. Pour RF2,
c’est une valine à cette position, qui ne peut réaliser cette interaction. Cela explique la
capacité de RF1 à reconnaître un A ou G en troisième position (Korostelev et al., 2008).
IV - Le cycle traductionnel 68
Figure 13. Reconnaissance spécifique des codons stop par les facteurs RF1 et RF2. D’après
Andrei A. Korostelev, 2011, RNA. (A) Interactions entre les deux premières bases du codon stop UAA
et UAG par RF1 et UAA et UGA par RF2. (B) Interactions entre la troisième base du codon stop UAA
et UAG par RF1 et UAA et UGA par RF2.
La libération de RF1/2 du ribosome est facilitée par RF3 d'une manière GTP-dépendante
(Freistroffer et al., 1997). RF3 libre dans le cytoplasme existe principalement dans la forme
GDP. Contrairement à EF-Tu, l’échange du GDP en GTP pour RFγ s’effectue dans le
ribosome via un complexe avec RF1/2 (Zavialov et al., 2001). Après la libération de la
protéine naissante, RF3GDP est recruté sous une forme fermée. Après stabilisation rapide de
RF3 au ribosome, le GDP est libéré et RF3 prend une conformation semi-ouverte. À ce stade,
RF3 est en contact direct avec bL12, RF1/2 et la protéine uS12. Après le recrutement du GTP
par RF3, RF3GTP prend une conformation ouverte et induit un mouvement de rotation
(ratchet) du ribosome qui provoque le départ de RF1/2 et place l’ARNt déacylé dans un état
hybride P/E (Gao et al., 2007). Cette conformation marque le début de l'activité GTPase de
RFγ conduisant à l’hydrolyse du GTP et à la libération de PiRF3GDP. Ce dernier se
dissocie du complexe ribosomique dans sa conformation fermée et le ribosome est alors prêt
pour le recyclage (Zavialov et al., 2002).
IV.2.4 - Le recyclage
La tête de la petite sous-unité ribosomique est connectée au corps par une région appelée cou.
Le mouvement de « swiveling » n’est pas juste un penchement de la tête au niveau du cou,
mais plutôt une flexion en deux points d'articulation ou charnières (Mohan et al., 2014). La
première charnière se situe dans l’hélice H28, formée par la seule liaison covalente entre la
tête et le corps. La seconde est non covalente, composée de l’hélice H35/36 de la tête, qui
interagit avec l’hélice H2 du corps (Figure 15). Le mouvement des deux points d'articulation
est strictement corrélé, conduisant au mouvement en un seul bloc de la tête, mais nous
ignorons toujours comment EF-G déclenche ce mouvement.
V - Gros plan sur EF-G : au cœur du mécanisme de translocation 71
Figure 15. La rotation de la tête résulte de l'articulation concertée des charnières 1 et 2. D’après
John Achenbach et Knud H. Nierhaus, 2014, Biochimie. (A) Structure secondaire et tertiaire des
hélices formant le noyau de la tête 30S (rouge) ainsi que leurs connexions avec les hélices du corps
(bleu). Les lignes en pointillés indiquent les connexions de l'hélice h36 et de h2. En orange, la
structure de la tête et en grise la structure du corps. (B) Les flèches montrent le mouvement autour
charnière 1 et charnière 2 et la rotation de la tête de domaine 30S autour de l'axe E-R. Les cylindres
montrent la position des hélices dans pour l’état classique (bleu sarcelle) et l’état « swiveling » de la
tête (magenta). (C) Lors de la rotation de la tête, le mouvement de la charnière 1 est provoqué par le
redressement de l'hélice H28; le déplacement orthogonal de charnière 2 est le résultat du pivotement
de l'hélice h34 autour de h35 statique. Les lignes pointillées représentent les interactions hydrogènes
entre les deux charnières.
Le mouvement de l'ARNm est également contrôlé pendant la transition du PRE au POST. Les
bases C1397 et A1503 de l’hélice H44 de l’ARNr 16S s’intercalent entre les nucléotides +9 et
+10 et -1 et -2 dans les états intermédiaires de translocation, empêchant ainsi un retour
coulissant de l'ARNm lors du retour de rotation de la tête du 30S. Dans l'état POST les deux
nucléotides d’intercalation ne touchent pas l'ARNm (Figure 17).
Figure 17. Vue des interactions entre l'ARNm et la sous-unité 30S. D’après Jie Zhou et al, 2013,
Science. (A) l'ARNm lié à un état ratcheté du ribosome en complexe avec EF-G/Acide fusidic. (B)
ARNm lié à un état classique du ribosome (POST). Les positions des protéines S3, S11 et S18 sont en
bleues transparentes; également montré la position de EF-G (jaune); les tiges-boucles anticodon des
ARNt P (orange), E et pe/E (rouge); l'hélice de Shine-Dalgarno en verte et grise (S-D). Les éléments
de l'ARNr 16S sont en vert/cyan. L’ARNm en gris avec les codons du site A, P et E sont représentés
en jaune, orange et rouge, respectivement.
V - Gros plan sur EF-G : au cœur du mécanisme de translocation 74
Figure 18. Modèle détaillé du mécanisme de translocation. D’après Wasserman MR et al., 2016,
NSMB. EF-GGTP se lie au complexe PRE et induit la rotation du 30S (gris-bleu), stabilisant ainsi la
position hybride p/E et a/P des ARNt (orange clair). L’hydrolyse GTP et libération du phosphate
inorganique (Pi) entraine un déverrouillage du complexe PRE ainsi qu’un état intermédiaire compacté
des ARNt (orange foncé). Cet état (INT1) est converti rapidement dans un état intermédiaire stable
(INT2) affichant un pivotement de la tête (bleu) prononcé (18-21°) accompagné d’une légère rotation
inverse du corps (gris). Les effets inhibiteurs de la viomycine (Vio), hygromycine B (hygB) et
spectinomycine (Spc) sont indiqués. En bas, dans la deuxième étape de la translocation, un
mouvement exagéré de tête (violet) conduit de manière réversible à un troisième intermédiaire
transitoire (INT3). Un ARNt désacylé peut être libéré au cours de ce mouvement. A partir de cet état
(INT3), le domaine de la tête pivote en sens inverse pour atteindre sa position non « ratcheté » de
départ (blanc). Dans cet étape, l'ARNm et peptidyl-ARNt sont dans leurs configurations POST, ce qui
est immédiatement suivi par la libération d’EF-GGDP du ribosome.
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 75
Après traitement de l’hétérogénéité de l’échantillon lors de l’analyse des images, nous avons
obtenu une structure à 3.9Å de résolution d’EF-GGDP lié au ribosome en l’absence
d’inhibiteur. Nous constatons une différence de positionnement du domaine III d’EF-G
comparé aux structures connues. L’hydrolyse du GTP en GDP est confirmée par la
visualisation directe du nucléotide GDP dans notre structure ainsi que par la déformation du
« switch I » dans le domaine I d’EF-G.
L’analyse plus détaillée de cette nouvelle conformation d’EF-G révèle une perte
d’interactions entre le domaine III et la protéine ribosomique S12. Une nouvelle interaction
intra EF-G se forme entre le switch II (boucle du domaine I proche de la poche du GTP) et le
domaine III. Ces résultats permettent de comprendre la réorganisation d’EF-G après
hydrolyse du GTP. Ils permettent également d’expliquer le mécanisme d’action de l’acide
fusidique, antibiotique qui bloque EF-G au ribosome.
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 77
VI.2 - Article #2
Illustration réalisée par Viktor Koen: “The revolution will not be crystallized: a new method sweeps through
structural biology” (Ewen Callaway, 09 September 2015, Nature)
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 78
One sentence summary: The structure reported here reveals a hitherto unseen large motion
of the third domain in EF-G, which helps clarify how fusidic acid antibiotics prevent EF-G
release from the ribosome.
Abstract
During translation’s elongation cycle, elongation factor G (EF-G) GTPase promotes
messenger and transfer RNA translocation through the ribosome. Until now, the structures
reported for EF-G-ribosome complexes have been obtained by trapping EF-G in the ribosome.
These results were based on use of non-hydrolyzable guanosine 5’-triphosphate (GTP)
analogs, specific inhibitors, or a mutated EF-G form. Here we present the first cryo-electron
microscopy structure of EF-G bound to ribosome in the absence of an inhibitor. The structure
reveals a natural conformation of EF-GGDP in the ribosome, with a previously unseen
conformation of its third domain. These data show how EF-G must affect translocation, and
suggests the molecular mechanism by which fusidic acid antibiotics prevent the release of EF-
G after GTP hydrolysis.
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 79
Main text: The ribosome is a large molecular machine performing protein synthesis,
‘translation,’ in all living cells. During translation’s elongation cycle, amino-acids are
incorporated into a growing polypeptide chain through aminoacylated transfer RNA (tRNA)
thanks to the decoding of mRNA codons. After each amino acid is added to the nascent
peptide chain, the ribosome carries a peptidyl-tRNA at the aminoacyl A-site and a deacylated
tRNA at the peptidyl P-site. In the next step, mRNA moves one codon length and the P- and
A-site tRNA shift to the exit (E) and P-sites, respectively. In bacteria, this universal step of
‘translocation’ is catalyzed by elongation factor G (EF-G) (1). EF-G is a large GTPase protein
made up of five distinct domains. The N-terminus (domains I-II) is separate from the C one
(domains III-V), and a significant hinge-like joint motion probably occurs between the two
(2). EF-G is structurally similar to the ternary complex made by EF-Tu with the incoming
tRNA and guanosine 5’-triphosphate (GTP), with the third EF-G domain mimicking the
acceptor arm and the fourth mimicking the tRNA anticodon stem-loop (ASL) (3).
Translocation is divided into several small intermediate steps that permit a gradual shifting in
tRNA positioning (4). Just after peptidyl transfer, tRNA are in what is called the pre-
translocation (PRE) state, a classic A/A and P/P state. Then a reversible 7° rotation of one
ribosomal subunit relative to the other (ratcheting) allows for movement of the tRNA into the
large subunit from A- to P-, and from P- to E sites, leading to the occupancy of the A/P and
P/E hybrid sites. EF-G binding to a PRE-state ribosome stabilizes the rotated state and
triggers GTP hydrolysis (5). An internal 18° swiveling of the head relative to the small
subunit body then leads to the final post-translocation state (POST), wherein only one tRNA
is bound to the P-site and the E-site tRNA is released (4, 6, 7).
Several structures of ribosomal EF-G complexes were recently determined by X-ray or cryo-
electron microscopy (cryo-EM). These yielded an accurate understanding of EF-G
interactions and how they adjust with the ribosome along the translocation pathway between
the PRE and POST states (3, 5, 8–14). So far, these detailed structures have been based on
trapping EF-G in the ribosome via non-hydrolyzable GTP analogs, specific inhibitors (e.g.,
fusidic acid, thiostrepton, viomycin, and dityromycin), or a mutated form of EF-G. However,
the use of these inhibitory conditions may have prevented the formation of relevant
intermediate states. To explore how unobstructed EF-G acts in the ribosome, we performed
experiments in the presence of natural GTP. To avoid extensive release of EF-G from the
ribosome after GTP hydrolysis, we increased the EF-G/ribosome molecular ratio and used a
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 80
Our single-particle cryo-EM reconstruction clearly shows extra densities for P-site tRNA and
EF-G (Fig. 1). Compared to the classic ribosomal state (17), the 30S body is rotated slightly
counterclockwise by ∼5° with respect to the 50S subunit. This ratchet movement is lower
than the 7° usually observed in PRE state ribosomes, but similar to that previously observed
for complexes in intermediate POST states. This suggests a back-ratcheting of the 30S body
after GTP hydrolysis but before complete translocation (6, 10, 18). The 30S head is also
swiveled, but by only about 5°. This rather short swiveling may reflect the start of the partial
back-swiveling movement of the head as tRNA transits from the hybrid P/E state to the
classic E/E one.
As a result of 30S ratcheting, the P-site tRNA moves to an intermediate hybrid state between
the ribosomal P- and E-sites. To better identify the position of the anticodon stem loop (ASL)
with respect to these sites, we first aligned the small subunit’s helix 44 to compare our
structure with tRNA bound in intermediate PRE or POST states (8, 10). This showed that in
our structure the ASL is positioned in a chimeric “pe” state, meaning that it interacts with
parts of the 30S P-site head and E-site platform. More precisely, the ASL is positioned 7.5 Å
downstream from a canonical P-site ASL, and 16 Å upstream from a canonical E-site one (8).
This disposition resembles the structure recently described by Zhou and collaborators (10) in
the presence of fusidic acid or GDPNP non-hydrolyzable analog of GTP (Fig. 1C). On the
other hand, if aligned using the 23S rRNA, comparison of the same structures shows that in
ours the acceptor stem has reached the E-site of the 50S subunit (Fig. 1D), and that the L1
stalk has moved inward into an intermediate conformation to interact with its elbow (Fig. S3).
These interactions allow L1 to chaperone the p/E tRNA as it translocates to the E/E
conformation (11). Overall, our data show the ribosome in an intermediate state, with a small
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 81
5° intersubunit rotation and a 5° swiveling of the 30S head. The tRNA is trapped in an
intermediate pe/E translocation state.
In our structure, the EF-G density is well-defined and all five domains were easily attributed.
Domains I, II, and V are stable and well-resolved, allowing for an accurate atomic
reconstruction. On the other hand, domains III and IV are highly flexible and required the use
of masked classification with residual signal subtraction in order to unambiguously attribute
their electron densities.
The overall conformations and positions of domains I and II are very similar to that of
previously-reported structures, in both PRE and POST states. Domain I is the GTPase active
site of EF-G and contains switches I and II, two mobile elements that are essential for EF-G’s
unidirectional cycle during protein synthesis (16, 19). In our map, switch I (amino acids 38-
64) is disordered (Fig. S4), a feature which is characteristic of EF-G after GTP hydrolysis into
guanosine diphosphate (GDP) (3). Accordingly, the distinct density within the EF-G catalytic
center correctly accommodates a GDP nucleotide molecule, but even at a high threshold it is
too small for GTP (Fig. S4). The complex therefore looks like EF-G after GTP hydrolysis,
including an intersubunit rotation and 30S subunit head swiveling, as well as having pe/E
tRNA positioned close to the L1 stalk.
The switch II loop (amino acids 84-107) is one of the most stable EF-G elements in our
complex (Fig. S6). The loop has moved away from the catalytic site to join domain III, and
this conformation differs from all of the known structures of EF-G ribosomal complexes (Fig.
2). Due to a large motion of the third domain (see below), in that domain the Phe90 found in
the tip of switch II interacts with Arg465 in the B3 helix. The switch II shift is similar to that
encountered in crystal-free EF-GGDP, confirming that the factor is frozen in a post-GTP
hydrolysis conformation. However, the Phe90-Arg465 interaction is not seen in the free EF-
GGDP (Fig. S7).
Domain III is critical for EF-G activity, as its deletion impairs GTP hydrolysis and
translocation (5, 20). Among the EF-G domains in our structure, it is the least well-defined,
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 82
suggesting its dynamic nature (Fig. S2). In comparison with the PRE state, domain III has
moved toward domain V in a large motion of about 14 Å. This moves domain III away from
s12, the only ribosomal protein located near the decoding site. It also allows new interactions
to occur between domain III and switch II (Fig. 2). These data suggest that domain III is not
part of a rigid body composed of domains III-V, but is instead subjected to large rotations
during translocation (Movie S1). While this motion has never been described in structural
studies, it has been suggested as a result of chemical crosslinking and single-molecule
polarized fluorescence microscopy examinations of normal translocation (i.e. without
blockers that might freeze the EF-G conformation) (21, 22). Our study shows the movement
observed after GTP hydrolysis and before EF-G release, confirming that domain III can cause
the subsequent movement of mRNA and tRNA (5). Unlike domain III, domain V does not
undergo a large motion, although it is slightly pushed toward protein L11 (Fig. 2C)
The fourth domain establishes close contact with the decoding site on the small 30S subunit
thus is critical for translocation catalysis. The decoding site cannot simultaneously bind tRNA
and a translation factor, so obviously EF-G, and particularly domain IV, undergoes structural
rearrangements during translocation (14, 23). Despite the absence of a codon, this domain
fully occupies the decoding center in a similar location as in ribosome with elongation factor
G trapped in the posttranslocational state (8), with loop I at the tip of domain IV extending
toward the P-site to make contact with pe/E tRNA. Within helix 44, there is no deep
remodeling of nucleotides G530, A1492, and A1493, as occurs during ribosomal tRNA
selection (24). Thus this domain cannot directly interact with these nucleotides (Fig. 3) as it
does during canonical translocation (13). This implies that EF-G detects the presence or
absence of codon-anticodon interactions within the A-site by sampling the positions of these
three nucleotides. Our results also confirm that the molecular clamp formed by these bases is
necessary for triggering translocation, but not for EF-G binding and GTP hydrolysis (25),
which are instead found to be due to EF-G flanking restrictions imposed by the III and V
domains in the rotated ribosome (5).
According to various structures bound to fusidic acid (FA), the antibiotic bonds occur
between domains II and III, preventing conformational changes in EF-G that are required for
its release from the ribosome after GTP hydrolysis (8, 10, 12). In our map, obtained without
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 83
FA, domains I and III are linked through a hitherto unseen interaction between Phe90 and
Arg465 (Figs 2, 4). We can therefore assume that after GTP hydrolysis, switch I
disorganization causes the release of domain III, which then changes conformation. This
movement allows new interactions to occur between domain III and switch II, triggering EF-
GGDP release from the ribosome (Movie S1). However, after GTP hydrolysis, FA replaces
the switch I position on domain III and prevents binding of R465-F90 amino acids. As a
consequence, EF-G preserves a “GTP-like” conformation and stays within the ribosome. This
is in line with previous work showing that FA overlaps residues in the conserved core of
switch loop I (10), and that the antibiotic interacts with both Phe90 and Arg465 (8).
Consequently, mutation of these residues is known to confer FA resistance (26), and most FA-
resistant EF-G mutations have altered switch II or domain III properties including these two
amino-acids (26, 27).
Together, our data has provided an atomic model of EF-GGDP bound to a rotated ribosomal
state. The tRNA is in a chimeric intermediate pe/E state between the P/E and E/E ones, close
to the L1 stalk of the large ribosomal subunit. The absence of translocation blockers allows
for the first visualization of a large motion of EF-G’s domain III, a shift which leads to a close
interaction between it and switch II. This conformational change occurs before the complete
translocation of the tRNA from the P- to the E-site, and could therefore act as the facilitator
for that final movement. This also explains how the antibiotic fusidic acid stops this
conformational change and thus prevents EF-G release after GTP hydrolysis.
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 84
References
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Regions of GTP-Bound Elongation Factors. Mol. Cell. 25, 751–764 (2007).
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posttranslocational state. Science. 326, 694–699 (2009).
12. D. J. F. Ramrath et al., Visualization of two transfer RNAs trapped in transit during
elongation factor G-mediated translocation. Proc. Natl. Acad. Sci. U. S. A. 110, 20964–20969
(2013).
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Science. 313, 1935–1942 (2006).
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bacterial ribosome. Nat. Rev. Microbiol. 12, 89–100 (2014).
21. C. Chen et al., Elongation factor G initiates translocation through a power stroke.
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VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 86
24. J. M. Ogle et al., Recognition of cognate transfer RNA by the 30S ribosomal subunit.
Science. 292, 897–902 (2001).
26. M. Laurberg et al., Structure of a mutant EF-G reveals domain III and possibly the
fusidic acid binding site. J. Mol. Biol. 303, 593–603 (2000).
Acknowledgments
We acknowledge the use of electron microscopes from the Netherlands Centre for Electron
Nanoscopy (NeCEN) (Leiden University) funded by the Netherlands Organization for
Scientific Research (NOW) and the European Regional Development Fund of the European
Commission. We thank Juliana Berland for insightful comments on the manuscript. This work
was supported by the Agence Nationale pour la Recherche with the Direction Générale de
l’Armement (#ANR-14-ASTR-0001) and by the Institut Universitaire de France. Computer
time was provided by GENCI (IDRIS and CINES, #i2015037391). The maps were deposited
with the EMDB under the accession code XXX. Atomic coordinates were deposited with the
Protein Data Bank under the accession code YYY.
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 87
Figures.
(a) Overall view of EF-G in the ribosome. The 50S subunit is blue, the 30S subunit is grey,
tRNA is orange, and the five (I-V) domains of EF-G are purple, blue, green, red, and yellow,
respectively. (b) Rotation of the 30S subunit relative to the 50S one in the EF-G complex. As
compared to the non-rotated (PDB accession code 2J00) 30S subunit (cyan), in this structure
30S (red) shows a 5° counter-clockwise rotation of the 30S body and a 5° orthogonal
swiveling of the head toward the L1 stalk. The two structures are aligned on 23S rRNA. (c)
Cartoon representations of EF-G in GDP. The EF-G domain colors are as per (a). (d) Left:
Comparisons of the distances between the current anticodon stem-loops (ASL). The ASLs are
bound in p, pe and e-states and aligned on the 44 helix of each corresponding structure. The
left side E-site ASL is white; the right side P-site ASL is white; the pe* state ASL is orange; a
red star indicates the current ASL. The P- and E-site structures are from 4V5F, while the pe*
state is from 4V9L. Right: Relative positions of the acceptor stems aligned on the 23S rRNA,
presented using the same color code.
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 88
Figure 2. Interactions between EF-G switch II and domain III, and movement of this
domain away from ribosomal protein s12.
(a) Overall view of EF-G, with the five domains indicated in various colors. (b) Focus on the
interaction between switch II (orange) and domain III (green). The local mesh volume shows
a clear interaction between phenylalanine 90 (Phe90) and arginine 465 (Arg465) residues. (c)
Superposition of the EF-G-Fus (Gray-4V9L) structure and our EF-G model. Ribosomal
protein s12 is brown. The two EF-G structures are aligned on EF-G domains I and II. (d)
Details of the domain III movement as it relates to ribosomal protein s12. The third domain
undergoes a 14° movement (black arrow) toward domain V, leading to a loss of interaction
with s12 amino acid Lysine 79 and histidine 80 (light blue).
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 89
Figure 3. Comparison of the presented structure’s decoding center with the structures of
empty 30S, tRNA-EF-Tu, and PRE state EF-G.
Detailed interactions of EF-G domain IV with the universally conserved A1492 and A1493
16S rRNA (red). When present, mRNA is green. (a) The empty 30S subunit, without mRNA
or tRNA in its A-site (PDB 1J5E). (b) The presented structure showing EF-G Ser578 and
Met580 (blue) at the tip of domain IV (yellow). (c) The canonical tRNA (yellow with the
nucleotides 34, 35 and 36 of ASL in blue) that decodes mRNA in the A-site (PDB 4V87). (d)
The EF-G fus (yellow and Ser578 and Met580 in blue) in a classic intermediate state, with A-
site mRNA (PDB 4V9L).
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 90
Supplementary Materials
Cryo-electron microscopy
1,5 to -3 µm. Images were acquired in movie mode using seven movie frame per exposure
(1s).
Image processing
The direct detector device micrographs were aligned and summed using a robust optical flow
approach, Xmipp (2). This procedure was accessed through Scipion, a software framework
toward integration, reproducibility and validation in 3D electron microscopy (3). Contrast
transfer function (CTF) parameters and defocus values for each micrograph were determined
by using CTFFIND4 (4). EMAN2 e2boxer (5) was used for semi-automatic particle picking
and RELION-1.4 (6) for all subsequent steps.
Supplementary Figures
Figure S2: Final map and global resolution of the EF-G-ribosome complex and
(a) Gold-standard Fourier shell correlation (FSC) curves for the EF-G ribosome complex after
3D refinement and statistical movie processing in RELION (17, 6). (b) Final map obtained at
3.9Å global resolution. (c) Surface view of the unsharpened final map colored according to
local resolution calculated with the ResMap software package (9).
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 96
Figure S5: Lost of interactions between domain III and s12 ribosomal protein, after
GTP hydrolysis.
(a) Global view of EF-G in our current structure (cyan) with (b) focus on interaction between
s12 (16S RNAr). Residue XXX and YYY of s12 are steel blue and EF-G is same color in
figure 1. (c & d) Identical view of (a & b) with EG-F Fus complexe (PDB 0000) in grey. The
data show lost interaction in our structure after GTP hydrolysis compare to EF-G Fus
complex, showing clearly an interaction between MMM and KKK residue of domain III and
s12.
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 99
Figure S7: Comparison between EF-GGDP free and the current structure
Comparison between the isolated EF-GGDP free (Gray; PDB 2BM0) and EF-GGDP
ribosome in this current structure (multicolor). Except for domain I and II which are totally
identical, the rest of the structure is completely different. It is therefore impossible to use as
reference the crystal structure of EF-GGDP to analyze the interactions between the switch II
and domain III in ribosomal context.
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 101
1. F. Weis et al., tmRNA-SmpB: a journey to the centre of the bacterial ribosome. EMBO
J. 29, 3810–3818 (2010).
5. G. Tang et al., EMAN2: an extensible image processing suite for electron microscopy.
J. Struct. Biol. 157, 38–46 (2007).
14. A. Amunts et al., Structure of the yeast mitochondrial large ribosomal subunit.
Science. 343, 1485–1489 (2014).
Il faut noter également qu’une rotation différente du domaine III a déjà été observée dans une
structure cristalline d’EF-G complexé avec l’antibiotique dityromycine (Lin et al., 2015).
Cette structure compacte possède un domaine III tourné d'environ 90 ° par rapport à la
position des domaines I et II d’EF-G. Cependant, le domaine III n’est pas le seul domaine en
rotation et c’est tout l’ensemble III-IV-V qui tourne comme un corps rigide, ce qui est
incompatible avec les données de polTIRF (montrant que seul le domaine III tourne
indépendamment des autres). Cette structure est une étape précoce de l’état de pré-
translocation alors que la rotation du domaine III observée ici à lieu en post hydrolyse du
GTP.
Figure 19. Modèle de l’hydrolyse du GTP. Planche de la réalisation du mini film pour l’article EF-
G. EF-GGTP x-ray (2DY1) en bleu, en orange EF-GGTP ribosome (4V9J), EF-GGDP ribosome
en rouge (notre structure). L’ARN16S en vert et S1β en rose/violet.
VI - Article #2 | K. Macé, E. Giudice, S. Chat and R. Gillet 107
Partie II
La trans-traduction
I - Introduction Partie II – La trans-traduction 108
Les ribosomes qui se bloquent lors de la traduction doivent être secourus afin de maintenir la
synthèse des protéines. Le blocage se produit lorsque les ribosomes sont emprisonnés sur
l'extrémité 3' d'un ARNm, sans codon disponible dans le site A, ce qui conduit à l'arrêt de
l'élongation. Le principal système de contrôle-qualité bactérien permettant de sauver les
ribosomes est la trans-traduction. Deux autres systèmes alternatifs sont médiés par les
protéines ArfA et ArfB (Alternative ribosome-rescuing factor A and B). Ces systèmes de
sauvetage sont indispensables à la survie bactérienne. Cette revue en guise d’introduction
rassemble les différentes connaissances du mécanisme de la trans-traduction.
II - Article #3 | E. Giudice, K. Macé and R. Gillet. - 2014 - Frontiers in Microbiology 111
II.2 - Article #3
Illustration réalisée d’après Agata L. Starosta et al., 2014, FEMS Microbiol Rev.
II - Article #3 | E. Giudice, K. Macé and R. Gillet. - 2014 - Frontiers in Microbiology 112
II - Article #3 | E. Giudice, K. Macé and R. Gillet. - 2014 - Frontiers in Microbiology 113
II - Article #3 | E. Giudice, K. Macé and R. Gillet. - 2014 - Frontiers in Microbiology 114
II - Article #3 | E. Giudice, K. Macé and R. Gillet. - 2014 - Frontiers in Microbiology 115
II - Article #3 | E. Giudice, K. Macé and R. Gillet. - 2014 - Frontiers in Microbiology 116
II - Article #3 | E. Giudice, K. Macé and R. Gillet. - 2014 - Frontiers in Microbiology 117
II - Article #3 | E. Giudice, K. Macé and R. Gillet. - 2014 - Frontiers in Microbiology 118
II - Article #3 | E. Giudice, K. Macé and R. Gillet. - 2014 - Frontiers in Microbiology 119
II - Article #3 | E. Giudice, K. Macé and R. Gillet. - 2014 - Frontiers in Microbiology 120
II - Article #3 | E. Giudice, K. Macé and R. Gillet. - 2014 - Frontiers in Microbiology 121
II - Article #3 | E. Giudice, K. Macé and R. Gillet. - 2014 - Frontiers in Microbiology 122
III - Résultats préliminaires de l’étude structurale de la trans-traduction 123
L’étude bibliographique ainsi que des données préliminaires suggèrent que la RNAse R se lie
au ribosome lors de l’arrivée du complexe ARNtm/SmpB/EF-Tu (Liang and Deutscher, 2012;
Richards et al., 2006; Venkataraman et al., 2014). L’objectif de ce projet est d’obtenir la
structure par cryo-MET des complexes de trans-traduction en présence de la RNAse R. Le
premier complexe en état de pré-accomodation, Ribosome/ARNtm/SmpB/RNase R/EF-Tu en
présence de kirromycine, permettrait d’observer pour la première fois l’interaction de la
RNase R avec le complexe ARNtm/SmpB dans le contexte ribosomique. Un second
complexe, constitué du Ribosome/RNase R avec ARNtm/SmpB en cours de translocation via
le blocage d’EF-G par l’acide fusidique, permettrait d’observer l’éjection de l’ARNm
défectueux du ribosome ainsi que sa prise en charge par la ribonuclése chargée de le détruire.
L’ARNm est alors pris directement en charge par la RNase R, qui est supposée être ancrée à
proximité du canal d’ARNm.
Pour les précédents projets du laboratoire nous avions utilisé des ribosomes, l’ARNtm et
SmpB de Thermus thermophilus. Cependant aucune RNase R n’a été identifiée dans le
génome de cet organisme. Par conséquent pour l’étude structurale de la RNase R tous les
complexes sont réalisés chez E. coli. Cela nécessite donc la mise au point de nouveaux
protocoles de purification pour cet organisme (voir Annexe N°1 – Partie II).
Pour la purification de la RNase R-Hist, nous utilisons une RNase R spécifique D280N mutée
dans son site catalytique (Matos et al., 2009). Effectivement, l’utilisation d’une RNase R
fonctionnelle n’est pas compatible avec l’étude ribosomique in vitro, puisque cette dernière
dégrade les ARN ribosomiques dans ces conditions (résultats non publiés).
III - Résultats préliminaires de l’étude structurale de la trans-traduction 125
Un protocole de purification des ribosomes d’E. coli adapté pour l’étude de cryo microscopie
a été également réalisé. Nous utilisons des ribosomes étiquetés par modification génétique sur
le gène rpsO (uS15) grâce à l’ajout constitutif d’une étiquette Streptavidine (C Blanco, non
publié). L’utilisation de ces ribosomes modifiés permet par la suite de purifier les complexes
70S-ARNtm-SmpB-RNaseR sur colonnes de chromatographie (Figure 21). Tout d’abord le
complexe est passé sur une colonne HiTrap™ Streptavidin. Les ribosomes sont retenus et tous
les éléments non liés au ribosome sont éliminés. Puis après élution, les complexes sont passés
sur une colonne Histidine afin de retenir les complexes via la RNase R. Cela permet
d’éliminer tous les ribosomes ou sous-unité ribosomiques n’ayant pas de complexe RNase
R/ARNtm/SmpB. Cette méthode a pour avantage d’augmenter au maximum l’homogénéité de
l’échantillon pour l’étude par cryo-EM.
Figure 21. Les étapes de la purification des complexes 70S-RNase R. Étape 1 : mélange et
incubation des différents éléments constituant le complexe. Étape 2 : première purification sur
colonne Streptavidine (Ribosome retenu). Étape 3 : seconde purification sur colonne Histidine (RNase
R retenu)
III - Résultats préliminaires de l’étude structurale de la trans-traduction 126
Tout d’abord des complexes 70S-RNase R sont formés afin de vérifier la possible fixation de
l’enzyme au ribosome, en l’absence de tout facteur de traduction ou de trans-traduction.
Après plusieurs essais, il s’est avéré nécessaire de conserver la RNase R dans une forte
concentration de glycérol (>50 %) afin d’éviter sa précipitation lors du mélange avec les
ribosomes. Les complexes formés sont ensuite purifiés sur les deux colonnes HiTrap™
Streptavidin (Figure 22) et HisTrap™ et concentrés sur Amicon® pour analyse.
L’échantillon obtenu est analysé sur gel gradient et en coloration négative (Figure 23, B).
Nous observons bien une bande correspondant à la RNase sur le gel (figure 23, A), signifiant
la formation d’un complexe stable RNase R/70S.
III - Résultats préliminaires de l’étude structurale de la trans-traduction 127
Figure 23. Analyse du complexe 70S-RNase R par gel d’acrylamide et coloration négative. (A)
Gel gradient (4-20%) SDS-PAGE après purification du complexe. (B) Coloration négative à l’acétate
d’uranyle du complexe après purification, permettant de contrôler l’association des sous-unités
ribosomales.
Cet échantillon est ensuite vitrifié dans une fine couche de glace amorphe et observé par cryo-
MET sur un microscope TECNAI G2 SPHERA opérant à 200 kV (plateforme MRic, Rennes).
Nous avons procédé à environ β00 acquisitions à faibles doses d’électrons. Les particules
isolées de chaque image sont ensuite sélectionnées et analysées à l’aide du logiciel IMAGIC-
V. Une première reconstruction à faible résolution est obtenue, et comparée à la structure d’un
ribosome vide (Figure 24).
III - Résultats préliminaires de l’étude structurale de la trans-traduction 128
Figure 25. Analyses du complexe 70S/ARNtm/SmpB/EF-Tu/RNase R sur gels. (A) Gel d’Agarose
1,8% (MOPS 40mM ph7, NaOAc 10mM, EDTA 1mM) révélé au BET. Le puit * correspond au
complexe 70S/ARNtm/SmpB/EF-Tu/RNase R (4pmoles) et le puit ARNtm, ARNtm E. coli pur (1µg).
(B) Gel SDS-PAGE 10%, révélé à l’Instant BlueTM. Le puit RNase R : RNase R (275pmoles) ; EF-Tu
: EF-Tu (55pmoles) ; * : Complexe 70S/ARNtm/SmpB/EF-Tu/RNase R (10pmoles) ; 70S : ribosome
pur (10pmoles) ; M : marqueur de taille.
D’après les résultats obtenus sur le gel A, la présence des ARN ribosomiques (5S) est
observée. Cependant, pas ou peu d’ARNtm est présent dans le complexe. En effet, la bande
correspondant aux ARNtm, n’est pas retrouvée sur l’échantillon (Figure 25, gel A, piste
ARNtm). D’après les résultats obtenus pour la piste correspondant au complexe en pré-
accommodation du gel B, une bande de faible intensité est observée à environ 97kDa
correspondant à la présence de la RNase R dans l’échantillon. Une bande faiblement visible,
d’environ 45kDa correspondant à EF-Tu est également observée. Les autres bandes
correspondent aux protéines ribosomiques. L’analyse des gels montre que le ratio ribosomes
complexés/ribosomes seuls est très faible. En conséquence il est impossible de passer à
l’étape d’analyse par cryo-MET. En effet, il est indispensable d’avoir un échantillon
concentré en complexes et le plus homogène possible, afin d’obtenir une structure
tridimensionnelle de haute résolution.
III - Résultats préliminaires de l’étude structurale de la trans-traduction 130
Nous avons rencontré de nombreux problèmes tout au long de ce projet. Tout d’abord pour
l’étape de purification des complexes, qui permet de séparer les différents facteurs en excès et
d’analyser le contenu des complexes par SDS-PAGE et gel d’agarose. Effectivement, la
plupart des complexes ribosomiques sont instables et font intervenir des liaisons faibles. Ainsi
la méthode utilisée ici – ribosome retenu par l’étiquette streptavidine – n’est peut-être pas
suffisament rapide et douce. De plus, l’utilisation d’un tampon riche en desbiothine (tampon
d’élution) est peut-être néfaste pour la stabilité des complexes. D’autres méthodes sont à
tester, notamment celle utilisée classiquement pour l’étude du ribosome : l’ultracentrifugation
sur cousin de sucrose. Cette technique de séparation facile et rapide, basée sur la séparation
des molécules selon leur coefficient de sédimentation, est tout à fait compatible pour la
réalisation de l’étape de purification. Une dernière solution possible est de ne pas purifier,
ainsi nous pouvons réaliser les grilles de cryo-MET juste après préparation du complexe.
Mais dans ce cas nous ne pouvons pas valider la présence ou non de complexe par analyse
biochimique.
De plus, le passage chez E. coli des éléments du complexe pour l’étude de la trans-traduction
pose deux problèmes majeurs : (i) la répartition des ribosomes E. coli dans la glace pour
l’étude en cryo-MET n’était pas optimale. Après plusieurs essais, le protocole de purification
des ribosomes en présence d’anti oxydant a permis d’améliorer ce problème. (ii) le second
problème est la présence de SmpB dégradé et d’un mauvais rendement durant la purification
de cette protéine. Pour améliorer le protocole actuel de purification de SmpB, plusieurs
stratégies sont actuellement testées, notamment une induction à basse température, et des
étapes supplémentaires de passage sur colonnes échangeuses d’ions.
IV - Les autres rôles de la trans-traduction 131
IV.1.2.1 - Le stress
La trans-traduction permet aux bactéries de répondre efficacement à une variété de stress. Les
cellules dépourvues d’ARNtm ont une phase de latence retardée après la phase stationnaire
(Oh and Apirion, 1991), sont plus sensibles aux manques d’acides aminés (Li et al., 2008),
aux chocs thermiques (Oh and Apirion, 1991) et aux antibiotiques ciblant le ribosome (Abo et
al., 2002). Les bases moléculaires de ces phénotypes ne sont pas connues, mais certains
phénotypes peuvent être causés par un dérèglement de RpoS (« RNA polymerase sigma S
IV - Les autres rôles de la trans-traduction 132
factor »), un facteur sigma alternatif qui est exprimé lors de la phase stationnaire ou lors de
conditions de stress (Ranquet and Gottesman, 2007). De la même manière, les niveaux
d’ARNtm et SmpB augmentent au cours du stress thermique, et sont indispensables pour y
répondre (Shin and Price, 2007). La sensibilité accrue aux antibiotiques dans les cellules
dépourvues de l'activité de trans-traduction est quant à elle probablement due à un niveau plus
élevé de ribosomes bloqués causée par la lecture erronée ou bloquée de l’ARNm (Li et al.,
2013).
La trans-traduction influe également sur d’autres résistances aux stress qui sont
particulièrement intéressantes dans les
mécanismes de pathogénicité, comme le stress
Box n°11 - Les ulcères de l’estomac sont
maintenant considérés comme des maladies oxydatif qui a lieu lors de phagocytoses. Idem
dues à l’infection par Helicobacter pylori et
se traitent, comme toute maladie infectieuse pour Helicobacter pylori, qui ne vit que dans
bactérienne, avec des antibiotiques. Pour
cette découverte, le Professeur Barry J.
l’estomac de l’Homme, dans un milieu très acide
Marshall et le Dr J. Robin Warren ont reçu (Thibonnier et al., 2008). Le rôle central de la
en 2005 le Prix Nobel de Médecine.
trans-traduction pour la virulence de H. pylori est
essentiel, grâce au sauvetage très fréquent des ribosomes dans les conditions de stress
rencontrées dans l'environnement gastrique.
IV.1.2.1 - La pathogénicité
Chez Salmonella enterica, l’ARNtm est nécessaire à la fois pour la prolifération dans les
macrophages et pour la virulence chez la souris. L'expression de plusieurs gènes de virulence
est perturbée dans la souche ΔssrA, mais la base moléculaire pour le phénotype de virulence
est inconnu (Julio et al., 2000). Des résultats similaires sont retrouvés chez Salmonella
Typhimurium, où Hfq et SmpB modulent directement ou indirectement un éventail de
IV - Les autres rôles de la trans-traduction 133
protéines qui sont requises pour de nombreux processus biologiques, y compris l'invasion de
la cellule hôte, la motilité, le métabolisme central, la biosynthèse des LPS
(lipopolysaccharides), des systèmes de régulation à deux composants et le métabolisme des
acides gras. Ces résultats suggèrent que les voies de contrôle-qualité de la synthèse protéique
jouent un rôle important dans la régulation de la virulence et l'adaptation de l'environnement
(Ansong et al., 2009).
Chez Francisella tularensis, les souches mutantes ΔssrA perdent leur virulence. Cette perte
est due à la baisse de synthèse de facteurs de virulence, tel que le locus de croissance
intracellulaire C (IglC) et le facteur de macrophage infectiosité (Mif) (Svetlanov et al., 2012).
IV - Les autres rôles de la trans-traduction 134
La trans-traduction est omniprésente chez toutes les bactéries et, comme nous venons de le
voir, son rôle va bien au-delà du sauvetage des ribosomes bloqués. Après l’âge de la
recherche fondamentale concernant ce processus captivant, arrive celui des applications,
notamment médicales. C’est dans ce sens que nous avons rédigé cette revue, afin d’exposer
les possibilités d’applications thérapeutiques qu’offre le mécanisme de trans-traduction.
V - Article #4 | K. Macé, E. Giudice and R. Gillet. - 2015 - Med Sci 137
V.2 - Article #4
VI - Conclusion – La trans-traduction
Partie III
Un antibiotique est une substance naturelle ou synthétique qui détruit (bactéricide) ou qui
bloque la croissance (bactériostatique) des bactéries. Les antibiotiques agissent de manière
spécifique sur les bactéries, en bloquant une étape
essentielle de leur développement. Les antibiotiques sont
Box n°13 – Antibiotique
provient du grec ancien anti : habituellement classés en fonction de leur mécanisme
“contre” et bios : “la vie”.
d'action, de leur structure chimique, ou de leur spectre
d'activité. Ceux qui ciblent la paroi cellulaire bactérienne (pénicillines et céphalosporines), la
membrane cellulaire (polymyxines) ou interférent avec des enzymes essentielles (rifamycines,
lipiarmycins, quinolones et sulfamides) ont des activités bactéricides. A l’inverse, ceux qui
ciblent la synthèse des protéines (macrolides, lincosamides et tétracyclines) sont généralement
bactériostatiques (à l'exception des aminoglycosides).
its future) le « père » de la pénicilline avait prévenu des risques liés à un mauvais usage du
médicament en indiquant qu’un usage massif des antibiotiques « aboutirait, non à
l’élimination de l’infection, mais à apprendre aux microbes à résister à la pénicilline,
microbes qui seraient ensuite transmis à un individu […] chez qui ils provoqueraient une
pneumonie ou une septicémie que la pénicilline ne pourrait plus guérir ». Malheureusement
ces déclarations allaient se confirmer rapidement (Figure 26).
Figure 26. Utilisation thérapeutique des antibiotiques et apparition des premières résistances.
Image internet (http://www.vitamindwiki.com/Antibiotics+and+Vitamin+D+are+associated+with+many+of+the+same+diseases)
L’usage généralisé voire abusif des antibiotiques entraîne une adaptation des bactéries par
pression de sélection. Elles peuvent muter et modifier la cible des antibiotiques, devenir
imperméables aux antibiotiques ou acquérir des gènes qui produisent des enzymes qui
détruisent ou expulsent les antibiotiques. Elles deviennent résistantes et se multiplient, tout en
transférant parfois cette résistance à d'autres bactéries. Enfin, certaines bactéries peuvent
devenir résistantes à plusieurs antibiotiques. Elles sont dites multi-résistantes.
classe d'antibiotiques pour les bactéries à gram négatif n'a été homologuée au cours des 30
dernières années (Lewis, 2012) (Figure 27). Ces dernières années sont pourtant
particulièrement marquées par la recrudescence de bactéries multi-résistantes (Di Pilato et al.,
2016). Face aux problèmes sanitaires et économiques qu’elles entraînent, la recherche doit
aujourd’hui s’intensifier afin de découvrir de nouvelles cibles antibiotiques.
Figure 27. Frise chronologique des découvertes de nouvelles classes d’antibiotique. Image
internet (http://www.businessinsider.com/massive-risk-of-antibiotic-resistant-bacteria-in-three-charts-2013-1?IR=T)
I - Généralités sur les antibiotiques 153
Le ribosome est la cible principale des antibiotiques efficaces cliniquement (Figure 28). La
recherche actuelle s’oriente vers le développement d’antibiotiques semi-synthétiques avec de
meilleures propriétés antimicrobiennes à partir de molécules naturelles connues.
Actuellement, plusieurs nouveaux antibiotiques ciblant le ribosome sont au stade d’essais
cliniques, comme l’aminoglycoside plazomizin (Achaogen), la cethromycin (Advanced Life
Sciences) ou bien l’oxazolidinones PF-02341272 (Pfizer). Même si ces molécules offrent des
avantages comme une meilleure absorption ou sont moins sujettes à efflux, l'inconvénient
majeur est qu’ils ciblent le même site de liaison que les composés parents dont ils sont issus,
et n’offrent donc pas de nouvelles cibles (Butler and Cooper, 2011).
Figure 28. Vue des étapes de la synthèse protéique ciblées par les principaux
antibiotiques. D’après Daniel N. Wilson, 2014, Nature Reviews Microbiology
I - Généralités sur les antibiotiques 154
La trans-traduction peut être ciblée de manière non spécifique par des antibiotiques qui
bloquent la traduction canonique (Vioque and de la Cruz, 2003). Avant 2011, aucun
antibiotique n’était connu pour cibler la trans-traduction ou d’autres voies de sauvetage des
ribosomes (Shi et al., 2011). La découverte de la trans-traduction comme cible principale de
la pyrazinamide, un antituberculeux de première ligne découvert et utilisé depuis 1956, a
enfin apporté la preuve de concept manquante (Kalinda and Aldrich, 2012). Depuis, une
seconde molécule inhibant la trans-traduction - le KKL-35 - a été découverte en 2013 à partir
d’une chimiothèque de plus de 663 000 molécules (Ramadoss et al., 2013).
II - État de l’art des antibiotiques ciblant la trans-traduction 156
II.2 - La pyrazinamide
La pyrazinamide (ou PZA) est spécifique du genre Mycobacterium. Cliniquement, elle est
toujours utilisée en association avec d'autres
antibiotiques comme l'isoniazide, la rifampicine et
Box n°15 – Le bacille de Koch est
l'éthambutol contre le bacille de Koch. La l’autre nom de Mycobacterium
tuberculosis, Découvert en 1882 par
pyrazinamide permet de réduire la durée globale du
Robert Koch.
traitement (2 mois environ contre 9 mois sans la PZA).
La pyrazinamide est un pro-médicament, puisqu’il est converti par la pyrazinamidase en
molécule active : l'acide pyrazinoïque (POA) (Figure 29).
L'acide pyrazinoïque a plusieurs cibles. D'une part, il inhibe la synthèse des acides gras
nécessaire à la bactérie via inhibition de l’enzyme FAS I (Fatty Acid Synthase) (Boshoff et
al., 2002). Des études in vivo et in vitro ont confirmé cette inhibition par l'acide pyrazinoïque
et de plusieurs analogues (Sayahi et al., 2012). L'augmentation de la concentration de POA
pourrait également perturber le potentiel de membrane et ainsi limiter la production d'énergie.
Autre cible, l'acide pyrazinoïque acidifie le milieu cytoplasmique et, de manière inattendue,
inhibe également la trans-traduction (Zhang et al., 2013) (Figure 30).
Chez M. tuberculosis, bS1 codé par le gène rpsA, est composé de six domaines dont les deux
premiers sont impliqués dans la liaison au ribosome. bS1 de M. tuberculosis possède
également une queue d’environ 100 acides aminés à son extrémité C-terminale (Salah et al.,
2009). Des tests d’interactions entre différents domaines de bS1 et l’acide pyrazinoïque ont
démontré que POA se fixe sur le quatrième domaine de bS1 (figure 31). Ainsi POA inhiberait
la trans-traduction de M. tuberculosis en bloquant et / ou modifiant le site de liaison de
l’ARNtm à bS1, empêchant ainsi la formation d'un complexe bS1-ARNtm-SmpB et donc la
trans-traduction (Yang et al., 2015).
Figure 31. Structure aux rayons X de bS1 lié à l’acide pyrazinoïde. D’après Juanjuan Yang et al,
2015, Molecular Microbiology. En volume (rouga à bleu) le quatrième domaine de bS1 de chez M.
tuberculosis complexé avec deux molécules de POA.
II - État de l’art des antibiotiques ciblant la trans-traduction 159
La plupart des résistances à la pyrazinamide ont pour origine des mutations sur le gène pncA
codant pour la pyrazinamidase, une enzyme transformant la pro-drogue PZA en POA actif.
Mais il a été également observé des résistances sur des souches présentant des mutations sur
le gène rpsA. L’étude structurale de S1 muté à la position 4γ8 connu pour être résistante à la
PZA a permis de montrer des modifications structurales dans le site de fixation de
l’antibiotique (Figure 32).
Figure 32. Structure aux rayons X de bS1 muté. D’après Juanjuan Yang et al, 2015, Molecular
Microbiology. Focus sur la région de bS1 muté de chez M. tuberculosis résistant à la PZA.
II.3 - Le KKL-35
Figure 33. Structure des composés actifs contre la trans-traduction découverte par l’équipe de
Kenneth Keiler.
Figure 34. Répartition de la présence d’ArfA et ArfB dans différentes espèces. D’après Kenneth
C. Keiler and Heather A. Feaga, 2014, J Bacteriol. Les noms en gras indiquent les espèces dans
lesquelles l’ARNtm ou SmpB sont vitaux.
III - Le développement d’un outil pour la recherche d’antibiotiques ciblant la trans-traduction 162
Dans l’objectif de développer un outil fiable pour mesurer in vivo l’activité de composés anti
trans-traduction, nous avons mis au point un système rapporteur bicolore chez E. coli. Pour
cela, nous avons combiné un mécanisme rapporteur de la trans-traduction, le test, (Keiler and
Feaga, 2014) à celui des protéases, le contrôle (Cheng et al., 2007). Ainsi, deux protéines
fluorescentes ont été clonées en opéron : la première protéine est mCherry (rouge) complétée
en N-terminal par une étiquette identique à celle ajoutée par l’ARNtm d’E. Coli :
A*ANDENYALAA (l’alanine avant l’étoile est celle apportée par le domaine ARNt de
l’ARNtm, le TLD). Cette construction protéique que nous nommerons « mCHERRY_tag »
est reconnue par des protéases et dégradée. La seconde protéine est une GFP (verte) (« Green
Fluorescent Protein »). Une séquence correspondant à un terminateur ARN fort est rajoutée à
son gène, avant le codon-stop. Cette séquence codante est transcrite sous la forme d’un
ARNm GFP non-stop qui bloquera les ribosomes lors de sa traduction, provoquant ainsi
l’intervention de la trans-traduction. L’étiquette spécifique de la trans-traduction est rajoutée
à la GFP bloquée qui une fois libérée est reconnue par des protéases et dégradée (Figure 35,
A).
III - Le développement d’un outil pour la recherche d’antibiotiques ciblant la trans-traduction 163
Figure 35. Modèle du système rapporteur. (A) Schéma explicatif du système rapporteur de la trans-
traduction et (B) les différents résultats possibles.
III - Le développement d’un outil pour la recherche d’antibiotiques ciblant la trans-traduction 164
Trois situations sont possibles (Figure 35, B). Si la mutation ou le composé testé n’a pas
d’effet sur la trans-tranduction ou les protéases, les deux protéines fluorescentes sont
dégradées et les cellules ne sont pas fluorescentes. En revanche, si le composé testé inhibe la
trans-traduction, la GFP bloquée dans le ribosome n’est plus étiquetée. La GFP stable
s’accumule donc dans les cellules, conduisant à une fluorescence dans le vert. Enfin, si la
mutation ou le composé testé inhibe les protéases, les protéines mCherry et GFP, qu’elles
soient étiquetées ou non, ne sont pas dégradées et s’accumulent dans les cellules, induisant
une fluorescence rouge et verte.
Notre système présente de nombreux avantages par rapport aux solutions préexistantes.
D’abord, ce système « deux en un » (test et contrôle associés) permet d'éliminer les faux
positifs grâce à la présence d’un témoin interne. La présence de ce témoin n’est pas
négligeable, puisque l’expression conjointe des deux protéines est maîtrisée par une seule
induction. En conséquence une même quantité de protéines est exprimée entre le test et le
témoin, pour chaque bactérie, évitant ainsi des biais. Ce système est donc très spécifique, et sa
sensibilité et reproductibilité sont suffisamment performantes pour juger de l’efficacité d’une
molécule.
De plus, ce système peut être utilisé dans différents conditions de cultures (par exemple :
biofilm vs culture liquide | phase exponentielle vs phase stationnaire | milieu solide (boite de
Petri) vs milieu liquide (plaque de 96 puits)). L’utilisation de protéines fluorescences est une
technique versatile qui permet la visualisation des résultats par différents moyens
(Microscopie de fluorescence, fluorimètre, etc.). Cela permet d'utiliser ce système, non
seulement pour le criblage de molécule, mais également pour la recherche fondamentale.
Enfin, le système est conçu de manière à être facilement transposable dans différentes espèces
bactériennes (Espèces/souches différentes).
III - Le développement d’un outil pour la recherche d’antibiotiques ciblant la trans-traduction 165
Pour construire la séquence du système rapporteur (voir la séquence Annexe N°1 – Partie III),
nous avons choisi un promoteur constitutif d’E. coli de consensus TTGACA-TATAAT
(Kanaya and Kudo, 1991). Ce promoteur est directement suivi par la séquence lacO :
séquence non codante sur laquelle vient se fixer la forme active du répresseur LacI,
empêchant l'action de l'ARN polymérase. Ce promoteur avec l’opérateur permet d’induire
l’operon de manière maitrisée avec de l’IPTG (isopropyl -D-1-thiogalactopyranoside). Des
sites de restrictions placés de part et d’autre permettent de modifier ce promoteur (voir
Annexe N°2 – Partie III).
Le premier gène codant pour la protéine mCHERRY débute par un site de fixation au
ribosome (SD ou RBS pour « Ribosome Binding Site ») de consensus AGGAGG (Barrick et
al., 1994). Une séquence de 7 nucléotides sépare le site de fixation au ribosome du codon de
démarrage AUG. Cette séquence, SD + les 7 nucléotides, est identique pour la seconde
protéine GFP.
La séquence mCHERRY est modifiée avant le codon stop par l’insertion d’une séquence
codant pour l’étiquette de l’ARNtm d’E. coli (A*ANDENYALAA). Cette séquence est
également flanquée par des enzymes de restriction afin de pouvoir la modifier facilement.
Effectivement chaque espèce bactérienne possède une étiquette différente. Ainsi si l’on
souhaite transposer le système dans une autre espèce, il est nécessaire de changer l’étiquette
(voir site web des étiquettes de l’ARNtm en fonction des espèces :
http://www.ag.auburn.edu/mirror/tmRDB/peptide/peptidephylolist.html). Après le codon stop,
une séquence intermediaire de 12 nucléotides (TCTAGATTTAAG) est insérée contenant
également des sites de restrictions.
Le second gène codant pour la protéine GFP débute donc par la même séquence que la
mCHERRY (SD + 7 nucléotides). Avant le codon stop est ajouté un terminateur synthétique
fort. Nous nous sommes appuyés sur une publication ayant testé un grand nombre de
terminateurs naturels et synthétiques (Chen et al., 2013b). Nous avons choisi de placer trois
terminateurs à la suite (figure N°36). Le premier nommé L3S2P56 est synthétique, le second
ECK12002960 est naturel. Enfin le troisième est un terminateur naturel de l’opéron rrnC chez
E. coli (Young, 1979).
III - Le développement d’un outil pour la recherche d’antibiotiques ciblant la trans-traduction 166
Figure 36. Prédiction de structure secondaire du terminateur. En haut à droite la séquence codant
les trois terminateurs, au centre la prédiction de la structure secondaire de cette séquence réalisée avec
le logiciel Oligo Analyzer.
Ce « méga » terminateur ne possède pas de codon stop. Lorsque ce terminateur est transcrit
par l’ARN polymérase, trois grandes tige-boucles se forment, bloquant prématurément la
transcription, ce qui génère un ARNm « non-stop ». L’ensemble de cette séquence est
également flanqué par des enzymes de restrictions permettant de le déplacer facilement dans
d’autres plasmides.
La séquence entière a été commandée et vérifiée chez Thermo Fisher Scientific (GeneArt®).
Puis par clonage avec les enzymes de restriction, la construction a été placée dans un vecteur
pBADβ4 (inductible à l’arabinose) et un vecteur pET15b (inductible à l’IPTG). Pour le
premier plasmide pBADβ4 nous n’avons pas obtenu de résultat satisfaisant, nous avons donc
poursuivi la mise au point sur le plasmide pET15b. Aussi, ce plasmide a été modifié en
remplacant l’étiquette de l’ARNtm d’E. coli (A*ANDENYALAA) par celle de
Staphylococcus aureus (A* GKSNNNFAVAA).
III - Le développement d’un outil pour la recherche d’antibiotiques ciblant la trans-traduction 167
Figure 37. Time lapse en microscopie à fluorescence de la souche E. coli ΔssrA. Le temps est
indiqué en minutes. La ligne du haut correspond à l’observation en lumière blanche. Les bactéries sont
clairement visibles. La ligne du milieu correspond à une visualisation avec le filtre GFP, et la ligne du
bas avec le filtre mCHERRY. Comme expliqué dans la Figure γ5B, les bactéries ΔssrA fluorescent
dans le vert et non dans le rouge. Les images sont acquises sur un vidéo microscope Olympus IX71
inversé API DeltaVision de la plateforme MRic.
III - Le développement d’un outil pour la recherche d’antibiotiques ciblant la trans-traduction 168
K. Macé et al.
Nous avons d’abord validé le système de détection de la trans-traduction chez E. coli (wt,
ΔssrA, ΔclpP). Nous avons observé des résultats intéressants comme la spécificité de
l’étiquette de l’ARNtm pour la reconnaissance et la dégradation des protéines trans-traduites
mais également un changement des voies de dégradations en fonction du cycle cellulaire, ou
encore une complémentation de la dégradation des produits trans-traduits par les protéases
ClpAP et ClpXP. Puis dans un second temps, nous avons testé la seule molécule connue pour
inhiber la trans-traduction chez E. coli, le KKL-35. Étonnamment nous n’avons pas observé
d’effet tangible du KKL-35 sur la trans-traduction, mais un léger effet sur les protéases.
Après approfondissement des recherches, la trans-traduction et les protéases ne sont pas les
cibles principales du KKL-35.
IV - Article #5 | K. Macé et al. 171
IV.2 - Article #5
ABSTRACT
The reality and intensity of antibiotic resistance in pathogenic bacteria means that new
reporter systems are needed for the rapid development of new antimicrobial drugs. In bacteria,
trans-translation is the primary quality control mechanism for rescuing ribosomes arrested
during translation. This key process is universally conserved and plays a critical role in the
viability and virulence of many pathogens. In a recent work, several oxadiazole derivatives
were found to inhibit trans-translation, and among these the compound KKL-35 shows strong
bactericidal activity against a large number of bacteria. To explore how KKL-35 works, we
developed a useful double fluorescence reporter system which allows for the simultaneous in
vivo detection of bacterial trans-translation and proteolysis activities. The assay was validated
using various strains that lack tmRNA, SmpB, and the ClpP protease. Surprisingly, it turns
out that KKL-35 does not directly effect on trans-translation, and the antibiotic has only a
minor impact on trans-translation-mediated proteolysis.
IV - Article #5 | K. Macé et al. 173
INTRODUCTION
The rapid development of novel antimicrobial drugs is needed to address the emergence and
gravity of antibiotic resistance in pathogenic bacteria. One of the main antibiotic targets is the
ribosome, where the fundamental process of protein synthesis (translation) takes place (1).
Despite its very promising potential, quality control of bacterial protein synthesis is a pathway
that has not yet been exploited (2). Ribosomal stalling is a serious issue for cell survival. In
bacteria, the primary rescue system for this is trans-translation, performed by transfer-
messenger RNA (tmRNA) and its partner SmpB, small protein B. Trans-translation has been
identified in all bacterial species but is absent in eukaryotes (3). tmRNA, encoded by the ssrA
gene, is a large RNA molecule with two major domains: the TLD (tRNA-like domain),
always aminoacylated by an alanine; and the MLD (mRNA-like domain), a short internal
open reading frame (ORF) that acts as an mRNA template and carries a stop codon (4). When
the tmRNA-SmpB complex enters the vacant A-site of a stalled ribosome, the nascent
polypeptide is transferred to the alanine on tmRNA (5). The ORF is then inserted into the
mRNA channel, and translation resumes using the ORF as mRNA. This translation event adds
a short degradation tag to the C-terminus of the incomplete polypeptide. The tag sequence
varies between bacterial types, although elements at the beginning and end are both highly
conserved (6). Escherichia coli cytoplasm-tagged proteins are mostly degraded by ClpXP and
ClpAP proteases (7, 8), while the inner membrane or periplasm proteins are respectively
degraded by FtsH and Tsp proteases. Two alternative ribosome rescue factors A and B (ArfA
and ArfB) can take over when trans-translation is absent or overwhelmed. ArfA (formerly
YhdL) binds to stalled ribosomes and recruits the RF2 release factor to the A-site to hydrolyze
the peptidyl-tRNA, while ArfB (formerly YaeJ) directly catalyzes the hydrolysis (9).
Although ArfB seems minor, ArfA is an essential factor in E. coli viability in the absence of
tmRNA (10). Accordingly, when ssrA is deleted, bacteria devoid of arfA (Shigella flexneri,
Helicobacter pylori, Francisella tularensis, Mycobacterium tuberculosis, and Legionella
pneumophila) cannot survive (9, 11, 12). The presence of ArfA, however, does not make
trans-translation superfluous in all bacterial species (11). Interestingly, when pathogenic
bacteria such as Salmonella enterica, Yersinia pestis, and Neisseria gonorrheae survive in the
absence of trans-translation, they generally lose their virulence (13–16). Taken together, these
facts strongly suggest that inhibitors of trans-translation may act as antibiotics and have
minimal side effects on eukaryotic hosts (17, 18). After high-throughput screening, several
compounds active against a wide array of bacteria were recently identified as inhibitors of
trans-translation. One of the most active ones, KKL-35, shows strong bactericidal activity
IV - Article #5 | K. Macé et al. 174
against various non-related bacteria, making it a promising molecule for future development
(2). Unfortunately, neither the molecular target of KKL-35 nor its mechanism of action have
yet been solved. In order to better understand how it affects trans-translation, we first
confirmed its antibacterial activity in E.coli, using various strains deleted for the efflux pumps
of the TolC system, which are known to transport KKL-35 out of the cell. Surprisingly, the
compound has the same inhibitory activity with or without tmRNA, challenging the theory
that trans-translation is the main target for KKL-35 and other oxadiazole derivatives. We
therefore developed a double-fluorescence reporter system for simultaneous and specific
detection of bacterial trans-translation and proteolysis activity. The system was designed to be
easily adapted to a large range of bacterial species, and should be very useful for the screening
of new trans-translation inhibitors. And in fact, by using this system we were able to show
that KKL-35 has no direct effect on trans-translation, and only minor effects on proteolysis.
concentrations of KKL-35 to growth medium. All antibiotics were purchased from Sigma-
Aldrich.
Fluorescence analysis
LB medium was used to dilute pre-cultures in the stationary phase to an initial cell density of
OD600 = 0.025. Cell suspensions were cultivated by shaking at 190 rpm until the OD600
reached 0.1. IPTG was then added to the culture at a final concentration of 1 mM. After 30
IV - Article #5 | K. Macé et al. 176
min. of induction at 37°C, 50 µL cell suspension was distributed into 96-well microplates,
pre-incubated (in at least 3 wells) with 50 µL LB, in the presence of either DMSO or KKL-
35. The microplates were incubated at 37°C under constant shaking (190 rpm). The intensities
of GFP (excitation 485 nm / emission 535 nm / exposure: 0.06 sec) and mCherry fluorescence
(excitation 550 nm / emission 610 nm / exposure: 1.5 sec) were regularly measured with a
Berthold Twinkle LB 970 fluorometer. In order to plot the growth of each sample, duplicate
microplates were prepared in exactly the same conditions.
The same assays were then performed on various strains involved in protein synthesis quality
control that were mutated to delete for tolC to avoid KKL-35 efflux. Assuming that KKL-35
inhibited trans-translation, we expected that it would kill bacteria in conditions requiring
trans-translation (2). We therefore began by testing KKL-35 in the absence of the ArfA and
ArfB alternative rescue systems. Although the double deletion of ssrA and arfA is lethal in E.
coli (10), in the absence of ArfA we did not observe a larger inhibition diameter around a
KKL-35-containing disk than was seen for tolC (Table 1). We thus performed the same
IV - Article #5 | K. Macé et al. 177
experiment in the absence of the putative targets (ΔssrA and ΔsmpB), and this again yielded
the same inhibition diameters as with the tolC strain.
These results suggested that KKL-γ5’s antibacterial effects in E. coli are not due to the direct
inhibition of trans-translation. In order to confirm that theory, we decided to create a new
double-reporter system which would allow for the simultaneous in vivo monitoring of both
trans-translation and related proteolysis activities. Indeed, KKL-35 was discovered using a
single fluorescent screening assay (2). Double reporter systems permit concurrent
measurements in the same bacteria and under the exact same growth conditions, thus
minimizing false positives caused by background effects.
In such systems, GFP proteins are released after being tagged by tmRNA then recognized and
degraded by the proteases involved in trans-translation (Fig. 1A). When trans-translation
tagging and proteolysis activities are not impaired, the mCherry and GFP fluorescent proteins
are simultaneously degraded, and no significant fluorescence can be detected in the bacteria.
On the other hand, when the activity of the proteases involved in trans-translation is impaired,
the proteins are not degraded, so they accumulate in the cell and cause both red and green
fluorescence. Lastly, if only trans-translation tagging activity and not proteolysis is inhibited,
IV - Article #5 | K. Macé et al. 178
proteases take charge of the mCherry protein and degrade it, leaving the GFP alone and stuck
on the stalled ribosomes. Stalled GFP proteins can be released by the other rescue systems
(including ArfA and ArfB) (5), but without tmRNA tagging. They therefore accumulate in the
cells without being triggered by specific proteases like mCherry, and the cells display a green
fluorescence. In summary, if the compound inhibits trans-translation, bacteria will glow
green, and if it inhibits proteases, the bacteria show simultaneous green and red fluorescence
(Fig. 1B).
With or without IPTG induction, E. coli WT (BW25113) that contained the ptCnsG reporter
system showed no significant fluorescence, suggesting that GFP and mCherry proteins are
properly recognized and degraded by proteases (Fig. 2B-E). The system was then tested in
ΔssrA and ΔsmpB mutants, where trans-translation is inefficient. Without induction, both
mutants displayed a small green fluorescence, suggesting a slight leak in system expression
before induction (Fig. 2B). When the system was induced by the addition of IPTG, a strong
increase in green fluorescence was observed, with no significant red fluorescence. The
fluorescence continued to increase, growing 14 times brighter after 400 minutes of induction
(Fig. 2C) even though the cells had stopped growing. This confirms that the artificial
terminator was highly efficient in prematurely stopping the transcription of non-stop GFP
mRNA.
The system was then introduced into a ΔclpP mutant. In this strain, tmRNA-tagged proteins
should not be degraded because there is no main protease system, and without induction it
also displays a slight red fluorescence (Fig. 2D). However, after 240 minutes of IPTG-
IV - Article #5 | K. Macé et al. 179
induced induction, both red and green fluorescence strongly increased, with red markedly
prevalent, growing 17 times brighter after 400 minutes of induction (Fig. 2E). At the same
time, the ΔclpP strain produced four times more green fluorescence than the WT, but three
times less than strains lacking trans-translation. This suggests that in the absence of Clp
proteases, other (probably less efficient) proteases can degrade ssrA-tagged proteins (30). The
increase of green fluorescence in this mutant emphasizes the importance of checking Clp
protease efficiency to avoid false positives when reporting trans-translation activity.
Therefore, we created a double fluorescence reporter system that can be used for high-
throughput screening of compound libraries to identify new molecules that specifically inhibit
trans-translation. The green fluorescence is used to follow the trans-translation activity, while
the red is used as a reporter of the tmRNA-dependent degradation pathway and serves as an
internal control. Fluorescence intensities can be detected in various ways (such as
fluorescence tracking microscopy or spectroscopy), and under various culture conditions
(liquid medium, agar, or microplates). However, to set-up a high-throughput screening assay,
we optimized our reporter for 96-well microplate fluorescence reading systems. Another big
plus is the system’s modularity, and we are currently adapting it to a wide range of bacteria.
system. This disparity could be explained by indirect effects on trans-translation. Since KKL-
35 targets the ribosome (32), one possibility is that it leads to ribosomal stalling via an
unknown mechanism (i.e misreading or peptidyl-transfer impairment). An accumulation of
stalled ribosomes could explain the increased fluorescence observed by Keiler’s group when
using a single reporter system with a constitutive promoter (2). Indeed, the accumulation of
the truncated reporters on stalled ribosomes probably overwhelms the trans-translational
machine, indirectly leading to a multiplication of non-tagged proteins when the antibiotic is
added. In our system, we deliberately chose to work with the inducible pTac1 promoter so we
could control transcription levels and avoid constant basal production of truncated reporter
proteins.
In conclusion, using a new double reporter system we were able to examine the activity of
KKL-35, a molecule described as a promising trans-translation inhibitor, and to show that it
has no effect on trans-translation and only a minor impact on trans-translation-mediated
proteolysis. Same results were obtained with other oxadiazole derivatives (R Gillet,
unpublished). So far, and as previously described by others (2), we have also failed to obtain
mutants resistant to KKL-35, which suggests that the target of KKL-35 is either indispensable
for survival or there are multiple targets. Despite these surprising results, KKL-35 and its
derivatives must still be considered as promising antibiotics to fight a broad spectrum of
resistant bacteria. Our efforts are now underway to better understand their exact mechanisms
of action. We also hope that the new double reporter system presented here will be used not
only for antibiotic screening, but also for basic research in order to better understand trans-
translation and protein degradation pathways in bacterial cells.
ACKNOWLEDGEMENTS
We thank Xavier Charpentier and Juliana Berland for insightful comments on the manuscript.
This work was supported by the Agence Nationale pour la Recherche, the Direction Générale
de l’Armement (#ANR-14-ASTR-0001), and by the Institut Universitaire de France. K.Macé,
F.Demay, E.Giudice, C.Blanco, and R.Gillet are co-inventors on a patent on the double
fluorescence reporter system described here (application #EP 16.200144, November 23,
2016).
IV - Article #5 | K. Macé et al. 182
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IV - Article #5 | K. Macé et al. 185
Figures
Figure 2. Validation of the reporter system in E. coli WT (BW25113), ΔsmpB, ΔssrA, and ΔclpP
strains.
Wild type (WT) is white; ΔsmpB is light gray; ΔssrA is dark gray; and ΔclpP is black. (A) Growth
comparison between WT, ΔsmpB, ΔssrA, and ΔclpP. (B, C) Green fluorescent protein (GFP)
intensities without and with IPTG induction, respectively. (D and E) mCherry red fluorescent protein
intensities without and with IPTG induction, respectively. Measurements are shown of fluorescence
(%) over time (minutes), with standard deviations indicated.
IV - Article #5 | K. Macé et al. 187
Figure 3. Specificity of the reporter system in E. coli in the absence of alternative rescue systems
and proteases.
(A and B) Measurement of green (GFP) and red (mCherry) fluorescence over time after IPTG
induction in strains deleted for alternative rescue systems or RNase R. WT is in white; ΔssrA (positive
control) in white with black stripes; ΔarfA in light gray; ΔarfB in dark gray; and Δrnr in black. (C and
D) Measurement of GFP and mCherry fluorescence over time after IPTG induction in strains deleted
for various proteases. WT is in white; ΔclpP (positive control) in white with black stripes, ΔclpA in
light grey, ΔclpX in dark grey and double mutant ΔclpA/X in black. Measurements are shown of
fluorescence (%) over time (minutes), with standard deviations indicated.
IV - Article #5 | K. Macé et al. 188
Figure 4. Green and red fluorescence levels of E. coli WT, ΔtolC, and Δ(tolC, arfA, arfB)
strains in the presence of increasing concentrations of KKL-35.
(A) GFP green fluorescence and mCHERRY red fluorescence were measured in wild-type (WT)
Escherichia coli in the presence of serial dilutions of the antibiotic KKL-35. Only two times are
indicated here, 0 and 480 min; for complete fluorescence information, see Fig. S3. The maximum
concentration (100µM) is black; the minimum concentration (0 µM) is white; and the positive control
is striped. The control for GFP green fluorescence was ΔssrA, for mCHERRY red fluorescence it was
ΔclpP. (B and C) Same as (A), but for E. coli ΔtolC and Δ(tolC, arfA, arfB) and with different KKL-
35 serial dilutions going from 1 µM (black) and lightening to 0 µM (white). Standard deviations are
indicated for each value.
IV - Article #5 | K. Macé et al. 189
Figure 4. Measurements of green and red fluorescence for E. coli ΔclpA and ΔclpX
mutants in the presence of increasing concentrations of the antibiotic KKL-35.
GFP green and mCHERRY red fluorescence in E. coli ΔclpA (A) and ΔclpX (B) were measured in the
presence of serial dilutions of KKL-35. The maximum concentration (100 µM) is black, and the
minimum (0 µM) is white. The positive control is striped: ΔssrA for GFP green fluorescence, and
ΔclpP for mCHERRY red fluorescence. The standard deviation is indicated for each value.
IV - Article #5 | K. Macé et al. 190
WT, wild-type; UPEC, uropathogenic E. coli; MIC, minimum inhibitory concentrations. Standard
deviations are shown in parentheses after the inhibition diameters.
IV - Article #5 | K. Macé et al. 191
Supporting Information
Figure S3. Monitoring of green and red fluorescence in E. coli WT, ΔtolC, and Δ(tolC,
arfA, arfB) strains in the presence of increasing concentrations of KKL-35.
(A) E. coli WT GFP (green) and mCHERRY (red) fluorescence levels were measured over time in the
presence of serial dilutions of KKL-35. The spectrum starts with the maximum concentration (100
µM) in black and shades through to the minimum (0 µM) in white. The positive controls (ΔssrA for
GFP green fluorescence and ΔclpP for mCHERRY red fluorescence) are striped. (B and C) Same as
previous, but showing E. coli ΔtolC (B) and Δ(tolC, arfA, arfB) (C). Here the serial dilution of KKL-
35 is different, going from 1 µM (black) to 0 µM (white). The standard deviation is indicated for each
value.
IV - Article #5 | K. Macé et al. 195
F-,Δ(araD-araB)567,
CSGC 7636
E. coli BW25113 ΔlacZ4787(::rrnB-3), λ-, rph-1, Used as Wild Type (WT)
(2)
Δ(rhaD-rhaB)568, hsdR514
CGSC 8590
E. coli JW0427-1 BW25113 ΔclpP723::kan Clp AAA+ proteolysis pathway
(3)
CGSC 10058
E. coli JW2601-1 BW25113 ΔsmpB776::kan SmpB ; inactive trans-translation
(3)
E. coli WT ΔssrA E. coli strain W3110 ssrA tmRNA ; inactive trans-translation (4)
CGSC 10454
E. coli JW3253-1 BW25113 ΔyhdL728::kan alternative rescue system A (ArfA)
(3)
CGSC: 8433
E. coli JW0187-1 BW25113 ΔyaeJ788::kan alternative rescue system B (ArfB)
(3)
CGSC: 8898
E. coli JW0866-1 BW25113 ΔclpA783::kan ClpAP protease activity
(3)
CGSC: 8591
E. coli JW0428-1 BW25113 ΔclpX724::kan ClpXP protease activity
(3)
BW25113 ΔclpX724,
E. coli 6414 ClpXP or ClpAP protease activities This study
ΔclpA783::kan
CGSC: 11550
E. coli JW5741-1 BW25113 Δrnr-729::kan Ribonuclease R
(3)
CGSC 11430
E. coli JW5301-1 BW25113 ΔtolC732::kan TolC multidrug efflux pump
(3)
E. coli 6338 BW25113 ΔtolC732 TolC multidrug efflux pump or KanR This study
IV - Article #5 | K. Macé et al. 196
E. coli 6330 ΔtolC732, ΔclpP723::kan combination of both tolC and clpP deletions This study
BW25113 ΔtolC732,
E. coli 6338 combination of tolC, arfA, and arfB deletions This study
ΔyhdL728::kan, and ΔyaeJ788
CGSC: 11843
E. coli JW0451-3 BW25113 ΔacrA748::kan AcrAB multidrug efflux pump
(3)
CGSC: 8609
E. coli JW0452-2 BW25113 ΔacrB747::kan AcrAB multidrug efflux pump
(3)
CGSC: 11758
E. coli JW3233-2 BW25113 ΔacrE783::kan AcrEF multidrug efflux pump
(3)
CGSC: 10446
E. coli W3234-1 BW25113 ΔacrF784::kan AcrEF multidrug efflux pump
(3)
CGSC: 11548
E. coli JW5738-1 BW25113 ΔsugE775::kan SugE small multidrug resistance (SMR) family
(3)
CGSC: 8894
E. coli JW0862-1 BW25113 ΔmacA779::kan MacAB macrolide extrusion system
(3)
CGSC: 8895
E. coli JW0863-1 BW25113 ΔmacB780::kan MacAB macrolide extrusion system
(3)
CGSC: 11343
E. coli JW5363-1 BW25113 Δbcr-739::kan Bcr multidrug efflux pump
(3)
CGSC: 8620
E. coli JW0468-1 BW25113 Δfsr-761::kan Fsr fosmidomycin efflux pump
(3)
CGSC: 9005
E. coli JW1043-1 BW25113 ΔyceI726::kan Yce1 periplasmic protein
(3)
CGSC: 10099
E. coli JW2661-1 BW25113 ΔemrB767::kan EmrAB drug efflux system
(3)
CSGC : 11492
E. coli JW5634-1 BW25113 ΔemrD779::kan EmrD multidrug efflux pump
(3)
CGSC: 9408
E. coli JW1655-1 BW25113 ΔmdtK740::kan MdtABC drug efflux system
(3)
CGSC: 8370
E. coli JW0069-1 BW25113 ΔsetA777::kan SetA sugar / lactose exporter
(3)
CGSC: 8865
E. coli JW0826-2 BW25113 Δcmr-742::kan Cmr multidrug efflux pump
(3)
fhuA2 [lon] ompT gal (λ DE3)
[dcm] ∆hsdS
E. coli BL21 λ DE3 = λ sBamHIo ∆EcoRI-B E. coli B – BL21 DE3 (5)
int::(lacI::PlacUV5::T7 gene1) i21
∆nin5
F' proA+B+ lacIq Δ(lacZ)M15/
E. coli NM522 Δ(lac-proAB) glnV thi-1 Δ(hsdS- E. coli K12 – NM522 (6)
mcrB)5
Hfr(PO2A) bio+, relA1, spoT1,
cre-510, fhuA22, garB10, CGSC:4234
E. coli K10 E. coli K10
ompF627, fadL701, cre-510, (7)
mcrB1, pit-10
IV - Article #5 | K. Macé et al. 197
Staphylococcus
CIP 68.21 Gram-positive WT (10)
epidermidis
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IV - Article #5 | K. Macé et al. 199
Nous avons voulu pour cet article présenter et valider un système rapporteur de la trans-
traduction. Excepté la pyrazinamide, qui est un antibiotique spécifique de Mycobacterium
tuberculosis, la principale molécule connue comme inhibitrice de la trans-traduction est le
KKL-35. Nous avons donc été surpris par les premiers résultats obtenus avec le KKL-35, ne
donnant aucun signal d’inhibition de la trans-traduction ou des protéases liées à la trans-
traduction. En conséquence, nous avons dans un premier temps remis en question notre
système et vérifié de nombreux points, à commencer par la souche bactérienne utilisée, qui est
bien la même souche utilisée par l’équipe de Kenneth Keiler (BW β5113) lors de la
découverte du KKL-γ5. Nous avons également testé notre système avec d’autres souches d’E.
coli (BWΔtolC, DH5α, BLβ1, XL10). D’autre part, nous avons testé trois molécules de KKL-
35 provenant de sources différentes (un KKL-35 synthétisé par l’équipe de Pierre van de
Weghe (UMR6226, Institut des Sciences Chimiques de Rennes) et deux commerciaux (Sigma
et MolPort)). Enfin, différents protocoles ont été expérimentés (ajout du KKL-35 avant
l’induction à l’IPTG, pendant la phase exponentielle ou la phase stationnaire). Après de
nombreux échecs d’obtention d’effet du KKL-35 sur le système rapporteur, nous avons
conclu que si le KKL-35 inhibe la trans-tranduction, il ne s’agit pas de sa cible principale.
Pour confirmer cette hypothèse, nous avons réalisé des antibiogrammes avec le KKL-35 sur
des souches délétées des gènes ssrA, smpB, arfA et arfB, confirmant que la cible principale du
KKL-γ5 n’est pas la trans-traduction.
(A) Fluorescence verte avec une gamme de puromycine allant de 0 à 100µg/mL. (B) Identique à (A)
pour la fluorescence rouge.
Bien que la puromycine ne soit pas le témoin positif idéal tant recherché, elle témoigne
néanmoins de la nécessité d’un contrôle interne au système rapporteur. Effectivement, sans le
contrôle mCHERRY, l’augmentation du vert aurait pu être interprétée comme une inhibition
de la trans-traduction.
Enfin, le système peut être utilisé pour des études fondamentales de la trans-traduction in
vivo. Effectivement, comme observé au cours de ces expériences, l’activité de trans-
traduction et la prise en charge des protéines étiquetées varient en fonction des conditions de
croissance de la bactérie.
L’ensemble de ce travail laisse entrevoir des retombées très intéressantes pour la lutte contre
les maladies infectieuses d'origine bactérienne. En effet, cet outil servira de base
fondamentale pour la conception rationnelle de molécules spécifiques inhibant la trans-
traduction. Connaissant l'urgence en matière de découverte de nouveaux antibiotiques, la mise
au point de molécules bloquant la trans-traduction représenterait une avancée majeure vers la
découverte de nouvelles molécules à activité anti-bactérienne. Enfin, c’est un exemple de
valorisation d'une recherche fondamentale sur la trans-traduction.
V - Conclusion générale 203
V - Conclusion générale
Les travaux réalisés durant cette thèse ont contribué à l’amélioration des connaissances, aussi
bien fondamentales qu’appliquées, du mécanisme de la synthèse protéique. Tout d’abord
l’exploitation, l’analyse et l’interprétation de l’ensemble des connaissances sur l’ARNtm et de
son lien avec le monde ARN ont permis de proposer un article, singulier dans sa forme, sur
l’origine de synthèse protéique à partir de petites hélices d’ARN. L’obtention d’une structure
à haute résolution du facteur d’élongation EF-G en complexe avec le ribosome, nous a plongé
au cœur de la translocation et apporte des informations concrètes pour la compréhension de
son mécanisme. Notamment dans l’élucidation du fonctionnement de l’acide fusique, un
antibiotique ciblant la synthèse protéique. Effectivement de nombreux antibiotiques ciblent ce
mécanisme, mais l’augmentation du nombre de bactéries multi-résistantes nous contraint à
trouver de nouvelles cibles.
Une voie très prometteuse est le principal mécanisme de contrôle qualité de la synthèse
protéique bactérienne : la trans-traduction. Ainsi nous avons mis au point un système in vivo
rapporteur de son activité afin de tester de nouvelles molécules pour le développement de
futurs antibiotiques. Ce système rapporteur de la trans-traduction, validé par l’utilisation de
bactéries génétiquement modifiées, à mis en lumière que le KKL-35 ne cible pas la trans-
traduction comme précédemment annoncé.
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Liste des articles 223
Partie III - V.2 - Article #5 | K. Macé et al. - Non soumis ---------- 171
Liste des figures & tableaux 225
Tableau 2. Nouvelle nomenclature pour les protéines ribosomiques procaryotes de la grande sous unité.
............................................................................................................................................................... 43
Tableau 3. Nouvelle nomenclature pour les protéines ribosomiques procaryotes de la petite sous
unité.. ..................................................................................................................................................... 44
Tableau 4. Diversité et proportion de nucléotides modifiés pour les différents types d’ARN.. ............ 51
Figure 7. Les différentes étapes de l’arrivée d’un nouveau ARNt par EF-Tu au ribosome.------------ 59
Figure 11. Comparaison structural entre le complexe ternaire ARNt-EF-TuGTP et EF-GGTP. --- 65
Figure 13. Reconnaissance spécifique des codons stop par les facteurs RF1 et RF2. ------------------ 68
Figure 15. La rotation de la tête résulte de l'articulation concertée des charnières 1 et 2. ------------ 71
Figure 16. Ouverture et passage de l’ARNt de la porte G1338-A790 pendant la translocation. ------ 72
Figure 20. Les étapes précoces de la trans-traduction en structure 3D et schématique. -------------- 123
Figure 21. Les étapes de la purification des complexes 70S-RNase R. ---------------------------------- 125
Liste des figures & tableaux 227
Figure 22. Chromatogramme de la purification du complexe sur colonne Streptavidine. ------------ 126
Figure 23. Analyse du complexe 70S-RNase R par gel d’acrylamide et coloration négative. -------- 127
Figure 26. Utilisation thérapeutique des antibiotiques et apparition des premières résistances. ---- 151
Figure 27. Frise chronologique des découvertes de nouvelles classes d’antibiotique. ---------------- 152
Figure 28. Vue des étapes de la synthèse protéique ciblées par les principaux antibiotiques -------- 153
Figure 31. Structure au rayon X de bS1 lié à l’acide pyrazinoïde. --------------------------------------- 158
Figure 33. Structure des composés actifs contre la trans-traduction découverte par l’équipe de Keiler. - 160
Figure 34. Répartition de la présence d’ArfA et ArfB dans différentes espèces.------------------------ 161
Figure 38. Effet de la puromycin sur le système rapporteur de la trans-traduction. ------------------- 200
Liste des abréviations 229
POST post-translocation
PRE pré-translocation
pre-IC « pre-initiation complex »
PTC centre de transfert peptidique
PZA pyrazinamide
RBS « Ribosome Binding Site »
RF « Realease Factors »
RFF « Ribosome Recycling Factor »
RpoS « RNA polymerase sigma S factor »
S Svedberg
SD Shine-Dalgarno
SDS-PAGE « Sodium Dodecyl Sulfate – Polyacrylamide Gel Electrophoresis »
SmpB « Small Protein B »
SPF motif Serine-Proline-Phenylalanine
SRL α- Sarcin Ricin Loop
ssrA « small and stable RNA A »
TIR « translation initiation region »
TLD « tRNA-like domain » (domaine ARNt de l’ARNtm)
Annexes 233
Annexes
Annexes 234
Annexes de la Partie I
Annexes 235
C’est en 1984 que l’équipe de Jacques Dubochet a montré qu’il était possible d’observer des
objets hydratés après les avoir congelés dans un film de glace non cristallisé, appelée aussi
glace amorphe ou vitreuse. En prenant la précaution de maintenir l’échantillon à la
température de l’azote liquide, il devenait possible d’obtenir des images d’MET d’objets
biologiques à l’état quasi-natif. Cette technique, maintenant connue sous l’appellation de
Cryo-MET, ouvrait une nouvelle ère pour la microscopie électronique en biologie.
Bien auparavant, en 1968, DeRosier et Klug avaient démontré qu’à partir d’images de
différentes projections βD d’un même objet, en MET, il était possible de calculer sa structure
γD. Dès lors, l’utilisation combinée de la Cryo-MET et de la reconstruction 3D sur des
cristaux protéiques 2D ou des structures hélicoïdales, montrèrent le potentiel de la technique
pour identifier la position d’atomes individualisés (Kühlbrandt, 1994 ; Nogales, 1998).
Si l’existence d’une symétrie facilite la reconstruction γD, ce n’est pas le cas pour une grande
majorité des échantillons, notamment en ce qui nous concerne, le ribosome. Dans ce cas, des
Annexes 237
C’est à partir de β01γ que les avancées réalisées en Cryo-MET furent si rapides que le terme
de « Révolution » fut employé. Quelles sont donc les avancées à l’origine de cette
révolution ?
Etant donné que les dégâts d’irradiations limitent la quantité d’électrons utilisables, les images
en Cryo-MET sont intrinsèquement bruitées. Il est donc important d’enregistrer le maximum
d’électrons disponibles. La capacité d’un détecteur, ou DQE (Detective Quantum Efficiency),
exprime le taux de dégradation du signal dans le processus de détection. Un détecteur idéal
enregistrerait tous les électrons sans ajouter de bruit et aurait un DQE de 1. Jusqu’à
récemment le film photographique fut le détecteur de choix utilisé pour la haute résolution
grâce à ses grands champs d’acquisition et une bonne DQE (0,γ). Le fait de ne plus avoir à
révéler les films puis de les scanner a favorisé l’utilisation des caméras CCD (Charge Coupled
Device) bien qu’ayant une faible DQE (0,1). Cependant, c’est avec la mise sur le marché des
caméras à détection directe d’électrons que les avancées spectaculaires ont pu être réalisées.
Les trois types de caméra actuellement sur le marché présentent toutes une DQE supérieure au
film photographique (de 0.9 dans les basses fréquences à 0.2 à très haute fréquence). Enfin,
pour éviter que même à faible dose le détecteur soit saturé par les électrons, leur acquisition
est étalée dans le temps sous forme de séquences d’images (films).
Annexes 238
Deux développements dans le traitement des images, en synergie avec l’arrivée des nouveaux
détecteurs ont permis une avancée spectaculaire.
Le premier est directement lié aux propriétés des nouveaux détecteurs. Dès que les premiers
électrons du faisceau rencontrent le film de glace, au niveau de l’échantillon des liaisons
chimiques se brisent et des charges nouvelles se forment, entrainant des mouvements dans
l’échantillon qui conduisent à l’acquisition d’images floues. En β01β, Grigorieff et son équipe
ont été les premiers à exploiter les séquences d’images (movie mode) des nouveaux détecteurs
pour caractériser ces déplacements induits par le faisceau électronique. Ils démontrèrent que
le réalignement entre elles de ces séquences d’images pouvait corriger ces déplacements, et
permettre ainsi une amélioration significative du rapport signal sur bruit.
Ces trois dernières années, les premières améliorations de cartes de reconstruction furent
obtenues. Cette synergie entre l’apparition de nouveaux détecteurs et l’amélioration des
programmes d’analyse d’image fut inattendue et surprenante. D’une part, les images avec un
meilleur signal mènent directement à des cartes à haute résolution. D’autre part, ces images
moins bruitées permettent à ces nouveaux algorithmes d’être plus performants. Il en résulte
des données plus homogènes, dépourvues du flou lié à la dérive, il devient alors possible de
déterminer l’orientation de chaque particule avec précision. Le résultat de cet effet combiné à
la résolution finale des reconstructions a certainement été plus prépondérant que ce que nous
pouvions espérer. Des résolutions proches de la résolution atomique sont actuellement
obtenues pour des complexes de tailles inférieures à 200 kDa, démontrant le potentiel de la
Cryo-MET pour l’étude de structure dynamique ou encore d’interactions drogue/cible.
Principe de la soustraction du bruit induit par le reste d’un complexe. Adapté de X Bai & al,
2015, Elife. (A) Un modèle 3D d'un complexe d'intérêt dont on voudrait ignorer la partie jaune du
complexe et la partie du complexe d’intérêt est en rouge. (B) Une image expérimentale βD d’une
particule entière, auquel on retire le signal qu’on souhaite ignorer. (C) Après soustraction du signal et
reconstruction, on obtient une structure mieux résolu pour le domaine d’intérêt.
Annexes 241
Annexes de la Partie II
Annexes 242
Annexes du chapître :
MATERIALS:
Buffers:
Growth Medium:
Equipment:
PROCEDURE:
1| Pre cultivate E. coli streptag (Rpst – Kan) in 100mL of LB medium overnight with
Neomycin at a finale concentration of 50µg/mL.
5| Once the cultures reach an OD600nm of 0.8, divide the culture in 250mL BECKMAN
flacons.
6| Centrifuge at 6,000rpm for 15 minutes at 4°C. ■Rotor JA14, for the BECKMAN
J2-MC centrifuge
8| Centrifuge at 8,000rpm for 20 minutes at 4°C. ■ Rotor for Falcon tubes, for the
centrifuge Eppendorf 5804R Rotor JA14 for the BECKMAN J2-MC centrifuge
9| Discard the supernatant.
11| Thaw the pellet, weigh the sample and resuspend it in FP buffer with a ratio of
1.5mL for 1g of cells.
12| Lyse the cells with the French Pressure Cell Press. ■Pounds per inch:
16,000psi, by the French Pressure Cell SLM Aminco Thermo, model FA-073
13| Centrifuge at 11,000rpm for 1h at 4°C. ■Rotor for Falcon tubes, for the
centrifuge Eppendorf 5804R
▲TIP: We recommend storing in ice if not use immediately.
Annexes 246
14| Put carefully the supernatant above the high-salt sucrose cushion: 1 volume of
ribo_B buffer for 1 volume of supernatant in plastic tubes. ■Maximum volume of
16mL
15| Centrifuge at 30,000rpm for 20h at 4°C, or 40,000rpm for 10h. ■Rotor TI70, for
the BECKMAN L-90 ultracentrifuge
16| After the centrifuge, pellets will appear translucent with a yellow layer. The yellow
layer corresponds to the membranes and must be eliminated. The translucent pellet
is ribosomes and it's strongly fixed to tube. Discard the supernatant and wash several
times with 1mL of ribo_A buffer.
▲TIP: Let the tube upright on the ice to let the membranes come off by themselves
before washing the pellet.
20| The gradient is realized into thin polycarbonate tubes. ■By the Gradient Master
108 machine (Biocomp)
22| Once the gradients are ready, put the ribosomes sample at an equivalent of
200OD, drop by drop over each sucrose gradient. ■Maximum volume of 500µL
▲TIP: We recommend loading a small volume of ribosome for optimal resolution and
a better isolation of the 70S ribosomes.
23| Centrifuge at 23,000rpm, for 18h at 4°C. ■Rotor SW28, for the BECKMAN L-90
ultracentrifuge
24| Prepare the 1,5mL micro tubes to aliquot the gradients. ■About 80 tubes for
one gradient
25| After the centrifugation, aliquot the gradients 0,5mL by 0,5mL on the surface of
the tube.
Annexes 247
Figure 39: Measure of OD260nm of different fractions of E. coli 70S ribosomes purification
by a sucrose gradient
■For example, in this case, the 70S peak is obtained around the fifty-fourth
fraction. A weak plateau seems to show around the forty-sixth fraction.
▲TIP: We recommend avoiding taking the fractions too close to the 50S (first
fractions) because of the contaminations of the sample. Here, for each tube, we
chose to keep the fractions after this plateau, up to the twenty third fraction, before
the end of the absorbance peak.
28| Dilute into centrifuge tubes to 1 volume of ribosomes sample for 1 volume of
ribo_A buffer. ■Maximum volume of 16mL
▲TIP: We recommend gently mix the tubes up before the centrifuge for better
sucrose elimination efficiency.
29| Centrifuge at 30,000rpm for 20h at 4°C or 40,000rpm for 10h. ■Rotor TI70, for
the BECKMAN L-90 ultracentrifuge
30| After the centrifugation, discard the supernatant and wash 2-3 times with 500µL
of ribo_A buffer to eliminated a maximum of sucrose.
32| Pools, titrate and aliquots the sample into 20µL and store the sample at -80°C for
ulterior use
Annexes 249
▲TIP: We recommend using ultrapure MiliQ water or RNase free water and to
sterilize it through a 0.22µm filter, to avoid the contamination of the sample.
Buffers:
Growth Medium:
Equipment:
PROCEDURE:
4| Once the culture reach an OD600nm of 0.5, add 1mM of IPTG. ■To induce the
production of tmRNA
6| After the induction with IPTG for 4 hours, centrifuge at 6,000rpm for 15 minutes at
4°C. ■Rotor JA14, for the BECKMAN J2-MC centrifuge
7| Discard the supernatant and pool and resuspend the pellets into 20mL of Saline at
a concentration of 9g/L of NaCl in one 50mL falcon tube.
Annexes 251
8| Centrifuge at 6,000rpm for 15 minutes at 4°C. ■Rotor for Falcon tubes, for the
centrifuge Eppendorf 5804R
11| Thaw the pellet, weigh the sample and resuspend it in Lyse buffer with a ratio of
1.5mL for 1g of cells.
12| Lyse the cells with the French Pressure Cell Press. ■Pounds per inch:
16,000psi, by the French Pressure Cell SLM Aminco Thermo, model FA-073
13| Centrifuge at 25,000rpm for 30h at 4°C. ■Rotor TI50.2, for the Ultracentrifuge
BECKMAN L-90
His-trap column
21| Elute the RNaseR ■Recommended speed of 0.2mL/min and fraction size of
1mL
IV – RNaseR concentration
22| Centrifuge the filtering device ■Amicon Ultra, 15mL of capacity and 50kDa of
Millipore with of the Concentration Buffer at 8,000rpm for 15min at 4°C ■Rotor for
Falcon tubes, for the centrifuge Eppendorf 5804R
▲TIP: We recommend keeping the filter of drying.
24| Load the sample with the appropriate fractions depending on the desired
concentration.
26| Once all of the fractions are loaded and centrifuged, load of the Concentration
Buffer and centrifuge at to eliminate the imidazole.
▲TIP: We recommend centrifuging several times with the Concentration Buffer so
that the concentration of the imidazole is diluted about 0.001mM of concentration.
Annexes 253
▲TIP: We recommend using ultrapure MiliQ water or RNase free water and to
sterilize it through a 0.22µm filter, to avoid the degradation of the tmRNA and the
contamination of the sample. It is also advisable to sterilize some water, cones, micro
pipettes and micro tubes.
Buffers:
Growth Medium:
LB Medium: ■Recommended volume: 2x2L
LB Broth 40g
H2O added up to 2L
Equipment:
PROCEDURE:
1| Pre cultivate E. coli ΔssrA ■Containing the transformed T7 with the pGEMEX-
tmRNA plasmid-E+1 and the pGEMEX-tmRNA-GFP11 helix in 100mL of LB
medium overnight with Kan30 ■Cassette of chromosomic resistance integrated in
the gene ssrA and with Amp50. ■Resistance of pGEMEX
4| Once the culture reach an OD600nm of 0.5, add 1mM of IPTG. ■To induce the
production of tmRNA
6| After the induction with IPTG for 2 hours, centrifuge at 8,000rpm for 10 minutes at
4°C. ■Rotor JA14, for the BECKMAN J2-MC centrifuge
7| Discard the supernatant and resuspend the pellets into 10mL of TMN Solution.
and pool them in 50mL falcon tubes.
8| Centrifuge at 8,000rpm for 20 minutes at 4°C. ■ Rotor for Falcon tubes, for the
centrifuge Eppendorf 5804R
III – Lysis of bacterial cells / DNA, RNA and proteins retrieval ●TIMING 2 hours
10| Thaw the pellet, weigh the sample and resuspend it in TMN solution with a ratio
of 1.5mL for 1g of cells.
11| Lyse the cells with the French Pressure Cell Press. ■Pounds per inch:
16,000psi, by the French Pressure Cell SLM Aminco Thermo, model FA-073
13| Add 20mL of phenol (especially for RNA use, pH 4.3) and 2mL of SDS 10% ■The
phenol allow extracting the proteins and the pH at 4.3 destabilize the DNA
▲TIP: We recommend dividing in two falcon tubes to facilitate the agitation.
Annexes 256
15| Centrifuge at 12,000rpm for 10 minutes at 20°C ■Rotor for Falcon tubes, for
the centrifuge Eppendorf 5804R
16| Gently transfer with a micro pipette the aqueous phase (superior phase) of the
two tubes in two new 50mL falcon tubes.
▲TIP: We recommend letting some aqueous phase to be sure not to have some
organic phase in your sample and to recentrifuge at 12,000rpm for 10 minutes at
20°C ■Rotor for Falcon tubes, for the centrifuge Eppendorf 5804R if some
organic phase is drawn.
17| Add absolute ethanol in each tube: 2.5 volume of absolute ethanol for 1 volume
of supernatant.
18| Take the ball off DNA off with a Pasteur pipette bend at the extremity
▲TIP: We recommend bending the Pasteur pipette so that the bend extremity is big
enough to move around the bottom of the Falcon tube in order to retrieve a maximum
of DNA.
19| After taking off the ball of DNA there is still small filament of DNA in the falcon
tubes. Shake the tubes up and let them rest for 15 minutes. Transfer the liquid phase
into another tube without drawing the DNA into it.
▲TIP: We recommend letting some liquid to be sure to not transferring the DNA into
the new Falcon tube.
20| Centrifuge the rest of the liquid with the DNA at 6,000rpm for 10 seconds at 20°C
and pool the supernatant with the previous one. ■Rotor for Falcon tubes, for the
centrifuge Eppendorf 5804R
21| Add 0.1 volume of sodium acetate 3M for one volume of sample in each tube.
23| Centrifuge at 12,000rpm for 10 minutes at 0°C. ■Rotor for Falcon tubes, for the
centrifuge Eppendorf 5804R
26| Let the pellets completely dry off by opening the tubes to eliminate a maximum of
ethanol.
▲TIP: We recommend drying the pellets off under a fume hood to speed up the
evaporation.
Annexes 257
27| Pool and resuspend the two pellets in 4mL of TMN Solution.
28| Add 4mL of phenol (especially for RNA use, pH 4.3) and vortex the sample for 1
minute.
29| Centrifuge at 12,000rpm for 10 minutes at 20°C. ■Rotor for Falcon tubes, for
the centrifuge Eppendorf 5804R
30| Transfer the aqueous phase (superior phase) in a smaller falcon tube of 15mL of
capacity.
31| Add 2.5 volume of absolute ethanol and 0.1 volume of 3M pH5.2 Sodium acetate
Solution for 1 volume of sample.
34| Centrifuge at 12,000rpm for 10 minutes at 0°C. ■Rotor for Falcon tubes, for the
centrifuge Eppendorf 5804R
35| Discard the supernatant and wash the pellet by 75% ethanol.
36| Let the pellets completely dry off by opening the tubes to eliminate a maximum of
ethanol.
▲TIP: We recommend drying the pellets off under a fume hood to speed up the
evaporation.
43| Centrifuge at 12,000rpm for 5 minutes at 20°C. ■Rotor for micro tubes, for the
centrifuge Eppendorf 5804R
47| Centrifuge at 12,000rpm for 5 minutes at 20°C. ■Rotor for micro tubes, for the
centrifuge Eppendorf 5804R
48| Discard the supernatant and wash the pellet by 75% ethanol.
49| Let the pellets completely dry off by opening the tubes to eliminate a maximum of
ethanol.
▲TIP: We recommend drying the pellets off under a fume hood to speed up the
evaporation.
53| Add 55µL of DNase buffer 10X and 3µL of DNase I. ■Rnase free; NEB
56| Load the sample in the 5% polyacrylamide gel at 400V, 10W in TBE 1X until the
bromophenol blue exit the gel. ■About 3 hours
57| Reveal the gel by an UV shadow. ■Thomas Scientific, E-Series Corded Hand-
Held UV Lamps
58| Cut the stripe corresponding to the tmRNA into small pieces. ■tmRNA ~ 363nt
59| Put the pieces into a 15mL falcon tube with 5mL of elution buffer.
62| Centrifuge at 11,000rpm for 10 minutes at 20°C. ■Rotor for Falcon tubes, for
the centrifuge Eppendorf 5804R
64| Centrifuge at 11,000rpmfor 10 minutes at 20°C. ■Rotor for Falcon tubes, for
the centrifuge Eppendorf 5804R
66| Add 1mL of 100% ethanol and 44µL of 3M pH5.2 Sodium acetate Solution.
Annexes 259
69| Centrifuge at 11,000rpm for 15m minutes at 0°C. ■Rotor for Falcon tubes, for
the centrifuge Eppendorf 5804R
70| Discard the supernatant and let the pellets completely dry off by opening the
tubes to eliminate a maximum of ethanol and incubate at 37°C.
▲TIP: We recommend drying the pellets off under a fume hood to speed up the
evaporation.
72| Premigrate the 10% polyacrylamide gel for 30 minutes at 200V in TBE 1X.
74| Load the sample in the 10% polyacrylamide gel at V/W in TBE 1X until the blue
band exit the gel ■About 1 hour
77| Reveal the 10% polyacrylamide gel with a BET dye (3µL + 50mL of TBE 1X) by
an UV table
Annexes 260
PICTURES:
Figure 40: Before the bacterial lysis Figure 41: After the bacterial lysis
Step 56|
Step 58
AseI at|taat 60
MseI t|taa 60
SwaI attt|aaat 46
BamHI g|gatcc 37
XhoI c|tcgag 31
NsiI atgca|t 29
BfrBI atg|cat 27
HpaI gtt|aac 19
1 GTAAAACGACGGCCAGTtaacttatgcatctcgagggatccatttaaattgTTGACAatt
1 10 20 30 40 50
61 M R F K V H M E G S V N G H E F E I E G
181 TCATGCGCTTCAAGGTGCACATGGAGGGCTCCGTGAACGGCCACGAGTTCGAGATCGAGG
181 190 200 210 220 230
81 E G E G R P Y E G T Q T A K L K V T K G
241 GCGAGGGCGAGGGCCGCCCCTACGAGGGCACCCAGACCGCCAAGCTGAAGGTGACCAAGG
241 250 260 270 280 290
101 G P L P F A W D I L S P Q F M Y G S K A
301 GTGGCCCCCTGCCCTTCGCCTGGGACATCCTGTCCCCTCAGTTCATGTACGGCTCCAAGG
301 310 320 330 340 350
121 Y V K H P A D I P D Y L K L S F P E G F
361 CCTACGTGAAGCACCCCGCCGACATCCCCGACTACTTGAAGCTGTCCTTCCCCGAGGGCT
361 370 380 390 400 410
141 K W E R V M N F E D G G V V T V T Q D S
Annexes 265
421 TCAAGTGGGAGCGCGTGATGAACTTCGAGGACGGCGGCGTGGTGACCGTGACCCAGGACT
421 430 440 450 460 470
201 P E D G A L K G E I K Q R L K L K D G G
601 ACCCCGAGGACGGCGCCCTGAAGGGCGAGATCAAGCAGAGGCTGAAGCTGAAGGACGGCG
601 610 620 630 640 650
221 H Y D A E V K T T Y K A K K P V Q L P G
661 GCCACTACGACGCTGAGGTCAAGACCACCTACAAGGCCAAGAAGCCCGTGCAGCTGCCCG
661 670 680 690 700 710
241 A Y N V N I K L D I T S H N E D Y T I V
721 GCGCCTACAACGTCAACATCAAGTTGGACATCACCTCCCACAACGAGGACTACACCATCG
721 730 740 750 760 770
261 E Q Y E R A E G R H S T G G M D E L Y K
781 TGGAACAGTACGAACGCGCCGAGGGCCGCCACTCCACCGGCGGCATGGACGAGCTGTACA
781 790 800 810 820 830
321 L D G D V N G H K F S V S G E G E G D A
961 ATTAGATGGTGATGTTAATGGGCACAAATTTTCTGTCAGTGGAGAGGGTGAAGGTGATGC
961 970 980 990 1000 1010
1021 AACATACGGAAAACTTACCCTTAAATTTATTTGCACTACTGGAAAACTACCTGTTCCATG
1021 1030 1040 1050 1060 1070
361 P T L V T T F G Y G V Q C F A R Y P D H
1081 GCCAACACTTGTCACTACTTTCGGGTATGGTGTTCAATGCTTTGCGAGATACCCAGATCA
1081 1090 1100 1110 1120 1130
381 M K Q H D F F K S A M P E G Y V Q E R T
1141 TATGAAACAGCATGACTTTTTCAAGAGTGCCATGCCCGAAGGTTATGTACAGGAAAGAAC
1141 1150 1160 1170 1180 1190
421 T L V N R I E L K G I D F K E D G N I L
1261 TACCCTTGTTAATAGAATCGAGTTAAAAGGTATTGATTTTAAAGAAGATGGAAACATTCT
1261 1270 1280 1290 1300 1310
441 G H K L E Y N Y N S H N V Y I M A D K Q
1321 TGGACACAAATTGGAATACAACTATAACTCACACAATGTATACATCATGGCAGACAAACA
1321 1330 1340 1350 1360 1370
461 K N G I K V N F K I R H N I E D G S V Q
1381 AAAGAATGGAATCAAAGTTAACTTCAAAATTAGACACAACATTGAAGATGGAAGCGTTCA
1381 1390 1400 1410 1420 1430
501 N H Y L S T Q S A L S K D P N E K R D H
1501 CAACCATTACCTGTCCACACAATCTGCCCTTTCGAAAGATCCCAACGAAAAGAGAGACCA
1501 1510 1520 1530 1540 1550
521 M V L L E F V T A A G I T H G M D E L Y
1561 CATGGTCCTTCTTGAGTTTGTAACAGCTGCTGGGATTACACATGGCATGGATGAACTATA
1561 1570 1580 1590 1600 1610
581 T G S A V F F S L L N Q A S N K T K G S
1741 GACAGGATCGGCGGTTTTCTTTTCTCTTCTCAACCAGGCATCAAATAAAACGAAAGGCTC
1741 1750 1760 1770 1780 1790
II.2) Tableau répertoriant les positions des sites de restrictions du système rapporteur de la trans-
traduction.
(Nom et Prénom)
Rennes, le
David ALIS
Le Président de Jury,
(Nom et Prénom)
Résumé
Le travail retranscrit dans cette thèse regroupe l’étude de différents processus biologiques impliqués
dans la synthèse protéique bactérienne. Dans un premier chapitre, les origines de la synthèse protéique
au temps du monde ARN sont traitées en guise d’introduction. Ce travail théorique se poursuit par la
présentation d’une structure à haute résolution du facteur d’élongation G (EF-G) en complexe avec le
ribosome par cryo-microscopie électronique à transmission (cryo-MET). Grâce aux avancées
techniques de la cryo-MET, nous avons observé pour la première fois EF-G lié au ribosome en
l’absence de tout inhibiteur. Cet état particulièr d’EF-G permet de visualiser une flexibilité de son
doamine III. Cette étude permet aussi de rationaliser le fonctionnement de l’antibiotique acide
fusidique. Nous nous sommes ensuite intéressés aux voies de sauvetage de la synthèse protéique et
plus particulièrement de la trans-traduction. Ce mécanisme fascinant permet le recyclage des
ribosomes bloqués sur un ARN messager défectueux. Cette voie de sauvetage est généralement vitale
ou alors indispensable pour la virulence bactérienne. Nous avons réalisé une étude structurale
préliminaire de la dégradation de l’ARNm défectueux durant ce processus. Après une revue traitant du
sujet, nous présentons une étude de la trans-traduction comme cible pour le développement de
nouveaux antibiotiques. Pour cela, nous avons mis au point un système rapporteur avec contrôle
interne de l’activité trans-traductionnelle bactérienne. Après avoir mis au point ce système et validé
son utilisation, nous l’avons exploité en testant des molécules ciblant la trans-traduction.
Mots clés
Acide fusidique - Antibiotiques - ARNtm - Cryo-MET - EF-G - Ribosome - SmpB - Structure - Synthèse
protéique – trans-traduction - 70S
Abstract
The current PhD work brings together various studies linked to bacterial protein synthesis. The first
chapter is about the origins of protein synthesis at the time of the RNA world. This theoretical work
continues with the presentation of a high-resolution structure of the elongation factor G (EF-G) in
complex with the ribosome by cryo-electron transmission microscopy (cryo-TEM). We describe for
the first time EF-G bound to the ribosome in the absence of any inhibitor. This particular structure of
EF-G displays a yet unseen positioning of its third domain, which becomes very flexible. This study
helps to understand the way the antibiotic fusidic acid blocks translation. The work then switches to a
study of trans-translation, the main rescuing system of stalled ribosomes in bacteria. Trans-translation
is generally vital or at least necessary for bacterial virulence. We conducted a preliminary structural
study on the way faulty mRNAs are degraded during this process. This is why we present a study of
trans-translation as a target for the development of new antibiotics. For this we developed and
validated a reporter system for trans-translation, which is used to screen molecules targeting trans-
translation.
Key words
Antibiotics - Cryo-EM - EF-G - Fusidic acid - Protein synthesis - Ribosome - SmpB - Structure - tmRNA -
trans-translation - 70S