(Corneille Et Racine) : Le Théâtre Classique Français Au Xvii Siècle
(Corneille Et Racine) : Le Théâtre Classique Français Au Xvii Siècle
Summary of research
The seventeenth century is one of the most important eras in the history of
France. It is the era of King Louis XIV, who was surnamed as the King Sun, of
absolute monarchy and of classical literature and of statesmen and grand men of
literature, philosophy and arts immortalized by the history of France such as
Louis XIII, Louis XIV, Richelieu, Mazarin, Corneille, Descartes, Pascal,
Molière, Racine and La Fontaine.
The French classic theater knew his maximum prosperity in this century
and dominated the stage during the next two centuries until the literature battle
of Hernani of Victor Hugo took place in the nineteenth century which marked
the end of the classical period.
It is said that the literature works are an expression of a moment of
history and it is closely related and linked to that moment and that these actions
cannot be explained without their historical contexts. The seventeenth century
embodies this theory where it is difficult to understand the classic French theater
without examining what were the moral, social and political lives during that
century.
For all these reasons we have chosen this remarkable century and in
particular the tragic classical theater in the seventeenth century to be our domain
of research and we did not find better than the two giants Pierre Corneille and
Jean Racine to represent this theater in all its greatness and prosperity.
Sommaire
On dit que les œuvres littéraires sont l’expression d’un moment de
l’histoire, qu’elles s’y relient, qu’elles ne s’expliquent pas sans lui. Et le XVII e
siècle incarne par excellence cette théorie.
C’est le siècle qui est l’un des plus importants durant l’histoire de la
France. C’est le siècle du Roi soleil, de la monarchie absolue et c’est du
classicisme. C’est le siècle des grands hommes de politique et des Lettres: Louis
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Le théâtre classique français Au XVIIe siècle (Corneille et Racine) ……….
Mazin Akram Fadhil
XIII, Louis XIV, Richelieu, Mazarin, Corneille, Descartes, Pascal, Molière,
Racine et La Fontaine.
Le théâtre a connu ses pleins développements pendant ce siècle, et le
théâtre classique a régné sur la scène française pendant deux siècles jusqu’à la
bataille d’Hernani de Victor Hugo au XIXe siècle. C’est difficile de comprendre
ce théâtre classique sans étudier ses rapports avec la vie sociale, politique et
moral du siècle.
Dans cette étude, j’ai essayé d’étudier le théâtre tragique pendant le
e
XVII siècle à travers ses deux géants: Pierre Corneille et Jean Racine qui
incarnent, chacun, une période distinguée dans la vie politique, littéraire et
culturelle de la France pendant ce siècle, et qui incarne, par excellence le théâtre
tragique français au XVIIe siècle dans toutes ses grandesse et prospérité.
Introduction
Le XVIIe siècle comporte deux époques distinguées: L’époque du
généreux1, caractérisé par une grande activité réformatrice dans tous les
domaines et l’époque de l’honnête homme2, caractérisée par l’abondance et la
perfection des œuvres dans tous les genres (1600-1690).
Le XVIIe siècle se distingue par sa grandeur. C’est le siècle pendant
lequel la France domine l’Europe par l’éclat des Lettres et des Arts autant que
par les armes. C’est le siècle du classicisme et des années glorieuses du règne de
Louis XIV qui correspondent au plein épanouissement de la littérature classique
et « on a souvent lié la gloire littéraire et artistique du XVII siècle à la gloire de
Louis XIV. »3
Les facteurs sociologiques sur les arts et les belles-lettres, s’expriment
par le lien étroit qui unissait, au XVIIe siècle, les événements politiques aux
créations littéraires et artistiques. Il existait un rapport important entre le
mouvement qui conduit au triomphe du classicisme et celui qui assure
l’établissement de l’ordre et de l’autorité. La bourgeoise, sous Louis XIV, donne
à la France, à la fois, ses grands ministres et ses plus beaux génies littéraires.4
1
Le généreux est un homme bien né, qui va droit au but par un effort de volonté héroïque, sans calculer les
obstacles, soutenu par la force de sa raison, le sentiment de sa valeur et l’estime du public. Pour plus
d’informations voir Geslin, L.; Manuel pratique de littérature II ; Edition de Gigord; Paris 1960 ; p. 54
2
L’honnête homme: c’est l’homme qui, quelle que soit sa place dans la société, sait y pratiquer l’art de plaire.
Cet art de plaire ou “honnêteté” est la fleur de l’éducation sociale commencé dans les “chambres des dames”, au
temps de la courtoise, développé dans les cercles italiens de la Renaissance puis revenue en France. L’honnête
homme obéit aux trois impératifs de la raison, du naturel, du goût, et il ne redoute rien tant que le ridicule. Ibid.
p.83
3
Tourand, J. –C. Introduction a la vie littèraire du XVIIe siècle, éd. Bordas, Paris 1970, p. 171
4
Ubersfeld, Annie et Desné, Roland; Manuel d’histoire littéraire de la France, tome II, éd. Sociales, Paris 1966,
pp. 18-34
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Deux grands événements marquent cette période: l’échec de la Fronde et
le recul de de la féodalité. C’était un tournant des lettres françaises, aussi bien
que de l’histoire française. Après tant de troubles et d’incertitudes, les gens les
plus éclairés de la nation aspirent à un ordre national et stable.
Pour les historiens comme pour les critiques, le XVIIe siècle s’étend de
1610 (mort d’Henri IV et la régence de Marie de Médicis mère de Louis XIII) à
1715 (mort de Louis XIV). Ce siècle est souvent appelé le siècle de Louis XIV
et a connu des périodes très importantes de l’histoire de la France comme : La
régence de Marie de Médicis ; le règne de Louis XIII et la domination de
Richelieu ; la régence d’Anne d’Autriche et le pouvoir de Mazarin et le long
règne personnel de Louis XIV.
Deux ministres organisent, à leur profit, le pouvoir sans limites du
souverain. Et pour que le système atteignît sa perfection, il ne manquait plus
qu’un roi capable de supporter un change si écrasant: ce roi fut Louis XIV. Le
système politique s’appuyait sur une théorie, élaborée par des légistes et des
théologiens, qui considérait le roi comme représentant de Dieu sur terre, alors il
n’est responsable devant aucun pouvoir humain, il est responsable devant sa
conscience et devant Dieu. C’est la monarchie absolue de droit divin.
La personne du roi était entourée d’un tel culte qu’autour de lui tous les
rangs sont en quelque manière égalisés et la noblesse de cour se trouve en fait
domestiquée. Versailles devient le centre d’attraction. Pour être quelque chose
en France, il faut avoir été présenté au roi, remarqué par lui. C’est la cour qui
impose la mode, le goût, le bon ton. Mais la cour ; c’est avant tout le roi lui-
même que les courtisans s’efforcent d’imiter en tout point.
Louis XIV avait le goût des Lettres et des Arts, il aimait tout ce qui est
grand et majestueux. Il appréciait les œuvres de Molière et le protège. Il a
consacré la renommée de Racine, Boileau et Bossuet. Mais avec tout son
autoritaire absolu il n’avait pas imposé une ligne à la littérature. Il sent que le
génie est incompatible avec la servilité. Le triomphe du classicisme est lié au
règne de Louis XIV et à la personne même du roi.
Le XVIIe siècle hérite du XVIe siècle une ardeur conquérante, optimiste et
fougueuse, un idéal de vie romanesque et héroïque. L’idéal de cette génération
sera les généreux de Descartes, le héros cornéliens, et aussi le seigneur
chevaleresque, galant et téméraire, de la Fronde. Les passions sont dominées par
la raison, mais non point humiliées par elle, Corneille croit aux passions nobles
comme il croit en l’homme.5
5
Lagarde, André et Michard, Laurent; XVIIe siècle, Les Grands auteurs français du programme III; Bordas;
Paris 1964; p.11
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Dans ce siècle chrétien, une doctrine théologique autorise la foi dans la
liberté et la grandeur de l’homme; c’est le molinisme conçu par les jésuites. En
dépit de la faute originelle, l’homme peut quelque chose pour son salut. Il n’y a
pas lieu, par conséquent, de désespérer de l’homme; le stoïcisme est conciliable
avec la foi chrétienne.
A cet optimisme va succéder, vers le milieu du siècle, une attitude morale
bien différente. La Fontaine et Molière ne croient plus au stoïcisme, sans tomber
pour autant dans le pessimisme: ils ne pensent pas qu’on puisse beaucoup
compter sur l’homme, ni beaucoup lui demander. Ce serait naïveté de croire
qu’il est naturellement bon ou raisonnable. Tous deux sont plus sensibles aux
défauts ou vices des hommes qu’à leurs vertus; ils ne croient pas cependant que
l’espèce humaine soit foncièrement corrompue.
Un pessimisme profond apparaît au contraire dans l’œuvre de La
Rochefoucauld et de Racine: l’homme est esclave de son amour-propre et de ses
passions. Les passions sont mauvaises en elles-mêmes; or la raison et la volonté
sont impuissantes à les maîtriser. On reconnaît ici l’analyse pessimiste de Pascal
et du jansénisme. La littérature peint l’âme en état de péché, condamnée à la
damnation éternelle si elle n’est pas secourue par la grâce de Dieu. Il faut quitter
le monde et ses tentations si l’on veut échapper à l’abîme du péché.
Vers la fin du XVIIe siècle bien des idées qui semblaient définitivement
acceptées se trouvent remises en question à la fin du siècle. Les échecs de la
guerre de la Succession d’Espagne et la misère du royaume diminuent le
prestige du souverain. Les problèmes politiques et sociaux que le classicisme
avait écartés retiennent l’attention des esprits les plus éclairés. On ose discuter le
principe de la monarchie absolue, l’autorité de la religion, inséparable à cette
époque de celle du roi, est également critiquée. Certains appliquent au domaine
de la foi la méthode cartésienne d’examen rationnel. Ainsi, de nombreux signes
annoncent, à la fin du XVIIe siècle, une nouvelle phase dans l’histoire de la
pensée française.
La tragédie
La tragédie est un terme d'origine grecque : tragoedia. « Œuvre
dramatique en vers, présentant une action tragique dont les évènements, par le
jeu de certaines règles ou bienséances se traduisent essentiellement en conflits
intérieurs chez des personnages illustres aux prises avec un destin
exceptionnel. »6 Dans l'antiquité, la tragédie est liée au culte du dieu Dionysos.
Les tragédiens les plus connus de nos jours sont les dramaturges grecs Sophocle
et Euripide. Seules sept pièces nous sont parvenues, dont les plus célèbres sont
Œdipe roi, Antigone et Électre.
6
Robert, Paul, Le Petit Robert, Dictionnaire de langue française, version électronique, Paris, 2009
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C’est un genre imitatif « qui passait pour le genre noble et sérieux par
excellence »7 et qui représente des personnages de haut rang pris dans des
situations extrêmes et engagés dans un conflit, dont la nature varie au fil des
époques. En Angleterre, c’est Shakespeare qui représente cette tragédie, En
Espagne c’est Cervantès et en France ce sont Pierre Corneille et Jean Racine.
La tragédie française, qui arriva à sa perfection avec Racine après 1660,
était le résultat d’un effort qui a commencé dès le début du XVI e siècle pour
donner la France un théâtre capable de rivaliser avec la tragédie antique.
Pendant la seconde moitié du XVIe siècle, les auteurs dramatiques cherchaient
leur voie dans différentes directions; ils essaient de formuler des règles et de s’y
conformer.
Au début du XVIIe siècle, on hésite entre la tragédie, la tragi-comédie, la
pastorale et aucun de ces genres n’ayant encore de forme bien définie et de
règles nettement établies et généralement acceptées. Le plus grand dramaturge
de cette période était Alexandre Hardy qui écrivit pour le public et pour les
acteurs des pièces qui étaient destinées à être jouées et non pas simplement à
être lues dans un public de lettrés. En ce sens, il peut être considéré comme le
premier homme de théâtre dans la littérature française. De cette production et
des discussions auxquelles se livrent les auteurs et les critiques, émergent
quelques idées qui ont trouvé leur expression, dans la fameuse règle des trois
unités du la tragédie: unité d’action, unité de temps et unité de lieu. Boileau a
résumé ainsi ces trois unités:
Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.8
La tragédie en France avait connu son succès en deux siècles et continua à
exister jusqu’au XIXe siècle où elle trouva sa fin avec Hernani de Victor Hugo.
La tragédie française au XVIIe siècle
Le XVIIe siècle français est, par excellence, le siècle du théâtre. La
littérature classique a trouvé dans le théâtre son mode d’expression favori. Au
début du siècle, les bateleurs connaissent un vif succès dans les foires de Saint-
Germain et Saint-Laurent. D’autre part, des comédiens parcourent la province,
jouant de ville en ville sur des scènes improvisées. A Paris, les Confrères de la
Passion avaient gardé le monopole des représentations. En 1599, ils cèdent leur
privilège et leur salle à la troupe de Vallenar-Lecomte. Cette compagnie
s’installa à Paris en 1628sous le nom de “Troupe Royale” et joua d’abord des
farces puis des tragédies. En 1658 la troupe de Molière revient à Paris sous le
titre de “Troupe de Monsieur” et en 1661, elle s’installe au Palais-Royal, où elle
7
Puzin, Claude, Litterature, Textes et documents, XVIe siècle, éd. Nathan, Paris 1997, p. 173
8
Des Granges, CH. –M; La littérature expliquée; Hatier; Paris 1935, p. 88
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partage la place avec les Comédiens italiens. En 1680, Louis XIV approuva la
fusion entre les troupes de l’Hôtel Guénégaud et de l’Hôtel de Bourgogne
réconciliées, et accorde un privilège à la compagnie ainsi formée (les Comédiens
français).
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Corneille
Pierre Corneille9, né le 6 juin 1606 à Rouen, auteur du Cid, est un
Dramaturge français qui rénova la comédie et fut l'un des plus grands auteurs de
tragédies de son siècle. L'œuvre de Corneille est extrêmement variée. En
quarante-cinq ans, il écrivit plus d'une trentaine de pièces (comédies, tragi-
comédies, tragédies, pièces à machine, comédies héroïques) et explora les
nombreuses ressources de l'art dramatique, à une période où le théâtre
connaissait de profonds bouleversements.
Rien ne semblait destiner Corneille au théâtre, lorsque un amour
malheureux lui inspira une comédie intitulé Mélite. Puis il fait représenter de
1633 à 1636 plusieurs comédies et en 1636 il obtient un triomphe avec le Cid
qui constitue une de ces quatre chefs-d’œuvre: le Cid, Horace, Cinna et
Polyeucte.
La querelle du Cid
Alors que le succès public du Cid le consacrait avec éclat dans son métier
de dramaturge, Corneille envisagea ce qu'on appelle «la querelle du Cid». Cette
polémique naquit de conflits d'intérêts divers et des jalousies aiguisées par le
succès de la pièce, mais elle donna lieu à un débat intéressant sur la formation de
l'esthétique classique. Les ennemis de Corneille lui reprochèrent de n'avoir pas
respecté ce qui constitue l'idéal classique au théâtre, notamment les règles de la
vraisemblance et de la bienséance, celle des trois unités, ainsi que celle qui
préconise la séparation distincte des tons et des genres.
Richelieu a réuni une équipe de cinq auteurs chargés de mettre en forme
des canevas qu'il imagine: Boisrobert, Colletet, L'Estoile, Rotrou et Corneille; ce
dernier rompt avec cette société et fait scandale en 1637 avec sa tragi-comédie
du Cid, puis paraît se rallier à l'esthétique du Cardinal en donnant coup sur coup
trois tragédies régulières: Horace, Cinna et Polyeucte.
En un temps où Richelieu paraît un monstre, Corneille n'acceptera jamais
la subordination du théâtre à la politique, ni le rôle de poète officiel du régime. Il
exalte la haute noblesse (le Cid) , il rappelle que l'auxiliaire du roi n'est pas au-
dessus des lois (Horace), il montre un monarque osant retrouver sa gloire
autrement que par des représailles (Cinna), il reprend l'idée chrétienne que le
vrai royaume n'est pas de ce monde (Polyeucte). Le théâtre cornélien s'oppose à
sa manière à la politique du Cardinal. De 1643 à 1651, du décès du Cardinal, le
théâtre cornélien reflète à sa manière la crise d'identité que traverse la France
sous la régence d'Anne d'Autriche. Puis Corneille s'engage dans le combat
politique pour le maintien de la monarchie avec deux tragédies, Nicomède et
Pertharite, qui tentent de faire la part des torts des deux camps.
9
Des Granges, CH. –M et Boudout, J.; Histoire de la littérature française; Hatier; Paris 1962; p. 361
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La tragédie cornélienne
Bien que Corneille ait plusieurs rivaux parmi ses contemporains, ce
fut lui qui assura définitivement le succès du genre tragique. Son activité s’étend
sur plus d’un demi-siècle. Il débuta par des comédies, mais il écrivit plus de dix-
neuf tragédies. C’est pendant la période qui s’entend de 1636 à 1644 qu’il donna
ses chefs-d’œuvre: Horace (1640), Cinna (1640), Polyeucte (1642), Rodogue
(1644). Après 1660, il a dû lutter contre un fort rival, Racine, qui lui ravit la
faveur du public.
Si l’on met à part le Cid, on peut voir que Corneille a choisi presque tous
ses sujets soit dans l’histoire de Rome, soit dans les prolongements de l’histoire
romaine. Horace se passe au temps des premiers rois; Cinna, c’est l’Empire;
Rodogune, Rome pendant la période républicaine; Polyeucte, la lutte du
christianisme et du paganisme sous l’empereur Décuis.
Les tragédies de Corneille ont comme arrière-plan, une période
importante de l’histoire ancienne, pourtant on ne peut considérer ses œuvres
comme des documents historiques. Il a fait un effort évident pour suivre la vérité
historique et pour se conformer aux faits qu’il trouvait dans les auteurs qu’il
avait consultés; mais les héros qu’il met en scène éprouvent et expriment des
sentiments communs à tous les temps et à tous les pays. En même temps, ils sont
nettement au-dessus de l’humanité moyenne. Il y a donc quelque chose
d’héroïque et parfois d’épique chez Corneille. Il aime l’éloquence dont il a pris
le goût chez les orateurs et historiens latins et chez Plutarque. Il se plaît à décrire
les combats qui peuvent se produire dans des âmes presque surhumaines. Dans
l'ensemble de ses tragédies à thème antique, Corneille se montra extrêmement
fidèle au modèle de l'Antiquité, notamment en conférant aux intrigues une
véritable dimension politique, où l'histoire occupe toujours une place essentielle.
L'ensemble de ses œuvres indique la volonté qu'avait Corneille de
mettre en scène les problématiques politiques et sociales de son temps. Mais, par
le biais de ces questions d'actualité, et plus particulièrement à travers la figure du
héros, c'est la notion même d'humanité qu'il souhaitait évoquer. Dans les pièces
de Corneille, chaque personnage emploie toute son énergie au service d'un idéal
: le devoir filial pour Rodrigue, l'honneur pour Don Diègue, le patriotisme pour
Horace, l'amour de Dieu pour Polyeucte, etc. Tous ont le désir de se surpasser
mais un sentiment commun les anime: celui de leur propre gloire. Poussés par
une exigence de chaque instant, ils renoncent toujours à leur passion pour
n'obéir qu'à leur devoir. Plus le dilemme est difficile, plus éclatante est la gloire.
Les personnages cornéliens comportent un aspect inhumain. Ne laissant jamais
s'exprimer leurs sentiments, ils semblent évoluer dans un monde supérieur qui
nous est étranger.
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Passion et gloire
La base de l'héroïsme cornélien est l'orgueil, c'est-à-dire l'amour-propre,
qui ne va pas sans le souci de sa propre réputation. Le héros de Corneille est
dominé par son besoin absolu de liberté. Il se laisse volontiers conduire par la
passion cependant, loin d'être déchiré par celle-ci, il parvient toujours à
l'accorder aux nécessités de sa gloire et, quels que soient les événements
auxquels il se trouve confronté, il est toujours victorieux. C'est le cas dans le
Cid, où Rodrigue choisit l'honneur avant l'amour, et obtient finalement les deux.
C'est encore le cas dans Cinna, où Auguste, qui a préféré la clémence à la
vengeance, gagne à la fois la gloire et la paix.
La morale cornélienne consiste en définitive à faire coïncider les désirs, les
passions et les instincts de ses personnages avec la conception qu'ils ont de leur
propre supériorité, ce qui les entraîne à dépasser le statut de simple personnage
pour accéder au rang de héros.
Les caractères de ses personnages
Les personnages de Corneille ne sont pas uniformément héroïques; les
situations et les problèmes qu’il traite ne sont pas exceptionnels. Ce qu’il est
exceptionnel chez certains de ses personnages, c’est la part dominante que joue
la volonté dans leur vie. Une fois leur résolution prise, ils n’hésitent plus, en
général, et traduisent immédiatement leur résolution en action. Ils ne reviennent
pas sur eux-mêmes pour regretter de ne pas avoir choisi une autre solution. Mais
ce n’est pas sans hésitations, sans lutte intérieure et sans angoisses qu’ils se
déterminent. Ils se sentent libres de choisir et maîtres de leur décision et leur vie;
ils ne sont pas conduits par des forces aveugles et irrésistibles.
On peut résumer les thèmes principaux du théâtre de Cornélien par : le
conflit entre l'honneur et l'amour; le triomphe de la raison ; les héros de
Corneille sont très raisonnables, honorables; ils ou elles ont une volonté de fer;
Corneille choisit ses objets dans l’histoire, parce que c’est là qu’il trouve des
actions à la fois héroïques et authentiques, et il a préféré particulièrement
l’histoire romaine ; Il se plaît à renforcer les intrigues et les passions qu’il
emprunte aux historiens, pour rendre son sujet plus noble et plus tragique ; Il
peint les hommes tels qu’ils devraient être, c’est-à-dire animés par le courage et
par la volonté; ses héros ne sont point le jouet de leurs passions, ils les dominent
et les maîtrisent ; son théâtre est essentiellement moral, Voltaire dit que c’était
« une école de grandeur d’âme »10.
Racine
10
Le Cid de Pierre Corneille, Internet, http://fitheatre.free.fr/gens/Corneille%20Pierre/LeCid.htm
ةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةة ةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةةة252
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Après la mort de Molière, en 1673, et les échecs d'un Corneille vieilli, et
« l’évolution du goût d’une société lasse des subtilités romanesque, des
raffinements scolastique des pédants, de la grandiloquence des tragédies […] »11
, neuf tragédies et une comédie, de La Thébaïde (1664) à Phèdre (1677),
désignent Racine comme le maître incontesté de la scène auprès d'un public dont
il sait plaire et satisfaire les goûts. La tragédie de Racine est considérée comme
le modèle absolu de la plus pure poésie classique, alliant l'intensité des sujets et
des passions à la maîtrise de l'évocation et de l'expression, dans le cadre
majestueux et funèbre d'une malédiction d'aimer, qui joue le rôle dévolu à la
Fatalité par les anciens poètes grecs. Cette réussite, due à une parfaite
exploitation des règles et à une exacte intuition du goût de son siècle, a
paradoxalement conféré à l'œuvre de Racine une sorte de perfection
intemporelle qui le plus souvent séduit, qui a pu parfois irriter, mais qui, en fin
de compte, n'aura cessé depuis trois siècles de fasciner les publics successifs de
son théâtre. Certains historiens de littérature considère Racine comme un
« miracle unique du classicisme [qui] oppose une œuvre de diamant à l’érosion
de l’Histoire. »12
Jean Racine13 naît à La Ferté-Milon, en 1639. La malchance d'une
naissance médiocre et le malheur d'avoir été prématurément privé, à quatre ans,
de ses parents auront été compensés par son entrée aux Petites Ecoles de Port-
Royal, où il a appris le latin et le grec. Son triomphe définitif date
d’Andromaque, représentée en 1667. Vinrent ensuite les Plaideurs (1668),
Britannicus (1669), Brénice (1670), Bajazet (1672), Mithridate (1673),
Iphigènie (1674), Phèdre (1677). En 1677, il avait été nommé historiographie du
Roi. Il mourut en 1699, laissant sept enfants, dont le plus jeune, Louis, fut un
poète distingué.
La querelle avec les jansénistes14
En 1666, Pierre Nicole, qui avait été un des maîtres de Racine à Port-
Royal, condamna avec vigueur le théâtre et les auteurs dramatiques dans un
pamphlet intitulé les Hérésies imaginaires. Racine s'estima attaquer par cette
violente critique, entra violemment en polémique avec ses anciens maîtres et les
renia. La vision du monde qui se dégage de ses pièces porte la marque de
l'enseignement janséniste, et de sa conception pessimiste de l'Homme, soumis à
la grâce divine et prisonnier d'un destin qui le dépasse.
Dès 1679, Racine renoue avec Port-Royal. Il se rapproche de Mme de
Maintenon, la nouvelle favorite du roi, pour qui il écrit deux tragédies
11
Fayolle, Anne, La critique, éd. Armand Colin, Paris 1978, p. 33
12
Brunet, P. et autres, Histoire de la littérature, Tome 1, éd. Bordas, Paris 1977, p. 248
13
Des Granges, CH. –M et Boudout, J.; Histoire de la littérature française Op. Cit., p. 490
14
Castex, P. –G. et autres, Manuel des études littéraires françaises, XVIIe siècle, éd. Hachette, Paris 1966, P. 154
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chrétiennes qui ont été interdites par le parti dévot. Racine renonce alors
définitivement au théâtre. Il publie encore deux ouvrages (les Cantiques
Spirituels en 1694 et une Histoire de Port-Royal) qui témoignent de son
attachement pour le jansénisme.
Sa première tragédie, La Thébaïde, est créée par Molière, l'année
suivante, Alexandre le Grand, créé aussi chez Molière, est offert concurremment
par Racine à la troupe rivale de l'Hôtel de Bourgogne: succès brillant, mais
rupture avec Molière
Racine enlève à Molière l'une de ses meilleures actrices, la Du Parc, pour
lui offrir le rôle-titre de son Andromaque (1667), créée avec un succès
retentissant le 17 novembre 1667 chez la reine, devant le roi, et sous la
protection de Madame Henriette d'Angleterre.
Une querelle éclate autour de la pièce La Folle Querelle, comédie-
pamphlet de Subligny contre Racine. Racine réplique avec Les Plaideurs, une
comédie imitée d'Aristophane dont la préface égratigne la conception et les
créations comiques de Molière. Avec Britannicus, première tragédie «romaine»,
il défie Corneille sur un de ses terrains de préférence, celui de la dramaturgie
politique tirée de l'histoire de Rome.
L'année de son élection à l'Académie française, Racine crée Bajazet
(1672), une tragédie contemporaine «dans les mœurs du Sérail»; toujours dans la
même direction, Mithridate unit l'inspiration romaine et orientale, l'amour et la
politique. Puis, il revient à la tragédie grecque, en hommage à Euripide, avec
Iphigénie en Aulide (1674). Racine accède alors à la charge anoblissante de
trésorier de France.
Andromaque, en 1667, remporta un succès public qui égala celui qu'avait
eu Corneille, trente ans plus tôt, avec le Cid. C'est pendant les dix années qui
suivirent cette représentation d'Andromaque que Racine écrivit les pièces que
l'on considère généralement comme ses chefs-d'œuvre. Il se forgea avec elles
une réputation d'immense auteur tragique qui lui valut d'être élu à l'Académie
française en 1673
Mais, à l'automne 1677, la carrière de Racine prit un tournant radical: sa
dernière pièce, Phèdre, malgré son succès immense, fut attaquée violemment
par ses ennemis qui dénoncèrent le caractère scandaleux de son intrigue. Sous
l'influence de Madame de Maintenon, épouse du roi, la Cour évoluait alors, vers
un rigorisme moral qui s'accordait mal avec l'art théâtral, traditionnellement jugé
impie par l'Eglise. Soucieux de prendre ses distances avec le théâtre, Racine
décida alors d'abandonner la scène. Il eut d'ailleurs bientôt l'honneur d'être
nommé historiographe du roi, charge très honorifique. La même année, il se
maria, se réconcilia avec les jansénistes et se mit à mener une vie de retraite et
de piété, consacrant ses talents à son nouvel emploi.
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A l'exception de Bajazet , tragédie orientale, toutes ces pièces ont des sources
antiques légendaires ou historiques, ce qui leur confère la noblesse et la
grandeur exigées de la tragédie classique. Les personnages devaient être
"majestueux" pour donner à la pièce le ton héroïque et épique sans lequel il n’y a
pas de tragédie. Mieux que tout autre dramaturge, Racine a su respecter les
"règles" de la tragédie classique:
Racine reste en général fidèle à ses sources, mais se permet certains écarts
«par le droit que donne la poésie», afin de rendre plus dramatiques et plus
vraisemblables ses pièces. La vérité d'une tragédie racinienne ne réside donc pas
dans une fidélité absolue aux sources historiques ou légendaires; c'est plutôt une
vérité artistique. Le poète se préoccupe avant tout de respecter le tempérament
d'un personnage, les mœurs d'un peuple, la couleur d'une époque. Les
protagonistes sont bien plus des hommes et des femmes du XVIIe siècle que des
personnages de légende. Racine met en avant le destin tragique de l'homme,
soumis à la fatalité des passions et aux malédictions divines. Il a porté la
tragédie classique à son plus haut degré de perfection.
On peut résumer les thèmes principaux du théâtre de Racine par : une vision
pessimiste, fatale de l'être humain ; les personnages de Racine sont toujours
victimes de leurs passions; l'expression poétique; son langage mesuré; la
perfection de son rythme poétique; Racine imite volontiers les poètes grecs,
surtout Euripide: parfois il s’inspire de l’histoire romaine (Britannicus,
Bérénice), et de la Bible (Esther, Athalie) ; Il cherche moins la grandeur et
l’héroïsme, que la vérité et le naturel; il analyse avec la pénétration d’un
philosophe les motifs d’action et passions ; Il a surtout peint l’amour, et l’amour
jaloux. La jalousie est le grand ressort de son théâtre, comme volonté celui du
théâtre de Corneille ; les tragédies de Racine, au lieu d’exalter l’énergie,
paraissent d’un réalisme plutôt triste, nous y prenons conscience de notre
faiblesse.
Le style de Racine donne en général une impression d’harmonie, de
justesse, de naturel. Au théâtre, on s’aperçoit que ce style est plus varié que
celui de Corneille: chaque personnage y parle le langage de son caractère et de
sa situation. Dans les passages d’exposition ou de galanterie, il y a parfois trop
d’élégance; dans les scènes où Racine fait parler la passion pure, c’est la nature
même que l’on croit entendre.
On dit que “Racine a rendu un service singulier à la tragédie française: il
l’a portée au plus haut point de perfection qu’elle était susceptible d’atteindre et,
par là même, il l’a tuée”15. La tragédie s’était déjà élevée très haut avec
Corneille. Il aimait les sujets compliqués, les coups de théâtre, les âmes peu
15
La tragédie continue-t-elle à se développer avec Racine? En quoi son génie est-il diffèrent de Corneille?
Internet, http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20100402120719AAEueKA
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communes et la grandeur. Son théâtre reflète son époque, qui était l’époque de
Louis XIII, encore peu disciplinée et peu raffinée. Racine appartient à une
époque très différente, à une génération qui se sépare nettement de la génération
précédente.
La tragédie racinienne présente une combinaison unique dans l’histoire du
théâtre: une violence de passion et une perfection de forme. Racine a emprunté
soit à l’histoire ancienne soit à la légende et à la mythologie des sujets, des
thèmes, et même les noms de ses personnages. Les sentiments qu’il analyse ne
sont cependant pas particulièrement grecs, romains ou même turcs. Ils ne sont
pas non plus essentiellement des sentiments de son époque. La langue de Racine
est la langue épurée, élégante, précise mais peu colorée, que l’on employait dans
la bonne société de son temps.
Il est à remarquer que, de façon générale, dans les conflits psychologiques
mis à la scène par Corneille, la volonté finissait par triompher. Chez Racine,
malgré les hésitations, les remords anticipés, la passion semble avoir une force
irrésistible qui entraîne les héros à leur perte. Racine a peint l’amour coupable et
criminel, mais on trouve également chez lui des âmes tendres et fortes.
Il a tiré de son vocabulaire limité des sonorités voilées qui font de lui un
des plus grands musiciens de la poésie française. Il a écrit de nombreux vers qui
restent dans toutes les mémoires parce qu’ils évoquent des horizons illimités
plutôt qu’ils ne décrivent des paysages précis.
Il a su évoquer des temps et des pays bien divers: la Grèce des héros et
des demi-dieux dans Phèdre et dans Iphigénie, La Grèce à demi barbare dans La
Thébaïde et dans Andromaque; la Rome de l’Empire dans Britannicus et dans
Bérénice; la lutte de l’Asie contre la puissance romaine dans Mithridate, etc.
Racine est l’analyste par excellence de l’amour et de la jalousie, mais il a
aussi peint l’amour maternel dans Andromaque, l’ambition politique et la soif du
pouvoir dans Britannicus et dans Athalie.
Dans tout le théâtre de Racine la distinction entre le bien et le mal, entre
les innocents et les coupables vient de leur situation, chez Racine les innocents
et les victimes sont ceux qui ne sont pas en situation de faire le mal, les tyrans et
les bourreaux sont ceux qui ont le pouvoir de faire le mal.
Corneille ET Racine: deux géants
Après ce court voyage dans les atmosphères de la tragédie française du
e
XVII et ses deux grands symboles, On trouve utile de finir la recherche par une
brève comparaison entre les deux géants
De façon générale, dans les conflits psychologiques mis à la scène par
Corneille, la volonté finissait par triompher. Chez Racine, malgré les
hésitations, les remords anticipés, la passion semble avoir une force
irrésistible qui entraîne les héros à leur perte.
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Corneille aimait les sujets compliqués, les coups de théâtre, les âmes peu
communes et la grandeur. Son théâtre reflète son époque, qui était l’époque
de Louis XIII, encore peu disciplinée et peu raffinée. Racine appartient à une
époque très différente, à une génération qui se sépare nettement de la
génération précédente. Non seulement il s’est plié sans effort aux règles des
trois unités, mais il semble qu’il les aurait inventées si elles n’avaient pas été
formulées avant lui. C’est de son théâtre que l’on peut dériver la formule la
plus parfaite de la tragédie classique.
Le style de Corneille est plus varié que celui de Corneille.
La Bruyère a dit au sujet de Corneille et Racine:
« Corneille nous assujettit à ses caractères et à ses idées, Racine se
conforme aux nôtres ; celui-là peint les hommes comme ils devraient être,
celui-ci les peint tels qu’ils sont. »16
Sainte-Beuve préfère nettement Racine et met beaucoup plus haut sa force
« vêtu et voilée” que la force “tout en dehors” que l’on trouve, dit-il, chez
Corneille.17
La comparaison entre Corneille et Racine était au XVIIIe un sujet
commun de la critique. Voltaire accorde à Racine le palme. Pour lui
“Corneille ancien Romain parmi les Français, a établi une école de
grandeur d’âme” il l’appelle “un de ces génies faits pour changer et pour
élever l’esprit de toute une nation”. Et malgré ses critiques de Racine il
avoue “ne pas connaître une bonne pièce depuis Racine, et aucune avant
lui où il n’y a ait d’horribles défauts” 18.Mais des autres voix étaient à
côté de Corneille, un entre eux dit: “quelque gloire qui soit due à Racine,
il ne peut jamais que marcher après Corneille, [car il a] peine à croire
que Racine, venant le premier, eût été Corneille [mais il est] sûr que sans
Corneille, il n’eût pas été Racine”19
Un autre affirme que: “Corneille était plus homme de génie, Racine plus
homme d’esprit”20
Mme du Deffand était moins sévère. Encore que Racine l’enchante et
qu’elle le juge “continuellement admirable” tandis que Corneille n’a que
des éclairs, elle ne peut se retenir, “malgré l’énormité de ses défauts”
d’avoir pour lui “du respect et de l’admiration.”21
16
Carlier, Robert et autres, Larousse des citations française et étrangères, éd. Larousse, Paris 1976, P.299
17
Maurice Rat; Théatre choisi de Corneille; éd. Garnier, Paris (sans date), p. XVIII
18
Ibid., p.XIV
19
Ibid., p.XIII
20
Ibid., p.XIII
21
Ibid., p.XV
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Conclusion
Au terme de cette étude, c’est à Voltaire que nous empruntons cet aperçu
sur une époque qui fut peut-être la plus brillante de l’histoire française: «C’était
un temps digne de l’attention des temps à venir que celui où les héros de
Corneille et de Racine, les personnages de Molière, les symphonies de Lulli et
les voix des Bossuet et des Bourdaloue se faisaient entendre à Louis XIV, à
Madame, si célèbre par son goût, à un Condé, à un Turenne, à un Colbert, et à
cette foule d’hommes supérieurs qui parurent en tout genre. Ce temps ne se
retrouvera plus, où un duc de La Rochefoucauld, l’auteur de Maximes, au sortir
de la conversation d’un Pascale et d’un Arnauld, allait au théâtre de
Corneille».22
C’est le siècle de la grandeur politique et littéraire de la France. Jamais
dans l’histoire de la France on ne trouve ce nombre de grands hommes dans tous
les domaines comme on le trouve au XVIIe siècle.
Nous avons choisi le théâtre classique et en particulier la tragédie pour en
parler car t il n’y a mieux que Pierre Corneille et Jean Racine, qui peuvent
exprimer la grandeur de ce théâtre et son évolution.
Le théâtre de chacun d’eux représente son époque avec tous les
changements politiques et sociaux que subit cette société par excellence. Ils
sont, tous les deux, les échos de leur siècle.
Bibliothèque
Brunet, P. et autres, Histoire de la littérature, Tome 1, éd. Bordas, Paris
1977
Carlier, Robert et autres, Larousse des citations française et étrangères, éd.
Larousse, Paris 1976
Castex, P. –G. et autres, Manuel des études littéraires françaises, XVIIe
siècle, éd. Hachette, Paris 1966
Des Granges, CH. –M et Boudout, J.; Histoire de la littérature française;
Hatier; Paris 1962
Des Granges, CH. –M; La littérature expliquée; Hatier; Paris 1935
Fayolle, Anne, La critique, éd. Armand Colin, Paris 1978
Geslin, L.; Manuel pratique de littérature II, Edition de Gigord; Paris
1960
Lagarde, André et Michard, Laurent; XVIIe siècle, Les Grands auteurs
français du programme III; Bordas; Paris 1964
Maurel, Anne; La Critique; Hachette; Paris 1998
Maurice Rat; Théâtre choisit de Corneille; éd. Garnier, Paris (sans date)
22
Lagarde, André; XVIIe siècle; Bordas, Paris 1964; p.14
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Puzin, Claude, Litterature, Textes et documents, XVI siècle, éd. Nathan,
Paris 1997
Tourand, J. –C. Introduction a la vie littèraire du XVIIe siècle, éd. Bordas,
Paris 1970
Ubersfeld, Annie et Desné, Roland; Manuel d’histoire littéraire de la
France, tome II, éd. Sociales, Paris 1966
Internet :
La tragédie continue-t-elle à se développer avec Racine? En quoi son
génie est-il diffèrent de Corneille? Internet,
http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20100402120719AAEue
KA
Le Cid de Pierre Corneille, Internt,
http://fitheatre.free.fr/gens/Corneille%20Pierre/LeCid.htm
الخالصة
يقال ان االعمال االدبية هي تعبير عن لحظة من التاريخ وانها مرتبطة بتلك اللحظة ارتباطا وثيقا
وان هذه االعمال اليمكن تفسيرها اال من خالل اطارها التاريخي ويبدو ان القرن السابع عشر يجسد
بامتياز تلك النظرية حيث يصعب فهم المسرح الكالسيكي الفرنسي دون دراسة ما كانت عليه الحياة
االجتماعية والسياسية واالخالقية خالل ذلك القرن.
يعتبر القرن السابع عشر احد اهم العصور في تاريخ فرنسا فهو عصر الملك لويس الرابع عشر
الذي كا ن يلقب بالملك الشمس وهو عصر الملكية المطلقة و االدب الكالسيكي و رجال الدولة و االدب
الفرنسيون الذين خلد التاريخ ذكرهم امثال لويس الثالث عشر ولويس الرابع عشر و ريشليه ومازاران
وكورنيه و ديكارت وباسكال و موليير وراسين و الفونتين.
وقد شهد المسرح الفرنسي اقصى ازدهاره خالل هذا القرن و هيمن المسرح الكالسيكي خالل
قرنين من الزمان الى ان حدثت ما تعرف بمعركة هرناني االدبية التي اعقبت نشر فيكتور هيجو
لمسرحيته التي تحمل نفس العنوان في القرن التاسع عشر مؤذنة بانتهاء الفترة الكالسيكية.
ولذلك كله فقد اخترنا ان يكون بحثنا عن هذا القرن المميز و بالذات المسرح التراجيدي
الكالسيكي في القرن السابع عشر و لم نجد من يمكن ان يجسد هذ االمسرح بكل شموخه وعنفوانه اكثر من
بيير كورنيه و جان راسين والذي يجسج كل منهم فترة متميزة في الحياة السياسية واالدبية والثقافية في
فرنسا خالل القرن المذكور اعاله
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