Politique
Par Franck Morales
Publié le 01 juillet 2024 à 09h00
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Ce dimanche 30 juin 2024, le premier tour des élections législatives anticipées dans l’Yonne a livré un verdict au diapason de la vague observée au niveau national : le RN vire non seulement en tête des trois circonscriptions icaunaises, mais il envoie surtout l’un de ses candidats directement sur les bancs de la future Assemblée nationale.
Julien Odoul, le député sortant, a obtenu la majorité absolue dans la troisième circonscription, avec plus de 14.000 voix d’avance sur Nicolas Soret (PS, Nouveau Front populaire). Et ce, alors que le socialiste l’a emporté à Sens et à Joigny (près d’un quart des électeurs inscrits), deux villes qui ont majoritairement voté RN aux européennes du 9 juin.
Ce fait majeur en dit long sur la recomposition du paysage politique icaunais. Ou plutôt sur le nouveau paysage politique d’un département qui était historiquement une terre où la droite républicaine régnait en maître. Ce qui n’est plus qu’un lointain souvenir. Et à ce titre, la troisième circonscription est l’exemple type de cette dynamique RN qui, outre l’élan national, surfe désormais, à chaque scrutin, sur son ancrage local, dans le Sénonais, en Puisaye ou encore dans l’Avallonnais. Là où le RN pesait 24.270 voix aux élections législatives 2017, il recueille sept ans plus tard plus de 70.000 suffrages. Bénéficiant sans doute plus que les autres formations du niveau record de participation (67,2 %).
Dans les deux autres circonscriptions, si les jeux ne sont pas faits, l’avance du RN et de l’union LR-RN laisse entrevoir un second tour complexe pour les deux candidats en ballottage défavorable.
Dans la première, l’écologiste investie par le Nouveau Front populaire Florence Loury a, certes, réussi à se hisser à nouveau en finale, mais avec un retard à combler de près de 8.000 voies alors qu’elle avait basculé en tête du premier tour en 2022.
Dans la deuxième, d’un point de vue arithmétique, c’est une triangulaire qui devait se jouer le 7 juillet, mais suivant les consignes de Jean-Luc Mélenchon, "pas une voix, pas un siège de plus pour le RN", Philippe Veyssière (LFI), arrivé en troisième position, a fait savoir, dès les résultats connus, qu’il se retirait. L’Insoumis laisse face à face Sophie-Laurence Roy (Union de l’extrême droite) et André Villiers (Horizons, Ensemble), dans un duel déséquilibré. Distancé de quinze points, le député sortant, seul représentant de la Macronie au second tour dans l’Yonne, devrait singulièrement peiner à rallier les 9.196 électeurs ayant voté pour le représentant de la gauche unie.
Dans ce contexte, deux derniers enseignements émergent de ce premier tour. Le nouveau revers essuyé par la droite, plus que jamais fragilisée en vue des prochaines échéances électorales, les municipales en tête. Et le spectre de l’effacement qui se dessine pour le camp présidentiel.
Franck Morales
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