Génération désenfantée
Mauvaise nouvelle pour les partisans du «réarmement démographique» : avec 1,62 enfant par femme en 2024, la natalité n'a jamais été aussi basse en France depuis 80 ans. Peur de l'avenir, précarité économique, choix de vie... faut-il s'inquiéter, ou y voir des évolutions positives ? Après tout, c'est aussi le signe qu'on fait des enfants quand on les veut vraiment, et qu'on en a moins pour s'en occuper mieux. Pistes d'explications et tentatives de réponses dans cette série au long cours.
Je ne pensais pas que la non-fécondation de mes ovaires pourrait à ce point déchaîner les passions. Et pourtant, lorsque en 2023, je publie un livre sur la jeunesse où je mentionne très brièvement que je ne me vois pas enfanter dans un monde qui va aussi mal, je me retrouve prise au cœur d’une tempête. Ce n’est pas le sujet de l’ouvrage, mais plusieurs médias relèvent cette petite ligne que je croyais anecdotique. Je m’en explique alors dans une émission en assurant que ce n’est absolument pas une revendication et que tous les choix doivent être respectés, mais trop tard, la machine est lancée : une déferlante d’insultes, de messages réprobateurs, de commentaires indignés sur les réseaux sociaux : «pauvre folle», «sale égoïste», etc. Ce vif intérêt pour mes organes reproducteurs ne se limite pas à la sphère publique : dans mon intimité aussi, des proches ont leur mot à dire. Plusieurs m’appellent, alarmés : «Tu ne veux vraiment pas d’enfants ? Tu passes à côté du sens de la vie !» Depuis, les sollicitations médiatiques ne faiblissent pas, on me propose régulièrement d’intervenir dans des documentaires ou de préfacer des livres sur le sujet : une petite ligne aura suffi pour que je sois officiellement catégorisée comme «celle qui ne veut pas procréer».
Pourtant, cette étiquette est loin de refléter la réalité. Dans Sois jeune et tais