Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Nur-Sultan, capitale du Kazakhstan au coeur de la steppe kazakh. Fondée en 1830 sous le nom d'Akmola, peu après russifié en Akmolinsk en 1832, puis Tselinograd (cité des terres vierges en russe) en 1961 puis de nouveau Akmola en 1992. En 1997, le gouvernement décide de déplacer la capitale d'Almaty à Akmola. Le 6 mai 1998, un décret présidentiel renomme la capitale Astana. Le 20 mars 2019, Astana est renommé Nur-Sultan en l'honneur du Premier President Noursoultan NAZARBAYEV, au pouvoir pendant plus de 28 ans et retraité, en faux-semblant. Ce fut la première décision de son successeur, Kassym-Jomart Tokaïev
Frédéric Noy

Derrière le faste d’Astana, un Kazakhstan rongé par les inégalités

Par  (Astana, envoyée spéciale)
Publié le 06 novembre 2022 à 14h00, modifié le 06 novembre 2022 à 14h00

Temps de Lecture 6 min.

« Bienvenue à Astana, la ville qu’on adore détester. » Ruslan Alieva fonce dans le vent froid d’octobre, le visage engoncé dans le col de son manteau : impossible de décrypter les émotions traversant son esprit, lorsqu’il prononce ces mots. Il a commencé son service de taxi il y a deux heures et s’apprête à repartir après une pause-café.

Il y a huit ans, ce trentenaire a quitté son village pour rejoindre la capitale kazakhe, des rêves plein la tête. « Je pensais faire fortune en trois ans. » Il travaille d’abord dans le bâtiment, fait venir sa famille, puis achète une voiture russe d’occasion pour devenir taxi. « Je bosse comme un fou, mais je ne suis toujours pas riche ! », s’exclame-t-il soudain, mi-amusé, mi-dépité, levant les yeux vers une immense tour de bureaux.

Lui vit dans la vieille partie soviétique de la ville, mais il travaille ici, dans le centre riche et clinquant, où il est sûr de trouver des clients. A sa droite s’élève le Bayterek, une haute structure semblable à un arbre en haut duquel trône une sphère dorée. Elle représente le mythe de Samrouk, l’oiseau kazakh pondant un œuf d’or tous les ans. « C’est notre tour Eiffel à nous, pour les touristes, dit-il en tentant d’allumer une cigarette, malgré la bise. C’est idiot, mais à chaque fois que je la regarde, je crois de nouveau aux belles promesses d’Astana. »

Des promesses, la capitale kazakhe, oasis de verre et de béton perdu au milieu des steppes, en incarne plus d’une. Et pas seulement aux yeux des milliers de travailleurs venus des campagnes afin de mieux gagner leur vie, comme Ruslan Alieva. Elle est, avant tout, le visage moderne que le Kazakhstan, 19 millions d’habitants, souhaite offrir au monde, à grand renfort de prouesses architecturales.

Symbole de la ville d’Astana, situé dans un quartier ultramoderne, le Palais de la paix et de la réconciliation, est une pyramide de 62 mètres de haut, qui sert de centre spirituel national non confessionnel et de lieu d’événements.

A l’exemple du Palais de la paix et de la réconciliation, une pyramide à la silhouette ésotérique accueillant un centre œcuménique ; du palais présidentiel Ak Orda, une copie grandiloquente de la Maison Blanche coiffée d’une coupole azur ; ou du Khan Shatyr (« tente du souverain »), une gigantesque structure de thermoplastique et d’acier mimant la tente des anciens nomades, abritant boutiques et spas de luxe… Sans parler du ministère des finances, qui, vu du ciel, prend la forme d’un « $ », le dollar américain, symbole de la libéralisation de l’économie après 1991.

« L’idée était de bâtir une nouvelle vision du futur pour le pays »

Se promener dans les larges avenues d’Astana, c’est éprouver l’étrange sensation d’être quelque part entre New York, Dubaï et Moscou, avec une pointe d’Asie. « D’une certaine façon, cette ville est la Dubaï des steppes, et c’est avant tout un projet géopolitique », résume Pascal Lorot, représentant spécial du ministre des affaires étrangères pour la diplomatie économique en Asie centrale.

Il vous reste 72.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.