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Textile : un rapport de l’ONG Human Rights Watch dénonce les conditions de travail au Pakistan

HRW a notamment constaté des violations du droit du travail chez des grands sous-traitants de marques internationales.

Par  (New Delhi, correspondant régional)

Publié le 25 janvier 2019 à 16h04, modifié le 25 janvier 2019 à 16h05

Temps de Lecture 3 min.

Dans une usine textile à Karachi, le 25 janvier.

Des ouvriers frappés, insultés par leurs supérieurs ou payés au-dessous du salaire minimum, et une protection syndicale quasi inexistante. « Au Pakistan, les droits des ouvriers du textile sont menacés », s’inquiète l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié mercredi 23 janvier.

L’organisation s’est penchée sur les conditions de travail dans le textile, un secteur crucial pour l’économie pakistanaise. Il contribue à 70 % de ses exportations, en partie grâce au système des préférences généralisées SPG +, accordé par Bruxelles en 2014. Ce programme prévoit une suppression des droits de douane pour de nombreux produits à destination du Vieux Continent, en contrepartie de la mise en œuvre de 27 conventions internationales relatives, notamment, aux droits de l’homme et des travailleurs.

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Or, au Pakistan, les conditions de travail sont insupportables dans les petits ateliers de fabrication qui ne signent pas de contrats de travail, ne respectent pas le salaire minimum et emploient parfois des enfants. HRW a aussi constaté des violations du droit du travail chez des grands sous-traitants de marques internationales qu’elle ne nomme pas.

Syndicats interdits

Avec 547 inspecteurs du travail au Pakistan, dont seulement 17 femmes, pour superviser les 300 000 usines du pays, l’industrie textile échappe aux contrôles. Seules les inspections des marques internationales permettent de faire appliquer quelques règles de sûreté et le code du travail. HRW relève cependant des « écarts » dans l’application des codes de conduite, en raison d’un « manque de transparence dans les chaînes d’approvisionnement ».

La plupart des grandes marques ne publient pas la liste de leurs fournisseurs, et il arrive que certains d’entre eux sous-traitent à leur tour en cascade ou, même, trompent leurs clients, comme c’est arrivé en 2012 : 255 ouvriers avaient péri dans l’incendie d’une usine de Karachi (Sud), vingt-deux jours après qu’elle a reçu un faux certificat de conformité aux normes délivré par une entreprise Italienne.

Les ouvriers ne sont pas davantage protégés par des syndicats, interdits dans les zones industrielles réservées à l’exportation. Ailleurs, « les ouvriers impliqués dans la création de syndicats sont victimes de violence, d’intimidations, de menaces ou de licenciements », constate HRW.

Les femmes sont dans les situations les plus précaires. La quasi-totalité d’entre elles travaillent dans des petits ateliers et sont rarement salariées. En travaillant à l’usine, une femme échappe au contrôle de sa famille, ce qui est souvent mal perçu. « Le lieu de travail est rarement un lieu d’émancipation pour les femmes, et, souvent, leurs familles les déposent et vont les chercher à la porte de l’usine », explique Angbeen Mirza, professeur de droit à l’université LUMS de Lahore (Nord-Est).

Ouvrières invisibles et non protégées

Contrairement au Bangladesh où le taux d’emploi des femmes est élevé, dans les usines textiles du Pakistan, les femmes sont rares. Ou, plutôt, elles sont invisibles : la grande majorité d’entre elles travaillent depuis leur domicile où elles ne sont protégées par aucune législation, sauf dans la province du Sindh (Sud-Est).

L’Union européenne (UE) justifie son programme de préférence commerciale à destination des « pays vulnérables » comme le Pakistan, pour les aider à « accroître les exportations », à créer des emplois, et ainsi contribuer à « la lutte contre la pauvreté dans le respect des droits de l’homme et des objectifs de développement durable ». « Sans mesure coercitive ou de la volonté politique, il est toutefois difficile de faire pression sur le Pakistan pour que les conditions de travail s’améliorent », déplore Nayla Ajaltouni, la coordinatrice du collectif Ethique sur l’étiquette, sis à Paris.

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Fin 2018, une délégation de l’UE s’est rendue sur place pour évaluer les progrès du pays en matière de droit du travail. « Le verre est à moitié plein, ou à moitié vide, avait alors déclaré l’ambassadeur de l’UE, Jean-François Cautain, au quotidien pakistanais Dawn. Le Pakistan doit mettre en œuvre les conventions internationales qu’il a signées et ratifiées. »

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