l’édito Unité alsacienne

Yolande Baldeweck - 04 août 2018 à 05:00 - Temps de lecture :
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L’histoire repasse rarement les plats. Et les Alsaciens ont chèrement payé leurs tergiversations et la trahison de certains de leurs élus, au moment du référendum de 2013. Avec la mise en place du conseil unique d’Alsace, aucun président de la République ne se serait risqué à dessiner, comme François Hollande un soir à l’Élysée, les contours d’une région Grand Est. Certes, il ne s’agit pas de charger la grande région de tous les maux, ni surtout d’afficher une prétendue supériorité de l’Alsace face à la Lorraine ou à Champagne-Ardenne. Deux régions qui ont leurs histoires et leurs atouts. Et l’Alsace se serait sans doute habituée à un compagnonnage avec la seule Lorraine.

Mais la messe a été dite, sans l’accord des élus alsaciens qui se sont battus au Parlement et surtout sans la consultation des électeurs. Les pétitions en faveur de l’Alsace - plus de 60 000 signataires pour celle lancée, il y a trois ans, par le maire de Mulhouse Jean Rottner qui n’était pas encore président du Grand Est - n’ont pas fait plier le gouvernement socialiste. Il est à porter au crédit d’Emmanuel Macron d’avoir compris, très vite après son élection, ce « désir d’Alsace » que le temps n’a pas atténué. Il n’y a, certes, plus de manifestations dans les rues, mais un mécontentement diffus, voire une colère sourde, qui pourrait se retourner contre la classe politique à la première occasion.

C’est dire que les grands élus n’ont pas le choix. Il leur appartient de trouver le moyen de proposer un avenir acceptable aux Alsaciens. Chacun aura compris qu’il ne s’agit pas de quitter le Grand Est - c’est la limite posée par le chef de l’État - mais de donner une visibilité à une collectivité incarnant l’Alsace. Ce qui est vrai pour la Bretagne - qui n’est pas suspecte de ne pas s’inscrire dans la République - et pour la Corse doit l’être pour ce territoire de l’espace rhénan. Le préfet Jean-Luc Marx a fait, dans son rapport, des propositions courageuses qui pourraient satisfaire une majorité des Alsaciens.

Le Premier ministre aurait pu trancher. Pour des raisons qui lui appartiennent, sans doute politiques, il préfère laisser la décision aux intéressés. Aux Alsaciens de s’entendre sur le seul scénario qui semble, et cela est à vérifier, pouvoir être traduit dans les faits avant les prochaines échéances. À chacun de prendre ses responsabilités pour parvenir à l’unité alsacienne. Les électeurs, eux, ne feront pas le tri.