François Morel met en scène et interprète « Art » de Yasmina Reza avec Olivier Broche et Olivier Saladin

Critique de l’art contemporain ou pièce sur l’amitié ?

François Morel : C’est très clairement une pièce sur l’amitié. Ce sont des amis de quinze ans joués par des amis de trente ans ! L’art contemporain est un prétexte, le révélateur d’une relation qui, entre eux, a évolué. Serge, interprété par Olivier Broche, médecin dermatologue et amateur d’art, il vient d’acheter un tableau entièrement blanc. Marc, ingénieur dans l’aéronautique, que je joue, trouve qu’il s’agit d’une « merde blanche ». Il a quelque chose d’Alceste, intransigeant, peu enclin à épouser les nouveautés de son époque. Yvan, incarné par Olivier Saladin, est partagé. Il ne déteste pas. Aime-t-il vraiment ? Son parcours professionnel est plus approximatif. il est surtout préoccupé par d’autres soucis personnels, s’initie à la papeterie et à la vie matrimoniale. L’amitié peut-elle résister au temps qui passe ?

« Tenter de créer des moments profondément humains et consolateurs. »

Pourquoi jouer avec des amis ?

F.M. : Pour le plaisir ! Je n’aurais pas eu envie de jouer cette pièce sur l’amitié sans des gens, qui pour moi dans la vraie vie, sont de vrais amis. Depuis trente ans, avec les deux Olivier, on ne s’est jamais trop quittés. On a joué ensemble, créé notamment un spectacle sur la critique cinématographique où ils jouaient Bory et Charensol qui s’écharpaient dans Le Masque et la Plume. Et puis, heureusement, notre relation n’est pas seulement professionnelle. On a souvent passé des vacances ensemble… Ce projet est né d’une conversation avec un ami, comédien belge qui prétendait qu’un comédien était destiné à jouer l’un des trois personnages d’Art mais pas les trois. Je l’ai contredit. Aujourd’hui, je dois bien reconnaître qu’il avait raison. C’est aussi pour moi un retour au théâtre pur, avec toujours la même envie : tenter de créer des moments profondément humains et consolateurs.

Propos recueillis par Catherine Robert