Des corps récupérés en mer sont déposés au port de Roccella Ionica, en Calabre, le 19 juin 2024. Crédit : Picture alliance
Des corps récupérés en mer sont déposés au port de Roccella Ionica, en Calabre, le 19 juin 2024. Crédit : Picture alliance

Quatre passeurs soupçonnés de "trafic d’êtres humains" ont été arrêtés au Kurdistan d’Irak, ont annoncé mardi les autorités locales. Les quatre hommes sont poursuivis pour leur implication dans le naufrage d’un voilier le 17 juin au large des côtes italiennes, qui a fait 34 morts et des dizaines de disparus.

"Quatre personnes considérées comme des pontes du trafic d'êtres humains ont été arrêtées" au Kurdistan d’Irak, ont annoncé mardi 25 juin dans un communiqué, les Assayech, forces de sécurité du Kurdistan. Les quatre hommes ont été arrêtés dans la province de Souleimaniyeh, deuxième ville de la région autonome, a indiqué à l'AFP un responsable de sécurité s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

Ces quatre passeurs sont "soupçonnés d'être impliqués dans le voyage, de manière illégale, d'habitants de la région du Kurdistan vers les côtes italiennes, ce qui a conduit au naufrage de leur yacht", poursuivent les autorités dans leur communiqué.

34 morts et une trentaine de disparus

Le 17 juin, un voilier prend l’eau au large de la Calabre, dans le sud de l’Italie. Douze migrants sont, dans un premier temps, secourus par un navire marchand, puis transférés sur un bateau des garde-côtes italiens. Une femme décède lors de cette opération de sauvetage.

Deux patrouilleurs italiens et un avion sont envoyés dans la zone de l’accident pour retrouver des disparus. Entre mercredi 19 et vendredi 21 juin, les garde-côtes italiens récupèrent 34 cadavres. À ce jour, une trentaine de migrants sont toujours portés disparus.

L’embarcation était partie de Turquie huit jours plus tôt avec près de 80 personnes, dont des femmes et des enfants, majoritairement des Kurdes venus d’Irak et d’Iran, ainsi que des familles afghanes.

Le voilier s’est mis à couler après l’explosion du moteur, qui a provoqué un incendie à bord. "Le bateau a commencé à prendre l’eau au bout de trois ou quatre jours", a indiqué à Rai News Shakilla Mohammadi, médiatrice interculturelle de Médecins sans frontières (MSF), présente au port de débarquement italien. "Les passagers voyageaient sans gilet de sauvetage", a-t-elle ajouté.

À mesure que le voilier s’enfonçait dans l’eau, les survivants ont raconté avoir tenté de "grimper jusqu'au point le plus haut du bateau", "pour essayer de sauver les plus petits", a indiqué La Repubblica.

Plus de 1 000 morts en Méditerranée

Roberto Occhiuto, président de la région de Calabre estime que ce naufrage "est un coup de poing dans l’estomac". "Ces heures de grande angoisse […] nous rappellent l’énorme drame que nous avons vécu à Cutro il y a un peu plus d’un an". Le 26 février 2023, une embarcation chargée de 200 personnes a sombré au large de la Calabre, près de la ville de Cutro. Quatre-vingt-quatorze personnes, dont de nombreux enfants, ont perdu la vie dans ce naufrage.

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La route migratoire de la Calabre est empruntée depuis quelques années par les migrants en transit en Turquie. À bord d’embarcations vétustes, généralement des voiliers, les exilés contournent les îles grecques de la mer Égée pour arriver directement dans le sud de l’Italie, une zone moins contrôlée.

Mais cette route, plus longue, est aussi très dangereuse. Les naufrages y sont fréquents. Fin mai 2023, au moins neuf personnes sont mortes après que leur bateau a coulé, au nord-est de Mykonos, dans les Cyclades. Selon les deux uniques rescapés, 17 migrants se trouvaient à bord, dont une fillette de sept ans.

Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), quelque 3 155 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée l'an dernier et plus de 1 000 personnes sont mortes ou portées disparues depuis le début de l'année 2024.

 

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