12532 fans
Réunis en 1961 à l'initiative du producteur Albert Grossmann dans le but de créer une version « jeune » du populaire groupe The Kingston Trio, le jeune diplômé Peter Yarrow, le comédien Noel Paul Stookey et la chanteuse Mary Allin Travers, tous trois nés entre 1937 et 1938 (auxquels il fut envisagé d'adjoindre le guitariste Dave Van Ronk) font alors déjà partie de la scène folk florissante de Greenwich Village. Leurs harmonies lyriques et leurs phrasés solennels leur permettent de dépasser le circuit des cafés et des clubs folks pour toucher le grand public avec une série de tubes imparables aux paroles clairement énoncées.
Le premier de ces tubes est un classique du répertoire de Pete Seeger, « If I Had A Hammer » (adapté en français par Claude François, avec le célèbre « Si j'avais un marteau »), que Mary a déjà interprété avec Seeger à l'âge de quatorze ans, lorsqu'elle était membre des Song Swappers. Le second est une chanson pour enfants (l'une de leurs spécialités) écrite par Peter, « Puff (The Magic Dragon) ».
Bob, parrain et idoleMais c'est en popularisant les premiers les chansons de Bob Dylan que Peter, Paul and Mary vont se faire une place dans l'histoire. En juillet 1963, au moment où ils se produisent en vedette au Festival de Newport, leur version de « Blowin' in the Wind » est numéro 2 au hit-parade. Ils récidivent à la rentrée avec « Don't Think Twice It's Alright », autre extrait de l'album The Freewheelin' Bob Dylan, dont ils offrent à Hugues Aufray un exemplaire qui suscitera Aufray chante Dylan (au passage, le Français reprendra aussi – et avec quel succès – leur version de « Stewball »). Fin août, le trio chante « Blowin' in the Wind » avec Dylan devant la foule rassemblée devant à Washington, face au Capitole, en préambule du discours historique de Martin Luther King.A Newport, en 1965, Peter Yarrow, devenu l'un des directeurs du festival, soutient ouvertement le nouveau Bob Dylan électrique, quand celui-ci apparait sur scène accompagné par Paul Butterfield Blues Band. Alors que de nombreux fans, venus en masse pour acclamer l’idole du folk, commencent à siffler, certains programmateurs veulent couper le courant. Incompris, meurtris, Dylan et son groupe s’apprêtent à quitter la scène, mais Peter s'empare du micro et exhorte le public à le rappeler.Virage électrique sous effet de modeL'album In the Wind, qui contient leurs premières reprises fondatrices et a atteint la première place des charts fin 1963, est le premier d'une série de cinq disques qui se vendront à plus d’un million d'exemplaires. Le trio continue ses réinterprétations du répertoire de l’idole, obtenant un nouveau succès avec « Too Much of Nothing », puis, Peter, Paul And Mary optent à leur tour pour l'électricité en 1967, avec la complicité de la brillante équipe de Dylan et de Grossman : Paul Butterfield, Mike Bloomfield et Al Kooper.« I Dig Rock'n'Roll Music », cinquième de leurs titres à entrer dans le Top 10 américain, est une profession de foi sincère et sympathique, mais un peu creuse, tant on sent la volonté du trio de suivre le mouvement qui pousse alors les musiciens folk de New York vers la Californie, et d'imiter les Mamas and Papas, avec force clins d'œil en direction de Donovan et des Beatles.Séparation en pleine gloire ?Le trio décroche le plus gros succès de sa carrière en 1969 avec « Leaving On A Jet Plane » de John Denver. Ils atteignent la première place aux États-Unis et sont numéro 2 en Angleterre, quelques mois seulement avant d'annoncer leur séparation, pour se lancer respectivement en solo.Malheureusement, aucun d’entre eux n’arrive à briller sans les deux autres. Le trio va donc se réunir en de maintes occasions dès 1972, pour soutenir la candidature du démocrate George McGovern contre Nixon, puis en 1978, 1982, 1988 et 1993, avec des albums s'adressant à un public de nostalgiques. Lifelines en 1995 et les albums suivants prolongent leur histoire. Entre-temps, Peter se reconvertit dans le business, Paul redevient comédien et Mary Travers entame une carrière d’animatrice de radio, très vite couronnée de succès.Porte-parole polie de la gauche américaine des années 60, artistes folk véritablement engagés politiquement, conservateur de la chanson américaine, ils n'en ont pas moins popularisé de jeunes auteurs de talents (Laura Nyro et Gordon Lightfoot, en plus de Dylan), Peter, Paul And Mary a enfin de compte mérité sa place de trio le plus populaire de l'histoire du folk américain.