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Catherine Sauvage, née Jeanine Marcelle Saunier le 26 mai 1929 à Nancy, France. Marguerite Duras a dit d'elle : « Chanteuse d'amour, de révolte, de larmes, elle a une voix sauvage d'une redoutable exactitude qui frappe en plein cœur. » Catherine Sauvage ou l'archétype de la chanteuse rive gauche, de l'artiste engagée, compagnon de route du Parti communiste, épouse un temps de Pierre Brasseur, passionnée de poésie, bref, un genre comme on n'en fait plus…
Elle apparaît après-guerre dans les meilleurs cabarets et lance « Grand papa laboureur » au Bœuf sur le Toit en 1948. Jeanine Saunier chante d'abord pour le plaisir, puis assure quelques remplacements dans des boîtes. Jusqu'au jour où on lui propose un tour de chant au Bœuf sur le Toit, un cabaret proche des Champs-Élysées. Elle y interprète, avec une vivacité et un mordant peu communs, l'une de ses premières chansons, « Han Coolie », poème allemand adapté par Louis Aragon.
Ferré, Canetti, etc.C'est le début des années 1950. Jeanine Saunier se transforme en Catherine Sauvage, le prénom à cause de l'impératrice de Russie, et le nom est celui d'une copine de classe. Même si elle chante du côté de l'Étoile, c'est à Saint-Germain-des-Prés qu'elle préfère traîner. Elle y fait d'ailleurs la connaissance de Léo Ferré, une rencontre qui va orienter toute sa carrière. Elle décide d'inscrire plusieurs chansons de Léo à son répertoire : « Paris canaille », « Graine d'ananar »…
Tout s'enchaîne alors très vite. En 1953, Jacques Canetti la fait passer à son théâtre des Trois Baudets ; elle obtient, l'année suivante, un premier prix du disque grâce à « L'homme » de Ferré, ce qui la propulse sur la scène de l'Olympia. Catherine Sauvage monte ensuite dans la ville de Lyon sous la direction de Roger Planchon un spectacle entièrement consacré à Bertolt Brecht, qu'elle reprend à Bobino en 1955.
Quatre ans plus tard, elle chante à Bobino et au théâtre de la Gaîté-Montparnasse, où elle présente son premier récital. À son répertoire, des chansons de Léo Ferré, Bertolt Brecht et Kurt Weil, Louis Aragon, Georges Brassens, Mac Orlan, Gilles Vigneault. En tournée au Canada, elle rencontre le poète qui lui donne « Mon Pays », « Le Corbeau », « La Manikoutai » et qu’elle fait connaître dès 1965 ( « Quand vous mourrez de nos amours »).
Gainsbourg et récompensesEn 1961, Catherine Sauvage obtient un deuxième prix du disque. En 1962, et ceci bien avant Brigitte Bardot ou France Gall, Catherine Sauvage consacre tout un 45 tours à un jeune auteur nommé Serge Gainsbourg (« Black Trombone », « L'assassinat de Franz Lehar » et « Baudelaire »).
Mais la vague yé-yé qui commence à déferler sur la France va la reléguer, comme tant d'autres, au second plan pour quelques années. La chanteuse laisse la place à l'actrice de théâtre jusqu'en 1968, année où elle fait un grand retour à Bobino, immortalisé par le disque Bobino 1968 – Le Bonheur.
Dans les années 80, Catherine Sauvage vit une semi-retraite et déclare volontiers à qui veut l'entendre : « Je n'ai plus envie de chanter parce que si c'est pour chanter une fois tous les trois mois… » Elle se produit tout de même régulièrement à l'étranger.
En 1992, elle enregistre un disque entier de poèmes de Jacques Prévert pour la maison Canetti, l'ancien propriétaire des Trois Baudets.
Sa dernière apparition en scène a été pour les Francofolies de La Rochelle en juillet 1994.
Elle est décédée le 19 mars 1998 à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), des suites d'un cancer.