2281 fans
Fille de Marcel Martel, lui-même chanteur de country et animateur de radio, Renée Martel voit le jour en 1947. Son géniteur, lui-même enfant star en son temps, lui inocule très jeune le virus de la country music et la jeune fille, en digne héritière, pousse très bientôt la chansonnette sur des airs d’harmonica et de violons lancinants. Malheureusement, la maladie frappe la famille Martel dont le patriarche doit s’exiler sous le soleil de Californie, Etat dont le climat est plus doux pour quelqu’un atteint de maladie pulmonaire. S’il s’en remet physiquement, sa famille a du mal à subsister sans ses cachets de chanteur et Renée Martel est successivement placée en famille d’accueil puis en pension.
Los AngelesRemis sur pied en 1952, Marcel Martel repart en tournée, emmenant sa famille dans ses bagages à travers tout le Canada. Conscient du potentiel de sa fille, il la fait chanter avec lui sur quelques titres et, bientôt, l’enfant devient presque aussi populaire que son père. En 1954, toute la famille Martel (la mère est elle-même choriste) enregistre un premier album familial, Noël en famille. Une nouvelle maladie pulmonaire oblige à nouveau Marcel Martel à emprunter le chemin de la Californie, mais cette fois, il emmène ses proches avec lui, et c’est à Los Angeles que grandit Renée Martel, qui apprend à l’occasion à chanter en anglais.
Se faire un prénom Guéri à nouveau, Marcel Martel se voit proposer l’animation d’une émission de radio consacrée à la country en 1963 dans laquelle il n’hésite pas à médiatiser sa fille qui devient une vedette à part entière et enregistre son premier 45 tours, « C’est toi mon idole », l’année suivante. Propulsée star de la country grâce à ses premiers disques, Renée Martel, une fois adulte, choisit d’évoluer en marge de sa famille afin de se faire un prénom.
C’est en compagnie de son premier groupe, Les Silverboys, qu’elle enregistre de nouveaux tubes dont « Liverpool » (énorme succès au Canada), « Prend ma main » ou « Je vais à Londres ». Choisissant de suivre la mode de son temps, elle s’éloigne du répertoire country traditionnel pour s’orienter vers un style plus pop, assez semblable, précisément, à ce que l’on peut alors trouver du côté de... Liverpool, justement. En 1970, l’ex « fille de » n’a plus rien à envier à son prestigieux géniteur en termes de reconnaissance.
La cowgirl doréeLa réalité est toutefois plus sombre que l’image publique de la jeune fille à qui tout réussit. Renée Martel, qui avait déjà tendance à bien lever le coude en temps normal, devient réellement alcoolique en 1971 du fait de son divorce, un travers qui la suivra longtemps. Désireuse de changer de registre artistique en même temps que de vie, elle revient à ses premières amours pour la country avec l’album (largement autobiographique) Un Amour Qui Ne Veut Pas Mourir qui s’écoule malheureusement plutôt mal. C’est la reprise francophone de la chanson « Rhinestone Cowboy » (« Cowgirl dorée » en VF) qui la fait renouer avec le succès.
« Nous, on aime la musique country »La décennie 1970 est marquée par des succès en dents de scie pour la chanteuse qui ne revient réellement sous les feux de la rampe qu’en 1978 avec l’émission Patrick, Renée et lui-même qu’elle co-anime en compagnie de Patrick Norman et Willie Lamothe. Ayant regagné une certaine notoriété grâce à ce show, la chanteuse repart en tournée après avoir suivi une thérapie pour la guérir de son penchant pour l’alcool.
En 1983, l’album C’est Mon Histoire, et plus particulièrement le titre « Nous, on aime la musique country » rencontre un important succès et hurle au public qu’on ne la reprendra plus dans ses errements pop, Renée Martel choisissant de se consacrer quasi exclusivement au patrimoine folk d’Amérique du nord. À cette occasion, elle se produit en spectacle aux côtés de ses parents avant de sortir l’album Cadeau, salué par l’obtention du prix Félix-Leclerc de la chanson.
Le folklore américainAprès quelques années passées sous le soleil du Maroc avec son compagnon, elle retourne au Canada pour y enregistrer Authentique avant d’animer pendant plusieurs années une nouvelle émission de télévision consacrée à son genre de prédilection. Moins pressée de sortir des disques, elle prend le temps de peaufiner chaque titre, ainsi que de choisir son parolier ou ceux qui l’accompagnent en duo sur certains morceaux. Au nombre de ses collaborations, on note Johnny Farago, Patrick Norman ou encore Michèle Richard.
Devenue la grande dame de la country québécoise, Renée Martel se pose un peu comme l’une des dernières représentantes de ce courant musical, alors que précisément, les années 1980 et 90 ont largement contribué à ringardiser le genre. En dépit de cela, elle s’accroche à son style et n’en démord pas, conservant de fait la sympathie de son public.
La cow girl fringanteTrois albums-rétrospectives sortent en 1999 avant que Renée Martel n’apprenne la nouvelle du décès de son père, victime de ses problèmes de poumons à répétition. C’est pour elle l’occasion de composer un album cathartique, A Mon Père, qui précède l’annonce de sa propre retraite car, en effet, les soucis pulmonaires de la famille Martel sont d’ordre génétique et la fille de Marcel Martel en souffre également. Si elle sort de temps à autre de sa retraite médicalisée pour collaborer à quelques projets artistiques en compagnie de son propre fils, ce n’est qu’en 2005 que ses soucis de santé s’atténuent au point qu’elle peut envisager un retour en studio.
Un Album Qui Ne Veut Pas Mourir, en 2006, reprend d’anciens succès de manière acoustique et, en 2008, sort un nouvel opus original, L’héritage sur lequel plane encore la silhouette de Marcel Martel... mais aussi de Dominique Martel, le propre fils de Renée, faisant de cette famille une authentique dynastie d’artistes.