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Né le 16 octobre 1945 d'un chauffeur de taxi et d'une couturière encartés au Parti communiste, celui qui s'appelle encore Jean-Claude Jouhaud n'est guère passionné par les études et leur préfère la chanson ou, plutôt, le monde de la chanson. A peine âgé de 15 ans, las des heures longues et sans paillettes de la vie de banlieue, il décide de "monter" dans la capitale et d'y approcher les étoiles. Il y décroche un boulot de garçon-coiffeur pour assurer sa croûte.
L'écrivain et philosophe Emmanuel Berl le prend sous son aile. Mais c'est surtout l'épouse de ce dernier et son entourage qui font rêver le jeune homme : et pour cause, Mireille est une star du petit écran et ses cours télévisés du Petit Conservatoire de la chanson, voient passer la plupart des célébrités françaises : de Hugues Aufray à Françoise Hardy en passant par Alice Dona, Yves Duteil ou Daniel Prévost. Pascal Sevran y apprend le métier d'artiste.
Un métier qu'il pratiquera peu sur scène en fin de compte. S'il sort quelques disques et se produit sur le tard à l'Olympia, la chanson française lui doit surtout quelques titres que d'autres interpréteront. Dans les années 70, il se lie d'amitié avec Dalida pour qui il écrit « Il venait d'avoir 18 ans » ou « Comme disait Mistinguett ». Orlando, le frère de la star, lui fera enregistrer son premier 45-tours, « Les petits Français », paru en 1973.
Dalida lui fait rencontrer François Mitterrand qui n'est alors que candidat à la présidence de la République. En 1981, Sevran célébrera la victoire de la gauche à ses côtés. On le voit plusieurs fois accompagnant le chef de l'Etat à Solutré. Après la mort de François Mitterrand, ne se reconnaissant plus dans le programme de "ses héritiers politiques", il affiche volontiers son soutien à Nicolas Sarkozy, tout en gardant sa sympathie pour Bertrand Delanoë et Jack Lang.
Animateur de radio, directeur de collection chez Pathé, producteur de télévision, Pascal Sevran fut également un auteur prolifique. Son roman Le passé supplémentaire a obtenu en 1979 le prix Roger-Nimier. Au soir de sa vie, l'homme avait à son actif plus d'une vingtaine d'ouvrages, romans, mémoires et essais sur de multiples sujets.
Il a animé pendant dix-sept ans l'émission de télévision La Chance aux chansons, sur TF1 de 1984 à 1991, puis sur France 2 jusqu’en décembre 2000, jusqu'à ce que la direction de la chaîne décide de supprimer l'émission afin d'en faire évoluer le concept. Cet arrêt a suscité de nombreuses réactions de la part des spectateurs. La Chance aux chansons a été suivie jusqu'en 2007 par Chanter la vie et Entrée d'artistes. Ouvertement homosexuel, Pascal Sevran animait une émission littéraire de Pink TV, Bibliothèque Pink : on casse les prix.
Une interview dans le quotidien Var-Matin du 2 décembre 2006, au sujet de son roman Le Privilège des jonquilles avait provoqué une vive polémique. Le 11 décembre, France 2 réagit officiellement par l'intermédiaire de Philippe Baudillon, directeur général de France 2, qui exprime au nom de la chaîne sa « vive émotion », sa « totale désapprobation » et adresse à Pascal Sevran une « très ferme mise en garde » dans une lettre rendue publique.
Pascal Sevran meurt le 9 mai 2008, à l'âge de 62 ans, des suites d'un cancer du poumon. Il est enterré le 14 mai à Saint-Pardoux, près de sa propriété familiale de Morterolles-sur-Semme (Haute-Vienne), au côté de son père décédé en 2002 et de son ami Stéphane décédé en 1998.