C'est en tant que citoyen belge que le futur « Rital » naît, le 23 juillet 1953, à Châtelineau, dans la province wallonne du Hainaut, au sein d'un foyer d'immigrés italiens, sous le nom de Francesco Barzotti. Le jeune homme connaît tout au long de son enfance l'expérience de déracinements multiples, qui nourriront sans doute la soif de revendication présente dans sa chanson la plus célèbre : après avoir passé plusieurs années en Italie (et plus précisément en Sicile, à Villarosa), où il est élevé par son grand-père, Francesco rejoint ses parents en Belgique, avant de les suivre en Suisse, puis au Luxembourg, puis enfin, de nouveau en Belgique, où il se fixe définitivement dans le Brabant wallon.
Ce parcours quelque peu chaotique et le fait d'avoir été élevé en grande partie dans la langue italienne n'aident pas à suivre une scolarité francophone particulièrement stable et le jeune Barzotti ne trouve guère d'intérêt qu'aux cours de musique. Il choisit très tôt de prendre cette voie et, encouragé par ses parents, suit des cours de guitare classique et de solfège durant huit ans. A l'âge de dix-sept ans, sous le nom de Franco Angeli, il enregistre un premier disque, « Vous mes amis ».
En 1973, le jeune chanteur est pris sous contrat chez Vogue Belgique et prend de manière définitive le nom de scène de Claude Barzotti. Il sort son premier 45 tours sous ce nom, « Ce grand amour », qui ne bouleverse pas les hit-parades. Les disques s'enchaînent pendant plusieurs années pour le chanteur, qui rame, à l'étroit dans le marché belge : « Madame » (1975), « Je ne veux pas mourir d'amour », « Et je t'attends », etc. ne permettent pas au belgo-sicilien de franchir le stade du succès d'estime.
C'est en 1981, après plus de dix ans de carrière, que Claude Barzotti fait une rencontre déterminante : Pierre et Michel Célie, responsables de la maison de disques Déesse, sont conquis par son talent et deviennent ses nouveaux producteurs : lui laissant une carte blanche intégrale quant au choix du studio, des paroles et des musiques de ses chansons. En 1983, une nouvelle version de « Madame » va lui permettre de s'imposer enfin sur le marché français, où elle s'écoule 400 000 exemplaires. Un premier album du même nom paraît simultanément. Mais le meilleur est à venir.
1983 est une grande année pour Claude Barzotti, qui squatte littéralement les ondes francophones, d'abord avec « Madame » puis avec « Le Rital », immense succès qui devient son principal standard en même temps que son sobriquet. Dans cette chanson basée sur ses expériences personnelles, Barzotti surfe sur la vogue de l'antiracisme et des appels à la tolérance : « C'est vrai je suis un étranger / On me l'a assez répété / J'ai les cheveux couleur corbeau / Je viens du fond de l'Italie / Et j'ai l'accent de mon pays / Italien jusque dans la peau / Je suis rital et je le reste / Et dans le verbe et dans le geste ». La voix rauque, la diction chantante, et le physique de séducteur chevelu de Claude Barzotti séduisent le public, qui l'intronise vedette populaire, comme il avait déjà plébiscité d'autres italo-belges au registre romantique (Salvatore Adamo, Frédéric François et Frank Michael).
Célèbre dans toute la francophonie (il est connu jusqu'au Canada, où des titres comme « Je ne t'écrirai plus » ou « Prends bien soin d'elle » rencontrent la faveur du public), Claude Barzotti use de ses talents pour d'autres projets. On le retrouve interprète de la chanson du film A nous les garçons (une pantalonnade de Michel Lang où s'illustre un jeune Franck Dubosc) mais c'est surtout dans le cadre d'un projet, hélas ! non concrétisé qu'il déploie son énergie. Travaillant à monter une comédie musicale consacrée à l'immigration, Les Nouveaux nomades, Claude Barzotti prévoit d'y interpréter le personnage d'un français raciste, censé être le « méchant » de l'histoire.
Et, si le spectacle ne voit pas le jour, il en résulte une chanson, « La France est aux Français », que Barzotti n'interprètera qu'à quelques reprises, notamment lors d'un passage à la télévision. Mais les paroles du morceau, sorties de leur contexte et quelque peu violentes (« Vous êtes toujours là / A roder comme des rats / Toujours à trafiquer /A rien faire à traîner / Vous polluez la France / Et c'est qui qui finance? /Chômedu et RMI / Ca sort de la poche à qui ? / De la poche à Ducon /Et Ducon l'en a marre (...) Barrez-vous, cassez-vous / On a déjà donné / Du balai, du balai /La France est aux Français, aux Français ») causent une polémique, certains ayant tendance à y voir les opinions de Claude Barzotti lui-même et non du personnage qu'il interprète. La chanson connaît une certaine postérité, notamment via des reprises non autorisées sur internet et via des « clips » encore moins officiels et légaux, montés par des militants d'extrême-droite ne proposant de la chanson qu'une lecture au premier degré.
Claude Barzotti sort des disques avec régularité dans les années 1980, mais son succès s'exprime bien davantage dans des singles que dans des ventes d'albums. Il voit son aura commerciale décliner avec les années, aucune de ses chansons ne connaissant le succès du « Rital ». Malgré le bon résultat d'« Aime-moi » en 1990, Barzotti quitte peu à peu le devant de la scène pour s'installer dans une carrière de chanteur pour bals populaires et salles de province, en Belgique et en France. En 1992, il compose la chanson représentant la Belgique à l'Eurovision : « Nous, on veut des violons », interprétée par Morgane, se classe vingtième sur vingt-trois. En 1998, une vilaine affaire vient encore faire du tort à sa carrière : accusé d'avoir violé une jeune chanteuse, Barzotti est finalement mis hors de cause.
Loin des plateaux télévisés, Claude Barzotti n'en poursuit pas moins sa carrière, la voix toujours plus rauque, et profite, comme Adamo et autres confrères, d'une certaine vague mi-nostalgique mi-ironique pour revenir sur le devant de la scène. En 2003, il sort une reprise de la chanson italienne « Vado via ». En 2006, ses standards « Le Rital » et « Madame » figurent sur la bande-son du film Camping (dans lequel joue à nouveau Franck Dubosc, rescapé du temps d'A nous les garçons), dont le gros succès au box-office lui permet de se ramener au bon souvenir du public. L'année suivante, son nouveau single « Jada », racontant le sauvetage d'une enfant laotienne, est l'occasion pour Claude Barzotti de s'engager pour l'humanitaire avec l'association La Chaîne de l'Espoir, tout en revenant sur le devant de la scène, grâce au soutien de TF1, qui organise la promotion de la chanson.
Sans être toujours demeuré au même niveau de succès commercial - mais combien peuvent s'en vanter ? - Claude Barzotti a su garder son cap dans le milieu des chanteurs de variété francophone et réaliser une carrière qui, pour être relativement discrète, n'en est pas moins constante et honorable. Son retour progressif dans les années 2000 aboutit à l'album Ancora (2003) avant un nouveau passage à vide.
Quelques jours avant la sortie de l'album de chants traditionnels Chante Noël en novembre 2012, Claude Barzotti est victime d'une crise cardiaque sans conséquence grave à son domicile. Le chanteur repart ensuite illico dans une nouvelle tournée, avant de retrouver le studio pour l'enregistrement de l'album original Le Temps Qui Passe, publié en 2015, dans lequel il évoque des moments de sa carrière et de sa vie privée comme en témoigne l'extrait « Quand les enfants s'en vont ». Le recueil réaliste comprend également un duo avec Jeane Manson dans « Ce que tu dois être belle ».