La transpiration causée par l’angoisse. Le crin de cheval. L’herbe mouillée, la terre après l’averse. Le soufre de la poudre à canon. L’eau de Cologne au romarin, à la bergamote et à l’orange amère. Un soupçon de cuir.

Telle a été – peut-être – l’odeur de la retraite de Napoléon après Waterloo, en 1815. En tout cas, ce sont quelques-uns des ingrédients sélectionnés par Caro Verbeek, historienne de l’art et chercheuse olfactive, en partenariat avec la parfumeuse Birgit Sijbrands, le créateur de parfums Bernardo Fleming, d’International Flavors & Fragrances, et le Rijksmuseum d’Amsterdam.

“Les guerres regorgent d’odeurs, assure Caro Verbeek. Dans leurs lettres, les soldats parlent moins de leurs blessures que de l’horreur des bruits et des odeurs. C’est ce qui nous permet de les connaître.” Nous savons également qu’il a plu le soir précédant la bataille, que la transpiration causée par la peur n’a pas la même odeur que la sueur ordinaire, et qu’il se trouvait plusieurs milliers de chevaux sur place. Nous connaissons également les ingrédients qui composaient le parfum de Napoléon – il s’en aspergeait des litres tous les jours et en portait même une bouteille dans sa botte.

Autant d’informations sur lesquelles Caro Verbeek s’est appuyée pour sa reconstitution [des odeurs de Waterloo