Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/23/45.COM/7B.Add,
- Rappelant les décisions 42 COM 7B.100, 43 COM 7B.1 et 44 COM 7B.88 adoptées à ses 42e (Manama, 2018) et 43e (Baku, 2019) sessions et à sa 44e session élargie (Fuzhou/en ligne, 2021) respectivement,
- Se félicite de l'engagement continu de l'État partie à renforcer les mesures de gestion en collaboration avec les partenaires internationaux, malgré les contraintes importantes en matière de capacités, dues à l'instabilité politique et à la crise économique actuelles au Yémen ;
- Note avec préoccupation que l'instabilité politique et la crise économique actuelles continuent d'avoir un impact sur la capacité de gestion efficace du bien, et appelle la communauté internationale à soutenir l'État partie dans ses efforts pour assurer la protection et la gestion efficaces du bien ;
- Rappelant le haut niveau d'endémisme du bien et les impacts potentiellement dévastateurs des espèces exotiques envahissantes (EEE) sur sa valeur universelle exceptionnelle (VUE), se félicite également des activités en cours dans le cadre du programme PNUE-FEM pour mettre en place des mesures de quarantaine portuaire et préparer une stratégie participative de contrôle des EEE, et demande à l'État partie, en collaboration avec les parties concernées, d’achever d'urgence cette stratégie de contrôle des EEE et de mettre en œuvre des mesures de biosécurité pour assurer une gestion efficace de la menace ;
- Prend note du fait que les développements seraient essentiellement limités aux zones de développement urbain, que les développements dans la zone tampon sont réglementés par des normes environnementales et que ces normes sont intégrées dans la révision et la mise à jour du plan de zonage de conservation (PZC), et demande également que le PZC soit achevé à titre prioritaire et soumis au Centre du patrimoine mondial ;
- Notant les impacts signalés dans certains parcs nationaux ou zones protégées, demande en outre à l'État partie de fournir des informations complémentaires sur ces impacts par rapport à la VUE, et de préciser comment l’instauration ou la mise à jour de plans de gestion des zones protégées pour couvrir toutes les zones sensibles de la biodiversité et soutenir l'utilisation des ressources naturelles locales s’articuleront avec la mise à jour du PZC et la gestion intégrée globale du bien ;
- Félicite l'État partie pour l'adoption d'une nouvelle exigence d'évaluation d'impact environnemental (EIE) pour tous les développements à Socotra, et prie instamment l'État partie et toutes les parties concernées par les projets de développement de s'assurer qu'elle est mise en œuvre conformément au nouveau Guide et boîte à outils pour les évaluations d'impact dans un contexte de patrimoine mondial, notamment en :
- veillant à ce que tout projet de développement soit soumis à une évaluation rigoureuse des impacts potentiels sur la VUE du bien avant de prendre une décision difficilement réversible, de suspendre tout développement en cours et de ne procéder à aucun nouveau développement qui pourrait avoir un impact négatif sur la VUE,
- évaluant, dans le contexte de la nouvelle réglementation, les impacts potentiels des développements d'infrastructures existants qui n'ont pas fait l'objet d'EIE,
- veillant à ce que les normes environnementales appropriées qui réglementent les activités dans le bien et sa zone tampon soient intégrées au PZC actualisé et que leur application soit assurée ;
- Note les mesures positives qui sont prises pour faire face aux menaces qui pèsent sur la VUE du bien, mais réitère sa plus grande préoccupation quant aux impacts potentiels de ces différentes menaces, comme le développement incontrôlé, l'utilisation non durable des ressources naturelles, le changement climatique, la pollution plastique, l’absence de financement durable et l'insuffisance des mesures de biosécurité pour éviter l'introduction d'EEE, et considère que l'effet cumulé de ces facteurs pourrait représenter un danger potentiel pour la VUE du bien ;
- Note avec préoccupation l’impact potentiel, sur la VUE du bien et en particulier son environnement marin, d’une pollution pétrolière datant de janvier 2023 et provenant d’un pétrolier échoué au sein du sanctuaire naturel de Delisha depuis novembre 2019, et demande par ailleurs à l’État partie de fournir des informations supplémentaires sur les impacts de cette pollution sur la VUE, notamment de réaliser une évaluation des impacts sur l’écosystème marin ainsi qu’une évaluation des risques encourus par le navire afin d’éviter d’autres déversements, et de rendre compte de toute mesure d’intervention entreprise grâce au soutien de l’assistance d’urgence fournie par l’intermédiaire du Fonds du patrimoine mondial ;
- Réitère sa demande que la mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN sur le bien soit effectuée dans les meilleurs délais, afin d’évaluer l’état actuel de conservation du bien, en particulier en rapport aux menaces ci-dessus mentionnées, et de déterminer si le bien remplit les conditions d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2024, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session, considérant que les besoins urgents de ce bien en matière de conservation nécessitent une large mobilisation pour préserver sa VUE, y compris une possible inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.