C’est (aussi) à ça que servent les amis
Tout à l’heure, alors que je m’ennuyais, me demandant bien où j’allais boire une bonne bière bien glacée en ce jour où au Cameroun on célèbre la pauvreté l’unité nationale, quand mon téléphone sonna. Le « Demandez, on vous donnera » de la Bible-là, ça marche parfois hein. Donc, mon téléphone sonne et au bout du fil, c’est un vieux pote qui appelle pour me souhaiter bonne fête. Massa, tu me souhaites bonne fête sans me donner une ? Aka ! Bon, il ne m’a pas offert une, mais il m’a quand même rappelé de bons souvenirs.
À l’époque, nous étions étudiants, et nous vivions à Bonas [quartier estudiantin de Yaoundé], plus précisément au secteur qu’on appelait « Bonas suite et fin ». Mon pote, lui, vivait dans une cité voisine à la mienne. Un jour, il arrive dans ma cité, triomphant, et nous raconte son dernier exploit : il venait de « mettre le dos de sa voisine au sol », vous voyez ce que je veux dire ? Non ? Alors revenez quand vous aurez 18 ans au moins !
Tous admiratifs, les autres gars de la cité et moi on lui demande plus de détails. Le gars se fait prier, mais nous raconte quand même des choses que je ne redirai pas ici. Quelques jours plus tard, je revois mon pote et je lui demande comment va sa nga [sa petite amie]. Le gars semble ne pas savoir de qui je parle. « Mais, ta voisine non ? » Le gars rit et me dit, « Noooooon ce n’est pas ma petite amie. C’est ma pote. On couche juste ensemble, rien d’autre. Elle a son gars qui vient la voir de temps en temps ; moi je suis là pour travailler le bon travail. »
En réalité, les deux avaient passé un accord simple : en bons amis, ils allaient « s’entraider ». Sexuellement parlant. Lui, célibataire, et elle dont le fiancé habitait Douala avaient résolu de devenir sexfriends.
Il y a quelques décennies, tout Camerounais, mais surtout toute Camerounaise qui se respecte aurait rougit de honte s’il devait avouer qu’il couche avec une amie. Mais de nos jours le phénomène de sexfriend a pris tellement d’ampleur qu’on en parle désormais comme si on parlait d’aller au marché s’acheter une nouvelle chemise. Les potes se font ça entre eux, sans aucun scrupule ni aucune retenue.
À qui la faute ? Eh bien, je crois que c’est la « modernité » qui a favorisé ce genre de comportement. Oui car depuis qu’en Afrique la mode est à l’abandon des valeurs et principes qui dirigeaient nos sociétés, les mœurs ont tendance à se relâcher, le tabou n’existe plus. La dignité non plus.
C’est vrai que les conditions de vie et le contexte social y sont pour beaucoup aussi. Le phénomène de sexfriend est plus accru dans le milieu estudiantin – du moins je crois.
Il est courant de voir des étudiantes obligées de chercher des sponsors [des vieux croulants, pleins aux as mais nuls au lit] pour espérer joindre les deux bouts. Et généralement, elles jettent leur dévolu sur un de leurs voisins dont le seul boulot sera de… euh… vous voyez. Et le gars, qui admire la fille depuis, mais sent qu’elle n’est pas de sa catégorie car son petit mandat ne peut-même pas suffire pour la main d’œuvre de la coiffure de la go, ne se fait pas prier… Est-ce qu’il en fabrique ?
« C’est aussi à ça que servent les amis non ? », m’a répondu mon pote au téléphone quand je lui ai reparlé de sa voisine. Il avait raison : les amis doivent être là pour leurs amis, quels que soient leurs besoins – tu comprends non, mon amie Leyopar ?
Bon, euh, j’ai un appel, une pote m’appelle pour une bière et plus si affinité. En attendant, vous pouvez aller lire les billets des autres membres du Blog Contest du le thème du mois : Jeunesse africaine : quand le phénomène « sexfriend » défie nos valeurs
Mon amie personnelle Leyopar qui Sans port ni attache… TBCS2E3
Elsa Diamond, « C’est ta vie, faut pas que ça me regarde » #TBCS2E3
Agnès Diouf #TBCS02EP03# : Dans ma tête de Sexfriend!
One More Think et Le TchoupinOv que je soupçonne d’avoir beaucoup d’amies.
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