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John A. Macdonald, « un personnage complexe », dit l'historien James Daschuk

La statue de John A. Macdonald au parc Victoria à Regina

La statue de John A. Macdonald au parc Victoria à Regina

Photo : Radio-Canada / Kirk Fraser

Radio-Canada

Tandis qu'un débat a lieu en Ontario sur la possibilité de rebaptiser des écoles portant le nom de John A. Macdonald, l'historien James Daschuk estime que, bien que ce dernier soit un « personnage complexe », la Saskatchewan doit elle aussi s'ouvrir au dialogue, peu importe le résultat.

Un texte d'Amélia MachHour

Le premier premier ministre du Canada, John A. Macdonald, est un personnage très complexe, selon James Daschuk de l'Université de Regina. Il va de soi, dit-il, que le père de la Confédération est un personnage crucial et au centre de l’histoire du Canada.

Il est notamment responsable de la construction du chemin de fer qui a relié l’est et l’ouest canadiens.

Ce qui n’est pas souvent mis de l’avant, explique James Daschuk, c’est le fait que John A. Macdonald était aussi responsable des affaires autochtones.

L'historien de l'Université de Regina James Daschuk espère que la Saskatchewan est prête à avoir une discussion franche et éclairée sur ce qui pourrait être considéré comme étant raciste.

L'historien et professeur associé au département de kinésiologie l'Université de Regina, James Daschuk, espère que la Saskatchewan est prêt d'avoir une discussion franche et informée sur ce qui pourrait être considéré comme étant raciste.

Photo : Radio-Canada / Amélia MachHour

Sa vision du chemin de fer ne s'est pas réalisée sans heurts. L’historien affirme que le premier premier ministre a mis en place une « politique de famine, a poussé les Autochtones dans des réserves où ces derniers étaient dépourvus de tout droit et de toute liberté, et a mis en place en 1883 des pensionnats conçus pour les assimiler ».

Ce n’est pas avant les années 50 que les Autochtones ont eu le droit de sortir des réserves sans permis.

Il ajoute aussi que John A. Macdonald ainsi que le lieutenant-gouverneur du Nord-Ouest et commissaire aux Affaires indiennes, Edgar Dewdney, sont à l’origine de l'exécution du plus grand nombre de personnes de l’histoire du Canada. Edgar Dewdney avait affirmé vouloir faire « un spectacle public » de celle de huit Autochtones condamnés à mort en 1885 dans la région de Frog Lake, alors en Saskatchewan.

Une affiche a été collée sur la statue de John A. Macdonald dans le parc Victoria à Regina. L'affiche mentionne des mots comme : « génocide », « assimilation », et « colonisation ».

Une affiche a été collée sur la statue de John A. Macdonald dans le parc Victoria à Regina. L'affiche mentionne les mots comme: « génocide», « assimilation », et « colonisation. »

Photo : Radio-Canada / Kirk Fraser

La complexité vient donc du fait que John A. Macdonald, en plus d’être un personnage important, est à l’origine de bonnes comme de mauvaises choses. James Daschuk pense qu’il sera difficile de retirer le nom de ce dernier partout.

Selon l’historien, les communautés qui désirent retirer le nom de John A. Macdonald doivent avoir une discussion franche et éclairée « à propos de l’histoire de Macdonald, le bon et le mauvais, et en décider elles-mêmes ».

M. Daschuk estime qu’il est plus facile de retirer des noms de personnages historiques comme Edgar Dewdney, qui était à l’origine de l’idée de la politique de la famine. Selon lui, le quartier autochtone North Central, à Regina, est constamment obligé de se remémorer les gestes d’Edgar Dewdney parce qu'une rue y porte son nom.

Il espère que la Saskatchewan sera finalement prête à avoir elle aussi une discussion sur ce qui pourrait être considéré comme étant raciste, et ainsi faire avancer la réconciliation avec le peuple autochtone.

Peu importe comment ça se termine, on va avancer le dialogue entre les populations parce qu'on a besoin de le faire ici en Saskatchewan.

Une citation de James Daschuk, historien

Un héritage encore palpable

Le premier ministre Brad Wall s’est montré réticent à appuyer les mouvements demandant le retrait des monuments représentant des figures controversées, arguant qu’il s’agissait d’un « terrain glissant ». Selon le premier ministre, ces monuments « font partie de l’histoire [des Canadiens] ».

James Daschuk réplique qu’il est effectivement important que le public comprenne que John A. Macdonald était un homme de son époque.

Il précise qu’il est toutefois normal de poser un regard contemporain sur les actes de l’ancien premier ministre, puisque les répercussions de ses politiques envers les Autochtones se font toujours sentir.

James Daschuk avance également qu’il serait peu avisé de comparer le cas de Macdonald à celui d’autres figures historiques comme George Washington, dont l’héritage est critiqué parce qu’il possédait des esclaves.

Washington n’a pas commencé l’esclavage. Macdonald a commencé le système qui continue encore en 2017. [Des politiques] qui se poursuivent [...] parce que le gouvernement a été reconnu coupable de discrimination raciale envers 160 000 jeunes à cause des [problèmes] d’éducation et de services sociaux.

Une citation de James Daschuk, historien

« Si on change un nom, cela cause un peu de difficultés, cela coûte de l’argent. Mais si on est vraiment sérieux [dans les efforts] pour la réconciliation et la vérité, il va falloir partager le pouvoir. On dirait que les gens qui s’opposent le plus au retrait [des monuments] ne sont pas prêts à partager le pouvoir », conclut-il.

 

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