Sport à la maison ou en plein air : le dilemme d’une Dakaroise !

Article : Sport à la maison ou en plein air : le dilemme d’une Dakaroise !
Crédit: csow
14 juillet 2024

Sport à la maison ou en plein air : le dilemme d’une Dakaroise !

À l’heure des Jeux Olympiques de Paris 2024, le sport est à l’honneur. Et si je vous parlais de ma vie de citadine sportive? Dakar, malgré des atouts certains, n’est pas l’endroit idéal pour faire de l’exercice en plein air, surtout en semaine.

Si j’arrêtais de faire du sport, ma tête et mon dos ne manqueraient pas de me le faire payer. Pics de stress et douleurs lombaires me gâcheraient alors un peu la vie. Sans être véritablement accro à l’exercice physique, il m’est difficile de rester plusieurs jours sans faire du vélo d’appartement ou sans aller marcher. Ce sont mes deux principales activités de quinquagénaire, auxquelles je consacre en moyenne 4 heures par semaine, à la maison ou en plein air. Pendant les Jeux Olympiques, mes habitudes ne changeront pas totalement. Je continuerai de pédaler devant la télévision, mais au lieu de regarder une série, un film ou les infos, je serai en admiration devant des athlètes de haut niveau, qui monteront (ou pas) sur le podium. S’il est vrai qu’avec le temps, je me suis un peu désintéressée des vedettes du sport, j’apprécie encore le plongeon, la natation, l’athlétisme et la gymnastique. Ce n’est certes pas très original, mais ça me plaît. Pour ce qui est du patinage artistique, ma discipline préférée, je devrai patienter jusqu’aux Jeux d’hiver de 2026. Donc, en attendant, revenons à mes préoccupations de citadine sportive.  Si les bienfaits du sport pour notre santé sont connus et vantés, les risques liés à sa pratique dans certains environnements ne semblent pas être un sujet phare. Ainsi, à chaque fois que je veux me dépenser ou me détendre, je me pose des questions, jusque-là sans réponses claires.  

Cours de fitness sur la Corniche Ouest en fin de journée (csow)

Les effets de la pollution atmosphérique sur la santé, une source d’inquiétude

Quand je fais du vélo à la maison, puis des étirements, j’ai l’avantage d’être moins exposée à la pollution atmosphérique, sonore et même visuelle. Je suis aussi à l’abri des chauffards et des voleurs, malheureusement bien présents dans nos rues. En revanche, après une séance, même si je me sens détendue, je ne le suis pas autant que lorsque je marche deux heures, en plein air, en compagnie de mon époux ou en écoutant du reggae. C’est pour cette raison que je préfère sortir, en dépit de mes craintes. Autant que les voyous, souvent en scooter, qui s’en prennent aux passants comme aux automobilistes ou aux petits commerçants, ce que je redoute, c’est le contact avec des particules toxiques qui pourraient causer des affections respiratoires, cutanées, etc. Il faut dire qu’à Dakar, bien que nous ayons la chance de vivre sur une presqu’île, qui aurait pu offrir plus de sites de qualité dédiés au sport et aux loisirs, quand il s’agit de faire de l’exercice en plein air, nous n’avons guère le choix. C’est d’ailleurs sans doute pour cette raison qu’en fin de journée, en semaine, et tous les week-ends, les corniches Ouest et Est ou encore la Voie de dégagement Nord, VDN 3, longeant la côte, en direction de la banlieue dakaroise, sont littéralement prises d’assaut par les sportifs, hommes et femmes, de tous âges.

La Corniche Ouest, vrai-faux bon plan, malgré de nouveaux aménagements ?

En ce qui me concerne, depuis quelques années je ne vais pratiquement plus sur la Corniche Ouest, également appelée « grande corniche » (près de laquelle j’ai vécu 40 ans et fait du sport pendant plus de 25 ans). De mon point de vue, elle présente des avantages, mais aussi certains inconvénients. Pour ce qui est des avantages, cette route, d’une quinzaine de kilomètres, permet de faire de longues marches, ou de courir, sans repasser plusieurs fois par les mêmes endroits. Il y a des trottoirs et des espaces pour les activités en solo ou en groupe ainsi qu’une belle vue sur l’océan et le coucher du soleil. Quant aux inconvénients, je dois dire que ce qui m’inquiète beaucoup, c’est la densité du trafic aux heures de pointe, rendant parfois l’air irrespirable, surtout sur les tronçons où des bâtiments ont été construits côté mer. Le bruit des moteurs des véhicules et les coups de klaxon, tout comme ces enceintes bluetooth diffusant de la musique à fond ainsi que les encouragements de certains coachs, peuvent vite devenir agaçants pour des personnes habituées au calme. Du côté de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), on peut aussi être gêné par les odeurs nauséabondes provenant de la mer, en particulier quand elle est agitée, à cause du déversement d’eaux usées dans la zone. Idem vers le marché aux poissons de Soumbedioune, où fumées des fourneaux à charbon (où grillent crustacés et autres produits halieutiques) et émanations des déchets se mêlent. Pour toutes ces raisons, la grande corniche ne fait plus partie de mes parcours favoris. En revanche, j’aime bien aller sur la Corniche Est ou « petite corniche ». Située entre le Cap Manuel et le port de Dakar, elle passe derrière le palais présidentiel et devant la résidence du Premier ministre, d’où la présence de policiers et de gendarmes, ce qui est appréciable.

Corniche Est de Dakar (csow)

La Corniche Est de Dakar et la forêt de Hann, des alternatives intéressantes

La petite corniche est beaucoup moins fréquentée que sa grande sœur, sans doute parce qu’elle n’est pas reliée, comme l’autre, à des axes menant vers divers quartiers de notre capitale. Ce parcours offre une vue imprenable sur l’île de Gorée et une partie de la Petite Côte, quand le ciel est dégagé. L’air y est plus respirable et il y a moins de nuisances sonores. Néanmoins, les trottoirs étant étroits ou inexistants, il faut rester vigilant à cause des deux-roues et autres véhicules, parfois conduits par des casse-cous, circulant en fin de journée et le week-end surtout. Le point commun entre les deux corniches, et d’autres endroits de Dakar, est qu’il n’y a pas ou peu d’ombre, faute d’arbres suffisamment nombreux, grands et touffus. Pour avoir de la verdure, il faut aller dans la forêt de Hann, à quelques kilomètres du centre-ville. On y arrive facilement le dimanche parce que la circulation est fluide. Ce n’est pas très grand, mais c’est agréable. Il y a des points d’eau, plusieurs espèces d’oiseaux et on peut même y croiser des varans. Il y a aussi quelques poneys et des chevaux montés par les cavaliers d’un club d’équitation se trouvant à côté. La forêt de Hann et le Jardin botanique de l’UCAD sont les rares endroits de Dakar où l’on peut encore sentir la terre humide et la chlorophylle. Malheureusement, dans le premier, il y a trop de détritus abandonnés par des promeneurs et des pique-niqueurs. Et le lieu manque d’entretien.

Les sportifs amateurs méritent aussi de l’attention

Parce que j’aime le sport et ma ville natale, pour conclure, j’aimerais lancer un appel à nos autorités afin qu’elles accordent plus d’importance à l’aménagement de sites adéquats pour les sportifs, amateurs ou professionnels. Je rêve de pistes cyclables et de parcours de randonnée, dans de vastes espaces verts (où pousseraient des espèces nécessitant peu d’eau), à Dakar et ailleurs au Sénégal. On dit que « le sport, c’est la santé », alors pourquoi ne pas lui accorder une place plus significative dans les politiques de développement? Je m’interroge d’autant plus que la pratique du sport favorise l’épanouissement personnel et collectif, renforce la culture de l’effort, le respect de l’autre, etc., bien utiles dans nos sociétés. En attendant que les besoins des sportifs soient mieux pris en compte, ainsi que d’éventuelles améliorations, dans la perspective, par exemple, des Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2026, je continuerai de m’accommoder de l’existant et de me demander s’il vaut mieux pédaler à la maison ou m’exposer à la pollution. Quel dilemme!

Forêt de Hann (csow)
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Commentaires

Bara Kailena Yingra
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Un vrai dilemme en effet

pape cissoko
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belles observations de bonnes analyses.
Dakar rst pollué. j'ai un ami Pr d'université à la retraite ne fait jamais sa marche ou sport le long de la corniche sans son masque et certains se moquaient de lui sous cape. ils n'avaient rien comoris c'est Diogene le cynique rayé par des ignorants. la pollution est extrême au Sénégal et concentrée à Dakar. il est temps de prendre des mesures. il y a 20 ans je parlais des enfants de moins de 3 ou.qui étaient à la hauteur des pots d'échappements et qui respiraient ces gaz toxiques du diésel. maladies cardio vasculaires asthme etc merci Sow et bravo

Cécile Sow
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Je vous remercie de votre contribution. Moi aussi, je mets un masque, mais uniquement quand il y a de la poussière. Je ne suis pas sûre que ce soit efficace contre les particules toxiques. J'espère que suite à mon texte, des spécialistes nous édifieront!

Carmy Basaki
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Magnifique article dont j'ai écouté la présentation dans 8 milliards de voisins. Ce fut un plaisir pour moi de participer à l'émission aussi. Bon courage pour la suite !

Cécile Sow
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Bonjour Carmy Basaki, je vous remercie de votre message. Ravie de vous avoir également découvert et écouté dans l'émission. Très bonne continuation! Salutations depuis Dakar.