Art et comportements symboliques au Paléolithique : quelques points de vue actuels
Résumé
Du temps de la reconnaissance à l'archéologie des grottes ornées Édouard Lartet et Édouard Piette principalement ont marqué le XIX ème siècle par leurs extraordi-naires découvertes d'art mobilier et leurs efforts pour les faire reconnaître par la communauté scien-tifique alors placée sous l'autorité dogmatique de Gabriel de Mortillet et d'Émile Cartailhac. Ils ont aussi oeuvré, non sans mal, pour en faire admettre l'antiquité et l'authenticité. Une grande partie du XX ème siècle fut celle des vastes synthèses analyti-ques et théoriques de Henri Breuil, puis d'André Leroi-Gourhan, qui ont abordé, notamment pour l'art pariétal, le champ de l'interprétation et de la chrono-stylistique. Depuis environ 25 ans, l'indi-vidu s'est effacé au profit d'un collectif scientifique multidisciplinaire et l'époque des synthèses pré-coces ou anticipées a laissé la place à l'étude contextualisée des documents, revus, corrigés, réin-terprétés parfois. Le retour au terrain et à l'analyse interne des oeuvres a suscité le développement d'une archéologie des grottes ornées (Chauvet, La Garma) qui nous donne une image renouvelée de l'art pariétal, indissolublement lié à l'espace souter-rain de proximité, également à des territoires plus éloignés, exploités, habités ou parcourus. Les fouilles, les analyses (paléo)environnementales, l'étude des empreintes, celle des modes de déplace-ment, etc., nous révèlent différemment l'univers des grottes, leurs oeuvres, leurs traces les plus ténues, leurs usages ou leurs fonctions en quelque sorte. L'étude des oeuvres d'art proprement dite s'est enrichie par l'approche naturaliste (anatomie, biologie, éthologie,...) des thèmes animaliers, par l'analyse détaillée des styles et des techniques per-mettant parfois l'identification des auteurs, par les analyses physico-chimiques des pigments et les études macroscopiques des tracés gravés, égale-ment par l'expérimentation qui accompagne la plu-part de ces études technologiques. Devenus plus exigeants, objectifs et analytiques, plus respectueux également des supports dans leur intégrité physique , les relevés graphiques et photographiques ont accompagné cette évolution (fig. 1). Ils bénéfi-cient aujourd'hui de techniques photographiques modernes (filtrage différentiel, accroissement des contrastes, analyse du rayonnement lumineux, uti-lisation des radiations U.V. et infrarouges, méthode des équidensités, stéréophotographie et photo-grammétrie) et du traitement informatique et numérique de l'image. La conservation des oeuvres et les mesures de protection des sites sont aussi souvent intégrées dans les réflexions collectives. Patrick Paillet
Origine | Fichiers produits par l'(les) auteur(s) |
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