Stèles/À celui-là
Apparence
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G. Crès, 1922 [quatrième édition] (p. 54-55).
À CELUI-LÀ
À celui-là qui parvient jusqu’ici malgré les détours et les faux pas ; au compagnon qui me livre ses yeux, — que livrer en échange de ce compagnonnage ?
Non pas le dévouement : le Prince est là : je suis tout entier pour le Prince. La servitude glorieuse pèse sur chacun de mes gestes comme le sceau sur l’acte impérial et le tribut.
Non pas ma tendresse et de faibles émois : sachez qu’elle les garde et boit jalousement toutes les fraîches gouttes écloses de mon âme.
Non pas enfin l’ardeur d’une mort filiale : cela ne m’appartient pas car le père de mes jours est vivant.
À celui qui me dévisage et m’observe amicalement ; à celui comme une caverne en qui retentit mon aboi,
Je propose ma vie singulière : seule ma vie est à moi. — Qu’il vienne plus avant. Qu’il écoute plus profondément :
Là-même où ni père ni amante ni le Prince lui-même ne pourront accéder jamais.