Coran Savary/056
Lorsque le jour du jugement sera venu,
Personne ne pourra en nier la réalité.
Il abaissera les uns et élèvera les autres.
Lorsque la terre aura été ébranlée par un violent tremblement,
Que les montagnes réduites en poudre
Seront devenues le jouet des vents ;
Le genre humain sera divisé en trois parts.
Les uns occuperont la droite : quelle sera leur félicité !
Les autres la gauche : quelle sera leur infortune !
Les élus précéderont ces deux ordres.
Ils seront les plus près de l’Éternel.
Ils habiteront le jardin de délices.
Un grand nombre des anciens,
Et quelques modernes, seront ces hôtes heureux.
Ils reposeront sur des lits enrichis d’or et de pierres précieuses.
Ils se regarderont avec bienveillance.
Ils seront servis par des enfans doués d’une jeunesse éternelle,
Qui leur présenteront du vin exquis[1] dans des coupes de différentes formes.
Sa vapeur ne leur montera point à la tête, et n’obscurcira point leur raison.
Ils auront à souhait les fruits qu’ils désireront,
Et la chair des oiseaux les plus rares.
Près d’eux seront les houris aux beaux yeux noirs. La blancheur de leur teint égale l’éclat des perles.
Leurs faveurs seront le prix de la vertu.
Les discours frivoles seront bannis de ce séjour. Le cœur n’y sera point porté au mal.
On n’y entendra que le doux nom de paix.
Ceux qui occuperont la droite, quelle sera leur félicité !
Ils se promèneront parmi les nabc[2] qui n’ont point d’épines ;
Et au milieu des bananiers disposés dans un ordre agréable.
Ils jouiront de leur épais feuillage,
Au bord des eaux jaillissantes.
Là une multitude de fruits divers
S’offre à la main qui veut les cueillir.
Ils reposeront sur des lits élevés.
Nous avons rajeuni leurs épouses.
Elles seront vierges[3] ;
Elles les aimeront, et jouiront de la même jeunesse qu’eux.
La classe de ceux qui occuperont la droite
Sera formée d’une multitude d’anciens,
Et d’une multitude de modernes.
Quel sera le sort de ceux qui seront relégués à la gauche ?
Au milieu d’un vent brûlant et de l’eau bouillante ;
Ils seront enveloppés des tourbillons d’une fumée épaisse.
Elle ne leur apportera ni fraîcheur ni contentement.
Abandonnés sur la terre à l’ivresse des plaisirs,
Ils se sont plongés dans les plus noirs forfaits ;
Et ils ont dit :
Victimes de la mort, lorsqu’il ne restera de notre être que des os et de la poussière, serons-nous ranimés de nouveau ?
Nos pères ressusciteront-ils ?
Réponds-leur : Les premiers hommes et leur postérité ressusciteront.
Ils seront rassemblés au terme précis du grand jour. Et vous qui avez vécu dans l’erreur, et qui avez nié la religion sainte,
Vous vous nourrirez du fruit de l’arbre zacoum ;
Vous en remplirez vos ventres.
Vous avalerez ensuite de l’eau bouillante,
Et vous la boirez avec l’avidité d’un chameau altéré.
Tel sera leur sort au jour du jugement.
Nous vous avons tirés du néant, serez-vous incrédules ?
Que vous en semble ? lorsque l’homme s’approche de la femme,
Est-ce lui ou Dieu qui donne l’être à une nouvelle créature ?
Nous avons prononcé l’arrêt de mort contre le genre humain, il ne pourra s’y soustraire.
Nous pouvons mettre à votre place d’autres hommes, et vous faire passer sous des formes qui vous sont inconnues.
Vous connaissez la première création ; n’ouvrirez-vous point les yeux ?
Quel jugement portez-vous de l’agriculture ?
Est-ce vous qui faites germer la semence, ou notre providence qui la fait éclore ?
Nous pourrions la rendre stérile, et vous diriez dans votre consternation :
Nous sommes chargés de dettes, et la moisson a trompé notre attente.
Que pensez-vous de l’eau qui sert à vous désaltérer ?
Est-ce vous qui la faites descendre des nuages, ou notre volonté puissante ?
Nous pouvions la rendre salée et amère. Vos cœurs seront-ils fermés à la reconnaissance ?
Que pensez-vous du feu que vous faites jaillir du bois ?
Est-ce vous qui avez produit l’arbre qui lui sert d’aliment, ou notre volonté créatrice ?
Nous l’avons créé pour vous instruire et pour l’usage de ceux qui voyagent dans le désert.
Exalte le nom de ton Dieu, du Dieu suprême.
Je ne jurerai point par le coucher des étoiles,
(C’est un serment terrible, si vous saviez !)
Que le Coran est un livre respectable ;
Qu’il est écrit sur la table gardée.
Ne le touchez point avant d’être purifiés.
Il vient du souverain de l’univers.
Sera-t-il l’objet de vos railleries ?
Rejetterez-vous votre nourriture ? la nierez-vous ?
Lorsque quelqu’un de vous est sur le point d’expirer,
Et que vous le voyez se débattre contre la mort,
Nous sommes plus près de lui que vous, mais vous ne nous apercevez pas.
Si le mourant doit être privé de récompense, pouvez-vous ramener son âme prête à s’envoler ? Répondez si la vérité vous éclaire.
S’il est de ceux qui doivent s’approcher de l’Éternel,
Le repos, les mets exquis, les jardins de délices, seront son partage.
S’il doit avoir place parmi ceux qui occupent la droite,
Les compagnons de son bonheur s’empresseront de le saluer.
Mais s’il augmente le nombre des infidèles,
De ceux qui ont marché dans l’erreur,
L’eau bouillante sera sa demeure ;
Il sera précipité dans les flammes.
Ces paroles sont la vérité éternelle.
Exalte le nom de ton Dieu, du Dieu grand et suprême.