Pain
Le pain est l'aliment de base de nombreuses sociétés. Il est fabriqué à partir de farine, de sel et d'eau. Métaphoriquement, le pain désigne aussi les besoins vitaux, l'essence d'une chose ou de la vie, etc.
Littérature
[modifier]Écrit intime
[modifier]- Journal (1957), Paul Klee, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1959 (ISBN 978-2-246-27913-6), Journal III, p. 325
Essai
[modifier]Christian Bobin, Prisonnier au berceau, 2005
[modifier]Mon père finissait toujours ses repas avec un morceau de pain sec. Ma mère au début s'en offusquait, comme s'il lui avait silencieusement reproché de ne pas l'avoir assez nourri. il lui fallu du temps pour comprendre que le pain était pour mon père le plus délicieux des desserts. Les gens croient montrer leur profondeur quand ils brassent des opinions. Mais les opinions sont des branches mortes flottants sur l'eau croupie de l'époque. J'ignore ce que mon père pensait de ce qui occupait la première page des journaux. Je sais seulement que je sais tout de lui quand je le revois manger avec entrain un quignon de pain dur, comme si le ciel lui avait offert un mets de roi.
Poésie
[modifier]Charles Péguy, Œuvres poétiques complètes, 1948
[modifier]- Œuvres poétiques complètes, Charles Péguy, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1948, p. 22
Prose poétique
[modifier]André Breton, Poisson soluble, 1924
[modifier]- Poisson soluble (1924), André Breton, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1996 (ISBN 2-07-032917-8), partie 6, p. 43
- Poisson soluble (1924), André Breton, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1996 (ISBN 2-07-032917-8), partie 9, p. 54
Roman
[modifier]Muriel Barbery, Une gourmandise, 2002
[modifier]- Une gourmandise (2000), Muriel Barbery, éd. Folio, 2002, p. 90
A l’intersection de la croûte et de la mie, en revanche, c’est un moulin qui prend forme sous notre regard intérieur ; la poussière de blé vole autour de la meule, l’air est infesté de poudre volatile ; et de nouveau changement de tableau, parce que le palais vient d’épouser la mousse alvéolée libérée de son carcan et que le travail des mâchoires peut commencer.
- Une gourmandise (2000), Muriel Barbery, éd. Folio, 2002, p. 91
Jean Giono, Regain, 1930
[modifier]— Tu sais pas ? qu'il dit. Je voudrais te demander quelque chose. Je peux pas en payant, mais je te le revaudrai. Donne-moi une tranche de ce pain. C'est pas pour moi, il ajoute parce qu'il voit que, déjà, elle le tend et que l'Amoureux va dire : « Apporte aussi les olives. » C'est pas pour moi. Je vais te conter, puisque aussi bien ça se saura et puisque aussi bien, c'est bien, somme toute. J'ai une femme, là-bas, avec moi, et ça lui fera plaisir :
— Prends-le tout, alors, dit Alphonsine.
De voir qu'on lui donne tout, ça lui fait douleur, ça lui fait cligner les yeux comme s'il mâchait du laurier.
— Je te le revaudrai.
— T'as qu'à faire ça si tu veux qu'on se fâche.
- Regain (1930), Jean Giono, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 2011 (ISBN 978-2-246-12334-7), p. 101
Jean Giono, Les vraies richesses, 1936
[modifier]Et voilà les anciennes méthodes avec lesquelles la grande communauté des hommes a d'abord vécu, […] voilà ces anciens gestes qui faisaient si bien dans le monde. Les voilà revenus. Ils sont toujours pleins de la même force — peut-être plus grande encore. Ils sont toujours faits par des hommes et femmes têtus — peut-être encore plus têtus parce que du temps a passé — têtus et plus durs, et plus limpides que ce qu'on croyait, car le temps a passé sans toucher leur pureté. Et voilà que ces gestes arrivent à un moment où nous avons tous besoin de nous sauver si nous voulons vivre. C'est pourquoi je dis : c'est grave, avec un grand bonheur qui presque m'étouffe et me fait redevenir moi-même l'homme premier, le paysan, si bien que je ne pense plus comme avant mais lourdement pour essayer d'éclaircir par la bonne méthode. Parce que Mme Bertrand a pris la levure, de la farine, de l'eau, et qu'elle a fait du pain, non pas pour le vendre, mais pour le manger.
- Les vraies richesses (1936), Jean Giono, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 2002 (ISBN 978-2-246-12385-9), p. 78, 79
Ainsi, les hommes et les femmes restent sous l'auvent du four, cet auvent qui, lui aussi, a exigé une soigneuse orientation du tout le temple : c'est là qu'on pose sur des tréteaux les longues « mannes » pleines de pâtes, c'est de là qu'on enfourne les pains, c'est là qu'on passe le temps en attendant que le pain cuise. Le dos au four, la face vers les champs où dort la buée d'automne ; les nuages ont effacé les montagnes et égalisé le pays ; pour chaque objet de la terre on peut avoir cent pensées toutes différentes avant de se dire : c'est un arbre, c'est la maison de Jean Laine, c'est le chêne ou c'est l'ormeau car, le chêne, l'ormeau, la maison, l'arbre, tout le pays est dans la brume ; on a chaud, on a le temps, on est tranquille, puisqu'un beau travail se fait paisiblement tout seul à cet endroit même : on a le temps de s'occuper de soi-même et de rêver.
Joie magnifique des travaux naturels où jamais rien n'est esclavage, où tout est à la mesure de l'homme, lui laissant son temps (ce temps qui est l'habitation de Dieu).
- Les vraies richesses (1936), Jean Giono, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 2002 (ISBN 978-2-246-12385-9), p. 102
Philosophie
[modifier]Éric Werner, Lors d'un entretien, 2006
[modifier]- Citation choisie pour le 31 août 2010.