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Vaccin contre le choléra

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Vaccin contre le choléra
Maladie à traiter
Précautions
Catégorie de grossesse
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Le vaccin contre le choléra protège de cette même maladie infectieuse. Il est listé dans les médicaments essentiels par l'OMS. Il existe actuellement[Quand ?] 3 vaccins anticholériques oraux préqualifiés par l’OMS : Dukoral, Shanchol et Euvichol. Pour les 3 vaccins, 2 doses doivent être administrées pour obtenir une protection complète. Tous les trois sont des vaccins oraux[1].

La recherche d'un vaccin contre le choléra débute dès la découverte de la bactérie Vibrio cholerae identifiée comme l'agent du choléra par Robert Koch en 1883.

Premiers vaccins

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En 1885, en Espagne, le microbiologiste Jaume Ferran s'inspirant des méthodes de Louis Pasteur, propose le premier vaccin contre le choléra. Il injecte en sous-cutané des émulsions à base de Vibrio vivants[2]. Lors de la cinquième pandémie de choléra, dans la région de Valence, il procède à une vaccination de masse de la population d'Alzira, obtenant 1,3 % de cas de choléra chez les vaccinés, contre 7,7% chez les non-vaccinés. Ces résultats et ce vaccin sont plutôt rejetés par la communauté scientifique qui juge les travaux de Ferran comme imprudents et peu fiables[2].

Ces premiers travaux sont repris par le russe Waldemar Haffkine, de l'institut Pasteur, qui met au point un vaccin parentéral à base de Vibrio atténués en se l'injectant d'abord à lui-même. Haffkine utilise ce vaccin en Inde en 1894, dans la région de Delhi et de Calcutta[3]. De grandes études cliniques d'efficacité sont menées en Inde dans les années 1920 portant sur des dizaines de milliers de personnes, elles indiquent une efficacité d'environ 80 % sur une période de trois mois[4].

Durant cette période, d'autres chercheurs développent un vaccin oral contre le choléra. En 1893 Savchenko et Sabolotny proposent un vaccin oral à base de Vibrio cholerae tués par le chaleur, apparemment efficace mais peu pratique car nécessitant de nombreuses prises à fortes doses[5]. Dans les années 1920, Alexandre Besredka de l'institut Pasteur, développe un vaccin oral à base de Vibrio cholerae O1 tués, dit « bilivaccin » ou « vaccin bilié » car préparé sur bile de bœuf. En Inde, les études de l'époque indiquent que ce vaccin bilié a une efficacité de même ordre que le vaccin injectable, et plus protecteur contre le risque de décès, mais avec des effets secondaires tels qu'une diarrhée pouvant laisser croire que ce vaccin propageait la maladie[4].

Ces premiers vaccins ont été largement utilisés au début du XXe siècle à cause de la crainte inspirée par les épidémies de choléra et l'absence de traitement efficace. De nombreux pays exigent des certificats de vaccination des voyageurs en provenance de régions endémiques, alors qu'il n'existait aucune preuve que la vaccination pouvait interrompre la propagation du choléra entre les pays. Pour les expatriés et les colons vivant en pays endémiques (avec manque d'accès à l'eau potable, d'assainissement et de réfrigération), il pouvait être plus prudent d'être vacciné. La nécessité de dose de rappel tous les six mois n'était pas un obstacle pour l'époque, le risque mortel de choléra étant permanent[4].

Durant la première moitié du XXe siècle, le traitement médical moderne du choléra se développe (réhydratation par solutés) réduisant la létalité de la maladie de 70 % au début des années 1900 à moins de 1 % dans les années 1960[6]. Les vaccins contre le choléra perdent de leur intérêt, surtout le vaccin parentéral. Des études cliniques contrôlées menées dans les années 1960 au Bangladesh et en Indonésie, plus conformes aux exigences modernes, indiquent une efficacité limitée de 50 % et de brève durée ne dépassant guère six mois. Les vaccins injectables les plus efficaces sont aussi ceux qui ont le plus d'effets secondaires[4].

Dès lors, L'OMS ne recommande plus les vaccins injectables à Vibrio tués, à cause d'une balance bénéfice-risque défavorable : un programme intensif de vaccination en pays endémique détournerait des ressources utiles à des interventions plus efficaces, comme le contrôle de l'eau et des sanitaires. Ces vaccins ne sont plus produits ou commercialisés notamment aux États-Unis[4].

Nouveaux vaccins oraux

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Vaccins modernes

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Dukoral peut être donné à toute personne de plus de 2 ans. Les deux doses doivent être administrées dans un intervalle de 7 jours au minimum et de 6 semaines au maximum. Une troisième dose est nécessaire chez l’enfant de 2 à 5 ans. Dukoral est principalement utilisé chez les voyageurs. Deux doses de Dukoral confèrent une protection anticholérique pendant deux ans.

La composition de Shanchol et d’Euvichol est la même. Ils peuvent être donnés à toute personne de plus d’un an. Il doit y avoir un délai minimum de deux semaines entre chacune des deux doses de ces deux vaccins. Deux doses de Shanchol et d’Euvichol confèrent une protection anticholérique pendant au moins 3 ans, une dose unique assurant une protection à court terme.

L'efficacité de ces vaccins est de 66 % à 86 % à un horizon entre 4 et 6 mois, de 45 % à 62 % à un horizon d'1 an et de 58 % à 77 % à un horizon de deux ans[1].

Aux États-Unis, le vaccin approuvé est le Vaxchora pour les personnes âgées de 2 à 64 ans voyageant dans une zone où le choléra est présent. Le vaccin, une dose unique prise par voie orale, doit être administré au moins 10 jours avant le voyage. Le fabricant de Vaxchora rapporte que le vaccin réduit le risque de diarrhée modérée et sévère chez les personnes âgées de 18 à 45 ans de 90 % 10 jours après la vaccination et de 80 % après 3 mois. On ne sait pas combien de temps dure la protection au-delà de 3 mois [7].

Shantha Biotechnics (en), une filiale indienne de Sanofi, qui fabrique le Shanchol, décide en de l'arrêt de la production du Shanchol pour la fin de l'année 2023. Le Shanchol représente 15 % des doses de vaccin anticholérique dans la réserve globale d'urgence de vaccins gérée par l'Alliance mondiale pour les vaccins et l'immunisation (Gavi) et qui compte environ 5 millions de doses[8].

Euvichol est produit par EuBiologics, une entreprise sud-coréenne[8].

Bibliographie

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  • (en) Walter A. Orenstein (dir.) et John D. Clemens, Plotkin's Vaccines, Philadelphia, Elsevier, , 8e éd., 1782 p. (ISBN 978-0-32379058-1), chap. 15 (« Cholera Vaccines »)

Références

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  1. a et b Note d'information mise à jour de l'OMS sur les vaccins anticholériques, OMS, mars 2010
  2. a et b George H. Bornside, « Jaime Ferran And Preventive Inoculation Against Cholera », Bulletin of the History of Medicine, vol. 55, no 4,‎ , p. 516–532 (ISSN 0007-5140, lire en ligne, consulté le )
  3. George H. Bornside, « Waldemar Haffkine's Cholera Vaccines and the Ferran-Haffkine Priority Dispute », Journal of the History of Medicine and Allied Sciences, vol. 37, no 4,‎ , p. 399–422 (ISSN 0022-5045, lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d et e Walter A. Orenstein John D. Clemens, p. 215-216.
  5. Anna Lena Lopez, Maria Liza Antoinette Gonzales, Josephine G. Aldaba et G. Balakrish Nair, « Killed oral cholera vaccines: history, development and implementation challenges », Therapeutic Advances in Vaccines, vol. 2, no 5,‎ , p. 123–136 (ISSN 2051-0136, PMID 25177492, PMCID 4144262, DOI 10.1177/2051013614537819, lire en ligne, consulté le )
  6. Edward T. Ryan, « Eyes on the prize: lessons from the cholera wars for modern scientists, physicians, and public health officials », The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, vol. 89, no 4,‎ , p. 610–614 (ISSN 1476-1645, PMID 24106185, PMCID 3795088, DOI 10.4269/ajtmh.13-0173, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) « Cholera Vaccines », Center for Disease Control, (consulté le )
  8. a et b (en) Lizzy Davies, « Dismay as key cholera vaccine is discontinued », The Guardian, .

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Articles connexes

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