Utilisateur:Jaczewski/Divers
La République des Deux-Nations : un chapitre oublié de l'histoire européenne
Jusqu'à aujourd'hui, la Pologne et son histoire restent tributaires de l'image qu'en ont forgée Voltaire et les thuriféraires des intérêts grands-russes (soviétiques inclus) : celle d'un pays perpétuellement en proie au chaos et dépourvu d'un Etat digne de ce nom. Pourtant, sous l'influence d'une nouvelle école historiographique, un passé polonais glorieux resurgit peu à peu, loin des images d'Epinal et, surtout, riche d'enseignements lorsqu'il est réétudié à la lumière de la construction actuelle de l'Europe. Des historiens polonais, mais aussi biélorusses, ukrainiens et lituaniens, redécouvrent la République nobiliaire, multiethnique, qui unifia leurs pays respectifs pendant plus de deux siècles, de 1569 à 1795. Alors que l'absolutisme et l'intolérance religieuse régnaient en Occident, ces régions avaient élaboré la première fédération européenne des Temps modernes, dotée d'un régime à caractère quasi démocratique. L'éminent historien Jerzy Kloczowski* est l'un des protagonistes de cette révolution historiographique.
Selon vous, la Pologne ancienne était un Etat extraordinaire. Pourquoi ? JERZY KLOCZOWSKI L'histoire de la République nobiliaire reflète le conflit entre deux conceptions politiques et la victoire des libertés individuelles sur le pouvoir illimité du monarque. Son régime antiabsolutiste, radicalement opposé à celui de la Russie des tsars, mais aussi à l'Autriche des Habsbourg et à la Prusse des Hohenzollern, était unique en Europe. Si notre noblesse n'a jamais voulu élire un Habsbourg comme roi, c'est parce que cette monarchie était considérée comme tyrannique. Le règne d'un Habsbourg en Pologne aurait signifié la fin des libertés. Le territoire de la République était vaste et traversé par des influences culturelles très marquées. D'abord sur le plan religieux : catholicisme, protestantisme, orthodoxie. Puis en ce qui concerne les langues : polonais, lituanien, biélorusse, allemand. Et il existait deux alphabets différents. Comment ces ensembles ont-il pu coexister si longtemps ? Car la République nobiliaire a duré de 1569 [Union de Lublin] à 1795 [partage de la Pologne]. Mais dès 1385 [Union de Krewo] avait été créé une "union personnelle" composé de deux Etats sous l'autorité d'un seul roi. Sommes-nous conscients qu'il s'est agi de la plus durable des unions européennes ? L'unification progressive des peuples d'Europe centrale dans cette Union n'était pas le résultat d'une oppression, d'une agression, mais d'une volonté d'être ensemble. La République a été créée par un effort commun des Polonais, des Lituaniens et des Ruthènes [Slaves orientaux, répartis plus tard entre Biélorusses et Ukrainiens], unis par une même raison d'Etat. Prenons l'exemple de Gdansk [Dantzig], une ville luthérienne et allemande. Pendant le "Déluge" [l'occupation suédoise, 1655-1660], la ville n'a pas ouvert ses portes au roi de Suède Charles X Gustave, lui-même protestant, et elle s'est battue contre l'agresseur, alors que la noblesse avait déjà baissé les bras. On pourrait dire que c'était à cause de ses intérêts économiques, mais une loyauté de ce genre ne s'explique pas uniquement par des enjeux commerciaux. Même au moment de l'ultime agonie [en 1795], Gdansk s'est défendue contre les Prussiens, qui voulaient occuper la ville après le partage de la Pologne. Gdansk est demeurée fidèle à la Pologne jusqu'au bout. Bref, la République des Deux-Nations [l'union polono-lituanienne était à l'origine de cet Etat multiethnique] fut notre bien commun. Nous en prenons conscience seulement maintenant, deux siècles après sa disparition.
Cette vision de la République n'a pas été dominante, même dans l'historiographie polonaise. C'est vrai. Mais l'idée d'une Union polono-lituanienne a survécu très longtemps, jusqu'à l'insurrection [antirusse] de 1863. En Lituanie et en Biélorussie, les paysans ont alors rejoint la révolte. Sur les sceaux du gouvernement insurrectionnel figuraient à la fois un aigle, symbole de la Pologne, la Pogon [probablement le blason de l'ancienne dynastie lituanienne des Gedymin], symbole de la Lituanie, et l'archange Michel, patron de la Ruthénie [voir illustration p. 44]. Et, plus tard, lorsque le commandant en chef des armées polonaises [et chef d'Etat provisoire] Jozef Pilsudski [1867-1935] conclut une alliance avec l'indépendantiste ukrainien Simon Petlioura [1879-1926] au moment de la guerre contre la Russie bolchevique, il voulait créer une fédération des pays amis de la Pologne qui rappelait l'ancienne République nobiliaire. Ce chapitre de l'histoire européenne apparaît dans les écrits de personnalités telles que Czeslaw Milosz [écrivain polonais, né en 1911, prix Nobel 1980] ou Jerzy Giedroyc [descendant d'une grande famille princière lituanienne, né en 1906, émigré à Paris, directeur de la revue Kultura].
Pourtant, certains historiens ont vu dans la Fédération polono-lituanienne la cause du partage de la Pologne... Il s'agit d'un conflit entre deux écoles historiques qui remonte au XIXe siècle, quand l'Etat polonais n'existait pas. L'école de Cracovie essayait de souligner les fautes de nos ancêtres, pour mieux réfléchir à l'avenir. La République nobiliaire n'était pas un paradis, c'est vrai. Personnellement, je tente d'y réfléchir dans la perspective du XXIe siècle et dans le cadre de l'intégration européenne. De ce point de vue, nous pouvons être fiers de la République nobiliaire.
Grâce à l'union avec la Lituanie, la Pologne était devenue une puissance régionale. Elle a su garantir la paix à ses citoyens pendant plus de deux cent cinquante ans, alors que les pays voisins, comme l'Allemagne, se déchiraient dans des conflits religieux. Elle n'a connu que quelques guerres à la périphérie. En revanche, le débat sur l'ancienne Pologne mené durant tout le XXe siècle reflète les idéologies politiques du moment. La conception ethnique et territoriale issue de l'adoration hégélienne pour l'institution étatique a conquis une place majeure. C'est Hegel qui a mis l'Etat sur un piédestal, affirmant qu'il s'agissait du produit le plus idéal jamais conçu par la pensée humaine et la nation. Bien entendu, la Prusse lui avait servi de modèle. L'idée hégélienne a été définitivement discréditée par les deux totalitarismes : nazisme et stalinisme. En prenant les armes pendant l'insurrection de Varsovie [1944], je n'ai évidemment pas pensé me battre contre Hegel ; il est difficile d'accuser un philosophe dont les idées ont été mal comprises par les politiciens. Mais c'est un fait : Hitler et Staline en ont tiré des conclusions définitives. Il suffit de voir comment, en Pologne, la propagande communiste a exploité l'idéologie nationaliste de Roman Dmowski [1864-1939, principal initiateur du nationalisme polonais]. Ainsi, l'ancienne République multiethnique a disparu de notre histoire. On a inventé alors une Pologne ethniquement homogène, située depuis un millénaire entre le fleuve Oder et la rivière Boug, un pays où il n'y aurait jamais eu de Juifs, d'Allemands, d'Ukrainiens, de Biélorusses... Pour les communistes, l'histoire de la Fédération polono-lituanienne n'était que l'illustration d'une folle politique expansionniste. Dans l'intérêt de l'URSS, le national-communisme réveillait partout les petits nationalismes locaux : tchèque, polonais, roumain, hongrois. D'un côté, il fallait réunir les Polonais autour de cette création historiquement et géographiquement artificielle qu'était la Pologne communiste ; de l'autre, il était important qu'on se déteste mutuellement entre voisins. Ainsi, l'oncle Joseph [Staline] pouvait jouer les arbitres en cas de besoin. L'idéologie divide et impera [diviser pour mieux régner] a servi à justifier les grandes "purifications ethniques" subies par la Pologne après 1945. Car ce qui s'est passé après la redéfinition des frontières et le transfert du pays entier [et de sa population polonaise] vers l'ouest n'est qu'une purification ethnique. Nous y avons participé de façon stupide, contre des Allemands, des Ukrainiens, des Bojki et des Lemki [groupes ethniques assimilés aux Ukrainiens, jadis localisés sur le versant nord des Carpates polonaises]. A l'époque d'Edward Gierek [leader communiste, 1970-1980], on s'efforçait encore d'effacer toute trace de toponymes ukrainiens dans les montagnes de Bieszczady [où cette purification ethnique, connue sous le nom de code "Vistule", a eu lieu de 1945 à 1947].
Le Parti communiste a donc été l'héritier des nationalistes radicaux ? Staline menait une stratégie particulièrement intelligente et hypocrite. L'entreprise d'Hitler n'était qu'une grossièreté par rapport à la finesse de Staline. Si, en 1941, les nazis avaient réussi à mettre les Ukrainiens de leur côté, ils auraient sans doute gagné la guerre. Heureusement, leur racisme les a aveuglés. L'idéologie du national-communisme, en revanche, a été très efficace. Au nom de la "nation soviétique", il fallait éradiquer le moindre souvenir de l'ancienne République multiethnique et expliquer que c'était une occupation des terres russes par l'agresseur polonais.
Cette vision nationaliste domine-t-elle toujours chez les historiens lituaniens, biélorusses et ukrainiens ? Je rencontre de plus en plus d'hommes politiques, d'historiens et de membres de l'intelligentsia qui tentent de retrouver leur identité nationale et culturelle en puisant dans l'héritage de la République. Ils cherchent à savoir qui ils sont et d'où ils viennent. Il faut souligner le rôle joué dans ce processus par la diaspora ukrainienne, puissante intellectuellement et bien organisée - en particulier, le centre d'études ukrainiennes à Harvard, ainsi que les historiens Ihor Szewczenko et Omelian Pritsak. Ils ont toujours su qu'on ne pouvait entreprendre une histoire de l'Ukraine à partir de rien, sans prendre en compte la République des Deux-Nations. Et l'historienne de Kiev Natacha Iakovenko, dans son dernier livre, démontre que la base de la nation ukrainienne a été formée par la noblesse de Podolie, de Volhynie et des environs de Bratslav. On y trouve un passage fantastique qui raconte comment cette noblesse, bien avant l'Union de Lublin, "apprenait" la République : comment organiser et mener les débats parlementaires, créer l'autogestion au niveau local, profiter des lois. Ils s'initiaient à la démocratie et à l'Europe, tout en découvrant leurs anciennes racines ruthènes.
En ce qui concerne la renaissance de l'intérêt porté au grand-duché de Lituanie, cela a vraiment commencé à la fin des années 80, en Biélorussie [ce pays s'étend sur le territoire de l'ancien duché de Lituanie]. Ce fut beaucoup plus difficile en Lituanie même. Là, on a décidé de simplifier l'Histoire : il y eut d'abord une Lituanie païenne, chantée par les romantiques, puis Jagellon le traître [voir la chronologie]. Ensuite, plus rien pendant longtemps, jusqu'au jour où - par l'effet de quel deus ex machina - on retrouve une Lituanie indépendante. Mais les Lituaniens ont compris qu'une telle histoire n'impressionnait personne. Après tout, c'est grâce à la République qu'ils font partie de l'Europe actuellement. Il s'agissait de leur propre Etat, fédéré avec la Pologne, encore renforcé après l'adoption de la Constitution du 3 mai 1791. Les Biélorusses ont encouragé les Lituaniens à faire des recherches dans ce sens. Récemment, les historiens biélorusses ont insisté sur l'organisation commune d'un colloque consacré à l'Union de Lublin [1569] dans la ville même où cet acte fut scellé. Selon eux, c'est grâce à la République qu'ils ont pu garder leur nationalité. Sinon, ils auraient été immédiatement absorbés et fondus dans la Russie. La République doit constituer notre passé commun. Nous, les Polonais, nous avons commis beaucoup d'erreurs. Je ne citerai que les débuts de la République [tentatives d'annexer la Lituanie à la Pologne] et la pacification sanglante des insurrections cosaques**. Notre appropriation de l'Histoire et notre paternalisme insupportable sont ce qui énerve le plus les peuples d'Europe centrale. Nous avons souvent considéré la Pologne comme un pays qui avait une mission civilisatrice à remplir. Il suffit de considérer la politique menée par la Pologne sur ses territoires orientaux avant la Seconde Guerre mondiale [répression du séparatisme des minorités vers la fin des années 30, notamment après la mort de Pilsudski]. C'était une erreur grave : aujourd'hui, l'Histoire constitue le principal obstacle à la compréhension mutuelle avec ces pays. Pourtant, c'est elle qui devrait nous unir.
Comment une nouvelle vision de l'Histoire pourrait-elle influencer la politique contemporaine ? Regardez ce qui se passe en Ukraine et surtout en Biélorussie. Selon une théorie très en vogue, ces peuples, survivants de l'occupation polonaise, font en réalité partie de la grande nation russe. Selon une autre, ce sont des nations distinctes qui puisent dans l'héritage de la République nobiliaire. Le choix entre l'une ou l'autre théorie est politique. Ceux qui croient à la première, comme le président biélorusse Alexandre Loukachenko, insistent sur le rapprochement avec la Russie. Ceux qui préfèrent la seconde descendent dans les rues à Minsk, pour manifester en brandissant le drapeau de la Biélorussie indépendante avec la Pogon [interdit par Loukachenko], tandis qu'en Ukraine ils oeuvrent pour renforcer l'indépendance de leur Etat. On a pu lire dans l'hebdomadaire moscovite "Vlast" un article vous accusant de vouloir ressusciter la République et "reprendre Smolensk". On affirme que vous voulez "susciter chez le président ukrainien et chez les membres de son équipe l'envie de recréer une patrie historique, avec Varsovie pour capitale". On y affirme aussi que, d'après vous, "la possibilité de faire renaître la République en y incluant les peuples frères de la région de Smolensk et d'autres terres russes renforcera définitivement les frontières orientales de l'OTAN". C'est totalement idiot. Les rencontres entre historiens et les échanges mutuels ne consistent pas à mener des batailles imaginaires, mais à discuter ensemble pour voir comment vivre dans l'amitié et découvrir le passé. De même, on peut discuter des relations polono-russes. Je suis profondément favorable aux relations pacifiques avec la Russie. En Pologne, personne un tant soit peu sain d'esprit n'a envie de récupérer Smolensk. En revanche, cet article montre bien que les élites russes, du moins une bonne partie d'entre elles, ne comprennent rien à rien de ce qui se passe dans cette partie de l'Europe. En Russie, on adopte toujours des positions impérialistes, et c'est ainsi depuis deux cent cinquante ans. Les historiens et les intellectuels russes eux-mêmes s'en rendent compte. Il faut abandonner le point de vue nationaliste sur l'histoire de cette partie du continent. Il faut redonner une vision européenne à l'Europe centrale : c'est important pour nous, pour l'Europe et pour la Russie.
Qu'est-ce que cela veut dire ? Aujourd'hui, au moment de l'unification du continent, notre passé fait figure d'expérience fondamentale. La manière dont l'Europe s'unit en cherchant des règles communes est comparable à celle initiée par l'Union de Krewo [1385] et plus tard par celle de Lublin [1569]. Les disputes de nos ancêtres concernant la place des nations dans cette unité et le processus d'intégration rappellent beaucoup ce que l'on observe aujourd'hui au sein de l'Union européenne. La République était un laboratoire de l'Europe contemporaine. Il y a quatre cents ans, nos aïeux avaient un grand dessein, et ils l'ont réalisé. D'une multitude ils ont réussi à faire une unité. Les dilemmes propres au processus d'intégration polono-lituanien de l'époque restent d'actualité dans l'Europe qui s'unit. Quelles différences faut-il préserver ? Lesquelles faut-il effacer ? S'agit-il d'une Europe des patries ou d'une Europe des régions ? Toutes ces questions avaient déjà été résolues par la République en 1569. Ce qui étonne toujours, dans la République nobiliaire polonaise, c'est que c'était une démocratie. Bien que nobiliaire, elle comptait au moins 1 million de personnes [qui votaient et élisaient leur roi - sur environ 11 millions d'habitants à l'époque]. Une institution étonnante si l'on se réfère à l'Occident européen de l'époque ! Or, malgré certaines tentatives au XVIIIe siècle, cette démocratie n'a pu être élargie à d'autres groupes sociaux. D'où la question : pourquoi et dans quelle mesure une démocratie peut-elle précipiter sa perte ? Pourquoi, avant de disparaître, le pays est-il tombé dans l'anarchie et la tolérance s'est-elle transformée en obscurantisme, xénophobie et autosatisfaction ?
Et quelles sont vos réponses ? Pour moi, comme pour de nombreux historiens, c'est l'horrible année 1648 et l'insurrection cosaque dirigée par Khmelnitski [1595-1657] qui constituent le tournant. Pour la première fois, cette Fédération très ouverte a agi contre sa propre logique. La République des Deux-Nations [polonaise et lituanienne] n'a pas voulu se transformer en République des Trois-Nations [avec la troisième composante, ruthène]. Le début de l'auto-identification nationale de la société ruthène remonte au XVIIe siècle. Parallèlement, on assiste au mouvement d'émancipation des Cosaques. Ils ne faisaient que réclamer les mêmes droits que le reste de la noblesse, une revendication très raisonnable. Ils défendaient les frontières du pays, ils voulaient constituer l'"Etat des chevaliers" sur ces territoires. Il est caractéristique que, pendant la période où les Cosaques ont eu un chef indépendant [XVIe et XVIIe siècles], ils ont essayé de calquer leur Etat sur le modèle de la République. Très vite, ils ont réparti les postes et les charges, et leur législation était à l'image de celle de la République. L'historien canadien d'origine ukrainienne Ostap Subtelny souligne les très grandes ressemblances entre les noblesses polonaise, lituanienne, ruthène, moldave, hongroise et allemande [dans la région balte]. Il en tire la conclusion que ces nobles ont créé une culture originale, propre à l'Europe centrale. Selon lui, la chute de "notre Europe" a résulté d'un choc culturel. Au XVIIe siècle, la civilisation des libertés a été victime des absolutismes moscovite, habsbourgeois et prussien. La fin de la République fut aussi celle de toute une civilisation originale d'Europe centrale : une grande catastrophe - que peu d'historiens reconnaissent -, un cataclysme. Pourtant, la tolérance religieuse de la République n'était pas sans failles. Le roi Louis Ier le Grand [1326-1382] a tout de même chassé les juifs de Hongrie et réprimé les orthodoxes en Ruthénie. En tant que descendant d'une dynastie française, les modèles locaux lui étaient étrangers. Sous la première dynastie hongroise d'Arpad [889-1301], les incidents de ce type ne se sont pas produits. La maison d'Anjou représentait le modèle occidental. Plus tard, alors que des Français cultivés prenaient part aux massacres de la Saint-Barthélemy et que les têtes tombaient à la Tour de Londres, la noblesse polonaise votait, à Varsovie en 1573, la liberté totale des cultes. Et personne n'a jamais tenté d'introduire l'Inquisition. Dans une interview accordée au "Monde", Jean Delumeau affirme pourtant que l'édit de Nantes, signé par Henri IV en 1598, était unique en Europe...
Etrange. Il m'a appelé pour me demander de venir au colloque consacré à l'édit de Nantes. "Viens et parle de la Constitution de Varsovie, me disait-il. Parle le plus longtemps possible, les Français ne la connaissent pas du tout." Peut-être l'interview a-t-elle été coupée ? Peut-être cela lui a-t-il échappé ?
Les omissions de ce type sont-elles la règle ou l'exception ? Malheureusement, malgré les efforts des historiens, polonais et autres, notre histoire et notre culture en général sont inconnues en Occident. Quand j'ai raconté l'expérience européenne de la République nobiliaire à la Sorbonne, les Français étaient très surpris. "C'est formidable, pourquoi nous la cache-t-on ?" Dommage, mais l'Occident voit notre passé sous une forme caricaturale. Norman Davies [historien britannique, auteur de nombreux livres sur la Pologne et l'Europe centrale] affirme que la légende noire de la République a été forgée par Catherine II [1729-1796, tsarine de Russie] et par Voltaire, qui écrivait sur ses ordres. C'est malheureusement vrai. A cause de cette propagande, l'Europe a de l'ancienne Pologne l'image d'un Etat continuellement en proie à l'anarchie, doté d'un régime bizarre. Un pays de fous. En gros, on pense qu'il faut un pouvoir fort dans cette partie du continent, afin de maintenir l'ordre. Cette vision, reproduite par des générations d'historiens, de journalistes et d'écrivains, a servi de justification à la partition de la République et excusé les puissances qui l'ont dépecée. Et cette image est tenace. En France, le principal ouvrage sur l'Europe centrale et orientale est né de la plume du communiste Roger Portal [Histoire des nations slaves, éd. CDU-Sedes, 1970]. Sa thèse est que l'histoire des peuples slaves et de toute l'Europe centrale est une histoire d'unification à partir du domaine moscovite. Cette thèse s'est propagée dans le monde entier ; parfois, on en perçoit des échos dans la presse américaine, dans les articles russophiles qui s'expriment contre l'admission de la Pologne dans l'OTAN... Mais cela change petit à petit. Si, pour l'instant, la propagande de Voltaire et de Catherine II triomphe encore dans certains milieux, je crois profondément que cela ne durera plus très longtemps.
- Spécialiste de l'histoire de l'Eglise et de l'Europe centrale, Jerzy Kloczowski a dirigé la publication de l'ouvrage collectif Histoire religieuse de la Pologne (Bayard, 1987). Professeur à l'université catholique de Lublin, ancien résistant, il est aussi professeur invité au Collège de France, à la Sorbonne et à Oxford.
A lire également : Michal Tymowski, Une histoire de la Pologne (éd. Noir sur Blanc, 1993).
- Les Cosaques peuplaient alors l'extrême sud-est de la Pologne, autonome. Leurs communautés étaient organisées militairement, sous les ordres d'un ataman. Les Cosaques se sont révoltés plusieurs fois à partir de 1648 ; leur autonomie a été définitivement abolie en 1699. Ne pouvant obtenir les privilèges de la noblesse, ils se sont tournés vers la Russie.
http://www.youtube.com/watch?v=YauM5dHLn1s
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http://contreculture.org/AG%20De%20Gaulle%20jusqu%27en%201940.html
Guy Môquet : le mythe et l'histoire LE MONDE 23.06.07 12h08 Mis à jour le 23.06.07 12h08 De Jeanne d'Arc à Bara, les usages politiques de figures héroïsées sont classiques. Tous les régimes, tous les partis, tous les pays usent d'un procédé qui n'est pas avare d'arrangements avec la réalité historique. Pour exalter des vertus nationales, morales, patriotiques ou donner en modèle l'exemplarité de leurs destins, on accapare des figures symboliques qu'on n'hésite pas à parer de valeurs contradictoires. Le destin du jeune Guy Môquet, fusillé par les Allemands à l'âge de 17 ans, le 22 octobre 1941, n'échappe pas à cette règle. "Je laisserai mon souvenir dans l'histoire car je suis le plus jeune des condamnés", aurait confié Guy Môquet à l'abbé Moyon, qui assista les otages de Châteaubriant. De fait, dès l'Occupation, il a été célébré comme un martyr et nombre de groupes de partisans se sont réclamés de lui. Dans l'immédiat après-guerre, avec les "27 de Châteaubriant", il a incarné les valeurs résistantes et le sacrifice du "Parti des fusillés". Et puis le temps a passé, la Résistance a perdu la place prééminente qui était la sienne dans la mémoire nationale. Le nom de Guy Môquet, comme ceux de Jacques Bonsergent ou d'Estienne d'Orves, a perdu son sens pour la plupart des gens. De façon inattendue, la dernière campagne électorale a ramené Guy Môquet sur le devant de la scène médiatique par les citations d'un candidat qui, élu président, a tenu à faire lire le jour de sa prise de fonction la dernière lettre du jeune homme près d'un autre lieu symbolique : la cascade du bois de Boulogne où une cinquantaine de jeunes gens désireux de participer aux combats de la capitale furent fusillés en août 1944. L'initiative a suscité des réactions variées - indignation, satisfaction ou curiosité -, sans que la réalité historique soit pour autant interrogée. Au contraire, on a vu ressurgir à cette occasion les stéréotypes et clichés d'une "histoire" de la Résistance et du PCF qu'on croyait définitivement rangée au magasin des mythes et légendes. Faire de Guy Môquet et de ses vingt-six camarades des "résistants de la première heure" relève de la téléologie, puisque la plupart d'entre eux ont été arrêtés en un temps où le PCF, pris dans la logique du pacte germano-soviétique, était tout sauf résistant. Après avoir mis au rayon des accessoires son antifascisme, condamné une guerre devenue "impérialiste" et appelé plus ou moins ouvertement au sabotage de l'effort de guerre au printemps 1940, le Parti a profité de l'effondrement militaire de la France et de la chute de la République bourgeoise pour prendre à l'été 1940 une série d'initiatives qu'aucun martyre ultérieur ne saurait effacer : tractations avec les autorités d'occupation pour la reparution de la presse communiste dont les arguments désormais connus donnent une idée du "patriotisme" du Parti. Guy Môquet, arrêté le dimanche 13 octobre 1940 à la gare de l'Est par trois policiers de la préfecture de police, agissant "sur indication", revendique dans sa déposition avoir voulu remplacer son père, le député communiste Prosper Môquet, militant depuis 1925, élu lors des élections de 1936, invalidé et condamné par la IIIe République pour son refus de désavouer le pacte germano-soviétique. Jeune lycéen exalté, il a dès son plus jeune âge baigné dans une culture politique bolchevique, porteur de la tradition familiale stalinienne, par ses parents, par ses oncles et tantes qui travaillent pour l'appareil clandestin du Parti. Les tracts qu'il distribue en cet été-automne 1940 s'inscrivent totalement dans la ligne du Parti et n'appellent donc pas à la résistance. Prisonnier de la logique d'un parti enfermé dans les compromissions de l'alliance Staline-Hitler, Guy Môquet n'a pas pu être le "résistant" qu'on célèbre à tort. Ses camarades des Jeunesses communistes ont en revanche constitué, à l'été 1941, après l'offensive de la Wehrmacht contre l'Union soviétique, le fer de lance de la lutte armée initiée dans la plus totale improvisation par le Parti. Les premières agressions contre des soldats allemands par les jeunes militants des Bataillons de la jeunesse vont provoquer des représailles sanglantes codifiées en septembre 1941 par le décret Keitel. C'est l'attentat du 20 octobre 1941 contre le Feldkommandant de Nantes, abattu par un commando de trois jeunes communistes venus de Paris, qui est la cause directe de la fusillade des 27 de Châteaubriant et de 21 autres otages originaires de la région, à Nantes et au Mont-Valérien, le 22 octobre. En dépit de la tentative du ministre de l'intérieur Pucheu pour orienter le choix des Allemands vers des communistes, c'est bien l'occupant qui désigna en dernier ressort les fusillés - Hitler dans un premier temps exigeait 150 exécutions - parmi les emprisonnés et internés à disposition dans les camps et prisons. Pour ce choix, il appliqua le décret Keitel en respectant une vague proportionnalité dans l'ordre des responsabilités : des jeunes, des communistes, des gens originaires de Nantes. Accaparer cette tragédie à son seul profit et pour sa seule gloire, comme l'a fait le PCF depuis 1942, relève de la récupération politique. Les otages fusillés n'étaient pas tous communistes, Guy Môquet n'était pas le seul jeune... On chercherait en vain dans les discours prononcés à Châteaubriant, sur les plaques et dans les écrits dressés à la gloire de la résistance communiste, les noms de Christian Rizzo, Marcel Bourdarias, Fernand Zalkinov et leurs camarades, arrêtés, jugés, condamnés et exécutés au printemps 1942 pour avoir fait ce que Guy Môquet, en communiste discipliné, n'avait pas fait. Ces jeunes militants commirent les premiers attentats sur ordre d'un parti qui mit des années à en assumer la paternité après avoir calomnié leurs auteurs ("ceux qui ont tué le Feldkommandant Hotz sont ceux qui ont incendié le Reichstag"), avant de les effacer purement et simplement de la mémoire. Si la dernière lettre de Guy Môquet est émouvante, les leurs ne le sont pas moins, mais personne ne rappelle leur mémoire... Jacques Duclos, qui transmit à Aragon les lettres des 27 avec cette injonction : "Fais de cela un monument", fut à l'origine d'un petit arrangement avec l'histoire qui consista à mettre en pleine lumière des militants arrêtés avant la rupture du pacte germano-soviétique et à rejeter dans l'ombre mémorielle ceux dont l'attitude soulignait trop crûment les aspects les moins avouables d'un passé que le PCF devenu patriote, républicain et résistant voulait faire oublier. Avec le sang des otages, le Parti communiste lavait une des périodes les plus troubles et ambiguës de son histoire en même temps qu'il dressait un obstacle moral à toute critique de son attitude. Si les mythes sont aussi importants que la réalité, l'histoire existe pour rappeler cette réalité, aussi tragique ou décevante soit-elle... Jean-Marc Berlière est professeur d'histoire contemporaine à l'université de Bourgogne, chercheur au Cesdip (CNRS/ministère de la justice). Sylvain Boulouque est doctorant en histoire à l'université de Reims. Jean-Marc Berlière et Sylvain Boulouque
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http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Utilisateur:Vdrpatrice&oldid=17146670 Aux récalcitrants éclairés, insolents, et amoureux de la Vérité.
Voici donc la version non censurée (pour le moment), mais impartiale, informée, et honnête, de l'article "Critique de la psychanalyse", qui est désormais sous contrôle de la clique freudo-lacanienne, protectrice des totems et des légendes mensongères sur Freud et sa psychanayse.
On constatera que les sympathisants et autres adorateurs du totem freudien me harcèlent avec le dernier acharnement...Ah! Mais pourquoi tant de haine ?...
Bonne lecture. Faites des copié-collés et lisez tranquillement chez vous.
La psychanalyse a rencontré des critiques dès sa naissance. Les thèses de Freud ont provoqué l'opposition de scientifiques, médecins, philosophes et psychologues de son temps. En effet :
- il contestait la suprématie de la conscience et de la volonté : le sujet philosophique et moral n'était plus l'axe central du sujet psychologique, puisque une part essentielle est sous l'emprise de l'inconscient ;
- il proposait une compréhension des troubles psychologiques hors de la sphère biologique : la « réalité psychique » est un concept que des médecins refusaient ;
- il plaçait au centre du développement psychique, et dès l'enfance, les conflits dans le développement de la sexualité infantile, il était reproché à Freud de remettre en cause l'innocence de l'enfance.
Mise en perspective
- Les critiques de Freud et de la psychanalyse furent jusqu'à aujourd'hui extrêmement nombreuses et variées. Il est parfois difficile de distinguer les critiques qui portent sur Freud lui-même (sa personnalité, son manque de rigueur supposé) de celles qui portent sur la psychanalyse, discipline dont les bases théoriques ont considérablement évolué au cours du siècle amenant à des écoles, des théorisations, des pratiques, fort différentes les unes des autres aujourd'hui. Ceci fait que certaines critiques adaptées à la psychanalyse "des débuts" ne le sont plus aujourd'hui. Un grand nombre de critiques apparaissent dirigées contre Freud lui-même avec l'idée qu'attaquer le fondateur pourrait mettre à mal l'édifice.
- Le débat sur la psychanalyse s'est radicalisé depuis les années 1980, à partir de la parution en 1984 du pamphlet de Jeffrey Masson, Le réel escamoté (The Assault on Truth). Freud y était décrit comme un truqueur et un menteur, qui avait de plus contribué à perpétuer l'oppression féminine en refusant de croire en la réalité des agressions sexuelles infantiles rapportées par ses patientes, récits qu'il considérait comme des productions de l'inconscient. La polémique s'est intensifiée pendant les dix années suivantes, si bien qu'on a parlé de Freud Wars. La polémique fut si intense que le Congrès américain décida en 1995 du report d'une exposition consacrée à Freud sous la pression d'historiens et d'épistémologues [1]. Ce groupe hostile à la psychanalyse et à Freud et qui se désigne souvent sous le terme de Freud scholars comprend des chercheurs et des polémistes issus d'horizons différents et qui appliquent à la psychanalyse des critiques virulentes selon différents modes d'approche : historique, épistémologique et thérapeutique.
- Ces Freud Wars ont, plus récemment encore, essaimé vers le monde francophone sous la forme de la parution d'un ouvrage : Le Livre noir de la psychanalyse, qui reprenait les critiques des Freud scholars et d'auteurs français. Suite à cette parution, un vif débat s'est engagé.
Critiques de la validité scientifique
Dans les années 1970 mais encore aujourd'hui, la psychanalyse a une influence considérable, au point d'être présente dans les programmes de philosophie de la classe de terminale du système éducatif français, et dans les magazines grand public. Cette situation est déplorée par ceux qui lui contestent le statut de science du fait que la théorie psychanalytique ne se présenterait pas comme «réfutable» au sens où l'entend Popper dans la Logique de la découverte scientifique (1934).
La psychanalyse est d’ailleurs une des disciplines que conteste la zététique [2], par, en grande partie, la critique épistémologique.
La réfutabilité
Avec Karl Popper, peut-être le plus important épistémologue, ces critiques estiment que la psychanalyse n'est pas une science issue d'une forme de recherche expérimentale. L'argumentation de Popper porte principalement sur le fait que, dans la cure analytique, toute dénégation peut être remise en question et être considérée comme une défense de la personne à l'égard d'une interprétation du psychanalyste. Prévenant par avances ses critiques, la psychanalyse serait donc irréfutable or Karl Poper a élevé la réfutabilité (en anglais : falsifiability) au rang de critère décisif de scientificité. Est scientifique une explication qui est réfutable et non l'inverse comme le préjuge une conception primitive de la science que partageait Freud. Au terme de son raisonnement, Popper écarte la psychanalyse des sciences au même titre que l'astrologie.
En effet, pour réfuter l'hypothèse centrale de la psychanalyse qui affirme que le refoulement des pulsions ou traumas dans l'inconscient est la cause de certains troubles ou certains actes non intentionnels, il faudrait pouvoir montrer que dans certains cas, l'arrivée à la conscience des souvenirs traumatiques incriminés (fin ou absence du refoulement) n'entraîne pas la disparition des troubles. Or, c'est impossible, puisqu'il est toujours possible d'affirmer que les troubles persistent à cause de résidus inconscients "non liquidés" qui sont par nature impossibles ou difficiles à atteindre.
Par conséquent, l'hypothèse d'un lien de causalité entre refoulement et névrose ne peut être réfutée. Sans cette hypothèse, il est parfaitement possible de rejeter l'hypothèse de l'existence d'un inconscient freudien (qui diffère de l'inconscient cognitif) qui reste, certes non réfutable, mais sans aucun fondement. En fait le raisonnement psychanalytique est plus ou moins circulaire, puisque pour montrer l'existence de l'inconscient, il faudrait pouvoir le connaître, et en faisant cela, il deviendrait conscient. Il est donc impossible d'observer l'inconscient et de démontrer son existence. Il ne s'agit que d'une hypothèse à laquelle on adhère par un acte de foi.
Dans les fondements de la psychanalyse, Adolf Grünbaum démontre que Freud n'a jamais fourni la moindre preuve inductivement valide de ses théories. Toutefois, Grünbaum s'oppose avec vigueur contre la critique de Karl Popper selon laquelle la psychanalyse serait entièrement irréfutable, donc, de ce point de vue, non scientifique (Grünbaum précise qu'il serait possible de rendre certaines théories freudiennes réfutables par l'expérience moyennant des modifications). [3] « (…), je soutiens que dans la mesure où le flou des conséquences et/ou l’indétermination déductive militent contre la falsifiabilité empirique de la théorie freudienne, ils sapent sa capacité explicative aussi bien que sa confirmabilité inductive ».[4]
L'applicabilité du critère de démarcation
Les freudiens, contestent, la généralisation à toutes les sciences de « la logique de la découverte scientifique ». Pourtant, Popper, défend qu’il ne peut y avoir, qu’une seule et unique méthode scientifique, procédant à l’aide de tests intersubjectifs, reproductibles et indépendants, par « conjectures et réfutations ». En effet, il pense qu'il est démontrable, que toutes les théories scientifiques, qui prétendent avoir une portée universelle, tout en ayant des pouvoirs descriptifs, explicatifs et prédictifs sur des phénomènes, doivent aussi avoir la forme logique d’énoncés universels au sens strict. C’est-à-dire, comme l’explique Popper, d’énoncés logiquement invérifiables, mais également logiquement falsifiables (ou réfutables).
Il est à souligner que Popper a toujours précisé que son critère de démarcation était avant tout un critère logique de démarcation entre les énoncés scientifiques et les énoncés métaphysiques[5], et qu'il était toujours possible d'éviter une réfutation par le moyen d'hypothèses auxiliaires, ad hoc. "(...)la falsifiabilité, au sens du critère de démarcation, ne signifie pas qu'une falsification puisse être obtenue en pratique ou que, si on l'obtient, elle soit à l'abri de toute contestation. La falsifiabilité, au sens du critère de démarcation, ne désigne rien de plus qu'une relation logique entre la théorie en question et la classe des énoncés de base, ou celle des événements décrits par ces énoncés : les falsificateurs potentiels. (...) J'ai toujours soutenu, et ce dès la première édition de Logik der Forschung (1934) (...) qu'il est absolument impossible de prouver de manière décisive qu'une théorie scientifique empirique est fausse. (...) il est toujours possible de trouver certains moyens d'échapper à la falsification, par exemple en introduisant une hypothèse auxiliaire ad hoc (...); on ne peut jamais réfuter une théorie de manière concluante."[6]
Le problème du déterminisme psychique absolu et de l'apriorisme
En s'appuyant sur des écrits de Freud, il semble clair que celui-ci s'appuie sur le postulat déterministe. Il introduit le chapitre 12 de « Psychopathologie de la vie quotidienne » par les propos suivants :
- « La conclusion générale qui se dégage des considérations particulières développées dans les chapitres précédents peut être formulée ainsi : certaines insuffisances de notre fonctionnement psychique [...] et certains actes en apparence non-intentionnels se révèlent, lorsqu'on les livre à l'examen psychanalytique, comme parfaitement déterminés par des raisons qui échappent à la conscience.» [7]
Plus loin dans le chapitre de ce même livre, Freud formule la fameuse expression de déterminisme psychique absolu :
- « (...)On sait que beaucoup de personnes invoquent à l'encontre d'un déterminisme psychique absolu, leur conviction intime de l'existence d'un libre arbitre. Cette conviction refuse de s'incliner devant la croyance au déterminisme.» [8]
De plus, et malgré que l'on remarque que Freud parle de « certaines » insuffisances et actes, donc, a priori, d'un déterminisme psychique absolu qui ne s'appliquerait que dans certains cas concernant la causalité psychique et non dans tous les cas. Autrement dit que l'individu n'est pas, selon Freud entièrement soumis au principe du déterminisme qu'il propose. Mais après la lecture global de l'oeuvre de Freud, il semble qu'il s'y inscrive bien, c'est en tout cas l'avis des épistémologues critiques de la psychanalyse tel de Karl Popper.
Il semble bien admis, par la plupart des critiques de Freud (et aussi par les psychanalystes), que le déterminisme psychique absolu a eu une importance considérable, pendant toute la carrière du père de la psychanalyse. Frank Sulloway : « Dans le travail scientifique auquel il consacra toute sa vie, Freud se caractérise par une foi inébranlable dans l'idée que tous les phénomènes de la vie, y compris ceux de la vie psychique, sont déterminés selon des règles inéluctables par le principe de la cause et de l'effet. (...) Qui plus est, que les réponses du patient fussent vérité ou fantasme, elles étaient toujours déterminées psychiquement, comme Freud l'expliquait devant la Société de psychanalyse de Vienne en 1910. » (In : « Freud biologiste de l'esprit ». Edition Fayard, page 87).
La thèse de Popper
D'après Popper[9], toute science, vise à la corroboration de lois universelles dont le but est de permettre la prédiction, l'explication, ou la description des phénomènes, autrement dit, toute science, selon Popper a pour but de montrer, comment ses objets d'études sont « déterminés » afin de pouvoir édifier des classifications, lesquelles permettent de discriminer les objets entre eux.
En conséquence, la science vise donc à l'édification de lois précises, ou causales (donc déterministes) ou de lois fréquentistes (Popper explique que ces deux types de recherche ne sont nullement incompatibles)[10].
Karl Popper[11], fait la démonstration qu'il est impossible que la doctrine qu'il nomme « déterminisme scientifique », (à laquelle s'apparente le déterminisme prima faciae et absolu), puisse être dotée d'une quelconque valeur explicative, descriptive, et prédictive. Pour Popper, cette forme de déterminisme, n'est donc d'absolument d'aucune utilité pour la science et cela, à cause du problème logiquement insoluble du calcul des conditions initiales d'un projet de prédiction qui serait conforme aux exigences d'un tel déterminisme. A ce titre, Popper parle du « principe de responsabilité ». Selon ce principe, il faudrait, [12] « pouvoir rendre compte par avance de tout échec de la prédiction d'un événement avec le degré de précision voulu ; et cela, en montrant que nos conditions initiales ne sont pas suffisamment précises, et en établissant le degré de précision qu'elles devraient avoir pour que cette tâche de prédiction puisse être effectuée ». Popper affirme ensuite « qu'il ne suffit donc pas de dire que nous n'avons aucune théorie qui satisfasse au principe de responsabilité : jusqu'à présent, nous n'avons pas même la moindre idée quant au côté vers lequel l'on devrait chercher ».
S'agissant plus directement de la psychanalyse, et de ses possibilités de prédiction en relation avec le postulat déterministe de Freud, Popper soutient que [13] « la connaissance que nous possédons de la psychologie d'un homme (...) peut nous permettre de prédire qu'il ne commettra ni un meurtre, ni un vol. Mais pour asseoir le déterminisme « scientifique », il faut beaucoup plus. Une fois les implications du déterminisme « scientifique » - et plus particulièrement celles du principe de « responsabilité » - pleinement saisies, l'on s'aperçoit que la connaissance psychologique, comme celle du comportement, nous l'avons vu, requiert un complément de connaissances physiologiques. Cela signifie, bien entendu, l'effondrement de l'argument psychologique ». Cet argument de Popper semble constituer une critique efficace de l'impossibilité d'un déterminisme psychique absolu, qui ne serait donc que psychique, ainsi que Sigmund Freud le souhaitait, afin de créer une « rupture épistémologique » (G. Bachelard) radicale avec la psychologie de son temps, faisant de lui le « Galilée » [14] de la psychologie.
Déterminisme « psychique absolu »
Freud a donc prôné un déterminisme psychique absolu[15], excluant tout hasard et « valable sans exception ».
Il écrit que « Nous ne serons pas étonnés de constater que l'examen analytique révèle comme étant parfaitement déterminés, non seulement les nombres, mais n'importe quel mot énoncé dans les mêmes conditions. »[16]
Ainsi, selon cette conception du déterminisme qui ne laisse aucune part au hasard, Freud devrait pouvoir, non seulement interpréter (comme il le fait dans « Psychopathologie de la vie quotidienne »), mais aussi expliquer causalement, ainsi que prédire[17] tous les nombres et tous les mots, si c'est bien une science de l'inconscient qu'il prétendait fonder. Le déterminisme psychique absolu implique donc la possibilité d'expliquer et prédire n'importe quel nombre ou mot composé d'autant de membres que l'on voudra, et ce, en excluant toute erreur aussi minime soit-elle.
Des psychanalystes, tels Pierre-Henri Castel, on également remarqué les problèmes liés aux conceptions de Freud sur le déterminisme. Castel souligne, par exemple : « (...) La position de Freud, pour être conséquente, doit donc interpréter tous les phénomènes considérés en général comme fortuits, comme des produits du déterminisme psychique. Il n'est plus ici question du rêve ou du mot d'esprit, mais de la liste par définition indéfiniment ouverte des ratages qui attestent l'action d'un refoulement. »[18].
Déterminisme psychique et apriorisme
Ce déterminisme psychique absolu est aussi a priori [19]. Cet apriorisme, (qui constitue le caractère crucial du déterminisme tel que Freud le concevait), relevé, notamment, par Timpanaro, est en effet nécessaire pour pouvoir permettre une technique thérapeutique fondée sur l'interprétation des associations dites libres [20], puisque pendant l'analyse, selon Freud, le patient doit dire tout ce qui lui passe par la tête (en effet, Freud écrit dans Cinq leçons sur la psychanalyse : « (...)il faut(...) qu'il dise tout ce qui lui vient à l'esprit, même s'il pense que c'est inexact, hors de la question, stupide même, et surtout s'il lui est désagréable que sa pensée s'arrête à une telle idée. S'il se soumet à ces règles, il nous procurera les associations libres qui nous mettront sur les traces du complexe refoulé » [21]).
Si c'est donc bien l'ensemble des associations verbales, [ou non verbales comme par exemple des dessins ou des œuvres d'art] que la psychanalyse se propose d'expliquer à l'aide de ses lois causales strictes, en tant que ces associations seraient appréhendées comme libres, alors il est nécessaire pour la psychanalyse de disposer d'une théorie fondée sur un tel déterminisme permettant d'appréhender, a priori et sans aucun risque d'erreur puisqu'elle exclue le hasard, le libre jeu apparemment indéterminé et libre de toutes les associations verbales ou non verbales que peut faire le genre humain, sans que ces associations aient été classifiées au préalable, par des tests scientifiques. D'après Karl Popper, et aussi Jacques Bouveresse [22], aucun déterminisme de ce type, ne peut en réalité, permettre à la psychanalyse ou même à tout autre doctrine de réaliser les objectifs qu'elle se donne que ce soit sur le plan théorique, ou thérapeutique.
On remarque que Freud exclue de la « vie psychique », toute possibilité d'arbitraire (c'est-à-dire, pour lui, de quelque chose de soumis au contrôle du libre-arbitre, donc de la conscience), et de fortuit, (c'est-à-dire, le hasard)[23]. Mais en excluant de façon aussi explicite le hasard au niveau d'une causalité inconsciente, Freud exclue aussi, logiquement, toute erreur de calcul que puisse faire l'inconscient, perspective invalidée par Karl Popper.
Toute tentative thérapeutique est un projet de prédiction, puisque l'on prédit que par l'application de certaines techniques thérapeutiques soutenues par la corroboration de certaines théories universelles, le patient guérira de ses névroses, ou alors trouvera un nouveau sens positif à sa vie. Ainsi, et en se basant sur le déterminisme psychique absolu (et aprioriste), la psychanalyse devrait pouvoir réaliser, d'après Popper, des prédictions thérapeutiques, ou tout autre type de prédictions se rapportant au comportement et au psychisme humain, avec n'importe quel degré de précision stipulé à l'avance.
Mais Jacques Bouveresse [24] propose, en s’appuyant (notamment) sur la critique du déterminisme « scientifique » élaborée par Karl Popper, que les théories freudiennes supposées détenir une valeur explicative, ne pourraient en réalité fournir les causes aussi strictes impliquées par l’affirmation d’un déterminisme psychique absolu et aprioriste (prima faciae), et, encore moins, donner lieu à de quelconques prédictions sur le psychisme humain, puisque la capacité revendiquée par Freud de fournir les causes d'un phénomène implique logiquement celle de pouvoir les prédire.
En somme, et en reprenant les analyses de Lévi-Strauss et du marxiste Timpanaro, Jacques Bouveresse fait remarquer que la psychanalyse se rapprocherait beaucoup plus de la « magie concrète » que de la science, en raison, précisément, des ses positions favorables à un déterminisme strict excluant le hasard.[25] Cette critique, selon laquelle la psychanalyse ne serait qu'une « pensée magique » établie dans la « mentalité primitive », et qui procèderait par « développements scolastiques », à cause de son déterminisme strict négligeant les « secondes causes », se retrouve aussi chez Pierre Debray-Ritzen. [26]
Ethnographie, sciences sociales
Le concept de complexe d’Œdipe aurait été invalidé par des recherches (notamment ethnographique) : on ne retrouverait pas partout l'interdit de l'inceste et certaines sociétés n'ont pas de familles structurées autour du père. Cette critique pose la question de l'extension de la validité de certains concepts psychanalytiques mais on peut remarquer que l'immense majorité des groupes humains pratiquent l'exogamie en s'appuyant sur des interdits très puissants. Ainsi le complexe d'Œdipe est à comprendre comme un concept historique et non comme un concept biologique, ce que parfois Freud laisse penser (cf. Moïse et le monothéisme) ;
Les réflexions sur la civilisation de Freud sont établies en confondant celle-ci avec la culture. Dans ses ouvrages Malaise dans la civilisation, L'Avenir d'une illusion et Moïse et le monothéisme, le psychanalyste s'intéresse à la sociologie et à l'anthropologie. Il considère d'ailleurs la sociologie comme une psychologie appliquée.
Freud estime que la civilisation est mise radicalement en question. Ce qui l'étonne mais aussi l'inquiète, c'est que la civilisation elle-même puisse être rejetée. L'origine de cette volonté d'affranchissement par rapport à la civilisation serait psychologique. Le problème qui se pose à lui est que, ce rejet impliquerait que l'homme puisse vouloir sa propre auto-destruction via la destruction de ce qui forme son humanité, la civilisation. La pulsion de mort, Thanatos serait aussi forte que la pulsion de vie, Éros. Le concept de pulsion est influencé par celui de volonté chez Schopenhauer.
Critique de la population étudiée
Le but de Freud, et plus généralement de la psychanalyse, est de définir le fonctionnement général du psychisme humain, en faisant ressortir des lois primordiales. Ce but, tout à fait pertinent et louable par ailleurs, est difficilement réalisable dans les conditions où s'est placé Freud. En effet, ce dernier n'a fait qu'étudier des sujets souffrant d'une pathologie, et majoritairement hystérique, et a généralisé ce travail à l'ensemble de la population. De même, les patients de Freud étaient principalement issus de la bourgeoisie européenne de l'époque, donc d'un seul milieu social. Ainsi on peut se demander quelle peut être la justesse d'une telle généralisation, et donc de la théorie, même si depuis de nombreux psychanalystes ont bien évidemment travaillés sur des populations variées.[réf. nécessaire]
Critiques relatives à la légitimité du psychanalyste
La pratique de la psychanalyse n'impliquait pas la détention d'un diplôme universitaire particulier ce qui est de moins en moins le cas. De fait la plupart des analystes sont soit psychiatres soit psychologues. Pour être affilié à une association de psychanalystes en revanche, le praticien doit avoir été lui-même analysé pendant de nombreuses années ce qui tout à fait cohérent avec les écrits de Freud. Comment en effet imaginer qu'un psychanalyste propose une cure sans s'être lui-même soumis rigoureusement à un travail sur lui-même ? L'accès aux métiers en rapport avec les soins médicaux, psychiatriques ou non, sont strictement encadrés dans la plupart des pays occidentaux mais en France la psychanalyse n'est pas parvenue à se doter d'une réglementation de la psychothérapie. Notons qu'il en va de même pour les béhavioristes qui forment aux aussi des praticiens hors champ. C'est une des critiques qui lui sont le plus souvent faites. Cependant il est à noter qu'il existe des psychiatres psychanalystes et des psychologues psychanalystes, qui eux ont une formation universitaire obligatoire.
L'impact scientifique de la psychanalyse
Selon un rapport de l'IPA (International Psychoanalytical Association) [27], la psychanalyse pourrait avoir moins d'impact scientifique qu'auparavant. En effet, cette analyse concernant la fréquence de moyen de citation de l’"International Journal of Psychoanalysis" et le Journal de l’Association Psychanalytique Américaine dans le "Social Science Citation Index" montre un déclin des citations par d'autres journaux. Ce qui signifierait que la psychanalyse se développerait en « ignorant les contributions contemporaines »(Op. cit.).
Critiques historiques et politiques
L'argument critique historique le plus fréquent et celui qui touche aux « légendes freudiennes ». Des historiens tels Henri F. Ellenberger et Frank J. Sulloway ont développés des critiques sur ce qu'ils appellent des « légendes » (voir Ellenberger, in « Histoire de la découverte de l'inconscient », Edition Fayard. Frank Sulloway, in « Freud biologiste de l'esprit », Edition Fayard. Jacques Bénesteau, in « Mensonges freudiens, histoire d'une désinformation séculaire », Edition Mardaga. Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, in « Le dossier Freud, enquête sur l'histoire de la psychanalyse », Edition les empêcheurs de penser en rond).
Henri Ellenberger, souvent reconnu par les défenseurs de la psychanalyse comme un critique impartial et érudit de l'histoire de la psychanalyse, lui reconnaissant certaines qualités, écrit :
- « Il est extrêmement difficile d'apprécier objectivement l'influence de Freud. Il s'agit d'une histoire trop récente, déformée par des légendes (...)». «(...) La seconde difficulté, plus grave encore, vient de ce que la psychanalyse, dès ses origines, s'est développée dans une atmosphère de légende, si bien qu'une appréciation objective ne sera guère possible avant que l'on ait pu dégager les données authentiquement historiques de cette brume de légendes ». (...)« Il serait d'un intérêt inestimable de découvrir le point de départ de la légende freudienne et d'analyser les facteurs qui ont permis son développement.» [28]
Les arguments, parfois très sévères des critiques de Freud, ont été repris à leur suite, par d'autres intellectuels ayant entrepris des recherches et publié des travaux critiques de nature historique sur Freud et la psychanalyse.
Sigmund Freud s'est toujours présenté comme le Galilée de la psychologie de son temps, le découvreur de l'inconscient et de la psychanalyse qui serait devenue sa science privée (Borch-Jacobsen et Shamdasani). Or, Auguste Forel (défenseur de l'eugénisme), contesta à Freud la découverte de la méthode psychanalytique en ces termes :
- « Le découvreur de la méthode psychanalytique [sans « o » ], tant du point de vue de sa signification psychologique que de sa signification thérapeutique, est le Dr Joseph Breuer de Vienne.» [29]
- Henri F. Ellenberger conteste aussi et en partie, l'originalité de la découverte freudienne :
- « La légende freudienne passe à peu près complètement sous silence le milieu scientifique et culturel dans lequel s’est développée la psychanalyse, d’où le thème de l’originalité absolue de tout ce qu’elle a apporté : on attribue ainsi au héros le mérite des contributions de ses prédécesseurs, de ses associés, de ses disciples, de ses rivaux et de ses contemporains en général.» [30]
Pour la psychiatrie classique (organiciste), la psychanalyse aurait été, comme c'est devenu à nouveau le cas aujourd'hui, un produit de l'imagination de Freud et de ses successeurs. En effet, selon les travaux des « Freud scholars » (les historiens de Freud, parfois qualifiés de révisionnistes), ce dernier, depuis les débuts jusqu'à la fin de sa vie, n'aurait jamais admis de témoin indépendant dans son cabinet (au contraire de certains de ses plus éminents premiers modèles tels Charcot) ni de contrôle extra-clinique, intersubjectif et reproductible de ses théories, en rejetant de manière explicite, dans une réponse restée célèbre à Rosenzweig, la méthode expérimentale. [31]
Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, soutiennent également que :
- « L'ignorance systématique des travaux des autres chercheurs et le refus systématique de s'ouvrir à leurs critiques sont un des traits distinctifs de l'obédience psychanalytique. » [32]
La théorie de l'inconscient et le complexe d'Oedipe seraient entièrement le fruit de l'échec reconnu par Freud lui-même de sa propre auto-analyse par introspection (procédé déjà reconnu comme obsolète en son temps, et déjà longtemps avant, par Emmanuel Kant in : "Anthropologie. Divers fragments relatifs aux rapports du physique et du moral et au commerce des esprits d'un monde à l'autre."
- « C'est une chose digne de réflexion, une chose utile et nécessaire pour la logique et la métaphysique, d'observer en soi les différents actes de la faculté représentative, lorsqu'on les provoque. Mais vouloir s'épiloguer, prétendre connaître la manière dont ces actes surgissent d'eux-mêmes dans l'âme sans être suscités (...), c'est un renversement de l'ordre naturel dans la faculté de connaître (...) c'est déjà ou une maladie de l'esprit (...), ou un acheminement à la folie.» [33]
Selon les plus récents travaux des « Freud scholars » (Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani), Freud n'aurait, en travaillant reclus dans son cabinet et en excommuniant systématiquement les critiques, bâti que « sa science privée », ainsi que des légendes autour de son personnage et de sa doctrine afin de mieux imposer l'idée de scientificité et d'objectivité de ses études et de ses résultats d'une part, et de rigueur et d'honnêteté de ses méthodes d'autre part. Freud aurait dissimulé ses inspirations de biologiste (jugées obsolètes, par Ernst Kris, l’un de ses plus ardents défenseurs), dans la conception de ses théories, afin de mieux donner l’impression d’une rupture scientifique radicale avec la psychologie de son temps, pour s’affirmer, en "pur psychologue" comme le nouveau « Galilée » de la psychologie. C'est donc ce travail de dissimulation de ses inspirations biologistes obsolètes qu'aurait opéré Freud, qui justifie le qualificatif de "cryptobiologiste" de l'esprit, utilisé par Frank Sulloway dans son étude. Toutefois, ce point de vue est critiqué, par Borch-Jacobsen et Sonu-Shamdasani.
Les « Freud scholars » semblent unanimes sur le fait que Freud fut le seul témoin privilégié de la création de ses théories et de leur confirmation, et du traitement des grands cas sensés être représentatifs de l'efficacité de sa méthode thérapeutique ainsi que de la validité des théories qui les sous tendent.
Les travaux des Freud scholars sont parfois qualifiés « d’insultants » ou « d'infamants », par des défenseurs de la psychanalyse. L'argument du complot, et de la « conspiration », revient aussi de façon récurrente dans les discours et les écrits des défenseurs de la psychanalyse, qui voient dans les critiques une « haine » contre Freud et la psychanalyse, donc de l'irrationnel qui ne peut être traité sur le front du discours rationnel et critique mais sur celui du symptôme (Cf. par exemple le livre d'Elisabeth Roudinesco« Pourquoi tant de haine ? - anatomie du livre noir de la psychanalyse », édition Navarin).
Critique par le régime nazi
Il existe une autre critique totalement différente de la précédente, qui est celle du régime nazi. En effet, ce dernier a sévèrement critiqué la psychanalyse, considérée comme une « science juive ». A partir de 1933, les ouvrages de Freud ont été brûlés en place publique en Allemagne, les instituts de psychanalysé fermés, et de nombreux lieux de soin saccagés [34]. Cela a causé la fuite des premiers psychanalystes allemands, autrichiens et hongrois vers Londres, New-York, l'Amérique latine. La pratique de la psychanalyse n'à toutefois pas complètement disparu sous le régime nazi. Certains psychanalystes non juifs ont continué à œuvrer au sein de l'Institut Göring[35] dirigé par le psychiatre Matthias Göring, au prix d'une rupture avec les associations psychanalytiques internationales. On peut ainsi dire qu'une pratique contrôlée de la psychanalyse par des non-juifs était tolérée à condition qu'elle reste discrète, mais le projet de Matthias Göring était de développer une psychothérapie allemande patriotique et respectueuse des valeus religieuses basée sur des concepts adlériens plutôt que freudiens.
Sigmund Freud face à l'antisémitisme
Comme le souligne Henri Ellenberger, dans son livre « Histoire de la découverte de l'inconscient », Freud était très sensible aux attaques de source antisémite. [36] Cependant, Ellenberger semble retenir qu'il fait partie des légendes sur l'histoire de la vie de Freud, le fait que ce furent ses origines juives qui constituèrent un obstacle à sa carrière personnelle. Il écrit :
- « Un des points qui restent obscurs dans la vie de Freud est la raison de sa nomination si tardive au poste de professeur extraordinaire. Traditionnellement, on évoque l'antisémitisme, le scandale provoqué par ses théories sexuelles, la mesquinerie de ses collègues, jaloux de sa supériorité. Il obtint enfin cette nomination, ajoute la légende, quand une de ses riches malades soudoya le ministre de l'éducation.(...) » [37]
- « (...)Que Freud n'ait pas été nommé plus tôt ne saurait, dès lors être attribué à l'antisémitisme. » [38]
Ce point de vue d'Ellenberger est également repris par Jacques Bénesteau, qui souligne que :
- « (...)D'autre part, une persécution antisémite retardant sa nomination comme Professeur Extraodinarius est également improbable dans son cas particulier à ce moment-là. » [39]
Mais Jacques Bénesteau, affirme cependant, qu'à Vienne, (entre la fin du XIX° siècle et le début de l'Anschluss), un antisémiste de fait existait bel et bien. Il relate avec précision, le fait que « l'Empereur François-Joseph refusera quatre fois la nomination du maire élu de Vienne, le social-chrétien Karl Lueger, du fait de la réputation antisémite de celui-ci ». [40] En fait, selon Bénesteau, L'Empereur ne pouvait supporter les querelles antisémites (...).[41] Par conséquent, il semble clair que selon Bénesteau (mais aussi Ellenberger), la psychanalyse naquit et se développa, à Vienne, dans un contexte indiscutablement antisémite.
Critiques marxistes
Les marxistes, à part quelques exceptions notables, considéraient la psychanalyse comme une science bourgeoise, ils en ont interdits la pratique en URSS. Toutefois, un courant intellectuel désigné sous le nom de freudo-marxisme dont les principaux représentants ont été les psychanalystes de la gauche freudienne : d'Otto Fenichel à Wilhelm Reich, ainsi que Erich Fromm et Herbert Marcuse. Mais c'est en France, que s'effectua avec le plus de richesse la jonction entre l'idéal communiste et l'idée d'une subversion freudienne, avec le mouvement surréaliste et le double projet de révolution du langage et de la réalité. Freud manifesta toujours une hostilité, sinon au marxisme, du moins au communisme et surtout aux freudo-marxistes et aux surréalistes. Louis Althusser, en 1964, inaugura une refonte du marxisme, à partir d'une lecture largement inspirée des thèses freudiennes.
Critiques éthiques et religieuses
De plus en plus d'analyses et de recherches publiées à orientations historiques et épistémologiques (et aussi thérapeutiques comme celle du psychanalyste canadien Patrick Mahony dans son livre « Dora s'en va. Violence dans la psychanalyse »), remettent en question les résultats et la validité des méthodes employées par Freud, ses effets thérapeutiques, mais aussi, la probité scientifique et morale de celui-ci. Selon Mahony, « Dora », aurait été traumatisée deux fois : par son agresseur, puis par son thérapeute (Freud).
- « Sans exagération aucune, le cas, sa publication et l'accueil qu'il a reçu par la suite peuvent être qualifiés d'exemple de perpétuation de sévices sexuels. Dora avait été traumatisée, et Freud l'a traumatisée une nouvelle fois. Et pendant à peu près un demi-siècle, la communauté psychanalytique a, soit gardé un silence complice sur ces brutalités, soit ignoré celle-ci par adoration aveugle.» [42]
Judd Marmor, célèbre psychanalyste, constate : « Selon le point de vue de l'analyste, les malades de chaque école semblent fournir les données phénoménologiques qui confirment précisément les théories et les interprétations de leur analyste ! Ainsi chaque théorie semble s'auto-valider.» [43]
Selon le Prix Nobel de médecine Eric Kandel, il y aurait des preuves irréfutables de l'efficacité des thérapies non psychodynamiques, alors que, selon lui : « il n'y pas de preuve irréfutable, à part des impressions subjectives, que la psychanalyse est meilleure que la thérapie non analytique ou le placebo ».
En France, le rapport de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale sur l'évaluation des psychothérapies, demandé par les fédérations des usagers, suscita de très vives réactions d'indignation de la part des milieux favorables à la psychanalyse. En effet, ce rapport fait état d'une supériorité des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), dans la majorité des troubles mentaux, par rapport aux thérapies d'inspiration psychodynamique. Ce fut finalement sous la pression d'un groupe d'intellectuels parisiens et des différents représentants médiatiques français de la psychanalyse, que ce rapport fut retiré du site du Ministère de la Santé Publique. Il reste accessible sur le site de l'INSERM.
L'accusation de subjectivisme, et de mensonge
L'accusation de subjectivisme semble bien etayée par les propres propos de Freud : « la conversation qui constitue le traitement analytique ne supporte pas d'auditeurs ; elle ne se prête pas à la démonstration (...) Vous ne pourrez donc pas assister en auditeurs à un traitement psychanalytique. Vous pouvez seulement en entendre parler et, au sens le plus rigoureux du mot, vous ne pourrez connaître la psychanalyse que par ouï-dire. (...)Tout dépend, en grande partie, du degré de confiance que vous inspire celui qui vous renseigne. » [44]
Les propres affirmations du Freud, paraissent s'accorder avec les critiques de Borch-Jacobsen et Shamdasani, qui après avoir décrit les « mensonges », les « assertions trompeuses », les « équivoques stylistiques » et les « silences intéressés », soutiennent que : « (...)Freud n'est plus un témoin fiable. Ou plutôt, il n'est qu'un témoin parmi d'autres, particulièrement douteux et partial étant donné les multiples bénéfices théoriques, pratiques, économiques et institutionnels qu'il retire de ses témoignages », et surtout qu'il n'aurait bâti qu'une « science privée » et « légendaire », en dehors de tout contrôle indépendant, donc selon une démarche diamétralement opposée à la vraie science. [45]
Depuis quelques années, surtout depuis l'exposition Freud aux USA, on assiste à une montée de critiques à caractère moral basées sur la personne de Freud (il aurait été un "menteur", un "charlatan", un cocaïnomane) et sur ce que cela implique en termes de validité scientifique : il aurait maquillé les résultats réels de ses expériences ou les aurait interprétés de manière exagérément optimiste. [46]
En résumé, pour les historiens critiques de la psychanalyse, la critique de Freud aurait ceci de particulier qu'elle ne pourrait être dissociée de celle de l'histoire de la psychanalyse. En effet, c'est parce que Freud aurait été le seul et unique témoin privilégié de l'émergence de ses théories fondamentales et surtout du traitement de ses patients ainsi que de l'analyse des faits cliniques, que toute la validité de la psychanalyse dépendrait de sa seule probité intellectuelle. Des historiens Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani dans "Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse", démontrent donc que toute la psychanalyse n'est que la "science privée" de Freud, et qu'elle ne peut, de ce fait, être considérée comme une science. A la suite de ce constat, les historiens démontrent qu'en détruisant, par l'analyse historique, les légendes protectrices et mensongères qui seraient destinées à protéger Freud et la psychanalyse de la prise de conscience de leur histoire réelle entièrement dépendante des mensonges freudiens, on porterait un coup fatal à la crédibilité de l'un et de l'autre. Ni Freud, ni "sa" psychanalyse ne résisterait à "la police du passé" (Borch-Jacobsen). Il est à souligner que bien que d'autres scientifiques aient pu, eux aussi mentir ou tricher quelque peu sur leurs résultats, l'ampleur et les conséquences des "mensonges freudiens" seraient telle, (selon les historiens), qu'ils feraient de Freud un cas tout à fait unique et exemplaire dans l'histoire des idées (Voir Borch-Jacobsen, Crews, Cioffi, Van Rillaer, etc.).
Un mouvement parfois qualifié de « sectaire »
Comme on le constatera à la lumière des citations qui suivent, le jugement selon lequel le mouvement freudien était surtout organisé comme un mouvement sectaire n’est ni isolé ni marginal dans l’histoire de la critique de ce mouvement.
- Depuis le début des voix se sont élevées qui rapprochaient la psychanalyse d'une secte. C'était le cas d'Alfred Hoche, psychiatre allemand, ardent défenseur de l'eugénisme, l'un des tous premiers critiques de la psychanalyse, qui écrivit en 1910 : « De façon étonnante, un grand nombre de disciples, en partie carrément fanatiques, se sont ralliés à présent à Freud et le suivent ou qui les mène. Parler à ce propos d'une école freudienne serait en réalité complètement déplacée, dans la mesure où il n'est pas question de faits scientifiquement probables ou démontrables, mais d'articles de foi ; en vérité, si j'en excepte quelques têtes plus pondérées, il s'agit d'une communauté de croyants, d'une sorte de secte (eine Art von Sekte) avec toutes les caractéristiques qui s'y rapportent.[...] Le mouvement freudien est en fait le retour, sous une forme moderne, d'une Medicina magica, une sorte d'enseignement secret (Geheimlehre) qui ne peut être pratiqué que par des devins qualifiés.» [47]
- D'autres critiques célèbres de la psychanalyse, tel Henri Ellenberger, portent le même jugement sur la psychanalyse (Voir par exemple, l'organisation d'un « Comité secret » par Freud, et la distribution d'un anneau aux fidèles, membres de ce Comité). Henri Ellenberger écrit :
- « La psychanalyse est-elle une science ? Elle ne répond pas aux critères (science unifiée, domaine et méthodologie définie). Elle répond aux traits d'une secte philosophique (organisation fermée, initiation hautement personnelle, doctrine changeante mais définie par son adoption officielle, culte et légende du fondateur.» « Et encore ceci : Ce que Freud a introduit : [...] retour au système « secte » antique : [...] initiation de caractère plus qu'intime, sacrifices d'argent considérable[s], doctrine commune, culte du Fondateur ». (In : « Les incertitudes de la psychanalyse », notes dactylographiées, Centre Henri Ellenberger, hôpital Saint-Anne, Paris).
- Cependant, ce serait présenter faussement Henri Ellenberger en oubliant qu'il avait aussi un point de vue où il reconnaissait la valeur pratique de certains concepts issus de la psychanalyse.
- Lettre d'Eugen Bleuler à Sigmund Freud, 1° janvier 1912 (In : Mikkel Borch-Jacbosen et Sonu Shamdasani, ibid, page 125) :
- « S'il ne s'agissait que d'une association au même sens que d'autres, personne n'aurait pu trouver à y redire et elle aurait simplement été utile. Mais c'est le type d'association qui est néfaste. Plutôt que de s'efforcer d'avoir beaucoup de points de contact avec le reste de la science et d'autres scientifiques, l'Association s'est isolée du monde extérieur avec des barbelés, ce qui blesse tant les amis que les ennemis. [...]Les psychanalystes eux-mêmes ont justifié les méchantes remarques de Hoche sur le sectarisme, qui à l'époque étaient injustifiées.»
Le problème des rapports à l'argent
La nécessité de payer les séances en liquide a souvent été considéré comme un indice de la vénalité des psychanalystes. Précisons cependant que cela n'est vrai que dans la cure psychanalytique classique et ne concerne pas les psychothérapies psychanalytiques bien plus nombreuses.
- Pour mieux comprendre ces rapports, et comment les psychanalystes les comprennent, on peut citer Alfred Erbs, Docteur ès sciences humaines et psychanalyste ([48]), il écrit :
- « La psychanalyse a un certain coût. Le prix des séances varie généralement entre 150 et 450 francs selon les psychanalystes. Les tarifs sont fonctions des psychanalystes et de leur capacité d'adapter leur propre analité à la réalité financière de leurs « clients ». Mais cela ne doit pas faire oublier que l'argent représente des dimensions importantes de l'analyse. L'argent fait partie d'un système de valeurs psychologiques plus global (appelé analité) et qui répond de la valeur et de la puissance qu'on a réellement à l'intérieur de soi. Les moyens et la puissance mis en jeu ainsi que les transformations de l'agressivité font partie de cet investissement. L'analyse permet de ne plus confondre l'argent avec sa propre valeur ni avec sa propre puissance et ses propres moyens... Les psychanalyses gratuites ou payées par les assurances marchent pendant quelque temps sans problème. Mais dès que l'analité, (c'est-à-dire les problèmes de sa propre valeur et de sa propre puissance) doit se mettre en place, l'analyse piétine ou même ignore cette dimension. Cela pose aussi le problème des psychanalystes qui attendent que la Mère Société leur fournisse une clientèle.»
En France, le règlement a lieu normalement à chaque visite par contre aux États-Unis le paiement peut avoir lieu à chaque fin de mois. La note se fait souvent en liquide. Le prix élevé des soins peuvent empêcher certaines personnes de se faire soigner. Mais le coût est généralement modulé en fonction des richesses de chacun par les psychanalystes. Dans le secteur libéral, le remboursement est moins évident à obtenir que dans le service public.
Au Danemark, un médecin généraliste qui envoie un patient chez un psychologue, fait qu'il est remboursé par le système d'assurance sociale.
Critiques de nature religieuse
Les critiques de religieux reposent soit sur des raisons morales soit sur une vision idéale de l'humain qui ne peut intégrer la vision dualiste de Freud. L'église catholique accuse la psychanalyse de justifier la fornication et de prétendre que tous les problèmes psychologiques auraient leur source dans une sexualité refoulée. Le prêtre franciscain Agostino Gemelli écrit dans Psicoanalisi e Cattolicismo (1950) que les théories de Freud sont inacceptables pour l'église catholique. [réf. nécessaire]
Critiques psychologiques
Dans les années 1920, une critique plus scientifique - voire scientiste[49] - a émergé, en particulier chez Lev Vygotski. Ses critiques, qui ne remettent pas en cause l'existence de l'inconscient, ni la sexualité infantile, portent sur trois points principaux :
- la psychanalyse donne une place trop exclusive à l'inconscient : ne pas prendre en compte les éléments conscients dans l'expérience vécue entraîne à négliger l'activité sociale ;
- la psychanalyse donne trop d'importance explicative à la structure des conflits de l'enfance : ne pas prendre en compte les événements ultérieurs dans la biographie de la personne empêche de comprendre l'articulation, éventuelle, des conflits actuels et de leurs sources avec les conflits qui se sont déroulés dans l'enfance ;
- la psychanalyse réduit trop toutes les manifestations psychiques à la sexualité.
Vygotski conclut sa critique par :
« Ainsi la méthode psychanalytique attend encore sa véritable application pratique, et l'on peut seulement dire que cette application doit concrétiser dans la réalité et dans la pratique les immenses apports théoriques de valeur que renferme cette théorie. » (op. c. p.123)
Critiques de la métapsychologie
D'autres critiques, comme celles de Ian Hacking, portent sur « la fragilité du concept de mémoire », fruit d'une longue construction historique, et donc par extension, du concept d'inconscient. Ces critiques montrent d'ailleurs à quel point, les travaux de Freud, contrairement à une idée reçue, s'inscrivait dans la pensée de son époque, très attentive aux problèmes de mémoire et de sexualité.
Critiques de l'école française de psychologie clinique
Pierre Janet en conflit de priorité avec Freud, représentant de cette école, est l'un des premiers français à critiquer la psychanalyse, en tant qu'elle n'apporterait aucun vrai concept nouveau, et sa seule nouveauté serait le trop fort poids qu'elle donne à la sexualité (voir plus haut le jugement que portait Jung sur l'attitude de Freud concernant le rôle de la sexualité).
Janet serait précurseur à Freud sur nombres d'idées sur l'hystérie ou les traitements psychologiques. Il reprochait notamment à Freud son utilisation du symbolisme :
- « Ce qui caractérise cette méthode [psychanalytique], c'est le symbolisme, un événement mental peut toujours, quand cela est utile à la théorie, être considéré comme le symbole d'un autre. La transformation des faits, grâce à toutes les méthodes de condensation, de déplacement, d'élaboration secondaire, de dramatisation peut être énorme, et il en résulte qu'un fait quelconque peut signifier tout ce que l'on voudra. [...] C'est [...] une conséquence de la confiance des auteurs dans un principe général posé au début comme indiscutable, qu'il ne s'agit pas de démontrer par les faits mais d'appliquer aux faits.» [50]
Michel Cariou, auteur contemporain de cette école, spécialiste d'Henri Wallon, relève le paradoxe de la psychanalyse. Pour lui, la psychanalyse apporte sa nouveauté en partant de la constatation que la sexualité humaine est passé d'un seul but de reproduction a celui de jouissance, et ainsi est soutendue par le concept de pulsion plutôt que par celui d'instinct. C'est de ce point de vue que la psychanalyse est pour lui étonnante. En effet, « c'est probablement le paradoxe de la psychanalyse que d'avoir accordé tant de place à ce vécu conscient », sachant que « nous savons bien que la conscience n'a pas pour fonction de nous informer des processus par lesquels s'organise notre fonctionnement »[51]. Ce même auteur dénonce également « l'anthropomorphisme » de nombre de théorie en psychologie, qui, chez Freud, a pris la forme d'une théorisation basé sur des concepts tels que la jouissance et la sexualité, qui sont en fait des « évidences d'adultes » répercutées sur l'enfant (Ibid. p.111).
Critiques cognitiviste, des neurosciences, etc.
- Le behaviourisme, qui lui y était pratiqué sans restriction en URSS, s'est toujours opposé farouchement à la psychanalyse et il a maintenant retrouvé de la force avec l'appoint du cognitivisme. Les neurosciences progressent actuellement grâce aux nouveaux moyens dont les chercheurs disposent sur le plan technique : imagerie cérébrale, tomodensitométrie, etc. Cette mouvance soit conteste globalement la psychanalyse soit tente d'en démontrer les fondements en visualisant des activités cérébrales qui ressembleraient à ce que Freud a décrit. Ce courant, comme la psychiatrie, a trouvé préférable, au début des années 1980, de se référer pour le diagnostic à des classifications descriptives unificatrices, pouvant également servir de base à des travaux scientifiques de qualité. C'est ainsi que le concept de névrose a été remplacé par d'autres catégories diagnostiques, comme celles des troubles anxieux et des troubles de l'adaptation dans les dernières classifications internationales (CIM-10 et DSM-IV).
Le Prix Nobel de médecine, Eric Kandel, qui reçut initialement une formation de psychanalyste pour en venir aux neurosciences considère que « Si elle veut fournir une contribution importante à notre future compréhension de l’esprit humain, la psychanalyse doit réexaminer et restructurer le contexte intellectuel dans lequel ses travaux sont menés, et développer une approche plus critique dans la formation des psychanalystes de demain. » [52] ; « Ainsi, à l'inverse de formes variées de thérapies cognitives et d'autres psychothérapies, pour lesquelles des preuves objectives et irréfutables existent maintenant – à la fois en tant que thérapies isolées ou en tant qu'additions au traitement pharmacologique – il n'y pas de preuve irréfutable, à part des impressions subjectives, que la psychanalyse est meilleure que la thérapie non analytique ou le placebo » [52]
Dans Le Livre noir de la psychanalyse, Joëlle Proust, directrice de recherche au CNRS, écrit : « En résumé, la théorie énergétique de la psychanalyse est difficilement compatible avec la conception contemporaine de la dynamique neuronale. Le concept de refoulement n’a pas à être invoqué pour expliquer l’existence de représentations inconscientes ; (…) le destin des pulsions libidinales ne joue pas le rôle que lui prêtait Freud dans l’apparition de troubles psychiatriques. Ce qui est causalement pertinent dans leur apparition n’est pas le sens « latent » du symptôme, mais la manière dont le cerveau traite l’information perceptive, émotionnelle ou mémorielle et contrôle l’exécution des actions.[53] »
Le modèle freudien des rêves n'est plus accepté par les différents courants scientifiques depuis 1916 quand Carl Gustav Jung publiait ses recherches sur les rêves.[54]. Le philosophe des sciences Adolf Grünbaum, affirme, dans son livre « La psychanalyse à l'épreuve » (Edition l'Eclat), que la méthode d'interprétation des associations libres à partir des rêves, ainsi que la théorie concomittante du refoulement, ne seraient « qu'un champ de ruines ». Des neurobiologistes, tels les Professeurs Michel Jouvet [55] et Allan Hobson, ont développé des modèles (comme le modèle « d'activation - synthèse » de Hobson pour son « rêveur neuronal » [56]) qui démontreraient l'abscence totale de fondement du modèle freudien du rêve. Pourtant, à propos du rêve, Freud affirmait ceci :
- « L'interprétation des rêves est, en réalité, la voie royale de la connaissance de l'inconscient, la base la plus sûre de nos recherches, et c'est l'étude des rêves, plus qu'aucune autre, qui vous convaincra de la valeur de la psychanalyse et vous formera à sa pratique. Quand on me demande comment on peut devenir psychanalyste, je réponds : par l'étude de ses propres rêves ». [57]
A l’heure actuelle, des spécialistes des critiques neuroscientifiques de la psychanalyse tels Joëlle Proust, affirment que la critique neurobiologique du modèle freudien du rêve n’occuperait plus désormais qu’une place marginale et qu’elle n’aurait plus qu’un intérêt historique. Toujours selon Joëlle Proust, « les neurosciences ne reprennent aucun des concepts de la psychanalyse dans leur analyse de l'anatomie et de la physiologie du cerveau, pas plus que la psychologie expérimentale ou la psychologie de l'enfant, pas plus non plus que la neuropsychologie cognitive. »
Pour les détails sur les différents positions concernant le rêve et son interprétation voir
et
.Concernant la théorie du refoulement freudien, autre pierre de touche de tout l'édifice, et considérée par Freud, comme la « clé de voute » de toute la psychanalyse. Les souvenirs enfouis dans notre mémoire ne sont pas des souvenirs figés, chose absolument nécessaire au fondement de la théorie du refoulement freudien et à son inconscient : « Le cerveau n'est pas un organe passif qui ne fait qu'enregistrer des stimuli et les comparer avec l'information déjà emmagasinée. L'esprit est la conséquence des interactions dynamiques entre le cerveau, le corps et l'environnement. (...) Le cerveau ne prend pas de photographies. Au contraire, il les fabrique. Le cerveau, (...) participe activement à la fabrication des images visuelles, selon ses propres règles et ses propres programmes. (...) Le dogme selon lequel le cerveau ne peut pas produire de nouveaux neurones à l'âge adulte risque d'être fortement remis en question par une récente découverte : de nouveaux neurones naissent apparemment dans des aires cruciales pour l'apprentissage et la mémoire. La théorie des souvenirs figés était basée sur le dogme biologique selon lequel aucun nouveau neurone n'est produit après la naissance.» [58].
Critiques psychanalytiques
Critiques d'anciens disciples de Freud
- Du temps de Freud, Carl Gustav Jung a critiqué le dualisme pansexualiste de la psychanalyse, il lui préférait une vision moniste avec l'idée d'une pulsion de vie unique. Alfred Adler a lui mis en évidence la revendication phallique qu'il estimait au centre des psychopathologies, éludant ainsi le complexe d'Oedipe. Otto Rank de son côté estimait que, plus important que le complexe d'Oedipe, il y avait le traumatisme de la naissance . Sandor Ferenczi prônait une relation plus chaleureuse impliquant plus le psychanalyste. Wilhelm Reich pensait que "la société" était trop restrictive du point de vue de la sexualité et qu'il fallait donc la "libérer" pour accomplir au mieux ce qu'il appelait la fonction de l'orgasme. Toutes ces critiques donnent chacune la direction que les psychothérapies ont pris par la suite. L'accent mis sur tel ou tel aspect au détriment du rôle central du complexe d'Oedipe et de la ¨sexualité infantile a donné naissance à des pratiques que nous trouvons aujourd'hui sous d'autres appellations: bioénergie, et autres psychothérapies reposant sur la suggestion.
La position de Lacan
Jacques Lacan dans un effort de revenir à la lettre du texte de Freud (certains des concepts ont été mal traduits de l'allemand dans les premiers temps et ont introduit des confusions regrettables, cf. Trieb traduit par « instinct » au lieu de « pulsion » ou mal comprises car trop nouvelles) a défendu une position où il considérait que la psychanalyse n'était pas une thérapie (« elle ne soigne rien ») puisqu'il la considérait plutôt comme une herméneutique. Cette position se complétait par un refus de considérer que la psychanalyse ait quelque chose à dire sur ce que doit être l'homme (refus de la morale, du discours du maître). Ces réflexions l'ont conduit à remettre en question le statut du psychanalyste en tant que « médecin de l'âme » ou que guide spirituel et il s'appliquait à lui-même cette critique radicale :
- « Notre pratique est une escroquerie. Bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c'est quand même ce qu'on appelle d'habitude du chiqué… Du point de vue éthique, c'est intenable, notre profession… Il s'agit de savoir si Freud est oui ou non un événement historique. Je crois qu'il a raté son coup. C'est comme moi, dans très peu de temps, tout le monde s'en foutra de la psychanalyse.» [59]
- « Freud n'avait rien de transcendant, c'était un petit médecin qui faisait ce qu'il pouvait pour ce qu'on appelle guérir, qui ne va pas loin - l'homme, donc, ne s'en tire guère, de cette affaire de savoir.» [60].
Dans la revue Ornicar (1979, 19 : 5s), le Président de l'École freudienne de Paris (Jacques Lacan) déclarait :
- « La psychanalyse est à prendre au sérieux, bien que ce ne soit pas une science. Comme l'a montré abondamment un nommé Karl Popper, ce n'est pas une science du tout, parce que c'est irréfutable. C'est une pratique, une pratique qui durera ce qu'elle durera » [61].
- Lacan refuse donc la psychanalyse comme thérapie, admettant tout de même une guérison, de surcroît. Le charlatanisme proviendrait donc de la présentation de la psychanalyse comme psychothérapie, là où il s'agit d'entendre ce qu'a à dire le sujet de l'inconscient, guérison ou non. Parler ne fait pas du bien, contrairement à l'idée reçue : la parole de la scène analytique renvoie plutôt au pire, soit la confrontation même avec ce que le sujet a toujours cherché à fuir. Maria Pierrakos, psychanalyste lacanienne écrit :
- « On peut dire en effet qu'il s'agit de libérer le sujet des liens qui l'empêchent de vivre. Mais le résultat de certaines analyses n'est-il pas, au bout de bien des années, de voir ces liens remplacés par une toile d'araignée de mots qui peu à peu perdent leur sens premier pour en avoir un double, un triple, une multitude ; et le sujet qui était dans un monde cohérent de souffrance se trouve dans un univers éclaté où le tout et le rien s'équivalent, pour ne pas dire le tout et le n'importe quoi.» [62]
Inconscient individuel et collectif
L'apport de Freud sur l'inconscient est indéniable, même si cette notion était déjà présente par exemple dans l'œuvre Leibnitz au XVIIe siècle. C'est la mise en théorie de cette découverte qui en fait l'originalité et la force.
On reproche à Freud de s'être cantonné à l'inconscient individuel, considérant l'individu comme sujet, et accordant de ce fait peut-être trop d'importance à la sexualité. Certains prétendent que la dimension collective de l'inconscient n'a pas été abordée par Freud. Pourtant, il en parle dans Moïse et le monothéisme, Malaise dans la culture et Psychologie des masses et analyse du moi (1920), en parlant notamment de l'identification au meneur, s'inspirant de Gustave Le Bon.
Méthode psychothérapique
La psychanalyse comme thérapie, soit la cure psychanalytique, est critiquée en tant que peu efficace, peu sûre, par les tenants des thérapies cognitivo-comportementales issues du béhaviorisme et du relookage de la psychologie cognitive qui lui ont succédé. La phobie lorsqu'elle est vue comme une entité morbide et pas comme un déplacement symbolique en est le plus bel exemple, la psychanalyse s'avérant particulièrement peu éliminatrice de cette défense, alors que les TCC l'éliminent relativement aisément.[réf. nécessaire]
Les partisans de la psychanalyse objectent que le statut de la guérison, en psychanalyse, n'est pas celui d'un objectif premier, une guérison trop rapide pouvant cacher une aggravation de l'état du patient. Déjà dans les études sur l'hystérie, Sigmund Freud notait que la persistance d'un symptôme hystérique devait retenir l'intérêt de l'analyste, comme pouvant révéler une série d'associations, et finalement un ensemble complexe de représentations problématiques chez le patient. Pour illustrer le statut qu'occupe la guérison aujourd'hui en psychanalyse, on peut citer Alfred Erbs, docteur ès sciences humaines et psychanalyste ([48]), il écrit : « Le but premier de la psychanalyse n'est pas de guérir. « Guérir » n'est pas un terme psychanalytique mais médical ».
Jacques Lacan exprima cette vision de la thérapeutique analytique par la fameuse expression la guérison, de surcroît : il ne s'agit pas là du but premier, lequel serait plutôt de faire advenir la vérité d'un sujet de l'énonciation du désir.
- « l’investigation psychanalytique n’a rien apporté de nouveau en termes de connaissance réelle sur la nature humaine » : cette critique s'appuie sur une conception biologisante de l'homme et de la personne humaine. Une connaissance réelle ne peut être que mesurable, expérimentable, or justement dans le domaine des sciences humaines où l'histoire (donc le temps) joue un rôle majeur il n'est pas possible, simplement, de répéter une expérience car tout change, l'expérimentateur, l'expérimenté ne sont plus dans « l'état initial ». La place de la sexualité infantile dans le développement de l'enfant, l'inconscient dans le fonctionnement psychique ou le transfert dans toute relation de soin sont des connaissances réelles qui ont bouleversé la compréhension de la personne et de sa psychologie ;
- comme le remarque Alain Caillé dans sa critique de l'utilitarisme, dans la psychanalyse, « la dynamique du psychisme est fondée sur des principes utilitaristes très discutables et très difficiles à invalider ». En effet, la psychanalyse freudienne réduit l'activité psychique à un jeu de forces psychiques plus ou moins calqué sur un modèle économique : maximisation du plaisir (bénéfices) et réduction de la souffrance (coûts). Les incohérences s'expliquant alors par la présence de plusieurs instances qui suivent des finalités contradictoires. Cette vision économique des forces psychiques (gain, perte) n'a pas trouvé à l'heure actuelle de validation empirique rigoureuse, et il n'est pas évident qu'elle puisse en trouver une un jour, étant donné l'universalité du schéma coût/bénéfice qui permet d'englober différents phénomènes et donc de valider des hypothèses contradictoires.
Autres critiques
Le texte de Freud Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, quoique toujours sérieusement étudié en Esthétique et en Arts plastiques, se fonde sur une erreur de traduction, comme l'a démontré un historien de l'art[63] dès 1923. Léonard de Vinci parle du fait qu'un milan (l'oiseau) s'était posé sur son berceau, Freud, qui ne disposait que d'une traduction allemande erronnée d'un roman russe évoquant les mots de Léonard, fait un long développement sur la figure maternelle et le vautour (en russe, le mot korshun décrit indifféremment un vautour ou un milan) et y trouve l'explication de l'homosexualité de Vinci. Pour certains, cet exemple démontre le peu de cas que Freud faisait des faits. Pour les défenseurs de ce texte, l'erreur ne remet pas en cause l'interprêtation, car comme disent les italiens, se non è vero, è ben' trovato (si ce n'est pas vrai, c'est bien trouvé).
La misogynie de Freud est souvent critiquée en tant que fondement même de ses théories : « Freud concevait la femme comme une triste copie de l’homme, inexorablement obnubilée par le complexe de castration » Haro sur Freud et ses émules, Le Nouvel Observateur, 01/09/2005). Cette thèse est entre autre aussi contestée par la psychanalyste Monique Schneider dans ses écrits, entre autre "Le paradigme féminin", Flammarion, 2006, (ISBN 2080801570)
Contextes et enjeux des critiques
Les discussions à propos de la psychanalyse (théorique et pratique) reposent sur la possibilité, reconnue ou non, de pouvoir établir une science du singulier : Aristote l'avait exclu, tout en se demandant à quelles conditions elle serait possible, mais la psychanalyse et la psychologie de la personnalité appellent nécessairement une science du singulier. Le débat est donc encore ouvert.
Notes et références
- Castel P.H. La psychanalyse depuis les années 80 : crises, dévoiements et replis
- [lire en ligne]
- Adolf Grünbaum : les fondements de la psychanalyse, Puf, 1984 chapitre 1 « la théorie freudienne est-elle empiriquement testable ? »
- ibid, page 172
- Cf. "La logique de la découverte scientifique" et "Le réalisme et la science" où Popper déplore, les mécompréhensions sur les aspects logiques de la falsifiabilité et les contresens typiques qui furent effectués à partir de ses thèses
- Carl Popper, le réalisme et la science, éd Hermann, p. 3-4;
- Freud, dans « Psychopathologie de la vie quotidienne », Paris, P.U.F., 1980, Chapitre 12: "Déterminisme, croyance au hasard et superstition", p.257
- Freud, dans « Psychopathologie de la vie quotidienne », Paris, P.U.F., 1980, Chapitre 12: "Déterminisme, croyance au hasard et superstition", p.272
- « La logique de la découverte scientifique »
- Popper, in « La logique de la découverte scientifique », chapitre 9, section 78, « métaphysique indéterministe »
- Karl Popper, « L'univers irrésolu, plaidoyer pour l'indéterminisme », p. 25 et 27
- Voir Karl Popper, in : "L'univers irrésolu, plaidoyer pour l'indéterminisme. Edition Hermann, 1984, page 10.
- Voir Karl Popper, in : "L'univers irrésolu, plaidoyer pour l'indéterminisme. Edition Hermann, 1984, page 21.
- Voir Mikkel Borch-Jacobsen & Sonu Shamdasani, in : "Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse". Edition, les Empêcheurs de penser en rond, Paris, janvier 2006, pages 13 à 18.
- « On sait que beaucoup de personnes invoquent à l'encontre d'un déterminisme psychique absolu, leurs convictions intimes de l'existence d'un libre arbitre. Cette conviction refuse de s'incliner devant la croyance au déterminisme. » Freud, dans « Psychopathologie de la vie quotidienne », Paris, P.U.F., 1980, Chapitre 12, p. 273;
- Freud, dans « Psychopathologie de la vie quotidienne », Paris, P.U.F., 1980, Chapitre 12, p.269
- Souligné par Jacques Bouveresse
- Castel PH Le determinisme psychique
- Voir Timpanaro, cité par Jacques Bouveresse, in : "Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud. Edition l'Eclat, Paris, 1991, page 116.
- Voir Jacques Bouveresse, in : "Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud. Edition l'Eclat, Paris, 1991, page 107.
- Voir Sigmund Freud. In : "Cinq leçons sur la psychanalyse". Edition Petite bibliothèque Payot. Paris, 2001, page 44
- Voir Jacques Bouveresse, in : "Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud. Edition l'Eclat, Paris, 1991, page 105.
- « Vous remarquerez déjà que le psychanalyste se distingue par sa foi dans le déterminisme de la vie psychique. Celle-ci n'a, à ses yeux, rien d'arbitraire ni de fortuit ; il imagine une cause particulière là où, d'habitude, on n'a pas l'idée d'en supposer. Bien plus : il fait appel à plusieurs causes, à une multiple motivation, pour rendre compte d'un phénomène psychique, alors que d'habitude on se déclare satisfait avec une seule cause pour chaque phénomène psychologique. ». Freud, dans « Cinq leçons sur la psychanalyse », Paris, petite bibliothèque Payot, 2001, Troisième leçon, page 53
- Jacques Bouveresse, "Mythologie, philosophie et pseudoscience, Wittgenstein lecteur de Freud", ed. l'Eclat
- Voir Jacques Bouveresse, in : "Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud. Edition l'Eclat, Paris, 1991, page 121.
- Voir Pierre Debray-Ritzen, in : "La psychanalyse cette imposture". Edition Albin Michel, 1991, page 27.
- P. Fonagy, rapport de l'IPA, traduction Jean-Michel Thurin et Michael Villamaux [lire en ligne]
- Voir Henri Ellenberger. In : "Histoire de la découverte de l'inconscient". Edition Fayard, pages 586 et 587.
- In : Borch-Jacobsen et Shamdasani, ibid, page 126
- Henri F. Ellenberger : Histoire de la découverte de l'inconscient, p. 464
- Voir Mikkel Borch-Jacbosen & Sonu Shamdasani. In : "Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse. Edition les empêcheurs de penser en rond, Le Seuil. Paris, janvier 2006, pages 204 - 205.
- Voir Mikkel Borch-Jacbosen & Sonu Shamdasani. In : "Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse. Edition les empêcheurs de penser en rond, Le Seuil. Paris, janvier 2006, page 173.
- Cité par Borch-Jacobsen & Shamdasani, ibid, page 64
- Article scientifique de Frosh Frosh, S. (2003) Psychoanalysis, Nazism and "Jewish science". International Journal of Psychoanalysis, 84 (5). pp. 1315-1332. ISSN 0020-7578
- Cox G. Psychotherapy in the Third Reich—The Göring Institute. New York: Oxford University Press, 1985
- Voir, Henri Ellenberger. In : "Histoire de la découverte de l'inconscient". Edition Fayard, 1994, pages 442, 445, 446.
- Voir, Henri Ellenberger. In : "Histoire de la découverte de l'inconscient". Edition Fayard, 1994, page 477.
- Voir, Henri Ellenberger. In : "Histoire de la découverte de l'inconscient". Edition Fayard, 1994, page 478.
- Voir, Jacques Bénesteau. In : "Mensonges freudiens, histoire d'une désinformation séculaire". Edition, Pierre Mardaga, Sprimont, 2002, page 189.
- Voir, Jacques Bénesteau. In : "Mensonges freudiens, histoire d'une désinformation séculaire". Edition, Pierre Mardaga, Sprimont, 2002, page 189.
- Voir, Jacques Bénesteau. In : "Mensonges freudiens, histoire d'une désinformation séculaire". Edition, Pierre Mardaga, Sprimont, 2002, page 190.
- Patrick Mahony : Dora s'en va. Violence dans la psychanalyse, p. 234.
- Judd Marmor cité d'après Hans Jürgen Eysenck : Déclin et chute de l'Empire Freudien, p. 124
- Voir Sigumund Freud, in : "Introduction à la psychanalyse", première partie, les actes manqués. Edition Petite bibliothèque Payot, page 8.
- Voir Mikkel Borch-Jacobsen & Sonu Shamdasani. In : "Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse". Edition, les Empêcheurs de penser en rond. Paris, janvier 2006, pages 334 - 335.
- Jacques Bénesteau, Mensonges freudiens : Histoire d'une désinformation séculaire, Sprimont, Pierre Mardaga, coll. Psychologie et sciences humaines, 2002, (ISBN 2870098146). (extrait)
- Cité par Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, ibid, pages 118 à 119
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- La Psychologie de l'art, p. 103 et suivantes;
- in : Pierre Janet, Les médications psychologiques, vol.2, 1919. Cité par Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, in Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse;
- Cariou Michel, Personnalité et vieillissement, Delachaux et Niestlé, Paris, 1995, p.180;
- [lire en ligne]
- Le livre noir de la psychanalyse, page 658;
- Carl Gustav Jung : The Psychology of Dreams In Collected papers on analytical psychology, London, 1916
- Lire en ligne, Michel Jouvet [1]
- Lire en ligne, Allan Hobson [2]
- Cinq leçons sur la psychanalyse, Petite bibliothèque payot, page 45
- in : Israël Rosenfield. "Souvenirs artificiels". Revue : Sciences et avenir. Les thématiques. N° 127, juillet-août 2001. Pages : 89 - 90
- Intervention à l'université de Bruxelles le 26 février 1977, in revue Quarto, n°2, 1981;
- Cité par Jacques Van Rillaer, ibid, page 423. Lacan, in "L'insu que sait de l'une-bévue s'aile a mourre", Ornicar, op. cit. p.9;
- Cité par Jacques Van Rillaer, ancien psychanalyste, dans "Les illusions de la psychanalyse". Editeur Mardaga;
- In : La tapeuse de lacan. Souvenirs d'une sténotypiste fâchée. Réflexions d'une psychanalyste navrée, Editions l'Harmattan, Paris, 2003 ;
- Eric Maclagan, dans le Burlington Magazine for Connoisseurs, n° 42, 1923, p. 54-57.
Lire aussi : Meyer Schapiro, « Leonardo and Freud : an art-historical study » (Journal of the History of Ideas, n° 17, 1956, p. 147-178)
Voir aussi
Bibliographie
- Jacques Bénesteau, Mensonges freudiens : Histoire d'une désinformation séculaire, Sprimont, Pierre Mardaga, coll. Psychologie et sciences humaines, 2002, (ISBN 2870098146). (extrait)
- Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, Le dossier Freud : Enquête sur l'histoire de la psychanalyse, Empêcheurs de Penser en Rond, 2006, (ISBN 2846711321).
- Mikkel Borch-Jacobsen, Le Sujet Freudien, Aubier Flammarion, Paris, 1982.
- Mikkel Borch-Jacobsen, Souvenirs, d'Anna O. Une mystification centenaire, Aubier, 1995.
- Mikkel Borch-Jacobsen, Folies à plusieurs. De l'hystérie à la dépression, Empêcheurs de Penser en Rond, Paris, 2002.
- Mikkel Borch-Jacobsen et Georges Fischman, Constructivisme et psychanalyse, débat animé par Bernard Granger, Le Cavalier Bleu, Paris, 2005.
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- Frank J. Sulloway, Freud biologiste de l'esprit, Fayard, 1979.
- Sherry Turkle, La France freudienne, Fayard, 1981.
- Jacques Van Rillaer, Les illusions de la psychanalyse, Pierre Mardaga, Bruxelles, 1980.
Liens internes
- Psychanalyse
- Sigmund Freud
- épistémologie
- Karl Popper
- Histoire de la méthode
- Le Livre noir de la psychanalyse
Liens externes
- Que reste-t-il du refoulé freudien ?. Par Adolf Grünbaum.
- Critique des théories de Freud ( G. Marinesco, «Exposé des théories de Freud», Revue générale des Sciences, 15-30 août 1923, t. XXXIV, p. 456 et suiv.).
- La psychanalyse au péril de la science. Par François Filiatrault.
- La psychanalyse comme possession spirituelle. Par Jacques Corraze.
- Association Francophone de Formation et de Recherche en Thérapie Comportementale et Cognitive
- Réseau International des Critiques du Freudisme
- "INSERM. Psychothérapie: Trois approches évaluées", Expertise Collective INSERM, 2004 L'expertise évalue les approches psychodynamiques (psychanalytiques), cognitivo-comportementales, familiales et de couple, et fait état d'une nette supériorité des approches non psychodynamiques, lesquelles figurent en queue de peloton. Le rapport de l'INSERM est disponible sur le site de l'INSERM : [3], et ici : [4], où l'on trouvera des documents complets.
- La psychanalyse peut-elle devenir une science ? Par Frédéric Fabre.
- Freud sur le sofa Une collection de textes, de livres et de sites web dans lesquels la psychanalyse est approchée de manière critique.
- La fantaisie évolutionniste de Freud. Par Stephen J. Gould.
- Une illusion et son avenir. Par le Dr Denis-Charles Morin.
- (en) Freud’s false memories Psychoanalysis and the Recovered Memory Movement. Par Richard Webster.
- (en) Myths, Damned Myths, and Psychoanalytic Case Histories. Par Allen Esterson.
- (en) Freud Returns ? Par Allen Esterson.
- (en) Psychoanalytic Mythology. Par Allen Esterson.