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Route royale

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La construction d'un grand chemin - 1774 - Claude-Joseph Vernet - Musée du Louvre

Au XVIIIe siècle, en France, la route royale est une route modernisée et entretenue aux frais de l'État, pour répondre aux nouveaux besoins de l'économie en matière de transport. Ce réseau de routes connaît une évolution importante, car il s'agit souvent de la première transformation véritable depuis l'époque romaine, avec des routes ou des tracés entièrement nouveaux. Les routes royales permettent ainsi de remodeler le réseau existant délabré avec la rénovation ou la construction de plusieurs milliers de kilomètres.

Le réseau est développé grâce à de nouvelles techniques de construction et utilise les progrès de la cartographie comme de l'uniformisation des unités de mesure. Il a pour centre Paris, et dessert les grandes villes françaises, les ports et les frontières du royaume.

Ce vaste programme est le fruit d'une politique pluridécennale de l'État, qui a recours à la corvée, impôt pour l'entretien des routes effectif sous le règne de Louis XV, utilise l'encadrement d'un corps d'ingénieurs civils, le corps de Ponts et Chaussées, pour suivre le programme de construction ordonné par le pouvoir central.

Étymologie

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La route royale est par définition une route relevant d'une monarchie.

Au début du règne de Louis XV

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Au début du règne de Louis XV, le réseau routier se trouve dans un piteux état. Le pénible voyage de Marie Leszczynska à travers les provinces de l'Est pour rejoindre Paris en 1725 en est la triste illustration.

Cette situation déplorable, qui concerne la quasi-totalité des chemins et des routes du royaume, pénalise les communications et l'activité commerciale, notamment le transport des biens agricoles et manufacturés[1].

Jean-Baptiste Colbert, influencé par la théorie mercantiliste, est convaincu que l'état des routes conditionne la prospérité du royaume. Pour favoriser les exportations, il privilégie l'entretien des voies d'accès aux ports et aux frontières du royaume. Malgré ces efforts, le réseau routier ne s'améliore guère en quelques décennies. Daniel-Charles Trudaine s'adresse à ses subdélégués en 1730 pour définir les besoins des ponts et chaussées. Le constat est alarmant, beaucoup de chemins sont impraticables pour nombre de voitures, même pour les chevaux en temps de pluie. De nombreux ponts menacent de tomber en ruines[1].

Philibert Orry, contrôleur général des finances, s'adresse aux intendants et ingénieurs des ponts et chaussées en 1737. Il propose la généralisation du travail par corvée royale, impôt en nature sous la forme de journées de travail exécutées par les contribuables pour l'entretien des routes. En préalable aux travaux routiers, Philibert Orry demande aux ingénieurs d'établir une cartographie précise du réseau routier et des abords immédiats, pour définir et optimiser les travaux de modernisation[1]. L'atlas routier est réalisé sous l'égide de deux administrateurs, Daniel-Charles Trudaine, puis rejoint par son fils. Ces plans permettent alors de définir la durée des travaux de corvée et d'établir le coût des aménagements, qui sont ou non validés par le roi. Regroupés en 65 gros volumes, qui rassemblent 2200 cartes, l'ensemble est dénommé Atlas de Trudaine. Il est aujourd'hui conservé au département des Cartes et Plans des Archives Nationales.

L'Atlas de Trudaine est le premier maillon d'un processus qui aboutit à la restauration et à la mutation du réseau routier sous le règne de Louis XV[1].

Le réseau routier royal

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Les nouvelles routes sont délimitées par des fossés et souvent par des arbres. Elles sont légèrement bombées pour que l'eau s'écoule facilement par les fossés[2]. Pour raccourcir les trajets, les ingénieurs tracent des routes idéalement rectilignes entre deux clochers d'églises. La plupart des routes sont empierrées, ou si le sol est suffisamment dense, la voie reste sans revêtement. Le pavement est limité aux ponts et à la traversée des villes.

Le réseau routier français du XVIIIe siècle est une étoile dont le centre est Paris[3] :

  • La grande route dessert depuis Paris, les villes, ports de mer et frontières du royaume. Sa largeur doit être de 60 pieds, soit près de 20 mètres de large. Il en existe 62 en 1750.
  • La route depuis Paris dessert les villes capitales de Province. Sa largeur est également de 60 pieds[2]. Il en existe 145.
  • De largeur inférieure, on distingue ensuite le grand chemin (48 pieds, soit 15,5 m), du chemin royal (36 pieds, soit 11,6 m). Toutes deux permettent la présence d'une poste ou d'une messagerie.
  • Le plus étroit est le chemin de traverse (30 pieds, soit 9,7 m), qui ne permet pas le passage de voitures publiques.

Le total des routes et chemins identifiés en 1750 est de 480.

Borne miliaire de route royale - Moret-sur-Loing. La fleur de lys a été martelée à la Révolution

Des bornes miliaires, en grès, numérotées et ornées de fleur de lys, sont implantées toutes les 1 000 toises (1 949 mètres)[2].

Conséquences

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En 1780, les voitures publiques de voyageurs pourront rouler deux fois plus vite sur les grandes routes royales que dans les années qui précèdent leur aménagement[3].

Changement de dénomination : les routes françaises vont alors changer régulièrement de dénomination du fait des différentes modifications de régime politique au cours des XVIIIe et XIXe siècles :

  • Routes royales
  • Routes impériales de 1811 à 1815 et de 1851 à 1870
  • Routes royales de 1815 à 1848
  • Routes nationales de 1848 à 1851 et depuis 1870


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Notes et références

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  1. a b c et d Stéphane Blond, « L'atlas des routes royales de Trudaine. La carte, instrument de la politique routière des lumières », Siècles. Cahiers du Centre d’histoire « Espaces et Cultures », no 25,‎ , p. 66–82 (ISSN 1266-6726, lire en ligne, consulté le )
  2. a b et c « La route royale de Paris au Mans, dans le cœur du Perche », sur actu.fr (consulté le )
  3. a et b « La grande mutation des routes de France au XVIIIe siècle », sur persee.fr, Annales, (consulté le )