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Police française

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Surveillance du ministère de la Culture par des policiers et des gendarmes pendant une manifestation.
Deux anciens véhicules des forces de police française.
Forces de police surveillant une manifestation.
Véhicule de patrouille.

En France, le rôle de la police est défini par l'article 12 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 : « La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique ; cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux à qui elle est confiée. »

En France, il existe trois types de police :

La police de la Ve République s'inscrit dans une histoire centenaire, au dernier rang de laquelle compte la police du régime de Vichy, dont elle est la continuation[1].

La police nationale compte, en 2011, 101 655 policiers dans les corps d'exécution et d'encadrement (policiers sur le terrain et commandants abrégés en ECA). Les polices municipales comptent 23 894 policiers en 2020[2].

La gendarmerie (effectifs civil compris) serait un peu au-dessus de 100 000.

Groupe policier Effectif Année
Police nationale 149 058 2020
Gendarmerie 100 000 2020
Police municipale 23 894 2020
Police rurale 726 2018
Total 225 549
Groupe policier Budget Année
Police nationale 13.8 md[3],[4],[5] 2020
Gendarmerie 9.8 md[5],[6] 2020
Police municipale
Total 23,6 md

Les budgets des polices municipales sont individuels et sont régis par la Dotation globale de fonctionnement (DGF)[7].

Police nationale et gendarmerie en France

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En France, les forces de maintien de l'ordre comprennent les policiers nationaux et les gendarmes. Formés en école qui allie théorie et pratique, les policiers nationaux et gendarmes ont pour mission le maintien de l'ordre public et la recherche des infractions, principalement judiciaires, énumérées dans le code pénal.

Au sein de ces services hiérarchisés par des grades administratifs, une hiérarchie judiciaire attribue à chaque représentant de la force des compétences particulières, conformément au code de procédure pénale. On distingue ainsi les agents de police judiciaire et agents de police judiciaire adjoints (APJA 21 et APJ 20) et les officiers de police judiciaire (OPJ 16).

Police municipale en France

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Les policiers municipaux sont des fonctionnaires territoriaux placés sous l'autorité du Maire et du Procureur de la République. Ils travaillent avec les services de la police nationale ou de la gendarmerie nationale.

Le rôle de la police municipale est d’améliorer la qualité de vie des personnes en travaillant en lien avec les administrés pour faire respecter les règles de bonne conduite[évasif], veiller au maintien de "l'ordre public" et réduire le sentiment d’insécurité. Ils participent à la lutte contre les incivilités mais aussi contre la petite et moyenne délinquance.

Les policiers municipaux sont agents de police judiciaire adjoints (APJA 21). Sans préjudice de l'obligation de rendre compte au maire qu'ils tiennent de l'article 21, les agents de police municipale rendent compte immédiatement à tout officier de police judiciaire de la police nationale ou de la gendarmerie nationale territorialement compétent de tous crimes ou délits dont ils ont connaissance (art. 21-2 du CPP).

Les gardes champêtres sont des agents chargés de fonction de police judiciaire (Article 15.3°). Ils sont spécialement désignés à la police rurale. Ils recherchent et constatent les délits et contraventions portant atteintes aux propriétés et à l'environnement. Ils sont placés sous l'autorité du Maire et du Procureur de la République. Ils peuvent procéder à des actes d'enquêtes comme les inspecteurs de l'environnement de l'Office Français de la Biodiversité.

Le 25 juillet 2020, Le Premier ministre Jean Castex a annoncé le lancement d'une expérimentation sur "l'extension des compétences de la police municipale", insistant sur le renforcement de l'action de « proximité »[8]. Quelque temps auparavant, Anne Hidalgo avait promis avant les élections municipales parisiennes la mise en place d'une police municipale, Paris à ce jour étant l'une des dernières villes à ne pas avoir sa propre police municipale[9].

Police des transports en France

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Il existe trois services chargés de la sécurité des transports ferroviaires en France.

Tout d'abord, la Surveillance générale, rattachée à la SNCF et assurant la sécurité de l’ensemble du réseau de l'entreprise nationale.

Pour le réseau francilien, le Groupe de protection et de sécurisation des réseaux est présent et assure la sécurité du réseau RATP.

Ces deux branches, bien que non rattachées directement au ministère de l'intérieur mais respectivement à la SNCF et la RATP peuvent intervenir en flagrant délit peu importe les circonstances.

Enfin, la police nationale dispose du Service national de la police ferroviaire.

Blessés et morts en service

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Selon une étude de l'observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée en 2019, le nombre de policiers et gendarmes blessés « en mission » a atteint, en 2018, un niveau sans précédent depuis 2009. L'étude décompte 10 790 agents blessés « en mission » en 2018, soit une hausse de 16 % pour la police et de 13 % pour la gendarmerie. En tout, pour l'ensemble des forces de l'ordre, le nombre total des blessés « en mission » et « en service » s’élève à 20 306 en 2018. Ces chiffres sont la continuation de la hausse des mois et des années précédents. Selon l'ONDRP, le nombre de décès d'agents en 2018 a également augmenté par rapport à 2017 avec 14 fonctionnaires décédés en service : 7 lors d’opérations ou de missions de police et 7 durant les heures de service ou sur le trajet domicile-travail[10],[11].

Controverses

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Racisme institutionnel

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Maguy Moravie, maître de conférences associée en sociologie Université des Antilles, considère que depuis l'affaire Adama Traoré, davantage de familles de victimes dénoncent un racisme systémique de la police française, mais que leurs propos rencontrent un déni systématique au sein du débat public[12]. Cependant, en , en pleines émeutes consécutives à la mort de Nahel Merzouk, un sondage YouGov commandé par Le HuffPost indique que pour 19 % des Français, le racisme est largement répandu chez les policiers (48 % estiment qu'il existe effectivement, mais à la marge)[13]. Dans Contretemps, « Revue de critique communiste », Jérémie Gauthier soutient qu'au sein de la police française elle-même, le déni de tout racisme individuel coexiste avec la reconnaissance d'une « tentation raciste » liée à la structure de la profession[14].

Pour Fabien Jobard, qui reprend l'hypothèse formulée par l’historien Emmanuel Blanchard, le lien historique de la police française avec l'Empire colonial français pourrait expliquer un racisme systémique au sein de la police française[15].

Violences et accusations d'impunité

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En 2009, Amnesty International évoque le comportement de la police française dans un rapport intitulé France, des policiers au-dessus des lois, l'organisation affirme que les forces de l'ordre bénéficient d'une certaine impunité et se plaint de « l'existence d'un racisme institutionnalisé au sein des organes chargés de l'application des lois en France »[16],[17].

En 2010, lors des manifestations contre la réforme des retraites, des témoignages[18] et un constat[19] dénoncent les méthodes de la police française qui aurait reçu l'ordre de se déguiser en casseurs afin de faire accuser faussement et ainsi d'interpeller des manifestants.

Les journalistes sont fortement exposés aux violences policières. Ainsi, en couvrant les manifestations des Gilets jaunes en 2019, des dizaines de reporters, vidéastes et photographes ont été touchés par des tirs de lanceurs de balles de défense, y compris au visage, ou ont reçu des coups de matraque et des jets de grenades. Ils présentent des blessures diverses : fractures, côtes cassées, brûlures et hématomes, etc. Entre le 17 novembre 2018 et le 17 mai 2019, 54 journalistes ont été blessés par les forces de police, dont 12 sérieusement, selon un décompte réalisé par Reporters sans frontières (RSF)[20].

Laurent Bonelli, journaliste et maître de conférences en science politique, indique que lors d'un entretien avec un haut responsable des forces de maintien de l’ordre, celui-ci insistait sur le caractère relationnel de la violence, déclarant : « C’est nous, l’institution, qui fixons le niveau de violence de départ. Plus la nôtre est haute, plus celle des manifestants l’est aussi ». Pour Laurent Bonelli, « ces stratégies et ces dispositifs musclés sont également encouragés par la plupart des élus, qui y voient l’occasion d’affirmer une fermeté jugée politiquement payante. Quitte à s’exonérer ensuite de la responsabilité de la violence en l’attribuant aux seuls « casseurs », avec la complaisance intéressée des médias, toujours friands d’images d’affrontements et de destructions »[21].

Vocabulaire

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La langue française comprend de nombreux mots pour désigner la police.

Un policier est surnommé en argot : poulet, poulaga, perdreau, flic[22], keuf (flic en verlan = keu-fli), coch (cochon), bœu (bœuf), schmidt, vache, dek, lardu (prononcé en région lyonnaise), condé[22] (surtout employé dans le sud de la France), bleus (référence à leurs uniformes), shtars, la maison Poulardin ou Poulaga, la maison Parapluie ou Bourremann, la maison J't'arquepince[23], cogne[22]… Le terme pandore, pour les gendarmes, est un peu passé de mode.

Les différents services sont souvent appelés par leur diminutif : la « Crim’ » ou la crime pour la brigade criminelle, les « stups » pour la brigade des stupéfiants, la « BAC » pour la brigade anti-criminalité, ou la « BRB » pour Brigade de répression du banditisme. La Brav-M crée en 2019 étant la dernière en date à être passée dans le langage courant.

Pour ce qui est de la police des polices (IGPN) leur surnom est « les bœuf-carotte », probablement parce qu'ils laissent « mijoter leurs collègues à petit feu ».

À la fin des années trente, les policiers cyclistes sont surnommés les hirondelles parce qu'ils circulaient avec des vélos « Hirondelle » provenant de la fabrique Manufrance. Ils portaient la casquette et la pèlerine qui leur donnaient une silhouette bien reconnaissable.

À la même époque, le fourgon de police, aux fenêtres grillagées était surnommé « le panier à salade ».

Bibliographie

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  • Jacques Arnal : L'Argot de police, Paris, Eurédif, 1975.
  • Michel Alexandre : Le Langage quotidien de la police, Genève, Liber, 1997.
  • Philippe Normand : Dictionnaire des mots des flics et des voyous, éditions Balland (2010) et Livre de Poche (2012).
  • Philippe Normand : Langue de keufs sauce piquante, éditions du Cherche midi (2014).
  • Michel Aubouin, Arnaud Teyssier et Jean Tulard, Histoire et dictionnaire de la Police, Robert Laffont, 2005.

Notes et références

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  1. René Lévy, « Police en France de la Libération à nos jours », dans Encyclopædia Universalis (lire en ligne) (consulté le )
  2. (en) « Police municipale : Effectifs par commune », sur data.gouv.fr (consulté le )
  3. « L'Assemblée vote un budget en hausse pour la police et la gendarmerie », sur Europe 1 (consulté le )
  4. « L'Assemblée vote un budget 2020 encore en hausse pour la police et la gendarmerie », sur Franceinfo, (consulté le )
  5. a et b « Sécurités : Sécurité », sur assemblee-nationale.fr (consulté le )
  6. « Police, gendarmerie : le Sénat adopte un budget en hausse », sur publicsenat.fr, (consulté le )
  7. Margaux Lacroux, « Quelles sont les ressources des communes ? », sur Libération (consulté le )
  8. « A Nice, Castex multiplie les annonces sur la sécurité de "proximité" », sur Challenges (consulté le )
  9. « Le plan d’Anne Hidalgo pour la police municipale à Paris », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Le nombre de policiers et gendarmes blessés « en mission » a atteint, en 2018, un niveau sans précédent, ouest-france.fr, 7 novembre 2019
  11. Christophe Soullez, « Les policiers et gendarmes décédés et blessés en 2018 » [PDF], INHESJ - ONDREP, (consulté le )
  12. Maguy Moravie, « “ I can't Breathe! ” : quand le racisme prend l'antenne en France », Archipélies, nos 13/2022,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « EXCLUSIF - 7 Français sur 10 trouvent qu’il y a du racisme dans la police », sur Le HuffPost, (consulté le )
  14. Jérémie Gauthier, « Générations et frustration : deux pistes d'interprétation du racisme policier », Contretemps: revue de critique communiste,‎ , –3%A9n%C3%A9rations-frustration-deux-pistes-inter (lire en ligne, consulté le )
  15. Fabien Jobard, « Police et racisme », Pouvoirs, vol. 181, no 2,‎ , p. 85–96 (ISSN 0152-0768, DOI 10.3917/pouv.181.0085, lire en ligne, consulté le )
  16. Amnesty dénonce l'impunité de la police française. Le Figaro du 2 avril 2009 http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/04/02/01016-20090402ARTFIG00566-amnesty-denonce-l-impunite-de-la-police-francaise-.php
  17. Rapport France. Des policiers au-dessus des lois. http://www.amnesty.fr/Documents/Rapport-France-Des-policiers-au-dessus-des-lois
  18. “Nous étions entourés d’hommes en noir, capuche et écharpe leur servant à se couvrir le visage”… - Guy Birenbaum, 23 octobre 2010
  19. Mélenchon accuse les policiers d'infiltrer les manifestations, TF1 News, 24 octobre 2010
  20. « Comment expliquer les violences policières envers les journalistes ? », sur 20 minutes.
  21. « Le soulèvement français : pourquoi maintenant ? », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)
  22. a b et c « Les flics », tachan.org (consulté le )
  23. Alphonse Boudard, Luc Étienne, La Méthode à Mimile. L'argot sans peine, Le Pré aux clercs, Paris, 1990 (ISBN 2714424031), 30e leçon, p.226.

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Articles connexes

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Dans cette acception, le terme de police revient dans plusieurs expressions :

  • « tribunal de police » : en France, tribunal d'instance siégeant en pénal pour les contraventions (c-à-d les manquements à la loi qui ne peuvent pas mener à une peine autre qu'une amende.) ;
  • « avoir la police de… » : avoir le pouvoir d'assurer le maintien de l'ordre et de la discipline, si besoin est en ordonnant le recours à la force publique, dans un cadre donné : par exemple « Le président du tribunal a la police de l'audience et la direction des débats. » (art. 400 du code de procédure pénal français) ;
  • « pouvoir de police » : pouvoir de mise en œuvre de la force publique par arrêté (pouvoir de coercition et de sanction) : en France, le maire (sauf celui de Paris) et le préfet ont le pouvoir de police.

Liens externes

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