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Nouristan

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Nouristan
نورستان
Nouristan
Province du Nouristan.
Administration
Pays Drapeau de l'Afghanistan Afghanistan
Type Province
Capitale Parun
Démographie
Population 150 400 hab. (est. 2016[1])
Densité 16 hab./km2
Géographie
Superficie 9 225 km2

Le Nouristan (ou encore Nurestân, Nourestan, Nuristan) est une province montagneuse difficile d'accès, située dans le nord-est de l'Afghanistan, dans le sud des vallées de l'Hindou Kouch. Son centre administratif est Parun (en) (en nuristani : پارون), ou Prasûn / Prasungul. Cette province était autrefois connue sous le nom de Kafiristan (« terre des infidèles » en persan) jusqu'à la conversion de ses habitants à l'islam en 1896, date où la région est renommée Nouristan (« Pays de lumière »). Ses habitants autochtones sont connus sous le nom de Nouristanis et sont apparentés aux Kalash (District de Chitral, Gilgit-Baltistan, Pakistan).

Aujourd'hui, le Nouristan est l'une des 34 provinces d'Afghanistan, formée en 1989 et officiellement créée en 2001 par les parties nord de la province de Laghman et de la province de Kunar. Son centre administratif, Parun, est situé dans la vallée de Parun. Avant 2001, sa capitale était située dans la province de Laghman du fait du contrôle exercé par les moudjahidins sur la province de Nouristan.

C’est l’une des quatre provinces dites « N2KL » : Nangarhar, Nuristan, Kounar et Laghman. N2KL est la désignation utilisée par les forces américaines et de la coalition en Afghanistan pour la région accidentée et très violente le long de la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan en face des zones tribales sous administration fédérale du Pakistan (fusionnées en 2018 avec Khyber Pakhtunkhwa).

Géographie

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La région se situe au sud de l'Hindou Kouch, entre Panchir et Pakistan.

Ses cours d'eau principaux sont les rivières Pech, Kunar et Bachgal (ou Landai Sin River).

Le point culminant de la province est le Mir Samir (en), ou Simirdar, avec une altitude de 5 805 m.

La région compte un parc national, le Parc national du Nouristan (en), créé en 2020.

Les districts du Nouristan en 2001.
Les districts du Nouristan en 2014.
Effigies ancestrales au Kafiristan.

On ne sait pas précisément quand des populations indo-iraniennes s'établissent dans les hautes vallées au pied de l'Hindou Kouch. Leur isolement géographique et leurs prouesses guerrières (ils se sont opposés victorieusement à Tamerlan puis à l'empereur moghol Baber) leur a permis de conserver pendant plus de mille ans leurs traditions, en dépit des attaques récurrentes des armées islamiques[2].

Ainsi, jusqu'à la fin du XIXe siècle, leurs tribus offrent la particularité de pratiquer les rituels d'un ancien hindouisme avec des traditions développées localement[3], sans discontinuité depuis l'Antiquité, ce dont témoignent encore au début du XXIe siècle, au Pakistan, leurs voisins les Kalasha. Une autre de leurs particularités est d'avoir des ressemblances physiques avec les Européens, dont souvent ils se sont eux-mêmes dits frères[4].

Selon Gérard Fussman, Imra est le « dieu suprême et créateur du panthéon kafir, en même temps un dieu de la mort également appelé en prasun Māra »[5]. Il a pour adjoint kati Mōņ, Mōņe, désignation de Rudra Shiva, Un troisième dieu est Gish issu de *gaveșa « quête des vaches », dieu de la razzia qui est la première forme de guerre pour ces populations. Indra est également présenté par différentes formes en indr[6].

La situation de ces tribus a été décrite en par Marco Polo[7]. Le frère jésuite portugais Goes les mentionne en et dit avoir goûté leur vin[8]. À la fin du XVIIIe siècle William Kirkpatrick les décrit également (avant 1793)[9], suivi au XIXe siècle par Elphinstone[10], puis Alexander Gardner (en) qui parcourt ces territoires dans les années 1825-1830 (son récit[11] inspirera Rudyard Kipling pour sa nouvelle L'Homme qui voulut être roi), ainsi que Wood (1841)[12], Burnes (1842)[13], Leitner (1874)[4], McNair (1883)[14] ou encore Robertson (1900)[15] qui donne un aperçu de la situation au moment de leur destruction.

En 1895, l'émir de Kaboul Abdur Rahman Khan, profitant des clauses du traité Durand signé avec les Indes britanniques, décide de soumettre ces populations et de les convertir à l'islam[16]. Les habitants du Kafiristan ayant tué les envoyés de l'émir, celui-ci mobilise son armée et ordonne une répression très dure qui confine au massacre des guerriers du Kafiristan mal équipés[17]. Le pays est annexé en 1896, le Kafiristan devient le Nouristan, les temples et les statues sont détruits et les conversions sont nombreuses[18],[15].

Pendant les tueries, un certain nombre des habitants du Kafiristan installés dans la vallée de Bashgal trouveront refuge dans le royaume de Chitral et s'installeront dans le fond des vallées Kalasha[16]. Leurs descendants, pas tous convertis à l'islam, y vivent encore en pratiquant leurs anciens rituels[19].

90 % de la population parlent des langues nouristanies.

Littérature

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Le cœur de la nouvelle L'Homme qui voulut être roi de Rudyard Kipling, adaptée au cinéma par John Huston, se déroule dans cette province.

Un petit tour dans l'Hindu Kush (en), écrit par Eric Newby (en) et publié en 1958, relate l'expédition de deux anglais en 1956 dans des vallées du Nouristan n'ayant jusqu'alors jamais vu d'occidentaux. Ils y décrivent des paysages grandioses et variés, ainsi qu'une vie plus rude mais aussi plus collective que dans les vallées plus basses peuplées de tadjiks.

Population par district

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Nombre d'habitants en 2006
District Population
Paroun 11 900
Nour Gram 28 700
Doab 6 900
Waigal 17 400
Wama 9 800
Mandol 17 600
Kamdech 22 300
Barg-i Matal 13 800
Total 128 400

Témoignages

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  • Soldier and Traveller: Memoirs of Alexander Gardner, Edited by Major Hugh Pearse, with an introduction by Sir Richard Temple, Ed. William Blackwood and Sons of Edinburgh and London, 1898

Études académiques

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Références

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  1. Citypopulation.de
  2. « Nuristan » sur Encyclopeadia Iranica : « The people had succeeded in holding on to their ancient beliefs and “primitive” traditions while surrounded by a hostile Islamic world until the end of the 19th century. No doubt, the cultural survival of Nuristan was made possible primarily by its isolation in steep, wooded valleys remote from the important trade routes linking Central Asia and India. In addition, the homicidal reputation of its men also helped to keep out potential invaders. »
  3. Richard F. Strand, en ligne.
  4. a et b Leitner, Siah Posh Kafirs, 1874, (en ligne) « Quand [en 1836] Sir Macnaghten était à Jellalabad, une délégation de Siah Posh Kafirs vinrent pour nous accueillir comme leurs frères. Mais ils furent reçus d'une manière hautaine (purse-proud), comme des parents mieux lotis reçoivent, et ils partirent très dégoûtés. Cependant leur sentiment de fraternité avec les Européens ne semble pas avoir succombé à cette très fraîche réception. En d'autres occasions les Kafirs ont parlé des Européens comme étant leurs frères, y compris dans les très rares occasions où ils en ont rencontré. »
  5. Gérard Fussman, Pour une problématique nouvelle des religions indiennes anciennes, Journal asiatique, 265-1, 1977, pp. 21-70
  6. Jean Haudry, Sur les pas des Indos-Européens : Religion - Mythologie - Linguistique, Yoran Embanner, 2022, p.243
  7. Le livre de Marco Polo (ch. 47 du ms BnF.1116 dit F, folio 21, en ligne) les appelle « Pasciai », orthographe proche du nom de leur langue : le Pashayi : « 10 journées vers le sud loin du Badakhchan… ont langue par eux et sont idolâtres… Les hommes portent aux oreilles anneaux et boucles d'or et d'argent et de pierres et de perles. Ils sont moult malicieuses gens et sages de leurs coutumes… »
  8. Nicolas Trigault, Benoît Goesius, portugais, de notre Compagnie, est envoyé des Indes pour voir le Catay, dans Histoire de l'expédition chrétienne au royaume de la Chine, 1617 (en ligne sur Chine ancienne) : « À Peshawar ils apprirent qu'il y avait encore trente jours de chemin jusqu'à une ville du Kafiristan, où on ne permet pas aux musulmans d'entrer et où on punit de mort ceux qui entreprennent d'y aller. Toutefois on ne défend pas l'entrée des villes aux marchands d'autres nations ; néanmoins il ne leur est pas permis d'entrer dans les temples, où tous les habitants de cette province n'allaient que revêtus de noir. La terre y était fertile et on y trouvait abondance de raisins ; et comme on en présenta à boire à notre frère Benoît, il reconnut que c'était du vin semblable au nôtre. »
  9. Cité par James Rennell, Memoir of a map of Hindoostan, 1793, p. 162 (en ligne sur Internet Archive) : « Il y a une certaine tribu qui habite, ou habitait il y a peu, à Bijore (Bajaur) qui prétend descendre de certaines personnes appartenant à l'armée d'Alexandre le Grand, qu'ils disent avoir traversé le pays. »
  10. Mountstuart Elphinstone, An Account of the Kingdom of Caubul, and Its Dependencies in Persia, Tartary and India, comprising a View of then Afghaun Nation and a History of the Dooraunee Monarchy, 1815, Murray, London, p. 617 (on Internet Archive) : « les Kafirs, un peuple des montagnes au nord de Bajaur, ont en commun avec les Grecs de nombreux points communs. Leur beauté et leur physique européen étaient célèbres, ils honoraient des idoles et buvaient du vin dans des coupes en argent, utilisaient des chaises et des tables, et parlaient une langue inconnue de leurs voisins. »
  11. Memoirs of Alexander Garder, éd. Pearse, 1898, p. 110 (en ligne sur Internet Archive): « Autrefois, tout le Badakshan était tenu par les Kafirs, et les Kur Kafirs tenaient la partie nord de la chaîne aujourd'hui nommée Koh-i-Kojah-Muhammad. D'autres tribus tenaient l'ensemble des chaînes au sud de l'Oxus, et dans ces contrées on peut voir nombres de caves et ruines qui attestent de leur ancien pouvoir. »
  12. John Wood, A personal Narrative of a Journey to the Source of the River Oxus, 1841, p. 296 (en ligne sur Internet Archive) : « De tous ces Etats, les Kafirs seuls ont su résister aux progrès de l'islam. Ayant un pays par nature solidement fortifié, ils continuent à soutenir une interminable guerre avec chaque "vrai croyant", et ils se sont vengés au décuple des injures que leurs pères ont souffert quand leurs temples d'idoles furent rasés et remplacés par des mosquées. ».
  13. Alexander Burnes, Cabool, being a personal narrative of a journey to, and residence in that city in the years 1836-38 (en ligne sur Internet Archive).
  14. William Watts McNair, texte présenté par J. E. Howard (Memoir of William Watts McNair: The First European Explorer of Kafiristan, Londres, 1890, en ligne) : « Leur entière population est estime à plus de 200 000 âmes. Leur pays est picturesque, densément boisée, sauvage à l'extrême. Les hommes ont belle apparence, avec des traits nettement aryens et des yeux pénétrant; si les yeux bleus ne sont pas communs, on en trouve, et les yeux bruns avec cheveux clairs, voire blonds dorés, ne sont pas rares. »
  15. a et b Sir George Scott Robertson, The Kafirs of the Hindu-Kush (en ligne sur Internet Archive) : Après « la consolidation de la conquête de tout le Kafiristan par l'émir de Kaboul... Gish, le dieu de la guerre, est mort. C'est son culte qui avait maintenu le Kafiristan libre pendant tant de générations... Leurs enfants façonnables sont conduits à Kaboul, transformés par des enseignants mahométans en fidèles zélés du prophète de l'Arabie. En moins d'une génération les Kafirs produiront beaucoup de fanatiques ».
  16. a et b Erik L'Homme, Parlons khowar, L'Harmattan, 1999, p. 35.
  17. Jean-Yves Loude, Kalash. Les derniers infidèles de l'Hindu-Kush, Berger-Levrault, , p. 174.
  18. Max Klimburg, Encyclopædia Iranica, Columbia University, Online éd. (lire en ligne), « Nuristan ».
  19. Franck Charton, « Pakistan, les derniers païens d'Asie centrale », Le Figaro Magazine,‎ , p. 48-57 (lire en ligne).

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Liens externes

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