Droits LGBT au Soudan du Sud
Droits LGBT au Soudan du Sud | |
Localisation du Soudan du Sud. | |
Dépénalisation de l'homosexualité | Non |
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Sanction | Oui |
Identité de genre | Non |
Service militaire | d |
Protection contre les discriminations | Non |
Mariage | Non |
Adoption | Non |
Don de sang | ? |
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Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) au Soudan du Sud sont confrontées à des défis juridiques que ne connaissent pas les résidents non LGBT. L'activité sexuelle entre hommes de même sexe est illégale et passible d'une peine pouvant aller jusqu'à dix ans d'emprisonnement, bienqu'elle ne soit pas appliquée. Les personnes LGBT sont régulièrement poursuivies par le gouvernement et sont en outre confrontées à la stigmatisation au sein de la population en général.
Contexte
[modifier | modifier le code]Le Soudan du Sud fait partie des 67 pays qui criminalisent l'homosexualité dans le monde[1]. En 2014, un rapport d'Amensty International relevait un durcissement de l'arsenal juridique en vue de punir les relations homosexuelles[2].
Historiquement des pratiques homosexuelles ont été relevées dans l'histoire de la région avant la colonisation : les hommes Azande pouvaient se marier avec de jeunes garçons, pratique relevée par ailleurs par des anthropologues et missionnaires européens. L'anthropologue E.E. Evans-Pritchard en a fourni des descriptions[3],[4],[5]. On trouvait chez les Nouba du Sud Soudan des relations bisexuelles dans le cadre de mariages polygames avec un homme prenant une femme et un mari «femme»[6].
En 2018, Asan Juma[7], directrice exécutive de l'association Acess for All (AfA) est obligée de fuir du Soudan du Sud après été accusée de défendre les droits LGBT par les forces de sécurité sud-soudanaises. 6 membres de son organisation ont été mis en détention pendant trois mois. Les locaux de l'association ont été fermés le 6 décembre 2017 et les avoirs en banques gelés. La plupart des membres d'Afa ont fui vers l'Ouganda, l'Égypte et le Soudan par peur des représailles[8].
Le 24 janvier 2023, le pape François donne une interview à Associated Press appelant à une décriminalisation de l'homosexualité, indiquant que les lois la criminalisant sont injustes[9]. Michael Makuei Lueth, le ministre de l’information du Sud Soudan, où le pape est accueilli le 3 février 2023 en retour déclare publiquement : « Si lui, le Pape, vient ici nous dire que le mariage entre personnes de même sexe, l’homosexualité est légale, nous dirons non »[10].
Lois sur les activités sexuelles
[modifier | modifier le code]Le Soudan du Sud faisait autrefois partie du Soudan et était soumis à son interprétation de la charia, en vertu de laquelle l'activité homosexuelle était illégale, avec des peines allant de coups de fouet à la peine de mort. En 2008, le gouvernement autonome du Sud-Soudan a adopté son propre code pénal, qui interdit « les rapports charnels contre nature » et la sodomie dans la section 248 et prévoit une peine allant jusqu'à dix ans d'emprisonnement et une amende[11]. La section 379 du code pénal criminalise également tout homme s'habillant comme une femme, prévoyant une peine pouvant aller jusqu'à trois mois d'emprisonnement et une amende[12]. Dans les faits, des aménagements juridiques locaux permettent l'application de la peine de mort pour des relations homosexuelles, rendant difficile tout changements pourtant fortement recommandés par l'ONU[13].
Dans la loi sur les passeports et l'immigration de 2011, la section 15 prévoit le refus ou l'annulation de visa pour toute personne étrangère suspectée d'entrer sur le territoire pour se livrer à la prostitution, le trafic humain, ou à des activités homosexuelles ou lesbiennes[12].
En 2022 plusieurs pays (Italie, Islande et Uruguay) recommandent la dépénalisation des rapports sexuels entre personnes adultes consentantes du même sexe dans le cadre du Rapport du Groupe de travail sur l’Examen périodique universel Conseil des droits de l’homme[14].
Reconnaissance des couples de même sexe
[modifier | modifier le code]Les couples de même sexe n'ont aucune reconnaissance légale. Le mariage homosexuel est constitutionnellement interdit, depuis que le pays a adopté sa Constitution en 2011[15].
Opinion publique
[modifier | modifier le code]En juillet 2010, Salva Kiir Mayardit, aujourd'hui président du Soudan du Sud, a déclaré à Radio Netherlands Worldwide que l'homosexualité n'était pas dans le « caractère» du peuple sud-soudanais. « Ce n'est même pas quelque chose dont tout le monde peut parler ici, au sud du Soudan en particulier. Il n'y en a pas et si quelqu'un veut l'importer ou l'exporter au Soudan, il n'obtiendra pas le soutien et il sera toujours condamné par tout le monde » a-t-il dit[16].
En 2006, Abraham Mayom Athiaan, un évêque du Soudan du Sud, a mené une scission de l'Église épiscopale du Soudan (en) (EPS) parce qu'il considère comme un échec de la direction de l'Église son inefficacité à condamner suffisamment fermement l'homosexualité[17]. L'EPS s'est éloignée de l'Église épiscopale des États-Unis en critiquant sa tolérance envers l'homosexualité, pour travailler avec des groupes religieux américains plus conservateurs[18].
Le rapport 2011 sur les droits de l'homme du département d'État américain a révélé une discrimination sociétale «répandue» contre les homosexuels et les lesbiennes et a déclaré qu'il n'y avait aucune organisation LGBT connue[19].
Culture
[modifier | modifier le code]En 2012 Rainbow Sudan le premier magazine gay du Soudan est mis en ligne. Il publie majoritairement des actualités sur la situation LGBT au Soudan du Sud, mais on y trouve parfois des informations sur le Soudan du Sud[12].
Aweng Ade-Chuol est un mannequin sud soudanaise ouvertement LGBT qui après son marriage avec Alexus le 12 décembre 2019 à New-York fait face à du harcèlement de sa communauté sud soudanaise[20],[21] l'ayant conduite à une tentative de suicide[22]. Elle passe trois jours en soins intensifs et reste hospitalisée six mois[21]. En signe de solidarité, le couple est invité à faire la couverture de l'édition anglophone du magazine Elle en 2020[22].
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « LGBT rights in South Sudan » (voir la liste des auteurs).
- (en) « Pope, Anglican, Presbyterian leaders denounce anti-gay laws », sur AP NEWS, (consulté le )
- http://www.slateafrique.com/auteur/1449, « Les pays africains qu'il vaut mieux éviter si vous êtes gay », sur Slate Afrique, (consulté le )
- Edward E. Evans-Pritchard, Witchcraft, oracles, and magic among the Azande, Clarendon Press, coll. « Clarendon paperbacks », (ISBN 978-0-19-874029-2)
- (en) Mildred Europa Taylor, « Why the Azande warriors of North Central Africa chose boys as wives in the 1800s », sur Face2Face Africa, (consulté le )
- Gary P. Leupp, « Capitalism and Homosexuality in Eighteenth-Century Japan », Historical Reflections / Réflexions Historiques, vol. 33, no 1, , p. 135–152 (ISSN 0315-7997, lire en ligne, consulté le )
- (en) Rose Jaji, « Homosexuality: “unAfricanness” and Vulnerability », The Zambakari Advisory, (lire en ligne)
- (en-GB) « Oxfam GB | Global Refugee Forum crucial moment to deliver on commitments », sur Oxfam GB, (consulté le )
- (en-US) SudanTribune, « Sexual minority activists threatened, flee South Sudan », sur Sudan Tribune, (consulté le )
- (en-US) Chantelle Billson, « Pope Francis says laws that criminalise homosexuality are a 'sin' », sur PinkNews | Latest lesbian, gay, bi and trans news | LGBTQ+ news, (consulté le )
- (en) « ‘South Sudan has zero tolerance for homosexuality, same-sex marriage’-Makuei », sur Radio Tamazuj (consulté le )
- « The Penal Code Act, 2008 » [archive du ], Government of Southern Sudan, (consulté le )
- (en-GB) « Republic of South Sudan LGBTI Resources », sur AMERA International (consulté le )
- (en-US) Meka Beresford, « South Sudan says it will 'consider' no longer using child soldiers if it can still kill gay people », sur PinkNews | Latest lesbian, gay, bi and trans news | LGBTQ+ news, (consulté le )
- « ODS HOME PAGE », sur documents-dds-ny.un.org (consulté le )
- (en) « LGBT Rights in South Sudan », sur Equaldex (consulté le )
- « 'Referendum on South Sudan's secession will be held' », Radio Netherlands Worldwide, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- Manyang Mayom, "South Sudan Anglican Church rejects tribalism and homosexuality", Sudan Tribune, 17 October 2006.
- (en) R. Munson, Peacekeeping in South Sudan: One Year of Lessons from Under the Blue Beret, Springer, (ISBN 978-1-137-50183-7, lire en ligne)
- « 2011 Human Rights Report: South Sudan », 2011 Country Reports on Human Rights Practices, U.S. Department of State (consulté le )
- (en) Alexandra Macon, « After Marrying at City Hall, Model Aweng Ade-Chuol and Alexus Ade-Chuol Commemorated the Day With Tattoos and Pizza », sur Vogue, (consulté le )
- (en) Hannah Nathanson, « A Modern Fairy Tale », sur Elle, (consulté le )
- (en) Jade Bremner, « Model Aweng Ade-chuol Kisses Her Wife On Cover Of Elle UK After Homophobic Abuse », The Independent, (consulté le )