Château de la Mabilière
Le château fort, manoir et maison noble de La Mabilière date sur les écrits, du XIVe siècle. "La Mabilière" était autrefois un fief du Poitou, relevant de Germiny, à Braye-sous-Faye, et suivant la coutume d’Anjou, elle est maintenant devenue une vieille ferme d'Indre-et-Loire, dans la région Centre-Val de Loire, à Courcoué, près de Richelieu. Ce manoir a un passé médiéval historique digne des plus fabuleux avec des rebondissements des plus cocasses et rocambolesques, animés par les chevaliers de la région. Jehan Poret, vassal de Jehan de Beuil, grand maître des Arbalétriers, son suzerain, qui lui donna son accord, fera fortifier son fief, et restera aux services de Charles VII. Cette maison forte du XVe siècle possédait des murailles et un pont-levis qui ont disparu au début du XIXe siècle. Vers 1945, on pouvait encore voir une tour de défense à demi arasée servant aussi de colombier. Celle-ci s'est écroulée lors de la démolition d’un bâtiment attenant. Désertée et les bâtiments abandonnés, une des trois tours transformée en fuye à toiture à pan coupé existait encore en 1956.
Géographie du site du fief
[modifier | modifier le code]"La Mabilière", ancien fief fortifié, figurant sur la carte de Cassini sous le toponyme : "l’Amabilière"[1], se trouve à mi-chemin entre les bourgs de Chaveignes et de La Tour-Saint-Gelin, sur le territoire de la commune de Courcoué, ou de petites forteresses se sont édifiées sur le plateau de cette dernière.
L'endroit de ces implantations n'est pas anodin, puisque du haut de ce promontoire les habitants pouvaient dominer la vallée richelaise et contrôler au nord la seule voie[2] majeure qui conduisait de Bléré/Sainte-Maure à Chinon via Champigny-sur-Veude et Rivière.
Ces maisons nobles étaient communes à Courcoué, paroisse soumise à la coutume de Faye qui limitait le droit d’aînesse à "La Combe" (situé sur la cote de Courcoué). Entre "La Mabilière" et "La Messardière", on ne compte pas moins de dix maisons nobles[3] : "La Mabilière", "La Girardière", "La Croix-Morin", "Le Puits-Morin", "Beaumené"[4], le fief de "Preugny"[5], le "Château de Courcoué", "La Robinière" et le "Château de Boisé".
Histoire du fief
[modifier | modifier le code]Paléolithique
[modifier | modifier le code]Il a été découvert à Courcoué[3], un coup-de-poing en amande largement entamé par des enlèvements gélifs, entre la Rivière-Marteau et la Bonde.
Néolithique
[modifier | modifier le code]Les recherches[3] qui font l'objet de cette note ont été effectuées en 1945-1946 et 1947[6]. Elles ont porté particulièrement sur les communes de La Tour-Saint-Gelin et Courcoué, dont le territoire a été parcouru pas à pas, à l'occasion des travaux topographiques de révision de leur cadastre[7]. Le docteur Louis Dubreuil-Chambardel[8],[9] signale que « le territoire de Courcoué, surtout la région élevée qui domine la Veude, a livré une quantité inusitée de belles haches polies ».
Deux points de trouvailles :
- Il a été trouvé à La Mabilière (aux environs de la ferme) deux grattoirs. Sur le deuxième d'entre eux, les encoches symétriques de la base, sûrement pour accommoder pour un emmanchement.
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Grattoir no 1 de La Mabilière
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Grattoir no 2 de La Mabilière
- Entre La Mabilière et Les Bruères, il fut trouvé une hache polie en diorite (133 mm × 49 mm × 34 mm) et hache polie en roche verdâtre (112 mm × 49 mm × 29 mm).
La Mabilière (ou l’Amabilière) rappel historique
[modifier | modifier le code]Le fief de "La Mabilière" relevait de la châtellenie de Faye-la-Vineuse laquelle sous le règne de Charles VII, au XVe siècle, avait pour seigneur et propriétaire un écuyer du nom de Jehan Poret[10]. Au XVIIe siècle, les châteaux forts de la région sont en décadences, le "château de Boisé" est en ruine, le "château de Courcoué" a été reconstruit au XVIe siècle et "La Mabilière" est délaissée[11] pour la maison de "Preugny" (XVIe siècle - XVIIe siècle).
Les propriétaires de La Mabilière
[modifier | modifier le code]Tableau des propriétaires de La Mabilière |
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Architecture
[modifier | modifier le code]Architecture extérieure
[modifier | modifier le code]Qui voit "La Mabilière" aujourd’hui a bien de la peine à en retrouver les traces de sa splendeur d’antan note André Montoux[13].
Elle apparaît composée de deux bâtiments accolés, dont le plus élevé, avec une avancée au midi, s’appuie à l’est sur un mur d’environ un mètre d’épaisseur, à l’ouest elle est bordée par un mur de deux mètres d’épaisseur, vestige probable de l’édifice médiévale.
Devenue, depuis très longtemps, une simple ferme, "La Mabilière" a perdu peu à peu ses fortifications dont les vestiges disparurent, semble-t-il, au début du XXe siècle. En 1932 on pouvait encore remarquer un très ancien puits à toiture conique au milieu de la cour intérieure et une très belle porte[14].
Le texte faisant description du fief est ici reproduit : Château de La Mabilière.
La ferme de "La Mabilière" (commune de Courcoué) est située entre la Tour Saint-Gelin et Richelieu (Indre-et-Loire). C'est un ancien château qui relevait jadis de la baronnie de Faye-la-Vineuse, et qui, en 1639, possédait trois tours crénelées.[15]
On accède à la cour au midi par une entrée charretière entre deux piliers dont l’un à côté de la porte piétonne est consolidé par un contrefort. Dans la cour à l’ouest, une dépendance s’appuie sur un pan de mur incurvé portant au sommet quatre rangées de six boulins avec cordon d’appui à la base, fragment d’un colombier cylindrique encore visible en 1945.
Ce fragment cylindrique flanquant l'enceinte d'origine et encore garnie de deux meurtrières, transformé en colombier puisqu’il porte à son sommet quatre rangées de six boulins avec leur cordon d’appui (au total, elle devait compter 80 niches. Les propriétaires de terres nobles pouvaient détenir deux boulins par arpent, ce qui conduit à penser que "La Mabilière" possédait environ 168 hectares). De l’extérieur, elle a encore l'apparence de ce qu’elle fut à l'époque l'une des trois tours qui fortifiaient "La Mabilière". Celle-ci s'étant écroulée en 1956 lors du mariage d’une fille Fabre.
Dans une autre pièce de servitude, on remarquera un four à pain, ayant curieusement deux bouches donnant chacune dans un bâtiment différent.
On accède à la cour au midi par une entrée charretière entre deux piliers dont l’un à côté de la porte piétonne est consolidé par un contrefort. Dans l’axe de l’entrée de "La Mabilière", sur le bord du plateau, une guérite servait de poste de surveillance, nommée « la grotte du clos labouré ».
Architecture intérieure
[modifier | modifier le code]Pourtant, sous son aspect de vieille ferme du terroir, subsistent plusieurs éléments, qui à l’intérieur, en attestent l’ancienneté.
À l’intérieur, une arcature en plein cintre donne accès à un escalier à volées droites inégales puisqu’elles ont respectivement, huit, deux et six marches en tuffeau très usées.
La vaste salle basse du corps de logis adjacent donne à "La Mabilière" tout son caractère et son originalité.
Celle-ci est chauffée par une imposante cheminée du XVIIe siècle avec jambages (ou pieds-droits) en forme de console et hotte droite à corniche. Son trumeau quadrangulaire entouré de moulures en bas-relief, porte en lettres d’or sur fond noir et sur deux colonnes en lettres capitales : "LES DIX COMMANDEMENS DE LA LOI DE DIEV EXODE XX". Le septième commandement relatif à la luxure s’énonce ainsi : "TU NE PAILLARDERAS POINT"[16] L’inscription se termine par : "LE SOMMAIRE DE TOVTE LA LOI. MATTHIEV".
Dans un "Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français"[15], nous trouvons un ancien descriptif du décalogue :
- À l'intérieur, dans une pièce haute de plafond, au-dessus de la grande cheminée, se voient les tables de la Loi; l'inscription entourée de moutures en bas-relief n'a pas pu être transporté d'ailleurs, car elle est gravée sur les pierres mêmes du mur. Les lettres d'or sur fond noir ont perdu beaucoup de leur éclat. Par endroits, elles ont été grattées ou recouvertes de plâtre. L'ensemble peut avoir 1 m. 75 de haut.
- On observera sur les chevrons apparents du plafond de cette pièce ainsi que sur deux des quatre poutres maîtresses sur lesquelles ils reposent, sont peints des monogrammes polychromes inlassablement répétés qui semblent être formés de deux D inversés et entrelacés, d’un M et d’un P, dont la signification n’a pas été découverte à ce jour (ces inscriptions couvertes par des siècles de suie ont été mises au jour, après sablage, par les derniers propriétaires).
Notes et références
[modifier | modifier le code]Sources utilisées
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- R. Ranjard (La Touraine archéologique)
- Bulletin des Amis du Vieux Chinon
- Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français
- J. X. Carré de Busserolle (Dictionnaire d’Indre-et-Loire M.S.A.T.)
- Archives communales et départementales
- Archives des délibérations du Conseil municipal
Références
[modifier | modifier le code]- Fief relevant de celui de Germigny (Germiniacum), à Braye-sous-Faye, suivant la coutume d’Anjou
- Cette voie de circulation étant peu utilisée a été déclassée en 1858 sur proposition du Maire M. Guillemin au profit de la création de l'actuelle D 58 Sainte-Maure/Richelieu, construite sur un sentier, à l’époque, peu sûr et surtout impraticable l'hiver - Archives des délibérations du Conseil municipal.
- Bulletin - Amis du vieux Chinon ; Identifiant : (ISSN 0988-1867) ; Date d'édition : 1905-1971 ; Source : les Amis du Vieux Chinon, 2010-30094; bnf.fr; Droits : domaine public
- L'ancien fief de Beaumené possède une tour circulaire qui a été transformée en pigeonnier.
- Le manoir-ferme privé de Preugny date des XVIe et XVIIe siècles. Il possède un pigeonnier circulaire qui est une ancienne tour de défense comme le prouve la présence de meurtrières (ou archères).
- Un premier compte-rendu succinct a été fait à la Société archéologique de Touraine en 1948, Cordier : « Recherches préhistoriques dans la région de La Tour Saint-Gelin » (avec observation de Janin), Bulletin de la Société Archéologique de Touraine, tome XXIX, 1946, page 209. Ce compte-rendu n'étant que préliminaire à la présente note, il n'en est pas fait état dans les renseignements bibliographiques donnés pour chaque commune
- Tous ceux qui ont participé à ces travaux — géomètres et auxiliaires — ont apporté d'intéressantes trouvailles et des renseignements précieux. En particulier, nous remercions bien cordialement : Marius Ondet (L'Ile-Bouchard), Pierre Jouvault (Richelieu), Gaétan Baranger (Pouzay), Joseph Bougreau et René Segrettrain (La Tour-Saint-Gelin), Jarnes Deplaix (Courcoué).
- Louis Dubreuil-Chambardel, La Touraine préhistorique, 1923.
- Dubreuil-Chambardel : « La Préhistoire du Chinonais », B. S. A. V. C, 1924, p. 262 à 264)
- On a peu de renseignement sur ce personnage qui semble pourtant avoir connu, de son vivant, une notoriété certaine
- Histoire de la migration de "La Mabilière" à "Preugny"
- Narcay, 37350 Le Petit-Pressigny
- A. Montoux, Vieux Logis de Touraine du 8 juin 1982
- Bulletin de la Société de l’histoire du Protestantisme français, janvier-mars 1932 5e volume, 6e série page 37
- Bulletin - Société de l'histoire du protestantisme français; Date d'édition : 1903; Identifiant : (ISSN 0037-9050); Droits : domaine public; Source : Bibliothèque nationale de France, 8-Lc-1897; Provenance : bnf.fr; Pages 37 et 38
- Littré : Paillarder /Faire des actes d’impudicité, Jean Calvin employa pour la première fois ce mot