Aller au contenu

Conférence internationale de design d'Aspen

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est la version actuelle de cette page, en date du 15 décembre 2024 à 15:49 et modifiée en dernier par 1904.CC (discuter | contributions). L'URL présente est un lien permanent vers cette version.
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Conférence internationale de design d'Aspen
Image illustrative de l'article Conférence internationale de design d'Aspen
Vue d'Aspen

Pays Etats-Unis
Date de la 1re édition 1951

La Conférence internationale de design d'Aspen (International Design Conference in Aspen ou IDCA) est une conférence fondée en 1951 par l'entrepreneur américain Walter Paepcke (en). Elle s'est déroulée chaque année jusqu'en 2004 dans la ville d'Aspen, au Colorado. Dans son comité ont siégé notamment George Nelson, Saul Bass, Milton Glaser, Ivan Chermayeff (en), Ralph Caplan (en), Lou Dorfsman (en) et Niels Diffrient[1].

Dans le campus de l'Institut Aspen

La conférence est fondée en 1951 par Walter Paepcke et Egbert Jacobson, qui sont respectivement président et directeur de la Container Corporation of America (en), basée à Chicago[2]. Paepcke a organisé dès les années 1940 des événements culturels à Aspen, dont le Festival et école de musique d'Aspen, et a mis en place en 1950 l'Institut Aspen. Paepcke est influencé par la philosophie du Bauhaus[3]. La conférence se déroule chaque année durant le mois de juin, et prend lieu dans un grand auditoire abrité sous un chapiteau, conçu en 1949 par l'architecte Eero Saarinen[4]. En 1965, ce chapiteau est remplacé par une nouvelle construction de Herbert Bayer[2]. La conférence attire chaque année une audience d'environ 1000 personnes, mais atteint un plus large public grâce à sa visibilité dans des revues de design, qui lui consacrent des numéros entiers[2].

Lors de la conférence de 1956, les graphistes suisses Armin Hofmann et Josef Müller-Brockmann sont invités, et ont l'occasion de présenter leur travail, et celui d'autres graphistes suisses[5]. Cette présentation contribue à la reconnaissance internationale des deux graphistes[6], et à l'influence du style typographique suisse.

Après la mort de Paepcke en 1960, le comité de la conférence est dominé par des membres d'universités prestigieuses, comme Cooper Union et Yale School of Architecture (en)[3]. Dans les années soixante, le designer Eliot Noyes négocie auprès d’IBM des bourses d’invitation, qui permettent d'inviter à la conférence des délégations de l'étranger. Les trois premières délégations viennent du Portugal, de Suède et de Grande-Bretagne[7].

Années 1970

[modifier | modifier le code]

En 1970, le thème de la conférence, «Environment by Design», indique un intérêt pour des questions de société et d'écologie[2]. Cette même année, une délégation française ("the French Group") est invitée à la conférence, parmi laquelle le philosophe Jean Baudrillard, François Barré, Gilles de Bure, Odile Hanappe et l'architecte Jean Aubert[7]. Une partie importante du public est constitué d'étudiants, intéressés par les enjeux sociopolitiques, et ayant une attitude critique envers le format traditionnel de la conférence[2],[8]. À l'issue de la conférence, la délégation française présente un texte de Baudrillard, lu par le géographe André Fischer, qui dénonce le thème environnemental de la conférence comme l'expression d'une croisade idéologique trompeuse[9],[10]. Après cette conférence pleine de tensions perçue comme un échec, Eliot Noyes démissionne de sa fonction de président, qu'il assumait depuis cinq ans[2].

Buckminster Fuller, invité en 1971

L'édition de 1971, sous le thème «Paradox», invite comme conférenciers Richard Buckminster Fuller, Victor Papanek, Milton Wexler (en) et Caroline Bird (en)[2]. Durant la conférence, la graphiste Sheila Levrant de Bretteville produit une édition spéciale, participative, du journal Aspen Times[11].

En 1978, dans la conférence «Making Connections», Charles Eames donne sa dernière présentation en public[1].

Entre 1978 et 1979 est également créé à Aspen «The Aspen Movie Map (en)», un ambitieux projet hypermédia développé par le MIT permettant une visite virtuelle de la ville[12].

En 1979, la thématique «Japan in Aspen» met en lumière le Japon.

Années 1980

[modifier | modifier le code]

En 1981, l'Italie est mise à l'honneur sous le titre «The Italian Idea», et Massimo Vignelli fait partie des orateurs[1],[3].

Steve Jobs, invité en 1983.

Lors de l'édition de 1983, «The Future Isn’t What It Used To Be», Steve Jobs donne une conférence, peu après la sortie du Apple Lisa[13],[14],[15].

Le thème de l'édition 1984 est «Neighbors: Canada,USA & Mexico», et l'Angleterre est représentée en 1986 avec «Insight and Outlook: Views of British Design».

Réception et impact

[modifier | modifier le code]

Les archives de la conférence d'Aspen ont été confiées au Getty Research Institute[1]. En 2014, la graphiste américaine Katherine McCoy se voit confier une bourse de l'AIGA pour ses recherches historiques autour de conférence[1],[16]. Selon McCoy, Aspen a été un modèle pour la TED Conference, dont le fondateur Richard Saul Wurman fut orateur et membre du comité d'Aspen.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d et e (en) Katherine McCoy, « Living History | AIGA Colorado », sur AIGA Colorado, (consulté le )
  2. a b c d e f et g (en) Alice Twemlow, « “A Guaranteed Communications Failure:” Consensus Meets Conflict at the International Design Conference in Aspen, 1970 », dans Martin Beck, Aspen Complex, Sternberg Press, (lire en ligne)
  3. a b et c (en) Federica Zambeletti, « Aspen meets Milan: “good design is good business” vs “design as human instinct” », sur KoozArch, (consulté le )
  4. (en-US) Tim Willoughby, « Willoughby: Aspen’s temporary tent with staying power », sur Aspen Times, (consulté le )
  5. (en-US) Steven Heller, « The Swiss Grid », sur DesignObserver, (consulté le ) : « For the 1956 conference, Armin Hofmann and Josef Müller-Brockmann had been invited as guests. (...). Armin and Müller-Brockmann presented their work and the work of their colleagues. »
  6. (de) Andrea Eschbach, « Josef Müller-Brockmann | Gestalter », sur Museum für Gestaltung eGuide (consulté le ) : « Internationale Anerkennung fand Müller-Brockmann durch sein Referat auf der International Design Conference in Aspen/Colorado »
  7. a et b Jeanne Quéheillard, « Souvenirs d’Aspen 1970. Récits croisés. », Rosa B, no 5,‎ (lire en ligne)
  8. (en-US) Alice Twemlow, « A Look Back at Aspen, 1970 », sur Design Observer, (consulté le )
  9. Gilles de Bure, « Les sommets d’Aspen », C.R.É.É., no 6,‎ (lire en ligne)
  10. « Henri Ciriani Architecte, Paris, Lima: LES SOMMETS D'ASPEN - JUIN 1970 », sur Henri Ciriani Architecte, Paris, Lima (consulté le )
  11. Benjamin Tong, « IDCA 1971 / Special Edition of the Aspen Times (June 20 - 24, 1971) », Rosa B, no 5,‎ (lire en ligne)
  12. (en) « The Aspen Complex », sur Sternberg Press (consulté le )
  13. (en) « Steve Jobs Speech at the International Design Conference in Aspen », sur Be Change, (consulté le )
  14. (en) « Objects of Our Life », sur Steve Jobs Archive (consulté le )
  15. Steve Jobs talk at the 1983 International Design Conference in Aspen, David Krasniy (, 55:14 minutes), consulté le
  16. (en) Designtraveler.wordpress.com, « Katherine McCoy : Thoughts on Design Writing », sur Designtraveler, (consulté le )