Zeppelin
Zeppelin est un mot qui désigne un type d'aérostat rigide (ou dirigeable) dont la construction a été initiée par le comte Ferdinand von Zeppelin, au début du XXe siècle.
La conception très aboutie du zeppelin en fit la référence de tous les aéronefs rigides, de sorte que « zeppelin » devint un mot commun. Les zeppelins sont assez différents des types de navires aériens non rigides appelés blimps. Ce sont des vaisseaux plus légers que l'air, utilisant une enveloppe externe aérodynamique montée sur une structure rigide avec plusieurs ballons séparés appelés cellules. Chaque cellule contient de l'hydrogène, un gaz plus léger que l'air. Un compartiment relativement petit pour les passagers et l'équipage était ajouté dans le fond du cadre. Plusieurs moteurs à combustion interne fournissaient l'énergie motrice.
En plus de la création de la société de construction d'aéronefs, qui en tout produisit cent dix neuf vaisseaux jusqu'à 1938, le comte von Zeppelin fonda également la première compagnie aérienne commerciale au monde, dénommée DELAG (Deutsche Luftschiffahrts-AG). Les deux affaires étaient basées à Friedrichshafen, en Allemagne.
Quand le vieux comte décéda en 1917, Hugo Eckener lui succéda à la tête de l'entreprise. Il était à la fois un maître de la publicité et un capitaine d'aéronef très expérimenté. Ce fut sous la mise en œuvre d'Eckener que les zeppelins atteignirent leur apogée. L'entreprise fut prospère jusqu'aux années 1930 et réalisait des transports de l'Allemagne vers les États-Unis d'Amérique et l'Amérique du Sud. L'aéronef qui eut le plus de succès dans cette période fut le LZ 127 « Graf Zeppelin » qui vola sur plus d'un million et demi de kilomètres, incluant la première et seule circumnavigation du globe avec un dirigeable.
La grande dépression et la montée du parti nazi en Allemagne contribuèrent tous deux à la disparition des aéronefs transportant des passagers. En particulier, Eckener et les nazis eurent une haine mutuelle et l'entreprise Zeppelin fut nationalisée par le gouvernement allemand à la moitié des années 1930. Elle ferma quelques années après, à la suite du désastre du Hindenbourg, dans lequel le vaisseau amiral prit feu à l'atterrissage.
Pendant les vingt années environ d'existence des Zeppelins au sein de la compagnie aérienne, l'exploitation de ce type d'aérostat fut assez profitable, et les voyages furent menés en toute sécurité jusqu'à l'incendie du Hindenbourg.
Début de l'histoire
Le comte sembla s'intéresser à la construction d'un ballon dirigeable après la Guerre franco-allemande de 1870-71 quand il fut le témoin de l'utilisation par les français de ballons pendant le siège de Paris. Aussi vit-il l'utilisation militaire de ce type d'aéronefs en 1863 pendant la guerre de sécession à laquelle il participa comme observateur militaire du côté de l'Union.
Il développa sérieusement son projet après sa retraite anticipée de l'armée en 1890, à l'âge de 52 ans. Le 31 août 1895, il déposa un brevet incluant les principales caractéristiques, toutes n'allant pas jusqu'à la construction.
- un squelette rigide en aluminium d'une forme mince, fait de poutres en anneaux et en long
- l'espace pour le gaz contenu dans de nombreuses cellules cylindriques
- la possibilité de naviguer en utilisant des ailerons pour le gouvernail et la profondeur (hauteur)
- deux nacelles séparées reliées rigidement au squelette
- des hélices montées à la hauteur de la résistance maximum de l'air
- la possibilité de joindre plusieurs aéronefs en convoi
Un comité d'experts auquel il avait présenté ses plans en 1894 montra peu d'intérêt, aussi le comte fut-il obligé de financer par lui-même la réalisation de cette idée. En 1898 il fonda le Gesellschaft zur Förderung der Luftschiffahrt (société pour la promotion des vols en dirigeable), contribuant pour plus de la moitié aux 800 000 marks du capital. Il délégua l'implémentation technique à l'ingénieur Theodor Kober et ultérieurement à Ludwig Dürr.
La construction du premier dirigeable zeppelin commença en 1899 dans un hangar d'assemblage flottant sur le lac de Constance dans la baie de Manzell à Friedrichshafen. Cela était destiné à faciliter la difficile procédure du départ, le hangar pouvant facilement être aligné face au vent. Le prototype dirigeable LZ 1 (LZ pour « Luftschiff Zeppelin ») avait une longueur de 128 m, était doté de deux moteurs de 14.2 ch Daimler et équilibré en déplaçant un poids entre ses deux nacelles.
Le premier vol d'un zeppelin intervint le 2 juillet 1900. Il ne dura que 18 minutes, et comme le LZ 1 fut forcé de se poser sur le lac après que le mécanisme qui permettait d'équilibrer le poids se fut cassé. Après sa réparation, la technologie prouva son potentiel dans les vols suivants, portant à 9 m/s le record de vitesse de 6 m/s de l'aéronef français La France, mais ne put convaincre un investisseur potentiel. Ayant épuisé ses ressources financières, le comte fut forcé de démonter le prototype et de dissoudre la société.
Naissance et désastre
C'est grâce au soutien par des enthousiastes de l'aviation que l'idée de von Zeppelin eut une seconde (et troisième) chance. Elle put être développée en une technologie raisonnablement fiable utilisable dès lors de manière profitable pour l'aviation civile et militaire.
Les donations et le profit d'une loterie spéciale, joints à quelques fonds publics et 100 000 marks du comte lui-même, permirent la construction du LZ 2, lequel décolla pour la première et seule fois le 17 janvier 1906. Après que les deux moteurs furent tombés en panne, il fit un atterrissage forcé dans les montages de Allgäu, où le dirigeable, provisoirement amarré, fut ensuite abîmé au-delà du réparable par une tempête. Son successeur LZ 3, qui incorporait toutes les parties de LZ 2 qui étaient encore utilisables, fut le premier zeppelin à voler sur de longs parcours, totalisant 4398 Km pendant 45 vols jusqu'en 1908. La technologie devenant intéressante pour les militaires allemands, ceux-ci achetèrent le LZ 3 que l'on renomma Z I. Il servit comme zeppelin-école jusqu'en 1913, quand, technologiquement dépassé, il fut réformé.
L'armée voulait aussi acheter le LZ 4, mais exigea la démonstration que le vaisseau pût faire un trajet de 24 heures. Pendant qu'il tentait d'accomplir cette obligation, l'équipage dut faire un atterrissage prématuré à Echterdingen près de Stuttgart. Là, un coup de vent arracha l'aéronef de son amarre dans l'après-midi du 5 août 1908. Il s'écrasa ensuite dans un arbre, prit feu et brûla rapidement. Personne ne fut sérieusement blessé (bien que deux mécaniciens qui réparaient les moteurs aient sauté du zeppelin), mais cet accident aurait certainement assommé le projet économiquement, s'il n'y eut un spectateur dans la foule qui lança une collecte qui finalement réunit la somme impressionnante de 6 096 555 Marks. Cela permit au comte de fonder la Luftschiffbau Zeppelin GmbH (construction de dirigeable Zeppelin Ltd.) et d'établir la foundation Zeppelin. Donc, non seulement le projet renaissait comme le phénix de ses cendres, mais garantissait son financement.
Les zeppelins avant la Première Guerre mondiale
Dans les années précédant le déclenchement de la Première Guerre mondiale à l'été 1914, un total de 21 autres aéronefs zeppelin (LZ 5 to LZ 25) étaient construits.
En 1909, LZ 6 devint le premier zeppelin à être utilisé pour le transport de passagers. À cette fin, il fut acheté par la première compagnie aérienne Deutsche Luftschiffahrts-AG (DELAG). Six autres dirigeables furent vendus à la DELAG jusqu'en 1914, et reçurent des noms en sus de leurs numéros de production, par exemple LZ 11 « Viktoria Luise » (1912) et LZ 17 « Sachsen » (1913). Quatre de ces vaisseaux furent détruits par des accidents, la plupart pendant leur transfert au hangar. Il n'y eut pas de victime.
Ensemble les dirigeables DELAG voyagèrent environ 200 000 km, transportant environ 40 000 passagers.
Les 14 autres zeppelins construits avant-guerre furent achetés par l'armée et la marine allemande, qui leur donna les références Z I/II/... et L 1/2/..., respectivement. Pendant la guerre, l'armée changea sa méthode de dénomination deux fois :
- après Z XII, ils passèrent à l'utilisation des nombres LZ,
- plus tard ils ajoutèrent 30 pour brouiller les pistes sur les chiffres de production totale.
Quand la Première Guerre mondiale éclata, les militaires réquisitionnèrent aussi les trois vaisseaux DELAG. À ce moment ils avaient déjà réformé trois autres zeppelins (LZ 3 « Z I » inclus). Cinq autres furent perdus dans des accidents, dans lesquels deux personnes périrent : une tempête poussa le zeppelin de la marine LZ 14 « L 1 » à couler dans la mer du Nord, noyant 14 soldats, et LZ 18 « L 2 » s'enflamma à cause de l'explosion d'un moteur, tuant la totalité de l'équipage.
En 1914 les nouveaux zeppelins avaient des longueurs de 150 à 160 m et des volumes de 22000 à 25000 m3, leur permettant de transporter environ 9 tonnes. Ils étaient le plus souvent mus par trois moteurs Maybach d'environ 300 ch chacun, leur permettant d'atteindre une vitesse d'environ 80 km/h.
Zeppelins dans la Première Guerre mondiale
Bombardiers et éclaireurs
Les zeppelins furent utilisés comme bombardiers pendant la der des ders mais ne montrèrent pas une grande efficacité. Au début du conflit, le commandement allemand avait de grands espoirs pour l'aéronef, car il paraissait avoir des avantages irrésistibles en comparaison avec les avions de l'époque - ils étaient presque aussi rapides, transportaient plus d'armement, avaient une plus grande charge utile de bombes et un rayon d'action et une résistance très supérieures. Ces avantages ne se traduisirent pas dans les faits.
La première utilisation offensive de zeppelins eut lieu deux jours seulement après l'invasion de la Belgique, par un seul aéronef, le Z VI, qui fut endommagé par les tirs et fut forcé de faire un atterrissage près de Cologne. Deux autres furent abattus en août et un fut capturé par les Français. Leur utilisation contre des cibles bien défendues pendant le jour était une erreur et le haut commandement perdit toute confiance dans les capacités du zeppelin, les transférant au service aérien de la marine pour d'autres missions.
La mission principale des aéronefs fut la reconnaissance au-dessus de la mer du Nord et de la mer Baltique, son long rayon d'action permit aux bateaux de guerre d'intercepter de nombreux vaisseaux alliés. Pendant la totalité de la guerre, 1.200 sorties en éclaireur furent effectuées. Le service aérien de la marine dirigea aussi un certain nombre de raids stratégiques contre la Grande-Bretagne, montrant la voie dans des opérations de bombardement et obligeant les Britanniques à mettre à niveau leurs défenses anti-aériennes. Les premiers raids furent approuvés par le Kaiser en janvier 1915. Les objectifs étaient militaires mais intervenant de nuit après que le couvre-feu devienne obligatoire beaucoup de bombes tombèrent au hasard dans l'est de l'Angleterre.
Le premier raid eu lieu le 19 janvier 1915, ce fut le premier bombardement aérien de civils. Deux zeppelins lâchèrent 50 kg de bombes à forte explosion et des bombes incendiaires de 3 kg inefficaces sur King's Lynn, Great Yarmouth et les villages avoisinants. Il y eut encore 19 raids en 1915, lâchant 37 tonnes de bombes, tuant 181 personnes et en blessant 455. Les défenses britanniques étaient au départ divisées entre la Royal Navy et l'armée (cette dernière prit un contrôle total en février 1916) et une variété de mitrailleuses de calibre 4 pouces (10 cm) fut convertie en mitrailleuses anti-aériennes. Des projecteurs de recherche furent introduits, d'abord aux mains de policiers qui confondirent des nuages avec des aéronefs en attaque. Les défenses aériennes contre les zeppelins étaient insuffisantes, souffrant surtout du manque d'appareils de visée. Les premiers succès visibles obtenus contre les dirigeables furent obtenus en les bombardant d'un avion. Le premier homme à abattre un zeppelin de cette manière fut R. A. J. Warneford du RNAS, volant sur un Morane Parasol le 7 juin 1915. En jetant six bombes de 9 kg, il mit le feu au LZ 37 au-dessus de Gand et reçut la Victoria Cross.
Les raids continuèrent en 1916, Londres fut accidentellement bombardée en mai. En juillet, le Kaiser autorisa les raids directement contre les centres urbains. Il y eut vingt-trois raids de dirigeable, qui larguèrent un total de 125 tonnes de bombes, tuant 393 personnes et en blessant 691. Les défenses antiaériennes devenaient plus efficaces et de nouveaux zeppelins furent introduits dont le plafond doubla de 1800 m à 3.750 m. Pour éviter les projecteurs, ces aéronefs volaient au-dessus des nuages autant que possible, descendant un observateur à travers la couche nuageuse pour diriger le bombardement. Cette sécurité supplémentaire était contrebalancée par les contraintes supplémentaires sur l'équipage et l'introduction à mi-1916 des chasseurs tirant vers l'avant. Le premier zeppelin abattu dans ces conditions l'a été le 2 septembre 1916 par W. Leefe-Robinson.
L'introduction de chasseurs efficaces marqua la fin de la menace zeppelin. De nouveaux zeppelins furent mis en service pouvant opérer à 5 500 m mais en les exposant à des conditions extrêmes de froid, et à des sautes de vent pouvant éparpiller de nombreux raids de zeppelins. En 1917 et 1918, il n'y eut que onze raids contre l'Angleterre, le dernier ayant lieu le 5 août 1918. Le capitaine de corvette Peter Strasser, commandant du département de l'aéronautique navale, mourut dans ce raid.
Un total de quatre-vingt huit zeppelins furent construits pendant la guerre. Plus de soixante furent perdus, dont la moitié par accident et l'autre contre l'ennemi. Cinquante et un raids ont été accomplis, lâchant près de 200 tonnes en 5 800 bombes, tuant 557 personnes et en blessant 1 358. On a prétendu que les raids furent plus efficaces que les dommages ne l'indiquent en perturbant l'effort de guerre et mobilisant douze escadrons de chasseurs et 10 000 hommes pour la défense anti-aérienne.
Progrès technologique
A part les problèmes stratégiques, la technologie du zeppelin fut améliorée considérablement sous la pression de la demande pour les exigences militaires. Vers la fin de la guerre la société Zeppelin, avait essaimée plusieurs annexes dans diverses parties de l'Allemagne avec des hangars plus près du front que Friedrichshafen, fournissant des aéronefs d'environ 200 m de longueur (ou même plus) et avec des volumes de 56 000 à 69 000 m3. Ces dirigeables pouvaient transporter des charges de 40 à 50 t et atteindre une vitesse de 100 à 130 Km/h en utilisant cinq ou six moteurs Maybach d'environ 260 ch chacun.
En fuyant les tirs ennemis, les zeppelins atteignaient des altitudes de 7 600 m et furent aussi capable de vols au long cours. Par exemple, les LZ 104 « L 59 », basés à Jamboli en Bulgarie, furent envoyés pour renforcer les troupes en Afrique de l'Est allemande (l'actuelle Tanzanie) en novembre 1917. L'aéronef n'arriva pas à temps et dut retourner en apprenant la défaite allemande face aux troupes britanniques, mais il avait parcouru 6757 km en 95 heures et donc battu le record de la plus longue distance.
La fin des zeppelins dans la guerre
La défaite allemande dans la guerre marqua aussi la fin des dirigeables militaires allemands, car les Alliés victorieux demandaient un désarmement complet des forces aériennes allemandes et la livraison de tous les aéronefs comme réparations de guerre. En particulier le Traité de Versailles contenait les articles suivants traitant des dirigeables explicitement :
- Article 198.
- Les forces armées de l'Allemagne ne doivent pas inclure des forces aériennes militaires ou navales. [...] Aucun dirigeable ne doit être conservé.
- Article 202.
- Lors de l'application du présent traité, tous les matériels aéronautiques militaires et navals [...] doivent être livrés aux gouvernements des principaux alliés et pouvoirs associés. [...] en particulier, ce matériel inclura tous les objets sous les titres suivants qui sont ou ont été utilisés ou conçus pour des fins militaires :
- [...]
- Dirigeables capables de décoller, étant fabriqués, réparés ou assemblés.
- Usines pour la fabrication de l'hydrogène.
- Hangars et abris pour n'importe quel aéronef
- En attendant leur livraison, les dirigeables seront, aux frais de l'Allemagne, maintenus gonflés avec de l'hydrogène; l'usine pour la fabrication de l'hydrogène, aussi bien que les abris pour dirigeables pourront à la discrétion desdits pouvoirs, être laissés à l'Allemagne jusqu'au moment où les dirigeables seront transférés. [...]
Le 23 juin 1919, une semaine avant que le traité ne soit signé, plusieurs équipages de zeppelin détruisirent leurs aéronefs dans leurs hangars pour éviter la livraison. En faisant, cela ils suivirent l'exemple de la flotte allemande qui avait été sabordée deux jours auparavant à Scapa Flow. Les dirigeables restants furent transférés à la France, à l'Italie, au Royaume-Uni et à la Belgique en 1920.
Histoire après la Première Guerre mondiale
Premiers pas vers une renaissance
Le comte von Zeppelin meurt en 1917 et Eckener lui succède à la tête de l'entreprise. Alors que le traité de Versailles a éliminé son seul concurrent national sérieux, la Schütte-Lanz qui n'opérait que pour les dirigeables militaires, la société Zeppelin connaît des difficultés considérables pour fabriquer deux petits zeppelins : LZ 120 « Bodensee » qui vola pour la première fois en août 1919 et, dans les deux années suivantes transporte quelques 4 000 passagers ; et LZ 121 « Nordstern » qui était prévu pour une liaison régulière vers Stockholm.
Cependant, en 1921, les Alliés demandèrent que ces deux zeppelins soient livrés dans le cadre des réparations de guerre, et comme compensation pour les dirigeables détruits par leurs équipages. D'autres projets ne purent pas être réalisés à cause de l'interdiction alliée. Cela arrêta provisoirement la production de zeppelin.
Eckener et ses employés refusèrent cependant de renoncer et continuèrent à chercher des investisseurs et une façon de contourner les restrictions des Alliés. L'opportunité vint en 1924. Les États-Unis d'Amérique avaient commencé à expérimenter les aéronefs rigides, en construisant un, le ZR I « USS Shenandoah » (voir ci-après), et passant un ordre d'achat en Angleterre. Cependant le R 38 anglais, prévu pour devenir le ZR II, ne réalisa que des performances décevantes. Bien qu'il ait traversé l'Atlantique avec succès, il était trop lent, et sa structure ne parvint pas à tenir une révision avec des moteurs plus puissants.
Dans ces circonstances, Eckener parvint à obtenir une commande pour les dirigeables américains suivants. Bien sûr, l'Allemagne devait payer les coûts pour l'aéronef lui-même, comme ils étaient calculés en compensation des réparations de guerre mais pour la société Zeppelin, c'était secondaire. Aussi l'ingénieur Dr. Dürr conçut-il le LZ 126, et utilisant toute l'expertise accumulée pendant des années, la société finalement acheva le meilleur zeppelin à la date prévue, lequel décolla pour son premier vol d'essai le 27 août 1924.
Aucune société d'assurance n'acceptait d'émettre une police pour la livraison à Lakehurst, laquelle impliquait bien sur un vol transatlantique. Eckener cependant était si confiant du nouvel aéronef qu'il était prêt à risquer la totalité du capital de l'entreprise et, le 12 octobre au matin, le vol débuta avec lui comme capitaine. Sa foi ne fut pas déçue et il ne connut aucune difficulté au cours du voyage de 8 050 km, accompli en 81 heures et deux minutes. Les foules yankees célébrèrent avec enthousiasme son arrivée, et le président Calvin Coolidge invita l'équipage appelant le nouvel appareil un « ange de paix ».
Sous son nouveau nom ZR III « USS Los Angeles », il devint le dirigeable américain le plus prospère. Il opéra de manière fiable pendant huit années jusqu'à son retrait en 1932 pour des raisons économiques et fut démonté en août 1940.
L'âge d'or de l'aviation en zeppelin
Bien que la société eût retrouvé son rôle de meneur dans la construction d'aéronefs rigides, elle n'était pas encore complètement consolidée. Obtenir les fonds nécessaires pour le prochain projet fut un travail difficile dans la situation économique de l'après-guerre en Allemagne, et Eckener eut besoin de deux ans d'action d'influence politique et de travaux pour le secteur public pour obtenir la fabrication du LZ 127.
Deux autres années plus tard, le 18 septembre 1928, le nouveau dirigeable qui avait été nommé Graf Zeppelin en honneur du comte, vola pour la première fois. Avec une longueur totale de 236,6 m et un volume de 105 000 m3, il devenait alors le plus grand dirigeable.
Le concept initial d'Eckener consistait à utiliser LZ 127 « Graf Zeppelin » à des fins d'expérimentation et de démonstration pour préparer la voie pour des voyages commerciaux réguliers, en transportant des passagers et du courrier. En octobre 1928, le premier voyage au long cours conduisit l'aéronef à Lakehurst, où Eckener et son équipage furent accueillis avec une parade à New York. Ensuite Graf Zeppelin fit le tour de l'Allemagne et visita l'Italie, la Palestine et l'Espagne. Une seconde expédition aux États-Unis avorta en France à cause d'un moteur en panne en mai 1929.
En août 1929, le LZ 127 prit le départ d'un autre exploit : la circumnavigation complète du globe. La popularité croissante du « géant des airs » facilita la découverte de commanditaires « sponsors ». L'un d'eux était le magnat de la presse américaine William Randolph Hearst, qui demanda que le tour débute officiellement à Lakehurst. De là, Graf Zeppelin vola vers Friedrichshafen d'abord, continuant vers Tokyo, Los Angeles et retour à Lakehurst. Le voyage dura 21 jours, 5 heures et 31 minutes. Incluant le déplacement avant et après entre Lakehurst et le point d'origine, le dirigeable avait voyagé sur 49 618 km.
L'année suivante, Graf Zeppelin entreprit plusieurs trajets en Europe, puis, après un déplacement en Amérique du Sud en mai 1930, il fut décidé d'ouvrir la première ligne transatlantique régulière. Malgré le début de la grande dépression et une compétition grandissante par les avions, LZ 127 transportera un nombre croissant de passagers et courrier au-dessus de l'océan chaque année jusqu'en 1936. De plus, l'aéronef assura, en juillet 1931, un voyage scientifique en Arctique ; cela avait été un rêve du comte vingt ans auparavant, mais qui n'avait pu être réalisé avec le déclenchement de la guerre.
Eckener voulait ajouter au succès de cet aéronef un autre similaire prévu comme LZ 128. Cependant l'accident catastrophique du dirigeable britannique R 101 en 1931 mena la société Zeppelin à mettre en question la sécurité des vaisseaux remplis d'hydrogène, et ce choix fut abandonné en faveur d'un nouveau projet. LZ 129 devait avancer considérablement la technologie et devait être rempli avec de l'hélium.
Le crépuscule
Cependant, à partir de 1933, l'installation de la dictature nazie sur l'Allemagne commença à assombrir les affaires de la société. Les Nazis n'étaient pas intéressés par l'idéal d'Eckener de joindre pacifiquement les gens ; sachant très bien que les dirigeables seraient inutilisables dans une guerre, ils préférèrent développer la technologie des avions.
D'un autre côté, ils étaient impatients d'exploiter la popularité des aéronefs pour leur propagande. Comme Eckener refusait de coopérer, Hermann Göring, ministre de l'aviation nazi, forma une nouvelle compagnie aérienne en 1935, la DZR (Deutsche Zeppelin-Reederei), qui eut le monopole. Les zeppelins devaient désormais afficher de manière très visible la swastika nazie sur leurs ailerons et quelquefois faire le tour de l'Allemagne pour endoctriner le peuple avec des musiques de marches et des discours depuis le ciel.
Le 4 mars 1936 LZ 129 « Hindenburg », nommé d'après le président de l'Allemagne Paul von Hindenburg, fit son premier voyage. Cependant avec la nouvelle situation politique Eckener n'avait pas obtenu l'hélium pour le gonfler. Seuls les États-Unis possédaient le gaz rare en assez grande quantité et ils avaient imposés un embargo militaire. Par conséquent, le Hindenburg était rempli d'hydrogène inflammable comme ces prédécesseurs. À part des missions de propagande, le LZ 129 débuta sur les lignes transatlantiques avec le Graf Zeppelin.
Le 6 mai 1937 lorsqu'il atterrissait à Lakehurst, la queue de l'aéronef qui était proche d'un pylône d'attache prit feu, et en quelques secondes le zeppelin s'embrasa. Les causes du désastre du Hindenbourg restent inconnues ; cependant des spéculations de sabotage sont nombreuses (impliquant aussi bien les nazis que leurs ennemis), l'opinion majoritaire tend à supporter la théorie d'un accident, où le nouveau revêtement du dirigeable aurait joué un rôle-clé. 35 des 97 personnes présentes à bord périrent, plus une personne au sol.
Quel qu'en soit la cause, l'incendie mit fin à ce type de transport pour longtemps. La confiance du public dans la sécurité des dirigeables fut ébranlée, et faire voler des passagers dans des vaisseaux remplis d'hydrogène devint impensable. Le LZ 127 « Graf Zeppelin » fut retiré un mois plus tard et devint un musée. Eckener continua à essayer d'obtenir de l'hélium pour l'aéronef similaire LZ 130 « Graf Zeppelin II », mais en vain. Le nouveau vaisseau amiral était terminé en 1938 et, rempli à nouveau d'hydrogène, fit quelques vols d'essai (le premier le 14 septembre), mais il ne transporta jamais de passager. Un autre projet LZ 131, qui était destiné à être encore plus grand ne progressa jamais au-delà de quelques anneaux de squelette.
La fin définitive vint avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. En mars 1940, Göring ordonna la destruction des vaisseaux restants, et les morceaux d'aluminium allèrent dans l'industrie militaire.
Autres dirigeables comparables
Les aéronefs utilisant les méthodes de construction des zeppelins sont quelquefois référencés comme zeppelins même s'ils ne furent pas construits par la société. Plusieurs dirigeables de ce genre furent construits aux États-Unis, au Royaume Uni, en Italie et en Union Soviétique dans les années 1920 et 1930, la plupart s'inspirant de zeppelins capturés ou crashés.
Le premier dirigeable construit par les Américains fut le « USS Shenandoah » («fille des étoiles», avec ZR étant pour « Zeppelin Rigid ») qui vola en 1923. Le vaisseau fut baptisé le 20 août à Lakehurst et fut le premier à utiliser de l'hélium. Il fut testé en vol le 3 septembre. Il pouvait transporter une grande quantité de carburant pour faire 8 000 km à la vitesse moyenne de 90 km/h. L'hélium était si rare à ce moment que le Shenandoah contenait presque toute la réserve mondiale. Aussi quand le Los Angeles fut livré, il fut au départ rempli avec l'hélium du ZR I.
Plus tard, une série de crashes avec des morts mit fin à la construction aux États-Unis des «Zeppelins».
Développements récents
Économiquement il fut assez surprenant, même dans les années 1930, que les zeppelins puissent être en compétition avec les autres moyens de traverser l'Atlantique. Leur avantage était de transporter nettement plus de passagers que les avions de l'époque, tout en fournissant l'agrément comparable au luxe des voyages en paquebots. Moins important, la technologie est potentiellement plus efficace pour la consommation que les avions (plus lourds que l'air). D'un autre côté, son utilisation est très exigeante en particulier en personnel. Souvent l'équipage était plus nombreux que les passagers à bord, et des équipes importantes étaient nécessaires pour aider au décollage et à l'atterrissage. Et, pour abriter des zeppelins comme le Hindenbourg, de grands hangars étaient nécessaires.
De nos jours avec des avions grands, rapides et efficaces il est, c'est le moins que l'on puisse dire, difficile de justifier que d'énormes aéronefs puissent opérer avec profit dans les transports réguliers de passagers à nouveau, même si l'idée d'une croisière relativement lente et «majestueuse» à relativement basse altitude a certainement gardé un certain cachet.
Il y eut des niches pour les aéronefs pendant et après la Seconde Guerre mondiale, comme par exemple des observations de longue durée et de la publicité; ceci n'a cependant généralement besoin que d'aéronefs petits et adaptables, et avec l'avantage principal du design à la zeppelin de construire des vaisseaux très grands capables de soulever des charges très lourdes, ces fonctions étant généralement bien mieux remplies avec les moins coûteux blimps.
Il a été suggéré périodiquement que le concept du zeppelin aurait pu être intéressant pour le transport des marchandises, en particulier pour la livraison des charges lourdes avec de mauvaises infrastructures. L'une des plus récentes entreprises du genre fut le projet Cargolifter, avec un design hybride (donc pas entièrement zeppelin), même plus grand que le Hindenburg. Vers 2000, cet essai était devenu assez consistant, avec un hangar énorme érigé en Briesen-Brand, quelques 60 km au sud de Berlin. Cependant en mai 2002 le projet ambitieux manqua de trésorerie et la société dut demander la liquidation.
Dans les années 1990, le successeur de la société d'origine à Friedrichshafen, la Zeppelin Luftschifftechnik GmbH, avait recommencé la construction d'aéronef avec des objectifs plus raisonnable. Le premier aéronef expérimental nommé Friedrichshafendu type Zeppelin NT vola en septembre 1997. Bien que plus grand que les blimps ordinaires, les « Neue Technologie » Zeppelins sont beaucoup plus petits que leurs ancêtres géants et ne sont pas du type zeppelin dans le sens classique, mais seulement des aéronefs hybrides semi-rigides de haute technologie. À part la charge utile plus grande, leurs avantages principaux comparés aux blimps sont une vitesse plus grande et une manœuvrabilité excellente. Cependant le Zeppelin NT est fabriqué en série et exploité avec profit pour des promenades ludiques, des vols de recherche et des applications similaires.
Fin octobre 2004, un NT qui doit être livré au Japon a atteint 111,8 km/h.
Courrier
L'histoire des zeppelins est d'un intérêt spécial pour les collectionneurs de timbres. De 1909 jusqu'en 1939, les zeppelins transportèrent du courrier pendant leurs vols transatlantiques, incluant des couvertures (enveloppes avec timbres attachés et annulés) préparées par et pour les collectionneurs. De nombreuses nations émirent des timbres zeppelin à grand prix dans l'intention du passage par le courrier du zeppelin. Parmi les plus rares de ces couvertures zeppelin sont celles transportées pendant le vol fatal du Hindenburg ; celles qui survécurent furent brûlées le long des marges, et d'un prix atteignant plusieurs milliers de dollars. Voir Courrier zeppelin pour plus de détails.
Les zeppelins ont aussi occasionnellement inspiré des œuvres de fiction. Des exemples notables:
- Zeppelin (Royaume-Uni, 1971) — un film à propos d'une mission par un zeppelin allemand pendant la première guerre et un pilote britannique né allemand faisant face à des conflits de loyauté. Dirigé par Etienne Périer.
- L'Odyssée du Hindenbourg (États-Unis, 1975) -- un film catastrophe sur le voyage tragique du LZ 129, basé sur une intrigue (plutôt improbable) de sabotage. Dirigé par Robert Wise, avec George C. Scott, Anne Bancroft et d'autres.
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- (fr) le Zeppelin NT
- (de) le musée Zeppelin à Friedrichshafen
- (en) société dédiée à la production de blimps
Bibliographie
- (en) Zeppelin. : The Age of the Airship, Andrew Donkin, Dorling Kindersley, 2004, 48 pages, ISBN : 0751328529.
Ne doit pas être confondu avec Led Zeppelin, un groupe de rock qui prit son nom en modifiant le mot « lead » de l'expression « lead balloon » (ballon en plomb)