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Marcel Proust

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Marcel Proust
Marcel Proust vers 1895, par Otto Wegener.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, tombe de Marcel Proust (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Valentin Louis Georges Eugène Marcel ProustVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Rédacteur à
Père
Mère
Fratrie
Autres informations
Genres artistiques
Adjectifs dérivés
« Proustien »
Distinctions
Archives conservées par
The Rare Book & Manuscript Library (en)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Prononciation
Œuvres principales
signature de Marcel Proust
Signature

Marcel Proust, né le à Paris où il est mort le , est un écrivain français, dont l'œuvre principale est la suite romanesque intitulée À la recherche du temps perdu, publiée de 1913 à 1927.

Issu d'une famille aisée et cultivée, d'origine juive par sa mère, catholique par son père (professeur de médecine à Paris), Marcel Proust est un enfant de santé fragile, et il a toute sa vie de graves difficultés respiratoires causées par l'asthme. Très jeune, il fréquente des salons aristocratiques où il rencontre artistes et écrivains, ce qui lui vaut une réputation de dilettante mondain. Profitant de sa fortune, il n'a pas d'emploi et entreprend en 1895 un roman qui reste à l'état de fragments (publiés posthumément en 1952 sous le titre Jean Santeuil). En 1900, il abandonne son projet et voyage à Venise et Padoue pour découvrir les œuvres d'art, en suivant les pas de John Ruskin, sur qui il publie des articles et dont il traduit deux livres : La Bible d'Amiens et Sésame et les Lys.

C'est en 1907 que Marcel Proust commence l'écriture de son grand œuvre À la recherche du temps perdu dont les sept tomes sont publiés entre 1913 (Du côté de chez Swann) et 1927, c'est-à-dire en partie après sa mort ; le deuxième volume, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, obtient le prix Goncourt en 1919. Marcel Proust meurt épuisé en 1922, d'une bronchite mal soignée : il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris, accompagné par une assistance nombreuse qui salue un écrivain d'importance et que les générations suivantes placent au plus haut en faisant de lui un mythe littéraire.

L'œuvre romanesque de Marcel Proust est une réflexion majeure sur le temps et la mémoire affective comme sur les fonctions de l'art qui doit proposer ses propres mondes, mais c'est aussi une réflexion sur l'amour et la jalousie, avec un sentiment de l'échec et du vide de l'existence qui colore en gris la vision proustienne où l'homosexualité tient une place importante. La Recherche constitue également une vaste comédie humaine de plus de deux cents personnages. Proust recrée des lieux révélateurs, qu'il s'agisse des lieux de l'enfance dans la maison de tante Léonie à Combray ou des salons parisiens qui opposent les milieux aristocratiques et bourgeois, ces mondes étant évoqués d'une plume parfois acide par un narrateur à la fois captivé et ironique. Ce théâtre social est animé par des personnages très divers dont Proust ne dissimule pas les traits comiques : ces figures sont souvent inspirées par des personnes réelles, ce qui fait d’À la recherche du temps perdu en partie un roman à clef et le tableau d'une époque. La marque de Proust est aussi dans son style aux phrases souvent très longues, qui suivent la spirale de la création en train de se faire, cherchant à atteindre une totalité de la réalité qui échappe toujours.

Biographie

Famille et enfance

Plaque commémorative de la rue La Fontaine à Paris.
Robert et Marcel Proust, .

Marcel Proust naît à Paris (quartier d'Auteuil dans le 16e arrondissement), dans la maison de son grand-oncle maternel, Louis Weil, au 96, rue La Fontaine. Cette maison fut vendue puis détruite pour construire des immeubles, eux-mêmes démolis lors du percement de l'avenue Mozart.

Sa mère, née Jeanne Clémence Weil (Paris, 1849 - id., 1905), fille de Nathé Weil (Paris, 1814 - id., 1896), un agent de change et de Adèle Berncastel (Paris, 1824 - id., 1890)[2], appartient à une famille de la grande bourgeoisie juive dont certains membres jouent un rôle important dans l'histoire du judaïsme français, notamment un oncle de Mme Proust : Godchaux Weil, alias Ben Lévi, un écrivain célèbre dans la communauté juive[3] et Adolphe Crémieux, président de l'Alliance israélite universelle et ancien ministre, grand-oncle et témoin de mariage de Mme Proust[4]. Issue d'un milieu très cultivé, elle apporte à son fils une culture profonde, avec une affection parfois envahissante.

Son père, le Dr Adrien Proust (Illiers, 1834 - Paris, 1903), fils de François Proust (1800-1801 - Illiers, 1855) un commerçant prospère d'Illiers (en Eure-et-Loir) et de Virginie née Catherine Virginie Torcheux (Cernay, 1809 - Illiers, 1889), est professeur à la Faculté de médecine de Paris après avoir commencé ses études au séminaire, et un grand hygiéniste, conseiller du gouvernement pour la lutte contre les épidémies[2]. Marcel a un frère cadet, Robert, né le (mort en 1935), qui devient chirurgien. Son parrain est le collectionneur d'art Eugène Mutiaux.

Sa vie durant, Marcel a attribué sa santé fragile aux privations subies par sa mère au cours de sa grossesse, pendant le siège de 1870, puis pendant la Commune de Paris[5],[6]. C'est pour se protéger des troubles entraînés par la Commune et sa répression que ses parents ont cherché refuge à Auteuil. L'accouchement est difficile, mais les soins paternels sauvent le nouveau-né[5].

« Peu avant la naissance de Marcel Proust, pendant la Commune, le docteur Proust avait été blessé par la balle d'un insurgé, tandis qu'il rentrait de l'hôpital de la Charité. Madame Proust, enceinte, se remit difficilement de l'émotion qu'elle avait éprouvée en apprenant le danger auquel venait d'échapper son mari. L'enfant qu'elle mit au monde bientôt après naquit si débile que son père craignit qu'il ne fût point viable. On l'entoura de soins ; il donna les signes d'une intelligence et d'une sensibilité précoces, mais sa santé demeura délicate[7]. »

Sa santé est fragile et le printemps devient pour lui la plus pénible des saisons. Les pollens libérés par les fleurs dans les premiers beaux jours provoquent chez lui de violentes crises d'asthme. À neuf ans, alors qu'il rentre d'une promenade au bois de Boulogne avec ses parents, il étouffe, sa respiration ne revient pas. Son père le voit mourir. Un ultime sursaut le sauve[8]. Voilà maintenant la menace qui plane sur l'enfant, et sur l'homme plus tard : la mort peut le saisir dès le retour du printemps, à la fin d'une promenade, n'importe quand, si une crise d'asthme est trop forte[9].

Bien que réunissant les conditions pour faire partie de deux religions, fils d'un père catholique et d'une mère juive qui refusa de se convertir au christianisme par égard pour ses parents[10], lui-même baptisé à l'église Saint-Louis-d'Antin à Paris, Marcel Proust a revendiqué son droit de ne pas se définir par rapport à une religion (en tout cas, pas la religion juive) mais il écrit être catholique[a] et ses funérailles eurent bien lieu à l'église[b]. Néanmoins, dans sa correspondance, on peut lire qu'il n'était « pas croyant »[12]. Dreyfusard convaincu, il fut sensible à l'antisémitisme prégnant de son époque[a], et subit lui-même les assauts antisémites de certaines plumes célèbres.

Années de jeunesse

Marcel Proust à 15 ans en , photographié par Paul Nadar.

Il est au début élève d'un petit cours primaire, le cours Pape-Carpantier, où il a pour condisciple Jacques Bizet, le fils du compositeur Georges Bizet (décédé en 1875) et de son épouse Geneviève Halévy. Celle-ci tient d'abord un salon chez son oncle, où se réunissent des artistes, puis, lorsqu'elle se remarie en 1886 avec l'avocat Émile Straus, tient son propre salon, dont Proust sera un habitué.

Marcel Proust au 2e rang, le 1er à gauche, au lycée Condorcet, 1888-1889.

Marcel Proust étudie ensuite à partir de 1882 au lycée Condorcet[c]. Il redouble sa classe de cinquième et est inscrit au tableau d'honneur pour la première fois en . Il est souvent absent à cause de sa santé fragile, mais il connaît déjà Victor Hugo et Musset par cœur[15], comme dans Jean Santeuil. Il est l'élève en philosophie d'Alphonse Darlu, et il se lie d'une amitié exaltée à l'adolescence avec Jacques Bizet. Il est aussi ami avec Fernand Gregh, Jacques Baignères et Daniel Halévy (le cousin de Jacques Bizet), avec qui il écrit dans des revues littéraires du lycée.

Plaque au 92 rue du faubourg Bannier à Orléans, où il résida durant son service militaire.

Le premier amour d'enfance et d'adolescence de l'écrivain est Marie de Benardaky, fille d'un diplomate polonais, sujet de l'Empire russe[d], avec qui il joue dans les jardins des Champs-Élysées, le jeudi après-midi, avec Antoinette[e] et Lucie Félix-Faure Goyau[16], filles du futur président de la République, Léon Brunschvicg, Paul Bénazet ou Maurice Herbette[17]. Il cessa de voir Marie de Benardaky en 1887, les premiers élans pour aimer ou se faire aimer par quelqu'un d'autre que sa mère avaient donc échoué. C'est la première « jeune fille », de celles qu'il a tenté de retrouver plus tard, qu'il a perdue[18].

Jean Béraud, La Sortie du lycée Condorcet (vers 1903), Paris, musée Carnavalet.

Les premières tentatives littéraires de Proust datent des dernières années du lycée. Plus tard, en 1892, Gregh fonde une petite revue, avec ses anciens condisciples de Condorcet, Le Banquet, dont Proust est le contributeur le plus assidu[f]. Commence alors sa réputation de snobisme, car il est introduit dans plusieurs salons parisiens[g] et entame son ascension mondaine. Il est ami un peu plus tard avec Lucien Daudet, fils du romancier Alphonse Daudet, qui a six ans de moins que lui. L'adolescent est fasciné par le futur écrivain. Ils se sont rencontrés au cours de l'année 1895[19]. Jean Lorrain, dans une chronique perfide du Journal[20], fait une allusion à leur liaison, au moins sentimentale : Proust et Lorrain s'affrontent en duel au pistolet le 6 février 1897 dans les bois de Meudon, sans conséquences.

De gauche à droite : Robert de Flers, Marcel Proust et Lucien Daudet, vers 1894.
Maison au 92 rue du Faubourg Bannier (Orléans) où réside Proust durant son service militaire

Proust devance l'appel sous les drapeaux et accomplit son service militaire en 1889-1890 à Orléans, au 76e régiment d'infanterie, et en garde un souvenir heureux[h]. Il devient ami avec Robert de Billy. C'est à cette époque qu'il fait connaissance à Paris de Gaston Arman de Caillavet, qui devient un ami proche, et de la fiancée de celui-ci, Jeanne Pouquet, dont il est amoureux. Il s'inspire de ces relations pour les personnages de Robert de Saint-Loup et de Gilberte[22]. Il est aussi introduit au salon de Madame Arman de Caillavet à qui il reste attaché, jusqu'à la fin et qui lui fait connaître le premier écrivain célèbre de sa vie, Anatole France (modèle de Bergotte)[i].

Rendu à la vie civile, il suit à l'École libre des sciences politiques les cours d'Albert Sorel (qui le juge « fort intelligent »[23] lors de son oral de sortie) et d'Anatole Leroy-Beaulieu. Il sort de l'école en 1890 de la section diplomatique, non diplômé[24]. Il propose à son père de passer les concours diplomatiques ou celui de l'École des chartes[25]. Plutôt attiré par la seconde solution, il écrit au bibliothécaire du Sénat, Charles Grandjean, et décide dans un premier temps de s'inscrire en licence à la Sorbonne, où il suit les conférences d'Henri Bergson (même s'il lui enseignait encore au lycée Henri-IV), son cousin par alliance, au mariage duquel il est garçon d'honneur et dont l'influence sur son œuvre a été parfois jugée importante, ce dont Proust s'est toujours défendu. Marcel Proust est licencié ès lettres en [26].

En 1896, il publie Les Plaisirs et les Jours, un recueil de poèmes en prose, portraits et nouvelles dans un style fin de siècle, illustré par Madeleine Lemaire, dont Proust fréquente le salon, salon où il fait la connaissance de Reynaldo Hahn, élève de Jules Massenet, qui vient chanter ses Chansons grises au printemps 1894. C'est également chez Madeleine Lemaire, au château de Réveillon, que Proust, qui a vingt-trois ans, et Reynaldo Hahn, qui vient d'avoir vingt ans, passent une partie de l'été 1894[27]. Le livre passe à peu près inaperçu et la critique l'accueille avec sévérité — notamment l'écrivain Jean Lorrain, réputé pour la férocité de ses jugements. Il en dit tant de mal qu'il se retrouve au petit matin sur un pré, un pistolet à la main. Face à lui, également un pistolet à la main, Marcel Proust, avec pour témoin le peintre Jean Béraud. Tout se termine sans blessures, mais non sans tristesse pour l'auteur débutant. Ce livre vaut à Proust une réputation de mondain dilettante qui ne se dissipe qu'après la publication des premiers tomes d’À la recherche du temps perdu.

Rédaction de Jean Santeuil

Giovanni Boldini, Le Comte Robert de Montesquiou (1897), Paris, musée d'Orsay.
Le château de Réveillon de Madeleine Lemaire, où Proust fit deux longs séjours en 1894 et 1895. Ce lieu inspira des pages de Jean Santeuil et La Raspelière de Madame Verdurin.

La fortune familiale lui assure une existence facile et lui permet de fréquenter les salons de la grande bourgeoisie et de l'aristocratie du Faubourg Saint-Germain et du Faubourg Saint-Honoré afin de recueillir des matériaux en vue de son œuvre littéraire[28].

Il a 18 ans lorsqu'il accède au salon de Madame Straus grâce à l'amitié de son fils Jacques Bizet, qu'il fréquente depuis des années. Dans les lettres qu'il lui écrit, il lui déclare un « amour platonique » qu'il la supplie de considérer gentiment[29]. Au cours des cinq années qui suivent, il devient un habitué de ce salon ouvert le dimanche. Il y rencontre des hommes du monde tel Charles Haas, futur modèle de Swann, ainsi que des musiciens, des peintres et des écrivains, notamment Guy de Maupassant[j], Georges de Porto-Riche[k].

Dès 1891, Proust aperçoit les limites de ce salon, lors du bal donné en mai 1891 par la princesse de Léon, auquel Mme Straus n'est pas invitée[30]. Surtout, l'épisode des « souliers rouges », en mars 1892, lui révèle la duplicité et la superficialité des relations mondaines[l]. Il reporte alors son aspiration à côtoyer la grande aristocratie sur Laure de Chevigné, à qui il consacre en mai 1892 un portrait extrêmement flatteur[31], mais il faudra plusieurs années avant que la flamboyante descendante du marquis de Sade daigne l'accepter dans son salon.

Il est présenté à Robert de Montesquiou en avril 1893, lors d'une réception donnée par Madeleine Lemaire pour fêter la sortie prochaine de son recueil de poèmes, Le Chef des odeurs suaves. Il le flatte abondamment : il écrit d'ailleurs que « la flatterie n'est parfois que l'épanchement de la tendresse »[32] et admet avec ses amis avoir recours à la flagornerie par système[33]. À l'invitation du comte, Proust entrera alors en correspondance avec lui. Il rédige à ce moment pour La Revue blanche un texte intitulé « Mondanité de Bouvard et Pécuchet » qui semble témoigner de son sentiment d'inadéquation à l'idée de pénétrer dans des salons véritablement aristocratiques[34]. Le comte lui fera rencontrer, en 1894, la comtesse Greffulhe, cousine de Montesquiou et belle-mère de son ami Armand de Gramont, duc de Guiche. Il fréquentera aussi les salons d'Hélène Standish, née de Pérusse des Cars, de la princesse de Wagram, née Rothschild et de la comtesse d'Haussonville[m], etc. Il retire de ces rencontres des observations qu'il consigne sous la forme d'« études », de conte ou de critique de livre qu'il publie dans Le Banquet en 1892 et 1893[n]. Geneviève Straus sera représentée sous les traits de Mme Marmet dans Jean Santeuil[35]. Proust accumule ainsi le matériau nécessaire à la construction de son œuvre : une conscience plongée en elle-même, qui recueille tout ce que le temps vécu y a laissé intact, et se met à reconstruire, à donner vie à ce qui fut ébauches et signes. Lent et patient travail de déchiffrage, comme s'il fallait en tirer le plan nécessaire et unique d'un genre qui n'a pas de précédent, qui n'aura pas de descendance : celui d'une cathédrale du temps. Pourtant, rien du gothique répétitif dans cette recherche, rien de pesant, de roman - rien du roman non plus, pas d'intrigue, d'exposition, de nœud, de dénouement.

Le , il passe le concours de bibliothécaire à la Mazarine, il y fait quelques apparitions pendant les quatre mois qui suivent et demande finalement son congé. En juillet, il passe des vacances à Kreuznach, ville d'eau allemande, avec sa mère, puis une quinzaine de jours à Saint-Germain-en-Laye, où il écrit une nouvelle, « La Mort de Baldassare Silvande », publiée dans La Revue hebdomadaire, le suivant et dédicacée à Reynaldo Hahn. Il passe une partie de mois d'août avec Reynaldo Hahn chez Mme Lemaire dans sa villa de Dieppe[o]. Ensuite, en septembre, les deux amis partent pour Belle-Île-en-Mer et Beg Meil. C'est l'occasion de découvrir les paysages décrits par Renan. Proust rentre à Paris mi-octobre.

C'est à partir de cet été 1895 qu'il entreprend la rédaction d'un roman qui relate la vie d'un jeune homme épris de littérature dans le Paris mondain de la fin du XIXe siècle. On y trouve notamment l'évocation des séjours faits en 1894 et 1895 par Proust à Réveillon, autre propriété de Mme Lemaire. Ce livre à forte teneur autobiographique, que l'on a intitulé posthumement Jean Santeuil, du nom du personnage principal, resta à l'état de fragments manuscrits, qui furent découverts et édités en 1952 par Bernard de Fallois.

L'influence de son homosexualité sur son œuvre semble pour sa part importante, puisque Marcel Proust sera l'un des premiers romanciers européens à traiter ouvertement de l'homosexualité (masculine et féminine) dans ses écrits, plus tard. Pour l'instant, il n'en fait aucunement part à ses intimes, même si sa première liaison (avec Reynaldo Hahn) date de cette époque.

Mariage d'Élaine Greffulhe et d'Armand de Guiche, auquel Marcel Proust a assisté[p] : on le verrait ici parmi les invités descendre les marches de la Madeleine[38].

Léon Daudet décrit Proust arrivant au restaurant Weber vers 1905 :

« Vers sept heures et demie arrivait chez Weber un jeune homme pâle, aux yeux de biche, suçant ou tripotant une moitié de sa moustache brune et tombante, entouré de lainages comme un bibelot chinois. Il demandait une grappe de raisin, un verre d'eau et déclarait qu'il venait de se lever, qu'il avait la grippe, qu'il s'allait recoucher, que le bruit lui faisait mal, jetait autour de lui des regards inquiets, puis moqueurs, en fin de compte éclatait d'un rire enchanté et restait. Bientôt sortaient de ses lèvres, proférées sur un ton hésitant et hâtif, des remarques d'une extraordinaire nouveauté et des aperçus d'une finesse diabolique. Ses images imprévues voletaient à la cime des choses et des gens, ainsi qu'une musique supérieure, comme on raconte qu'il arrivait à la taverne du Globe, entre les compagnons du divin Shakespeare. Il tenait de Mercutio et de Puck, suivant plusieurs pensées à la fois, agile à s'excuser d'être aimable, rongé de scrupules ironiques, naturellement complexe, frémissant et soyeux »

— Léon Daudet, Salons et Journaux, chap. IX.

Esthétique de Ruskin

Gustave Caillebotte, Jeune homme à la fenêtre (1876), Los Angeles, J. Paul Getty Museum.

Vers 1900, il abandonne la rédaction de Jean Santeuil. Il se tourne alors vers l'esthète anglais John Ruskin, que son ami Robert de Billy, diplomate en poste à Londres de 1896 à 1899, lui fait découvrir[39]. Ruskin ayant interdit qu'on traduise son œuvre de son vivant, Proust le découvre dans le texte, et au travers d'articles et d'ouvrages qui lui sont consacrés, comme celui de Robert de La Sizeranne, intitulé Ruskin et la religion de la beauté. À la mort de Ruskin, en 1900, Proust décide de le traduire. À cette fin, il entreprend plusieurs « pèlerinages ruskiniens », dans le nord de la France, à Amiens, et surtout à Venise, où il séjourne avec sa mère en mai 1900 à l'hôtel Danieli, où logèrent autrefois Musset et George Sand. Il retrouve Reynaldo Hahn et sa cousine Marie Nordlinger qui demeurent non loin, et ils visitent Padoue[40], où Proust découvre les fresques de Giotto, Les Vertus et les Vices qu'il introduit dans La Recherche. Nordlingen, que Proust appellera « la rose française de Manchester », était un expert en art anglais qui fut très utile à Proust notamment pour les traductions des œuvres de Ruskin[41]. Pendant ce temps, ses premiers articles sur Ruskin paraissent dans La Gazette des Beaux Arts.

Le Dr Adrien Proust et son fils Robert au balcon du 45, rue de Courcelles, entre 1900 et 1903.

Cet épisode est repris dans Albertine disparue. Les parents de Marcel jouent d'ailleurs un rôle déterminant dans le travail de traduction. Le père l'accepte comme un moyen de mettre à un travail sérieux un fils qui se révèle depuis toujours rebelle à toute fonction sociale et qui vient de donner sa démission d'employé non rémunéré de la bibliothèque Mazarine. La mère joue un rôle beaucoup plus direct. Marcel Proust maîtrisant mal l'anglais[42] elle se livre à une première traduction mot à mot du texte anglais ; à partir de ce déchiffrage, Proust peut alors « écrire en excellent français, du Ruskin », comme le nota un critique à la parution de sa première traduction, La Bible d'Amiens (1904).

À l'automne 1900, la famille Proust emménage au 45 de la rue de Courcelles[43]. C'est à cette époque que Proust fait la connaissance du prince Antoine Bibesco chez sa mère, la princesse Hélène, qui tient un salon où elle invite surtout des musiciens (dont Fauré qui est si important pour la Sonate de Vinteuil) et des peintres. Les deux jeunes gens se retrouvent après le service militaire dans la Roumanie du prince, en automne 1901[44]. Antoine Bibesco devient un confident intime de Proust, jusqu'à la fin de sa vie, tandis que l'écrivain voyage avec son frère Emmanuel Bibesco, qui aime aussi Ruskin et les cathédrales gothiques.

Proust continue encore ses pèlerinages ruskiniens en visitant notamment la Belgique et la Hollande en 1902 avec Bertrand de Fénelon (autre modèle de Saint-Loup) qu'il a connu par l'intermédiaire d'Antoine Bibesco et pour qui il éprouve un attachement qu'il ne peut avouer[45]. Le départ du fils cadet, Robert, qui se marie en 1903, transforme la vie quotidienne de la famille[46].

Immeuble du 102, boulevard Haussmann à Paris, où vécut Marcel Proust de 1907 à 1919.

Écriture de La Recherche

La première phrase de l'œuvre est posée en 1907. Pendant quinze années, Proust vit en reclus dans sa chambre tapissée de liège, au deuxième étage du 102, boulevard Haussmann, où il a emménagé le après la mort de ses parents (le père en 1903 ; la mère en 1905), et qu'il quittera en 1919.

Après le décès de sa mère, entre décembre 1905 et janvier 1906, il fit un séjour à Billancourt au Sanatorium pour névrosés des Docteurs Alice et Paul Sollier qui, en 1924, devint l’hôpital Ambroise-Paré.

Portes fermées, Proust écrit, ne cesse de modifier et de retrancher, d'ajouter en collant sur les pages initiales les « paperolles » que l'imprimeur redoute. Plus de deux cents personnages vivent sous sa plume, couvrant quatre générations.

Après la mort de ses parents, sa santé déjà fragile se détériore davantage en raison de son asthme. Il s'épuise au travail, dort le jour et ne sort — rarement — que la nuit tombée. Il dîne souvent, seul ou avec des amis, au Ritz, où dès 1917, il rencontre le jeune serveur suisse Henri Rochat. De 1919 à 1921, il en fait son secrétaire particulier et lui voue une passion dévorante[47]. Son œuvre principale, À la recherche du temps perdu, est publiée entre 1913 et 1927.

Le premier tome, Du côté de chez Swann (1913), est refusé chez Gallimard sur les conseils d'André Gide, malgré les efforts du prince Antoine Bibesco et de l'écrivain Louis de Robert. Gide exprime ses regrets par la suite. Finalement, le livre est édité à compte d'auteur chez Grasset et Proust paie des critiques pour en dire du bien[48]. L'année suivante, le , Proust perd son secrétaire et ami, Alfred Agostinelli, dans un accident d'avion. Ce deuil, surmonté par l'écriture, traverse certaines des pages de La Recherche.

Les éditions Gallimard acceptent le deuxième volume, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, pour lequel Proust reçoit en 1919 le prix Goncourt.

Plaque commémorative au 44, rue de l'Amiral-Hamelin à Paris.

C'est l'époque où il songe à entrer à l'Académie française, où il a des amis ou soutiens tels que Robert de Flers, René Boylesve, Maurice Barrès, Henri de Régnier… Fort de son succès au Prix Goncourt, il écrit à Jacques Rivière, directeur de ”La Nouvelle Revue Française”: “serait-il plutôt agréable ou désavantageux à la NRF, plutôt avantageux ou désavantageux pour mes livres si je me présentais (avec chance de succès sans cela je ne le ferais pas) à l’Académie?” La réponse qu’il reçut fut suffisamment mitigée pour qu’il renonce à ce projet[49][réf. à confirmer].

Il ne lui reste plus que trois années à vivre et il travaille sans relâche à l'écriture des cinq livres suivants de La Recherche, assisté par sa gouvernante Céleste Albaret.

Décès et inhumation

Tombe de Marcel Proust à Paris au cimetière du Père-Lachaise.

Il meurt, épuisé, le samedi , emporté par une bronchite mal soignée, dans son appartement du 44, rue de l'Amiral-Hamelin à Paris. Son frère Robert appelle aussitôt le peintre ami Paul César Helleu, pour qu'il vienne réaliser une pointe sèche sur cuivre, du masque mortuaire du défunt, selon ses volontés exprimées un mois plus tôt. Helleu a inspiré Proust pour son personnage Elstir dans son œuvre À la recherche du temps perdu, lui rendant ainsi hommage. Une photographie[50] prise par Man Ray le surlendemain de la mort de l'écrivain, à la demande de Jean Cocteau, montre un Marcel Proust de profil, barbu, entouré de linge blanc sur son lit de mort, le . Les funérailles ont lieu le lendemain, mardi , en l'église Saint-Pierre-de-Chaillot, avec les honneurs militaires dus à un chevalier de la Légion d'honneur. L'assistance est nombreuse. Barrès dit à Mauriac sur le parvis de l'église : « Enfin, c'était notre jeune homme ! »[51].

Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris, division 85, dans le caveau familial[52].

Œuvres

Les Plaisirs et les Jours

Marcel Proust vers 1892.

Les Plaisirs et les Jours est un recueil de poèmes en prose et de nouvelles publié par Marcel Proust en 1896 chez Calmann-Lévy. Ce recueil s'inspire fortement du décadentisme et notamment du travail du dandy Robert de Montesquiou. Il s'agit du premier ouvrage de son auteur, qui cherchera à en éviter la réimpression pendant la rédaction de La Recherche.

Jean Santeuil

En 1895, Proust entreprend l'écriture d'un roman mettant en scène un jeune homme qui évolue dans le Paris de la fin du XIXe siècle. Considéré comme une ébauche de La Recherche, Jean Santeuil ne constitue pas un ensemble achevé. Proust y évoque notamment l'affaire Dreyfus, dont il fut l'un des témoins directs. Il est l'un des premiers à faire circuler une pétition favorable au capitaine français accusé de haute trahison et demandant une révision de son procès[53], et à la faire signer par Anatole France.

Les traductions de Ruskin

Proust traduit La Bible d'Amiens (1904), de John Ruskin, et la dédie à son père mort l'année précédente. Ce travail, ainsi que sa deuxième traduction, Sésame et les Lys (1906), est salué par la critique, dont Henri Bergson. Cependant, le choix des œuvres traduites ne se révèle pas heureux et l'ensemble est un échec éditorial.

C'est pourtant pour le futur écrivain un moment charnière où s'affirme sa personnalité. En effet, il accompagne ses traductions de notes abondantes et de préfaces longues et riches qui occupent une place presque aussi importante que le texte traduit. Surtout, en traduisant Ruskin, Proust prend peu à peu ses distances avec celui-ci, au point de critiquer ses positions esthétiques. Cela est particulièrement perceptible dans le dernier chapitre de sa préface à La Bible d'Amiens qui tranche avec l'admiration qu'il exprime dans les trois premiers. Il reproche notamment à Ruskin son idolâtrie esthétique, critique qu'il adressa également à Robert de Montesquiou et qu'il fit partager par Swann dans la Recherche. Pour Proust, c'est dévoyer l'art que d'aimer une œuvre parce que tel écrivain en parle ; il faut l'aimer pour elle-même.

De gauche à droite, debout : prince Edmond de Polignac, princesse de Brancovan, Marcel Proust, prince Constantin Brancoveanu (frère d'Anna de Noailles), inconnue, et Léon Delafosse. Au 2e rang : Madame de Montgenard, princesse de Polignac, comtesse Anna de Noailles. Au 1er rang : princesse Hélène Caraman-Chimay (sœur d'Anna de Noailles), Abel Hermant (avant 1901).

Les 75 feuillets et autres manuscrits inédits

Le a été publié aux éditions Gallimard un recueil de manuscrits redécouverts en 2018, sous le titre Les 75 feuillets et autres manuscrits inédits, préfigurant notamment La Recherche du temps perdu[54].

Contre Sainte-Beuve

Le Contre Sainte-Beuve n'existe pas réellement : il s'agit d'un ensemble de pages, publiées à titre posthume en 1954 sous la forme d'un recueil associant des courts passages narratifs et de brefs essais (ou esquisses d'essais) consacrés aux écrivains que Proust admirait tout en les critiquant : Balzac, Flaubert, etc. Il y attaque Charles-Augustin Sainte-Beuve et sa méthode critique selon laquelle l'œuvre d'un écrivain serait avant tout le reflet de sa vie et ne pourrait s'expliquer que par elle. En s'y opposant, Proust fonde sa propre poétique ; on peut considérer À la recherche du temps perdu comme une réalisation des idées exposées dans ces pages, dont certaines sont reprises par le narrateur proustien dans Le Temps Retrouvé, ou attribuées à des personnages ; d'autre part, nombre de passages narratifs ont été développés dans le roman.

Pastiches et Mélanges

Pastiches et Mélanges est une œuvre que Proust publie en 1919 à la NRF. Il s'agit d'un recueil de préfaces et d'articles de presse parus principalement dans Le Figaro à partir de 1908, rassemblés en un volume à la demande de Gaston Gallimard.

Un extrait de cette œuvre, Journées de Lecture, préface à la traduction de Sésame et les Lys de Ruskin, a été publié notamment chez 10-18, 1993 (ISBN 2-2640 1811-9), Gallimard, 2017 (ISBN 978-2-0727-0534-2) et Publie.net.

À la recherche du temps perdu

Des critiques[Qui ?] ont écrit que le roman moderne commençait avec Marcel Proust. En rompant avec la notion d'intrigue, l'écrivain devient celui qui cherche à rendre la vérité de l'âme. La composition de La Recherche en témoigne : les thèmes tournent selon un plan musical et un jeu de correspondances qui s'apparentent à la poésie. Proust voulait saisir la vie en mouvement, sans autre ordre que celui des fluctuations de la mémoire affective. Il laisse des portraits uniques, des lieux recréés, une réflexion sur l'amour et la jalousie, une image de la vie, du vide de l'existence, et de l'art.

Son style écrit évoque son style parlé, caractérisé par une phrase parfois longue, « étourdissante dans ses parenthèses qui la soutenaient en l'air comme des ballons, vertigineuse par sa longueur, (…) vous engaînait dans un réseau d'incidentes si emmêlées qu'on se serait laissé engourdir par sa musique, si l'on n'avait été sollicité soudain par quelque pensée d'une profondeur inouïe »[55], mais selon « un rythme d'une infinie souplesse. Il le varie au moyen de phrases courtes, car l'idée populaire que la prose de Proust n'est composée que de phrases longues est fausse (comme si d'ailleurs les phrases longues étaient un vice) »[56].

Épreuve annotée de Du côté de chez Swann, vendue chez Christie's en pour 663 750 £.
Dernière page de La Recherche.
Le Grand Hôtel à Cabourg, où Proust séjourna chaque été de 1907 à 1914.
Relations entre les personnages.

« Par l'art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n'est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu'il peut y avoir dans la lune. Grâce à l'art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu'il y ait d'artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l'infini et qui, bien des siècles après qu'est éteint le foyer dont il émanait, qu'il s'appelât Rembrandt ou Vermeer, nous envoient encore leur rayon spécial.

« Ce travail de l'artiste, de chercher à apercevoir sous de la matière, sous de l'expérience, sous des mots, quelque chose de différent, c'est exactement le travail inverse de celui que, chaque minute, quand nous vivons détournés de nous-mêmes, l'amour-propre, la passion, l'intelligence, et l'habitude aussi accomplissent en nous, quand elles amassent au-dessus de nos impressions vraies, pour nous les cacher entièrement, les nomenclatures, les buts pratiques que nous appelons faussement la vie » (Le Temps retrouvé).

L'œuvre de Marcel Proust est aussi une réflexion majeure sur le temps. La « Recherche du Temps Perdu » permet de s'interroger sur l'existence même du temps, sur sa relativité et sur l'incapacité à le saisir au présent. Une vie s'écoule sans que l'individu en ait conscience et seul un événement fortuit constitué par une sensation — goûter une madeleine, buter sur un pavé — fait surgir à la conscience le passé dans son ensemble et comprendre que seul le temps écoulé, perdu, a une valeur (notion de « réminiscence proustienne »). Le temps n'existe ni au présent, ni au futur, mais au seul passé, dont la prise de conscience est proche de la mort. La descente de l'escalier de Guermantes au cours de laquelle le Narrateur ne reconnaît pas immédiatement les êtres qui ont été les compagnons de sa vie symbolise l'impossibilité qu'il y a à voir le temps passer en soi comme sur les autres. On garde toute sa vie l'image des êtres tels qu'ils nous sont apparus le premier jour et la prise de conscience de la dégradation opérée par le temps sur leur visage nous les rend méconnaissables jusqu'à ce que les ayant reconnus l'individu prenne conscience de sa mort prochaine. Seule la conscience du temps passé donne son unité au quotidien fragmenté.

L'analyse du snobisme et de la société aristocratique et bourgeoise de son temps fait de l'œuvre de Proust une interrogation majeure des mobiles sociaux de l'individu et de son rapport aux autres, instruments de l'ascension sociale. Comme Honoré de Balzac, Marcel Proust a su créer un monde imaginaire, peuplé de personnages devenus aujourd'hui des types sociaux ou moraux, pris dans toutes les classes de la société[57]. Comme le Père Goriot, Eugénie Grandet, la Duchesse de Langeais ou Vautrin chez Balzac, Madame Verdurin, la duchesse de Guermantes, Charlus ou Charles Swann sont, chez Proust, des personnages en lesquels s'incarne une caractéristique particulière : ambition, désintéressement, suprématie mondaine, veulerie. « Ce sont les fameux « monomanes » de Balzac que nous revoyons, en effet, dans les grands passionnés de Proust, dans Charlus, dans le narrateur lorsqu'il devient le tortionnaire d'Albertine et le bourreau de lui-même, dans Swann, aveugle devant Odette, dans Saint-Loup, à partir du moment où ce personnage mystérieux et fuyant révèle sa véritable figure. À eux tous s'applique exactement le mot de Balzac sur les « hommes à passion » (…). Swann détruit en quelques mois une situation mondaine qu'il avait mis des années à construire (…). À la fin de la Recherche, Madame Verdurin devenue princesse de Guermantes, Bloch (…) qui va entrer à l'Académie, Morel, « grand honnête homme », (…) sont des triomphateurs balzaciens, c'est le triomphe des indignes (…). Proust, plus intérieur que Balzac, a même découvert ce qu'on pourrait appeler une transcription habituelle des monomanes, une déformation systématique de la sensibilité et du raisonnement (…) à laquelle Balzac n'avait pas pensé. Charlus n'est pas seulement obsédé par son vice, comme Claës ou Grandet le sont par leur idée fixe, comme Hulot l'est par son goût (…) des tendrons, mais encore il voit la vie quotidienne de Paris en guerre à travers un verre coloré qui est celui de sa préoccupation constante. Sa sensibilité, sa vision, sont imprégnées par son idée fixe qui l'a amené à se construire un univers dans lequel toutes les actions s'expliquent par son homosexualité et dans lequel également les seuls événements passionnants sont ceux qui facilitent son penchant. Ce parallélisme, non pas accidentel, mais profond, de Balzac et de Proust, nous met alors sur la voie. Leurs personnages démonstratifs se ressemblent parce que leur explication des passions des hommes, qui semble si différente, repose au fond, sur la même idée. Pour Proust, comme pour Balzac, l'imagination est la reine des batailles : nous sommes ce que notre imagination fait de nous.»[r],[58],[59].

L'amour et la jalousie sont analysés sous un jour nouveau. L'amour n'existe chez Swann, ou chez le narrateur, qu'au travers de la jalousie. La jalousie, ou le simple fait de ne pas être l'élu, génèrerait l'amour, qui une fois existant, se nourrirait non de la plénitude de sa réalisation, mais de l'absence. Swann n'épouse Odette de Crécy que lorsqu'il ne l'aime plus. Le Narrateur n'a jamais autant aimé Albertine que lorsqu'elle a disparu (voir Albertine disparue). On n'aime que ce en quoi on poursuit quelque chose d'inaccessible, on n'aime que ce qu'on ne possède pas, écrit par exemple Proust dans La Prisonnière.

Cette théorie développée dans l'œuvre reflète exactement la pensée de Proust, comme l'illustre la célèbre rencontre entre l'écrivain et le jeune Emmanuel Berl, rencontre que ce dernier décrira dans son roman Sylvia (1952). Lorsque Berl lui fait part de l'amour partagé qu'il éprouve pour une jeune femme, Proust dit sa crainte que Sylvia ne s'interpose entre Berl et son amour pour elle, puis devant l'incompréhension de Berl, qui maintient qu'il peut exister un amour heureux, se fâche et renvoie le jeune homme chez lui.

La Recherche réserve une place importante à l'analyse de l'homosexualité, en particulier dans Sodome et Gomorrhe où apparaît sous son vrai jour le personnage de Charlus.

Enfin, l'œuvre se distingue par son humour et son sens de la métaphore. Humour, par exemple, lorsque le Narrateur reproduit le style lyrique du valet Joseph Périgot ou les fautes de langage du directeur de l'hôtel de Balbec, qui dit un mot pour un autre (« le ciel est parcheminé d'étoiles », au lieu de « parsemé »). Sens de la métaphore, lorsque le Narrateur compare le rabâchage de sa gouvernante, Françoise, une femme d'extraction paysanne qui a tendance à revenir régulièrement sur les mêmes sujets, au retour systématique du thème d'une fugue de Bach.

Influences

Selon Jacques de Lacretelle, « les deux écrivains qui ont marqué Proust le plus profondément et donné un axe à la Recherche du temps perdu sont sans conteste Saint-Simon et Balzac »[60].

Autour de Marcel Proust

Surnoms et pseudonymes

Jacques-Émile Blanche, Portrait de Marcel Proust (1892), Paris, musée d'Orsay.

La mère de Proust lui donnait, enfant, des surnoms affectueux, tels « mon petit jaunet » (un jaunet est un louis d'or ou un franc Napoléon en or), « mon petit serin », « mon petit benêt » ou « mon petit nigaud ». Dans ses lettres, son fils était « loup » ou « mon pauvre loup ».

Ses amis et relations lui attribuaient d'autres sobriquets, plus ou moins amicaux, tels que « Poney », « Lecram » (anacyclique de Marcel), l'« Abeille des fleurs héraldiques », le « Flagorneur » ou le « Saturnien », et ils utilisaient le verbe « proustifier » pour qualifier sa manière d'écrire. Dans les salons, il était « Popelin Cadet », et ses dîners mémorables dans le grand hôtel parisien lui ont valu l'appellation de « Proust du Ritz ».

Le romancier Paul Bourget affubla Proust d'un sobriquet faisant référence à son goût pour les porcelaines de Saxe[s]. Il écrivit à la demi-mondaine Laure Hayman, amie des deux écrivains : « […] votre saxe psychologique, ce petit Marcel […] tout simplement exquis. » Laure Hayman avait donné à Marcel Proust un exemplaire de la nouvelle de Paul Bourget, Gladys Harvey, relié dans la soie d'un de ses jupons. Laure était le modèle supposé du personnage créé par Bourget, et avait écrit sur l'exemplaire offert à Proust une mise en garde : « Ne rencontrez jamais une Gladys Harvey. »

Dans ses écrits, Proust a souvent employé des pseudonymes. Ses publications dans la presse sont signées Bernard d'Algouvres, Dominique, Horatio, Marc-Antoine, Écho, Laurence ou simplement D.

Illiers-Combray

Peinture murale en hommage à Marcel Proust, place du gué Bellerin à Illiers-Combray.

Le village d'Illiers, en Eure-et-Loir, inspira à Proust le lieu fictif de Combray. À l'occasion du centenaire de sa naissance, en 1971, ce village d'Illiers où, enfant, le « petit Marcel » venait passer ses vacances chez sa tante Élisabeth Amiot, lui rendit hommage en changeant de nom pour devenir Illiers-Combray. C'est l'une des rares communes françaises à avoir adopté un nom emprunté à la littérature[t].

La « maison de Tante Léonie », où Proust passa ses vacances d'enfance entre 1877 et 1880, est devenue le Musée Marcel Proust, géré par la Société des Amis de Marcel Proust.

Un timbre français de 0.30 + 0.10 Franc de 1966 représente Marcel Proust avec le pont Saint-Hilaire à Illiers[61].

Le questionnaire

L'écrivain est également connu pour le questionnaire de Proust, en réalité un questionnaire de personnalité à la mode à la fin du XIXe siècle et dont il n'est nullement le créateur, mais auquel il répondit — de façon très différente — à plusieurs reprises dans sa jeunesse (vers 1886, puis vers 1890). Les réponses de Proust ayant été conservées, sa notoriété entraîna celle de ce type de questionnement ludique et censément révélateur.

Bernard Pivot, pour son émission Bouillon de culture, eut l'idée de soumettre à ses invités un questionnaire du même genre pour mieux faire connaître leurs goûts, leurs valeurs et leur sens de la répartie. Les dix questions en étaient invariables. Quelques années plus tard, James Lipton s'inspira explicitement du questionnaire de Pivot pour en proposer une variante dans son émission télévisée Actors' Studio, où il interviewe les vedettes du grand écran. Ni la liste de Pivot ni celle de Lipton n’ont une seule question en commun avec l'un ou l'autre des questionnaires auxquels a répondu Proust[62].

Postérité

Avec le temps, Proust s'impose comme l’un des auteurs majeurs du XXe siècle et est considéré dans le monde comme l’un des écrivains les plus représentatifs de la littérature française[63], au même titre que le sont Shakespeare, Cervantes, Dante, Faulkner et Goethe dans leurs pays respectifs, et est identifié à l'essence de ce qu'est la « littérature ».

Il s'est écrit davantage de livres sur lui que sur tout autre écrivain français[64]. L'un des premiers est Proust, essai de Samuel Beckett, Londres, 1931.

Hommages

Plaque de l'avenue Marcel-Proust à Paris.

Publications

Ouvrages antérieurs à La Recherche

Publiés par Proust

John Ruskin, La Bible d'Amiens, traduction, notes et préface par Marcel Proust (1904).
Éditions posthumes

À la recherche du temps perdu

Éditions originales

À la recherche du temps perdu, édition 1913 aux éditions Bernard Grasset à compte d'auteur. En 1917, Proust passe chez Gallimard.

Éditions diverses

  • À la recherche du temps perdu : L'essentiel lu par Daniel Mesguich aux éditions Frémeaux & Associés
    • Du côté de chez Swann Vol.1 - Coffret 4 CD
    • À l'ombre des jeunes filles en fleurs Vol. 2 - Coffret 4 CD
    • Le Côté de Guermantes Vol. 3 - Coffret 4 CD
    • Sodome et Gomorrhe Vol. 4 - Coffret 4 CD
Le Côté de Guermantes I, édition originale, NRF, 1920.
  • Gallimard : Les quatre versions chez Gallimard utilisent toutes le même texte :
    • Pléiade : édition en 4 volumes, avec notes et variantes
    • Folio : édition en 7 volumes, poche
    • Collection blanche : édition en 7 volumes, grand format
    • Quarto : édition en 1 volume, grand format
  • Garnier-Flammarion : édition en 10 volumes, poche
  • Livre de Poche : édition en 7 volumes, poche
  • Bouquins, Robert Laffont : édition en 3 volumes, grand format
  • Omnibus, Presses de la Cité : édition en 2 volumes, grand format
  • Intégrale, lue par André Dussollier, Guillaume Gallienne, Michael Lonsdale, Denis Podalydès, Robin Renucci et Lambert Wilson aux éditions Thélème
  • Texte intégral de l'édition Gallimard de 1946-1947[75]
  • Le manuscrit retrouvé d'À la recherche du temps perdu, Éditions des Saints Pères, 2016[76]

Correspondance

  • Plusieurs volumes posthumes, publiés à partir de 1926.
  • Robert de Billy, Marcel Proust, Lettres et conversations, Paris, Éditions des Portiques, 1930.
  • Une première édition en 6 tomes (classée par correspondants), publiée par Robert Proust et Paul Brach : Correspondance générale (1930-1936).
  • Une grande édition de référence en 21 tomes, où les lettres des volumes précédents sont reprises, augmentées, dotées d'une annotation universitaire et classées chronologiquement par Philip Kolb : Correspondance, Paris, Plon, 1971-1993.
  • Une édition anthologique de l'édition de Philip Kolb, corrigée et présentée par Françoise Leriche, avec de nouvelles lettres inédites : Marcel Proust, Lettres, Paris, Plon, 2004.
  • Lettres à sa voisine, édition d'Estelle Gaudry et Jean-Yves Tadié, avant-propos de Jean-Yves Tadié, Paris, Gallimard, 2013.
  • M. Proust - R. de Montesquiou. Correspondance, préface de Mathilde Bertrand, Paris, éditions Rivages, coll. « Rivages Poche Petite Bibliothèque », 2019.
  • Corr-Proust, édition numérique de la correspondance de Marcel Proust. Depuis 2018, des lettres de Proust et à Proust sont éditées progressivement et sont accompagnées de notes de spécialistes[77].

Anthologies

Ainsi parlait Marcel Proust, dits et maximes de vie choisis et présentés par Gérard Pfister, Éditions Arfuyen, 2021 (ISBN 978-2-845-90305-0).

Adaptations

Cinéma et télévision

Ballet

  • Proust, ou les Intermittences du cœur, chorégraphe Roland Petit, sur des musiques de Ludwig von Beethoven, Claude Debussy, Gabriel Fauré, César Franck, Reynaldo Hahn, Camille Saint-Saëns et Richard Wagner (1974)

Divers

Notes et références

Notes

  1. a et b « Je n’ai pas répondu hier à ce que vous m’avez demandé des Juifs. C’est pour cette raison très simple : si je suis catholique comme mon père et mon frère, par contre, ma mère est juive. Vous comprendrez que c’est une raison assez forte pour que je m’abstienne de ce genre de discussions »[13].
  2. « La Libre Parole avait dit qu’un certain nombre de jeunes juifs entre lesquels M. Marcel Proust, etc. honnissent Barrès. Pour rectifier il aurait fallu dire que je n’étais pas juif et je ne le voulais pas »[11].
  3. Le lycée est à dix minutes de marche à pied du domicile familial, au 9 boulevard Malesherbes[14].
  4. Elle devient plus tard la princesse Michel Radziwill.
  5. Il avait l'habitude de lire à Antoinette, qui avait le même âge que lui, ses poèmes préférés.
  6. Y collaborent aussi Fernand Gregh, Jacques Bizet, Daniel Halévy, Jacques Baignères, Robert Dreyfus, Horace Finaly, Louis de la Salle, Robert de Flers et Léon Blum
  7. À commencer par ceux des parents de ses deux amis Jacques Bizet et Baignères.
  8. Son livret militaire signale qu'il mesure 1,68 m[21].
  9. Sur l'exemplaire de Du côté de chez Swann qu'il destinait à Anatole France, Proust écrivait cette dédicace : « A Monsieur Anatole France, au premier Maître, au plus grand, au plus aimé, avec la respectueuse reconnaissance de Marcel Proust, qui l'appelle toujours le Nabi et se souvient du Temps perdu. » (Reproduite en fac-similé dans Anatole France, par Léon Carias, Paris, Rieder, 1931, planche LI).
  10. Maupassant vient alors de publier le roman Fort comme la mort, qui décrit un amour impossible. Ce roman est suivi par Notre cœur (1890), qui montre un homme dévasté par un amour sans retour pour une femme du monde froide et inaccessible. On soupçonne que ces deux romans ont été inspirés par une liaison de l'écrivain avec Madame Straus, confirmant à Proust qu'il est possible de transposer en art des expériences vécues et d'apprécier dans la vie une société que l'on critiquera dans son roman pour sa superficialité et sa corruption (Caroline Weber, p. 415-416 et 441-453).
  11. Georges de Porto-Riche vient de publier Bonheur manqué (1889), recueil de poèmes par lesquels il visait à séduire une femme inaccessible en raison de son statut aristocratique.
  12. Cet épisode est relaté dans Le Côté de Guermantes (p. 256) et fait allusion à un événement dont le jeune Proust avait été témoin en mars 1892, alors qu'il s'apprêtait à accompagner les Straus à un bal donné par Madeleine Lemaire. Voir Caroline Weber, p. 518-525.
  13. Marcel Proust lui emprunte quelques traits pour Mme de Cambremer.
  14. On peut notamment lire en ligne dans Le Banquet une étude de personnages féminins (p. 41-44) et une critique du snobisme (p. 77-78). Dans « Mondanité et mélomanie de Bouvard et Pécuchet », publié en 1893, il évoque sous une forme humoristique les nombreux faux-pas que peut faire un néophyte qui s'aventure dans les milieux mondains (repris dans Les Plaisirs et les Jours).
  15. S'y trouvent en même temps le comte et la comtesse Louis de Talleyrand-Périgord, et Josselin de Rohan.
  16. Ce film diffusé sur internet en a suscité une controverse pour savoir si l'on y voit réellement Marcel Proust[36],[37]. La revue L'Histoire de a finalement publié un article « La Madeleine sans Proust » réfutant la thèse de l'apparition de Proust dans ce film.
  17. (en) With the Duchesse de Guermantes, finally, Proust created a composite based on the three grandes dames who together constituted his dream of patrician elegance and grace, He confirmed this triple connection in letters to and about all three women and in many other well-documented exchanges. (Caroline Weber, p. 11)
  18. « Ce sont les fameux « monomanes » de Balzac que nous revoyons, en effet, dans les grands passionnés de Proust, dans Charlus, dans le narrateur lorsqu'il devient le tortionnaire d'Albertine et le bourreau de lui-même, dans Swann, aveugle devant Odette, dans Saint-Loup, à partir du moment où ce personnage mystérieux et fuyant révèle sa véritable figure. À eux tous s'applique exactement le mot de Balzac sur les « hommes à passion » (…). Swann détruit en quelques mois une situation mondaine qu'il avait mis des années à construire (…). À la fin de la Recherche, Madame Verdurin devenue princesse de Guermantes, Bloch (…) qui va entrer à l'Académie, Morel, « grand honnête homme », (…) sont des triomphateurs balzaciens, c'est le triomphe des indignes (…). Proust, plus intérieur que Balzac, a même découvert ce qu'on pourrait appeler une transcription habituelle des monomanes, une déformation systématique de la sensibilité et du raisonnement (…) à laquelle Balzac n'avait pas pensé. Charlus n'est pas seulement obsédé par son vice, comme Claës ou Grandet le sont par leur idée fixe, comme Hulot l'est par son goût (…) des tendrons, mais encore il voit la vie quotidienne de Paris en guerre à travers un verre coloré qui est celui de sa préoccupation constante. Sa sensibilité, sa vision, sont imprégnées par son idée fixe qui l'a amené à se construire un univers dans lequel toutes les actions s'expliquent par son homosexualité et dans lequel également les seuls événements passionnants sont ceux qui facilitent son penchant. Ce parallélisme, non pas accidentel, mais profond, de Balzac et de Proust, nous met alors sur la voie. Leurs personnages démonstratifs se ressemblent parce que leur explication des passions des hommes, qui semble si différente, repose au fond, sur la même idée. Pour Proust, comme pour Balzac, l'imagination est la reine des batailles : nous sommes ce que notre imagination fait de nous. » (Maurice Bardèche, cité par Georges Cattaui dans Marcel Proust, Proust et son Temps, Proust et le Temps, Éditions Julliard, Paris, 1953, préface de Daniel-Rops, p. 112-113).
  19. Un des ascendants maternels de Proust fut faïencier (Lazare (Leyser) Weil, Hitteremhein 1742 - Fontainebleau 1815/1818) et un autre fut fabricant de porcelaine (Barach (Barruch) Weil, Niederemheim 1780/1782 - Paris 1828). Lire en ligne.
  20. Autre cas connu : les communes de Varennes-sur-Amance, Chézeaux et Champigny-sous-Varennes, pendant leur brève fusion (1972-2012), ont pris le nom de Terre-Natale inspiré du titre de l'ouvrage autobiographique de Marcel Arland, Terre natale, Gallimard, 1938.

Références

  1. « https://www.library.illinois.edu/rbx/kolbproust/ » (consulté le )
  2. a et b « Ascendance de Marcel Proust (compléments) », sur perche-gouet.net.
  3. Évelyne Bloch-Dano, Madame Proust, Grasset, p. 58-59.
  4. Évelyne Bloch-Dano, Madame Proust, Grasset, p. 41-42.
  5. a et b Cyril Grunspan, Marcel Proust : Tout dire, Portaparole, 2005, p. 21.
  6. Julia Kristeva, invitée de Marc-Alain Ouaknin, « Proust, être juif entre la Madeleine et la Victoire », Les Talmudiques, France Culture, 9 octobre 2013.
  7. Georges Cattaui, « Proust », Dictionnaire des auteurs Laffont-Bompiani, t. III, 1990, p. 793 (ISBN 2221501748).
  8. Le seul témoignage est celui de son frère médecin Robert (12 janvier 1923), dans le numéro d'hommage de La NRF à son frère, Marcel Proust, intime : « C’est à l’âge de neuf ans, en rentrant d’une longue promenade au bois de Boulogne que nous avions faite avec nos amis D…, que Marcel fut pris d’une effroyable crise de suffocation qui faillit l’emporter devant mon père terrifié, et de ce jour, date cette vie épouvantable au-dessus de laquelle planait constamment la menace de crises semblables. »
  9. François-Bernard Michel, Le professeur Marcel Proust, Éditions Gallimard, , p. 11.
  10. (en) William C. Carter, Marcel Proust : A Life, with a New Preface by the Author, Yale University Press, , 1000 p. (ISBN 978-0-300-19179-0, lire en ligne), p. 5.
  11. Correspondance, t. V, p. 180.
  12. « Marcel Proust à Lionel Hauser », sur proust.elan-numerique.fr, correspondance de Proust numérisée (lettre n° CP2812).
  13. Lettre à Robert de Montesquiou du 19 mai 1896, Correspondance, t. 1, p. 66.
  14. Painter, t. I, p. 77.
  15. Painter, t. I, p. 79.
  16. « PROUST (Marcel) », sur Pierre Bergé & Associés (consulté le ).
  17. Painter, t. I, p. 80.
  18. Painter, t. I, p. 88.
  19. Painter, t. I, p. 244.
  20. « Le Journal », sur Gallica, (consulté le ).
  21. Tadié 1996, p. 469.
  22. Painter, t. I, p. 106-113.
  23. lefigaro.fr, « Ces célébrités qui ont choisi une autre voie », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. Marie Scot, Sciences Po, le roman vrai, Sciences Po, les presses, (ISBN 978-2-7246-3915-5)
  25. Adam Watt, Marcel Proust, 2013, p. 66.
  26. Painter, t. I, p. 237.
  27. Painter, t. I, p. 228.
  28. Caroline Weber, p. 415.
  29. Caroline Weber, p. 441.
  30. Caroline Weber, p. 522.
  31. Le Banquet, « Esquisse d'après Madame *** », p. 78. Caroline Weber, p. 518-525.
  32. Marcel Proust, « Contre la franchise », La revue blanche, juillet 1893, p. 57.
  33. Princesse Bibesco, p. 40.
  34. Marcel Proust, « Mondanité de Bouvard et Pécuchet », La revue blanche, juillet 1893, p. 62.
  35. Caroline Weber, p. 444.
  36. Patrice Louis, « La preuve par le portrait », sur lefoudeproust.fr, (consulté le ).
  37. André Gunthert, « L’effet "Blow up" », sur imagesociale.fr, (consulté le ).
  38. « Est-ce bien lui ? », sur le monde.fr.
  39. Painter, t. I, p. 324.
  40. Painter, t. I, p. 341.
  41. « The French rose from Manchester: in search of Proust’s forgotten muse », The Observer 22 June 2024.
  42. « Je lis l'anglais très difficilement », dit-il à Violet Schiff en 1919, in Painter, t. I, p. 344.
  43. Painter, t. I, p. 356.
  44. Tadié 1996, p. 457.
  45. Tadié 1996, p. 468 et suivantes.
  46. Il épouse Marthe Dubois-Amiot, in Painter, t. I, p. 386.
  47. Jean-Pierre Bastian, « L’amant vaudoise de Marcel Proust », Passé simple. Mensuel romand d’histoire et d’archéologie, no 81,‎ , p. 29-31.
  48. « Marcel Proust paid for reviews praising his work to go into newspapers », Agence France-Presse dans The Guardian, 28 septembre 2017, en ligne.
  49. George D. Painter, "Marcel Proust - 1904-1922: Les années de maturité", Mercure de France, Achevé d'imprimer par l'Imprimerie Firmin-Didot le 5 décembre 1966
  50. « Marcel Proust sur son lit de mort », sur Musée d'Orsay, (consulté le ).
  51. Painter, t. II, p. 450.
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Voir aussi

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Bibliographie

Ouvrages généraux

Marcel Proust, biographie (t. I) de Jean-Yves Tadié, 2011.

Ouvrages iconographiques

Immeuble du 45, rue de Courcelles à Paris où vécut Marcel Proust, jusqu'en , au 2e étage (balcon de pierre).
  • Georges Cattaui, Proust, documents iconographiques, éditions Pierre Cailler, collection « Visages d'hommes célèbres », 1956, 248 pages illustrées de 175 photos relatives à Marcel Proust.
  • Collectif, Le Monde de Proust vu par Paul Nadar, édition du Centre des monuments nationaux / Éditions du Patrimoine, 1999 (ISBN 9782858223077)
  • Pierre Clarac et André Ferré, Album Proust, Gallimard, collection Albums de la Pléiade, 1965.
  • Eric Karpeles, Le musée imaginaire de Marcel Proust - Tous les tableaux de A la recherche du temps perdu, traduit de l'anglais par Pierre Saint-Jean, Thames and Hudson, 2017
  • André Maurois, Le Monde de Marcel Proust, Hachette, 1960
  • Mireille Naturel et Patricia Mante-Proust, Marcel Proust. L'Arche et la Colombe, Éditions Michel Lafon, 2012.
  • Jérôme Picon, Marcel Proust, album d'une vie, Textuel, 1999.
  • Henri Raczymow, Le Paris retrouvé de Marcel Proust, Parigramme, 2005.
  • Henri Raczymow, À la recherche du Paris de Marcel Proust, Parigramme, juin 2020.
  • Raphaël Enthoven, Lectures de Proust", editions Fayard, Avril 2011.

Monographies

  • Céleste Albaret (et Georges Belmont), Monsieur Proust, Paris, Robert Laffont, 1973.
  • Jacques Bersani (éd.), Les Critiques de notre temps et Proust, Paris, Garnier, 1971.
  • Catherine Bidou-Zachariasen, Proust sociologue. De la maison aristocratique au salon bourgeois, Descartes, 1997.
  • Maurice Blanchot, « L'étonnante patience », chapitre consacré à Marcel Proust dans le Livre à venir, Paris, Gallimard, 1959.
  • Brassaï, Marcel Proust sous l'emprise de la photographie, Paris, Gallimard, 1997.
  • Étienne Brunet, Le Vocabulaire de Marcel Proust, avec l'Index complet et synoptique de À la recherche du temps perdu, 3 vol., Genève-Paris, Slatkine-Champion, 1983 (préface de J.Y. Tadié), 1918 p. (ISBN 2051004749) (ISBN 9782051004749).
  • Alain Buisine, Proust et ses lettres, Lille, Presses Universitaires de Lille, coll. « Objet », 1983.
  • Jean-Yves Tadié, Marcel Proust : La cathédrale du temps, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard/Littératures » (no 381), 1999, rééd. 2017
  • Philippe Chardin, Proust ou le bonheur du petit personnage qui compare, Paris, Honoré Champion, 2006.
  • Philippe Chardin, Originalités proustiennes, Paris, Kimé, 2010
  • Philippe Chardin et Nathalie Mauriac Dyer, Proust écrivain de la Première Guerre mondiale, Dijon, EUD, 2014.
  • Józef Czapski, Proust contre la déchéance : Conférence au camp de Griazowietz, Noir sur blanc, 2004 et 2011.
  • Serge Doubrovsky, La Place de la madeleine, Écriture et fantasme chez Proust, Paris, Mercure de France, 1974.
  • Robert Dreyfus, Souvenirs sur Marcel Proust (accompagnés de lettres inédites), Paris, Grasset, 1926.
  • Maurice Duplay, Mon ami Marcel Proust : souvenirs intimes. Cet ouvrage contient notamment une lettre de Marcel Proust à Maurice Duplay, Paris, Gallimard, 1972
  • Clovis Duveau, Proust à Orléans, édité par les Musées d'Orléans, 1998.
  • Michel Erman, Le Bottin proustien. Qui est dans « La Recherche » ?, Paris, La Table Ronde, 2010.
  • Michel Erman, Le Bottin des lieux proustiens, Paris, La Table ronde, 2011.
  • Luc Fraisse, L'Œuvre cathédrale. Proust et l'architecture médiévale, Paris, José Corti, 1990, 574 p.
  • Louis Gautier-Vignal, Proust connu et inconnu, Paris, Robert Laffont, 1976.
  • Jean-Michel Henny, Marcel Proust à Évian. Étape d’une vocation, Neuchâtel, Chaman édition, 2015.
  • Geneviève Henrot Sostero, Pragmatique de l'anthroponyme dans À la recherche du temps perdu, Paris, Champion, 2011.
  • Anne Henry, La Tentation de Proust, Paris, PUF, 2000, (ISBN 2-13-051075-2)
  • Laure Hillerin, La comtesse Greffulhe. L'ombre des Guermantes, Paris, Flammarion, 2014.
  • Philip Kolb, La correspondance de Marcel Proust, chronologie et commentaire critique, University of Illinois Press, 1949
  • Elisabeth Ladenson, Proust lesbien (préface d'Antoine Compagnon), Ed. EPEL 2004.
  • Luc Lagarde, Proust à l'orée du cinéma, Paris, L'âge d'Homme, 2016
  • Nathalie Mauriac Dyer, Proust inachevé, le dossier Albertine disparue, Paris, Honoré Champion, 2005.
  • Marie Miguet-Ollagnier, La Mythologie de Marcel Proust, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Annales littéraires de l'Université de Besançon », , 425 p. (ISBN 2-251-60276-3, lire en ligne).
  • Christian Péchenard, Proust à Cabourg ; Proust et son père ; Proust et Céleste, in Proust et les autres, Paris, Éditions de la Table ronde, 1999.
  • Léon Pierre-Quint, Comment travaillait Proust, Bibliographie, Les Cahiers Libres, 1928.
  • Georges Poulet, L'Espace proustien, Paris, Gallimard, 1963.
  • Jérôme Prieur, Proust fantôme, Paris, Gallimard, 2001 et 2006
  • Jérôme Prieur Marcel avant Proust, suivi de Proust, Le Mensuel retrouvé, éditions des Busclats, 2012
  • Henri Raczymow, Le Cygne de Proust, Paris, Gallimard, coll. « L'un et l'autre », 1990.
  • Henri Raczymow, Notre cher Marcel est mort ce soir, Paris, Arléa-Poche, 2014.
  • Jean Recanati, Profils juifs de Marcel Proust, Paris, Buchet-Chastel, 1979.
  • Thomas Ravier, Éloge du matricide : Essai sur Proust, Paris, Gallimard, coll. « L'Infini », 2008, 200 p. (ISBN 978-2-07-078443-1)
  • Jacqueline Risset, Une certaine joie. Essai sur Proust, Paris, Éditions Hermann, 2009.
  • Franck Robert, L’Écriture sensible. Proust et Merleau-Ponty, Paris, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque proustienne », 2021.
  • Jean-Yves Tadié (dir.), Proust et ses amis, Colloque fondation Singer-Polignac, Paris, Gallimard, « Les cahiers de la NRF », 2010.
  • Nayla Tamraz, Proust Portrait Peinture, Paris, Orizons, coll. Universités/Domaine littéraire, 2010
  • Davide Vago, Proust en couleur, Paris, Honoré Champion, coll. « Recherches proustiennes », 2012 (ISBN 9782745323927)
  • Stéphane Zagdanski, Le Sexe de Proust, Paris, Gallimard, 1994 (ISBN 2070738779)

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

Notices et ressources