Jean VI Cantacuzène
Jean VI Cantacuzène | |
Empereur byzantin | |
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Jean VI Cantacuzène présidant le concile de 1351, Traités théologiques de Jean VI Cantacuzène, BnF Gr.1242. | |
Règne | |
- 7 ans, 6 mois et 27 jours |
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Période | Paléologue |
Précédé par | Jean V Paléologue |
Co-empereur | Jean V Paléologue (1341-1376/1379-1390/1390-1391) Mathieu Cantacuzène (1353-1357) |
Suivi de | Jean V Paléologue Mathieu Cantacuzène |
Biographie | |
Naissance | vers 1295 Constantinople (Empire byzantin) |
Décès | (~88 ans) Mistra (Empire byzantin) |
Père | Michel Cantacuzène |
Mère | Théodora Paléologue Ange-Comnène |
Épouse | Irène de Bulgarie |
Descendance | Mathieu Cantacuzène Manuel Cantacuzène Marie Théodora Cantacuzène (épouse d'Orhan) Hélène Andronic |
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Jean VI Cantacuzène (grec : Ἰωάννης ΣΤ′ Καντακουζηνός), né vers 1295 à Constantinople, et mort le à Mistra, est un empereur byzantin du au , fils de Michel Cantacuzène (1265-1316), gouverneur de Morée et de Théodora Paléologue Ange-Comnène (1276-1342).
Ascension vers le pouvoir
Jean Cantacuzène est cousin d'Andronic III Paléologue, qui le crée grand domestique, c'est-à-dire chef des armées, ce qui le place en seconde position dans la hiérarchie byzantine.
Le , il participe à la prise de Constantinople par Andronic III et à la déposition d'Andronic II Paléologue. Il devient alors, en fait, le premier ministre du nouveau gouvernement, décidant de toutes les nominations et contrôlant les affaires de l'État.
À plusieurs reprises il refuse le titre de co-empereur ou de régent, préférant soutenir les droits de l'empereur régnant.
La guerre civile (1341-1347)
À la mort d'Andronic III, il devient régent de facto de l'Empire, malgré l'absence d'instructions de l'empereur défunt. Il se heurte cependant à l'opposition d'une fraction importante de la population de l'Empire et, en particulier, du patriarche Jean XIV Kalékas.
Pressé par Alexis Apokaukos de se faire proclamer empereur, Jean Cantacuzène refuse afin de préserver les droits de la dynastie Paléologue et propose de se retirer des affaires ; l'impératrice Jeanne de Savoie le persuade de demeurer à la tête du gouvernement et il part bientôt commander une expédition militaire afin de rétablir l'ordre en Macédoine puis en Thrace.
Apokaukos profite de son absence pour persuader le patriarche Kalékas ainsi que l'impératrice que Jean VI Cantacuzène est un usurpateur et un danger pour la paix. Réfugié à Didymotika, il s'y fait proclamer empereur par ses partisans le [1]. La noblesse d'Andrinople annonce alors l'élection de Jean Cantacuzène au trône impérial, provoquant une rébellion populaire. L'insurrection gagne ensuite les principales villes de l'Empire.
À partir d'avril 1343, plusieurs villes de Macédoine et de Thessalie reconnaissent Jean VI Cantacuzène comme empereur, abandonnant le parti d'Apokaukos, ; alors qu'il s'était jusque-là rallié à ce dernier, le roi Stefan Uroš IV Dušan de Serbie rappelle les troupes qu'il avait mises à sa disposition, l'isolant militairement dans Thessalonique. En 1344, le propre fils d'Apokaukos, Manuel Apokaukos, se rallie à Cantacuzène, suivant en cela l'exemple de Jean Vatatzès, lui-même parent du patriarche Kalékas.
Les ralliements s'accentuèrent après l'assassinat d'Apokaukos, le .
Le , Jean Cantacuzène confirme sa proclamation comme empereur en acceptant de recevoir la couronne impériale à Andrinople des mains du patriarche de Jérusalem, mais il refuse catégoriquement de faire proclamer son fils Mathieu comme empereur associé. Finalement, le , il entre à Constantinople.
Le règne (1347-1354)
Devenu empereur, Jean Cantacuzène prend le titre de Jean VI, montrant ainsi qu'il refuse la préséance de rang sur l'empereur légitime, Jean V Paléologue. Cet arrangement n'est cependant pas du goût de la famille Paléologue, qui persiste à ne voir en lui qu'un usurpateur.
Soucieux de ramener la paix dans l'Empire, il accorde une amnistie générale à ceux qui l'avaient combattu, à l'exception de Jean XIV Kakélas qui refusa toujours d'être pardonné comme de lui pardonner et maintint l'excommunication qu'il avait prononcée contre lui en 1341.
Il est couronné en l'église de la Vierge des Blachernes par le nouveau patriarche Isidore Ier de Constantinople, le [2] Signes révélateurs de la pauvreté de l'Empire, le couronnement ne peut avoir lieu à Sainte-Sophie, trop délabrée, les joyaux de la couronne (gagés à Venise) étant remplacés par de la verroterie et la vaisselle était de terre cuite.
L'hésychasme
Né sous les dernières années du règne d'Andronic III, le mouvement de l'hésychasme s'amplifie sous le règne de Jean VI menaçant l'intégrité de l'Église orthodoxe. Jean VI lui-même soutient les hésychastes qui, menés par Grégoire Palamas, l'avaient soutenu contre Kakélas et Jeanne de Savoie.
En 1351, Jean VI fait réunir un concile qui s'ouvre sous sa présidence au palais des Blachernes le . Le concile conclut à la conformité de l'hésychasme par rapport à l'orthodoxie. Le tomos contenant les décisions officielles du concile est proclamé en la basilique Sainte-Sophie le suivant, puis cosigné par l'empereur Jean V Paléologue en février 1352.
Troubles intérieurs
Le règne de Jean VI est marqué par de nombreux troubles intérieurs, tant sur le plan social que sur le plan militaire :
- la peste noire s'abat sur l'Empire dès la première année du règne, ravageant notamment Constantinople, aggravant l'état de découragement et d'apathie dans lequel se trouvaient les byzantins après deux guerres civiles ;
- ses anciens alliés et ceux d'Anne de Savoie (vénitiens et turcs) se font menaçants, notamment Etienne V, tsar de Serbie ;
- il doit faire face aussi à une opposition populaire et religieuse, et à une révolte des Zélotes à Thessalonique ;
- en août 1348 les Génois envahissent la Corne d'Or et incendient la flotte byzantine.
- il doit céder aux Génois Salymbrie et Héraclée en 1352, malgré le concours des Vénitiens et doit faire face à une nouvelle guerre civile, qui l'oppose à Jean V, dès 1351.
Réorganisation de l'Empire
Il abandonne la division de l'empire en thèmes et inaugure le système des apanages. L'Empire est alors divisé en trois régions :
- la Thrace avec Constantinople,
- la Morée byzantine (où Jean VI, envoie son troisième fils Manuel comme despote de Mistra),
- Thessalonique, qui reste favorable aux Paléologues.
Abdication et retraite
La population de Constantinople demeure cependant attachée à la dynastie légitime des Paléologues, et en particulier à Jean V et s'oppose de plus en plus nettement à Jean VI. L'opposition se renforce en avril 1353 lorsque Jean VI fait proclamer coempereur son fils Mathieu Cantacuzène.
Ce couronnement provoque l'irritation du patriarche Calliste Ier de Constantinople, qui abdique et est remplacé par Philothée Kokkinos, partisan déclaré de Jean VI.
Le , Jean V Paléologue entre à Constantinople, où il est acclamé par la foule. Le 1er décembre suivant, il signe avec Jean VI un accord de gouvernement aux termes duquel les deux hommes exercent en commun le pouvoir, tandis que Mathieu Cantacuzène demeurait empereur indépendant d'Andrinople jusqu'à sa mort.
Finalement, le , Jean VI abdique et revêt l'habit monastique en prenant le nom de Joasaph Cantacuzène ; il entre au couvent Saint-Georges-des-Manganes, à Constantinople. Il s'installe plus tard au monastère de la Néa Péribleptos ; il meurt à Mistra auprès de son fils Manuel.
Son épouse, Irène, prend également le voile sous le nom d'Eugénie et se retire au couvent de Kyra Martha.
Jean Cantacuzène consacrera la fin de sa vie à l'écriture de ses Mémoires, qui sont achevés en 1369.
Œuvres
- Histoire de l'Empire d'Orient, de 1340 à 1354, PG 153.
- Discours contre Mahomet, PG 154.
Famille et descendance
Il épouse avant 1320 Irène de Bulgarie, morte entre 1363 et 1379, fille d'Andronic Asen, prince bulgare, et a :
- Mathieu (1325-1391), empereur associé à son père.
- Manuel (1326-1380), despote du Péloponnèse (1349-1380).
- Marie (1328-après 1360), mariée en 1342 à Nicéphore II Orsini, despote d'Épire (1328-1359).
- Théodora (1332-après 1381), mariée en 1346 à Orhan, sultan ottoman (mort vers 1360).
- Hélène (1333-1396), mariée en 1347 à Jean V Paléologue (1332-1391).
- Andronic (1334-1347).
Notes et références
- Venance Grumel Traité d'études byzantines I La Chronologie Presses universitaires de France, Paris 1956 p. 359
- Venance Grumel op. cit. p. 359
Voir aussi
Bibliographie
- Louis Bréhier : Vie et mort de Byzance, collection L'évolution de l'humanité, éditions Albin Michel, 1946, réédition 1969.
- (en) Donald MacGillivray Nicol, The last centuries of Byzantium : 1261-1453, Cambridge University Press, 1993, Traduction en français de Hugues Defrance Les Derniers Siècles de Byzance 1261-1453, Les Belles Lettres Paris 2005 et Éditions Tallandier Paris 2008, Collection Texto, (ISBN 9782847345278).
- (en) Donald MacGillivray Nicol, The Reluctant Emperor : a biography of John Cantacuzene, Byzantine emperor and monk, c. 1295-1383, Cambridge University Press, 1996.